Le Conseil de sécurité examine le « concept stratégique pour les futures opérations de la Mission de l’Union africaine en Somalie »
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Conseil de sécurité
6701e séance – après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LE « CONCEPT STRATÉGIQUE POUR LES FUTURES OPÉRATIONS DE LA MISSION
DE L’UNION AFRICAINE EN SOMALIE »
Le Conseil de sécurité a examiné, cet après-midi, « le concept stratégique pour les futures opérations de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) » que lui a présenté le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Ramtane Lamamra.
Adopté le 5 janvier dernier par l’Union africaine, le concept stratégique, a expliqué le Commissaire, vise l’augmentation des effectifs de l’AMISOM de 12 000 hommes à 17 731, dont 5 700 provenant du contingent djiboutien et kényan; le déploiement par le Burundi et l’Ouganda de contingents supplémentaires; l’intégration de contingents de l’AMISOM dans les zones libérées; l’extension de la zone relevant de la responsabilité de l’AMISOM; la fourniture des moyens de mise en œuvre et des multiplicateurs de force requis; et l’amélioration des conditions de sécurité pour le Gouvernement fédéral de transition et les forces alliées.
Le Ministre de la défense de l’Ouganda a apporté une précision: les 2 700 troupes supplémentaires de son pays et du Burundi ne seront pas stationnées à Mogadiscio et leur déploiement se fera en fonction des zones libérées par les opérations du Kenya et de l’Éthiopie.
Les progrès enregistrés jusqu’ici en Somalie dont le contrôle presque total de Mogadiscio par le Gouvernement, pour la première fois en 20 ans, et l’affaiblissement des extrémistes Al-Chabaab, ont été possibles grâce à une AMISOM sous-financée et sous-équipée, a rappelé le Commissaire de l’Union africaine. Les progrès sont là mais les défis demeurent, a-t-il dit à une communauté internationale dont l’action a été jusqu’ici « tardive, partielle et inadéquate ».
L’instabilité en Somalie a parfois été perçue comme un problème burundais ou ougandais, a renchéri le représentant du Burundi, en se félicitant que la visite dans le pays, en décembre dernier, du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général des Nations Unies ait été un message politique fort à la région et au monde dans son ensemble.
Si le concept stratégique a été appuyé par la majorité des 20 orateurs, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a prévenu que des questions restent à préciser avant que le Conseil ne prenne une décision. Aux côtés de son homologue américain, le représentant de la France a dit vouloir étudier les coûts et l’utilité opérationnelle, y compris en ce qui concerne les « multiplicateurs de force » et les équipements de soutien.
Outre les défis militaires dont se charge l’AMISOM, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a tenu à insister sur les défis politiques à savoir la finalisation de la constitution, les élections législatives, l’extension du contrôle du Gouvernement sur les zones du sud de la Somalie, l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, la création d’une fonction civile opérationnelle, et la relance de l’économie et des services sociaux. Il a attiré l’attention sur le travail remarquable du Bureau d’appui des Nations Unies pour la Somalie qui est d’ailleurs sur le point de s’installer définitivement à Mogadiscio.
Comme beaucoup d’autres intervenants, M. B. Lynn Pascoe a dit attendre avec intérêt la Conférence de Londres prévue en février pour, a expliqué le représentant britannique, identifier les domaines prioritaires et assurer le renforcement de la lutte contre la piraterie.
LA SITUATION EN SOMALIE
Déclarations
Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a affirmé qu’une lueur d’espoir commençait enfin à poindre en Somalie, se félicitant notamment de ce que le Gouvernement fédéral de transition (GFT) commence à étendre son autorité sur le territoire. Il est temps de saisir l’occasion, de tourner la page et de réaliser des avancées en matière de paix, de sécurité et de développement, a-t-elle affirmé.
Mme Nkoana-Mashabane a ajouté que tout le monde pouvait partager l’optimisme manifesté par le Secrétaire général lors de sa visite « historique » en Somalie. La Ministre a poussé les autorités de transition à faire preuve de volonté politique pour assurer la mise en œuvre de l’Accord de Kampala, à achever la rédaction de la constitution et à veiller à la formation du Parlement, entre autres.
