ENV/DEV/1377

Vingt ans après sa création, la Commission du développement durable tient sa dernière session

20/09/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1377
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Commission du développement durable                        

Vingtième session                                          

2e séance – matin


VINGT ANS APRÈS SA CRÉATION, LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE TIENT SA DERNIÈRE SESSION


Le Forum politique de haut niveau qui

lui succède se réunira pour la première fois le 24 septembre


La Commission du développement durable (CDD) a tenu, aujourd’hui, sa vingtième et dernière session.


Créée par l’Assemblée générale en décembre 1992 pour assurer un suivi efficace du Sommet de la Terre, la CDD était notamment chargée depuis 20 ans d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement.


Ses sessions de fond étaient ouvertes à une large participation d’acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, ce que n’a pas manqué de saluer le Président de la Commission.  « En ouvrant ses portes et ses forums aux grands groupes et aux ONG, la CDD a signifié aux gouvernements qu’ils ne pouvaient plus agir seuls pour régler les problèmes du monde », a ainsi déclaré M. Bektas Mukhamedzhanov, qui est aussi le Vice-Ministre de la protection de l’environnement du Kazakhstan.  M. Mukhamedzhanov a également souligné le rôle joué par la Commission dans l’examen des progrès réalisés dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Rendant ensuite hommage aux travaux de la Commission du développement durable, le Président de la onzième session (CDD-11).  M. Valli Moosa, a évoqué le lobbying exercé par les membres et partenaires de la Commission pour responsabiliser écologiquement les entreprises du secteur privé.  « Aujourd’hui, les entreprises doivent rendre compte de l’impact de leurs activités sur l’environnement, sinon leur valeur boursière baisse et leur réputation est affectée », s’est-il réjoui.


La vingtième et dernière session de la CDD s’est penchée sur le lancement du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, l’instance qui remplacera, dès la semaine prochaine, la Commission.  Établie par le Document final de la Conférence Rio+20 –« L’Avenir que nous voulons  »-, cette « plateforme » a été chargée d’impulser un « dialogue régulier » entre les États Membres et à « élaborer un programme pour le développement durable » renforçant l’intégration des trois dimensions -économique, sociale et environnementale- du développement durable, et ce, « de manière holistique et intersectorielle ».


Compte tenu de son « caractère universel et intergouvernemental », le Forum politique se réunira, tous les quatre ans, sous les auspices de l’Assemblée générale et tous les ans sous celles du Conseil économique et social (ECOSOC).  Les réunions seront consacrées à un thème représentatif de l’intégration des trois dimensions du développement durable, conformément au programme de développement pour l’après-2015.  Elles donneront lieu à l’adoption d’une déclaration ministérielle négociée qui figurera dans le rapport de l’ECOSOC à l’Assemblée générale. 


La Commission a élu, en début de séance, les membres de son Bureau.  En fin de séance, elle a adopté le rapport de la Commission sur les travaux de sa vingtième session. (E/CN.17/2013/L.1)


OUVERTURE DE LA SÉANCE


Déclarations liminaires


M. BEKTAS MUKHAMEDZHANOV, Vice-Ministre de la protection de l’environnement du Kazakhstan et Président de la vingtième session de la Commission du développement durable (CDD), a déclaré que « cette session finale conclut une aventure de deux décennies au cours de laquelle la CDD a contribué à établir un ordre du jour planétaire à l’échelle du 21è siècle ».  « Pendant 20 ans, la Commission s’est efforcée de remplir son mandat en analysant et évaluant les rapports de toutes les entités pertinentes du système des Nations Unies, tout en tenant compte des avis émis par les neuf grands groupes de la société civile », a-t-il rappelé.  Le Président de la CDD a également souligné le rôle tenu par la Commission dans l’examen des progrès réalisés dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « En ouvrant ses portes et ses forums aux ONG, la CDD a par ailleurs signifié aux gouvernements qu’ils ne pouvaient plus agir seuls pour régler les problèmes du monde », a-t-il encore noté.


Le Président de la CDD a ensuite attiré l’attention sur le forum destiné à remplacer la Commission.  « Dans le Document final de Rio+20 –‘ L’avenir que nous voulons ’-, nous avons décidé d’établir un forum politique de haut niveau, intergouvernemental et universel, qui se réunira pour la première fois, à New York, le 24 septembre prochain », a-t-il indiqué.  Pour M. Mukhamedzhanov, le Forum politique de haut niveau devra aborder de manière équilibrée les trois dimensions traditionnelles du développement durable, l’économique, le social et l’environnemental.  « Les communautés représentant ces trois dimensions devront se rapprocher dans le cadre du Forum pour y élargir la discussion à des questions connexes et urgentes, comme la mise en œuvre de l’économie verte et l’éradication de la pauvreté », a-t-il demandé.


