Soixante-neuvième session,
1re et 2e séances – matin et après-midi
AG/J/3475

Sixième Commission: les États condamnent le terrorisme et appellent à la conclusion d’une convention internationale sur le terrorisme

Alors que le terrorisme occupe de nouveau le devant de la scène, la Sixième Commission (Commission des questions juridiques) a commencé aujourd’hui ses travaux de fond par l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international. 

Les délégations qui ont pris la parole ont condamné les actes de terrorisme et largement traité de situations d’actualité.  Ainsi, l’Union européenne, ainsi que le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont estimé que la montée en puissance de « l’État Islamique » montre que le terrorisme reste une menace qui va au-delà de la Syrie, de l’Iraq et de la région du Moyen-Orient et constitue une grave menace pour les populations civiles.  Le Nigéria a traité de la recrudescence du terrorisme sous l’impulsion du groupe Boko Haram.  Par la voix du représentant russe, les États de l’Organisation de Shanghai pour la coopération ont estimé que le renforcement de la sécurité internationale est une préoccupation de premier plan, d’autant que « dans notre région, la criminalité et le trafic de stupéfiants sont liés ».  Plus généralement, le Mouvement des pays non alignés et l’Organisation de la coopération islamique ont rappelé leur rejet du terrorisme sous toutes ses formes, tout en précisant que le terrorisme ne saurait être associé à aucune race, religion ou civilisation. 

Le projet de convention de lutte contre le terrorisme a été encouragé car la conclusion d’un tel instrument juridique pourrait, selon le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique des Nations Unies, avoir un « impact significatif sur les efforts mondiaux visant à éliminer ce fléau ».  Cette position a été suivie par de très nombreuses délégations qui ont appelé les États Membres à poursuivre les négociations en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  La Communauté des Caraïbes a estimé que les blocages actuels, conséquence des différends entre certains États et de leur incapacité à se mettre d’accord sur la définition du terrorisme, donnent du temps aux terroristes.  Plusieurs États ont demandé à ne pas confondre terrorisme et lutte contre l’occupation étrangère ou la colonisation.

En attendant la convention générale, le Mouvement des pays non alignés, l’Union européenne, les États-Unis et de nombreux autres pays ont encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les 18 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.  Le représentant du Royaume-Uni a rappelé son souhait de voir créer un nouveau poste de représentant spécial sur l’extrémisme.

Plusieurs États et groupes régionaux ont aussi mis l’accent sur le respect de l’état de droit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes et du Mouvement des pays non alignés ont ainsi rejeté la préparation unilatérale de « listes noires » accusant arbitrairement des États de soutenir et de financer le terrorisme, estimant qu’elles violent le droit international.

Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés a condamné avec force la détention d’otages et a appelé tous les États à coopérer activement pour résoudre cette question.  Pour le Sénégal, les terroristes privilégient depuis quelques années les prises d’otages, qui représentent un moyen important de financement du terrorisme et de leur expansion politique.  Selon le Royaume-Uni, le financement  par le biais des rançons est un cercle vicieux qui renforce le terrorisme et incite les terroristes à préparer de futurs enlèvements, et qui « doit être cassé ».

En fin de séance, la Fédération de Russie, l’Ukraine, l’Afghanistan et Israël ont exercé leur droit de réponse.

La Sixième Commission poursuivra ses travaux sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, mercredi 8 octobre, à 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/69/209)

Déclarations

M. MIGUEL DE SERPA SOARES, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique des Nations Unies, a rappelé le grand nombre de traités qui ont été examinés par la Sixième commission pour adoption ultérieure, soit par l’Assemblée Générale, soit par une conférence intergouvernementale établie dans ce but.  Un grand nombre de ces traités avaient été, soit négociés en grande partie et conclus par la Sixième Commission elle-même, soit préparés par d’autres organes, en premier lieu la Commission du droit international, et substantiellement révisés et mis au point par la Sixième Commission, a également rappelé M. De Serpa Soares.

Le Conseiller juridique a souligné que l’ordre du jour de cette session était ambitieux.  Certaines questions touchent à des préoccupations essentielles de la communauté internationale, notamment les « mesures visant à éliminer le terrorisme international », « l’état de droit aux niveaux national et international », la « portée et application du principe de compétence universelle » et la « responsabilité pénale des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies ».

« Je crois comprendre que la Commission va créer un groupe de travail afin de poursuivre l’examen du projet de convention générale sur le terrorisme international », a notamment déclaré M. Miguel de Serpa Soares, qui a souligné la nécessité de progrès dans l’élaboration de ce projet.  Il a encouragé les délégations à œuvrer à cette fin avec ardeur, estimant que la conclusion d’une convention pourrait avoir un « impact significatif sur les efforts mondiaux visant à éliminer ce fléau ».

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que celui-ci rejette le terrorisme sous toutes ses formes et sous toutes ses manifestations.  Le Mouvement des pays non alignés réaffirme que le terrorisme constitue une violation flagrante du droit international, ce qui inclut le droit humanitaire international et les droits de l’homme.  De tels actes mettent en danger l’intégrité et la stabilité des États ainsi que la sécurité nationale, régionale et internationale.  Le terrorisme ne devrait pas être mis sur le même plan que la lutte légitime des peuples sous domination coloniale ou étrangère pour l’autodétermination et la libération nationale.  De plus, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique.

Conscient de la nécessité de prendre des mesures visant à éliminer le terrorisme international, le Mouvement presse les États de remplir leurs obligations conformément à la Charte des Nations Unies.  Le représentant a appelé tous les États à condamner toute forme de terrorisme et à prendre toutes mesures pour empêcher l’extension du terrorisme.  Il a invité tous les États Membres à remplir leurs obligations en accord avec le droit international et la Charte des Nations Unies.  En outre, il a rejeté la constitution de listes accusant des États de soutenir le terrorisme,  estimant qu’elles sont en désaccord avec le droit international.

Le Mouvement des pays non alignés encourage tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les 13 instruments internationaux de lutte contre le  terrorisme.  « Nous appelons aussi tous les États à respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales dans leur lutte contre le terrorisme », a ajouté M. Dehghani qui a réitéré l’appel lancé en faveur d’une conférence internationale sous les auspices des Nations Unies pour formuler une réponse de la communauté internationale au terrorisme sous toutes ses formes et pour identifier ses causes.  Enfin, il a condamné avec force la détention d’otages et a appelé tous les États  à coopérer activement pour résoudre cette question.

