Soixante-neuvième session
26e & 27e séances plénières – matin & après-midi
AG/11571

Assemblée générale: les progrès dans la mise en œuvre du NEPAD assombris par la flambée d’Ebola dans l’Ouest de l’Afrique

Treize ans après l’adoption du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les États se sont inquiétés, aujourd’hui à l’Assemblée générale, des répercussions socioéconomiques de l’épidémie d’Ebola, surtout en Afrique de l’Ouest où elle se concentre en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.   

L’épidémie d’Ebola demande « une action internationale concertée et urgente pour aider les pays africains à améliorer leurs systèmes de santé », a déclaré le représentant du Malawi, au nom du Groupe des États d’Afrique.  « Une réponse rapide, collective et bien coordonnée est nécessaire pour contenir cette menace globale », a renchéri le Directeur exécutif de l’Agence pour la coordination et la planification du NEPAD, avant de saluer la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE).

Ces cris d’alarme devant « l’urgence de santé publique la plus grave et la plus aiguë de l’ère moderne », ont été poussés alors que l’Assemblée générale examinait la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), « la fierté de l’Afrique », « une véritable agence de la renaissance africaine » ou « un cadre stratégique reflétant un projet commun des États africains ».  

De nombreuses délégations ont attribué au NEPAD le fait que l’Afrique d’aujourd’hui, comme le souligne le Secrétaire général dans un de ses rapports, fait face à une convergence de facteurs positifs tels qu’une croissance soutenue sans précédent, grâce à la mise en place de politiques macroéconomiques rationnelles, aux réformes structurelles et aux flux croissants d’investissements étrangers directs.   

Si, a dit à son tour le représentant de Guyana, l’Afrique est toujours confrontée à de sérieux défis en matière de paix et de développement, elle a montré une forte résilience avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 4% en 2013, laquelle devrait retrouver son niveau d’avant la crise de 6,5%.  Mais ce taux reste en deçà des 7% essentiels à une élimination durable de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), sans compter que l’impact socioéconomique et sécuritaire d’Ebola n’est pas encore complètement évalué.

« Ebola nous a imposé un embargo économique », a acquiescé la Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierre Leone, qui est passée d’« un pays inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité à celui de nation exemplaire en matière de consolidation de la paix après un conflit dévastateur ».

L’épidémie, a dit la Ministre d’un pays aussi touché que la Guinée et le Libéria, représente une menace grave pour le développement humain, la sécurité de l’État et la réduction de la pauvreté.  Elle provoque des pertes économiques et assènent les revenus de l’État, d’où la similarité avec l’impact d’un embargo économique.  Comme la maladie a déjà tué près de 4 500 personnes, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les pays se sont inquiétés de sa croissance exponentielle.

Toujours convaincus du potentiel du NEPAD pour surmonter les obstacles aux avancées de l’Afrique, une trentaine de délégations a salué la Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015 et l’Agenda 2063, programme de transformation du continent pour les 50 prochaines années. 

Le NEPAD ayant donné lieu au Programme de développement des infrastructures en Afrique, le représentant de l’Algérie s’est réjoui qu’une somme de 40 millions de dollars vienne sonner la fin d’ici à 2016 du « chaînon manquant » de 4 500 km de l’autoroute transsaharien entre l’Algérie et le Nigéria.  Quant à la composante « fibre optique » du projet reliant l’Algérie, le Niger et le Nigéria, elle est achevée à 60%.   

Pour ces infrastructures, il manque à l’Afrique 92 milliards de dollars par an, a rappelé le représentant de l’Afrique du Sud aux partenaires de développement.  Son homologue du Japon a indiqué que dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), 617 projets de développement privés et publics ont été identifiés, cette année, pour la période 2013-2017.

La représentante des États-Unis a rappelé la promesse de son Président de prendre des mesures en faveur du secteur privé africain, notamment dans le secteur de l’électricité.  Son homologue de la Chine a annoncé que les échanges commerciaux entre son pays et l’Afrique s’élevaient en 2013 à 220 milliards de dollars et les investissements chinois à 25 milliards de dollars.

Avec l’Inde, a dit son représentant, les échanges commerciaux ont augmenté de 31,8% par an entre 2005 et 2011, pour atteindre, entre 2013 et 2014, les 72 milliards de dollars.  Les investissements indiens ont atteint plus de 35 milliards de dollars.  Durant la dernière décennie, l’Inde a concédé plus de 6,7 milliards de dollars, soit plus des deux tiers de ses prêts concessionnels, aux pays africains. 

Le représentant de l’Union européenne a souligné qu’au quatrième Sommet des dirigeants africains et européens en 2014, les protagonistes ont accepté de se focaliser sur cinq priorités à savoir la paix et la sécurité; la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme; le développement inclusif et durable; la croissance et l’intégration continentale; et les problèmes émergents et internationaux.  Nous nous sommes aussi engagés à travailler en partenariat pendant les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015.

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux lundi 20 octobre, à 10 heures, pour examiner la question du sport au service du développement et de la paix.

NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE (NEPAD)

Onzième rapport complet du Secrétaire général sur les progrès de la mise en œuvre et l’appui international (A/69/161)

Ce rapport, en date du 28 juillet 2014, met en évidence les progrès accomplis par les pays africains dans la mise en œuvre du NEPAD mais il souligne qu’il demeure nécessaire que les pays africains renforcent la mobilisation des ressources internes en tant que socle du financement des programmes et projets du NEPAD.

L’agriculture, écrit le Secrétaire général, est l’élément clef qui permettra à l’Afrique d’opérer sa transformation.  La décision prise au Sommet de l’Union africaine de faire de 2014 l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire doit inciter les pays africains à accorder une priorité budgétaire plus élevée à l’agriculture, dans le droit-fil de la Déclaration de Maputo.

Afin de soutenir ces efforts, les partenaires de développement de l’Afrique doivent tout faire pour financer plus généreusement l’agriculture africaine, conformément aux engagements pris en la matière –notamment ceux énoncés dans l’Initiative de L’Aquila sur la sécurité alimentaire.

De même, le développement des infrastructures sera un facteur déterminant pour libérer le potentiel de croissance de l’Afrique.  Si des progrès ont été enregistrés dans la mise en œuvre du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique, le manque de moyens financiers reste problématique.  Il faut renforcer la participation du secteur privé au développement des infrastructures par la mise en place de partenariats public-privé novateurs, comme indiqué dans le Programme d’action de Dakar.

Afin de renforcer davantage la coopération internationale en faveur du développement et de faciliter la mise en œuvre du NEPAD, le Secrétaire général recommande également aux partenaires de développement de prendre des mesures fermes pour aboutir à une conclusion fructueuse des négociations commerciales du Cycle de Doha, avec un volet « développement » fort, de tenir leurs engagements en matière d’aide et d’en améliorer l’efficacité.

Alors que l’année 2015 approche rapidement, il convient de redoubler d’efforts pour accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, seule région à avoir pris du retard pour la plupart d’entre eux, conclut le Secrétaire général.

Dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, une attention particulière doit être donnée aux priorités de l’Afrique, telles qu’elles ont été exposées dans la Position commune africaine sur ledit programme, dans le document final issu de la Consultation régionale africaine sur les objectifs de développement durable, dans la déclaration solennelle présentée à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’Unité africaine/Union africaine, ainsi que dans le futur Agenda 2063.

Rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/69/162-S/2014/542)

Le rapport rend compte des principaux faits nouveaux survenus de juillet 2013 à juillet 2014 en ce qui concerne la paix, la sécurité et le développement en Afrique, et des activités menées par les organismes des Nations Unies dans les domaines prioritaires suivants: renforcement de la coopération institutionnelle avec l’Union africaine et ses communautés économiques régionales; prévention des conflits; maintien de la paix et gestion des conflits; consolidation de la paix et relèvement après un conflit; croissance économique et développement durable; droits de l’homme et affaires humanitaires; état de droit et administration de la justice; appui à la réforme du secteur de la sécurité, au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration.

Le Secrétaire général analyse en profondeur le programme de transformation de l’Union africaine pour une Afrique exempte de conflits énoncé dans la Déclaration solennelle sur le cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)/Union africaine (UA) et l’Agenda 2063.

Il rappelle que l’Union africaine, à l’occasion du dixième anniversaire du Conseil de paix et de sécurité, en mai 2014, a souligné qu’elle avait besoin de plus de ressources pour appuyer et renforcer le Système d’alerte rapide à l’échelle du continent, le rôle de bons offices des envoyés et représentants spéciaux, ainsi que les efforts de reconstruction et de développement après un conflit, notamment par le biais de l’Initiative de solidarité africaine.

Dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, recommande le Secrétaire général, l’ONU devrait donc continuer d’appuyer les pays d’Afrique, l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour ce qui est du renforcement des capacités en matière d’alerte rapide, d’analyse des conflits, de dialogue et de médiation.

Par ailleurs, l’Afrique semblant être de plus en plus le nouveau centre du terrorisme, il est nécessaire qu’elle se dote d’un programme de sécurité cohérent pour venir à bout du problème croissant que constituent le terrorisme et l’extrémisme violent, souligne le Secrétaire général.

Dans la mesure où le terrorisme en Afrique est principalement un phénomène social, il est également important de renforcer la participation des civils dans les efforts de lutte contre le terrorisme.

Ainsi, l’ONU devrait collaborer étroitement avec l’Union africaine et les communautés économiques régionales à l’élaboration et à l’application de plans d’action régionaux de lutte contre le terrorisme axés sur les personnes.  Le mieux étant que ceux-ci comportent une aide aux victimes du terrorisme, le Secrétaire général encourage également les gouvernements africains, l’Union africaine, les communautés économiques régionales et les organisations de la société civile africaines à tirer parti du Portail de soutien aux victimes du terrorisme.

Par ailleurs, compte tenu de l’influence des flux financiers illicites sur la gouvernance de l’Afrique et sur les programmes de transformation structurelle, les pays d’Afrique, l’Union africaine et les communautés économiques régionales, en collaboration avec la communauté internationale, devraient encore renforcer leur action en vue de faire face à ce fléau, notamment en luttant contre la corruption, tant dans le secteur public que privé, et en prévenant la fraude fiscale.

Rapport biennal du Secrétaire général sur l’examen de la concrétisation des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique (A/69/163)

Dans ce premier bilan biennal, le Secrétaire général décrit la création et la mise en service du mécanisme de suivi des Nations Unies concernant les engagements pris en faveur du développement de l’Afrique, notamment les engagements pris par les pays africains et leurs partenaires de développement. 

Le rapport coïncide avec la phase finale de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, les délibérations en cours sur le programme de développement pour l’après-2015 et les objectifs de développement durable, et la formulation de plusieurs initiatives importantes concernant l’Afrique, notamment la Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015 et l’Agenda 2063, le programme de transformation du continent pour les 50 prochaines années.

L’Afrique d’aujourd’hui, souligne le Secrétaire général, fait face à une convergence de facteurs positifs tels qu’une croissance soutenue sans précédent dans beaucoup de pays, grâce à la mise en place de politiques macroéconomiques rationnelles et de réformes structurelles et à des flux croissants d’investissements directs étrangers.  Outre les perspectives favorables à court terme, l’Agenda 2063, qui comporte la vision d’une transformation à long terme du continent, fournira un cadre stratégique global en vue d’une croissance partagée et d’un développement durable pour l’Afrique.

Tandis que les nouveaux partenaires de développement de l’Afrique continuent de participer dans une large mesure au développement du continent, l’absence de données fiables en la matière ne permet pas à ce stade d’évaluer l’incidence d’un partenariat qui va croissant.  Les nouveaux partenaires de développement de l’Afrique doivent renforcer leur action en matière de suivi et rendre compte de leurs activités de coopération pour le développement, dans l’esprit du Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement.

Le Secrétaire général juge qu’il faut également fournir un appui plus ferme en vue de l’obtention de résultats plus concluants dans quatre domaines et d’abord celui de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.

Le Secrétaire général recommande aux pays d’Afrique de réduire les pratiques transfrontalières restrictives.  Des politiques régionales d’intégration, la création d’une zone continentale de libre-échange d’ici à 2017 et la mise en œuvre du plan d’action pour stimuler le commerce intra-africain adopté par le Sommet de l’Union africaine seront d’importantes mesures à cet égard.  Les pays d’Afrique doivent s’employer à atteindre l’objectif de la Déclaration de Maputo, qui consiste à allouer 10% des ressources budgétaires nationales au développement agricole.

Le Secrétaire général demande aux partenaires de développement de lancer de nouvelles réformes des marchés agricoles pour permettre aux exploitants agricoles africains de commercer librement sur les marchés mondiaux et favoriser l’aboutissement du Cycle de négociations de Doha pour le développement qui est ambitieux, global et équilibré. 

S’agissant du financement du développement, le Secrétaire général estime que les gouvernements africains doivent élargir l’assiette fiscale, réduire les exonérations et imposer une taxation plus efficace dans le cadre de la gestion des ressources naturelles.  Afin d’attirer davantage d’investissements du secteur privé, ils doivent se hâter de réformer la réglementation et de renforcer les institutions juridiques. 

Avec leurs partenaires de développement, ils doivent continuer à améliorer l’efficacité de l’aide, conformément à la Déclaration de Paris, au Programme d’action d’Accra et au Partenariat de Busan.  Ils doivent aussi collaborer pour obtenir des données récentes et exhaustives sur la dette souveraine, reposant sur les systèmes de notification par les créanciers comme par les débiteurs.

La communauté internationale doit continuer de viser activement l’élaboration d’une approche et d’un mécanisme pour assurer une prévisibilité juridique et une restructuration en temps opportun de la dette, avec un partage équitable des charges.  Afin de réduire les coûts et d’améliorer la rapidité du règlement de la dette, la communauté internationale doit envisager de mettre en place une procédure internationale de faillite pour la restructuration de la dette souveraine dans les pays à faible revenu;

Les partenaires traditionnels de développement doivent aussi redoubler d’efforts pour s’acquitter des engagements souscrits à Monterrey en matière d’aide publique au développement en faveur de l’Afrique, à savoir 0,7% du revenu national brut, et veiller à la prévisibilité et à la transparence de cette aide pour les pays bénéficiaires d’Afrique;    

Les deux autres domaines pour lesquels le Secrétaire général fait des recommandations sont la viabilité écologique et les changements climatiques, et la bonne gouvernance où il conseille aux pays d’Afrique de se montrer particulièrement vigilants à l’égard de la représentation proportionnelle comme solution de rechange au système du « tout au vainqueur », utilisé dans bon nombre de pays, et s’efforcer d’instaurer la réconciliation nationale, après les élections.  Le Secrétaire général plaide l’indépendance des organes électoraux et des organes de lutte contre la corruption.

DÉCENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, PARTICULIÈREMENT EN AFRIQUE

Déclarations

M. CHARLES MSOSA (Malawi), au nom du Groupe des États d’Afrique, a applaudi le thème retenu par le Président de l’Assemblée générale pour cette session, à savoir « Élaborer et concrétiser un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015 ».  En janvier dernier, les chefs d’État et de gouvernement africains ont entériné la Position commune africaine sur ce programme en identifiant les priorités clefs de l’Afrique.  L’Afrique contribuera aux négociations sur l’avenir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui n’ont pas été réalisés, en mettant l’accent sur l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes.

