Quatrième Commission: engagement du Front Polisario à coopérer avec l’Envoyé personnel au Sahara occidental et nombreux soutiens à l’initiative marocaine sur le statut d’autonomie
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Quatrième Commission
6e séance – après-midi
QUATRIÈME COMMISSION: ENGAGEMENT DU FRONT POLISARIO À COOPÉRER AVEC L’ENVOYÉ PERSONNEL AU SAHARA OCCIDENTAL
ET NOMBREUX SOUTIENS À L’INITIATIVE MAROCAINE SUR LE STATUT D’AUTONOMIE
À la veille d’une visite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général dans la région du Sahara occidental, le représentant du Front Polisario a exprimé aujourd’hui devant la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la volonté de son mouvement de coopérer pour parvenir à l’exercice du droit à l’autodétermination et à l’indépendance. La Commission, qui achevait, aujourd’hui, l’audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental, a entendu plusieurs intervenants vanter les mérites de l’initiative marocaine sur le statut d’autonomie.
Le représentant du Front Polisario, M. Ahmed Boukhary, a dit vouloir coopérer avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Christopher Ross, en vue de parvenir à une solution qui permettra au peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Mais, M. Boukhary, qui a été soutenu par de nombreux intervenants, a dit craindre que M. Ross ne revienne « les mains vides » compte tenu du refus du Maroc de coopérer pour l’émergence d’un processus de décolonisation ouvert et transparent.
Que ce soit des pétitionnaires ou des délégations, qui se sont exprimés à la reprise du débat sur la décolonisation, de nombreux intervenants sont revenus sur l’urgence pour les parties de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. La représentante du Nigéria s’est félicitée des efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel en vue de redémarrer une négociation participative et ouverte entre le Maroc et le Front Polisario. Elle a estimé que la dernière session des pourparlers informels contribuent à restaurer la confiance entre les parties. Ces consultations doivent permettre de trouver des solutions sur la base d’un esprit de compromis, a-t-elle dit.
Plusieurs intervenants ont fermement appuyé comme « la seule solution réaliste » l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie dans laquelle le représentant burkinabé a vu l’illustration de « l’engagement politique du Maroc pour la recherche d’une solution politique, constituant ainsi la voie la plus appropriée pour sortir de l’impasse qui plonge depuis plus de 36 ans les populations des camps de Tindouf dans la souffrance et la précarité ». Partisan de la proposition marocaine, « initiative inspirée par 30 ans de face à face avec le séparatisme », un pétitionnaire du Mali a argué que, face aux trafics mafieux, au « péril islamiste », au terrorisme, aux velléités séparatistes et aux querelles de positionnement politique et géostratégique qui caractérisent aujourd’hui le Sahel, le règlement du différend au Sahara occidental est plus que jamais une nécessité parce que ce conflit est un obstacle à la coopération sahélo-saharienne.
D’autres intervenants ont continué de souligner le droit du peuple sahraoui aux consultations que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) lui promet depuis 22 ans. Au cours du débat général, les délégations ont unanimement réaffirmé le droit à l’autodétermination, non seulement du peuple sahraoui, mais de tous les peuples vivant dans les 17 territoires non autonomes encore existants. Le représentant de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a même souligné que, si les efforts de réformes constitutionnelles de certaines puissances administrantes sont louables, ils ne sauraient se substituer à un processus d’autodétermination légitime. Il est grand temps, a dit le représentant du Front Polisario, qu’à l’image de l’Union africaine, l’ONU aborde la question de la décolonisation du Sahara occidental avec plus de détermination. Le rôle de l’ONU n’est pas de juger la force des institutions publiques ni d’établir si un territoire a suffisamment de ressources pour assurer son développement économique. Le référendum d’autodétermination est un droit fondamental qui doit porter sur les trois options que sont l’indépendance, l’autonomie et l’intégration, a plaidé une pétitionnaire du « Stategic Conflict Group ».
En fin de séance, le Royaume-Uni a exercé son droit de réponse après les propos du Suriname, de Cuba et d’El Salvador sur les Îles Falkland/Malvinas. Le représentant de l’Argentine a également exercé son droit de réponse.
La Quatrième Commission poursuivra son débat sur les questions de décolonisation, demain, vendredi 11 octobre, à partir de 15 heures.