De son côté, le Directeur de cabinet adjoint par intérim du Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, M. Noel Sinclair, qui s’exprimait au nom de ce dernier, a rendu hommage à « un organe de l’ONU qui avait été crée pour donner suite aux engagements pris lors du Sommet de la Terre ».  « Le principal acquis de la CDD a été l’élaboration du programme de développement durable, dont elle a, sans relâche, contrôlé deux décennies durant, la mise en œuvre ».  « Donner aux petits États insulaires en développement une voix qu’on a pu entendre dans cette enceinte, créer un modèle de participation citoyen qui a été repris dans d’autres enceintes internationales, sont d’autres acquis que nous commémorons et saluons aujourd’hui », a-t-il poursuivi.  M. Sinclair a formé le souhait que le Forum politique de haut niveau, appelé à remplacer la Commission, saura s’adapter aux nouveaux défis en matière de développement durable.  « Il faudra adapter nos conclusions au nouveau dispositif en train d’être mis en place pour éviter les dysfonctionnements qui auront empêché la CDD d’être plus efficace.  L’objectif doit être d’intégrer de manière équilibrée les trois dimensions du développement durable dans les politiques et, plus profondément, dans les modes de vie des citoyens », a souligné M. Sinclair.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a observé que les enseignements tirés de l’expérience allaient contribuer à la réflexion sur la meilleure façon d’organiser les efforts de développement durable sur le plan international. 


Selon le Secrétaire général adjoint, la Commission du développement durable a, avant tout, été une enceinte sans pareille pour adopter une perspective de long terme.  Elle a donné une plus grande visibilité et un plus grand élan aux efforts de développement durable.  La volonté politique s’est renforcée grâce aux efforts de la CDD depuis 1992, a ajouté M. Hongbo, qui a jugé important de préserver la tradition d’innovation de celle-ci au sein du Forum de haut niveau. 


En outre, il est essentiel d’assurer la participation de toutes les parties prenantes dans les domaines économique, social et environnemental.  Le Secrétaire général adjoint a également mis l’accent sur la nécessité de concentrer l’attention sur la mobilisation de ressources financières suffisantes et d’assurer une collaboration étroite avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et d’autres entités pertinentes du système des Nations Unies.


Représentant des neuf principaux groupes de la Commission, M. Joao Felipe Scarpelini a insisté sur les ressources limitées de la planète.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de créer un espace où la voix de la société civile puisse faire partie intégrante du processus de développement durable. 


La participation des grands groupes a enrichi le débat intergouvernemental au sein de la Commission du développement durable, a rappelé M. Scarpelini.  Il a ainsi souligné l’importance de veiller à ce que les bonnes pratiques du passé soient respectées.


Dialogue de haut niveau sur les enseignements tirés des travaux de la Commission du développement durable et orientations futures


M. VALLI MOOSA, Président de la onzième session de la Commission du développement durable (CDD-11), a souligné le rôle de la Commission pour ce qui est de la responsabilisation des entreprises du secteur privé.  « Aujourd’hui, les entreprises doivent rendre compte de l’impact de leurs activités sur l’environnement, -au moins pour les plus puissantes d’entre elles- sinon, leur valeur boursière baisse et leur réputation est affectée.  C’est bien grâce au lobbying exercé par les membres et partenaires de la CDD que le secteur privé est devenu écologiquement responsable », a-t-il dit.


M. BEDŘICH MOLDAN, Président de la neuvième session de la Commission du développement durable (CDD-9), a rappelé qu’il fut l’un des pères fondateurs de la CDD à Rio en 1992.  Il a ensuite déclaré que la principale tâche du Forum politique de haut niveau serait d’assurer « à son tour » le suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements internationaux.  « Pour cela, nous devons réfléchir davantage aux moyens à utiliser pour mesurer et évaluer précisément les progrès accomplis en matière de développement durable, en proposant de nouveaux indicateurs, des outils de mesure et des méthodes efficaces aux politiques à cette fin. »


M. ACHIM STEINER, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif du PNUE, a considéré que la clôture de la Commission du développement durable ne signifiait pas « la fin de la discussion sur le développement durable ».  « Il s’agit au contraire d’une étape d’un processus évolutif, la Commission du développement durable étant remplacée par le Forum politique de haut niveau », a-t-il ajouté.  « L’ambition née en 1992 dure, elle se transforme et s’incarne dans de nouveaux instruments où les États Membres travaillent dans un esprit de compromis et de progrès », s’est-il exclamé, avant de faire remarquer que si les résultats de la CDD n’avaient pas été « transcendants », cela résultait du fait que « nous en sommes encore au stade de la compréhension du développement durable ».  Il a appelé à développer une nouvelle approche pour penser le développement durable « afin que sa réalisation soit intersectorielle ».


M. NIKHIL SETH, Directeur de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales, a rappelé que la Conférence de Rio+20 avait été marquée par une participation extrêmement élevée de la société civile.  La présence de grands groupes et d’autres parties prenantes, a-t-il dit, est un signe de leur engagement, chacun étant déterminé à ce que cela se poursuive à l’avenir.  Il a dit espérer que le Forum politique de haut niveau soit une plateforme vivante et solide qui engendre des résultats tangibles.