L’Union africaine envisage une « Afrique intégrée, prospère, stable et pacifique, animée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale », a expliqué M. Msosa.  À cet égard, le lancement de la Position commune africaine a coïncidé avec la mise au point de l’Agenda 2063, qui en se servant des leçons du passé, prévoit la transformation socioéconomique positive du continent dans les cinq prochaines décennies.

Depuis plus de 20 ans, les chefs d’État et de gouvernement africains s’appuient sur le cadre stratégique du NEPAD pour appliquer des programmes prioritaires, en matière d’agriculture, de sécurité alimentaire, de changements climatiques, de gestion des ressources naturelles, d’intégration régionale et d’infrastructure.  Le Groupe des États d’Afrique se félicite de constater que l’agriculture reste au cœur de l’agenda de développement de l’Afrique.  2014, a rappelé le représentant, est l’Année de l’agriculture en Afrique.  En juin dernier, la Déclaration de Malabo sur l’accélération de la croissance agricole a été adoptée par l’Union africaine, avec pour but de maintenir l’élan imprimé dès 2003 par le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine.

Le Programme d’action de Dakar, également adopté en juin dernier, devrait contribuer au financement du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), dont s’occupe le NEPAD, a poursuivi M. Msosa.  Quant au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, établi il y a 10 ans pour promouvoir la bonne gouvernance sur le continent, il comprend aujourd’hui 34 États.  À ce sujet, le représentant a souhaité que le Mécanisme accélère son rythme de travail.

Ensuite, M. Msosa a assuré que les États africains étaient résolus à se pencher sur les causes profondes des conflits en Afrique et à prévenir les conflits armés, notamment dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Enfin, a-t-il souligné, le paludisme reste un problème de santé grave pour l’Afrique qui requiert une attention continue au-delà de 2015.

L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest demande « une action internationale concertée urgente pour aider les pays africains à améliorer leurs systèmes de santé » et à renforcer l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Le Groupe des États d’Afrique, a conclu le représentant, considère que l’épidémie d’Ebola sonne une fois de plus l’alarme pour que soient dûment pris en compte les besoins des plus vulnérables dans le programme de développement pour l’après-2015.  

M. GEORGE TALBOT (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que ce débat a lieu dans un contexte où une épidémie d’Ebola sans précédent est en train de « ravager » des pays en Afrique de l’Ouest.  Il a appelé à une réaction mondiale « massivement » renforcée, avant de renouveler l’appui « fondé sur des principes » de la CARICOM à l’Afrique et de mettre l’accent sur l’importance qu’il y a à ce que l’appui international s’aligne sur les priorités déterminées par les Africains eux-mêmes.  Il a salué l’Agenda 2063 et rappelé que même si l’Afrique est toujours confrontée à de sérieux défis en matière de paix et de développement, elle a montré une forte résilience avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 4% en 2013.  D’après African Economic Outlook 2014, a-t-il ajouté, la croissance en Afrique devrait retrouver son niveau d’avant la crise de 6,5%.  Mais ce taux reste en deçà des 7% essentiels pour une élimination durable de la pauvreté et la réalisation des OMD.  De plus, l’impact socioéconomique et sécuritaire d’Ebola n’est pas encore complètement évalué.

Le représentant a donc jugé nécessaire de renforcer l’appui au continent pour l’aider à consolider et à pérenniser ses acquis.  Il a insisté sur l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), le règlement des problèmes de la dette, l’ouverture du système commercial international, la multiplication des investissements étrangers directs et le renforcement de la coopération Sud-Sud.

M. Talbot a aussi parlé du fardeau des maladies comme le paludisme et le VIH/sida.  En mai dernier, a-t-il indiqué, la CARICOM a uni ses forces avec l’Union africaine pour réfléchir au partage des responsabilités et à l’agenda international de solidarité contre l’épidémie du VIH/sida dans les Caraïbes et tirer les leçons de la feuille de route adoptée par l’Union africaine en 2002 sur ces deux points, qui a contribué à transformer la réaction du continent face au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme.  Ce processus a facilité le resserrement des liens entre les pays des deux régions sur le VIH/sida, et la menace posée par les maladies non transmissibles est un autre sujet de préoccupation et de collaboration, a conclu le représentant.

M. JAN PIROUZ POULSEN, Union européenne, a rappelé que la stratégie commune de l’Union européenne et de l’Afrique, dite Stratégie de Lisbonne de 2007, constitue le cadre stratégique de coopération et de dialogue avec l’Afrique.  Ce cadre a mis en place un partenariat entre égaux qui dépasse l’approche traditionnelle « donneur et récipiendaire » et s’engage dans un dialogue politique systématique.  Au quatrième Sommet des dirigeants africains et européens d’avril 2014, ils ont renouvelé leurs engagements à travailler ensemble et ont accepté de se focaliser sur cinq priorités à savoir la paix et la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, le développement humain, le développement inclusif et durable, la croissance et l’intégration continentale et les problèmes émergents et internationaux.  Nous nous sommes aussi engagés à nous consulter et à travailler en partenariat pendant les négociations à venir pour obtenir des résultats consensuels en septembre 2015.

Soutenant le rôle essentiel du NEPAD et de l’Union africaine dans la définition des politiques et des programmes de développement du continent, « notre objectif est d’appuyer l’intégration politique et économique de l’Afrique par le commerce et le renforcement du partenariat politique, la coopération dans de nouveaux secteurs, et l’appui au renforcement des capacités institutionnelles aux niveaux national, régional et continental ».  La promotion de systèmes de gouvernement transparent et démocratique, respectueux des droits de l’homme et des libertés fondamentales est une composante clef de la stratégie commune Afrique-Union européenne.  Le but est de faciliter un dialogue ouvert, large sur toutes les questions y compris les droits de l’homme et la pleine jouissance de ces droits par tous.  Le délégué a rappelé que l’Europe a soutenu les opérations d’appui à la paix conduites par les Africains à travers l’Architecture de paix et de sécurité africaine qui a reçu plus de 1,2 milliard d’euros depuis 2004. 

Concernant le fardeau des maladies tels que le paludisme, le sida et Ebola, le délégué a indiqué que les progrès réalisés peuvent se renverser si nous relâchons nos efforts.  Si nous voulons diminuer le nombre de victimes, des investissements durables et la volonté politique sont nécessaires.  Mettre en place des systèmes de santé et des capacités nationales renforcés pour assurer un accès équitable à la prévention, au traitement et aux soins grâce à la couverture maladie universelle sont les voies pour alléger la pauvreté et promouvoir le développement équitable et durable, a indiqué le délégué de l’Union européenne.  

M. U KYAW TIN (Myanmar), au nom de l’Association des nations du Sud-Est (ASEAN), a jugé essentiel d’aboutir à une position commune sur le programme de développement pour l’après-2015 qui puisse répondre aux préoccupations communes de l’Afrique et de l’Asie.  Il est important que les priorités identifiées par l’Union africaine dans sa position commune africaine soient pleinement reflétées dans la formulation dudit programme.  Le délégué a souligné que les progrès enregistrés dans la mise en œuvre du NEPAD, ainsi que le succès rencontré par le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, attestaient des capacités des dirigeants africains d’instaurer paix et développement sur leur continent.  Il a appelé la communauté internationale et l’ONU à apporter leur plein appui à la mise en œuvre de l’Agenda 2063, dans la mesure où il s’agit d’une vision du développement développée par les Africains eux-mêmes.