La Ministre a poursuivi en affirmant qu’il fallait utiliser l’espace sécuritaire créé par l’AMISOM pour étendre le contrôle du Gouvernement fédéral de transition sur Mogadiscio, et tirer également parti de l’évolution de la situation dans l’est et le sud du pays pour assurer la sécurité dans les zones nouvellement libérées de la Somalie. Elle s’est cependant inquiétée de ce que les capacités opérationnelles de l’AMISOM soient handicapées par un manque de ressources, pointant notamment du doigt le problème du remboursement des équipements.
Elle s’est félicitée du concept stratégique révisé tel qu’adopté le 5 janvier dernier par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Tournant ensuite son attention sur la situation humanitaire, elle s’est félicitée des progrès et a encouragé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour sauver des millions de personnes de la famine.
M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a estimé d’emblée que quelques questions restent encore à préciser s’agissant du concept stratégique pour les opérations de l’AMISOM avant que le Conseil ne prenne une décision et notamment les liens entre les stratégies politique et militaire; les arrangements liés au commandement et au contrôle; l’allocation des contingents par secteur; la série de mesures pour les moyens de mise en œuvre et les multiplicateurs de force; et la qualité de l’appui requis pour le Gouvernement fédéral de transition (GFT) et les forces alliées.
M. Pascoe a rappelé qu’en 2008 le Secrétaire général avait fixé une approche s’articulant autour des axes politique, sécuritaire et l’humanitaire. S’agissant de l’axe politique, il a cité la feuille de route pour la fin de la transition signée à Mogadiscio, le 6 septembre dernier, qui donne la date butoir d’août 2012. Nous avons aussi soutenu les efforts de réconciliation entre le GFT et les groupes restés en dehors du processus de paix, et la prochaine étape pour le Gouvernement sera d’élaborer un plan de réconciliation nationale avec les autorités régionales. Enfin, il a été question d’aider le GFT à développer des institutions publiques opérationnelles.
Sur le front de la sécurité, M. Pascoe a cité le travail du Bureau d’appui des Nations Unies et argué que la visite du Secrétaire général, en décembre, et la réinstallation à Mogadiscio du bureau de son Représentant spécial est une indication claire des progrès réalisés.
Concernant la situation humanitaire, le Secrétaire général adjoint a souligné l’aide non négligeable qu’apportent l’ONU et les autres agences humanitaires aux Somaliens.
Pour l’avenir, M. Pascoe a estimé que « nous avons tous les éléments d’une stratégie politique, de sécurité et de développement ». Après la finalisation de la constitution d’ici au 20 avril, il faudra aller aux élections législatives pour un Parlement passant de 550 à 225 membres. L’étape suivante sera l’extension du contrôle du Gouvernement sur les zones du sud de la Somalie, puis l’amélioration de la gouvernance et de la transparence et la création d’une fonction civile opérationnelle. Il faudra ensuite augmenter l’efficacité des Forces de sécurité du GFT et enfin relancer l’économie et les services sociaux.
Précisant les risques et les défis actuels, le Secrétaire général adjoint s’est dit très préoccupé par la crise parlementaire actuelle et a souligné l’importance qu’il y a à combattre les ennemis du processus de paix. En matière de sécurité, il a rappelé que les milices Al-Chabaab constituent toujours une menace.
Nous devons, a-t-il conseillé, avoir les moyens pratiques pour aider le Gouvernement à devenir plus uni et plus inclusif, à renforcer sa capacité à faire face aux défis en matière de sécurité, à mener la reconstruction et le développement et à générer des revenus. Quelle que soit la structure de l’État qui sera définie par la constitution, il est essentiel que les Somaliens aient un secteur national de sécurité, ce qui exige un investissement et un engagement de la communauté internationale. M. Pascoe a dit attendre avec intérêt la Conférence de Londres prévue en février.
Il ne fait aucun doute, a dit M. RAMTANE LAMAMRA, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, que la résolution 1964 (2010) du Conseil de sécurité n’a pas tout à fait répondu aux attentes même si elle a représenté un pas en avant. Le Commissaire s’est dit heureux d’indiquer que des progrès significatifs ont été enregistrés par les forces de l’AMISOM et celles du Gouvernement fédéral de transition (GFT). Pour la première fois en 20 ans, a-t-il affirmé, la quasi-totalité de Mogadiscio est sous contrôle du GFT. En outre, les opérations militaires dans les autres parties du pays ont affaibli encore plus les extrémistes Al-Chabaab et les autres éléments opposés à la paix.
