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CCP/95

La Commission de consolidation de la paix réaffirme le rôle essentiel des femmes dans la prévention des conflits et les processus de pacification

26/09/2013
Assemblée généraleCCP/95
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix                     

Septième session - matin

Comité d’organisation


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX RÉAFFIRME LE RÔLE ESSENTIEL DES FEMMES

DANS LA PRÉVENTION DES CONFLITS ET LES PROCESSUS DE PACIFICATION


Réunis sous la présidence de la Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, Mme Vesna Pusić, les membres de la Commission de consolidation de la paix (CCP) ont réaffirmé, dans une déclaration adoptée sans vote ce matin, le rôle important que joue la femme dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix.


Cette déclaration, qui s’inscrit dans le droit fil de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité dans sa résolution, affirme notamment l’engagement de la Commission à promouvoir l’autonomisation économique des femmes pour la consolidation de la paix.


Soulignant le rôle crucial que jouent les femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix et de reconstruction postconflit, les membres de la Commission affirment qu’il convient de mettre en place des initiatives et des programmes de relèvement bénéficiant du soutien de l’ONU, y compris ceux menés sous l’égide de la Commission de consolidation de la paix.


Ces programmes viseront, selon la déclaration, à promouvoir l’autonomisation économique des femmes et leur participation, à égalité avec les hommes, au relèvement économique postconflit.  Les entités compétentes des Nations Unies doivent, elles, dans les limites de leurs mandats respectifs, redoubler d’efforts pour intégrer les aspects liés à la problématique hommes-femmes dans leurs activités pertinentes.


Par la présente déclaration, la Commission exhorte également les États Membres et les organisations internationales et régionales à prendre de nouvelles mesures pour améliorer la participation des femmes à toutes les étapes des processus de pacification, en particulier le règlement des conflits et la planification et la consolidation de la paix après un conflit.


De telles mesures doivent notamment renforcer l’action des femmes dans le domaine de la prise de décisions politiques et économiques aux premiers stades des processus de relèvement, notamment en favorisant les capacités de direction des femmes et leur aptitude à s’engager dans la gestion et la planification de l’aide.


Enfin, les membres de la Commission engagent les entités compétentes des Nations Unies et les États Membres visés à renforcer la communication et la coopération en matière d’activités relatives aux femmes et à la consolidation de la paix.  Les États Membres sont, eux, invités à continuer de promouvoir et de prendre dûment en compte l’autonomisation économique des femmes aux fins de la consolidation de la paix.


« Les femmes ne bénéficient pas des opportunités économiques dans les processus de relèvement postconflit en raison de lois discriminatoires à l’égard des femmes et de l’insécurité », a soutenu Mme Pusić, en ouverture des discussions auxquelles ont participé une vingtaine d’intervenants.


Elle a indiqué que le rôle accru des femmes dans la phase de reconstruction exigeait des investissements qui allaient bien au-delà de l’activité économique afin de tenir compte, notamment, des questions de justice et de sécurité.  Elle a aussi plaidé pour un soutien résolu lors de la phase difficile que doivent vivre les femmes lorsqu’elles passent du statut de victimes à celui d’entrepreneurs.


« Il s’agit non seulement d’un devoir moral, mais aussi d’une stratégie qui fait pleinement sens sur le plan économique », a commenté, à ce propos, la Ministre des affaires étrangères de l’Italie, Mme Emma Bonino.


Même son de cloche du côté du Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, M. Jean Asselborn, qui a fait remarquer que les femmes étaient des agents économiques plus rationnels, contribuant ainsi à renforcer la résilience des communautés.  Son homologue de la Gambie, Mme Susan Waffa-Ogoo, a, quant à elle, déploré la prévalence de certaines normes religieuses et sociales qui font obstacle à une pleine autonomisation des femmes.


« La participation politique des femmes permet de faire baisser la corruption et une transparence accrue », a, pour sa part, fait remarquer la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, qui, à l’instar de nombreuses délégations, a plaidé pour une participation renforcée des femmes aux décisions politiques et économiques dès les premiers stades des processus de relèvement.