Sur la lutte contre le paludisme, il a indiqué que ce mal était un très lourd fardeau pour les pays de l’Afrique et ceux de l’ASEAN.  Il a en conséquence salué la récente résolution de l’Assemblée générale qui vise à intensifier la lutte contre ce fléau.  Enfin, saluant la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre Ebola (MINUAUCE), le délégué a promis que les pays de l’ASEAN apporteraient leur appui résolu aux efforts des pays africains.

Mme PINDI HAZARA CHANA (République-Unie de Tanzanie) a insisté sur la nécessité pour le programme de développement pour l’après-2015 de s’attacher à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.  Consciente que les ressources dont disposent les pays africains ne sont pas suffisantes pour atteindre leurs objectifs de développement, elle a appelé les partenaires de l’Afrique à honorer leurs engagements, en particulier dans le domaine du transfert des technologies.  À cet égard, elle a dit attendre avec impatience la conclusion des discussions relatives à l’établissement d’un mécanisme de transfert et de dissémination de technologies propres et respectueuses de l’environnement au bénéfice des pays en développement. 

« Le NEPAD est la fierté de l’Afrique », a ensuite affirmé Mme Chana, qui a tenu à saluer les efforts de l’Agence du NEPAD dans la mise en œuvre du Programme de développement des infrastructures en Afrique, et ce, dans un contexte budgétaire difficile.  Elle a précisé que le développement de ces infrastructures nécessitera la mobilisation de ressources financières provenant de toutes les sources possibles, y compris le secteur privé.  Reconnaissant l’utilité du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, elle a néanmoins reconnu que ce Mécanisme faisait face à des difficultés qui l’empêchaient de s’acquitter pleinement de son mandat.

Elle a aussi précisé que la Tanzanie avait fait l’objet d’une évaluation et veillait à consolider les gains enregistrés dans le domaine de la bonne gouvernance.  « S’il a été dit que l’Afrique possède les solutions aux problèmes de l’Afrique, nos États détiennent également les solutions aux problèmes nationaux », a-t-elle dit.  S’agissant de la lutte contre le paludisme, la déléguée de la Tanzanie a rappelé que ce mal tuait chaque minute un enfant africain.  81% des cas de paludisme dans le monde surviennent en Afrique.  Elle a averti que les stratégies actuelles n’atteindraient probablement pas l’objectif d’éliminer ce fléau et risquaient même de voir leur efficacité diminuée en raison de la résistance croissante des moustiques et parasites aux insecticides.

Mme EBUN STRASSER-KING, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierre Leone, a commencé par souligner l’importance de la paix et de la sécurité pour le développement de l’Afrique.  « La pauvreté étant à la fois une cause et une conséquence de l’instabilité et des conflits, le continent ne pourra pas réaliser entièrement la paix et le développement sans traiter la pauvreté », a-t-elle fait valoir.  À cet égard, la Sierra Leone fait partie des pays africains qui ont réalisé des progrès remarquables en matière de stabilité politique.  Des mesures ont été adoptées pour s’adresser aux causes profondes du conflit, jeter les bases du développement national à moyen et long termes et promouvoir les droits de l’homme.  Le statut de la Sierre Leone est passé de celui de « pays inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité », à celui de nation servant d’exemple en matière de consolidation de la paix après un conflit dévastateur.

Toutefois, a averti Mme Strasser-King, tous ces acquis risquent d’être anéantis si un effort coordonné et rigoureux n’est pas réalisé pour éradiquer le virus Ebola.  La maladie a déjà coûté des milliers de vies et menace d’en prendre des milliers d’autres si une action radicale n’est pas prise pour l’endiguer.  Outre son effet « terrifiant », « Ebola a déjà produit son impact sur tout le tissu socioéconomique des pays touchés », a insisté la Vice-Ministre.  L’épidémie a causé de graves problèmes dans les secteurs agricole, minier, industriel, des transports, touristique et de la construction.  « Ebola représente une menace grave pour le développement humain, la sécurité de l’État et la réduction de la pauvreté. »  Les pertes économiques sont déjà ressenties et les revenus de l’État s’assèchent.  En bref, a-t-elle conclu, « Ebola nous a imposé un embargo économique ».

M. AHMAD AL-BUAIJAN (Koweït) a tout d’abord salué le programme de transformation de l’Union africaine, ainsi que les efforts visant à la bonne mise en œuvre du NEPAD, notamment dans son volet de promotion de la bonne gouvernance.  Il s’est en revanche dit vivement préoccupé par le fait que l’Afrique n’ait pas atteint son objectif dans le domaine de la réduction de pauvreté.  Il a également pointé l’insuffisance en Afrique des terres exploitées par rapport aux besoins.  La proportion de personnes souffrant de malnutrition n’a que faiblement baissé, a-t-il relevé.

Sur la lutte contre l’épidémie d’Ebola, le délégué a indiqué que son pays avait débloqué 5 millions de dollars pour répondre à l’appel de l’OMS visant à l’éradication de ce fléau.  Il a également relevé que son pays venait d’accueillir un Sommet pour l’Afrique, au cours duquel plusieurs initiatives en faveur du développement économique ont été annoncées.  Insistant sur l’importance historique des liens entre le Koweït et les pays africains, le délégué a indiqué que son pays avait fourni, via un fonds spécial, 6,4 milliards de dollars pour le financement de projets de développement.  Enfin, il a exhorté les dirigeants africains et la société civile à travailler main dans la main pour le développement du continent.

M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a salué l’Agenda 2063 et la Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015 et affirmé que ses priorités et sa vision coïncident avec l’Initiative Thaïlande-Afrique.  Dans le domaine de l’agriculture, l’Agence de coopération au développement de la Thaïlande a mis en œuvre de nombreux projets en Afrique en 2014.  Le représentant a souligné l’importance qu’il y a à partager le savoir-faire.  Les projets augmenteront la productivité agricole et permettront à l’Afrique d’être plus résiliente et de prévenir l’insécurité alimentaire.  En matière de santé publique, la coopération s’est focalisée sur le renforcement des ressources humaines dans la prévention et le traitement des épidémies et la gestion communautaire de la santé publique.

La Thaïlande a aussi parrainé la résolution de l’Assemblée générale qui a proclamé la Décennie pour faire reculer le paludisme.  Elle est aussi prête à partager son expérience en matière de couverture maladie universelle.  En ce qui concerne la lutte contre Ebola, la Thaïlande a octroyé une aide de 152 900 dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour acheter du riz et éviter une pénurie alimentaire dans les régions touchées.  Dans le domaine de l’éducation, la Thaïlande offre des bourses de formation dans des secteurs où son expertise pourrait être une valeur pour le continent africain. 

Mme CAROL HAMILTON (États-Unis) a indiqué que les États-Unis continueraient d’appuyer le NEPAD, qui reste le cadre stratégique pour le développement socioéconomique de l’Afrique et qui reflète un projet commun des États du continent.  « Il tarde aux États-Unis de travailler avec l’Union africaine sur l’Agenda 2063 qui permettra de partager les enseignements tirés et de répandre les meilleures pratiques », a-t-elle assuré.

Les pays africains sont des partenaires essentiels des États-Unis, dans les domaines de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, pour lesquelles plus de 7 milliards de dollars ont été débloqués.  Les États-Unis appuient le programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, ainsi que les efforts fournis par l’Afrique pour créer une croissance économique large et durable et des conditions propices pour le commerce.  La représentante a insisté sur la nécessité de promouvoir un environnement transparent pour attirer des investissements.  À cet égard, le Président Barak Obama a annoncé des mesures en faveur du secteur privé en Afrique, notamment en matière d’électricité.

