AG/AB/4094

Cinquième Commission: nouvelle hausse du budget 2012-2013, une « pilule dure à avaler » pour l’Union européenne, les États-Unis et le Japon

16/12/2013
Assemblée généraleAG/AB/4094
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                             

24e séance – matin


CINQUIÈME COMMISSION: NOUVELLE HAUSSE DU BUDGET 2012-2013, UNE « PILULE DURE

À AVALER » POUR L’UNION EUROPÉENNE, LES ÉTATS-UNIS ET LE JAPON


« Une pilule dure à avaler. »  C’est par ces mots que la représentante de l’Union européenne a accueilli, aujourd’hui à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, l’augmentation du budget 2012-2013 qui se chiffre désormais à 5,603 milliards de dollars, contre 5,152 milliards lors de son adoption en décembre 2011 et 5,4 milliards après une première révision, en décembre 2012.


La Cinquième Commission a aussi débattu aujourd’hui du financement de 36 missions politiques spéciales d’un total de 1,1 milliard de dollars, soit près de 20% du projet de budget 2014-2015 estimé à 5,56 milliards.  Le financement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), également à l’examen, est estimé à609,5 millions de dollars pour la période allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014.


La représentante de l’Union européenne n’a pas été la seule à éprouver des difficultés à avaler le budget 2012-2013 qui, après une deuxième révision, se chiffre désormais à 5,603 milliards de dollars, soit une augmentation de 173 millions de dollars.  Moins d’une semaine avant l’adoption du budget 2014-2015, les représentants des États-Unis et du Japon ont aussi jugé « inacceptable » cette hausse par rapport au montant agréé en décembre 2012. 


« Soumis eux-mêmes à des restrictions budgétaires, les États ont appelé l’ONU à maîtriser ses dépenses », a rappelé la représentante de l’Union européenne, avant que son homologue du Japon ne fasse part de sa « surprise » devant ce qui va devenir « le plus gros budget de l’histoire de l’ONU » et que celle des États-Unis ne juge d’emblée « irrecevable » cette demande de fonds supplémentaires.  « Le budget fédéral des États-Unis a fait l’objet d’intenses débats, les fonctionnaires américains ont subi une baisse de leurs salaires et bien d’autres mesures ont été prises pour réduire les dépenses. »  L’ONU doit faire preuve de la même retenue au lieu de « demander plus que nous ne pouvons faire », a tranché la représentante américaine.


Ancien Président de la Cinquième Commission, son homologue du Cameroun a précisé que la plus grande partie de cette augmentation, près de 100 millions de dollars, est due à l’inflation et aux taux de change, deux facteurs qui ne relèvent pas de la responsabilité de l’ONU.


Les délégations ont pourtant exprimé la même frustration devant l’explosion du budget des missions politiques spéciales.  De 2000 à 2015, ce budget aura connu une hausse de 1 000%.  « Si le budget ordinaire avait suivi la même tendance, il dépasserait aujourd’hui les 25 milliards de dollars », a calculé la représentante de Singapour.  Les 38 missions, qui seront en activités en 2014, devraient coûter 1,1 milliard de dollars soit 20% du budget ordinaire.  Le représentant du Japon a dénoncé un manque de transparence dans la création de ces missions.  Rappelant que 36 de ces missions ont été créées par le Conseil de sécurité, plusieurs délégations ont jugé normal de passer à un barème de contribution identique à celui des opérations de maintien de la paix qui reflète les responsabilités spéciales des membres permanents du Conseil de sécurité.


Un compte aligné sur le cycle budgétaire annuel de ces opérations bénéficierait aux missions politiques spéciales et faciliterait aussi la transition d’un type de mission à un autre, a ajouté la représentante de Singapour.


Aujourd’hui la Cinquième Commission a aussi recommandé à l’Assemblée générale la nomination de Mme Maria Gracia Pulido Tan des Philippines* au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA) pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2014.


La Commission poursuivra ses travaux mercredi 18 décembre à partir de 10 heures avec l’examen du financement de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et celui du soutien de l’ONU à la vérification de la destruction des armes chimiques en République arabe syrienne.