Ces progrès, a rappelé le Commissaire, ont été enregistrés par une AMISOM sous-financée et sous-équipée. Des progrès, a-t-il insisté, qui lui ont coûté cher au regard des Burundais et des Ougandais qui ont fait le sacrifice ultime dans l’exercice de leurs fonctions. L’Union africaine, a promis le Commissaire, est déterminée à faire en sorte que ces sacrifices n’aient pas été consentis en vain.
Les progrès sont là mais les défis demeurent, a poursuivi le Commissaire, en citant la paralysie du Parlement fédéral de transition. Cette situation, a-t-il estimé, est autant imputable aux lacunes du leadership somalien qu’à l’échec de la communauté internationale qui n’a pas su fournir un appui véritablement proportionnel aux défis.
Le Commissaire s’est donc réjoui que le concept stratégique pour les futures opérations de l’AMISOM, développé en consultations avec les autorités somaliennes, les pays contributeurs de troupes, les Nations Unies et les autres partenaires à Addis-Abeba, Nairobi et Mogadiscio, ait été approuvé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 5 janvier dernier.
En un mot, le concept vise l’augmentation du personnel en uniforme de l’AMISOM qui passerait de 12 000 à 17 731 hommes dont 5 700 soldats djiboutiens et kenyans; le déploiement de troupes supplémentaires burundaises et ougandaises; l’extension des zones de responsabilité de l’AMISOM dont les régions libérées avec l’aide de l’Éthiopie; la fourniture de moyens de mise en œuvre et de multiplicateurs de force requis, dont l’appui logistique et autres éléments; et le renforcement de la sécurité du GFT et des forces alliées.
S’il faut appeler les Somaliens à exploiter l’élan actuel, a dit le Commissaire, il ne faut pas perdre de vue qu’ils ne peuvent réussir sans un appui adéquat de la communauté internationale. Nous ne pouvons cacher que la communauté internationale doit encore assumer ses responsabilités en Somalie, a dit le Commissaire qui a jugé que jusqu’ici l’action a été « tardive, partielle et inadéquate ». La communauté internationale n’a pas montré le sens de l’anticipation et de l’action requis non plus qu’elle n’a saisi les chances de paix et de réconciliation lorsqu’elles se sont présentées, a tranché le Commissaire.
M. MOSES WETANG’ULA, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a constaté qu’une occasion sans précédent se présentait pour « finalement » rétablir la sécurité, la paix et la stabilité en Somalie. Après avoir insisté sur l’importance qu’il y a à appuyer le concept stratégique, le Ministre a aussi souligné que la demande de l’Union africaine visant à obtenir les capacités nécessaires pour couper les lignes d’approvisionnement en armes d’Al-Chabaab, en particulier au port de Kismayo, est toujours d’actualité. Il a également appelé le Conseil de sécurité d’aider dans le contrôle et l’inspection de tous les navires qui entrent ou sortent du port. Il s’est félicité à ce titre de la résolution 2023 du Conseil de sécurité qui renforce le régime des sanctions contre l’Érythrée.
M. Wetang’ula a ensuite fait part de son inquiétude au sujet de l’évolution politique actuelle en Somalie, en engageant le Conseil de sécurité à peser de tout son poids face aux dirigeants politiques somaliens, par des sanctions ou des incitations. Le Ministre a par ailleurs affirmé qu’il était impératif d’accorder une attention particulière à la situation humanitaire qui prévaut dans le pays. Il a rappelé que son pays abrite en ce moment 600 000 réfugiés et souligné que les besoins dans les zones libérées sont grands, en particulier depuis l’expulsion de plus de 20 organisations humanitaires.
M. CRISPUS KIYONGA, Ministre de la défense de l’Ouganda a estimé que pour le Conseil de sécurité les prochaines étapes doivent être l’approbation de l’augmentation du personnel militaire de l’AMISOM; la reconnaissance du fait que la bataille contre les milices Al-Chabaab se livre désormais au-delà de Mogadiscio; le renforcement de l’appui à l’AMISOM pour que les contributions couvrent le paiement des moyens de mise en œuvre et des multiplicateurs de force; ainsi que d’augmenter et lier les ressources affectées à la lutte contre la piraterie à l’opération plus large de stabilisation de la Somalie.