DEMANDES D’AUDITION (A/C.4/68/6)
Audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental
M. SIDY EL MOCTAR KOUNTA a témoigné, en tant que Malien, du soutien que son pays avait reçu, au cours de cette année, de la communauté internationale et du Royaume du Maroc. « Dans une totale et efficace discrétion », le Maroc a apporté l’aide et le soutien nécessaires à la victoire finale d’un peuple réhabilité sans jamais tirer profit de sa situation de faiblesse. En tant que partisan de la proposition du Maroc pour l’autonomie des provinces du Sahara, « initiative inspirée par 30 ans de face à face avec le séparatisme », le pétitionnaire a fait état de la recrudescence de la menace terroriste au Sahel.
Il a aussi cité les menaces que font peser le trafic mafieux, le « péril islamiste », le terrorisme et les velléités séparatistes, sans parler des querelles de positionnement politique et géostratégique. L’exacerbation de ces menaces, depuis un an, a des facteurs endogènes et exogènes qui s’appuient sur les vulnérabilités naturelles d’un espace au contrôle et à l’occupation difficiles. Les menaces ont été nourries d’épisodes aussi déstabilisants que la chute du régime libyen et la vague de contestations du printemps arabe. Aussi le centre de gravité des réseaux terroristes régionaux s’est-il déplacé vers la région du Sahel, profitant d’un déficit sécuritaire et d’un manque de coopération entre les États de la région. Dans cette région, a estimé le pétitionnaire, le Maroc se distingue par sa modération et sa stabilité politique. Le Royaume a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et veillé au renforcement de la coopération avec son voisinage, l’Union européenne et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le règlement du différend au Sahara occidental est plus que jamais une nécessité parce que ce conflit est un obstacle à la coopération régionale, a conclu le pétitionnaire.
M. ALOUAT HAMOUDI ABDELFATAH a affirmé être un réfugié sahraoui qui n’a jamais vu son pays. Il a déclaré que le combat du peuple sahraoui ne visait pas à obtenir des gains matériels ou politiques, mais à obtenir la liberté et la dignité humaine. En dépit de la reconnaissance du caractère injuste de la situation du peuple sahraoui, rien n’a changé depuis la confirmation de son droit inaliénable à l’autodétermination par l’Assemblée générale en 1965, a-t-il déploré. Ce droit inaliénable a été confirmé par toutes les résolutions qui ont suivi et par les accords passés entre le Maroc et le Front Polisario. Les autorités marocaines continuent d’occuper les terres, de maltraiter le peuple sahraoui et de restreindre ses droits fondamentaux, a accusé M. Abdelfatah, avant d’appeler la Commission à mettre un terme à l’occupation illégale du Sahara occidental qui dure depuis 38 ans.
M. MULAY IHFID SID AHMED a déclaré que, depuis l’occupation du Sahara occidental en 1975, le Gouvernement marocain a systématiquement violé le droit international, les résolutions des Nations Unies et les Conventions de Genève, en refusant au peuple sahraoui l’exercice de son droit à l’autodétermination. En 2010, les Forces de sécurité marocaines ont violemment démantelé un campement à l’extérieur de la ville de Laâyoune et, en 2013, un tribunal militaire a condamné 25 Sahraouis à la prison à vie sur la base d’aveux obtenus sous la torture, selon le pétitionnaire. « Combien de temps le peuple sahraoui devra-t-il encore attendre avant qu’une solution soit trouvée? » s’est-il interrogé. Il a conclu en estimant que la seule solution est de permettre au peuple sahraoui d’exprimer sa volonté dans le cadre d’un référendum libre, équitable et transparent.
Mme ALEXANDRA KAPITANSKAYA, « StategicConflict Group », a rappelé qu’aujourd’hui près de 100 000 Sahraouis vivent dans des camps de réfugiés en Algérie et réfuté les allégations faites sur l’impossibilité d’un État sahraoui indépendant ou encore sur le fait que ces camps sont devenus des terrains de corruption, de crimes et d’extrémisme. Pour elle, cette rhétorique sert une seule cause qui est de détourner l’attention de la Commission de la véritable question qui est le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. « Le rôle de la Commission n’est pas de juger la force des instances gouvernantes ni d’établir si un territoire a suffisamment de ressources pour assurer son développement économique », a-t-elle rappelé. Le référendum d’autodétermination que les Nations Unies ont promis au peuple sahraoui est un droit de l’homme fondamental. Il doit, selon elle, porter sur trois options qui sont l’indépendance, l’autonomie et l’intégration. Rappelant que le Maroc insiste pour que l’indépendance ne figure pas parmi ces options, elle s’est indignée de cette violation du principe même de la décolonisation.
