La Quatrième Commission achève son débat général qui a porté sur les questions de décolonisation
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Quatrième Commission
6e séance – après-midi
LA QUATRIÈME COMMISSION ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL QUI A PORTÉ SUR
LES QUESTIONS DE DÉCOLONISATION
Face à un contexte sécuritaire dans la région « sahélo-saharienne » jugé difficile,
les délégations estiment urgent de trouver une solution au conflit du Sahara occidental
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a achevé cet après-midi son débat général sur les questions de décolonisation.
La question relative au Sahara occidental a fait, cette année encore, l’objet d’échanges de vue assez francs et vifs entre les différentes délégations qui se sont exprimées. Toutefois, elles se sont toutes accordées à dire qu’il était urgent de trouver « une solution rapide et pérenne » à la situation qui perdure au Sahara occidental, afin d’éviter que des répercussions négatives de ce conflit ne se propagent dans la région « sahélo-saharienne ».
Comme l’ont souligné plusieurs délégations, à l’instar de celle des Comores, dans un contexte sécuritaire régional difficile et face à une jeunesse sahraouie désœuvrée, sans perspectives d’avenir et sans emplois, les multiples groupes terroristes et les réseaux criminels qui sévissent dans la région pourraient trouver un terreau fertile à leur endoctrinement. Ce qui donnerait une autre dimension au conflit du Sahara occidental, a prévenu le représentant de la Guinée.
Le conflit régional provoqué par la non résolution de la question du Sahara occidental, qui perdure depuis plusieurs décennies, empêche l’édification du grand Maghreb arabe et risque à terme de compromettre la paix et la stabilité dans la région, a également souligné avec inquiétude le représentant du Burkina Faso. Son homologue du Maroc a souligné la nécessité d’une vision commune de l’avenir de la région, qui nécessite une coopération entre tous les États pour régler les questions relatives à la paix et à la sécurité qui s’y posent. « Vouloir appréhender la question du Sahara occidental avec des œillères en niant ce contexte régional inquiétant et perturbant, c’est être prisonnier du passé et refuser obstinément le présent et l’avenir tels qu’ils sont réellement et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient », a-t-il argué.
Le représentant de l’Algérie a, quant à lui, estimé que les négociations qui auraient dû avoir lieu pour résoudre cette question n’ont pu prendre place, faute d’une véritable volonté de la communauté internationale pour donner au peuple sahraoui l’opportunité d’exercer son droit à l’autodétermination. Il a rappelé que l’Algérie faisait à nouveau part de sa disponibilité en vue d’apporter sa pleine contribution au règlement de ce conflit dans le respect du droit du peuple du Sahara occidental à décider souverainement de son destin à travers un référendum d’autodétermination impartial, libre, et organisé et supervisé par les Nations Unies.
Les délégations du Royaume-Uni, de l’Argentine et du Chili ont exercé leur droit de réponse en fin de réunion.
La Quatrième Commission tiendra sa prochaine réunion, lundi le 15 octobre, à 10 heures, et se propose d’adopter au cours de cette séance de travail des projets de textes relatifs aux territoires non autonomes.
Débat général sur tous les points relatifs à la décolonisation
M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a plaidé en faveur du droit à l’autodétermination et à l’indépendance des territoires qui ne sont toujours pas autonomes, notamment s’agissant du territoire de Porto Rico, du Sahara occidental et des îles « Malvinas ». Il a estimé qu’il était du devoir de l’Organisation des Nations Unies de faire du processus de décolonisation une priorité et de favoriser le dialogue entre les puissances administrantes ou occupantes et les territoires qui ne sont toujours pas autonomes. À cet égard, le représentant s’est félicité du séminaire qui s’est tenu sur cette question en Équateur du 30 mai au 1er juin 2012.
