Cinquième Commission : une stratégie révisée pour venir à bout d’une structure informatique « morcelée, décentralisée et éparpillée » de près de 2 000 applications
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné aujourd’hui la stratégie révisée du Secrétaire général en matière d’informatique et de communications pour venir à bout de la structure « morcelée, décentralisée et éparpillée » qui caractérise l’ONU actuellement.
L’Organisation compte près de 2 000 applications, 70 unités administratives s’occupant de l’informatique et des communications, plus de 130 services d’assistance technique, 44 centres informatiques et 177 salles de serveurs. Pour remédier à cette situation, le Secrétaire général a peaufiné sa stratégie et défend une version révisée qui a été présentée aujourd’hui par son adjoint à la gestion. « Moderniser, transformer et innover », a résumé M. Yukio Takasu, en parlant d’une stratégie dotée d’une feuille de route échelonnée sur cinq ans.
« Réduire la fragmentation des capacités informatiques nécessitera des mécanismes efficaces et robustes de gouvernance, de gestion et de responsabilité », a prévenu le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), M. Carlos Massieu, partageant ainsi le sentiment du Secrétaire général.
La stratégie révisée doit permettre à l’ONU de mettre en œuvre ses mandats de la manière la plus efficace et aux États Membres de bénéficier d’un processus de prise de décisions plus efficace, plus sûr et plus rentable, a commenté la représentante de la Bolivie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Elle a souhaité que l’on tienne les délégations informées des économies réalisées grâce à la nouvelle structure pour qu’elles puissent être réaffectées aux activités de développement.
Son homologue de l’Union européenne s’est attardé sur les risques de plus en plus importants en matière de sécurité de l’information. Le manque de surveillance dans la structure actuelle rend impératif, a-t-elle insisté, que l’ONU mette au point des services « rationalisés et fiables ».
Dans quelle mesure la nouvelle stratégie sera-t-elle appliquée aux moyens informatiques et de communications des activités de maintien de la paix ? s’est interrogée la représentante de la Suisse qui parlait aussi au nom du Liechtenstein. Cet élément est fondamental pour la crédibilité et le succès de la stratégie, a-t-elle martelé, relevant que le Département de l’appui aux missions reçoit 75% des ressources du budget global des technologies de l’information et des communications (TIC).
La Cinquième Commission a aussi pris note du fait que l’application des résolutions et décisions du Conseil économique et social (ECOSOC) est estimée à 56 300 dollars pour l’exercice biennal 2014-2015 et à 13 millions de dollars pour l’appui au système des coordonnateurs résidents en 2016 et en 2017.
La Commission poursuivra ses travaux demain mardi 2 décembre à partir de 10 heures.
BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2014-2015
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires Informatique et communications à l’Organisation des Nations Unies (A/69/610)
Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné le rapport du Secrétaire général (A/69/517). Il rappelle qu’il s’est souvent inquiété du fait que la structure informatique de l’Organisation était très morcelée, décentralisée, éparpillée et non uniformisée. Des systèmes incompatibles, obsolètes ou faisant double emploi prolifèrent; les besoins des utilisateurs ne sont que partiellement satisfaits et les dépenses et la gestion des effectifs manquent de transparence. Actuellement, relève le CCQAB, l’ONU compte près de 2 000 applications, 70 unités administratives s’occupant de l’informatique et des communications, plus de 130 services d’assistance technique, 44 centres informatiques et 177 salles de serveurs.
Comme le lui a demandé l’Assemblée générale, le Secrétaire général présente les principaux éléments de la nouvelle stratégie informatique et communication consistant à définir les orientations en matière d’informatique compte tenu des priorités de l’Organisation; à harmoniser les infrastructures et les procédures existantes; à privilégier l’innovation afin d’appuyer les activités de fond de l’Organisation. Il propose une feuille de route échelonnée sur cinq ans pour atteindre les objectifs de la stratégie révisée qui comprend trois grands moteurs de changement, à savoir les initiatives de modernisation (progiciels de gestion intégrés et infrastructures à l’appui des priorités de l’Organisation); la transformation de structures informatiques et de communications et l’introduction d’innovations pour trouver de nouvelles solutions technologiques sur le long terme; et un dispositif de gouvernance amélioré, une direction forte et l’utilisation optimale des ressources de l’informatique et des communications.
Pour atteindre ces objectifs, le Secrétaire général prévoit la modernisation des progiciels de gestion intégrés et des infrastructures à l’appui des priorités de l’Organisation, une démarche unifiée pour la conception, la gestion et le suivi des résultats obtenus par les réseaux locaux et les réseaux longue distance de l’Organisation; et la mise en place d’un dispositif global de sécurité informatique au Secrétariat ainsi que d’un dispositif de continuité des opérations et de reprise après sinistre couvrant toutes les applications essentielles du Secrétariat.