Mme JULIA O’BRIEN (Australie), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a indiqué que les actes terroristes, notamment ceux perpétrés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) constituent une grave menace pour les populations civiles.  Ces dernières, a-t-elle affirmé, sont également la cible de groupes terroristes déterminés et de combattants étrangers.  À cet égard, le groupe CANZ a appuyé les efforts visant à adopter une convention générale sur le terrorisme international.

Mme O’Brien s’est félicitée que la résolution 2178 fournisse un cadre robuste aux Gouvernements en vue de lutter contre les terroristes.  Elle a aussi émis le souhait de voir s’accroître les échanges, ainsi que la coopération avec les partenaires régionaux.  Par ailleurs, elle a estimé que le Forum contre le terrorisme représentait un cadre important fournissant des moyens aux pays afin de lutter contre la menace des combattants étrangers.  Sur le financement du terrorisme, Mme O’Brien a déclaré que 135 millions de dollars ont été versés à Al-Qaida, avant d’ajouter: « Cela doit cesser car de telles pratiques encouragent le terrorisme et sapent les efforts de la communauté internationale ».  Faisant référence à la résolution 1373 du Conseil de sécurité et au régime de sanctions contre Al-Qaida, elle a estimé que l’efficacité de ces instruments dépendait des États Membres.

M. AMR ELHAMAMY (Égypte), s’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a annoncé que d’éminents intellectuels du monde musulman avaient adressé, le 24 septembre dernier, une lettre aux combattants et sympathisants de  l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) pour dénoncer et rejeter la philosophie de cette organisation terroriste, laquelle, a-t-il ajouté, est aux antipodes des principes et pratiques de l’Islam.  M. Elhamamy a réaffirmé que le terrorisme ne devrait être associé en aucune manière à une religion ou à une race.  À cet égard, il a dénoncé et condamné fermement l’attitude de certaines personnalités politiques qui cherchent à lier l’Islam au terrorisme,  une attitude que le représentant estime de nature à favoriser la haine contre les musulmans.

L’OCI réaffirme son engagement en vue de renforcer la coopération mutuelle dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Mais cela passe nécessairement par une stratégie qui prend en compte l’usage illégal de la force, l’occupation étrangère et le déni des peuples à l’autodétermination.  Se félicitant de l’apport inestimable de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, M. Elhamamy a suggéré qu’elle soit mise en œuvre de manière équilibrée dans toutes ses composantes.  Par ailleurs, il a appelé les États Membres à poursuivre les négociations en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, lesquelles achoppent sur la définition du terrorisme.  Il a réitéré l’appel de l’OCI à la tenue d’une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies.  Cette conférence sera l’occasion de formuler une réponse conjointe et organisée de la communauté internationale pour lutter efficacement contre le terrorisme et déboucher sur une définition consensuelle du terrorisme, a conclu le représentant.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a apporté son soutien à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, dont il a toutefois souhaité que la mise en œuvre soit accélérée.  Au niveau régional, l’ASEAN a déployé des efforts incessants pour y parvenir, par exemple, en rendant publique une déclaration ministérielle sur la montée de la violence et des brutalités perpétrées par les organisations terroristes et extrémistes en Iraq et en Syrie, dans la ligne des résolutions 2170 et 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, a précisé le représentant, lors du vingt-quatrième Sommet de l’ASEAN, qui s’est tenu au Myanmar en mai dernier, les dirigeants de ses États  membres ont réaffirmé leur engagement à intensifier et à renforcer leur coopération régionale contre le terrorisme et la criminalité transnationale.  Ils ont, en outre, encouragé les secteurs pertinents à renforcer leur coordination dans les efforts pour prendre en compte les causes profondes du terrorisme, dans la prévention et la suppression des réseaux, la protection des peuples de l’ASEAN et dans la réduction de la vulnérabilité des infrastructures critiques contre les attaques terroristes.  Enfin, a noté M. Phansourivong, lors de la réunion intersessions du douzième Forum régional de l’ASEAN sur la lutte antiterroriste et la criminalité transnationale organisée, tenue à Bali du 14 au 16 avril, l’accent a été mis sur trois priorités pour le cycle 2015-2016: la cybersécurité, le cyberterrorisme et la lutte contre la radicalisation.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie), au nom de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, avant de se dire convaincu que les dangers du terrorisme peuvent être contrecarrés grâce à la coopération internationale.  Les États membres de l’Organisation de Shanghai pour la coopération appuient les dispositions des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme, qui apparaissent comme étant les instruments les plus efficaces pour lutter contre ce fléau.  Exprimant sa grave préoccupation face au développement du terrorisme, le représentant a souligné l’importance des partenariats.

Les États de l’Organisation de Shanghai pour la coopération estiment que le renforcement de la sécurité internationale est une préoccupation de premier plan, car « dans notre région, la criminalité et le trafic de stupéfiants sont liés », a déclaré M. Zagaynov  Nous demandons que soient mises en œuvre les décisions pertinentes de l’Organisation et que soit conclu un accord le plus tôt possible sur cette question, a-t-il conclu.

Mme EGLANTINE CUJO, Union européenne, a estimé que la montée en puissance de l’État Islamique montre que le terrorisme reste une menace pour la sécurité et la paix qui va au-delà de la Syrie, de l’Iraq et de la région du Moyen-Orient, et contre lequel aucun pays n’est immunisé.  L’Union européenne est horrifiée par les meurtres aveugles et condamne fermement les assassinats commis par les organisations terroristes.  Plus que jamais, la communauté internationale doit réagir conjointement en condamnant le terrorisme sous toutes ses formes.

Nous sommes favorables à une démarche mettant l’accent sur la justice pénale dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré Mme Cujo.  Les États Membres doivent veiller à ce que les mesures visant à lutter contre le terrorisme respectent l’état de droit.  Compte tenu de l’évolution de la menace terroriste, les efforts pour éviter la radicalisation et le recrutement des terroristes doivent être augmentés.

Nous devons mobiliser les gouvernements et la société civile, mais cela ne suffit pas, a poursuivi Mme Cujo.  Une des clefs de notre stratégie de la lutte contre le terrorisme est la question de la lutte contre son financement.  Face à la pratique en expansion des enlèvements contre rançon, l’Union européenne a adopté des mesures pour la première fois le 23 juin dernier.  Elle est déterminée à adopter une démarche globale et pluridisciplinaire.  L’Union européenne entretient une coopération de longue date avec les Nations Unies et elle continuera cette collaboration en veillant à éviter tout double emploi.  Mme Cujo a souligné qu’au niveau régional « nous menons une stratégie globale avec nos partenaires, en particulier au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, au Yémen et au Pakistan ».