Après avoir salué l’initiative d’organiser une Conférence sur la Somalie à Londres, le 23 février prochain, le représentant a voulu répondre à certaines questions sur la structure de commandement et de contrôle de la prochaine AMISOM. Il a ainsi annoncé que le 6 janvier dernier, les pays contributeurs de troupes se sont mis d’accord pour que les 2 700 troupes supplémentaires du Burundi et de l’Ouganda ne soient pas stationnées à Mogadiscio et que leur déploiement se fasse en fonction des zones libérées par les opérations du Kenya et de l’Éthiopie.
M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a appelé à traiter la situation en Somalie sur la base d’une stratégie globale et en visant en priorité l’amélioration des conditions de sécurité. Les acquis sécuritaires sur le terrain ne peuvent être renforcés sans le soutien de la communauté internationale, a-t-il estimé. Le Ministre a aussi relevé que les ressources dont disposent l’ONU et l’AMISOM ne sont pas à la hauteur de leurs besoins ni de leurs mandats, reprenant à cet égard les propos du Secrétaire général de l’ONU. Il a souligné l’importance de la collaboration internationale et demandé une assistance militaire appropriée pour faire face aux attaques terroristes en Somalie. L’Azerbaïdjan a répondu aux besoins d’urgence humanitaires en Somalie, a-t-il aussi indiqué, avant d’exhorter toutes les parties à fournir un accès sans entrave à l’aide humanitaire.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a constaté que la situation actuelle en Somalie était grave, mais que de nombreuses occasions étaient à saisir, faisant notamment référence au refoulement d’Al-Chabaab. Sur le plan humanitaire, il a estimé essentiel pour la communauté internationale de continuer d’appuyer les efforts en cours. Affirmant l’attachement de son pays au processus de paix, il a exhorté les institutions fédérales de transition à coopérer pour réaliser des progrès dans la mise en œuvre de la feuille de route pour la fin de la transition. Un dialogue doit être engagé entre tous ceux qui sont prêts à envisager une solution pacifique et une constitution doit être élaborée, a-t-il souligné. Le moment est venu de mettre un terme à la transition et de laisser les Somaliens décider de leur avenir politique, a ajouté le représentant du Royaume-Uni.
La menace existe toujours et aujourd’hui plus que jamais, a-t-il estimé, en voulant que l’on dote l’AMISOM des ressources dont elle a besoin. Le Royaume-Uni contribuera à hauteur de 15 millions de dollars au financement de l’AMISOM. Le Premier Ministre britannique présidera lui-même, le mois prochain, la Conférence internationale destinée à identifier les domaines prioritaires et à assurer le renforcement de la sécurité maritime de la Somalie.
M. LI BAODONG (Chine) a noté les améliorations de la situation en Somalie, relevant que les parties œuvrent favorablement pour la mise en œuvre de la feuille de route pour la transition. Il a invité toutes les parties concernées à saisir les occasions qui se présentent pour pouvoir conclure la transition en temps voulu. Il a aussi appelé la communauté internationale à appuyer les efforts du Gouvernement fédéral de transition. Il a espéré que toutes les parties sauront trouver des solutions par la voie du dialogue.
Se félicitant des accomplissements des Forces de sécurité en Somalie, il a aussi remercié les pays qui apportent leur aide dans ce domaine. L’Union africaine joue un rôle essentiel en Somalie, a-t-il ajouté, appelant à examiner avec soin et favorablement ses recommandations sur le concept stratégique.
M. JOSE FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a souhaité que soient consolidés les gains récents à Mogadiscio et dans le reste du pays. Il a salué les efforts et les sacrifices de l’AMISOM et des forces de sécurité de la Somalie. Le représentant a remercié le Burundi et l’Ouganda qui sont prêts à déployer de nouvelles troupes. Malgré une tendance positive, il a noté la persistance des attaques d’Al-Chabaab et les nombreux défis qui restent à relever dans l’application de l’Accord de Kampala. M. Cabral a souligné le rôle constructif que les femmes peuvent jouer dans le processus de paix et l’importance de donner un accès sans entrave au personnel humanitaire.