Le Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Espen Eide, a critiqué, à ce titre, la vision erronée qui veut que les pourparlers de paix soient des travaux trop importants pour être assumés par des femmes.


RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR L’ÉMANCIPATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES AU SERVICE DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX


Projet de déclaration de la Réunion de haut niveau sur l’émancipation économique des femmes au service de la consolidation de la paix ( PBC/7/OC/L.1 )


Déclarations


Mme VESNA PUSIĆ, Première Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a rappelé en ouverture de la discussion que, dans les situations postconflit, l’autonomisation économique des femmes permettait de garantir une paix durable.  « Une telle autonomisation requiert une attention prioritaire dans nos dialogues concernant la définition d’un programme pour le développement durable », a-t-elle dit.  Mme Pusić a ensuite expliqué que les femmes se voyaient privées d’opportunités économiques dans les processus de relèvement en raison de lois biaisées à leur encontre et de l’insécurité notamment.  « Les besoins des femmes ne sont pas pris en compte au moment où les décisions concernant le financement de projets de reconstruction postconflit sont prises », a-t-elle affirmé, en ajoutant que le renforcement du rôle des femmes dans les efforts de consolidation exige des investissements qui vont bien au-delà de l’activité économique, afin d’inclure notamment la justice et la sécurité.  Elle a indiqué que la Commission, dans son rôle de conseil à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, devrait être en mesure d’inviter tous les États Membres à adopter sans délai les mesures permettant d’accélérer l’autonomisation des femmes.


S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, Mme Pusić a affirmé qu’une société ne gagnait jamais une guerre.  « Les premiers mois de la paix sont souvent plus difficiles que la guerre elle-même puisque la question de la survie se pose de manière aiguë », a-t-elle affirmé.  En conclusion, elle a détaillé la phase difficile que les femmes doivent vivre pour passer du statut de victimes à celui d’entrepreneurs afin de participer pleinement au redressement économique.  « Il nous incombe à tous d’aider les femmes », a-t-elle rappelé.


Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a rappelé que la première priorité des femmes dans les situations au lendemain d’un conflit était la sécurité et la recherche des moyens permettant d’assurer la survie quotidienne.  Elle a ensuite appelé à lever les obstacles qui freinent l’autonomisation des femmes, en faisant remarquer que celles-ci étaient souvent contraintes d’accepter des emplois dangereux.  Pourquoi n’ont-elles pas un meilleur accès au capital et aux emplois? s’est-elle interrogée, avant de plaider vigoureusement pour une participation active aux décisions qui sont prises lors du processus de redressement économique.  « La participation politique des femmes permet de faire baisser la corruption et une transparence accrue », a-t-elle dit.  Avant de conclure, la Directrice exécutive a indiqué que les femmes étaient les meilleurs atouts pour garantir le succès des efforts de consolidation de la paix.


Mme JUDY CHENG-HOPKINS, Sous-Secrétaire générale à l’appui à la consolidation de la paix, a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre les résolutions pertinentes de l’ONU sur les violences sexuelles.  « Les femmes ne sont pas seulement des victimes de la guerre, mais une force motrice quotidienne dans toutes les phases des processus de paix », a-t-elle ajouté.  Il est « impératif », a-t-elle estimé, que les femmes participent pleinement aux négociations de paix, y compris dans les efforts de relèvement économique dans les situations postconflit.  Mme Cheng-Hopkins a précisé que les femmes avaient un rôle concret et essentiel à jouer dans l’édification des institutions politiques et la planification du redressement économique.  « Ces deux dimensions sont étroitement liées », a-t-elle fait observer, en plaidant pour l’instauration de quotas qui assurent aux femmes au moins 30% des sièges dans les parlements.  « De telles mesures ont fait leurs preuves, comme le montre l’exemple éloquent du Rwanda, a-t-elle expliqué, où plus de la moitié des femmes ont été élues aux fonctions de député. »  « Aujourd’hui, 11% des propriétaires fonciers au Rwanda sont des femmes », a noté Mme Cheng-Hopkins.  Elle a appelé les États Membres à mettre tout en œuvre pour « utiliser pleinement les talents et les compétences de la moitié de l’humanité ».  « L’autonomisation économique doit être un fait politique, et non pas un simple hasard », a-t-elle conclu.