La représentante a appelé tous les États Membres à ratifier et appliquer tous les instruments juridiques visant à lutter contre le terrorisme et a demandé à tous les États de poursuivre leurs efforts pour faire progresser la lutte contre le terrorisme. 

S’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), Mme  GEORGINA GUILLÉN-GRILLO (Costa Rica) a jugé que la coopération internationale était déterminante dans les succès remportés dans la lutte antiterroriste dans le monde.  De ce point de vue, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est une feuille de route « intégrée et équilibrée », mais qui pêche toutefois par son manque de mise en œuvre.  Les pays de la CELAC sont particulièrement préoccupés aujourd’hui par la circulation de recrues de plus en plus nombreuses et « de toutes nationalités », notamment de combattants terroristes étrangers, qui font peser une menace aussi bien sur les pays d’origine que de transit et de destination.

Pour la CELAC, les mesures antiterroristes doivent être prises dans le plus strict respect du droit international, notamment des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit des réfugiés.  Dans ce contexte, la représentante a cité la nécessité de protéger le droit à la vie privée, dénonçant les effets pervers de la surveillance à outrance et de l’interception des communications.  Les États membres de la CELAC rejettent également la préparation unilatérale de « listes noires » accusant arbitrairement des États de soutenir et de financer le terrorisme.  Une telle pratique viole le droit international, a souligné Mme Guillén-Grillo, citant un communiqué de la CELAC en date du 5 juin 2013.  S’agissant enfin du Comité contre Al-Qaida, établi par la résolution 1267 du Conseil de sécurité, la représentante a salué le rôle de la Médiatrice, qui a, a-t-elle estimé, considérablement amélioré les procédures de radiation. 

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a condamné le fléau du terrorisme et lancé un appel à une action internationale pour y faire face.  À cet égard, elle a fait valoir qu’une action multilatérale sous l’égide des Nations Unies constituait une manière crédible et légitime de contrer le terrorisme, qui demeure un défi majeur pour la communauté internationale.  La CARICOM fait observer que le terrorisme constitue une violation des principes du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Elle  estime également que ce fléau s’attaque aux principes fondamentaux de la Charte de l’ONU, à savoir l’état de droit et la tolérance.

Dans leurs efforts en vue de combattre le terrorisme, les pays de la CARICOM ont adopté des lois visant à prévenir ces actes notamment l’interdiction de financement des groupes terroristes, a indiqué Mme ACHING  Relevant le caractère complexe des nouvelles méthodes utilisées par les groupes terroristes, la représentante a salué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui offre aux États les moyens de renforcer leurs capacités.  À cet égard, elle a appelé l’ONU à apporter une aide technique à la CARICOM.  Elle a estimé que les blocages actuels du projet de convention générale sur le terrorisme international sont la conséquence des différends entre certains États et de leur incapacité à se mettre d’accord sur la définition du terrorisme.  Cette situation donne du temps aux terroristes, dans un contexte où l’adoption de cette convention permettrait de traquer les terroristes et renforcer les capacités des petits États, a–t-elle déclaré.

M. DMITRY SPRESOV (Bélarus) a estimé que le terrorisme avait évolué ces dernières années, citant en exemple l’utilisation de l’Internet ou encore de drones.  Les efforts du Bélarus pour lutter contre le terrorisme ont été salués par de nombreux pays, a fait observer le représentant.  Il a estimé que les mécanismes de sécurité collective devraient constituer un des grands actes de lutte contre le terrorisme.  La multiplication actuelle des actes de terrorisme appelle tous les États à faire preuve de la plus grande souplesse possible dans le cadre du projet de convention générale sur le terrorisme international, a conclu M. Spresov.

M. GORDON BRISTOL (Nigéria) a noté que le terrorisme est devenu un phénomène qui menace la paix et la sécurité internationales et a rappelé que les actes terroristes se sont multipliés en Afrique.  Il a également souligné que, du fait de sa structuration, le terrorisme constitue une menace « pour les grands et les petits » qui doit être combattue grâce à une approche nationale et internationale.  Aussi le Nigéria appuie-t-il l’initiative d’un groupe de travail pour avancer significativement sur l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international sous l’égide des Nations Unies.

Se félicitant du rapport du Secrétaire général sur la lutte contre le terrorisme, M. Bristol a salué des informations relatives aux mesures prises au niveau national.  Il a ainsi indiqué que le Nigéria a fait face à la recrudescence du terrorisme dans plusieurs régions du pays sous l’impulsion du groupe Boko Haram.  Cette situation a toutefois permis au Nigéria de renforcer sa coopération avec l’ONU et ses voisins.  Le Nigéria a, par ailleurs, mis en place un plan d’action avec une approche de dialogue avec les terroristes repentis.  Cette stratégie baptisée « Approche douce » fera l’objet d’une présentation le 13 octobre dans la salle du Conseil économique et social.

Mme ZUHOOR AL MEQBAALI (Émirats arabes unis) a noté que le terrorisme constitue un danger pour la stabilité régionale mais aussi pour l’humanité toute entière.  Elle a condamné les activités de l’État islamique qui embrigade des jeunes gens sous couvert de religion.  Cette organisation s’est transformée en armée qui commet des crimes affreux, a souligné la représentante, qui a appelé toute la communauté internationale à lutter contre le terrorisme.

La représentante a déclaré que son pays a signé les 13 conventions destinées à lutter contre le terrorisme et a mis en place certaines mesures nationales dans ce but.  À titre d’exemple, une loi prévoit des peines très sévères contre toute personne se livrant à des actes de terrorisme.  En outre, les Émirats arabes unis ont adopté des lois interdisant l’utilisation des médias sociaux pour promouvoir le terrorisme et ont mis en place des mesures destinées à lutter contre le financement du terrorisme.  « Nous sommes fiers d’avoir fondé une société ouverte, qui respecte toutes les religions », a déclaré Mme Al Meqbaali, ajoutant que cela « peut aider à la lutte contre l’émergence du terrorisme ».  En conclusion, la représentante a rappelé qu’il ne faut pas confondre le terrorisme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a condamné le terrorisme d’État dont, a-t-il dit, son gouvernement et le peuple nicaraguayen ont été la cible, et a témoigné sa solidarité au peuple palestinien.  Il a lancé un appel à Israël pour mettre fin à l’occupation, afin de permettre à la Palestine de devenir indépendante.  Le représentant a également critiqué l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), affirmant qu’elle prenait des mesures en dehors du cadre défini par l’ONU en bombardant des pays souverains et en finançant des groupes terroristes.  « Aucun pays ne peut s’arroger le droit de recourir à la force pour régler les conflits, lesquels se règlent par les négociations », a-t-il déclaré.  Il a également condamné l’incarcération de Cubains aux États-Unis, tout en rejetant tout concept de « liste noire », comme celle sur laquelle figurent des pays comme Cuba.