M. MARTIN BRIENS (France) a affirmé que la mise en œuvre de la feuille de route, en temps et en heure, et dans toutes ses composantes, était indispensable. Les institutions fédérales sont confrontées à des défis considérables, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité de tirer parti rapidement de l’évolution favorable du contexte sécuritaire dans Mogadiscio pour appliquer les objectifs de la feuille de route. Le représentant a dit attendre du Gouvernement fédéral de transition qu’il fasse preuve d’un réel volontarisme en matière de lutte contre la piraterie maritime. La poursuite du soutien de la communauté internationale aux institutions de transition dépendra de la mise en œuvre de la feuille de route dans les délais prévus, a-t-il insisté, ajoutant que ceux qui entraveraient le processus de paix ainsi que la paix et la sécurité en Somalie pourraient faire l’objet de sanctions de la part du Conseil de sécurité.
Saluant les succès obtenus sur le plan sécuritaire au cours des derniers mois, le délégué a estimé que le concept stratégique doit maintenant faire l’objet d’un examen détaillé en matière politique, opérationnelle et financière. Il convient d’en étudier les coûts induits et l’utilité opérationnelle, y compris en ce qui concerne les « multiplicateurs de force » et les équipements de soutien. La mise en place de Forces de sécurité somaliennes crédibles est essentielle, a-t-il dit, en ajoutant que c’est une question de crédibilité politique pour le Gouvernement fédéral de transition. Ce sont les Forces somaliennes qui devront prendre, au plus tôt, le relais de l’AMISOM et parachever ainsi, en matière de sécurité, la stabilisation du pays. Le représentant français s’est par ailleurs dit préoccupé par la situation humanitaire, soulignant l’importance de garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a salué les résultats de la première Conférence constitutionnelle nationale en Somalie, tenue à Garowe, du 21 au 23 décembre, qui témoigne de l’engagement des institutions nationales à finaliser la transition dans le pays avant le 20 août. Il est essentiel que le Gouvernement fédéral de transition adhère à la feuille de route fixée et résolve la crise parlementaire, a-t-il souligné, l’appelant à faire preuve de leadership et à améliorer responsabilité et transparence. Dans cette dernière phase de la transition, le processus politique doit être inclusif et représentatif de la population somalienne, a-t-il insisté.
En outre, le représentant a plaidé pour des efforts coordonnés et cohérents contre les milices Al-Chabaab, rappelant la nécessité de garantir un financement adéquat, sûr et prévisible de l’AMISOM. Alors que le Conseil de sécurité va examiner la requête du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, il est aussi important de conserver une approche globale de la situation en Somalie, en alignant la stratégie sur la feuille de route, tout en continuant d’accorder la priorité aux conséquences à long terme de la catastrophe humanitaire dans le pays. À cet égard, M. Rosenthal a espéré que la Conférence de Londres sur la Somalie et la Conférence des Nations Unies à Istanbul permettront de soutenir la fin de la période de transition en Somalie, vers un système de gouvernance plus stable et plus solide.
M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a rappelé qu’il y a 18 ans, 24 Casques bleus pakistanais avaient perdu la vie et 57 autres avaient été blessés à Mogadiscio en tentant de sauver la vie de collègues d’autres nations. La contribution du Pakistan à la cause de la paix en Somalie n’a cessé de croître depuis, a-t-il dit. Il a souligné la détermination de son pays à œuvrer en faveur de l’engagement soutenu du Conseil de sécurité en Somalie et à encourager les contacts et la cohérence avec le travail de l’Union africaine. Le représentant a exprimé l’appui total de son pays à l’AMISOM, tout en accueillant avec satisfaction le concept stratégique de ses opérations, lesquelles ont été endossées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.
