« Le règlement de la crise syrienne est vital pour remédier à la détérioration de la situation sécuritaire en Iraq », déclare le Représentant spécial
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Conseil de sécurité
7068e séance – matin
« LE RÈGLEMENT DE LA CRISE SYRIENNE EST VITAL POUR REMÉDIER À LA DÉTÉRIORATION
DE LA SITUATION SÉCURITAIRE EN IRAQ », DÉCLARE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL
« Le défi le plus impérieux auquel fait face le peuple iraquien est la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. L’impasse politique est un facteur aggravant que les groupes terroristes et armés mettent à profit en ciblant les civils, afin d’inciter à la haine confessionnelle et de saper le Gouvernement et les autorités élues du pays », a déclaré, ce matin, le Représentant spécial pour l’Iraq, M. Nickolay Mladenov, qui s’exprimait pour la première fois en cette qualité devant le Conseil de sécurité.
M. Mladenov, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI), présentait les deux rapports du Secrétaire général sur les progrès accomplis par la Mission et l’avancement des recherches pour retrouver les nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et les biens koweïtiens manquants.
Dans son premier rapport*, présenté en application de la résolution 2110 (2013), le Secrétaire général indique que la violence et le terrorisme ont atteint en Iraq des niveaux inégalés depuis 2008, tout en notant les répercussions négatives que le conflit en Syrie continue d’avoir sur la situation humanitaire et politique et l’état de la sécurité en Iraq.
« Le conflit syrien a ajouté une dimension régionale aux tensions sectaires en Iraq et a permis à des groupes comme Al-Qaida de forger des liens avec des factions similaires qui combattent de part et d’autre de la frontière entre les deux pays », a fait observer le Représentant spécial. Le règlement de la crise en Syrie, qui doit passer par le dialogue national et une stratégie régionale contre toutes les formes d’extrémisme, est vital pour rétablir la stabilité en Iraq, a-t-souligné.
« Ceci permettrait de créer, a-t-il estimé, un environnement au sein duquel les communautés ethniques et religieuses de l’Iraq pourraient parvenir à un équilibre, sans influence extérieure indue. ». Il incombe cependant au Conseil de sécurité de jouer un rôle pour trouver une solution aux défis de la région, a-t-il précisé.
Le Représentant spécial a tenu à signaler que les responsables iraquiens étaient de plus en plus préoccupés par les influences extérieures, notamment en Syrie, et par les tensions régionales, qui continuent de nourrir la menace terroriste en Iraq. « Ces responsables sont alarmés par l’escalade de la violence, a-t-il dit, en assurant qu’ils réaffirment leur soutien aux Nations Unies, « l’interlocuteur neutre à qui toutes les parties peuvent s’adresser ».
Le représentant de l’Iraq, M. Mohamed Alhakim, qui était invité à prendre la parole, s’est dit très inquiet par l’évolution du conflit en Syrie. Il se transforme en un conflit confessionnel, qui s’étend jour après jour à l’ensemble de la région, a-t-il averti. Il a estimé à près de 35 000 le nombre de combattants étrangers présents sur le territoire syrien.
« Le conflit en Syrie a un impact important sur la fréquence des attaques terroristes en Iraq », a-t-il affirmé, en déplorant que les groupes liés à Al-Qaida qui s’infiltrent depuis la frontière syro-iraquienne tiennent leurs armes et leurs ressources financières d’organisations et de pays, en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Il a invité ce dernier à qualifier ces attaques terroristes comme des crimes contre l’humanité et à faire en sorte que leurs auteurs soient traduits en justice.
Le Représentant spécial a ensuite précisé que les groupes terroristes cherchaient à nourrir un cycle vicieux de violences, en rappelant en particulier celui de la « période sombre 2006-2008 », et à rendre certaines parties du pays « ingouvernables ».
« Ils visent à créer un vide politique, en assassinant des responsables politiques dans les provinces de Ninive, d’Anbar et de Salah el-Din. En ciblant des pèlerins chiites et des mosquées sunnites, ils sèment les graines d’un conflit interconfessionnel », a-t-il prévenu. À ce jour, près de 9 000 civils et de membres des forces de sécurité iraquiennes ont été tués entre juillet et octobre de cette année, a-t-il indiqué.