*     A/68/106/Add.1



BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2012-2013


Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le deuxième rapport sur l’exécution du budget-programme (A/68/656)


Pour établir ce rapport, le Comité a examiné le deuxième rapport du Secrétaire général sur l’exécution du budget-programme de l’exercice biennal 2012-2013 (A/68/628).  L’estimation du montant définitif que devraient atteindre les dépenses et les recettes de l’exercice biennal repose sur les dépenses effectivement engagées au cours des 21 premiers mois de l’exercice, les dépenses prévues pour les 3 derniers mois, l’évolution des taux de change et de l’inflation ainsi que les ajustements au coût de la vie.


Le Comité consultatif note que ce montant représente une augmentation nette de 173,2 millions de dollars par rapport aux montants des crédits et des prévisions de recettes révisés qui ont été approuvés par l’Assemblée générale.  Le montant des dépenses prévues pour l’exercice 2012-2013 devrait s’élever à 5 603,7 millions de dollars, soit une hausse de 204,3 millions de dollars, et le montant des recettes, 543,0 millions de dollars, soit une augmentation de 31,1 millions de dollars.


Le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale prenne note du rapport et approuve les prévisions de dépenses révisées pour l’exercice biennal 2012-2013 et les prévisions de recettes correspondantes.


Le CCQAB note que comme les transactions libellées en francs suisses et les variations des cours de cette monnaie avaient le plus d’incidence sur le budget, des contrats à terme avaient été conclus pour la période allant de mai à décembre 2013 pour un montant de 150 millions de francs suisses.  Avec le repli du dollar des États-Unis par rapport au franc suisse en 2013, l’écart positif net entre les taux de change à terme fixés par contrat et les taux de change opérationnels de l’ONU se chiffrait à 3,5 millions de dollars.


Le Comité consultatif convient que l’expérience initiale de l’achat à terme semble convaincante et que ce type de contrat permettrait à l’Organisation de jouir d’une plus grande sécurité budgétaire et constituerait un précieux outil pour le Secrétaire général en lui donnant les moyens de mieux naviguer les implications budgétaires des fluctuations de change.  Le Comité recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de fournir une évaluation plus détaillée de l’expérience.


S’agissant des dépenses imprévues et dépenses découlant de décisions des organes directeurs, le CCQAB note que les travaux de remise en état sont toujours en cours plus de 12 mois après l’ouragan Sandy, et qu’une part significative des montants correspondants doit être utilisée avant la fin de 2013.


Pour ce qui est des frais de voyage, le Comité note avec regret qu’une nouvelle fois, le Secrétaire général n’a pas communiqué d’information concernant l’effet, sur les ressources nécessaires, des mesures prescrites par l’Assemblée générale.  Il recommande que l’Assemblée prie le Secrétaire général de présenter des informations claires et détaillées à ce sujet dans son premier rapport.


Le Comité constate aussiplusieurs cas où les besoins, plus importants que prévu, ne sont pas couverts par les ressources allouées au titre du plan-cadre d’équipement ou des dépenses connexes relevant du Service de la gestion des installations.  Il est convaincu que ces dépenses extraordinaires auraient pu être évitées si le budget du plan-cadre d’équipement et les prévisions de dépenses connexes avait été établis correctement.


Déclarations


M. PETER THOMSON (Fidji), intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a exhorté les États à approuver les montants nécessaires pour la mise en œuvre des mandats de l’ONU.  Il a regretté l’augmentation du taux de vacances, malgré les appels des États et le fait que cette situation met à mal l’exécution des mandats, sans compter qu’elle compromet la crédibilité de l’Assemblée générale qui affecte ainsi des ressources à des postes qui ne sont pas pourvus.  Le représentant a rappelé que l’actualisation des coûts fait partie des pratiques intégrantes du processus budgétaire.  Soulignant que cette question est encadrée par la résolution 41/213, il a prévenu que son Groupe n’acceptera pas que ce compromis de 20 ans soit remis en cause.