M. RICARDO SANCHEZ SERRA, pétitionnaire, a estimé qu’un référendum doit être immédiatement organisé en vue d’aboutir à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui. Ceci mettrait fin à l’invasion du Maroc qui demeure l’ultime colonie en Afrique, a-t-il précisé, avant de rappeler que des « centaines » de résolutions des institutions internationales pertinentes reconnaissent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Des atteintes aux droits de l’homme sont commises chaque jour contre le peuple sahraoui, a dit M. Sanchez Serra, et la Puissance administrante cherche à éliminer son patrimoine culturel. Ces pratiques rappellent la politique de discrimination raciale de l’apartheid en Afrique du Sud. « Les Nations Unies attendent-elles un massacre pour réagir? » s’est-il interrogé, avant d’appeler tous les États à reconnaître la « République arabe sahraouie démocratique ».
M. FACHRUL RAZI a tiré un parallèle entre le différend territorial entre l’Indonésie et sa province d’Aceh –aujourd’hui résolu grâce à l’octroi d’un statut d’autonomie– et la crise au Sahara occidental. Il a estimé qu’une large autonomie régionale au sein du Gouvernement marocain représenterait la solution optimale. Ce statut d’autonomie devrait permettre au Sahara occidental de gérer son administration, sa culture et son économie. Le plan d’autonomie présenté par le Gouvernement du Maroc constitue une solution pacifique et mutuellement acceptable pour mettre fin au problème du Sahara occidental, qui est historiquement et géographiquement relié au Maroc, a-t-il conclu.
M. MOHAMMED RAZMA s’est dit alarmé par les violations des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, où, selon lui, règne « la loi de la jungle ». La communauté internationale doit agir pour protéger les réfugiés sahraouis, a-t-il plaidé. Plusieurs individus, dont des hauts responsables sahraouis, ont été torturés par le Front Polisario et se trouvent aujourd’hui en exil après leur expulsion des camps. Malheureusement, ceux qui maîtrisent la destinée des camps ne souhaitent pas entendre ces témoignages. Les dirigeants du Front Polisario devraient ouvrir les portes des camps et laisser partir ceux qui le souhaitent. De nombreux Sahraouis vivent dans le Sud-marocain en liberté et avec le droit de s’exprimer et de voyager, a-t-il souligné.
Pour M. AHMED BOUKHARI, représentant du Front Polisario, la question du Sahara occidental reste la dernière question coloniale « embarrassante » de l’Afrique. Il a dénoncé l’occupation militaire d’une grande partie du Sahara occidental par le Maroc et les abus des droits de l’homme que les autorités commettent. Il a fait état de la découverte, cette année, de fosses communes où des Sahraouis étaient enterrés avec une balle dans la tête. Il a affirmé que plus de 600 Sahraouis sont portés disparus, « se demandant si on allait les retrouver dans un charnier ». Il est bien connu, a-t-il poursuivi, que les manifestations pacifiques dans le Sahara occupé sont étouffées dans la brutalité.
Le Maroc ne cesse de « piller » les ressources naturelles du territoire « avec l’aide de l’Union européenne », a accusé M. Boukhari avant de souligner que la Puissance occupante bafoue le droit international, la Charte des Nations Unies et ses résolutions. La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) est bien sur place mais « elle est prisonnière du Maroc et incapable de s’acquitter de son mandat » qui est, depuis 22 ans, d’organiser un référendum d’autodétermination, s’est-il indigné. Rappelant que l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, doit se rendre dans la région cette semaine, il a réaffirmé la volonté du Front Polisario de coopérer avec lui en vue de parvenir à une solution qui permettra au peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Il a dit cependant redouter que M. Ross revienne à New York « les mains vides » à cause du refus marocain de coopérer dans un processus de décolonisation ouvert et transparent. Il a invité l’ONU à aborder la question de la décolonisation du Sahara occidental avec plus de détermination, à l’image de l’Union africaine.