M. JONATHAN DOWDALL (Royaume-Uni) a souligné que la réaction contre le terrorisme doit se faire par des mesures préventives et dans le respect des droits de l’homme et de la règle de droit.  « N’oublions pas que cette menace ne cesse d’évoluer, notamment de la part de l’État islamique, a ajouté le représentant.  Nous avons vu que le potentiel et le risque d’attentats terroristes n’ont fait qu’augmenter depuis le mois de juin, notamment avec des actes barbares commis contre des ressortissants américains et anglais ».  Face à cela, la communauté internationale doit être agile et doit agir en collaboration, a-t-il noté.  Le représentant a rappelé, à cet égard, que son Premier Ministre a demandé aux Nation Unies la création d’un nouveau poste de Représentant spécial sur l’extrémisme.

M. Dowdall a plaidé pour la prise de mesures qui perturbent les activités terroristes, et notamment leur financement.  La communauté internationale doit tout faire pour perturber leurs sources de revenus, par exemple en mettant fin au trafic de pétrole volé, au marché noir des antiquités volées ou encore en sanctionnant ceux qui commercent directement ou indirectement avec les groupes terroristes.  Le financement par le biais des rançons est une des sources de préoccupation.  C’est un cercle vicieux qui renforce le terrorisme et incite les terroristes à préparer de futurs enlèvements, et qui « doit être cassé ».  Le représentant a en outre estimé que la communauté internationale doit entraver les déplacements d’individus qui se rendent dans les zones de conflits pour lutter aux côtés des groupes terroristes, notamment en Syrie.  Il a conclu en notant que les Nations Unies et ses instruments continuent d’avoir un rôle primordial à jouer face à ce fléau.

M. GONZALO KONCKE (Uruguay) a pointé du doigt le phénomène du blanchiment d’argent comme source de financement du terrorisme, tout en insistant sur la nécessité pour les États d’user de tous les outils dont ils disposent pour lutter contre ce fléau.  Il a souligné que son pays avait à cœur de coopérer avec tous les États grâce à une mise en œuvre effective des piliers de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il s’est également dit préoccupé par l’apparition croissante de groupes terroristes et par le recrutement international de combattants.

L’Uruguay salue la publication du rapport du comité spécial qui recommande la mise sur pied d’un groupe de travail en vue de permettre la conclusion des négociations sur la convention générale sur le terrorisme international.  M. Koncke s’est déclaré optimiste quant à la possibilité d’aboutir à un consensus sur la question de la convention lors des travaux de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que, face aux  événements inacceptables impliquant des actes terroristes qui se sont déroulés cette année encore, de plus en plus des mesures sont prises pour lutter contre le terrorisme.  « Il est nécessaire d’avancer de concert, et nous avons besoin d’une convention sur cette question », a-t-elle ajouté.  Notre expérience a montré qu’une politique qui réprime la justice sociale a contribué à l’apparition de mouvements terroristes, a poursuivi la représentante, qui a par ailleurs demandé de ne pas établir de lien entre une religion ou une race et le terrorisme.  Nous assistons maintenant à des massacres au nom du terrorisme et cela touche toutes les religions, a poursuivi Mme Al-Thani, pour qui il faut dénoncer tous les actes commis à l’encontre des civils.  La lutte contre le terrorisme est l’une des priorités du Qatar, qui souhaite mettre en œuvre une collaboration internationale.  La représentante a souligné que son pays avait organisé des ateliers pour lutter contre ce fléau, en présence des représentants des Nations Unies.  « Concrètement, nous avons apporté 5 millions de dollars pour mettre en place le fonds de lutte contre le terrorisme.  Nous avons mis en place des lois pour interdire l’utilisation d’instruments électroniques permettant de promouvoir le terrorisme », a-t-elle conclu.

M. Thembile Elphus Joyini (Afrique du Sud), au nom du Groupe africain, a salué le travail accompli par le comité spécial chargé de rédiger une convention générale sur le terrorisme international et rappelé l’importance qu’il accorde à la conclusion de ce document indispensable dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Le Groupe africain, a-t-il souligné, se tient prêt à travailler avec tous les partenaires pour peaufiner la stratégie antiterroriste des Nations Unies.

L’Afrique, a poursuivi M. Joyini, reconnaît la nécessité de mettre tout en œuvre pour lutter contre le fléau du terrorisme.  C’est avec raison que l’Union africaine a adopté la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 1999, au regard des souffrances que ce dernier a infligées à nombre de pays africains.  Le représentant a en outre noté avec préoccupation la recrudescence des prises d’otages en vue d’obtenir le versement de rançons.  Il a également exhorté les États Membres à prêter attention à la dimension de la coopération entre États en vue d’élargir l’éventail de l’assistance qui permettra d’appréhender les terroristes et d’empêcher les  actes terroristes.  À cet égard, il a salué la déclaration de Madrid pour la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et centrale.

M. ZENON MUKONGO NGAY (République démocratique du Congo) a noté que l’Afrique n’est plus épargnée par la violence terroriste.  Les populations de Libye, du Mali, de Kenya, de la Somalie, du Nigéria et d’autres pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie sont endeuillées par des attentats ou des prises d’otages. Le représentant a souligné que les discriminations ethniques et religieuses, ou encore l’exclusion politique, ne peuvent prendre le pas sur le respect des droits de l’homme.

M. Mukongo Ngay a annoncé que le Centre des Nations Unies contre le terrorisme, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme organiseront du 5 au 7 novembre à Harare, au Zimbabwe, le premier atelier d’experts sur le développement d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme pour l’Afrique australe.  La République démocratique du Congo y prendra une part active, a affirmé le représentant, qui a souligné que l’élaboration d’une convention générale relative au terrorisme mérite toute l’attention et a promis l’entière collaboration de son pays à cette fin. 

