Le programme de développement durable pour l’après-2015 mobilise l’attention des délégations à l’Assemblée générale
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Assemblée générale
Soixante-septième session
22e séance plénière – matin
LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR L’APRÈS-2015 MOBILISE
L’ATTENTION DES DÉLÉGATIONS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
La réflexion qui, sur la base des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), doit mener à l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015, a été au centre des interventions des États Membres qui examinaient, ce matin, à l’Assemblée générale, le Rapport annuel du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation*.
« Créer les conditions du développement durable: tel est le pari le plus redoutable que la communauté internationale doit tenir de nos jours », déclare le Secrétaire général dans son Rapport.
Le Secrétaire général évoque la nouvelle voie tracée par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui s’est tenue du 20 au 22 juin dernier. Dans le Document final, intitulé « L’avenir que nous voulons »**, les États Membres ont décidé de fixer des objectifs de développement durable de portée mondiale.
Rio+20, la conférence « la plus grande et la plus ouverte à tous dans l’histoire des Nations Unies », constitue un jalon crucial sur la voie du développement durable, s’est félicité le représentant du Brésil.
Des délégations, dont l’Égypte et l’Indonésie, ont souhaité que le Groupe de haut niveau de personnalités éminentes chargé du programme de développement pour l’après-2015 entame rapidement ses travaux.
Le Ministre d’État des affaires extérieures de l’Inde a souligné qu’il fallait intégrer les OMD qui n’ont pas été réalisés dans ce programme pour l’après-2015.
Le délégué du Cambodge, s’exprimant au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a indiqué que l’ANASE avait adopté une feuille de route pour aider ses membres à atteindre les OMD. En outre, pour cette région, la gestion des catastrophes naturelles constitue une priorité. À ce sujet, la troisième Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes se tiendra au Japon en 2015, a annoncé le représentant de ce pays.
Après avoir abordé la question de la réforme des Nations Unies, plusieurs délégations ont également, à l’instar de Cuba et du Venezuela, réaffirmé des principes consacrés par la Charte comme la souveraineté et l’intégrité territoriale des États. La non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État doit prévaloir et les États doivent pouvoir choisir de façon autonome leur mode de développement, a déclaré dans le même esprit le délégué de la Chine.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale, qui aura lieu le jeudi 11 octobre, sera consacrée à la revitalisation de ses travaux et à l’application des résolutions de l’ONU.
* A/67/1
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/67/1)
« Créer les conditions du développement durable: tel est le pari le plus redoutable que la communauté internationale doit tenir de nos jours », écrit le Secrétaire général dans son rapport annuel sur l’activité de l’Organisation.
Le Secrétaire général évoque la nouvelle voie tracée par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui s’est tenue du 20 au 22 juin dernier.
Dans le Document final, intitulé « L’avenir que nous voulons » les États Membres ont décidé de fixer des objectifs de développement durable de portée mondiale. Ils ont lancé la réflexion qui, sur la base des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), doit être conduite en coordination avec les travaux menés dans la perspective de l’après-2015, notamment par le Groupe de personnalités de haut niveau du Secrétaire général chargé d’étudier le programme de développement pour l’après-2015.
À Rio, les États Membres ont également décidé de créer un fonds global pour l’environnement et de fournir à chaque pays l’assistance technique qui lui permettra de se donner une économie verte adaptée à sa situation. Un forum politique intergouvernemental mondial de haut niveau remplacera la Commission du développement durable et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sera renforcé.
En matière de paix et de sécurité internationales, le Secrétaire général fait observer que l’Organisation a pris part, cette année, à plus de 20 processus de paix, facilité la transition démocratique en cours dans plusieurs États arabes, notamment en Égypte et en Tunisie, et participé aux préparatifs et au déroulement d’élections dans plus de 50 États Membres. L’ONU a travaillé à la consolidation de la paix dans le cadre de 16 opérations de maintien de la paix et de 18 missions politiques, avec le concours des équipes de pays des Nations Unies.
La crise qui continue de sévir en Syrie risque de s’étendre à toute la région, avertit le Secrétaire général. « Les tentatives de règlement politique ont jusqu’à présent été tenues en échec par le refus des parties de renoncer à la violence, voire leur propension à surenchérir, au mépris quasi-total du sort des civils, et par la persistance de divisions entre les membres du Conseil de sécurité ».
Pendant l’année écoulée, l’Assemblée générale a adopté le troisième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et le Comité des disparitions forcées a tenu sa première session, note le Secrétaire général en abordant les questions relatives aux droits de l’homme.
L’année 2012 a en outre été marquée par le premier jugement de la Cour pénale internationale (CPI) dans l’affaire Lubangaet lacondamnation, par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, de l’ex-Président du Libéria, Charles Taylor, pour complicité par aide et encouragement et planification de crimes contre l’humanité.
En revanche, le Secrétaire général est préoccupé par l’impasse dans le dialogue sur le désarmement et la non-prolifération. Il juge très décevant que la Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes, qui s’est tenue du 2 au 27 juillet 2012, n’ait pu parvenir à un accord sur un ensemble de normes communes tendant à réglementer le commerce international des armes classiques.