Mme CYNTHIA BASINET a demandé où était la compassion du monde pour les 45 millions de réfugiés dont une partie importante sont des Sahraouis. « Ne sommes nous pas une Organisation contre la tyrannie, la pauvreté et pour la liberté et le droit à l’autodétermination de tous? ». Comment le monde peut continuer à fermer les yeux et à rester paralysé sans arriver à organiser le référendum d’autodétermination promis aux Sahraouis, il y a 22 ans. L’ONU doit rester ferme et déterminée dans sa responsabilité de défendre les normes et valeurs qui sont les siennes, au nom de toute l’humanité, a-t-elle conclu.
M. ZITOUNI TAYEB, Président de la Coordination nationale citoyenne des cités et villes jumelées d’Algérie, a fait part de sa solidarité et de son soutien envers le peuple sahraoui. Toutes les villes de son organisation soutiennent le peuple sahraoui et appellent la Commission à s’en tenir à la méthode choisie par les Sahraouis. « Pourquoi le Maroc aurait-il peur d’entendre la voix des Sahraouis? » s’est-il interrogé. Quel que soit le résultat de ce scrutin et la solution choisie par le peuple sahraoui, il faut faire confiance aux urnes. Le peuple sahraoui a un droit inaliénable à l’autodétermination et devrait pouvoir s’exprimer librement sur son avenir. Les violations commises contre les Sahraouis doivent cesser, a-t-il plaidé pour conclure.
Débat général sur toutes les questions relatives à la décolonisation : point 56 (A/68/23, chapitres VII et XIII, A/68/64 et A/68/64/Add.1); point 57 (A/68/23, chapitres V et XIII); point 58 (A/68/23, chapitres VI et XIII, et A/68/62); point 59 (A/68/66 et A/68/66/Add.1); et point 60 (A/68/23, chapitres VIII, IX, X et XIII, et A/68/330)
Déclarations
M.RODNEY CHARLES (Trinidad et Tobago), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que les questions qui relèvent de l’autodétermination des peuples et de la décolonisation restent très importantes. Rappelant les interventions des pétitionnaires qui dénoncent, année après année, les lacunes des arrangements de dépendance, il a estimé que la pleine autonomie avancerait considérablement si la coopération pouvait reprendre entre les puissances administrantes et le Comité spécial des Vingt-Quatre. Il est temps que le dialogue informel actuel évolue vers un dialogue formel, transparent et ouvert. Le représentant a appuyé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et a salué les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général.
Pour trouver des solutions aux problèmes coloniaux, il faut utiliser des cadres législatifs et politiques et en la matière, l’ONU doit jouer un rôle de chef de file. À cet effet, le représentant a préconisé, entre autres, que les méthodes de travail du Comité spécial des Vingt-Quatre soient révisées pour qu’il y ait un dialogue plus interactif, puisqu’à ce jour les appels à l’analyse au cas par cas des territoires non autonomes sont restés lettre morte. La décolonisation nécessite des mesures novatrices pour éviter que le « processus ne se répète ». On le voit d’ailleurs bien dans ces résolutions identiques que le Comité adopte tous les ans sans jamais obtenir leur mise en œuvre. Depuis longtemps, a rappelé le représentant, la CARICOM suggère la création d’un poste de rapporteur spécial ou d’expert indépendant sur la décolonisation pour faire les analyses qui s’imposent. Elle propose aussi la mise en place d’un programme de coopération entre le système des Nations Unies et les institutions régionales compétentes.
Comme dans les Caraïbes, les frontières « artificielles » actuelles sont un héritage de l’époque coloniale et de la traite des esclaves, la CARICOM, a expliqué le représentant, fait tout pour inclure tous les territoires des Caraïbes dans le même processus d’intégration régionale. S’agissant des Îles Turques et Caïques, le représentant a fait part de sa préoccupation après la crise politique de 2009 liée à la suspension du Gouvernement élu pendant 3 ans. Même après les élections de 2012, la situation n’est pas satisfaisante, a-t-il tranché, avant de souligner que la CARICOM a envoyé, en juin dernier, une mission d’enquête ministérielle pour prendre la pleine mesure de la réalité sur place. Elle a l’intention de publier son rapport de mission, en tant que document officiel de l’Assemblée générale.
Si la CARICOM apprécie les efforts de réformes constitutionnelles entreprises par certaines puissances administrantes dans certains territoires non autonomes, elle souligne toutefois qu’ils ne permettent pas de répondre au besoin fondamental d’un processus légitime d’autodétermination et de décolonisation, comme le stipule la résolution 1514.