M. Valero Briceño a mis l’accent sur la situation qui prévaut à Porto Rico. Il a souhaité l’indépendance de ce territoire et que cette question soit inscrite à l’ordre du jour des territoires à décoloniser. Il a revendiqué le droit du peuple portoricain à disposer de lui-même et a indiqué que 31 résolutions relatives à cette question ont été examinées. « Le territoire non autonome de Porto Rico doit obtenir son indépendance, cela est l’objectif commun des républiques sœurs de ce territoire, à l’instar de ce que Simon Bolivar a démontré en Amérique latine et aux Caraïbes. »
Par ailleurs, M. Valero Briceño a dénoncé les incursions militaires et coloniales du Royaume Uni dans les îles « Malvinas », Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Le Venezuela appuie les droits de souveraineté de l’Argentine sur ces îles et appelle à la reprise des négociations afin qu’une solution négociée et pacifique, conformément aux résolutions adoptées par l’Assemblée générale, soit trouvée. Les prétentions néocoloniales du Royaume-Uni ont été rejetées par les pays d’Amérique du Sud, a-t-il ajouté. Enfin, concluant son propos, le représentant a plaidé en faveur du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, indiquant que sa délégation reconnaissait la République arabe sahraouie démocratique, et ce, depuis 1983.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a regretté qu’il existe toujours 16 territoires à décoloniser et a invité les puissances administrantes à accélérer le processus de décolonisation en commençant, au plus tôt, à appliquer les dispositions de la résolution 1514 en vue de permettre aux peuples de ces territoires de disposer d’eux-mêmes. Pour ce qui est de la question du Sahara occidental, il a appelé au respect des droits de l’homme du peuple sahraoui et a demandé qu’il puisse exercer son droit à l’autodétermination. Il a également demandé que le peuple de Porto Rico puisse exercer ce même droit. D’autre part, la Bolivie appuie la requête de l’Argentine concernant l’exercice de sa souveraineté sur les îles « Malvinas », a dit M. Llorentty Solíz. Il s’agit, a-t-il estimé, d’un droit territorial historique, et une intervention militaire ne peut rien y changer. La Bolivie a déclaré à plusieurs reprises que la force, la guerre et les interventions militaires ne peuvent apporter aucune solution. D’ailleurs, la Bolivie elle-même souffre de cette situation qui l’empêche aujourd’hui d’avoir un accès à l’océan Pacifique, a rappelé le représentant. Il a invité les parties à reprendre rapidement le dialogue sur la question des îles « Malvinas », avant de dénoncer les exercices militaires unilatéraux menés dans ces îles et dans leurs environs par le Royaume-Uni.
M. MAFIROANE EDMOND MOTANYANE (Lesotho) a rappelé que l’Assemblée générale a déclaré la période allant de 2011 à 2020 « troisième Décennie internationale pour l’éradication du colonialisme ». Mais des progrès notables n’ont pas été réalisés, jusqu’à présent, pour parvenir à un monde sans colonialisme, a-t-il dit. M. Motanyane a ainsi attiré l’attention sur la situation de la République arabe sahraouie démocratique, en affirmant que l’histoire de l’Afrique ne sera pas accomplie tant que ce pays ne sera pas libéré de l’hégémonie coloniale. « Il est regrettable que le Sahara occidental reste la seule colonie du continent africain. Le peuple du Sahara occidental réclame la paix, la liberté et le droit d’être maître de son destin », a plaidé le représentant du Lesotho.
Les efforts des Nations Unies, pour faciliter la transition vers l’indépendance dans ce pays, n’ont pas été couronnés de succès, a constaté M. Motanyane. « Tant que le statu quo persistera, la crédibilité des Nations Unies, en tant que dernier espoir de l’humanité, continuera à être remise en question », a-t-il déclaré, tout en appelant à une reprise des négociations entre les parties impliquées. M. Motanyane a d’autre part souligné que le Lesotho continuera à réclamer que la liberté et le droit à l’autodétermination soient accordés au peuple palestinien. « Le principe de deux pays, qui coexistent dans la paix et la sécurité au Moyen-Orient, a depuis longtemps été reconnu par la communauté internationale comme la seule issue possible vers la paix et la stabilité dans cette région », a affirmé le représentant du Lesotho. Par conséquent, M. Motanyane a demandé que de véritables négociations soient menées, sans délai, sur la question de Palestine.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a déclaré qu’il est consternant de noter que la question de la légalité soit mise de côté en ce qui concerne la quête du peuple sahraoui à l’autodétermination. La plus grande autorité, à savoir la Cour internationale de Justice (CIJ), en octobre 1975, et plus récemment le Département des affaires juridiques des Nations Unies, en janvier 2002, ont émis leur avis sur la question du Sahara occidental. Ceux-ci allaient dans le sens du droit du peuple sahraoui à exercer librement son droit à l’autodétermination, a encore déclaré le représentant, déplorant que la réponse à ces affirmations juridiques ait été une série de violations des principes du droit international et un mépris total affiché à l’égard de diverses résolutions pertinentes des Nations Unies.