M. Seth a mis l’accent sur la nécessité, notamment, de favoriser les partenariats entre diverses parties prenantes et de renforcer le rôle des grands groupes.  Il convient, en outre, de mettre au point des politiques et des instruments qui se fondent sur les meilleures données scientifiques possibles, et de les injecter dans les travaux du Forum de haut niveau.


M. BRAULIO DIAS, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, a estimé, pour sa part, que le soutien de l’Assemblée générale avait été primordial pour faire avancer le programme de développement durable.  Si le Forum politique de haut niveau doit s’appuyer sur les résultats positifs de la Commission, il devra également, a-t-il précisé, traiter des questions que celle-ci n’a pu traiter, comme la biodiversité.  M. Dias a souligné que les liens entre le développement durable et la biodiversité sont essentiels.


Mme BARBARA ADAMS, Conseillère principale au Global Policy Forum, a constaté qu’une partie des domaines d’intervention de la Commission avait été abandonnée au profit de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  À la Conférence Rio+20, l’engagement en faveur du développement durable a pu être réaffirmé, s’est-elle toutefois félicitée, tout en estimant qu’il restait encore beaucoup à faire dans le domaine des partenariats.


Au cours de la discussion qui a suivi les déclarations liminaires, les délégations ont rendu hommage au seul organe des Nations Unies chargé d’encadrer, de manière intégrée, la mise en œuvre du développement durable.


Le représentant de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré qu’en établissant le Forum politique de haut niveau, la communauté internationale avait réaffirmé le caractère prioritaire des questions de développement.  « Le Forum doit poursuivre les fonctions assumées par la Commission du développement durable, mais à un plus haut niveau de responsabilité politique, afin de renforcer les résultats dans ce domaine essentiel », a-t-il dit.  Le représentant de Fidji a également souhaité que les acteurs tirent les enseignements de 20 ans de travaux de la CDD: « Garder le programme pour le développement au cœur des préoccupations des États Membres exige d’en traiter les différentes dimensions de manière plus cohérente », a-t-il préconisé.


L’Union européenne, pour sa part, notant que la CDD n’avait pas suffisamment réussi à appréhender les trois piliers du développement durable de manière intégrée, a souhaité que les discussions qui se tiendront dans le cadre du Forum politique de haut niveau intègrent plus avant les dimensions environnementale, sociale et politique du développement.


« Le Forum devra continuer à encourager la participation d’acteurs venus d’horions différents », a déclaré la représentante de la Norvège, qui a insisté sur l’importance d’entendre la voix des femmes sur les questions de l’environnement.  Elle a estimé que le Forum politique de haut niveau ne sera efficace que s’il parvient à faire avancer le développement durable de manière intégrée et intersectorielle.


Pour le représentant de la République islamique d’Iran, « sans la CDD, le développement durable ne serait jamais parvenu au niveau de maturité que nous connaissons ».  Il a néanmoins déploré que la Commission ait perdu son efficacité au fil des ans, échouant en partie à intégrer dans ses travaux et réflexions les trois dimensions du développement durable.  « En se basant sur les leçons apprises et les forces et les faiblesses qui étaient celles de la CDD et en intégrant tous les principes pertinents consacrés à Rio, le Forum politique de haut niveau devra corriger ces lacunes », a souligné le représentant iranien.


Le développement durable est un processus difficile, mais urgent, a estimé le délégué de l’Italie, qui a soutenu que la Commission du développement durable avait donné aux Nations Unies une « maison du développement durable ».  Un forum crédible, ouvert et fort est essentiel, a-t-il dit, en soulignant la nécessité d’ouvrir cette nouvelle « maison » à toutes les parties prenantes.


Ses homologues du Japon et de la Malaisie ont également rappelé le rôle important rempli par la Commission.  La déléguée de la Suisse a, quant à elle, souligné l’importance pour le Forum de devenir le cadre institutionnel d’une meilleure intégration des trois dimensions du développement durable.  Le succès du nouveau Forum dépendra, a-t-elle estimé, d’un mécanisme solide de suivi lié au cadre de développement pour l’après-2015.


La représentante du Groupe des femmes a plaidé en faveur d’une justice économique pour les femmes, où celles-ci ne seraient plus mises de côté par les multinationales.


Le Groupe des organisations non gouvernementales (ONG) a fait observer que la Commission du développement durable avait produit des analyses très réfléchies et des accords sur la façon dont le développement durable devait être assuré.  « Sans la CDD, nous n’aurions pu arriver au stade de maturité où nous nous trouvons aujourd’hui », a-t-il dit.


La représentante du Groupe des affaires et de l’industrie a affirmé notamment que le Forum politique de haut niveau devrait contribuer à intensifier la coopération mondiale et la collaboration entre les grands groupes, dont les entreprises.


La représentante du Groupe des enfants et jeunes a encouragé les États Membres à avoir une meilleure interaction avec les grands groupes, en particulier celui des jeunes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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