Mme CARMEL POWER, Union européenne, a rappelé que les États Membres ont invité le Secrétaire général et les fonctionnaires à tous les niveaux à respecter le budget initialement adopté de 5,395 milliards de dollars pour l’exercice 2012-2013.  « Alors que tous les États Membres doivent faire face à des restrictions budgétaires, nous nous attendons à ce que l’ONU fasse plus avec moins », a déclaré la représentante.  Elle s’est dite déçue de voir un budget révisé qui a augmenté de 3,8% par rapport à la révision de décembre 2012.  « Nous avions appelé le Secrétaire général à faire des économies afin que le montant arrêté en décembre 2012 soit maitrisé », a-t-elle tranché en prévenant que « la situation d’aujourd’hui est difficile à expliquer à nos capitales ».  « C’est une pilule amère à avaler », a-t-elle insisté en demandant des éclaircissements sur les rubriques du rapport.  Elle a regretté que nonobstant les décisions des États Membres de reporter l’actualisation des coûts, le principal moteur de l’augmentation observée aujourd’hui demeure cette actualisation et les coûts du personnel.  Elle s’est félicitée des achats à terme mais a dit: « nous avons l’impression d’être dans la routine.  Nous ne voyons pas les efforts qui auraient dû être faits pour mieux gérer l’inflation ».  Elle a réclamé une base plus solide pour déterminer le budget.


M. JUN YAMAZAKI (Japon) a rappelé qu’il y a deux ans, les Nations Unies sont parvenues à une réduction « historique » du budget, en le fixant à 5,152 milliards de dollars pour l’exercice biennal actuel, soit 5% de moins que le budget précédent de 5,416 milliards de dollars.  Quelle n’a donc été la « surprise » de voir que « des ressources considérables » vont être demandées au cours de cet exercice, s’est étonné le représentant, devant un budget révisé de 5,396 milliards de dollars.  « À notre plus grand regret, le montant final du budget approuvé par l’Assemblée générale s’élève maintenant à 5,603 milliards de dollars », a constaté le Japon, pour relever qu’il s’agit non seulement d’une augmentation de 187 millions de dollars par rapport au précédent budget, mais que c’est aussi « le plus gros budget de l’histoire des Nations Unies ».


À la perspective d’un apport supplémentaire de 451 millions de dollars, alors que « la plupart des États Membres, y compris le Japon, subissent des contraintes financières sévères », M. Yamazaki a voulu que l’on renonce à « l’habitude de compter systématiquement sur un budget complémentaire ».  Il a prié le Secrétaire général de ne plus autoriser des dépenses « inutiles » de dernière minute.  Au début de son intervention, le représentant a vivement dénoncé les retards dans la publication des documents, ce qui prolonge « plus que de raison » une session dont la fin était prévue « vendredi de la semaine dernière ».


M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a rappelé qu’outre cette révision à la hausse de 173 millions de dollars du budget 2012-2013, il fallait attendre encore le rapport d’exécution des programmes avant de pouvoir arrêter un niveau final.  Notant que près de 100 millions de dollars –sur les 173 millions d’augmentation- sont dus à l’inflation et aux taux de change, le représentant a demandé au CCQAB qui est responsable de cette situation.  L’ancien Président de la Cinquième Commission a relevé avec regret, qu’une nouvelle fois, le Secrétaire général n’a pas communiqué d’informations concernant l’effet, sur les ressources nécessaires, des mesures relatives aux voyages prescrites par l’Assemblée générale dans plusieurs résolutions successives.  Il a demandé pourquoi ces informations n’ont pas été présentées et quels gains ont été faits grâce aux innovations technologiques qui permettent de faire des réunions par vidéoconférence plutôt que des voyages coûteux.


Il a insisté sur le fait que les résolutions 41/213 et 42/211 de l’Assemblée générale demeurent le cadre de la gestion de l’actualisation des coûts et des taux de change.  On n’a pas trouvé mieux jusqu’à présent pour absorber ces coûts, a-t-il dit.  S’agissant des dépenses imprévues et couts découlant de nouvelles décisions des États Membres, il a constaté que ces types de dépenses représentent une proportion très faible de l’augmentation qui est couverte par le fonds de réserve qui, lui, n’a jamais été pris à défaut.  Si certains États Membres regrettent que ce budget aille au-delà du crédit en décembre 2011, il a tenu à rappeler qu’il est arrivé aussi que certains exercices se terminent à un niveau inférieur au niveau initialement adopté.


Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a rappelé que son pays reste le plus gros contributeur au budget des Nations Unies.  À ce titre, elle a demandé que des progrès soient faits pour que l’Organisation respecte le budget qui lui est alloué et évite de soumettre des demandes de financement supplémentaires, en cours d’exercice.  Les États-Unis ne peuvent pas appuyer « des dépenses illimitées » et demandent une « réforme de la pratique d’actualisation des coûts », a-t-elle tranché.  « Nous savions, il y a deux ans, que certaines augmentations auraient lieu mais nous espérions qu’elles seraient contenues », a regretté la représentant.  Alors que deux augmentations ont déjà eu lieu au cours de cet exercice budgétaire, pour un total de 200 millions, « on nous demande maintenant 160 millions de plus, eu égard à l’actualisation des couts ».


Les États-Unis jugent cette demande « irrecevable », a prévenu la représentante qui a soutenu que « la solution n’est pas de toujours demander de nouvelles ressources, mais de gérer le budget que l’on a ».  Il faut trouver les 160 millions sans demander aux contribuables des États Membres de devoir payer la note, a-t-elle exigé, avant d’insister sur le fait que « tous les gouvernements sont confrontés à des choix économiques difficiles ».  « L’ONU doit être disciplinée pour face à ses priorités », a-t-elle tancé.  Ces dernières années, a-t-elle souligné, le budget fédéral des États-Unis a fait l’objet de débats intenses, les fonctionnaires ont subi une baisse de leurs salaires et bien d’autres mesures ont été prises pour réduire les dépenses.  L’ONU doit faire preuve de la même retenue au lieu de « demander plus que nous ne pouvons faire ».


Mme MORENO GUERRA (Cuba) a souligné que les accords auxquels les États Membres sont parvenus, en ce qui concerne l’actualisation des coûts du budget, ont une incidence sur le débat actuel.  Par conséquent, il n’est pas opportun de remettre à plus tard les décisions sur la méthodologie à appliquer.  Faisant référence au rapport du Secrétaire général, elle a demandé des éclaircissements sur la réduction du nombre des participants et de la durée des réunions de groupes d’experts spéciaux qui entraîne une baisse de 400 000 dollars du budget du Contrôle international des drogues.  Elle a aussi demandé des éclaircissements sur les modifications apportées au financement de la lutte antiterroriste dont le recours à des ressources extrabudgétaires qui traduisent l’intérêt des donateurs.  Cuba se demande si cela veut dire que « le Secrétariat a décidé de transférer des activités, du budget ordinaire aux ressources extrabudgétaires sans en aviser l’Assemblée générale ».  Le Secrétariat, a-t-elle demandé, doit respecter à la lettre les décisions des États Membres sur l’exécution du budget, et agir dans le cadre établi pour ce qui est de l’actualisation des coûts.


PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2014-2015


Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives aux missions politiques spéciales, missions de bons offices et autres initiatives politiques autorisées par l’Assemblée générale et/ou le Conseil de sécurité (A/68/7/Add.10)


Pour établir ce rapport, le Comité consultatif a examiné les rapports du Secrétaire général (A/68/327 et Add.1 à 6).  Il note que ce dernier a présenté des prévisions de dépenses d’un montant total net de 540 millions 762 100 dollars pour 34 des 36 missions politiques spéciales.  Le Secrétaire général indique que les projets de budget pour 2014 concernant les deux missions restantes, à savoir la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie et la Mission conjointe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU en République arabe syrienne seront présentés dans des additifs distincts.


Les prévisions de dépenses concernant le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar seront présentées dans un état d’incidences sur le budget-programme sous réserve de la décision que prendra sa Troisième Commission.  Les prévisions de dépenses concernant le Bureau du Représentant spécial conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour la Syrie sont présentées dans un document distinct.


En ce qui concerne les 34 missions politiques spéciales énumérées, le Comité recommande que l’Assemblée générale approuve les demandes du Secrétaire général pour la période allant jusqu’au 31 décembre 2014, sous réserve des observations et recommandations qu’il a formulées, et que le montant révisé soit communiqué à l’Assemblée lorsqu’elle examinera les prévisions de dépenses du Secrétaire général.


Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la situation des droits de l’homme au Myanmar ( A/68/7/Add.16)


Pour ce rapport, le Comité consultatif a examiné l’état des incidences sur le budget-programme du projet de résolution A/C.3/68/L.55/Rev.1 concernant la situation des droits de l’homme au Myanmar (A/C.5/68/16) qui prie le Secrétaire général de continuer à offrir ses bons offices et de poursuivre ses entretiens sur la situation des droits de l’homme, la transition vers la démocratie et la réconciliation nationale avec le Gouvernement et le peuple du Myanmar, en y associant toutes les parties prenantes, dont les groupes qui militent pour la démocratie et les droits de l’homme, et de fournir une assistance technique au Gouvernement à cet égard.


Le Secrétaire général est appelé à prêter toute l’assistance voulue à son Conseiller spécial pour le Myanmar et au Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar pour leur permettre de s’acquitter de leur mandat pleinement, efficacement et de manière coordonnée.


Le montant estimatif des ressources nécessaires pour 2014 prévoit une somme de 1 millions 363 400  dollars pour le Conseiller spécial, une somme qui a été pris en compte dans le rapport du Secrétaire général sur les prévisions de dépenses relatives aux missions politiques spéciales, missions de bons offices et autres initiatives politiques.  Pour le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, il s’agit d’une somme de 73 600 dollars, déjà prévue dans le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2014-2015.


Déclarations


M. BROUZ COFFI (Côte d’Ivoire), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a reconnu que « les missions politiques spéciales sont au cœur des mesures déployées par les Nations Unies pour préserver la paix et sécurité internationales ».  Il s’est tout de même préoccupé par « l’augmentation exponentielle des ressources » allouées à ces missions cette dernière décennie.  Cela est d’autant plus préoccupant que les missions politiques spéciales ne suivent pas le cycle régulier du budget des Nations Unies, qui pourtant doit les financer.  Compte-tenu de l’ampleur et de la complexité des missions spéciales et de leurs mandats, « un soutien financer des États Membres est fondamental », a reconnu le représentant.


Il s’est aussi dit favorable au mécanisme de financement de ces missions tel que présenté par le CCQAB, y compris la création d’un compte spécial et distinct.  Il a regretté que les retards dans la publication des rapports, en jugeant « inacceptable » que les délégations n’aient que cinq jours pour examiner et prendre des décisions sur un budget qui s’élève tout de même à 1 milliard de dollars.


Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme KAREN TAN (Singapour) a noté que 86 millions de dollars ont été affectés aux missions politiques spéciales durant l’exercice biennal 2000-2001, contre 1,1 milliard de dollars pour l’exercice 2014-2015, soit une augmentation de 1 000%.  « Si le budget ordinaire avait suivi la même tendance, il dépasserait aujourd’hui les 25 milliards de dollars », a-t-elle calculé.  Elle a estimé que l’efficacité devrait être là et s’est inquiétée du caractère inadéquat du financement et des arrangements actuels de ces missions.  Alors que la part de ces missions politiques spéciales dans le budget ordinaire ne cesse de croître, il paraît de plus en plus évident que les arrangements contractuels sont de plus en plus inadéquats.


Elle a regretté le peu d’engagement de certains États à mettre en œuvre des recommandations du CCQAB dont la création d’un compte distinct pour les missions politiques spéciales.  Elle a argué qu’un compte aligné sur le cycle budgétaire annuel des opérations de maintien de la paix bénéficierait à ces missions et faciliterait aussi la transition d’un type de mission à une autre.  Elle a jugé utile que ces missions bénéficient aussi du fonds de réserve et du compte d’appui des opérations de maintien de la paix ainsi que du stock de déploiement stratégique.  Rappelant que 34 des 38 missions en activité ont été créées par le Conseil de sécurité, elle a dit toute la pertinence de passer à un barème de contribution identique à celui en vigueur pour les opérations de maintien de la paix qui reflète les responsabilités spéciales des membres permanents du Conseil de sécurité.


Mme GOICODEA (Cuba), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a reconnu l’importance des missions politiques spéciales mais s’est dite préoccupée par le fait que leur budget, qui est de 1 milliard 80 millions de dollars en 2014-2015, représente 20% du budget ordinaire de l’ONU.  Il s’agit là d’une « distorsion », a-t-elle dit, avant d’exiger que l’on tienne compte de la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle a aussi déploré la « tendance constante à présenter tardivement les rapports sur ces missions, ce qui affecte les délibérations sur les décisions à prendre ».


M. JONATHAN PAUL QUINN (Canada), intervenant au nom du Groupe de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a dit que l’exécution réussie du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) et son approche prudente sont riches d’enseignements dont devraient s’inspirer les autres missions politiques spéciales.  Alors que le BINUCSIL doit quitter la Sierra Leone en mars 2014, le processus de transition des Nations Unies semble bien en place, s’est félicité le représentant qui a aussi salué la réduction de 32 millions de dollars prévue du budget 2014-2015 des missions politiques spéciales par rapport à l’exercice biennal 2012-2013.


Alors que de nouvelles missions politiques spéciales sont établies au Sahel, en Somalie et dans la région des Grands Lacs, le représentant a appelé le Secrétariat à trouver des façons novatrices de les gérer, pour plus d’efficacité et de rentabilité, en gardant à l’esprit les restrictions budgétaires auxquelles les États Membres sont soumis.  M. Quinn a mis l’accent sur le rôle particulier de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans la coordination de l’assistance internationale au Gouvernement afghan.  Il s’est inquiété de ce que les fonctions de protection de l’enfant et d’égalité des sexes aient été fusionnées avec le service des droits de l’homme, risquant ainsi de marginaliser ces deux questions.  Il a souligné la nécessité pour les missions politiques spéciales d’avoir accès aux structures d’appui nécessaires pour préserver leur souplesse.


M. FRANCESCO PRESUTTI, Union européenne, a reconnu l’importance des missions politiques spéciales pour prévenir, contrôler et résoudre les conflits, et pour la consolidation de la paix après les conflits.  C’est pourquoi il a regretté « qu’une question aussi importante que le budget de ces missions soit introduite dans le débat aussi tardivement ».  Étant donné que ces missions représentent une part importante du budget de l’ONU, il a demandé au Secrétaire général de gérer les ressources de manière parcimonieuse, dans le respect des prévisions pour l’exercice biennal 2014-2015.  Après avoir insisté pour que les prévisions soient « réalistes », M. Presutti a reconnu que le budget alloué de 130 millions de dollars inférieur au précédent budget, « est donné à titre indicatif, pour le moment ».


Mme COLIN ORTEGA (Mexique) a estimé que les missions politiques spéciales sont « l’instrument le plus novateur » des Nations Unies pour répondre aux défis posés par le maintien de la paix au niveau international.  Toutefois, sur le plan budgétaire, il y a des efforts à faire car « 20% du budget de l’ONU, pour cet exercice biennal, est destiné à ces missions ».  Il s’agit là, a-t-elle aussi estimé, d’une « distorsion » qui affecte les autres mandats de l’Organisation, en particulier ceux liés au développement.  La « croissance désordonnée » de ces missions fait que leur « contrôle n’est pas suffisant », a aussi estimé la représentante.  Elle a, à son tour, suggéré que les membres du Conseil de sécurité assument la plus grande part du budget des missions spéciales, puisqu’un grand nombre de ces missions ont été créées pour des mandats qu’ils ont créés.  Sur 36 missions qui opéreront en 2014, « 34 sont nées des mandats du Conseil de sécurité, et seulement deux ont été créées par l’Assemblée générale », a-t-elle précisé.


M. ALI ALDABAG (Iraq) a remercié les États Membres pour l’appui manifesté à la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).  Il a dit la volonté de son gouvernement d’appuyer la Mission de manière à lui permettre de mettre en œuvre le mandat confié par le Conseil de sécurité.


Mme MORENO GUERRA (Cuba) a noté que le budget des missions politiques spéciales représente aujourd’hui 20% du budget ordinaire de l’ONU.  Elle a regretté l’absence d’une procédure précise pour créer ces missions: un simple échange de courriers entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ne peut être une base législative pour créer une mission, d’autant que l’Assemblée générale n’a pas les moyens de contrôler ces missions.  Pourquoi, a-t-elle par ailleurs demandé, le rapport du CCQAB est arrivé si tard, un retard, a-t-elle prévenu, qui compromet la qualité des délibérations.  Elle a aussi jugé « inacceptable » que le Secrétaire général invite le Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger d’approfondir et d’affiner la définition de ce concept car ce pouvoir relève exclusivement de l’Assemblée générale.


M. SHO ONO (Japon) a fermement appuyé chacun des mandats des missions politiques spéciales, tout en exigeant que leur budget soit géré en respectant le montant prévu pour 2014-2015, soit 1 081 089 900 dollars.  Il a demandé plus de transparence, car « pour la majorité des États Membres, qui ne font pas partie du Conseil de sécurité, le processus de création de ces missions et de leurs activités, n’est pas suffisamment clair ».


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dit que les missions politiques spéciales se trouvent face à d’immenses défis.  Il a noté qu’entre les exercices 2000-2001 et 2010-2011 la part de ces missions dans le budget ordinaire est passée de 6 à 20%.  C’est là, a-t-il dit à son tour, une « distorsion » qui affecte la capacité de l’ONU à mettre en œuvre d’autres mandats.  Il a jugé contradictoire que ces missions créées par le Conseil de sécurité soient financées par le budget ordinaire.


M. ISMAIL BASSEL AYZOUKI (République arabe syrienne) a regretté que le Représentant spécial des Nations Unies en Syrie n’ait pu faire sa dernière visite à cause des groupes terroristes qui prolifèrent.  « La solution politique, à laquelle nous aspirons, demande de lutter contre le terrorisme auquel la Syrie fait face », ce qui implique que « certains pays bien connus » arrêtent de financer les groupes terroristes.  Le représentant de la Syrie a demandé à ces pays de cesser leurs « pratiques destructrices » qui visent à empêcher la tenue de la Conférence Genève 2 qui devrait contribuer à ramener la paix.  Il a aussi émis des réserves sur les « conclusions unilatérales » du rapport du Secrétaire général qui ne reflètent pas le point de vue de la Syrie.


M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a mis l’accent sur l’appui à la Commission mixte Cameroun-Nigéria (CMCN) et a invité les délégations à noter les progrès effectués.  La pause des bornes se poursuit activement et les deux pays font preuve de toute la bonne volonté et bonne foi nécessaires.  Il a estimé que ces travaux devraient faire date dans l’histoire et servir d’exemple pour le règlement d’affaires futures semblables de différends frontaliers.


M. DADU (Nigéria) a estimé que l’ONU est aujourd’hui confrontée au défi des ressources limitées pour mener à bien ses activités.  Au moment où tous les pays font face à des contraintes financières, il serait opportun de réduire le budget de l’Organisation, ou d’y apporter des ajustements, a-t-il proposé.  Toutefois, il faut avoir « de bonnes raisons pour procéder à des ajustements et nous devons en convenir ensemble », a-t-il préconisé.


FINANCEMENT DE LA MISSION MULTIDIMENSIONNELLE INTÉGRÉE DES NATIONS UNIES POUR LA STABILISATION AU MALI


Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le financement de la MINUSMA pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014 (A/68/653 )


Le Comité consultatif prend note du budget de 609 millions 491 300 dollars demandés par le Secrétaire général.  Mais, rejetant la création de plusieurs postes civils, il propose une baisse de 943 100 dollars et recommande donc que l’Assemblée générale ouvre un crédit de 608 548 200 dollars, qui comprend le montant de 366 millions 774 500 dollars déjà approuvé pour lapériode du 1er juillet au 31 décembre 2013.  L’Assemblée devrait approuver un montant additionnel de 2 273 100 dollars à prélever sur le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014, sachant qu’un crédit de 3 845 200 dollars a déjà été ouvert.


Déclarations


M. BROUZ COFFI (Côte d’Ivoire), Au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit à nouveau extrêmement préoccupé par la nouvelle tendance à attaquer les Casques bleus, en revenant sur la mort de deux Casques bleus sénégalais dans un attentat à la bombe à Kidal au nord-est du Mali, la semaine dernière.  Cette attaque, a-t-il dit, a eu lieu à la veille du deuxième tour de scrutin des élections législatives, avant les élections locales de 2014.  Il a demandé des précisions sur les modèles révisés proposés pour aider les opérations à relever leurs défis dès la phase de démarrage.  Le Groupe des États d’Afrique attache la plus grande importance à ce que cette opération bénéficie de toutes les ressources nécessaires à la réussite de son mandat.


M. DIANGUINA YAYA DOUCOURE (Mali) a fait savoir que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a largement joué son rôle depuis sa mise en place le 1er juillet 2013.  Malgré cela, « la situation sécuritaire demeure préoccupante sur le terrain », a relevé M. Doucoure.  Les récentes attaques terroristes, dont la dernière a eu lieu le 14 décembre dernier, « montrent à suffisance la nécessité de doter la MINUSMA de capacités opérationnelles adéquates », d’où la nécessité de « corriger les insuffisances logistiques et celles liées au personnel de la Mission », a-t-il insisté.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.