La stratégie prévoit aussi la transformation des cadres institutionnels et la restructuration des services informatiques dans l’ensemble de l’Organisation, dont la création de cinq pôles d’assistance centralisée, à la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), au Centre mondial de services de Brindisi (Italie), à l’Office des Nations Unies à Genève, à l’Office des Nations Unies à Nairobi et au Siège; de quatre centres technologiques régionaux, à l’Office des Nations Unies à Nairobi, à la CESAP, à l’Office des Nations Unies à Genève et au Siège; et de trois pôles d’applications à New York, Bangkok et Vienne en renforçant les capacités des centres d’applications existants.
La stratégie prévoit également la création d’un pôle réseau, opérations et sécurité chargé de surveiller la fiabilité et la sécurité du réseau, l’harmonisation des services de vidéoconférence dans tout le Secrétariat, le renforcement des capacités d’informatique analytique, la création d’un nouveau dispositif de gouvernance informatique et communications, une série d’activités de formation et de perfectionnement des informaticiens, la mise en place d’un cadre de gestion de la performance et l’utilisation optimale des ressources informatiques.
Le Secrétaire général indique que, si la stratégie est approuvée, la plupart des propositions qui seront mises en œuvre pendant l’exercice biennal 2014-2015 n’auront aucune incidence sur les coûts et qu’il inscrira les ressources demandées dans le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2016-2017, sur la base indicative de 3 millions de dollars supplémentaires.
Le CCQAB recommande que le Secrétaire général soit prié de donner dans son prochain rapport des détails sur le plan de mise en œuvre de la stratégie, l’assurance projet, les activités informatiques devant être gérées aux niveaux central, régional et local; la structure géographique définitive envisagée pour la stratégie, les coûts relatifs à la stratégie, les avantages qualitatifs et quantitatifs attendus et l’état d’exécution du plan de sécurisation informatique en 10 points. Le Comité recommande aussi à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de présenter dès que possible un rapport contenant des propositions concernant le modèle global de prestation de services. L’analyse et les propositions faites par le Secrétaire général au sujet de la nouvelle stratégie informatique et communications devraient cadrer avec les propositions à soumettre au sujet de ce modèle.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme DAYANA RIOS REQUENA (Bolivie) a dit que la réforme des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) doit permettre d’améliorer l’efficacité, la transparence, la crédibilité et la redevabilité de l’Organisation. Elle a insisté sur le fait que toute réforme, y compris celle des TIC, devait avoir comme but d’appuyer le travail de l’ONU dans les domaines de la paix et de la sécurité, du développement et des droits de l’homme. La représentante a souhaité que la stratégie révisée fasse en sorte que les TIC permettent à l’ONU de mettre en œuvre ses mandats de la manière la plus efficace et aux États Membres de bénéficier d’un processus de prise de décisions plus efficace, plus sûr et plus rentable.
La représentante s’est demandée comment la stratégie révisée proposée par le Secrétaire général s’alignera sur les initiatives en cours comme le progiciel de gestion intégrée (UMOJA), les normes IPSAS, la stratégie globale d’appui aux missions ou la réforme de la gestion des ressources humaines. Le Groupe, a-t-elle promis, examinera de près l’aspect « formation » pour faire en sorte que l’ONU dispose en son sein des compétences nécessaires.
S’agissant de cette stratégie révisée, la représentante a voulu que l’on consulte davantage les bureaux du terrain, dont ceux des opérations de maintien de la paix, des agences, des fonds et des programmes de l’ONU. Tout en étant conscient du fait que l’analyse coûts-avantages évoluera à mesure que la stratégie révisée sera mise en œuvre, elle a fait sien l’avis du CCQAB selon lequel cette analyse est un outil important du processus de prise de décisions, dans la mesure où elle permet d’évaluer les projets et de déterminer leur viabilité. Il faudrait donc la lancer dès le début du projet et informer aussitôt que possible des économies réalisées afin qu’elles puissent être réaffectées aux activités de développement. Quant à la sécurité informatique, elle a dit attendre une mise à jour des progrès dans la mise en œuvre des recommandations qui ont été reprises dans le Plan d’action.
Mme CARMEL POWER, Union européenne, a estimé que le rapport du Secrétaire général représente une bonne base à partir de laquelle on peut continuer de moderniser l’ONU et répondre à la fragmentation de l’environnement des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) dans l’ensemble de l’Organisation. La mise en œuvre d’une stratégie forte devrait permettre de renforcer la sécurité de l’information, le partage des données et la valeur ajoutée.