Pour les États-Unis, la priorité absolue réside dans les tâches héritées des OMD qui n’ont pas encore été réalisés, a souligné la représentante.  Elle a proposé d’aller plus loin en se penchant, dans le programme de développement pour l’après-2015, sur l’autonomisation des femmes, l’énergie durable, la paix et la bonne gouvernance.  Les États-Unis visent l’élimination de la pauvreté extrême d’ici à 2030 et sont déterminés à mettre un terme aux décès causés par le paludisme, ils ont notamment débloqué 1,2 milliard de dollars pour 19 pays de l’Afrique subsaharienne.  Le Président américain a en outre reconduit les efforts du pays contre le paludisme pour la période 2015-2020.

M. WANG MIN (Chine) a indiqué que les priorités des pays africains devaient être au cœur du programme de développement pour l’après-2015 et appelé les pays développés à honorer leurs engagements vis-à-vis de l’Afrique.  La coopération Sud-Sud doit venir en complément de la coopération Nord-Sud, a-t-il dit.  Il a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts des pays d’Afrique de l’Ouest concernés dans leur lutte contre l’épidémie d’Ebola qui constitue, selon le délégué chinois, « un défi sécuritaire non traditionnel ».

Le délégué a plaidé pour un règlement pacifique des différends en Afrique, rappelant qu’un tel règlement devait être le fait des pays africains eux-mêmes.  « La Chine et l’Afrique partagent le même destin.  La Chine est l’amie la plus fidèle de l’Afrique, peu importe les évolutions sur la scène internationale », a-t-il déclaré.  Il a rappelé les principes qui gouvernent la coopération sino-africaine, en particulier celui de la bonne foi.  Il a souligné l’importance des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique, qui ont représenté plus de 220 milliards de dollars en 2013, alors que les investissements chinois en Afrique se sont élevés à 25 milliards de dollars.

« La Chine a volé au secours des pays touchés par Ebola dès le début de l’épidémie », a-t-il rappelé, relevant que 200 experts chinois avaient été dépêchés sur place.  Vivement préoccupée par la progression de la maladie, la Chine va accroître son aide, avec l’envoi prochain de 60 ambulances et de 150 000 unités de matériel de protection.  « Nous allons lutter ensemble contre l’épidémie d’Ebola jusqu’à la victoire », a conclu le représentant.

M. KODJO MENAN (Togo) a concentré son intervention sur le paludisme qui représente un problème majeur de santé publique, en Afrique en général, et au Togo en particulier.  Favorisé par les conditions climatiques, le paludisme y est la première cause de consultations et de décès, notamment chez les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.  « Le lourd tribut que les enfants d’Afrique payent au paludisme interpelle l’Union africaine », a-t-il insisté.  Le Togo met en œuvre son troisième plan stratégique national de lutte contre la maladie pour la période 2011-2015, en renforçant l’accès universel de la population aux services de prévention et de prise en charge.  Plusieurs campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action ont été menées, dont la plus récente en septembre dernier.  Le Togo souhaite porter à terme l’usage des moustiquaires à au moins 80% des foyers dans tous les pays.

Le représentant a lancé un appel pressant pour le renforcement du partenariat mondial contre les maladies endémiques.  Selon lui, l’épidémie d’Ebola « met un frein aux efforts de santé publique », dont les moyens sont déjà limités.  Face à la progression de l’épidémie, il a espéré que l’élan de solidarité observé allait se poursuivre et déboucher sur la mise en place de systèmes de santé plus fiables et plus performants, afin d’éviter qu’elle ne se propage au monde entier.

Mme ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a dit qu’une « Zambie sans paludisme » est possible.  Des politiques et des programmes ont été mis en place pour assurer qu’il n’y ait pas d’obstacles à la mise en œuvre des interventions de prévention qui, actuellement, comprennent les pulvérisations à effet rémanent, la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides et le traitement présomptif intermittent pour les femmes enceintes.  Le pays s’appuie aussi sur un plan national stratégique qui va de 2011 à 2015.  Ce plan prévoit des interventions pour le renforcement des capacités de tous les acteurs.  La Zambie compte accroître l’accès aux victimes potentielles à travers les structures communautaires et par des contrôles et des évaluations.  Le plan stratégique prévoit le recours aux leaders communautaires et aux faiseurs d’opinion et ces mesures ont eu pour conséquence la création, par le Gouvernement et ses partenaires, de structures institutionnelles fortes, a indiqué la représentante.

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a souligné les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme de développement des infrastructures en Afrique.  Il a, à ce titre, indiqué que le projet d’une autoroute transsaharienne entre le Nigéria et l’Algérie devait être achevé en 2016.  « L’Égypte a dirigé le premier Comité directeur sur le tracé de la voie navigable entre le lac Victoria et la mer Méditerranée ».  Comme cela a été identifié lors du Sommet pour le financement des infrastructures de Dakar, M. Mamabolo a indiqué que le principe défi demeurait la faisabilité financière et appelé les partenaires de l’Afrique à l’améliorer.  Il a chiffré le déficit dans le financement des infrastructures en Afrique à 92 milliards de dollars par an.

Le délégué a ensuite affirmé que l’épidémie d’Ebola attestait de la nécessité pour l’Afrique de disposer de systèmes de santé robustes et a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour vaincre la maladie.  Louant les efforts des dirigeants africains pour assurer la paix et la stabilité en Afrique, il a souhaité que le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine renforcent leur coopération.  Enfin, M. Mamabolo a déclaré que 34 pays avaient rejoint le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et que 17 pays avaient pour l’heure fait l’objet d’une telle évaluation.  Ce Mécanisme constitue un exemple unique au monde d’autoévaluation tant par sa portée que par sa transparence, a-t-il conclu.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a expliqué qu’il avait participé activement aux efforts entrepris dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).  Cette année, à Yaoundé, au Cameroun, 617 projets de développement privés et publics ont été identifiés pour la période 2013-2017.  Le Japon y contribue à hauteur de 6 milliards de dollars.  Le représentant a mis l’accent sur les priorités clefs que sont les infrastructures et la mise en valeur des ressources humaines.  De même, « l’agriculture doit passer de la subsistance à l’autonomie », a-t-il fait valoir.  En marge du débat général de l’Assemblée en septembre dernier, le Premier Ministre japonais a organisé une table ronde qui a réuni les Présidents des sept communautés économiques régionales de l’Afrique sur l’importance des infrastructures. 

Alarmé par les conflits émergents et en cours en Afrique, le Japon considère qu’il faut prendre des mesures rapides pour restaurer la paix et la stabilité.  Le pays s’est engagé pour une aide humanitaire et pour l’assistance au développement dans la région du Sahel sur une période de cinq ans.  D’après le représentant, Ebola met en péril le développement en Afrique et doit être traité dans l’urgence.  Le Premier Ministre du Japon a ainsi participé à la Réunion de haut niveau sur la réponse à apporter à l’épidémie et s’est engagé à débloquer 40 millions de dollars, dont 22 ont déjà été alloués aux organisations internationales pertinentes.  Pour ce qui est de la lutte contre le paludisme, le Japon a fourni 800 millions de dollars au Fonds mondial à partir de 2014.  

M. AMIT NARANG (Inde) a souligné que le débat intervient alors que des pays africains sont confrontés à ce que l’OMS a appelé « l’urgence de santé publique la plus grave et la plus aiguë de l’ère moderne ».  Le représentant s’est enorgueilli de la longue histoire de la participation de l’Inde aux efforts mondiaux contre les urgences de santé publique comme le VIH/sida, il y a 10 ans.  Aujourd’hui, l’Inde a offert une assistance financière aux pays touchés en Afrique et débloqué une somme de 500 000 dollars pour renforcer les efforts de l’OMS.  L’Inde a ensuite fourni une somme de 10 millions de dollars au Fonds pour la lutte contre Ebola et une autre somme de 2 millions de dollars pour acheter des combinaisons de protection. 