Le développement et le renforcement des Forces de sécurité du Gouvernement fédéral de transition représentent un élément essentiel du concept stratégique, a ajouté le délégué pakistanais, évoquant le concours possible, dans cet objectif, d’une assistance internationale, y compris à travers un engagement plus large de l’architecture du maintien de la paix des Nations Unies. De même, selon lui, les défis et les problèmes multidimensionnels auxquels la Somalie est confrontée nécessitent une approche globale intégrant des facteurs politiques, sécuritaires, économiques et environnementaux. Une telle approche permettrait de contribuer à mettre un terme à la menace de la piraterie le long des côtes somaliennes, a-t-il poursuivi.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué l’AMISOM pour son « excellent travail » et a évoqué les défis redoutables auxquels fait face la Somalie. Le représentant s’est notamment inquiété de l’expulsion des organisations humanitaires par Al-Chabaab. Il a ensuite engagé Djibouti à veiller à la bonne intégration de son contingent à la Mission. La communauté internationale doit saisir l’occasion qui prévaut actuellement en Somalie, a souligné le représentant. Nous ne pouvons tourner le dos à nos succès collectifs.
Le représentant a ensuite dit attendre davantage de détails sur le concept stratégique mis sur pied par l’Union africaine et a assuré que sa délégation les étudierait avec attention. Il a également appelé les États Membres à contribuer au Fonds d’affection spécial de l’AMISOM, afin d’assurer le remboursement du matériel de contingent, entre autres. Il a aussi insisté sur l’importance pour la mission de bénéficier d’un financement prévisible. M. Delaurentis a par ailleurs exhorté les signataires de la feuille de route à honorer leurs engagements et a estimé que les accords de Garowe devaient être examinés par une plus large tranche de la population somalienne. Le représentant a dit attendre avec intérêt la Conférence de Londres.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que la Somalie se trouvait actuellement à la croisée des chemins et que l’engagement effectif de la communauté internationale avait permis d’atténuer la pire période de la crise humanitaire que connait le pays. Il a évoqué l’importance de veiller à la mise en œuvre de la feuille de route du Gouvernement fédéral de transition. M. Puri a ensuite engagé le Conseil de sécurité à adopter davantage de mesures pour aider le Gouvernement fédéral de transition à limiter l’accès d’Al-Chabaab aux ressources. Il a notamment réclamé au Secrétaire général un rapport sur les mesures à adopter pour interdire les navires qui utilisent le port de Kismayo.
Le représentant de l’Inde a engagé le Conseil de sécurité à considérer favorablement les recommandations de l’Union africaine. Il a annoncé que l’Inde contribuerait à hauteur de deux millions de dollars au Fonds d’affectation spécial de l’ONU et de l’Union africaine. M. Puri a tout de même accusé les institutions fédérales de transition de ne pas avoir accordé l’attention requise à ce problème, appelant notamment à la démarcation d’une zone économique exclusive, à la création d’une brigade de gardes-côtes et à l’adoption d’un cadre juridique pour lutter contre la piraterie, les prises d’otages et les versements de rançons. Il a également appelé la communauté internationale à adopter une stratégie de lutte contre la piraterie dotée d’une force dirigée par l’ONU et reposant sur l’application des lois nationales relatives à la criminalisation de la piraterie. Il importe également d’identifier les corridors sûrs pouvant être empruntés et les zones tampons le long des côtes somaliennes, a-t-il ajouté.
M. KODJO MENAN (Togo) s’est félicité de l’évolution positive qu’a connue la Somalie ces derniers temps, tout en relevant que Mogadiscio n’est pas à l’abri d’attaques aveugles d’éléments armés et d’ex-combattants d’Al-Chabaab qui revêtent des uniformes des forces gouvernementales. Il s’est réjoui de ce que les pays qui fournissent des contingents à l’AMISOM et d’autres de la région sont convenus de poursuivre la planification conjointe des activités et de rechercher des solutions pour une action coordonnée contre les milices Al-Chabaab et l’extension de l’autorité du Gouvernement fédéral de transition au-delà de la capitale. La réalisation de ce plan ambitieux nécessite des troupes et des moyens supplémentaires, a-t-il estimé, justifiant ainsi la demande d’augmentation des effectifs de l’AMISOM.
M. Menan a aussi appelé à mener sans merci la lutte contre la piraterie. Le soutien à apporter aux autorités du Gouvernement fédéral de transition pour faire face à la criminalité ne doit pas porter uniquement sur les moyens matériels mais aussi sur le renforcement des capacités et l’assistance judiciaire pour juger les pirates arrêtés, a-t-il dit. Enfin, le représentant togolais a appelé les pays de la corne de l’Afrique à surmonter leurs divergences et leurs querelles pour unir leurs efforts en vue de libérer la Somalie de la tyrannie des groupes d’intérêt et de rétablir la paix dans toute la région.