Mme RUTH OJAMBO OCHIENG, Directrice exécutive de l’organisation ISIS, a noté que « guérir le corps, l’esprit et l’intelligence des femmes dans les pays touchés par les conflits » était la condition sine qua non de l’autonomisation de celles-ci.  « Les femmes victimes de conflit ont des besoins spécifiques et c’est pourquoi il est nécessaire de leur rendre toute leur vitalité afin qu’elles aient les moyens de tenir pleinement leur rôle moteur dans les efforts de paix et de relèvement économique », a expliqué Mme Ochieng.  Après avoir considéré que les États Membres ne tiennent pas assez compte du rôle des femmes dans la planification économique, elle a demandé aux délégations de faire confiance à « l’extraordinaire capacité de résilience des femmes survivantes d’un conflit ».  Les femmes attendent qu’on leur rende leur dignité mais également qu’on leur accorde des pouvoirs et des droits en tant qu’acteurs économiques, a précisé la responsable d’ISIS, qui a exhorté les États à établir des mécanismes garantissant le droit aux femmes de posséder des terres.


M. EAMON GILMORE T.D, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Irlande, a rappelé que la participation économique des femmes dans les situations postconflit permettait d’assurer une paix durable.  « Depuis l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, beaucoup reste encore à faire pour que les femmes puissent prendre une part active à l’élaboration des accords de paix », a-t-il déclaré, avant de rappeler que l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Mme Mary Robinson, s’était engagée à assurer une participation accrue des femmes aux processus de prise de décisions dans le cadre de la consolidation de la paix dans les pays de la région.  Il a aussi insisté sur le rôle crucial de l’éducation pour lever les obstacles qui continuent d’empêcher la pleine autonomisation économique des femmes. 


M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a, quant à lui, détaillé le succès des politiques d’autonomisation des femmes adoptées dans son pays, avant d’indiquer qu’il était important de redéfinir le rôle des hommes et des femmes dans la société, en particulier à l’égard des enfants.  « Lorsque les pourparlers de paix commencent, on a l’impression que ces travaux sont trop importants pour être assumés par des femmes », a déploré le Ministre, qui a vigoureusement plaidé pour que la question de l’autonomisation des femmes dans les situations postconflit figure parmi les priorités de l’agenda international.


M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, s’est dit convaincu que la Commission de consolidation de la paix était l’enceinte idoine pour débattre de l’autonomisation des femmes dans les situations postconflit.  « Les femmes sont des agents économiques plus rationnels, ce qui renforce la résilience des communautés », a-t-il dit, avant de prendre appui sur l’exemple de la Guinée.  Dans ce pays, a-t-il fait remarquer, les femmes jouent un rôle essentiel dans la consolidation de la paix grâce à leur faculté de désamorcer les conflits.  Avant de conclure, il s’est félicité de la Réunion de haut niveau d’aujourd’hui, qui souligne l’importance cruciale de l’autonomisation des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix ainsi que la reconstruction au lendemain d’un conflit.


Rappelant que son pays présidait le Groupe de travail sur les enseignements tirés de la Commission de consolidation de la paix, M. ESPEN EIDE, Ministre norvégien des affaires étrangères, a assuré que le Groupe de travail accordait une place particulière à la promotion du rôle des femmes dans les sociétés sortant d’un conflit.  « Une bonne promotion de l’autonomisation des femmes dans les processus de consolidation de la paix exige un renforcement des capacités et de la coordination des efforts engagés au niveau national par les gouvernements et leurs partenaires du développement », a-t-il insisté. 


Mme SAYEEDA WARSI, Ministre d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a souligné le rôle clef que les femmes peuvent tenir dans l’instauration d’une stabilité durable dans les sociétés sortant d’un conflit.  « Notre devoir moral et politique est de lever les obstacles qui les empêchent de tenir pleinement ce rôle, en facilitant en amont l’accès des jeunes filles à l’éducation, mais aussi des victimes à la justice », a-t-elle déclaré.  La Ministre a aussi plaidé pour l’institutionnalisation de la participation des femmes dans les processus de planification et de relèvement des sociétés en transition.