Évoquant le contenu du rapport du Secrétaire général sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité, dans lequel il dénonçait le chômage, la pauvreté, la corruption ou encore les manquements en matière de respect des droits de l’homme et de l’état de droit, le représentant a rappelé les obligations émanant de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies qui incombent à la puissance administrante, le Maroc, notamment en ce qui concerne l’obligation de fournir des informations sur une base régulière au Comité des Vingt-Quatre. Ces informations doivent conduire à améliorer la situation du peuple du Sahara occidental dans les domaines économique, social et politique, et aider les agences spécialisées des Nations Unies à contribuer à la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et pays coloniaux, a poursuivi M. Mashabane.
L’Afrique du Sud reste sur la ligne rappelée par l’Union africaine à son Sommet de 2008, en Libye, à savoir la nécessaire intensification des efforts pour la tenue d’un référendum d’autodétermination qui permettra au peuple du Sahara occidental de choisir entre l’indépendance ou l’intégration au Royaume du Maroc, au lieu de se voir imposer une option d’autonomie. La République arabe sahraouie démocratique reste un membre crédible de l’Union africaine, a dit le représentant. La poursuite du statu quo actuel est une négation de l’acte constitutif de l’Union africaine, a encore déclaré le représentant. Par ailleurs, l’Afrique du Sud reste très préoccupée par l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental et, dans ce contexte, a appelé le Comité des Vingt-Quatre à adopter, en conformité avec son mandat, des mesures adéquates qui garantiraient les intérêts et le bien-être du peuple sahraoui. Enfin, la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) devrait inclure une dimension de surveillance des droits de l’homme, a plaidé le représentant.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a déclaré que, 50 ans après l’adoption de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le constat reste toujours préoccupant puisque le parachèvement du processus de décolonisation n’a toujours pas été possible. La délégation burkinabé pense qu’il faut que la question de la décolonisation trouve une solution définitive, et, pour ce faire, il faut accélérer ce processus pour tous les 16 territoires non autonomes, sans exception, a dit M. Kogda.
Revenant à la question « épineuse » du Sahara occidental, unique territoire non encore autonome en Afrique, le représentant a regretté que, malgré les multiples initiatives tendant à la résolution de ce conflit, le statu quo y perdure depuis des années, constituant une « véritable impasse » à surmonter par la communauté internationale et en particulier par l’Afrique. À cet égard, le Burkina Faso se réjouit de la détermination des parties à explorer les meilleures voies et moyens pour parvenir à un accord politique acceptable sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Il lance un appel à la communauté internationale, et en particulier aux Nations Unies afin d’appuyer les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross. M. Kogda a précisé que, pour le Burkina Faso, l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara « pourrait être une voie appropriée pour le règlement de ce différend ». Dans un contexte sécuritaire régional difficile, il est plus que jamais impérieux que la communauté internationale s’implique davantage dans la recherche d’une solution politique durable, afin d’éviter que des jeunes sans perspectives d’emploi dans la région ne soient attirés par les groupes terroristes et les réseaux criminels qui sévissent dans la région « sahélo-saharienne », a conclu le représentant.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a débuté son propos en indiquant que son pays célébrait cette année le cinquantième anniversaire de son indépendance et de son accession à l’Organisation des Nations Unies. Il a profité, de cette occasion, pour réaffirmer la solidarité indéfectible de son pays avec les peuples assujettis à la domination coloniale.
Au Sahara occidental, le peuple sahraoui, voisin de l’Algérie, attend toujours d’exercer librement et sans contrainte son droit inaliénable à l’autodétermination conformément à la légalité internationale, a-t-il dit. M. Benmehidi a indiqué qu’il était de la responsabilité des Nations Unies d’assurer le règlement de la question du Sahara occidental, et ce, dans le respect du droit indéniable du peuple de ce territoire à l’autodétermination. « Il n’existe pas d’alternative juste et viable à la décolonisation du Sahara occidental », a-t-il dit. « Toute tentative visant à inscrire cette question dans un contexte autre » que celui d’un processus de décolonisation relevant de la responsabilité des Nations Unies ne ferait que retarder un règlement définitif d’une question qui n’a que trop duré, a-t-il ajouté. M. Benmehidi a estimé que les négociations entre le Maroc et le Front Polisario, sous l’égide des Nations Unies, devaient s’inscrire dans cette logique. Il a rappelé que les négociations qui continuaient d’accaparer les efforts n’avaient pas lieu d’être puisque le Conseil de sécurité s’était prononcé en faveur « d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
L’Algérie demeure attachée à cette exigence de justice et continue à s’investir pour la satisfaction du droit incontournable du peuple sahraoui à disposer de lui-même, a dit M. Benmehidi. Il a rappelé que son pays faisait, à nouveau, part de sa disponibilité en vue d’apporter sa pleine contribution au règlement de ce conflit dans le respect du droit du peuple du Sahara occidental à décider souverainement de son destin à travers un référendum d’autodétermination impartial et libre, organisé et supervisé par les Nations Unies.