Le représentant a souligné que dans son rapport, le Secrétaire général constate le renforcement des liens de coopération entre l’Afrique et l’Inde.  Les échanges commerciaux, ayant augmenté de 31,8% par an entre 2005 et 2011, ont atteint entre 2013 et 2014 les 72 milliards de dollars.  Les investissements indiens en Afrique ont quant à eux atteint plus de 35 milliards de dollars.  Durant la dernière décennie, l’Inde a concédé plus de 6,7 milliards de dollars, soit plus des deux tiers de ses prêts concessionnels, aux pays africains. 

En outre, des milliers d’étudiants et d’experts africains ont été formés, l’année dernière, en Inde et pendant la même période, un certain nombre d’institutions de renforcement des capacités ont été mis en place dans plusieurs pays africains ou sont en train de l’être.  L’Inde a accueilli les 21 et 22 août derniers, la troisième réunion des Communautés économiques régionales d’Afrique et elle est aussi un contributeur régulier aux opérations de maintien de la paix de l’ONU avec plus de 6 500 Casques bleus. 

M. OMAR NAKOA (Libye) a souligné les efforts qu’il reste à accomplir pour la réalisation des OMD, afin qu’un jour, tous les Africains vivent dans la dignité.  Il a appelé les États Membres à honorer les engagements qu’ils ont contractés envers l’Afrique lors des différentes conférences internationales.  Abordant la menace posée par l’épidémie d’Ebola, il a averti que 10 000 personnes supplémentaires par semaine pourraient être infectées par le virus en Afrique.  « L’Afrique ne peut pas contenir cette menace seule », a-t-il lancé.

S’agissant de la promotion de la paix et de la stabilité, qui est l’un des volets du NEPAD, le délégué de la Libye a plaidé pour le renforcement de la coopération institutionnelle et des mécanismes de bonne gouvernance.  Il a aussi affirmé que, malgré la situation sécuritaire très précaire de son pays, la Libye était déterminée à œuvrer de concert avec les autres pays africains pour la bonne mise en œuvre du NEPAD.  L’objectif que l’Afrique doit se fixer est d’atteindre les OMD puis, après 2015, les objectifs de développement durable, a-t-il dit, mentionnant la jeunesse de sa population et ses ressources naturelles comme principaux atouts de l’Afrique.

M. KHALED BENHAMADI (Algérie) a dit qu’il est important que l’Afrique fasse l’objet d’une attention particulière dans le processus d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Pour sa part, l’Union africaine a réussi à adopter, il y a un an, sa Position commune sur ledit programme.  Après une décennie de mise en œuvre, le NEPAD, a estimé le représentant, a produit un certain nombre de résultats encourageants.  La promotion des infrastructures a conduit à l’adoption, en 2010, d’un Programme spécifique.  Le représentant s’est réjoui que, s’agissant du projet tant défendu par son pays sur l’autoroute transsaharien et le gazoduc entre l’Algérie et le Nigéria, la mise à disposition d’une somme de 40 millions de dollars pour financer « le chaînon manquant de l’autoroute » de 4 500 km sonne la fin des travaux d’ici à 2016. 

Le représentant s’est aussi réjoui que la composante « fibre optique » reliant l’Algérie, le Niger et le Nigéria, est achevée à 60%.  Nous savons tous, a conclu le représentant, que la prospérité du monde ne pourra se réaliser sans celle de l’Afrique.  Les efforts du continent pour éradiquer la pauvreté et la faim, créer des emplois et assurer le développement durable doivent être accompagnés d’un appui constant des partenaires de développement.  Faire en sorte que les efforts de la communauté internationale dans l’élaboration d’un nouvel agenda reflètent pleinement les besoins et les priorités de l’Afrique, ne manquera pas de consolider les progrès du continent et ses derniers acquis en matière de développement.

M. TOMMO MONTE (Cameroun) a déclaré que le déficit en infrastructures est l’un des plus graves défis auxquels l’Afrique fait face.  Il s’est réjoui de l’accélération du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) lancé en 2010.  Les perspectives du Programme d’action de Dakar laissent notamment présager un accroissement du taux de réalisation des projets pilotes d’infrastructures prioritaires.  S’agissant de l’industrialisation, le Cameroun est d’avis qu’elle est indispensable à la transformation structurelle des économies africaines car elle engendre la valeur ajoutée et la diversification économique. 

Saluant l’intégration des priorités du NEPAD dans les programmes nationaux de développement, le représentant a mentionné des exemples d’initiatives prises par le Cameroun au cours des 12 derniers mois.  Ainsi, le Gouvernement a-t-il validé son plan national d’investissement agricole, qui vise à investir plus de 6,5 milliards de dollars dans le développement de l’agriculture sur une période de sept ans (2014-2020).  Par ailleurs, le Cameroun a accueilli, en octobre 2013, la cinquième session du Mécanisme sous-régional de coordination de l’appui du système des Nations Unies à l’Union africaine et au NEPAD en Afrique centrale.  À l’issue de cette session, 116 projets ont été retenus pour la période 2013-2016 dans les domaines suivants: infrastructures, gouvernance, paix et sécurité, développement industriel, commerce, accès aux marchés, agriculture et sécurité alimentaire, science et technologie, lutte contre le VIH/sida, emploi et formation.

L’Afrique ne reçoit que 38% du volume total de l’aide publique au développement (APD) a déploré ensuite M. Monte.  Selon lui, le fardeau de la dette a gravement compromis les efforts déployés par les pays en développement en vue d’atteindre les objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les OMD.  Le Cameroun partage l’avis du Secrétaire général selon lequel l’allègement de la dette à lui tout seul « n’est pas la solution miracle aux problèmes de développement des pays pauvres très endettés ».  C’est une condition nécessaire mais pas suffisante, qui doit s’accompagner d’une assistance supplémentaire, sous forme à la fois d’un financement du développement et d’un renforcement de capacités.  

M. Monte a conclu que le Cycle de Doha, la troisième Conférence sur le financement du développement et le programme du développement pour l’après-2015 devraient garantir un système commercial favorable au développement dans le but notamment de réduire les distorsions des échanges et d’améliorer l’accès des produits africains sur le marché.

M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Directeur exécutif de l’Agence du NEPAD, a déclaré que 34 pays avaient rejoint le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et que 17 pays avaient fait l’objet d’une telle évaluation.  Pour renforcer la production agricole et la sécurité alimentaire, il a indiqué que l’Agence mettait en œuvre la Déclaration de Malabo de juin 2014 qui consiste à allouer 10% des ressources budgétaires nationales au développement agricole.  L’Agence s’est fixée comme objectif de réduire de moitié la pauvreté et la faim d’ici à 2025.

En ce qui concerne le développement des infrastructures, il a indiqué que 16 projets avaient été identifiés dans le cadre du Plan d’action prioritaire du Programme de développement des infrastructures en Afrique.  « Le soutien du secteur privé en Afrique et dans le monde entier est crucial pour lever les fonds nécessaires à la mise en œuvre des projets régionaux d’infrastructures », a-t-il affirmé.

M. Mayaki a ensuite mentionné les principaux défis auxquels doit faire face l’Afrique, mentionnant en premier lieu l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.  « Une réponse rapide, collective et bien coordonnée est nécessaire pour contenir cette menace globale », a-t-il dit, avant de saluer la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre Ebola (MINUAUCE).