Mme KITTY SWEEB (Suriname) s’exprimant au nom de l’Union des Nations d’Amérique du Sud (UNASUR), a déclaré que la colonisation viole les principes de la démocratie et de la liberté, ainsi que la résolution 1514 de 1960. La colonisation prive le monde de la coopération économique, a des effets négatifs sur le développement économique et social et mine les idéaux des Nations Unies. L’UNASUR, a-t-elle promis, continuera d’appuyer le droit à l’autodétermination des 17 territoires non autonomes encore inscrits sur la liste des Nations Unies. Dans ce contexte, elle appuie la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, Sandwich du Sud et Géorgie du Sud et appelle le Royaume-Uni à reprendre les négociations, à retirer ses forces militaires des eaux maritimes environnantes et à y cesser tout exercice militaire. La représentante a aussi demandé que le Royaume-Uni cesse d’exploiter les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables de l’Argentine. Pour l’UNASUR, dont la position est conforme à différents résolutions, instruments internationaux et déclarations de haut niveau, l’origine de ce différend colonial ne peut pas être ignoré, autant que ne le peuvent les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale reconnaissant la souveraineté de l’Argentine sur ces territoires, a conclu la représentante.
Mme MARJON V. KAMARA (Libéria) a défendu le droit des peuples de vivre à l’abri de tout assujettissement, de déterminer leur propre destin et de choisir la manière qui leur semble la plus appropriée pour y parvenir. La quête de la liberté est reconnue et garantie par la Charte de l’ONU, a-t-elle tranché. Si elle a dit avoir constaté des progrès significatifs, après la création des Nations Unies, grâce à la Déclaration de 1960, elle a déploré que le monde soit encore en train de se débattre pour mettre fin de manière définitive et globale à ce système. « Dix-sept territoires non autonomes, soit environ 2 millions de personnes, sont toujours confrontés à des ambiguïtés et des incertitudes concernant leur autodétermination », a affirmé Mme Kamara. Elle a appelé les États Membres à continuer à travailler avec les peuples dont les intérêts légitimes sont en jeu et avec les puissances administrantes en vue de trouver des solutions qui règlent de manière inclusive les questions coloniales. « Le Libéria croit qu’il existe un cadre pour que les Nations Unies puissent agir en vue d’inverser la tendance négative et mettre fin à cette impasse », a préconisé la déléguée.
M. DER KODGA (Burkina Faso) a déclaré qu’en proclamant 2011-2020 « Décennie internationale de l’élimination du colonialisme », l’Assemblée générale a traduit la volonté de la communauté internationale d’intensifier les efforts en matière de décolonisation. Il a déploré que l’inscription d’un nouveau territoire sur la liste des territoires non autonomes montre que le processus de décolonisation n’est pas dûment évalué. Il a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son appui aux populations des territoires non autonomes et à accompagner leur développement socioéconomique. Sur le Sahara occidental, il a indiqué que son pays soutenait l’Initiative marocaine qui « reflète l’engagement politique du Maroc pour la recherche d’une solution politique, constituant ainsi la voie la plus appropriée pour sortir de l’impasse qui plonge depuis plus de 36 ans les populations des camps de Tindouf dans la souffrance et la précarité ».
M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a souligné l’importance que son pays attache à l’achèvement du processus de décolonisation, déplorant que des atrocités et des violations des droits de l’homme continuent d’être commises dans les territoires occupés à travers le monde. Il a réitéré le caractère inaliénable du droit à l’autodétermination. Les peuples vivant dans des territoires occupés doivent pouvoir exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination, que cela débouche sur un État indépendant ou encore sur l’intégration ou l’association à d’autres États. Ce résultat doit provenir d’un choix exprimé librement par le peuple, à travers des processus démocratiques, a-t-il ajouté.
M. Nduhuura a appuyé le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination. Ce peuple doit exercer ce droit dans un cadre libre, équitable et démocratique, conformément aux résolutions des Nations Unies. Il a souligné que le Sahara occidental est la dernière colonie sur le continent africain, avant de regretter les nombreuses violations des résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Union africaine. S’agissant de la question de la Palestine, l’Ouganda a rappelé avoir toujours été en faveur de la solution des deux États, exhortant les parties à reprendre le dialogue en vue d’un règlement pacifique du différend. Le représentant a estimé que le renforcement des partenariats stratégiques entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales est crucial. Or, a-t-il regretté, ce processus est plutôt lent.