M. ROUBANI KAAMBI (Comores) a noté que le conflit du Sahara occidental perdurait et « empêchait l’édification du grand Maghreb arabe et risque à terme de compromettre la paix et la stabilité dans la région par l’action de multiples réseaux terroristes et criminels qui y sévissent ». Les Comores soutiennent l’initiative marocaine du projet d’autonomie de la « région du Sahara » a précisé le délégué. Ce projet est, selon lui, conforme à la légalité internationale, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et « permet de satisfaire toutes les parties, de sauvegarder l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’unité nationale » du Maroc. La délégation comorienne se félicite des mesures crédibles manifestes et continues prises par le Maroc, depuis 2007, dans la consolidation de l’état de droit, en particulier, pour ce qui est du respect des droits de l’homme et des droits humanitaires, y compris dans la « région du Sahara ». Le représentant a également rappelé les résolutions « relatives à la nécessité du recensement des populations des camps de Tindouf » en Algérie.
M. FAYSAL ALZAYANI (Bahreïn) a réaffirmé l’importance de la question de la décolonisation, pour la communauté internationale, qui a été traduite dans la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Il a cependant regretté la lenteur du processus de décolonisation depuis l’adoption de cette Déclaration, même si de nombreux peuples ont obtenu leurs indépendances et sont devenus membres à part entière des Nations Unies. Il a également rappelé que l’Assemblée générale avait adopté de nombreuses résolutions au fil des ans pour mettre fin à la colonisation, ce qui témoigne, aux yeux de Bahreïn, de l’appui dont jouit toujours cette Déclaration au sein de la communauté internationale. Le représentant a estimé que la colonisation reste un obstacle au développement économique et social des peuples des 16 territoires toujours non autonomes.
M. MAMADI TOURÉ (Guinée) a déclaré qu’étant l’un des principaux initiateurs de la résolution 1514 de l’Assemblée générale, la Guinée ne cessera d’apporter son appui aux efforts de la communauté internationale pour parvenir à l’éradication définitive du colonialisme dans les différentes régions du monde. Dans cette perspective, le représentant a appelé tous les acteurs pertinents de ce processus, à coopérer étroitement pour trouver les voies et moyens de le faire avancer dans le cadre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme. S’agissant de la question du Sahara occidental, le représentant s’est dit favorable à l’initiative marocaine, en ce qu’elle a le « souci de trouver une issue pacifique à la crise et de permettre aux populations d’exercer pleinement leurs droits au sein du Royaume », a-t-il dit.
« Pour sortir de l’impasse dans laquelle les négociations sont bloquées, nous avons la ferme conviction qu’il n’y a pas d’alternative à la recherche d’une solution politique négociée, juste, durable et mutuellement acceptable par les parties », a ajouté M. Touré, avant d’appeler les parties prenantes à entrer en négociations conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Par ailleurs, au regard de la situation qui prévaut dans la zone « sahélo-saharienne », la Guinée lance un appel à la communauté internationale, afin qu’elle se mobilise sans délai pour trouver une solution politique à la question du Sahara occidental. L’objectif étant d’éviter notamment que des jeunes sans perspectives et sans emplois, et principalement ceux du camp de Tindouf, ne soient attirés par des groupes terroristes et des réseaux criminels de la région. Ce qui donnerait une autre dimension au conflit, a conclu le représentant.
Cinquante années après la création du Comité de la décolonisation, Mme TABUNAN, Indonésie, a déploré que 16 territoires ne soient toujours pas autonomes. Il est temps, a-t-elle estimé, de trouver une solution et d’adopter de nouvelles approches plus pragmatiques, notamment en examinant chaque situation au cas par cas. L’Indonésie estime qu’il est de la responsabilité de chaque puissance occupante de trouver une solution aux différends territoriaux et à engager des discussions avec les parties concernées, a dit la représentante. Elle a invité les parties aux différents conflits de souveraineté et de décolonisation à utiliser toutes les enceintes des Nations Unies pour trouver une solution durable et de parvenir à un accord.
