Conférence de presse d’António Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés à l’occasion de la publication du rapport « l’état des réfugiés dans le monde »
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CONFÉRENCE DE PRESSE D’ANTÓNIO GUTERRES, HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS
À L’OCCASION DE LA PUBLICATION DU RAPPORT « L’ÉTAT DES RÉFUGIÉS DANS LE MONDE »
Il y a aujourd’hui dans le monde plus de réfugiés que jamais, issus de situations de crise qui durent plus longtemps et qui entrainent un plus grand nombre de difficultés à surmonter, a indiqué, cet après-midi, M. António Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, en présentant au Siège de l’ONU, à New York, le rapport intitulé « L’état des réfugiés dans le monde: à la recherche de la solidarité ».
Alertant la presse sur la multiplication et le caractère imprévisible de crises donnant lieu à des flux accrus de réfugiés, M. Guterres a expliqué que cette publication n’était pas un recueil de statistiques, mais une analyse des problèmes que rencontrent les réfugiés et des obstacles qui entravent la fourniture de l’aide dont ils ont besoin.
L’an dernier, nous avons connu le plus grand nombre de réfugiés de la dernière décennie, a-t-il annoncé. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés dénombrait 33,9 millions de personnes qu’il fallait aider au début de l’année 2011, par rapport aux 19,2 millions de réfugiés recensés en 2005. Sur les 43 millions de personnes forcées de s’enfuir de chez elles, cette année, 26 millions étaient des personnes déplacées. Les autres étaient soit des réfugiés soit des demandeurs d’asile, a précisé M. Guterres.
Le monde fait face actuellement à trois crises principales qui sont en Syrie, au Soudan et Soudan du Sud, et au Mali. En plus de la multiplication des nouvelles crises, M. Guterres a indiqué que des situations de crises plus anciennes se poursuivaient plus longtemps. Il a mentionné à cet égard les crises en Afghanistan et en République démocratique du Congo (RDC), sans compter le nombre important de réfugiés palestiniens. Ainsi, a-t-il déploré, il devient de plus en plus difficile de trouver des solutions, et cela dure depuis cinq ans.
Le Haut-Commissaire a toutefois salué l’attitude des pays voisins des pays en crise, qui ont gardé leurs frontières ouvertes. Il a, à cet égard, notamment cité les pays voisins de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la Somalie et de la Mauritanie. Il a néanmoins relevé que certaines politiques tendent à restreindre cette ouverture, et a averti qu’il y a un risque de voir la xénophobie se développer. Il a rappelé, à cette occasion, l’obligation de la communauté internationale de protéger et d’aider les réfugiés en leur fournissant abri, nourriture et soins médicaux, conformément à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, qui date de 1951.
Le Haut-Commissaire a signalé un autre problème qui rend plus complexe encore l’assistance humanitaire en cas de crise. Il a expliqué qu’il y avait beaucoup plus de personnes qui sont incapables de traverser les frontières de leurs pays en crise pour s’enfuir, et qu’il n’y a de réfugiés en tant que tels. Si nous disposons d’un ensemble de principes sur la façon de répondre aux besoins des personnes déplacées, aucun instrument international contraignant ne s’applique à leur situation, sauf en Afrique où existe maintenant un traité, a relevé M. Guterres. La Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique -connue également sous le nom de Convention de Kampala– a en effet été adoptée en 2009.
M. Guterres a en outre souligné que « la générosité n’est pas proportionnelle à la richesse d’un pays », expliquant ainsi que les pays qui accueillent des réfugiés sont en général des pays en développement. Il a donné l’exemple de la République islamique d’Iran, qui abrite un million de réfugiés provenant d’Afghanistan. Il a de ce fait plaidé en faveur de la mise en route de projets de développement, du soutien à l’intégration locale, et du soutien aux communautés locales, pour leur permettre de faire face à ces défis.
Au sens de la Convention de Genève, un réfugié fuit son pays « parce qu’il craint avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ». Mais beaucoup quittent leur pays pour d’autres raisons valables, comme l’insécurité alimentaire ou les catastrophes naturelles, a remarqué le Haut-Commissaire. Or, dans de tels cas, le régime juridique de la Convention ne leur est pas applicable. Un débat international a dès lors été lancé par plusieurs pays, dont le Costa Rica, la Norvège, la Suisse et l’Allemagne, pour réfléchir sur la façon de répondre aux besoins de ces personnes.
M. Guterres a aussi expliqué que le Haut-Commissariat aux réfugiés ne pouvait apporter qu’une solution humanitaire aux crises, alors qu’il fallait avant tout trouver une solution politique. Nous n’avons donc que des moyens limités pour résoudre ces situations, a-t-il dit. Si le Secrétaire général de l’ONU est impliqué dans la recherche de solutions politiques, le Haut-Commissariat doit, quant à lui, respecter le principe d’impartialité dans la conduite de ses activités, a-t-il souligné.
M. Guterres a également répondu à des questions relatives au Bangladesh, au Myanmar, à l’Iraq, au Liban, à la Jordanie et à la Turquie, où il a assuré que le Haut-Commissariat œuvrait en faveur des réfugiés et des personnes déplacées. En Turquie, c’est principalement le Gouvernement turc qui aide les 25 000 réfugiés syriens, mais le Haut-Commissariat apporte également une assistance, a-t-il précisé.
En ce qui concerne les réfugiés afghans, qui sont au nombre de 1,7 million au Pakistan, M. Guterres a expliqué qu’ils faisaient souvent des allers-retours entre les deux pays et que les retours en Afghanistan étaient nombreux. Il a précisé que 20% de la population afghane aujourd’hui était composée d’anciens réfugiés.
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