Guinée-Bissau: le Représentant spécial demande au Gouvernement de transition d’accélérer l’organisation des élections générales
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Conseil de sécurité
7070e séance – après-midi
GUINÉE-BISSAU: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DEMANDE AU GOUVERNEMENT DE TRANSITION
D’ACCÉLÉRER L’ORGANISATION DES ÉLECTIONS GÉNÉRALES
Pour M. José Ramos-Horta, la tenue d’élections crédibles
en mars 2014 est la priorité pour restaurer l’ordre constitutionnel dans le pays
Le Représentant spécial pour la Guinée-Bissau a souligné, cet après-midi, au cours de la réunion d’information trimestrielle du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans ce pays, qu’il était important pour les autorités de transition du pays d’accélérer la préparation des élections générales prévues pour mars 2014.
Présentant les deux rapports* pertinents du Secrétaire général, le Représentant spécial et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) a insisté sur le fait que les partenaires internationaux du pays avaient confirmé leurs promesses de financement du processus électoral et que, désormais, la responsabilité de l’accélération de la préparation des élections de 2014 n’incombait « qu’aux seules autorités de transition ». « La tenue d’élections crédibles en mars 2014, a-t-il souligné, est la priorité absolue pour assurer à court terme une restauration durable de l’ordre constitutionnel dans le pays. »
Dans son rapport sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, le Secrétaire général note que, depuis le coup d’État du 12 avril 2012, la fragilité de la situation politique en matière de sécurité retarde l’achèvement de la transition et le relèvement socioéconomique du pays.
Invités à participer à la discussion, les représentants de la Commission de consolidation de la paix (CCP), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté des pays lusophones, ont appuyé les propos de M. Ramos-Horta, en exhortant le Gouvernement de transition à rétablir l’ordre constitutionnel en organisant des élections présidentielle et législatives « crédibles et pacifiques ».
De son côté, le Ministre bissau-guinéen des affaires étrangères, M. Fernando Delfim da Silva, a assuré que les élections ne seraient que la première étape d’un processus « qui doit naturellement débuter par la restauration de l’ordre constitutionnel ». « Notre pays doit se doter d’institutions légitimes afin de pouvoir, en collaboration avec tous nos partenaires, conduire la Guinée-Bissau vers la consolidation de la paix et lui permettre de faire face aux grands défis qui se présentent à nous. » Parmi ces défis, il a cité la réforme du secteur de la défense et de la sécurité, la lutte contre le trafic de drogues et la promotion des droits de l’homme.
« Les progrès vers la restauration de l’ordre constitutionnel, condition préalable à la préparation et à la tenue d’élections présidentielle et législatives le 16 mars 2014, date fixée par le Président du Gouvernement de transition, sont réalisés à un rythme trop lent », a constaté le Représentant spécial pour la Guinée-Bissau et Chef du BINUGBIS. M. José Ramos-Horta a imputé le retard pris dans la préparation des élections au temps mis par les acteurs politiques pour mettre au point un système d’inscription sur les listes électorales et pour finaliser un budget électoral « crédible ». Il a salué le fait que, pour accélérer ce processus, le Premier Ministre du Gouvernement de transition ait mis en place une commission chargée de renforcer la coordination entre les différentes parties prenantes politiques.
M. Ramos-Horta s’est réjoui de l’appui fourni par le Gouvernement du Timor-Leste, qui, outre l’envoi de conseillers électoraux, s’est engagé à verser 6 millions de dollars pour financer le processus d’inscription sur les listes électorales. Concernant toujours la situation politique en Guinée-Bissau, il a fait savoir que, le 18 novembre dernier, le Parlement avait inauguré sa première session ordinaire de l’année. « Les députés vont maintenant examiner le projet de loi d’amnistie en faveur des auteurs du coup d’État de 2012, la gestion des finances publiques et le budget 2014 de l’État », a-t-il précisé.
Sur le volet judiciaire, le Représentant spécial a déclaré que 10 individus avaient été arrêtés et formellement accusés d’avoir participé au meurtre d’un ressortissant nigérian, à Bissau, le 8 octobre. « Par ailleurs, 11 individus ont déjà été interrogés dans le cadre de l’enquête en cours sur l’attaque dont a été victime le Ministre des transports et des communications du Gouvernement de transition, le 5 novembre. »
M. José Ramos-Horta a ensuite reconnu que les retards pris dans la préparation des élections avaient eu un impact négatif sur la mise en œuvre du mandat du BINUGBIS. « L’essentiel de nos efforts a porté sur l’assistance en matière de droits de l’homme, de sécurité et de conseil politique. Les trois derniers mois ont été marqués par l’inauguration de deux bureaux régionaux, qui, je l’espère, contribueront à rapprocher l’ONU de la population. » « Nous devons mieux comprendre les besoins des communautés vivant à l’intérieur du pays », a-t-il ajouté.