Puis, il a détaillé les lignes directrices de l’Agenda 2063 afin de répondre aux défis de l’Afrique pour les 50 prochaines années.  L’Agenda est une consolidation des structures de transformation du continent, ancrée dans la vision d’une Afrique prospère et intégrée, et animée par les idéaux du panafricanisme.  « Notre but est de faire en sorte que l’Afrique devienne un acteur influent sur la scène mondiale », a-t-il dit, ajoutant que l’Agence du NEPAD serait l’élément moteur dans l’application dudit Agenda.  Enfin, M. Mayaki a indiqué que le programme de développement pour l’après-2015 devait refléter les priorités de l’Afrique.

M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a dit que les mérites des progrès récemment enregistrés en Afrique revenaient en premier lieu aux Africains.  La Fédération de Russie apporte une aide directe à l’Afrique, a-t-il ensuite dit, chiffrant cette aide à plus de 20 milliards de dollars sur ces dernières années.  Il a indiqué que son pays contribuait à la valorisation des ressources humaines en Afrique, en accueillant dans ses universités plusieurs milliers d’étudiants africains.

S’agissant de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, il a indiqué que des docteurs russes avaient été dépêchés en Afrique et que du matériel médical supplémentaire serait bientôt acheminé.  Le délégué a ensuite salué les progrès accomplis dans l’architecture de paix et de sécurité africaine, dont l’élément clef est le Conseil de paix et de sécurité.  Il s’est également dit en faveur d’une réaction rapide de la communauté internationale lorsque survient une crise, pour autant que cette réaction soit sollicitée par les pays africains concernés.  Enfin, il s’est félicité du renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine comme en attestent leurs efforts communs en Somalie et au Darfour.

M. RAYMOND SERGE BALE (République du Congo) a dit que le Congo accordait une attention particulière à la mise en œuvre des programmes d’investissement adoptés dans le cadre du NEPAD et du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale.  Les difficultés liées à la mobilisation des ressources constituent l’une des faiblesses et l’un des défis dans leur mise en œuvre, mais la volonté politique n’en demeure pas moins le ressort qui permet leur réalisation progressive.  Le Gouvernement congolais maintient son engagement à œuvrer à l’accélération de la mise en œuvre du NEPAD notamment dans les domaines prioritaires des infrastructures, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire et des ressources humaines, a assuré le représentant. 

Il s’est réjoui que son pays compte parmi les tout premiers États à avoir adhéré au processus d’autoévaluation et d’évaluation par les pairs, dès son lancement en 2003.  Aujourd’hui, le Congo fait partie des 13 pays africains qui ont progressé dans tous les domaines de l’étude annuelle de la gouvernance sur le continent, en matière de sécurité et d’état de droit, de participation à des droits de l’homme, de développement humain et de développement économique durable.  Le représentant a rappelé que les causes des conflits, des violences et de l’insécurité en Afrique sont la pauvreté, le chômage, les maladies endémiques comme l’épidémie d’Ebola. 

Il a ajouté que la paix et la sécurité restent une préoccupation dans certains pays africains confrontés à des rebellions.  Le continent fait face de manière croissante à de nouvelles formes de menaces tel le narco-terrorisme, les activités de groupes extrémistes comme Boko Haram au Nigéria et dans le nord du Cameroun et la piraterie dans le golfe de Guinée.  Il a appelé au renforcement de l’engagement de la communauté internationale aux côtés des pays concernés.  Ces fléaux nécessitent pour leur neutralisation une réponse commune forte.  Le représentant s’est réjoui de l’implication de la communauté internationale, en particulier les Nations Unies aux côtés de l’Union africaine, des Communautés économiques régionales et des États africains dans la recherche des solutions négociées aux différends et la mise en œuvre des opérations de paix.

Concernant « les développements tragiques de ces derniers jours en République centrafricaine », M. Balé a exhorté « nos frères centrafricains et toutes les parties prenantes dans la crise qui sévit en RCA à renouer avec la dynamique créée par le forum pour le dialogue politique et la réconciliation nationale à Brazzaville en juillet dernier qui a permis la signature d’un accord de cessation des hostilités ».  Il a réitéré « l’appel du Médiateur international à la communauté internationale à demeurer mobilisée en faveur de la Centrafrique avec le même engagement, car ce pays est totalement détruit et a encore énormément besoin de l’assistance internationale pour se relever ».       

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a appelé l’appui de la communauté internationale à la mise en œuvre des programmes du NEPAD.  Il a souligné la nécessité d’incorporer les priorités africaines dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Aucun programme de développement ne réussira s’il ne prend pas en compte les priorités de l’Afrique s’agissant des avancées économiques, de la création d’emplois et de l’élimination de la pauvreté grâce au développement industriel, agricole et des infrastructures.  Le développement de l’Afrique nécessite des ressources financières et technologiques diverses et le renforcement de capacités.  À cet effet, l’aide publique au développement doit rester l’épine dorsale du financement du développement.  Mais l’Afrique a aussi besoin de l’aide de la communauté internationale pour recouvrer les biens illicitement transférés, a ajouté le représentant, en disant attendre de la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement qu’elle aide le continent sur cette question. 

Pour le représentant de l’Égypte, l’épidémie d’Ebola rappelle les besoins spécifiques de l’Afrique.  Saluant les efforts du Secrétaire général, de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité dans la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE), il a noté que malheureusement, la majorité des sommes promises n’ont pas encore été débloquées.  Cette épidémie montre aussi la nécessité d’améliorer les systèmes de santé et de renforcer la résilience contre les urgences sanitaires.  La lutte contre l’Ebola ne devrait pas isoler les pays touchés, a estimé le représentant, en se montrant préoccupé par les effets pervers des restrictions imposées au commerce et aux voyages.  Ces mesures ne sont pas efficaces pour maîtriser l’épidémie et elles créent des obstacles à la livraison de l’aide prolongeant ainsi la situation de ces pays et rendant le rétablissement difficile.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a vu dans le NEPAD « la véritable agence de la renaissance de l’Afrique ».  Il a salué une série d’initiatives mises en place dans le cadre de la coopération internationale avec l’Union africaine.  Il a estimé que les efforts devraient être multipliés pour renforcer le lien entre paix et développement.  Ainsi, quand les conflits éclatent, les structures régionales doivent pouvoir réagir rapidement pour empêcher les violations des droits de l’homme, les pertes en vies humaines ou les déplacements de population.  « L’ONU doit s’attaquer avec célérité à toute menace pesant sur la paix et la sécurité en Afrique ».  Évoquant le terrorisme dans la sous-région, le représentant a indiqué que le Nigéria s’était réuni avec les pays voisins en vue de mettre sur pied une structure multidimensionnelle pour lutter contre les problèmes de sécurité transfrontières.

Aujourd’hui plus que jamais, a-t-il ensuite déclaré, « nous faisons face à une menace qui n’est pas due à l’homme, mais qui est naturelle, à savoir la flambée d’Ebola en Afrique occidentale ».  Le monde est en train d’en prendre conscience.  Le paludisme, la tuberculose, le VIH/sida et d’autres maladies ont depuis longtemps entravé le développement de l’Afrique, mais le virus de l’Ebola se propage de façon exponentielle.  « Plutôt que de stigmatiser et d’isoler des communautés, la solidarité et la compassion doivent l’emporter », a plaidé le représentant.  Le Nigéria qui a débloqué 3,5 millions de dollars à l’intention des pays affectés et qui « a surmonté l’importation du virus », appelle la communauté internationale à fournir le soutien dont ces pays ont besoin.