M. JOSÉ ANTONIO DOS SANTOS (Paraguay) a assuré que différentes actions étaient menées par son pays pour lutter contre le terrorisme.  Ainsi, en 2012, le Groupe d’action financière (GAFI) a reconnu les progrès accomplis par le Paraguay dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme.  Dans le même temps, le représentant a rappelé que les efforts de la lutte contre le terrorisme devaient respecter l’état de droit et les droits de l’homme.

Mme CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a condamné toute forme de terrorisme.  L’ONU doit assumer un rôle de chef de file dans la lutte contre ce fléau et il faut préserver la cohérence des actions des Nations Unies dans ce domaine.  La représentante a souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale, estimant qu’elle seule pourra apporter une réponse au terrorisme international.  L’engagement de l’Amérique latine et des Caraïbes dans cette lutte est précieux, a ajouté Mme Pineda, pour qui, grâce à l’efficacité des efforts consentis, la région a pu disposer d’un grand nombre d’outils efficaces.  Néanmoins, le Guatemala estime qu’il faut adopter une convention générale pour lutter contre le terrorisme et la Sixième Commission a un rôle à jouer en ce sens.

La représentante a fait part de la préoccupation de sa délégation concernant certaines décisions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 2133 (2014) sur le paiement des rançons ou la résolution 2178 (2014) sur la lutte contre les combattants étrangers.  Le Guatemala estime en effet que l’Assemblée générale devrait avoir un rôle de chef de file concernant ces décisions.  Enfin, Mme Pineda a estimé qu’il n’est pas possible de parler de mesures de lutte contre le terrorisme sans parler de respect des droits de l’homme.  À cet égard, elle a salué les efforts du Médiateur pour améliorer l’efficacité et la transparence en matière de sanctions.

Mme Maria Emma Mejia Velez (Colombie) a réaffirmé que le recours au terrorisme est injustifiable, appelant à faire de l’élimination et la lutte contre ce fléau une priorité.  Elle a indiqué, au regard des récents incidents terroristes qui se sont produits en plusieurs endroits de la planète, que cela représentait un mépris des principes de l’état de droit.

La Colombie, a précisé Mme Mejia Velez, est attachée au renforcement des instruments et des instances de lutte contre ce phénomène à l’échelle nationale et internationale.  C’est donc sans surprise que la Colombie a participé à la quatrième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale et reconnu l’importance de la mise en œuvre de ses piliers.  La représentante s’est dite préoccupée par la question des paiements de rançon car celles-ci représentent un mode de financement du terrorisme.  Elle a, par ailleurs, estimé que l’augmentation du nombre des terroristes étrangers mettait à mal la stabilité des pays.  Elle a aussi mis en garde contre la stigmatisation de certains peuples et religions qui pourrait alimenter le fléau que représente le terrorisme.

M. IDREES MOHAMMED ALI MOHAMMED SAEED (Soudan) a condamné toutes formes de terrorisme, y compris le terrorisme d’État.  Le Soudan a ratifié un certain nombre de conventions régionales de lutte contre le terrorisme et estime que les Nations Unies ont un rôle important à jouer à cet égard, a déclaré le représentant.  M. Saeed a énuméré un certain nombre de lois que son pays a prises au niveau national pour lutter contre le terrorisme, citant notamment la lutte contre le blanchiment d’argent ainsi qu’une loi contre la traite des personnes, adoptée cette année.  Le Soudan a également accueilli un certain nombre d’ateliers pour renforcer la lutte contre le terrorisme et utilise les médias pour lancer des appels à la modération, a expliqué le représentant.  Lutter contre la pauvreté, le renforcement du dialogue entre le Sud et le Nord sont autant d’éléments qui aident à lutter contre le terrorisme dans un monde qui respecte la diversité et la tolérance, a plaidé le représentant.  M. Saeed a rappelé que son pays refuse toute mesure unilatérale qui vise à désigner un pays comme étant lié au terrorisme.  Il faut continuer à lutter contre le terrorisme en respectant la Charte des Nations Unies, a-t-il conclu.

M. FODE SECK (Sénégal) a fait remarquer que les mouvements terroristes mettaient à profit le développement des technologies de l’information et des communications (TIC) en vue de changer et d’affiner leurs méthodes d’action.  De même, les terroristes privilégient, depuis quelques années, les prises d’otages qui représentent un moyen important de financement du terrorisme et de leur expansion politique.

Pour lutter contre ce fléau, le représentant a recommandé que les États Membres agissent de manière concertée sous l’égide des Nations Unies mais également qu’ils respectent leurs engagements internationaux en menant, notamment, des actions concrètes dans la poursuite et l’extradition des auteurs de ces actes.  Le Sénégal, a déclaré M. Seck, a mis sur pied un système d’alerte précoce et de coordination visant à priver les terroristes de moyens et d’espace.  À cette prévention s’ajoute la répression, sur une base législative.  Le Sénégal privilégie également la coopération pour assurer une réponse collective, efficace et rapide contre le terrorisme. A cet égard, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts déployés par les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pour combattre le terrorisme.

M. MIRZA PASIC (Bosnie-Herzégovine) a déclaré que son pays attache la plus grande importance à la lutte contre le terrorisme aux niveaux régional et international.  La Bosnie-Herzégovine a fait des progrès dans cette lutte, notamment par la mise en place de structures générales qui incluent des réformes, tels que la réforme pénale, ou encore en ce qui concerne le financement des groupes terroristes.  Une loi adoptée cette année interdit la participation de combattants nationaux dans des pays en guerre.  La Bosnie-Herzégovine considère comme historique l’adoption, la semaine dernière, de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité et réaffirme son engagement à lutter contre ce fléau des temps modernes que représente le terrorisme.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a dénoncé le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, affirmant qu’aucune idéologie, religion, croyance ou cause, ne saurait en justifier le recours.  Grâce à sa Stratégie antiterroriste mondiale reposant sur quatre piliers, l’ONU est particulièrement bien placée pour lutter contre ce phénomène, a estimé le représentant, qui a toutefois ajouté que, face à une menace qui ne cesse de s’aggraver, on est en droit de se demander s’il ne serait pas justifié de la redéfinir.  Rappelant que son pays était engagé depuis plusieurs années dans la lutte antiterroriste, M. Khan a expliqué que le Pakistan avait lancé avec succès, en juin dernier, l’opération militaire « Zarb-e-Azb » afin d’éradiquer les terroristes de leur sanctuaire du Nord-Waziristan.  Toujours en cours, cette offensive a permis de neutraliser des centaines de combattants, notamment étrangers, et de détruire des caches d’armes, des fabriques de munitions et des systèmes de communications. 