Mme MARIA MESQUITA MENDONCA GUSMAO (Timor-Leste) a réitéré l’importance que son pays accorde aux travaux de la Quatrième Commission « qui a joué un rôle crucial dans la lutte pour l’autodétermination du Timor-Leste ». Elle s’est dite confiante que la communauté internationale, et en particulier les Nations Unies, continueront à travailler pour trouver des solutions aux situations coloniales des 16 derniers territoires non autonomes, afin que leurs peuples puissent exercer leurs droits politiques, humains et moraux, ainsi que leur droit inaliénable à l’autodétermination. La position du Timor-Leste est consacrée dans sa Constitution, à savoir qu’il sera solidaire des luttes de libération des autres peuples. À cet égard, la représentante a insisté sur le fait que le Timor-Leste était en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et qu’il encourageait toutes les parties à parvenir à un règlement pacifique de ce différend. À cet effet, elle a préconisé la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc sous les auspices des Nations Unies. Malgré l’absence de progrès sur la question de fond de l’autodétermination du peuple sahraoui, elle a réaffirmé que « le respect du droit international et la promotion et le respect des droits de l’homme du peuple sahraoui sont la seule issue possible à ce différend ».
M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a constaté qu’alors qu’on en est à la deuxième année de la Troisième Décennie pour l’éradication du colonialisme, 16 territoires non autonomes continuent à figurer sur la liste de la Commission des politiques spéciales et de décolonisation. Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a rappelé l’urgence d’un dialogue ouvert entre toutes les parties impliquées, y compris les puissances administrantes et les Nations Unies, notamment en Nouvelle-Calédonie et aux Tokélaou, deux territoires non autonomes de la région du Pacifique.
Au sujet de la Nouvelle-Calédonie, M. Aisi a rappelé que la « deuxième Mission interministérielle du Groupe du fer de lance mélanésien (GFLM), tenue en août 2012, a relevé que beaucoup reste à faire pour rendre effective l’implication du peuple kanak dans le processus politique ». La délégation de Papouasie-Nouvelle-Guinée a aussi salué les efforts mis en œuvre par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie pour améliorer les aptitudes du peuple indigène des Kanaks à travers des programmes spéciaux. « Nous sommes convaincus que ces mesures permettront d’apaiser plusieurs des tensions politiques qui existent dans ce pays », a déclaré M. Aisi.
En ce qui concerne les Tokélaou, le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a rappelé que le peuple des Tokélaou a déjà exprimé, lors de deux referenda, sa volonté d’exercer son droit à l’auto-détermination. « L’objectif visé demeure la mise en œuvre de l’engagement commun de 2011-2015, entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande, qui inclut le développement des transports et des infrastructures », a constaté M. Aisi tout en reconnaissant que le processus de décolonisation aux Tokélaou est un exemple à suivre pour les autres territoires non autonomes.
M. ABDOU S. DIALLO (Sénégal) a déploré que 16 territoires ne soient toujours pas autonomes. À cet égard, il a rappelé aux puissances tutélaires les obligations qui leur incombent au titre de leur mandat, qui implique la mise en œuvre de mesures favorables à l’autodétermination des peuples des territoires placés sous leur contrôle. S’agissant de la question du Sahara occidental, le Sénégal a réitéré son soutien à la proposition marocaine d’« initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région », a dit M. Diallo. Il a, au nom de sa délégation, jugé cette proposition « réaliste et équilibrée » et a estimé qu’elle méritait d’être adoptée comme solution à la crise qui n’a que trop duré. « Une solution viable est à notre portée », à partir du moment où tous les protagonistes négocient de bonne foi à la réalisation d’une formule équilibrée comme celle proposée par le Maroc, a estimé M. Diallo.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que, depuis un an, « l’histoire est en marche sur la rive Sud de la Méditerranée. Un monde nouveau naît peu à peu sous nos yeux, marqué par une aspiration profonde des peuples de la région à la paix, à la prospérité partagée, à la démocratie et à l’unité ». Pour lui, « ces changements historiques doivent inciter les uns et les autres à se départir définitivement des schémas de pensée obsolètes et des clivages d’un autre âge et de regarder vers l’avenir ». Il en découle que les différends régionaux, territoriaux, « tels que celui créé autour du Sahara marocain », ne peuvent plus être appréhendés avec les mêmes stéréotypes ni condamnés à l’immobilisme. « La question du Sahara n’a pas vocation à être indéfiniment irrésolue. Elle doit être réglée par le biais de la négociation et à travers l’engagement sincère et de bonne foi de toutes les parties », a affirmé M. Loulichki, avant de rappeler que depuis 1956, date de la fin du double Protectorat, le Maroc a constamment privilégié la négociation comme moyen de régler ce contentieux territorial et a tout fait pour préserver ses relations de bon voisinage. Sa volonté de trouver une solution politique au différend est reflétée dans l’initiative d’autonomie présentée, en 2007, au Conseil de sécurité qui a reconnu autant sa prééminence que sa pertinence pour servir de cadre à une solution politique définitive, réaliste et tournée vers l’avenir, a indiqué le représentant. Cette initiative n’est pas figée, a-t-il précisé ajoutant qu’elle était négociable et adaptable et privilégiait une approche où il n’y aurait ni vainqueur ni vaincu. Il a affirmé que le Maroc restait prêt à la relance des négociations de fond sur des bases saines et claires suivant des paramètres confirmés par le Conseil de sécurité depuis 2007.