Mme LILIANNE SANCHEZ RODRIGUEZ (Cuba) a regretté que le fléau du colonialisme continue à exister et a estimé que l’une des priorités des Nations Unies devait rester la décolonisation. Elle s’est dite préoccupée par le manque de coopération de certaines puissances administrantes avec le Comité spécial. Pour ne pas perdre de vue l’importance du processus de décolonisation, elle a souhaité que le Département de l’information (DPI) fasse une place de choix à cette question. Abordant le cas de Porto Rico, elle a réaffirmé le droit légitime de son peuple à l’autodétermination, comme cela a été reconnu dans 32 décisions et résolutions du Comité spécial qui a en outre exigé la libération des prisonniers politiques portoricains enfermés dans des prisons américaines. Il s’agit bien d’une question coloniale qui exige des États-Unis qu’ils accélèrent le processus de décolonisation. Lors du dernier Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), une déclaration a été adoptée qui souligne le caractère latino-américain de Porto Rico, a encore précisé la représentante.
Elle a appuyé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et espéré que les efforts se poursuivront en ce sens. Elle a aussi réaffirmé son soutien à l’Argentine s’agissant de sa souveraineté sur les îles Malvinas et dénoncé toute action visant à militariser l’Atlantique Sud, ce qui ne contribuerait nullement à une solution négociée entre les deux parties.
M. RAMADHAN MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a constaté qu’il est plus facile de demander l’octroi de l’indépendance aux territoires non autonomes ou l’instauration d’un dialogue avec leurs puissances administrantes que de les obtenir. En tant que membre du Comité spécial, le représentant a estimé que la persistance de la colonisation, sous quelque forme que ce soit, est incompatible avec la Charte des Nations Unies. Il a donc appelé toutes les puissances administrantes à se conformer à l’Article 73 de la Charte, en prenant notamment toutes les mesures pour parachever les processus de décolonisation. S’agissant en particulier de la question du Sahara occidental, il s’est déclaré favorable à la « juste cause » de l’autodétermination du peuple sahraoui. Dans ce contexte, il a appelé au respect des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et de l’appel lancé en janvier dernier par la Commission de l’Union africaine réclamant la tenue d’un référendum sur l’autodétermination des Sahraouis.
M. RUBEN ARMANDO ESCALANTE HASBUN (El Salvador) a réitéré son appui aux droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que sur les espaces maritimes adjacents. Il a appelé l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre le dialogue en vue de trouver une solution à ce conflit. Il a rappelé que diverses résolutions des Nations Unies reconnaissent que ce conflit constitue un « différend de souveraineté » et appellent les parties à négocier une solution pacifique, conformément à la Charte des Nations Unies.
S’agissant du Sahara occidental, El Salvador, a déclaré son représentant, attache une grande importance aux efforts déployés en vue de trouver une solution pacifique, juste et durable, accompagnée de garanties sur les droits de l’homme de la population sahraouie. El Salvador réitère l’importance d’une reprise des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario afin de chercher un accord mutuellement acceptable, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Les résolutions des Nations Unies sur cette question réaffirment le soutien énergique aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel en vue de trouver une solution pérenne et juste.
Le représentant a rappelé qu’El Salvador a lui-même connu un conflit armé, qui a été résolu grâce à la détermination de toutes les parties à trouver une solution pacifique, avec l’appui des Nations Unies. La signature des accords de paix a ouvert la voie au développement démocratique du pays au cours des 20 dernières années. Aujourd’hui, les structures démocratiques ont été consolidées et El Salvador souhaite participer aux missions de maintien de la paix pour transmettre ses valeurs de paix. En conclusion, le représentant a appelé à renforcer le dialogue sur la sécurité régionale et a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du règlement pacifique de tous les conflits afin que la coexistence pacifique entre les peuples devienne la norme.
Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que, depuis la création du Comité en 1961, des progrès significatifs ont été enregistrés dans le domaine de la décolonisation. Malheureusement, ces résultats positifs ont été entachés par la poursuite de la colonisation dans 17 pays, ce qui représente une anomalie dans les relations pacifiques entre les peuples du monde. Le fait que 17 territoires ne soient toujours pas en mesure de déterminer leur destinée est regrettable, a-t-elle ajouté. Il faut mettre en œuvre les résolutions pertinentes des Nations Unies qui affirment toutes que l’assujettissement des peuples à l’exploitation constitue un déni de leurs droits fondamentaux.