M. PETER WITTIG (Allemagne) s’est réjoui que l’AMISOM apporte une réponse africaine à un problème africain. Il a commenté les progrès réalisés sur le plan sécuritaire, observant que ceux-ci contrastaient avec « l’absence patent » d’avancées politiques. Il s’est plus particulièrement inquiété des tensions entre les différentes parties et a exhorté les autorités fédérales de transition à tirer profit des mois qui viennent pour veiller à la bonne conclusion de la période de transition. Une prolongation de cette période irait à l’encontre des intérêts de la population somalienne et de la communauté internationale, a-t-il averti. Le représentant s’est ensuite félicité de la tenue prochaine de la Conférence de Londres sur l’avenir immédiat de la Somalie.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a relevé les grandes avancées politiques qu’a connues la Somalie. Cependant, de nombreux défis demeurent, a-t-il dit, signalant par exemple le retard de la mise en œuvre de certains points de la feuille de route. Par ailleurs, il a averti que les tensions entre les autorités du Putland et du Somaliland risquent de saper ce qui a été réalisé jusqu’à présent. Il nous appartient dans les mois à venir d’appuyer les autorités somaliennes dans cette phase décisive de la transition, a-t-il demandé. Sur le plan humanitaire, la situation reste extrêmement précaire, a-t-il noté, saluant les efforts menés dans ce domaine par l’ONU, l’Organisation de la Coopération islamique et les organisations humanitaires. Il a salué la décision de l’État de Djibouti de déployer des forces afin d’aider le Gouvernement fédéral de transition à renforcer son autorité. Enfin, le représentant a plaidé en faveur du renforcement des effectifs de l’AMISOM, espérant un soutien international suffisant à cet effet.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé que, si le rétablissement de la sécurité, de la stabilité politique, de l’état de droit et du développement économique relèvent de la responsabilité première du Gouvernement fédéral de transition, il est important que la communauté internationale apporte son soutien. Il a jugé essentielle la présence de l’AMISOM et demandé que les ressources nécessaires lui soient allouées. Il a soutenu les recommandations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et estimé que le Conseil de sécurité y réponde favorablement. De même, il faut apporter au Gouvernement fédéral de transition des moyens techniques et financiers pour assurer la sécurité de ses citoyens. Il a aussi appelé à une aide humanitaire à la hauteur des besoins.
M. NIKITA Y.ZHUKOV (Fédération de Russie) a affirmé que l’année actuelle était une année charnière pour la Somalie, et que la défaite d’Al-Chabaab et la mise en œuvre de feuille de route devaient être menées de manière coordonnée. Il a regretté les problèmes que connait l’actuel Président du Parlement et a souligné que la poursuite de la lutte contre Al-Chabaab était une condition essentielle du rétablissement de la sécurité dans le pays. Après avoir appelé au renforcement de l’Union africaine et de son concept stratégique, le représentant a insisté sur la nécessité de lutter contre l’extrémisme et la piraterie. Les mesures militaires ne peuvent que compléter les mesures politiques, a-t-il observé.
M. HERMENEGILDE NIYONZIMA (Burundi) a estimé que l’instabilité en Somalie avait parfois été perçue comme un problème burundais ou ougandais. Toutefois, la récente visite dans le pays, du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général des Nations Unies, a été un message politique lancé à la région et au monde dans son ensemble, montrant que la paix en Somalie était un sujet de préoccupation de la communauté internationale tout entière, a-t-il dit.
L’AMISOM n’est pas une mission de maintien de la paix, normalement déployée avec l’accord des belligérants, a-t-il expliqué, mais une cible, considérée par une partie comme une force d’occupation. Le Burundi y a payé un lourd tribut, a-t-il rappelé. Néanmoins, le représentant a assuré que rien ne détournerait ni ne remettrait en cause le dévouement du Gouvernement burundais envers la paix et la stabilité en Somalie et ailleurs. La situation en Somalie réclame davantage de troupes, de moyens logistiques et surtout, d’engagement, a-t-il conclu.
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