Par ailleurs, dans un effort visant à contrer l’extrémisme violent, le Pakistan a redoublé d’efforts dans les domaines de l’éducation, de la sensibilisation au travers des médias et de séminaires, du développement économique des zones à risque, de la création d’emplois, de l’acquisition de compétences par les jeunes et des prêts pour les jeunes entrepreneurs.  M. Khan a également cité les initiatives prises pour renforcer le système judiciaire et se doter d’une loi sur le financement du terrorisme, qui est conforme aux normes internationales en vigueur.  Le Pakistan, a-t-il précisé, est partie à 11 instruments internationaux sur le terrorisme et à deux autres au niveau régional.  Le représentant a demandé en conclusion que cessent les attaques de drones dans les zones frontalières, qu’il a jugées illégales et « contreproductives ».

M. HITT (Liban) a salué les efforts de la communauté internationale pour lutter contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front al-Nosra, qui se sont traduits par l’adoption de la résolution 2170 (2014) du Conseil de sécurité, qui impose des sanctions à ces groupes, ainsi que la résolution 2178 (2014), qui se penche sur l’extrémisme violent et la question des combattants terroristes étrangers.  Le représentant a aussi souligné l’importance de deux résolutions de la Ligue des États arabes qui appellent à des mesures immédiates pour combattre le terrorisme aux niveaux politique, militaire, sécuritaire et juridique.  Il a par ailleurs rappelé la contribution de l’Assemblée générale qui a procédé en début d’année au quatrième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en soulignant la nécessité de mettre en œuvre, d’une manière équilibrée, les quatre piliers complémentaires de la lutte contre le terrorisme.  Le représentant du Liban s’est dit très satisfait de noter que les piliers I et IV, qui s’attaquent respectivement aux conditions pouvant encourager le terrorisme et au respect des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme, sont reflétés dans la résolution 2178 (2014).  Il a dit l’importance toute particulière que le Liban attache à l’éducation et à la promotion d’une culture de dialogue et de tolérance entre les religions et les civilisations comme moyens de prévenir le terrorisme. 

Par ailleurs, M. Hitt a jugé utile d’analyser les sources et motivations des actes terroristes, citant parmi celles-ci les sources de tensions, la pauvreté, l’exclusion sociale et la marginalisation, l’impunité et le système « deux poids deux mesures » dans la mise en œuvre du droit international.  Le représentant du Liban a jugé que le temps était venu de parvenir à une convention générale sur le terrorisme qui définirait le terrorisme de manière unifiée.  Une définition claire et bien établie permettrait de mettre un terme à des confusions simplistes et de mieux tracer une ligne entre les actes de terrorisme et d’autres actes trop souvent assimilés à eux, a-t-il ajouté.  Le représentant du Liban a jugé particulièrement opportun de distinguer les actes de terrorisme et le droit légitime de résister à l’occupation étrangère.  Par ailleurs, il a indiqué que le Liban, qui est partie à 13 conventions de lutte contre le terrorisme, a été récemment et une fois de plus victime de tels actes.  Il a aussi fustigé les « crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par Israël » ainsi que « les actes de terrorisme perpétrés par des colons israéliens dans les territoires palestiniens contre les palestiniens et leurs propriétés », ajoutant que ces auteurs d’actes de terrorisme restaient impunis et n’étaient sujets à aucune poursuite.

M. RY TUY (Cambodge) a vigoureusement condamné les actes de brutalité commis contre des civils innocents par des organisations extrémistes et des groupes radicaux en Iraq et en Syrie.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, dans le cadre de sa coopération avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et avec les autres États Membres des Nations Unies.  L’ONU a, en effet pour le représentant, un rôle majeur à jouer dans l’amélioration de la coordination des politiques et des actions de lutte contre le terrorisme international.  Pour sa part, le Cambodge a ratifié tous les instruments internationaux importants en ce domaine et a réformé son code pénal, ses lois antiterroristes, ses lois contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, celles sur le contrôle des armes, des explosifs et des munitions et celles sur le contrôle des stupéfiants.  Le Cambodge, a indiqué M. Tuy, est par ailleurs en train de mettre en place et de promouvoir une politique intitulée « Village sûr, commune sûre », qui vise à assurer la participation des populations locales et des organisations de la société civile à la sécurisation des villages et des communes dans l’ensemble du pays.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, a également établi de nombreux comités pour renforcer son dispositif antiterroriste.

M. AHMED AL-OJARI (Yémen) a rappelé le principe de base qui est le rejet du terrorisme quelles que soient ses motivations.  Il a estimé qu’il y a lieu de parachever une convention donnant une définition précise du terrorisme et en la distinguant de la lutte contre l’occupation étrangère.  Au niveau national, le Yémen a promulgué des lois contre le blanchiment d’argent et amendé son code pénal pour condamner tout développement du terrorisme, y compris sa promotion, a expliqué le représentant.  M. Al-Ojari a rappelé que son pays souffre du terrorisme.  Ainsi, récemment encore, un hôpital a été attaqué par Al-Qaida au Yémen.  Cette organisation terroriste n’a cessé de devenir de plus en plus puissante ces derniers temps, mais nous pouvons dire qu’en dépit de nos ressources limitées nous avons pu mener des actions armées et avons réussi à affaiblir ce mouvement, a déclaré le représentant.

M. NURAN NIYAZALIEV (Kirghizistan) a assuré que son pays prenait toutes les mesures pour œuvrer à l’application de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, qui vise notamment à assécher les sources de financement des groupes terroristes.  Par ailleurs, il a estimé qu’en dépit des progrès depuis l’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en 2006, il était indéniable, au regard des récents événements, que les efforts doivent être multipliés pour renforcer la lutte contre le terrorisme.  Pour autant, nul ne peut surmonter le terrorisme par le seul usage de la force, car les effets sont temporaires et insuffisants, a poursuivi M. Niyazaliev.  S’attachant aux causes du terrorisme, le représentant a fait observer que l’absence d’état de droit et le non-respect des droits de l’homme contribuaient à alimenter le phénomène.  Le Kirghizistan, a-t-il déclaré, a pris des mesures en vue d’améliorer les conditions de vie des populations et de lutter contre la pauvreté.  Toutefois, il a déploré le manque d’experts et le déficit de capacité, qui mettent à mal la volonté de certains pays à lutter efficacement contre le terrorisme.