« Ayant à cœur d’atténuer les souffrances des populations des camps de Tindouf », le Maroc a poursuivi la mise en œuvre des mesures de confiance et a favorisé leur expansion. « Mais l’impatience de la population à être rapatriée et à retrouver la stabilité est de plus en plus mise à l’épreuve », a dit M. Loulichki. Pour lui, le danger est que cette impatience incite ou oblige une partie de cette population, et notamment les jeunes désœuvrés et sans avenir, à se laisser entraîner dans des activités illégales et terroristes qui menaceraient toute la région. « C’est dire combien il est urgent de lui ouvrir une perspective de rapatriement librement consentie », a estimé le représentant pour qui il s’agit d’une exigence conventionnelle doublée d’une obligation morale qui incombe à l’Algérie. En proposant son initiative d’autonomie, le Maroc a parcouru sa part de chemin vers un compromis. Aux autres parties de faire le leur « au lieu de rester figées dans la même litanie et les mêmes échappatoires », a dit le représentant. Il a également expliqué que « l’attachement du Maroc à régler rapidement et définitivement ce différend n’avait d’égal que son engagement à faire revivre le rêve maghrébin, à lui donner corps et à immuniser la région contre les menaces réelles de terrorisme et de déstabilisation qui la guettent ». « Nul ne peut s’accommoder de foyers permanents d’instabilité, et chacun doit prendre ses responsabilités », a estimé le représentant pour qui une vision commune de l’avenir de la région dicte une exigence de coopération. Vouloir le nier, et vouloir appréhender la question du Sahara occidental avec des œillères en niant le contexte régional inquiétant, c’est « être prisonnier du passé et refuser obstinément le présent et l’avenir tels qu’ils sont et non tels que nous voudrions qu’ils soient », a averti M. Loulichki. Il a réaffirmé que le Maroc, fort de son consensus national, « demeurait prêt à négocier une solution politique réaliste, démocratique et consensuelle respectueuse de son intégrité territoriale et de son unité nationale, et à construire avec ses partenaires un Maghreb fort et solidaire, capable de relever tous les défis ».
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant du Chili a déploré les propos tenus par la délégation de l’État plurinational de Bolivie concernant un « accès à la mer pour son pays » et qui faisait référence à une situation qui a été résolue il y a plus de cent ans.
La représentante du Royaume-Uni a, à son tour, exercé son droit de réponse après les propos tenus par le Venezuela et l’État plurinational de Bolivie. Elle a expliqué que son pays n’avait aucun doute quant à sa souveraineté sur les Îles « Falklands », de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Elle a ajouté que la relation entre le Royaume-Uni et ces territoires était une relation moderne fondée sur le droit des peuples à choisir leur avenir. Le Royaume-Uni attache une grande importance au principe de l’autodétermination et permettra au peuple des Îles « Falklands » de décider de son avenir politique par l’intermédiaire d’un référendum qui sera organisé en 2013, a-t-elle rappelé.
Répondant à la représentante du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine a répété que les îles « Malvinas », Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants font partie intégrante du territoire argentin. Ces territoires font l’objet d’un conflit de souveraineté et sont occupés illégalement par le Royaume-Uni. Il a appelé le Royaume-Uni à revenir à la table des négociations avec l’Argentine pour trouver une solution juste et durable à la question de ces îles. Il a dénoncé toutes références faites par le Royaume-Uni à un référendum, qui se tiendra en 2013, qualifiant cette démarche « d’action encouragée par les Britanniques pour savoir si des citoyens britanniques souhaitent rester britanniques ». Ces territoires, qui font l’objet d’un différend colonial, sont occupés illégalement par le Royaume-Uni, a conclu le représentant.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel