En cours au Siège de l'ONU

AG/11341

Le quinoa, cette « graine d’or », peut contribuer à assurer la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde, soulignent États Membres et responsables de l’ONU

20/02/2013
Assemblée généraleAG/11341
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-septième session                                  

64e séance plénière – matin


LE QUINOA, CETTE « GRAINE D’OR », PEUT CONTRIBUER À ASSURER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE,

SOULIGNENT ÉTATS MEMBRES ET RESPONSABLES DE L’ONU


L’Assemblée générale, au cours d’une cérémonie spéciale, a procédé, ce matin, au lancement de l’Année internationale du quinoa, cette « graine d’or » préservée et cultivée depuis sept millénaires par les populations autochtones des pays andins -en particulier les femmes-, et dont les vertus pourraient renforcer la sécurité alimentaire mondiale, aider à lutter contre la faim et éliminer la pauvreté.


« C’est grâce à l’obstination de certains gouvernements que la célébration de cette Année internationale est aujourd’hui possible », s’est réjoui, ce matin, le Président de la Bolivie, M. Evo Morales Ayma.  À l’instar des autres pays de la région des Andes ou d’Amérique latine, il a insisté sur les pressions exercées par les entreprises multinationales de l’alimentation pour dévaloriser les qualités de cette plante ancestrale, dont il existe près de 3 000 variétés.


Avec la Première Dame du Pérou, Mme Nadine Heredia Alarcón de Humala, le Président bolivien assume la tâche d’Ambassadeur spécial de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Année internationale du quinoa.


Le 28 mars 2012, l’Assemblée générale, en vertu de sa résolution A/RES/66/221, avait décidé de proclamer 2013 « Année internationale du quinoa », en estimant que cette céréale présentait une haute valeur nutritive et qu’elle pouvait jouer un rôle important en faveur de la sécurité alimentaire et la nutrition, ainsi que pour l’élimination de la pauvreté.


Le quinoa mérite le titre de « super aliment », a rappelé au cours de cette cérémonie spéciale, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, dans une déclaration lue par un des vice-présidents, M. Enrique Armando Román-Morey.  Le quinoa permet en effet un apport riche en acides aminés essentiels, en fibres et en vitamines, tout en préservant d’une sensibilité au gluten, qui n’est pas présent dans sa composition. 


La Bolivie et le Pérou fournissent, à eux seuls, plus de la moitié des 70 000 tonnes de la production annuelle de quinoa.  La Bolivie prévoit le quinoa dans les programmes de supplément nutritionnel pour les femmes enceintes et allaitantes, tandis que le Pérou l’a intégré dans les repas scolaires.


Le quinoa est aussi une céréale qui peut être cultivée en altitude et s’adapter à plusieurs milieux écologiques différents, y compris dans des zones de faible humidité des sols, a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  « Cela revêt une importance particulière dans un contexte mondial marqué par le réchauffement de la planète et par la poussée de la désertification et de la dégradation des sols », a-t-il ajouté. 


Le quinoa peut être cultivé à hauteur du niveau de la mer comme à 4 000 mètres d’altitude, ainsi qu’à des températures allant de moins 8 à 38ºC, a souligné, de son côté, le Directeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. José Graziano da Silva.


Tout en saluant les capacités de résilience du quinoa, de nombreuses délégations ont également tenu, ce matin, à témoigner leur reconnaissance aux populations autochtones andines, en particulier aux femmes et à leur savoir traditionnel, qui ont su préserver ce moyen de subsistance alimentaire pendant des millénaires.  La culture du quinoa avait pourtant été interdite pendant longtemps en Amérique latine, à la suite des conquêtes européennes, ont rappelé plusieurs intervenants. 


Pour de nombreux pays de la région, cette cérémonie spéciale fut aussi l’occasion de réaffirmer avec force que les objectifs de sécurité alimentaire et de lutte contre la faim ne pourront être atteints sans mesures destinées à réduire la pauvreté et les inégalités. 


Le Brésil, le Chili ou le Venezuela ont notamment mis en cause les règles du commerce mondial et les « mesures protectionnistes du secteur agricole » des pays développés.  Ils ont insisté sur la nécessité d’investir dans l’agriculture et de faciliter l’accès au marché des produits agricoles des pays en développement, ainsi que l’accès des agriculteurs de ces pays aux crédits, aux technologies et à l’information.


APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES: LANCEMENT MONDIAL DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DU QUINOA (2013)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que l’an dernier à la Conférence Rio+20, il avait lancé l’initiative « « Défi Faim zéro » », et a estimé que le quinoa pouvait jouer un rôle important pour atteindre cet objectif.  Il a indiqué que le quinoa était une céréale très nutritive dont la culture pouvait s’adapter à plusieurs milieux écologiques différents, y compris dans des zones de faible humidité des sols.  Il a ajouté que cela revêtait une importance particulière dans un contexte mondial marqué par le réchauffement de la planète et une poussée de la désertification et de la dégradation des sols.  La tolérance du quinoa aux conditions d’aridité fait de lui une plante attrayante pour les agriculteurs dans toutes les régions du monde, a souligné M. Ban.  C’est pour cette raison, a-t-il expliqué, que sa culture s’étend de la région des Andes au Kenya, à l’Inde, à l’Amérique du Nord et à l’Europe. 


Le Secrétaire général a en outre rappelé que la plupart des planteurs de quinoa sont des petits exploitants agricoles.  Certaines populations autochtones des Andes ont déjà bénéficié de l’augmentation du prix du quinoa qui gagne en popularité sur les marchés d’exportation.  Il a ajouté qu’avec cette augmentation des prix liée à une forte demande, les pauvres courent le risque de voir cette source d’alimentation manquer sur les marchés locaux, à cause de la flambée des prix, au profit de produits moins chers et moins nutritifs.  Il a ensuite indiqué que de nombreux pays d’Amérique du Sud font des efforts considérables pour réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relatif à la diminution de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim.  Il a souligné que le quinoa pouvait permettre d’accélérer les progrès dans ce sens en Amérique du Sud et au-delà.  Avec la date butoir de 2015 pour la réalisation des OMD qui approche, de nombreuses inégalités demeurent, particulièrement au sein des communautés autochtones où les enfants continuent de souffrir de malnutrition et de retard de croissance.  


Il a évoqué le rôle de la Première Dame du Pérou, Mme Nadine Heredia Alarcón de Humala, qui est membre du « Scaling up Nutrition Movement Lead Group ».  Il a rappelé que les 100 premiers jours de la vie d’un enfant étaient déterminants pour sa santé future, son intelligence et sa capacité à participer à la vie de la société.  Les enfants et les femmes ont besoin de la meilleure nutrition possible, et c’est pour cette raison, a-t-il dit, que le Gouvernement de la Bolivie prévoit le quinoa dans les programmes de supplément nutritionnel aux femmes enceintes et allaitantes, et que le Pérou l’a intégré dans les repas scolaires.  « Je crois que le quinoa est vraiment un aliment contribuant à la réalisation des OMD et à la mise en œuvre des stratégies de développement après-2015 », a déclaré M. Ban.  Il a souhaité que cette Année internationale du quinoa puisse être le catalyseur pour aider à apprendre davantage sur le potentiel de cette céréale pour la sécurité alimentaire, pour la réduction de la pauvreté et pour une agriculture respectueuse de l’environnement.  Le quinoa revêt des formes variées et il est délicieux, comme nous allons le découvrir au cours du déjeuner qui suivra cette réunion, a annoncé le Secrétaire général.  Avant de conclure, il a émis l’espoir que cette Année internationale du quinoa permettra des récoltes importantes de cette céréale dont la culture existe depuis des millénaires.


M. ENRIQUE ARMANDO ROMÁN-MOREY (Vice-Président de l’assemblée générale), donnant lecture de l’allocution de M. VUK JEREMIĆ, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, s’est félicité de la décision de la FAO d’avoir nommé M. Evo Morales Ayma, Président de l’État plurinational de Bolivie, et Mme Nadine Heredia Alarcón de Humala, Première Dame du Pérou, Ambassadeurs spéciaux de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture pour l’Année internationale du quinoa 2013.  Il a ensuite souligné que le quinoa était une céréale qui mérite le titre de « super aliment » et qui peutgrandement contribuer à la mise en œuvre des engagements et aux objectifs des Nations Unies en matière de réduction de la pauvreté.  « Le quinoa nous montre l’importance que l’ONU accorde aux connaissances traditionnelles et à ses pratiques », a-t-il ajouté. 


Le Président de l’Assemblée générale a ensuite estimé que la communauté internationale devrait être « extrêmement reconnaissante » aux peuples des Andes qui ont conservé cette céréale et qui la préservent encore pour les générations futures.  Il a également souligné l’importance des méthodes de culture qui ont permis de faire reconnaître le quinoa pour ses qualités médicinales.  C’est la seule céréale dans le monde qui contient tous les aminoacides essentiels, ainsi que des fibres, ce qui en fait une forme d’alimentation excellente pour « détoxifier le corps », a-t-il précisé.  Le Président a aussi expliqué que le quinoa avait d’autres vertus et pouvait ainsi contribuer à traiter des abcès, des hémorragies, des maux de gorge ou des maux d’estomac.  Rappelant que le quinoa peut être cultivé à haute altitude, il s’est réjoui du fait que cette céréale s’adapte à différents climats et sols, « ce qui est un avantage en cette période imprévisible de changements climatiques ».  En outre, le quinoa est déjà cultivé au Pérou, aux États-Unis, en Équateur et au Canada.  On le trouve aussi en Europe du Nord et sa culture a été expérimentée dans des régions tropicales comme le Sahara ou le Brésil, avec des rendements très élevés, a-t-il conclu.


Intervenant ensuite en sa qualité nationale, M. ROMÁN-MOREY(Pérou) a rappelé que son pays, avec la Bolivie et d’autres pays d’Amérique latine, avait lancé l’initiative qui avait conduit à la proclamation par l’Assemblée générale de l’Année internationale du quinoa.  Après avoir remercié tous les pays ayant soutenu cette initiative, il a souligné que ce produit alimentaire pouvait aider à lutter contre la faim dans le monde.  Il a également noté que le quinoa était une céréale dotée d’une grande valeur nutritive.  En outre, sa culture ne détruit pas les sols.


M. Evo Morales Ayma, Président de l’État plurinational de Bolivie, a salué « l’effort considérable » consenti par les Nations Unies pour lancer l’Année internationale du quinoa 2013.  Il a rappelé que le quinoa était un héritage ancestral des peuples andins, qui le produisent depuis plus de 7 000 ans.  « Le quinoa constitue également une possibilité de choix face à la crise actuelle et dans un monde où sévit le capitalisme et où les besoins alimentaires de la population sont devenus un commerce », a-t-il déclaré.  Dans ce monde, « les sociétés alimentaires cherchent à dominer les marchés mondiaux en imposant leurs règles au commerce des produits alimentaires; et c’est ainsi que ces produits et les boissons deviennent standardisés et contiennent des ingrédients chimiques qui provoquent des cancers et autres maladies », a-t-il ajouté.  « C’est le gain, et non la santé, qui intéresse en premier lieu ces entreprises », a-t-il déploré. 


M. Morales a ensuite expliqué que les peuples andins avaient amélioré la qualité de cette céréale depuis sa découverte il y a 7 000 ans, notamment en perfectionnant sa culture et en améliorant ses vertus médicinales.  « L’invasion européenne a essayé d’éliminer cette céréale en interdisant sa culture ou sa consommation.  Elle a empêché l’utilisation du quinoa, a-t-il rappelé, en précisant: « lorsque j’étais enfant, le quinoa était traité de la même manière que l’on traitait un Indien ».  Aujourd’hui, le quinoa est extrêmement apprécié par le « gringo », a-t-il fait remarquer.  Le quinoa menace ces « empires de la consommation », a-t-il dit, en faisant remarquer qu’ils s’étaient opposés à sa culture et avaient demandé à des gouvernements, dont celui des États-Unis, de faire obstacle à l’initiative de la Bolivie de lancer l’Année internationale. 


« C’est grâce à l’obstination de certains gouvernements que la célébration de l’Année internationale est aujourd’hui possible », s’est-il réjoui, tout en déplorant le fait que ces entreprises multinationales cherchaient à présent à faire échouer les efforts déployés dans ce cadre en arguant que la promotion du quinoa allait provoquer une hausse des prix et ne serait plus accessible aux peuples qui le produisent.  Face à ces critiques, le Président bolivien a tenu à faire remarquer que la Bolivie avait connu, l’an dernier, une augmentation de 10% de sa production et qu’en quatre ans, la consommation du quinoa était passée de 4 000 à 12 000 tonnes, tandis que la consommation par habitant avait connu une hausse de 360 grammes à 1 kilogramme. 