« Si une réponse militaire est nécessaire, la lutte contre les activités terroristes passe aussi par la réparation des violations des droits de l’homme, peu importe par qui et quand ces violations ont été commises », a-t-il souligné, en invitant le Gouvernement iraquien à mener ses enquêtes sur les actes terroristes dans le respect de l’état de droit.
La lutte contre le terrorisme exige des responsables politiques iraquiens qu’ils œuvrent de concert afin de réduire les tensions, a rappelé le Représentant spécial. « La promotion de l’inclusion passe par la complète mise en œuvre de la Constitution, y compris la séparation des pouvoirs, le fédéralisme et la décentralisation. »
M. Mladenov a indiqué qu’une telle approche avait permis de régler deux questions politiques clefs. « Une nouvelle loi générale sur les élections a été promulguée le 4 novembre, tandis que la date pour les élections générales a été fixée au 30 avril 2014 », s’est-il félicité. Les élections aux conseils de province, dans la région du Kurdistan, devraient se tenir le même jour, a-t-il recommandé.
« En septembre, les chefs des blocs politiques et les chefs tribaux, ainsi que des représentants d’associations de la société civile, ont participé à la Conférence nationale pour la paix sociale et signé un code national de l’honneur, par lequel ils s’engagent en faveur de l’unité de l’Iraq et de son peuple », s’est également félicité le Représentant spécial.
« La loi générale sur les élections et l’Initiative pour la paix sociale demeurent des acquis fragiles, que les nouvelles tensions, attendues avec le début de la campagne électorale, pourraient menacer », a réaffirmé M. Mladenov, avant d’appeler toutes les parties à faire en sorte que les élections se tiennent à la date prévue et à adhérer aux principes du Code national de l’honneur.
« Le Gouvernement iraquien n’épargne aucun effort pour inclure toutes les composantes de la société iraquienne dans le processus politique », a, pour sa part, affirmé M. Alhakim, en assurant que la Haute Commission électorale indépendante coordonnait ses efforts, notamment en actualisant les listes électorales, afin que les élections nationales se tiennent bien le 30 avril. « Ce sera la quatrième fois en 10 ans que les Iraquiens seront appelés à élire leurs représentants. »
Passant ensuite aux relations entre l’Iraq et les pays voisins, le représentant a indiqué que son pays était prêt à jouer un rôle de premier plan dans la région. « La normalisation de ses relations avec tous ses voisins est un élément clef », a-t-il souligné, tout en notant l’amélioration de la relation bilatérale avec la Turquie. M. Alhakim a indiqué que son pays entretenait de bonnes relations avec la Jordanie, le Koweït et l’Iran.
M. Mladenov a précisé que 202 000 réfugiés syriens étaient enregistrés en Iraq, avant d’expliquer que l’impact de la crise syrienne était particulièrement visible dans le Kurdistan iraquien, qui accueille 98% de ces réfugiés. Le délégué de l’Iraq a exhorté, à cet égard, la communauté internationale à apporter une aide humanitaire immédiate à toutes les composantes du peuple syrien.
Concernant le sort des anciens résidents du camp Ashraf, transférés depuis au camp Hurriya, le Représentant spécial s’est dit profondément préoccupé par leur sécurité, après que 52 personnes ont trouvé la mort dans l’attaque par des hommes armés non identifiés le 1er septembre dernier. « J’appelle le Gouvernement de l’Iraq à assurer leur sécurité », a-t-il insisté. La réinstallation des résidents dans des pays tiers reste, a-t-il dit, la seule solution sur le long terme.
Enfin, le Chef de la MANUI a brièvement présenté les principales conclusions du rapport** du Secrétaire général sur la situation concernant les recherches entreprises pour retrouver les nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et les biens koweïtiens manquants, en application de la résolution 2107 (2013).
« Le fait que cette question soit désormais examinée au titre du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies montre clairement qu’il existe un climat de confiance et de respect mutuel entre les deux parties », s’est-il félicité, avant d’ajouter: « Cela est de bon augure pour régler des questions en suspens depuis 20 ans ».
« Les familles des personnes disparues ne méritent pas moins », a déclaré M. Mladenov, qui a néanmoins déploré le peu de progrès enregistrés, à ce jour, pour localiser les tombes où se trouvent les dépouilles des Koweïtiens portés disparus. Le délégué iraquien a tenu, à cet égard, à réaffirmer l’engagement de son gouvernement pour retrouver les nationaux du Koweït et les biens koweïtiens non encore restitués.
** S/2013/654
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