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a déclaré que c’était le souhait de sa délégation de voir finaliser au plus vite le projet de convention générale sur le terrorisme international, qui complèterait idéalement tous les autres instruments internationaux existants.  Il a réitéré la position de principe de son gouvernement en faveur du droit pour les peuples sous domination coloniale ou étrangère de résister l’oppression de forces étrangères, soulignant que le terrorisme d’État devait être combattu à part égale avec le terrorisme perpétré par des acteurs non étatiques.  Aussi la Malaisie souligne-t-elle la nécessité pour la communauté internationale de s’accorder sur une définition du terrorisme.

M. Haniff a rappelé que son pays avait toujours attaché beaucoup d’importance au fait que les mesures antiterroristes ne devaient pas empiéter sur la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Le terrorisme ne devrait être associé à aucune race, culture, religion, dans la mesure où cela ne ferait que renforcer la polarisation du monde actuel et serait source de troubles et de violences, a encore déclaré le représentant.  La Malaisie a toujours estimé que le partage, entre États Membres, des pratiques optimales et de l’expertise en matière de sensibilisation sont essentielles pour venir à bout des causes profondes du terrorisme, a encore déclaré M. Haniff.

Mme TULLY MWAIPO (République-Unie de Tanzanie) a noté que le terrorisme prend de nouvelles formes et de nouvelles dimensions.  Personne ni aucun pays n’est à l’abri d’une de ces attaques, a-t-elle ajouté, rappelant que des centaines d’innocents ont dû fuir ou ont perdu la vie récemment du fait du terrorisme.  Les terroristes ont profité d’États fragiles pour en faire leur terrain d’entrainement et ont pillé les ressources des territoires, a fait observer Mme Mwaipo.  Face à ce fléau, il faut une coopération active aux niveaux régional et international, notamment par le biais des Nations Unies.  « Nous ne pouvons pas laisser les terroristes jouer le rôle de l’État, a ajouté la représentante, pour qui « il faut éliminer les groupes tels que l’État islamique ».

La représentante a rappelé que des armes légères et de petit calibre passent les frontières dans la région des Grands Lacs.  Or, ces types d’armes restent les instruments les plus communs des attaques terroristes.  La Tanzanie ne ménage aucun effort pour lutter contre ce fléau et pour collaborer avec les États Membres.  Elle accorde une grande importance à l’adoption d’une convention contre le terrorisme.  La représentante a pressé les États de prendre les décisions nécessaires, spécialement en ce qui concerne les questions qui ont empêché pendant de nombreuses années les progrès d’un instrument si important.

M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) rappelant que son pays était co-auteur de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers, l’a estimée pertinente et nécessaire pour apporter une réponse appropriée au phénomène du terrorisme.  Tout en exhortant les parties concernées à l’appliquer pleinement, il a appelé à se pencher sur les aspects liés au respect fondamental des droits de l’homme afin d’éviter que le texte ne soit utilisé comme un prétexte aux actions de répression.

M. Barriga a affirmé que le moment était venu de dresser un bilan des différentes conventions sectorielles contre le terrorisme et d’évaluer la portée de leur application. Les récents événements devraient être une occasion de mettre la dernière main aux travaux visant à adopter la convention générale sur le terrorisme international, a-t-il ajouté. A cet effet, il s’est dit encouragé par la proposition de compromis actuellement sur la table des discussions, qu’il a jugée excellente.  Avant de conclure, il a réitéré la proposition du Liechtenstein d’aligner le travail de la Sixième Commission sur l’examen en séance plénière de l’Assemblée générale de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui, idéalement se déroulerait tous les deux ans au cours de la session d’automne et remplacerait le débat au sein de la Sixième Commission.

M. OLEKSANDR PAVLICHENKO (Ukraine) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes avant d’estimer que le terrorisme nucléaire restait un des principaux défis auquel doit faire face la communauté internationale.  « Nous avons à cet égard commencé à détruire les stocks d’uranium, et ce, en dépit de l’agression à laquelle mon pays doit faire face », a déclaré le représentant.  M. Pavlichenko a jugé incroyable que le terrorisme soit apparu dans l’est de l’Ukraine, alors que le pays n’était pas censé être une terre de terrorisme.  Le représentant a appelé tous les États Membres à parachever la convention générale sur le terrorisme international.

Le terrorisme peut être utilisé par un État pour en déstabiliser un autre, a déclaré M. Pavlichenko, pour qui l’occupation de la Crimée et la déstabilisation en est une illustration.  L’Ukraine appelle la communauté internationale à lutter contre le terrorisme d’État et demande que la notion de terrorisme d’État soit prise en compte dans l’élaboration de la future convention.  Si les traités internationaux ne sont pas appliqués de bonne foi, tous les efforts seront vains, a ajouté le représentant, qui a affirmé que l’Ukraine continuera à coopérer au niveau international pour que le terrorisme n’ait plus droit de cité.

M. KIM YONG SONG (République populaire démocratique de Corée) a insisté sur le fait que la lutte antiterroriste devrait être menée conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international qui stipulent le respect de la souveraineté et la non-ingérence.  À cet égard, il a noté une ingérence dans les affaires internes de certains États sous le prétexte d’une guerre contre le terrorisme, voyant dans cette situation une approche de nature à déclencher des bains de sang à grande échelle.  Certains États désireux de servir leurs intérêts nationaux n’hésitent pas à catégoriser les autres comme des États appuyant le terrorisme pour leur imposer des sanctions, a fait observer le représentant.  Il a également dénoncé ceux qui n’hésitent pas à renverser des gouvernements légitimes en soutenant des groupes terroristes.  Cette situation favorise des obstacles dans les efforts visant à lutter contre le terrorisme, a-t-il déclaré.  Pour le représentant, les causes principales du terrorisme sont à rechercher dans la pauvreté, les inégalités sociales, la discrimination des races et de religion.  Les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme devraient se concentrer sur ces causes pour aboutir à l’éradication complète de ce phénomène.