Évoquant les risques de plus en plus importants en matière de sécurité de l’information, la représentante a souligné qu’au vu de l’infrastructure « profondément fragmentée » et du manque de contrôle au sein du système actuel il est impératif pour l’ONU de mettre au point des services rationalisés, fiables et efficaces. À l’instar du CCQAB, Mme Power a aussi souligné qu’un leadership central et fort sera essentiel pour assurer la mise en place et l’application des politiques et des normes choisies. À ce titre, elle a souligné l’importance du poste de directeur général de l’informatique et des communications et a réclamé des précisions sur les ressources nécessaires à la mise en œuvre de la proposition du Secrétaire général pour pouvoir prendre une décision dans le contexte du budget-programme 2016-2017.
Mme LAURA SCHWEIZER (Suisse) a salué la volonté de réduire « drastiquement » le morcellement du paysage informatique au sein du Secrétariat. Elle a notamment constaté qu’avec près de 2 000 applications, 70 unités administratives s’occupant de l’informatique et des communications, plus de 130 services d’assistance technique et 44 centres informatiques, cette fragmentation est coûteuse et sa gestion pénalise l’efficacité de l’Organisation tout en affaiblissant sérieusement sa sécurité informatique. Elle a estimé que les TIC devraient être appuyées par une structure de gouvernance plus forte, plus efficace, plus transparente et plus cohérente.
La représentante a voulu savoir dans quelle mesure la nouvelle stratégie sera également appliquée aux moyens informatiques et de communications des activités de maintien de la paix. Elle a souligné que cet élément est fondamental pour la crédibilité et le succès de la stratégie, relevant notamment que le Département de l’appui aux missions reçoit 75% des ressources du budget global des TIC du Secrétariat. Elle a regretté que le rapport du Secrétaire général ne donne que peu d’informations à cet égard et a souhaité obtenir davantage de précisions sur les modalités proposées pour garantir une véritable inclusion dans la stratégie de toutes les entités du Secrétariat actives dans les TIC. La représentante de la Suisse a par ailleurs jugé primordial que le Bureau de l’information et des communications et Umoja travaillent main dans la main et se renforcent mutuellement.
M. JUSTIN KISOKA (Tanzanie) a estimé que les TIC sont un élément transversal qui doit s’appliquer à tous les secteurs d’action de l’ONU, réduire le coût des opérations et accélérer les activités de développement. Inquiet du niveau de fragmentation qui s’est accumulé au fil du temps, il a dénoncé une consommation des produits informatiques sans se soucier de la nécessité d’une gestion centralisée pour un meilleur service aux États Membres. La stratégie révisée doit en effet viser à faciliter le processus de prise de décisions des États Membres sur tous les lieux d’affectation. Le représentant a souligné la nécessité d’une structure de gouvernance simple, efficace sur le plan opérationnel et claire du point de vue de la hiérarchie.
PRÉVISIONS RÉVISÉES COMME SUITE AUX RÉSOLUTIONS ET DÉCISIONS ADOPTÉES PAR LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL À LA SESSION DE 2014
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/69/609)
Pour établir ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/69/535) qui indique qu’au cours de sa session de 2014, le Conseil économique et social (ECOSOC) a adopté diverses résolutions et décisions dans lesquelles il a autorisé les commissions techniques, les comités permanents et les organes d’experts compétents à entreprendre de nouvelles activités, dont certaines pour lesquelles aucun crédit n’avait été inscrit au budget-programme de l’exercice 2014-2015 et qui auraient une incidence sur le projet de budget-programme pour l’exercice 2016-2017.
Le montant des ressources additionnelles nécessaires pour l’exercice biennal 2014-2015 est estimé à 56 300 dollars, dont 5 400 dollars qui seraient financées au moyen des ressources approuvées au titre des affaires économiques et sociales et un montant de 50 900 dollars relevant des affaires de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC et de la gestion des conférences. Ce dernier montant serait imputé sur le fonds de réserve pour l’exercice biennal 2014-2015. Il a trait à l’établissement d’un rapport qui se traduirait par l’ajout au programme de travail du Département concerné d’un document de 8 500 mots devant paraître dans les six langues officielles de l’Organisation.
Or, le CCCQAB ne voit pas de raison pour laquelle cette documentation ne pourrait pas être produite pour le même coût de 35 100 dollars au maximum. Il recommande donc que ces 35 100 dollars soient absorbés par le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences. D’après le Secrétaire général, les crédits supplémentaires de 13 089 500 dollars à prévoir pour l’exercice 2016-2017 seraient examinés au même moment que le projet de budget-programme pour cet exercice.
Déclaration
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme DAYANA RIOS (Bolivie) a dit approuver le montant de 56 300 dollars pour l’exercice biennal 2014-2015. Elle a aussi souhaité que les 13 millions de dollars au titre de l’appui au système des coordonnateurs résidents soient pleinement reflétés dans le projet de budget 2016-2017. La représentante a tenu à souligner la nécessité d’affecter des ressources suffisantes à la mise en œuvre des mandats conférés par l’ECOSOC.