Darfour: le Représentant spécial conjoint constate des progrès politiques notables mais encore fragiles
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Conseil de sécurité
6813e séance – après-midi
DARFOUR: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL CONJOINT CONSTATE
DES PROGRÈS POLITIQUES NOTABLES MAIS ENCORE FRAGILES
Le Représentant spécial conjoint et Médiateur en chef conjoint par intérim au Darfour, M. Ibrahim Gambari, a fait état, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, de progrès politiques notables en faveur d’une paix durable dans la région, mais qui « demeurent fragiles et peuvent être inversés facilement ».
« Le peuple du Darfour a trop longtemps et trop profondément souffert pour que nous puissions nous permettre un retour en arrière », a déclaré M. Gambari, qui présentait le rapport du Secrétaire généralsur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)*. « Nous devons rester déterminés et engagés à progresser sur la voie de la paix et de la réconciliation au Darfour », a-t-il ajouté.
Dans son rapport, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, recommande notamment au Conseil de sécurité d’envisager de proroger d’un an le mandat de la MINUAD, lequel expire à la fin de ce mois.
« Les défis qu’affronte aujourd’hui le Darfour sont nombreux », a souligné M. Gambari, qui a toutefois constaté que « grâce à la détermination et à l’engagement en faveur d’une paix durable prônée par le personnel de la MINUAD et le peuple du Darfour, des progrès considérables ont été faits ».
Sur le plan politique, a-t-il dit, le Document de Doha et le Cadre régissant la facilitation du processus de paix au Darfour par l’Union africaine et l’ONU sont « essentiels pour conduire le Gouvernement soudanais et l’engagement international au Darfour vers un règlement global et inclusif du conflit ».
Avec l’établissement de l’Autorité régionale pour le Darfour, l’organe créé en vertu du Document de Doha pour mettre en œuvre les dispositions conjointement avec le Gouvernement central, l’on dispose désormais, selon le Représentant spécial, d’un « partenaire nouveau et direct avec lequel on peut avancer vers nos objectifs communs de paix durable » dans la région.
Dans son exposé, le Représentant spécial conjoint a affirmé que si les parties signataires du Document de Doha pour la paix, le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice, avaient réalisé des « progrès notables sur la voie de sa mise en œuvre », ceux-ci avaient porté principalement sur la création des institutions prévues dans l’accord et sur les nominations politiques connexes.
Il a rappelé que l’Autorité régionale pour le Darfour avait, avec le soutien de la MINUAD et d’autres partenaires internationaux, initié la Mission d’évaluation conjointe au Darfour prévue dans le Document de Doha.
La Mission d’évaluation, dont le but, a-t-il expliqué, est de déterminer et d’évaluer les besoins auxquels il faut répondre pour parvenir à la reprise économique, au développement et à l’élimination de la pauvreté au Darfour, devrait être terminée d’ici à la fin 2012 et ses conclusions serviront de point d’appui aux activités de mobilisation des ressources auprès des bailleurs de fonds.
L’annonce, le 18 juin dernier par le Président Omar Al-Bashir, de l’adoption d’une série de mesures d’austérité, signifie que les parties signataires du Document de Doha auront besoin de l’appui de la communauté internationale pour assurer la mise en œuvre efficace et rapide de ses principales dispositions, a-t-il souligné.
M. Gambari a également déclaré qu’en tant que Médiateur en chef conjoint par intérim, il avait continué de travailler en collaboration avec le Vice-Premier Ministre du Qatar, M. Ahmed bin Abdullah Al Mahmoud, en vue d’une reprise des négociations entre le Gouvernement du Soudan et les mouvements armés non signataires.
Il a précisé que tous deux estimaient que l’environnement était favorable à une relance du processus de médiation par le biais de consultations préliminaires avec tous les mouvements d’opposition intéressés.
De son côté, la MINUAD a continué d’aider les parties dans leurs efforts visant à diffuser le Document de Doha en collaboration avec les organisations de la société civile. Le 5 juillet, a-t-il précisé, le dernier atelier de diffusion s’est tenu à l’Université d’Al-Fasher, portant à 140 le nombre total de ces ateliers et à plus de 25 000 le nombre de leurs participants dans les cinq États du Darfour, dont plus de 30% de femmes.
M. Gambari a en outre fait part de sa participation à la Conférence préparatoire de toutes les parties prenantes du 10 au 12 juillet à Al-Fasher pour solliciter l’appui de la population à la mise en œuvre de l’accord et élaborer un plan pour le processus interne de consultation et de dialogue au Darfour, et au cours de laquelle plus de 110 personnes ont pu exprimer leurs vues.
Le Représentant spécial, qui s’est aussi attaché à énumérer les différents affrontements qui ont eu lieu sur le terrain, a, enfin, mis l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour restaurer les services de base en faveur d’autres communautés et faciliter un relèvement et une reconstruction rapide du Darfour.
De son côté, le représentant du Soudan, M. Daffa-Alla Elhag Ali Osman, a rappelé, comme il est indiqué dans le rapport du Secrétaire général, que son gouvernement avait accordé 25 millions de dollars à l’Autorité régionale du Darfour.