Avant de conclure, le Président de la Bolivie a estimé qu’en 2050, une large part de la population mondiale sera confrontée à une insuffisance chronique en eau.  C’est pourquoi, il a plaidé pour la mise en œuvre de politiques de coopération et non de stratégies de compétitivité ou de concurrence qui causent l’injustice et la pauvreté et ne peuvent pas garantir la survie et le bien-être de l’humanité.


M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général du Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que tout être humain avait droit à une alimentation équilibrée, tout en faisant observer qu’aujourd’hui, 870 millions de personnes souffraient de la faim.  « Nous ne pouvons rester les bras croisés, nous devons lutter contre cette réalité car nous avons les moyens de le faire », a-t-il insisté.  Pour cela, il faudrait une mobilisation de tous, a-t-il dit.  Ce combat contre la faim n’est pas l’affaire d’un seul gouvernement, mais de tous, a-t-il rappelé.  À ce jour, 50 pays ont déjà atteint l’OMD relatif à la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim, s’est félicité le Directeur général de la FAO.  Il a par ailleurs précisé que le quinoa était une céréale de grande qualité qui contient tous les aminoacides et vitamines essentiels pour la vie de chacun, mais c’est aussi une plante qui s’adapte à des conditions écologiques diverses.  Il a cité des pays, situés dans différentes régions climatiques du monde, qui produisent cette céréale.  L’Année internationale du quinoa pourra contribuer à valoriser et renforcer la culture du quinoa, en vue de parvenir à la réalisation de l’initiative « Défi Faim zéro », comme le souhaite le Secrétaire général de l’ONU.


M. RAFAEL RONCAGLIOLO ORBEGOSO,Ministre des relations extérieures du Pérou, a expliqué que les éléments nutritifs du quinoa avaient permis à ses ancêtres de résister aux conditions « extrêmement difficiles » de la conquête de leurs terres.  Il a rappelé que son utilisation avait été longtemps interdite et a noté qu’à présent, cette céréale était cultivée de la Colombie à l’Argentine.  Il a considéré que ce lancement, aujourd’hui, constituait la revendication de ce « grain en or » qu’est le quinoa, ainsi qu’une reconnaissance faite aux peuples andins, et plus particulièrement aux femmes andines, qui ont préservé cette céréale « en dépit des interdictions dictées par la peur et l’ignorance ». 


Le Ministre a ensuite considéré que le quinoa était un élément du rôle crucial que l’Amérique du Sud joue aujourd’hui sur le plan international.  Le Pérou, qui assure 40% de la production mondiale de quinoa, est le deuxième producteur de cette céréale dans le monde.  Il a détaillé plusieurs initiatives qui seront lancées au Pérou dans le cadre de cette Année internationale.  Cent trente mille petits producteurs d’Amérique du Sud vont bénéficier directement de ces différentes initiatives, a-t-il dit.


Mme VALLEJO, Vice-Ministre de l’agriculture et du développement rural de l’Équateur, s’est dite agréablement surprise de voir que le monde puisse s’intéresser aujourd’hui à une céréale comme le quinoa.  Elle a rappelé que dans la période coloniale, les planteurs locaux des pays andins avaient caché et protégé le quinoa qui était méprisé par les conquérants espagnols.  Pour lutter contre la faim, elle a estimé qu’il faudrait augmenter les revenus des petits paysans et, grâce aux recherches, renforcer la productivité des petits exploitants agricoles, tout en développant certaines méthodes ancestrales comme c’est le cas avec la culture du quinoa.  Elle a également prôné la consommation d’aliments sains.  L’Équateur, a annoncé la Ministre, va accueillir le quatrième Congrès mondial du quinoa, à la fin de cette année.