D’après la Banque mondiale, la plus grande défaillance en matière d’infrastructures se trouve dans le secteur électrique, a ajouté le représentant, en soulignant que « 24% seulement de la population de l’Afrique aurait un accès suffisant à l’électricité ».  Le Nigéria est prêt à renforcer l’intégration régionale et à instituer un marché commun sur le continent, sachant que le respect des principes qui constituent le fondement d’une bonne gouvernance est un corollaire indispensable au développement. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que son pays avait exprimé sa solidarité avec les pays touchés par l’épidémie d’Ebola, en autorisant sa compagnie aérienne à continuer de les desservir.  Il a fait observer que les engagements de l’Objectif 8 des OMD sur le partenariat international n’ont pas été tenus, notamment en ce qui concerne le financement du développement, le transfert de technologies ou l’accès à des médicaments abordables.  L’aide publique au développement devrait être davantage renforcée dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il poursuivi.  Il a en outre jugé que le transfert de technologie était essentiel pour aider les pays africains dans leur transition vers une économie verte.

Le Maroc est convaincu que seule une action commune basée sur un engagement commun et une forte intégration régionale permettra aux pays africains de surmonter les défis du développement a-t-il dit.  M. Hilale a rappelé que le Maroc a lancé des programmes de coopération avec les pays africains dans de nombreux domaines tels que l’éducation, la santé, les infrastructures, l’agriculture ou la formation professionnelle.

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a dit que son pays était le troisième plus grand investisseur en Afrique, en 2011, après les États-Unis et la France avec un total de 19,3 milliards de dollars.  L’investissement du secteur privé malaisien en Afrique a créé plus de travail décent, facilité le transfert de technologies et de connaissance et fait de l’Afrique une destination de choix pour d’autres investisseurs.  La Malaisie réaffirme son appui à l’Afrique dans le cadre de son programme de coopération technique (MTCP) et du programme triangulaire avec l’Agence de coopération internationale du Japon (JICA).  Le MTCP a obtenu le prix « Global Partnership for Development » pour sa contribution aux objectifs de développement des Nations Unies.  La Malaisie a aussi réaffirmé son engagement à accueillir le prochain « Smart Partnership Dialogue » à travers le « Langkawi International Dialogue » (LID), une plateforme de dialogue pour s’engager avec les pays africains, en plus de la coopération bilatérale.  Le succès de ce dialogue a inspiré les pays africains à organiser un dialogue similaire en Afrique australe connu sous l’appellation de « Dialogue international d’Afrique australe ». 

Concernant l’épidémie d’Ebola, la Malaisie a offert un lot de 20,9 millions de gants en caoutchouc.  Le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée devraient recevoir chacun trois conteneurs de gants.  La République démocratique du Congo et le Nigéria recevront un conteneur chacun; un conteneur contenant 1,9 millions de gants, a précisé le représentant.     

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie), rappelant le lien direct entre paix, sécurité et développement, a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes des conflits en Afrique.  À cet égard, la troisième Conférence d’Istanbul sur la médiation, qui s’est tenue le 26 juin dernier, a mis l’accent sur le rôle accru des organisations régionales, dont l’Union africaine.  De même, la Turquie copréside avec l’Espagne l’Alliance des civilisations qui peut servir de catalyseur pour le dialogue entre cultures.  Le représentant a rappelé l’importance du Programme d’action d’Istanbul pour les pays les moins avancés (PMA), dont les deux tiers sont africains.

« La Turquie appuie des solutions africaines aux problèmes africains », a poursuivi le représentant.  La Turquie est devenue un partenaire stratégique de l’Union africaine en 2008.  À la fin de l’année, elle comptera des ambassades dans 39 pays africains, dont 30 sont représentés à Ankara.  Le second Sommet du partenariat Turquie-Afrique aura lieu en Guinée équatoriale du 19 au 21 novembre prochain.

Préoccupée par l’épidémie du virus Ebola en Afrique de l’Ouest et par ses conséquences sociales et économiques, le représentant a parlé d’« une crise humanitaire qui affecte la sécurité régionale et mondiale ».  Cette tragédie ne peut être gérée que par la coopération et la solidarité internationales, a conclu le représentant.

M. NEGASH KIBRET (Éthiopie) a souligné que les efforts entrepris par les pays africains pour mobiliser leurs ressources nationales afin d’exécuter les programmes de développement identifiés par le NEPAD devaient être appuyés par les pays donateurs et par les organisations multilatérales.  Les besoins sont énormes mais les ressources limitées, a-t-il résumé.  Le partenariat « Faire reculer le paludisme », lancé en 2008, a aidé l’Éthiopie à réduire de moitié l’incidence de cette maladie qui est une cause de mortalité importante.  Des médicaments, des tests antipaludiques et plus de 57 millions de moustiquaires ont été distribués depuis 2005, et la pulvérisation à domicile d’insecticides à effet rémanent a augmenté de 20% en 2005 à 80% en 2013. 

L’Éthiopie a également formé et déployé plus de 38 000 agents de santé communautaires capables de diagnostiquer et de traiter le paludisme.  Enfin, un nouveau plan stratégique pour le contrôle et l’élimination du paludisme pour la période 2014-2020 a été mis au point et communiqué au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a affirmé qu’avec l’Agenda 2063 et la Position africaine commune sur le programme de développement pour l’après-2015, l’Afrique était prête à s’engager dans une voie nouvelle, d’autant plus résolument qu’elle a tiré les leçons du passé.  Elle a invité les pays africains à mettre en œuvre la Déclaration de Maputo en vue d’assurer la sécurité alimentaire sur le continent.  Elle a insisté sur la nécessité de renforcer les infrastructures afin de libérer le potentiel économique de l’Afrique, en particulier dans les domaines des transports, de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication.

La représentante du Rwanda a affirmé que les conflits avaient changé de dimension depuis la crise financière internationale.  « Chacun cherche à se tailler la part du lion des revenus économiques, au détriment des besoins des populations », a-t-elle expliqué, avant d’insister sur la prévention des conflits.  La déléguée a insisté sur le rôle que doivent jouer les acteurs nationaux et régionaux dans la résolution des causes profondes des conflits.  Elle a indiqué que l’opérationnalisation des plateformes publiques-privées et la mobilisation des ressources domestiques étaient essentielles pour assumer les coûts du développement durable.  « Les partenaires de développement de l’Afrique doivent contribuer à la transformation du continent en honorant leurs engagements », a conclu la déléguée. 

M. CHRISTOPHE LOBRY-BOULANGER, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a indiqué que la lutte contre le paludisme contribuait à la réalisation des OMD.  La diminution du nombre de morts dues au paludisme a contribué à atteindre la cible retenue visant à diminuer de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans entre 1990 et 2015.  Entre 2000 et 2012, l’intensification des efforts pour combattre le paludisme a permis de sauver 3,3 millions de vies.  « Aujourd’hui, les cas se concentrent dans 17 pays, où surviennent 80% des décès constatés au niveau mondial », a-t-il rappelé, notant que deux pays africains représentaient 40% de ces décès.

M. Lobry-Boulanger a réitéré son appel pour intensifier la recherche scientifique afin de garder de l’avance sur la maladie.  Les crises sanitaires actuelles, au nombre desquelles il a mentionné l’épidémie d’Ebola, montrent que nous ne devons pas seulement répondre aux situations d’urgence mais remédier aux lacunes structurelles des systèmes locaux de santé, a-t-il dit.  Le délégué a mentionné que les programmes visant à autonomiser les communautés en leur donnant les instruments pour répondre aux cas de paludisme étaient un élément clef pour vaincre la maladie.  Enfin, M. Lobry-Boulanger a souligné l’importance des réseaux sociaux pour diffuser des messages sanitaires auprès des communautés, comme cela se fait avec succès en Asie. 

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