M. LOUCENY FALL, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a estimé que l’octroi aux femmes de droits de représentation et de pouvoirs d’innovation économiques garantissait une autonomisation effective.  « Nous devons lutter contre la féminisation accrue de la pauvreté, en mettant l’accent, comme le recommande le NEPAD, sur l’autonomisation économique des femmes, par le biais notamment de l’accès facilité au microcrédit », a insisté M. Fall.


Mme EMMA BONINO, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a indiqué que l’après-conflit était une phase délicate pour les femmes qui doivent passer du statut de victimes à celui d’acteurs socioéconomiques émancipés.  « Il est impératif que nous aidions les femmes à quitter ce statut de victimes », a-t-elle précisé, en soulignant qu’il ne s’agissait pas seulement d’un devoir moral, mais aussi d’une stratégie faisant pleinement sens sur le plan économique.


Mme ABDUL K. ROHANI, Malaisie, a plaidé pour la mise en place de programmes de formation permettant aux femmes de créer leurs propres entreprises, avant de détailler le défi de l’accès des femmes au capital financier.  « La Commission de consolidation de la paix et ONU-Femmes ont un rôle particulier à jouer dans l’autonomisation économique des femmes », a-t-elle affirmé.  Elle s’est félicitée de l’adoption, aujourd’hui, de la déclaration sur l’autonomisation des femmes dans les processus de consolidation de la paix par la Commission.


Mme SUSAN WAFFA-AOGO, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, a rappelé que les femmes étaient les piliers immuables des sociétés humaines.  Elle s’est félicitée de la tendance constatée au sein de la communauté internationale à faire de l’égalité entre les hommes et les femmes un élément clef des stratégies de consolidation de la paix.  « Il faut désormais lever les obstacles qui subsistent », a-t-elle lancé, en citant notamment la prévalence de certaines normes religieuses et sociales qui empêchent une pleine autonomisation des femmes.  En conclusion, elle a détaillé les efforts de son pays, en particulier dans le domaine de l’éducation, pour réaliser cet objectif.


M. CHRISTIAN FRIIS BACH, Ministre du développement du Danemark, a signalé l’importance d’optimiser le potentiel des femmes dans la consolidation de la paix.  « Il faut garantir les droits fondamentaux des femmes, gage de meilleurs résultats en matière politique, économique et sociale dans les pays sortant d’un conflit », a-t-il dit.  « Cela passe par une transformation complexe des institutions », a-t-il expliqué, en réaffirmant le rôle d’accompagnateur de cette transformation de la communauté internationale.


Mme LYNNE YELICH, Ministre des affaires étrangères du Canada, a attiré l’attention sur le rôle déterminant que peuvent jouer les femmes vers une « prospérité économique sans exclusive » dans les pays troublés.  « Pour ce faire, les femmes doivent être dotées des ressources nécessaires capables de faire d’elles des entrepreneurs, des agriculteurs », a déclaré Mme Yelich, qui a assuré que les femmes des zones rurales pouvaient contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire dans leur communauté. 


Mme VIOLA ADAKU ONWULIRI, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a mis l’accent sur l’importance de financer de manière adéquate les programmes d’autonomisation politique et économique des femmes.  « Sous la direction du Président Goodluck Jonathan, le Nigéria a atteint pour la première fois les 33% de femmes députées », a-t-elle également fait remarquer.  Les femmes sont non seulement des « acteurs incontournables de la consolidation de la paix, mais aussi des médiateurs et des agents de prévention des conflits », a-t-elle souligné.


En fin de séance, le représentant de l’Égypte, a fait observer qu’au cours de la Réunion de haut niveau, son pays avait été désigné comme État sortant d’un conflit.  « Nous traversons une transition vers la démocratie, en suivant un processus politique mené par les Égyptiens eux-mêmes », a-t-il tenu à rectifier.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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