M. PETER THOMSON(Fidji), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé les qualités nutritives en aminoacides et en vitamines du quinoa.  Il a ensuite considéré que le lancement de cette Année internationale constituait une première étape d’un processus qui va permettre d’attirer l’attention sur le rôle essentiel du quinoa, en particulier dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Le représentant a ensuite estimé que toutes les initiatives qui seront prises dans le cadre de l’Année internationale du quinoa, contribueront à la mise en œuvre des projets en faveur du développement durable.  Il a aussi plaidé pour un renforcement des efforts nationaux, régionaux et internationaux en vue de faire face aux défis liés à la sécurité alimentaire.  Le représentant a notamment invité à établir des partenariats durables dans ce domaine, en particulier entre le secteur public et le secteur privé, ainsi qu’à des investissements ciblés afin de renforcer la production alimentaire dans le monde. 


M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que les peuples autochtones d’Amérique latine avaient protégé le quinoa, plante traditionnelle, et se réjouissent aujourd’hui de pouvoir l’offrir au reste de l’humanité pour aider à lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde.  Il a regretté que les politiques de certains pays développés les poussent à utiliser les céréales pour produire les biocarburants.  Il a indiqué qu’il n’y aura pas de solution durable contre la faim dans le monde tant que les multinationales contrôleront toutes les chaînes de production et distribution des aliments dans le monde.  Il a souhaité que la communauté internationale puisse appuyer cette initiative de l’Année internationale du quinoa et a souhaité plein succès aux célébrations organisées à travers le monde.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI(Brésil) s’est dite consciente des progrès que la communauté internationale devrait encore réaliser en matière de sécurité alimentaire, y compris en ce qui concerne les règles du commerce international des produits alimentaires, a-t-elle dit.  La représentante a rappelé que l’alimentation était un droit pour tous et a insisté sur le rôle central que jouent la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) sur ces questions au sein du système des Nations Unies.  Elle a ensuite considéré que l’Année internationale du quinoa pouvait être une année pour prendre conscience du fait qu’une plante peut répondre au droit à l’alimentation et à la sécurité alimentaire pour tous.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a rappelé que le quinoa était une céréale très riche dont la culture pouvait s’adapter à différentes conditions climatiques, y compris en haute altitude et dans des zones arides.   Elle a regretté que la découverte du quinoa par les populations autochtones des pays andins, il y a plus de 7 000 ans, ait souffert de la méprise des colons et conquérants espagnols qui ont voulu mettre fin à cette culture, qu’ils considéraient comme étant réservée aux animaux.  Elle a ensuite salué la persévérance des peuples andins qui ont continué à cultiver le quinoa, que les colons avaient qualifié de « repas des pauvres ».  La représentante a fait remarquer que le quinoa faisait partie de l’identité des peuples andins et a précisé que le quinoa ne faisait pas concurrence avec le maïs ou le blé ou autres céréales.  Elle a expliqué que le combat des populations pauvres serait plutôt de lutter contre un système international inique, qui privilégie la recherche du gain au détriment du bien-être des hommes.  Citant un poème, elle a dit, avant de conclure qu’il faudrait que « le temps passe, tout en retenant, au cours de son évolution, les traditions ancestrales », comme c’est le cas pour le quinoa. 


M. HARDEEP SINGH PURI(Inde) a rappelé que sa délégation avait apporté son plein appui au lancement de l’Année internationale du quinoa, visant à faire de ce « grain d’or » l’un des éléments clefs pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde.  Il a souligné qu’il existait de très nombreuses variétés de quinoa et que sa production avait été expérimentée avec succès dans la région de l’Himalaya et dans le nord de l’Inde.  « Le quinoa peut contribuer aux efforts visant à assurer la sécurité alimentaire et en faveur d’un développement durable », a-t-il dit.  Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé le soutien de son pays aux initiatives concernant cette céréale, prises par la FAO dans le cadre de l’Année internationale.  Avant de conclure, il a souligné que l’Inde visait à mettre en œuvre un plan national centré sur la fourniture de céréales aux plus démunis, en particulier aux femmes et aux enfants.  L’Inde cherche également, dans le respect de sa biodiversité, d’autres options destinées à assurer la sécurité alimentaire de sa population, a-t-il ajouté.  Son pays, a-t-il assuré, appuie pleinement les efforts internationaux qui seront déployés tout au long de 2013 sur ces questions.


Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) a déclaré que l’Australie appuyait avec fierté la recherche en matière agricole en vue de promouvoir la sécurité alimentaire dans le monde.  Elle s’est félicitée de la mise en place d’un centre de recherche agricole au Kenya, dans le cadre de la coopération bilatérale.  Elle a reconnu que « nous avons beaucoup à apprendre des populations autochtones dans le monde », et elle a salué la préservation du quinoa par les communautés autochtones des pays andins.  Nourrir la population du monde qui devrait atteindre neuf milliards d’ici à 2050 va demander une augmentation significative de la production agricole, a fait remarquer la représentante.  Pour ce faire, a-t-elle noté, nous devons travailler ensemble et agir immédiatement.  À cet égard, a-t-elle dit, l’Année internationale du quinoa est une initiative importante dans ce sens.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ(Chili) s’est réjoui de la place que les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble accordent aux thèmes de la malnutrition et de la sécurité alimentaire.  Il s’est notamment félicité de la tenue, la semaine dernière, d’une réunion conjointe du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale sur ces questions.  « Tout le monde connaît les chiffres », a-t-il souligné, en rappelant qu’à ce jour, 870 millions de personnes souffrent de malnutrition chronique.  « C’est la raison pour laquelle le Chili est disposé à soutenir les efforts destinés à ce que l’Année internationale du quinoa puisse être un catalyseur pour une vie meilleure, une vie plus saine et une meilleure alimentation pour les populations », a-t-il indiqué.


Le représentant s’est dit convaincu que l’un des moyens efficaces de parvenir à une sécurité alimentaire est de lutter contre la pauvreté en créant des opportunités d’emploi et de revenus à travers des politiques sociales.  Il a en outre souligné que le commerce international doit jouer un rôle essentiel pour réaliser cet objectif en garantissant à la fois l’accès physique et l’accès économique aux aliments indispensables.  Le délégué du Chili a plaidé pour qu’il soit mis fin à l’impasse qui paralyse les négociations de Doha, ainsi qu’aux mesures protectionnistes en matière agricole.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) s’est félicité du rôle et de la place majeure qu’occupe « l’alimentation naturelle » dans l’optique d’assurer la sécurité alimentaire dans le monde.  Il a noté que la production et la consommation du quinoa s’inscrivent dans cette dynamique qui œuvre pour une alimentation de haute qualité.  La production et la consommation de qualité permettent de renforcer les traditions culinaires, a-t-il soutenu.  Le représentant de l’Italie a salué ensuite l’initiative de la Bolivie qui a donné lieu à la proclamation de l’Année internationale du quinoa.  Il a rappelé que l’Italie, pays hôte de la FAO, accueillait ainsi de nombreuses discussions sur la sécurité alimentaire dans le monde.  Il a également annoncé la tenue, en 2015 à Milan, de l’exposition alimentaire mondiale dénommée « Expo Milan ».  « Nous sommes convaincus que l’Année internationale du quinoa en 2013 et d’autres initiatives comme « Défi Faim zéro » peuvent permettre de préparer l’exposition de Milan, a souligné le représentant.  Avant de conclure, il a souhaité plein succès à l’Année internationale du quinoa.


Mme STEPHANIE LEE (Nouvelle-Zélande) a rappelé qu’il était impératif de trouver des options viables en faveur de la sécurité alimentaire et du développement agricole durable.  « Il arrive que la voie à suivre pour trouver des solutions aux défis futurs réside dans des méthodes traditionnelles et ancestrales », a-t-elle estimé, en rendant hommage au rôle que jouent les peuples autochtones des Andes dans la production d’aliments novateurs.  Elle a ensuite estimé que davantage d’efforts devraient être entrepris par la communauté internationale pour parvenir à réaliser avec succès la lutte contre la faim et la malnutrition.  Elle a notamment plaidé pour l’établissement de règles plus justes pour le commerce des produits agricoles, ainsi que pour une amélioration de l’accès des agriculteurs des pays en développement à des crédits, à des techniques adaptées et à l’information.


Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a estimé que la promotion du quinoa, à travers la célébration de l’Année internationale consacrée à cette céréale, permettrait de comprendre qu’en recourant aux méthodes traditionnelles comme celles des populations autochtones des Andes, on pourrait lutter plus efficacement contre la faim dans le monde.  Elle a salué le fait que la culture du quinoa respectait la protection de l’environnement, notamment par la capacité qu’a cette plante à préserver les sols.  Elle a souligné que pour lutter contre la faim dans le monde, il faudrait adopter un éventail de mesures telles que l’implication du secteur privé dans le financement agricole, notamment les petites et moyennes entreprises.  La représentant a en outre préconisé de prendre des mesures, telles que l’octroi de microcrédits, notamment en faveur des petits agriculteurs et des femmes.  Le Nicaragua a engagé des réformes de son agriculture qui lui ont valu les félicitations de la FAO, a-t-elle assuré avant de conclure.


M. EDUARDO JOSE ATIENZA DE VEGA (Philippines) a souligné combien la promotion du quinoa à l’occasion de la célébration de l’Année internationale consacrée à cette céréale était l’occasion de promouvoir les trois piliers du développement durable, à savoir le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement.  En dépit des obstacles dressés contre le lancement de cette Année internationale, le représentant des Philippines a émis l’espoir que son lancement aujourd’hui ouvrira la voie à des mesures positives.  Il a également dit attendre avec impatience la célébration, avec les autres États Membres, du lancement de l’Année internationale de l’exploitation familiale, dont les Philippines avaient pris l’initiative, qui aura lieu en 2014. 


M. XOLELA NOFUKUKA (Afrique du Sud) a estimé que, de toute évidence, la plupart des pays en développement ne pourront pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment ceux relatifs à la lutte contre la pauvreté et la faim.  Il a souhaité que les pays en développement bénéficient d’une assistance financière et technique afin de leur permettre de garantir la sécurité alimentaire à leurs populations.  Le représentant a félicité les institutions des Nations Unies et le secteur privé qui sont engagés pour lutter contre la faim.  Il a ensuite interpellé la communauté internationale à s’acquitter de sa responsabilité collective pour faire que chaque individu puisse exercer pleinement son droit à une alimentation saine et adéquate. 


« Nous ne pourrons gagner la bataille contre l’extrême pauvreté et la faim sans lutter, au préalable, contre les causes profondes de ces fléaux », a rappelé M. Nofukuka.  Pour lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde, il faudrait créer des emplois décents, notamment en faveur des jeunes et des femmes, a-t-il estimé.  Le représentant a également insisté sur la nécessité d’assurer les services de base comme l’accès à l’éducation, à la science et aux technologies ainsi qu’aux soins de santé pour réduire la pauvreté dans le monde.  Le représentant a ensuite fait observer que les changements climatiques avaient un impact majeur sur l’agriculture.  C’est pourquoi, il a souhaité que la communauté internationale puisse assister les petits États insulaires en développement qui, a-t-il rappelé, sont les plus vulnérables à ce phénomène.  Il a par ailleurs invité les Nations Unies, en coordination avec les principales organisations régionales, à œuvrer pour la promotion de la culture du quinoa dans toutes les régions du monde, dans la perspective de partager les meilleures pratiques.


M. JULIO RAFAEL ESCALONA OJEDA (Venezuela) a estimé qu’avec la célébration, aujourd’hui, de l’Année internationale du quinoa, la communauté internationale s’acquittait d’une dette à l’égard des peuples autochtones.  « Aujourd’hui, nous célébrons une culture mais également la coexistence entre une culture et les biens qui sont les fruits de la nature », a-t-il souligné.  Le représentant a mis l’accent sur les marchés locaux en Amérique latine, « qui ne sont pas régis par les lois des marchés internationaux ».  « Le quinoa n’a besoin que de l’autorisation de la nature.  Il peut rompre avec la géopolitique des aliments tracée par Henry Kissinger qui disait qu’en contrôlant le pétrole, on contrôle les nations », a-t-il ajouté.  « C’est cette géopolitique qui est appliquée par les producteurs de produits transgéniques.  Il a dénoncé le fait que pour dominer, il faut contrôler ce qui est consommé.  Le représentant a ensuite regretté que les marchés soient devenus les principales causes de la faim et de la malnutrition.  Dans ce contexte, il a souligné que le quinoa offrait « une perspective de libération et de liberté » car, a-t-il fait remarquer, « il s’agit de traditions qui remontent à 7 000 ans et qui pourraient assurer la sécurité alimentaire des populations et la stabilité des pays.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.