M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a souligné que le terrorisme est devenu un problème mondial.  Il s’est dit très préoccupé par le phénomène des combattants étrangers, observant que le nombre croissant de combattants de ce type va de pair avec le développement des outils permettant ce recrutement.  La Serbie travaille dans le cadre général de la lutte contre le terrorisme, a déclaré le représentant, qui s’est dit favorable au renforcement à la coopération dans les Balkans pour que tous les pays puissent lutter efficacement contre le terrorisme.  Cette lutte devrait être dirigée par les Nations Unies, a précisé M. Holovka.  Le représentant a en outre rappelé l’engagement de la Serbie contre le terrorisme, rappelant que son pays est partie à 14 instruments de lutte contre le terrorisme sur 18 et qu’il fait tout pour mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, ainsi que la Stratégie antiterroriste mondiale.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a noté que la menace du terrorisme ne faiblissait pas, du fait notamment au trafic de drogues et de l’exploitation de gisements de pétrole.  Ces activités criminelles trouvent leur explication notamment dans l’affaiblissement de l’État, a-t-il souligné.  Il a insisté sur le rôle central de l’ONU dans la coordination pour lutter efficacement contre le fléau.  Appuyant la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, il a invité les États Membres à veiller au respect des recommandations des Nations Unies en se gardant d’apporter un soutien financier aux groupes terroristes.  Il les a également exhortés à placer au centre de leurs priorités l’adoption de mesures favorisant la fin de la radicalisation de la société et des tensions interconfessionnelles. 

La Fédération de Russie continuera à accentuer sa coopération avec les structures pertinentes des Nations Unies en matière de stratégie antiterroriste et de former les pays qui le souhaitent, a déclaré le représentant, qui a souhaité une plus large ratification par les États Membres des instruments de l’ONU en matière de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a par ailleurs affirmé que les actions menées par l’Ukraine dans l’est du pays ne relevaient pas de la lutte contre le terrorisme mais de représailles contre la population.

M. PATRICIO TROYA (Équateur) a noté qu’il fallait bien établir la distinction entre le terrorisme et la lutte contre l’occupation étrangère et coloniale.  Il faut déployer des efforts multilatéraux pour lutter contre le terrorisme, a-t-il ajouté, avant de rappeler que le recours à la force n’est légitime que lorsqu’elle se fait avec l’autorisation des Nations Unies.

L’Équateur appuie la Stratégie antiterroriste mondiale et rappelle qu’il faut s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et est convaincu que la culture et la connaissance de chaque pays doivent être prises en compte pour lutter efficacement contre ce fléau.  Son représentant a rappelé l’opposition de l’Équateur à l’établissement de listes unilatérales de pays supposés appuyer le terrorisme.  « Nous sommes convaincus que rien ne saurait justifier une violation des droits de l’homme, même au nom de la lutte contre le terrorisme », a déclaré M. Troya.  L’Équateur rejette également le soutien  apporté à certains combattants étrangers pour lutter dans certains pays.  Il est opposé au financement de « combattants anti-terroristes », car c’est là une violation du droit international.  Enfin, le représentant a déclaré qu’il appuyait la proposition de la tenue d’une réunion de haut niveau chargé de définir précisément ce qu’est le terrorisme.

M. LEE MOON-HEE (République de Corée) s’est dit horrifié par la brutalité et la cruauté des groupes extrémistes qui continuent d’attaquer les populations en Iraq et en Syrie.  Louant les efforts du Secrétaire général de l’ONU dans le cadre de la lutte contre ce fléau, il a appelé la communauté internationale à s’unir pour faire reculer cette menace et déclaré que la République de Corée avait déployé des efforts afin de s’associer à cette lutte.  Faisant référence à la Conférence sur le cyberespace qui s’est tenue l’an dernier à Séoul, il a indiqué que ce fut l’occasion pour son pays de sensibiliser sur l’importance de la coopération internationale.  La République de Corée, a-t-il poursuivi, fournit également une assistance dans différents secteurs aux pays désirant accroître leurs capacités dans la lutte contre le terrorisme.

Mme CAROL HAMILTON (États-Unis) a réitéré sa condamnation du terrorisme et a rappelé son opposition à toute forme de terrorisme.  Elle a insisté sur le fait que les Nations Unies se sont vu donner pour tâche de mobiliser la communauté internationale, à mettre en place des moyens et faciliter l’assistance technique aux États Membres dans leur lutte contre ce fléau.  La résolution 2178 (2014) est un exemple fort du rôle clef que peuvent jouer les Nations unies dans la lutte contre ces nouvelles menaces, a-t-elle estimé, avant de se féliciter du quatrième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et de l’appel lancé pour une plus grande cohérence dans la lutte contre le terrorisme.

Les États-Unis reconnaissent les progrès qui ont été faits dans la mise en place des 18 instruments universels de lutte contre le terrorisme, mais ils estiment qu’ils ne seront efficaces que lorsqu’ils seront pleinement ratifiés et appliqués.  Nous nous engageons à travailler avec les autres États pour réussir à mettre en œuvre ces instruments.  La représentante a demandé urgemment à tous les États qui ne l’ont pas fait à ratifier ces instruments.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a qualifié d’inacceptables les accusations de l’Ukraine, estimant que cela démontrait que ce pays ignorait l’essence de la lutte contre le terrorisme.  Le délégué russe a fait état d’actions punitives à l’encontre de la population ukrainienne de l’est du pays, dont les droits sont bafoués, y compris la possibilité de s’exprimer dans sa propre langue.  Il a également accusé l’Ukraine de procéder au bombardement de structures civiles et d’habitations, affirmant que les victimes se comptaient par centaines.

Réagissant aux accusations de la Fédération de Russie, l’Ukraine a déclaré qu’il était malheureux que ce pays en vienne à nier son implication dans la guerre qu’elle lui mène, notamment à Donetsk et à Lougansk.  Il a accusé la Fédération de Russie d’avoir fourni des armes aux combattants, lesquels commettaient des violations des droits de l’homme.

L’Afghanistan a déclaré que les allégations de la Fédération de Russie l’accusant d’alimenter le terrorisme contredisent l’esprit de coopération prôné dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, laquelle demeurait une priorité pour son pays.

Israël a qualifié d’erronées les accusations portées à son encontre par le Liban.  Son délégué a estimé que le Liban n’avait pas la qualité requise pour lui faire la leçon et devrait plutôt lutter contre les actes terroristes commis par le Hezbollah.  Pour Israël, il ne fait aucun doute que le Liban est responsable des attaques et autres missiles lancés en sa direction.

 

 

 

 

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