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CS/11188

République centrafricaine: Jan Eliasson appuie le déploiement d’une opération de maintien de la paix dans un pays « au bord du chaos »

25/11/2013
Conseil de sécuritéCS/11188
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Conseil de sécurité                                        

7069e séance – après-midi


RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE: JAN ELIASSON APPUIE LE DÉPLOIEMENT D’UNE OPÉRATION

DE MAINTIEN DE LA PAIX DANS UN PAYS « AU BORD DU CHAOS »


Le Conseil de sécurité s’est penché, cet après-midi, sur la crise en République centrafricaine (RCA).  La réunion, marquée par les interventions du Vice-Secrétaire général de l’ONU, du Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et des représentants de la République centrafricaine et de l’Union africaine, a été l’occasion d’appuyer l’option retenue par le Secrétaire général de l’ONU, de transformer la Mission de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) en opération de maintien de la paix.


Pour empêcher que la situation n’évolue vers un conflit ethnique et religieux, voire une guerre civile ayant des répercussions sur les pays voisins, « il est essentiel que la communauté internationale et le Conseil de sécurité agissent maintenant », a insisté M. Eliasson.  Présentant le rapport pertinent du Secrétaire général, il a précisé que l’opération de maintien de la paix en Centrafrique comprendrait une force de 6 000 soldats et de 1 700 policiers.  Elle contribuerait à l’établissement des fondations d’institutions transparentes et régies par l’état de droit, a-t-il relevé.  Décrivant un pays au bord du « chaos complet », M. Eliasson a estimé que l’opération privilégierait une approche multidimensionnelle et intégrée de la crise et améliorerait la capacité de la communauté internationale à exercer une influence politique constructive. 


Le Vice-Secrétaire général a d’abord dressé un portrait en tous points alarmistes de la situation sur place, décrivant un pays « où l’autorité de l’État a disparu et où la population est en proie à des souffrances défiant l’imagination ».  « Comme nous le voyons trop souvent en pareil cas, les femmes et les enfants sont ceux qui paient le prix le plus élevé de la situation. »  M. Eliasson a énuméré les nombreuses violations des droits de l’homme perpétrées actuellement en République centrafricaine: recrutement actif d’enfants soldats, augmentation des cas de violences sexuelles, extorsions, multiplication des arrestations arbitraires, pratique de la torture et exécutions sommaires. 


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, est particulièrement préoccupé par l’intensification des violences intercommunautaires, a-t-il rappelé, en faisant remarquer que si d’anciens éléments de la Séléka étaient tenus, de premier chef, responsables de la plus grande partie des violations des droits des civils, les agissements des groupes d’autodéfense étaient aussi une source « majeure » d’inquiétude.  Le Vice-Secrétaire général a ensuite constaté que, dans ce contexte, les efforts de médiation et de paix des Nations Unies étaient entravés par l’insécurité grandissante.  Dans son rapport, le Secrétaire général, a-t-il dit, appelle à prendre d’urgence des mesures pour mettre fin à l’impunité dans le pays.  À son tour, M. Eliasson a exhorté le Conseil de sécurité à répondre à cet appel, en envisageant notamment de créer des mécanismes de reddition des comptes comme une commission d’enquête et des sanctions ciblées. 


Concernant la situation humanitaire, il a indiqué que l’ensemble de la population était plus ou moins directement touchée par la crise.  « Un habitant sur trois a besoin de nourriture, d’être protégé, de recevoir des soins et d’avoir accès à l’eau potable et à des logements dignes de ce nom. » 


M. Eliasson a regretté qu’à ce jour, l’appel humanitaire de l’ONU n’avait permis de recueillir que la moitié des 195 millions de dollars escomptés.  C’est pourquoi, il a demandé à tous les États Membres d’appuyer « sans délai » les initiatives d’aide humanitaire en faveur de la République centrafricaine. 


Pour ce qui est de la situation en matière de sécurité, M. Eliasson a été clair: « Les forces armées et les services de sécurité du pays n’ont plus la capacité de rétablir l’ordre ».  « La République centrafricaine est en train de devenir le terrain fertile des groupes armés et d’extrémistes, dans une région déjà en proie aux conflits et à l’instabilité », a-t-il encore averti.  Pour empêcher que la situation ne dégénère en conflit ethnique et religieux, voire en une guerre civile qui s’étendrait aux pays voisins, « il est essentiel que la communauté internationale et le Conseil de sécurité agissent maintenant ».  L’intervention internationale, a-t-il estimé, est cruciale pour garantir la préparation, dans les meilleures conditions, de la tenue des élections prévues dans le cadre de la Charte de transition, au plus tard en février 2015.


Pour ce qui est de la transformation de la MISCA en opération de maintien de la paix, M. Eliasson a déclaré que l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique centrale appuyaient cette option.  Il a indiqué qu’au cours de ces derniers jours, le Secrétaire général avait eu des discussions avec le Président du Tchad, M. Idriss Déby, et avec le Secrétaire général de la CEEAC, M. Ahmad Allam-mi, au cours desquelles il leur avait signifié qu’il était en faveur du déploiement d’une force robuste de maintien de la paix en République centrafricaine.  « La Force multinationale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (MICOPAX) est dotée de moyens logistiques insuffisants pour protéger les civils », a-t-il fait observer. 


Citant ensuite le rapport du Secrétaire général, M. Eliasson a précisé que l’opération de maintien de la paix en Centrafrique comprendrait une force de 6 000 soldats et de 1 700 policiers.  « Elle contribuerait à l’édification des fondations d’institutions transparentes et régies par l’état de droit », a-t-il relevé, en ajoutant que l’opération privilégierait une approche multidimensionnelle et intégrée de la crise et améliorerait ainsi la capacité de la communauté internationale à exercer une influence politique constructive. 


« Le déploiement d’une mission multidimensionnelle dans l’urgence s’impose pour sauver la Centrafrique et sa population en détresse », a déclaré, pour sa part, M. Allam-mi.  « L’heure n’est plus à la dénonciation stérile de la dure réalité que vivent les Centrafricains, ni aux larmes de crocodile que l’on fait couler sur leurs malheurs. »  « Il est temps d’agir et d’appuyer la France, la CEEAC et l’Union africaine dans leur volonté de secourir les Centrafricains, d’aider à la transition et de mettre en œuvre la feuille de route pour surmonter la crise que traverse le pays », a-t-il également martelé.  Le Secrétaire général de la CEEAC a par ailleurs considéré que des élections libres et transparentes ne suffiront pas à sortir la République centrafricaine de la crise « qui dure depuis plus d’une décennie ».  Pour lui, le déploiement d’une force multidimensionnelle doit contribuer à l’avènement d’un pouvoir démocratique, légitime et représentatif au service de l’intérêt général des Centrafricains « et non d’un clan, d’un groupe ethnique ou religieux ». 


« Malgré les efforts des autorités de transition, la situation dans mon pays demeure précaire », a reconnu, de son côté, le représentant de la République centrafricaine, M. Mesmin Dembassa Worogagoi.  Soulignant que l’appui des Nations Unies était décisif « pour sortir le pays des troubles qui y sévissent », il a insisté sur le fait que la République centrafricaine souhaitait que la MISCA soit dotée d’un mandat en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. 


« La Mission doit être soutenue et équipée par les Nations Unies avec un appui de la France afin de l’aider à sécuriser Bangui, à pacifier l’intérieur du pays et à restructurer l’armée », a-t-il insisté.


Enfin, le Conseiller spécial pour la consolidation de la paix et le développement de la Mission d’observation de l’Union africaine auprès des Nations Unies, M. Adonia Ayebare, a assuré que l’Union africaine coopérait étroitement avec la CEEAC en République centrafricaine.  L’Accord de Libreville, a-t-il rappelé, demeure le cadre de règlement de la crise.  « L’engagement de la CEEAC en République centrafricaine devrait être pleinement appuyé par les Nations Unies », a-t-il souligné, en appelant à respecter la période de transition de 18 mois en RCA.  Après avoir fait remarquer que les autorités de transition ne pourraient pas se représenter à l’issue de cette transition, il a assuré que la MISCA ferait fond sur les efforts déployés par la MICOPAX.  M. Ayebare a invité le Conseil de sécurité à fournir un appui « prévisible et durable » aux efforts de la CEEAC et de l’Union africaine en République centrafricaine, par le biais de l’adoption rapide d’une résolution.  « Un appui effectif de l’ONU permettra de réunir les conditions pour le déploiement d’une mission de la paix de l’ONU propice à une appréhension, à long terme, de la situation en République centrafricaine », a-t-il conclu. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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