Comme les partenaires internationaux de la Guinée-Bissau avaient confirmé leurs promesses de dons destinés à financer le processus électoral, désormais seules les autorités de transition ont la responsabilité d’accélérer la préparation des élections générales de 2014, a insisté le Chef du BINUGBIS. « La tenue d’élections crédibles et pacifiques en mars 2014 est la priorité absolue pour rétablir, de manière durable, l’ordre constitutionnel dans le pays », a-t-il souligné.
De son côté, le Ministre bissau-guinéen des affaires étrangères a tenu à remercier le Timor-Leste d’avoir pris en charge le processus de recensement électoral, « qui doit avoir lieu le 1er décembre 2013 ». M. Fernando Delfim da Silva a assuré que les élections prévues pour 2014 ne seraient que la première étape d’un processus « qui doit naturellement débuter par la restauration de l’ordre constitutionnel ». « Notre pays doit se doter d’institutions légitimes et solides afin de pouvoir, en collaboration avec tous nos partenaires, conduire la Guinée-Bissau vers la consolidation de la paix et lui permettre de faire face aux grands défis qui se présentent à elle. »
M. da Silva a ajouté que le peuple et les autorités bissau-guinéens avaient pris conscience de l’ampleur et de la complexité des défis qui les attendent mais qu’ils étaient profondément convaincus que la Guinée-Bissau est un pays « où chacun pourra vivre en paix ». Notant que la réforme du secteur de la défense et de la sécurité demeurait une priorité, il a indiqué aux membres du Conseil que son gouvernement n’épargnait aucun effort pour lutter contre le trafic de drogues et créer les conditions propices à la promotion des droits de l’homme.
Le Conseil de sécurité doit lever les sanctions imposées à son pays, au lendemain du coup d’État du 12 avril 2012 et de la rupture de l’ordre constitutionnel qui en a résulté, afin de permettre aux autorités de transition de résoudre la grave crise sociale actuelle, a demandé le Ministre.
Le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), a insisté sur l’importance que les élections se déroulent de manière transparente. À son tour, il a estimé qu’elles ne permettraient pas de faire face à tous les défis auxquels le pays est confronté. « Il est crucial qu’une large participation à la vie politique soit garantie après les élections », a-t-il dit, avant de souligner qu’il était important de moderniser le secteur de la sécurité. Il a également affirmé que la Commission continuera d’appuyer les efforts de consolidation de la paix et de gestion de l’aide internationale du « futur gouvernement démocratiquement élu de la Guinée-Bissau ». Se voulant optimiste, M. Patriota a insisté sur les atouts du pays, en particulier le caractère pacifique de son peuple et la richesse de ses ressources naturelles.
S’exprimant au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO),M. Youssoufou Bamba (Côte d’Ivoire) a indiqué que la CEDEAO avait prorogé le mandat de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau (ECOMIB) jusqu’au 16 mai 2014, « tout en prévoyant l’envoi de deux unités de police en renfort à l’ECOMIB ». « Des moyens logistiques et aériens sont sollicités de toute urgence afin que les élections se déroulent dans un climat pacifique », a-t-il poursuivi. Il est nécessaire, a-t-il estimé, d’établir une feuille de route pour la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice afin d’assurer la stabilité à long terme du pays. M. Bamba a réaffirmé l’engagement de la CEDEAO en faveur du renforcement de l’intégration de la sous-région, en mettant fin aux conflits et en posant les jalons d’un développement à long terme.
Intervenant au nom de la Communauté des pays lusophones, M. António Gumende (Mozambique), a invité, quant à lui, les autorités de transition à faire en sorte que les élections se déroulent dans le calme et garantissent la participation de tous les acteurs politiques. Il a demandé aux futures autorités du pays de se pencher sur la réforme du secteur de la sécurité et de la justice, tout en soulignant l’importance du concours technique et financier que la communauté internationale devra apporter à cette fin. « Le Conseil de sécurité devrait examiner de manière approfondie la recommandation formulée par le Secrétaire général visant le renforcement de l’ECOMIB afin d’assurer la sécurité pendant le processus électoral », a-t-il insisté.
Un tel renforcement pourrait exiger une plus grande présence internationale sur le terrain, a estimé M. Gumende. Il a aussi souligné la nécessité de combattre la culture de l’impunité en Guinée-Bissau et appuyé les efforts visant à lutter contre la criminalité transnationale organisée.
*Documents publiés sous les cotes S/2013/680 et S/2013/681
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