La situation du Sahara occidental reste un problème irrésolu, a relevé la représentante, avant d’ajouter que la justice doit être rendue à la cause sahraouie afin de mettre fin au dernier vestige du colonialisme en Afrique. Le Nigéria, a-t-elle dit, se félicite des efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel en vue de redémarrer une négociation participative et ouverte entre le Maroc et le Front Polisario. La représentante s’est félicitée de la dernière session des pourparlers informels, qui contribuent à restaurer la confiance entre les parties. Ces consultations doivent permettre de trouver des solutions mutuellement acceptables sur la base d’un esprit de compromis. Le Nigéria soutient tous les peuples qui luttent pour leur droit à l’autodétermination, car ils méritent de jouir des mêmes droits que les autres membres souverains de la communauté internationale, a conclu la représentante.
M. CARLOS FILOMENO AGOSTINHO DAS NEVES (Sao Tomé-et-Principe) a réaffirmé l’appui de son pays aux efforts de l’ONU pour trouver une réponse politique à la question du Sahara occidental. Il a, à son tour, appelé les parties et les États de la région à axer leurs efforts sur la recherche d’une solution négociée basée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara, « soumise aux Nations Unies dès 2007 ». Il a relayé l’appel du Secrétaire général à un recensement de la population dans les camps de Tindouf, « une mesure de protection humanitaire relevant du mandat du HCR ».
Droit de réponse
La représentante du Royaume-Uni a rappelé que son pays n’a aucun doute quant à sa souveraineté sur les Îles Falkland. L’avenir des îles doit être déterminé par leur population, conformément à la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté, soulignant que le référendum, organisé en mars 2013, a clairement indiqué que la population souhaite maintenir le statut actuel. Elle a rappelé que les îles étaient auparavant inhabitées, réitérant qu’aucune population civile n’a été déplacée. Malheureusement, l’Argentine continue de rejeter les occasions qui se présentent pour régulariser la situation, notamment en adoptant des mesures restrictives au commerce et à la navigation qui menacent les activités commerciales dans la région, a encore regretté la représentante britannique.
Affirmer que le Royaume-Uni remilitarise l’Atlantique Sud est faux, car il s’est contenté de maintenir une position défensive, a-t-elle en outre déclaré. L’exploitation d’hydrocarbures organisée au large des îles découle d’une décision des autorités des Îles Falkland et bénéficie à la population des îles, conformément aux règles relatives au droit de la mer. L’Argentine doit respecter le choix de la population, a affirmé la représentante. Pour ce qui est des Îles Turques et Caïques, le Royaume-Uni se félicite du retour à l’ordre démocratique, a-t-elle conclu.
Le représentant de l’Argentine a réitéré que les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que les territoires maritimes adjacents, font partie du territoire argentin. Le conflit de souveraineté à ce sujet provient de l’occupation illégale de ces territoires par le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, soulignant que cela a été reconnu par l’ensemble des résolutions pertinentes des Nations Unies. Le Comité spécial de la décolonisation s’est prononcé à plusieurs reprises sur la question, tout comme l’Organisation des États américains (OEA). Le représentant a estimé que la reprise des négociations avec le Royaume-Uni est la seule option possible pour trouver une solution juste et définitive à ce différend, conformément aux objectifs et principes contenus dans la Charte des Nations Unies et dans l’intérêt des populations concernées.
L’Argentine, a dit son représentant, réitère que le principe de l’autodétermination des peuples ne s’applique pas dans ce différend entre les deux pays. Le vote illégal qui a eu lieu en mars 2013 dans les îles Malvinas est un acte unilatéral qui ne remet pas en question les droits souverains de l’Argentine. Le scrutin n’a pas modifié la résolution, adoptée par le Comité cette année, qui contient les mêmes termes que celles des années passées. Permettre aux habitants britanniques des îles de se constituer en partie concernée est une violation du principe d’autodétermination des peuples, car il n’existe pas de peuple soumis au joug colonial dans les îles Malvinas. Le référendum a consisté à demander à des sujets britanniques s’ils souhaitaient rester Britanniques, a-t-il ajouté. Il a dénoncé la remilitarisation de l’Atlantique Sud et a réaffirmé, pour conclure, la souveraineté de son pays sur les îles Malvinas, Sandwich du Sud et Géorgie du Sud.
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