Il a estimé que le projet de résolution sur la prorogation du mandat de la MINUAD ne reflétait pas suffisamment les progrès réalisés par le Gouvernement soudanais et comportait même, selon lui, des signaux négatifs concernant les retards pris dans la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour.
La délégation soudanaise s’attendait également, a-t-il ajouté, à ce que le texte comportât un langage plus sévère et plus contraignant adressé aux mouvements rebelles qui refusent la paix au Darfour. « L’absence d’une condamnation claire de ces mouvements, qui déclarent ouvertement que leur objectif est la chute du Gouvernement, est un encouragement à cette tendance grave », a-t-il estimé.
Le représentant a par ailleurs affirmé que l’augmentation du nombre de patrouilles quotidiennes effectuées par la MINUAD, et qui est passé de 90 à 160, était la preuve de la liberté de mouvement accordée à la Mission.
Il a également condamné le fait que le projet de résolution fasse référence à l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), « armée de rébellion à l’intérieur de l’Ouganda, pays avec lequel le Darfour n’a aucune frontière ». « Si nous voulons la paix et la sécurité au Darfour, il faut écarter cette question de celle du Darfour », a-t-il dit. « Si le projet de résolution persiste à l’inclure, cela ne fera que compliquer les relations entre le Gouvernement du Soudan et la MINUAD », a prévenu le représentant.
Il a par ailleurs appelé à une condamnation sans équivoque du Front révolutionnaire soudanais pour son appel au renversement du Gouvernement soudanais.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2012/548)
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, souligne, dans ce rapport, les progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), fait le point de la situation sur place au cours des trois derniers mois et dresse une évaluation des conditions qui faciliteraient un processus politique interne au Darfour.
Le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité d’envisager de proroger d’un an le mandat de la MINUAD et d’envisager de réduire 19 555 à 16 200 la composante militaire, de 3 772 agents à 2 312 la composante police, et de 19 à 17 les unités de police constituées.
Le Secrétaire général constate que les parties signataires du Document de Doha pour la paix, à savoir le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice, ont progressé sur la voie de la mise en œuvre des dispositions du Document, notamment le transfert initial de ressources du Gouvernement central à l’Autorité régionale pour le Darfour.
M. Ban explique qu’une année s’est écoulée depuis la signature de l’accord et le moment où le Gouvernement soudanais s’est engagé à fournir la majeure partie du financement nécessaire à sa mise en œuvre. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé.
Les hostilités récentes entre le Soudan et le Soudan du Sud, et les problèmes économiques du Soudan, qu’a soulignés le Président Al-Bashirdans son allocution à l’Assemblée nationale le 18 juin, semblent être devenus la principale préoccupation du Gouvernement.
Les mouvements non signataires ont été enhardis par la situation et les actions militaires sporadiques au Darfour impliquant ces forces et celles du Gouvernement se sont multipliées, en même temps que les déplacements et les pertes civiles, explique-t-il.
Dans l’immédiat, il semble moins certain que l’attention et le soutien nécessaires du Gouvernement soudanais se porteront sur les éléments essentiels que sont le relèvement, la reconstruction et le développement du Darfour, et les espoirs de paix durable de la population du Darfour risquent de rester à l’état d’aspirations.
Le Secrétaire général juge par conséquent plus urgent que jamais que les Gouvernements soudanais et sud-soudanais renforcent leur action et résolvent leurs différends, grâce au dialogue. Il s’agit là, selon lui, d’une étape capitale qui devrait permettre aux deux Gouvernements d’axer leurs efforts et leurs ressources sur les besoins urgents et considérables de leur population respective, notamment au Darfour, et de contribuer à la stabilité régionale.
Dans l’intervalle, l’Autorité régionale pour le Darfour attend avec impatience que commence le processus de dialogue interne au Darfour sur une paix inclusive.
Il demeure important, en particulier en l’absence de règlement inclusif du conflit, que la MINUAD continue de contribuer à la protection des civils, facilite la fourniture de l’aide aux populations vulnérables et aide les parties signataires à parvenir à un règlement global du conflit.
Depuis le déploiement de la Mission il y a quatre ans, la situation en matière de sécurité au Darfour s’est améliorée, affirme le Secrétaire général. Malgré les nombreuses difficultés qui demeurent, la MINUAD a fait –et continue de faire– des contributions à cet égard.
S’agissant de la sécurité du personnel de la MINUAD et du personnel humanitaire, il condamne fermement les auteurs de l’attaque dirigée contre une patrouille de la MINUAD qui a coûté la vie à un agent d’une unité de police constituée. Les enlèvements et les braquages de véhicules dont le personnel de la MINUAD et le personnel humanitaire font l’objet restent très préoccupants. Il invite instamment le Gouvernement à arrêter au plus vite les auteurs de ces actes et à les traduire en justice.
Sont également préoccupantes, les nombreuses restrictions opérationnelles que le Gouvernement a imposées à la MINUAD pendant la période considérée, dont les retards dans la délivrance de visas, les restrictions aux déplacements par transports terrestres et aériens et la décision d’expulser l’unique fournisseur de rations engagé par la Mission.
Le Secrétaire général invite le Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour que la Mission puisse œuvrer librement dans tout le Darfour, conformément aux dispositions de l’accord sur le statut des forces.
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