Enfin, pendant l’année écoulée, l’Organisation et ses États Membres ont beaucoup fait pour renforcer l’action des Nations Unies face à la menace terroriste. Ils ont créé le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme qui viendra épauler l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et aider les États Membres à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
S’agissant du renforcement de l’Organisation, le Secrétaire général assure qu’elle est maintenant à même de faire face dans plusieurs pays à l’aggravation de l’insécurité sans interrompre ses programmes vitaux, là où auparavant une évacuation massive aurait été quasi-inévitable.
Déclarations
M. SEA KOSAL (Cambodge), qui s’exprimait également au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a reconnu que la communauté internationale faisait face à de nouvelles menaces, exacerbées par un monde de plus en plus interconnecté et par des conflits régionaux qui se répandent rapidement. Cette situation exige de sa part des réactions rapides, globales et coordonnées.
L’ANASE, qui reste attachée aux principes des Nations Unies, a décidé, de son côté, de redoubler d’efforts pour son intégration régionale par l’établissement d’une communauté économique de l’ANASE d’ici à 2015.
L’ANASE vise une croissance économique durable. Afin de stabiliser le secteur financier, l’ANASE travaille avec le Japon, la Chine et la République de Corée en portant à 240 milliards de dollars sa contribution dans l’Initiative multilatérale de Chiang Mai, adoptée en mai 2000 lors d’une réunion des ministres des finances de l’ANASE, pour faire face à la crise de liquidités. Dans sa coopération avec le G-20, l’ANASE vise, avec ses partenaires, à entreprendre une réforme structurelle en vue d’aboutir à une croissance économique mondiale durable.
En ce qui concerne le développement, l’ANASE a adopté une feuille de route pour aider ses membres à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans une région très exposée à ce type de menaces, la gestion des catastrophes naturelles constitue en outre une priorité de l’ANASE, qui s’efforce de renforcer les mécanismes de réaction.
L’ANASE s’attache par ailleurs à promouvoir la coopération régionale en matière de défense et de sécurité avec les autres pays de la région. Cinq mille experts militaires et de police de l’ANASE participent à des opérations de maintien de la paix à travers le monde, y compris dans la région. Elle adhère aussi aux efforts pour la signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires par les cinq puissances nucléaires de la région. Elle milite pour faire de l’Asie une zone exempte d’armes nucléaires.
L’ANASE accorde enfin une grande importance à la promotion et à la protection des droits de l’homme. Actuellement, elle finalise la déclaration des droits de l’homme de l’ANASE qui sera proclamée lors du vingt et unième Sommet de l’ANASE, en novembre 2012. L’objectif est d’établir un cadre régional de coopération pour réaliser pleinement les droits de l’homme dans la région.
M. KAZUO KODOMA (Japon) a débuté son propos en soulignant l’importance du respect de la Charte des Nations Unies et du principe partagé par la communauté internationale de régler les conflits de manière pacifique en vertu du droit international. À cet égard, le Japon est déterminé à préserver la paix, à garantir la sécurité de sa population, et à protéger sa souveraineté et son intégrité internationale. Toute tentative de recourir à la force est incompatible avec la Charte des Nations Unies, a-t-il estimé.
Le représentant a également mis l’accent sur l’importance de la question des droits de l’homme. Le Japon, a-t-il rappelé, présentera cette année encore un projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), notamment afin de répondre aux préoccupations de la communauté internationale, en particulier sur la question des enlèvements.
S’agissant de la question relative à la paix et la sécurité, le représentant a noté des progrès notables au Soudan, au Soudan du Sud, en Somalie et au Yémen. Le Japon s’engage dans les efforts de paix, notamment en contribuant de manière active aux opérations de maintien de la paix. Quelque 12,5 millions de dollars supplémentaires ont été octroyés au Fonds pour la consolidation de la paix en novembre dernier.
Abordant la question des catastrophes naturelles, le représentant a rappelé la situation qui a prévalu dans son pays avec le tremblement de terre de mars 2011. Il a annoncé la tenue au Japon, en 2015, de la troisième Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes.
M. Kodoma s’est également dit préoccupé par la situation au Moyen-Orient, notamment les violences graves qui se poursuivent en Syrie. Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi. Les Nations Unies doivent jouer un rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient, a-t-il estimé.
Le représentant a jugé nécessaire que les Nations Unies redoublent d’efforts pour supprimer les armes de destruction massive, obstacles à la paix dans le monde. Le Japon joue un rôle moteur dans l’adoption des résolutions de l’Assemblée générale pour un monde débarrassé des armes nucléaires. Enfin, après l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations pour un traité sur le commerce des armes, M. Kodoma a rappelé la nécessité de finaliser le travail sur cette question.
Enfin, le délégué a regretté le retard pris dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. M. Kodoma a souligné l’importance de redoubler d’efforts pour parvenir à leur réalisation avant 2015. Le développement durable et le suivi de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) sont également une tâche qui incombe aux Nations Unies. Le Japon, qui est pleinement engagé à participer au suivi de Rio+20, tiendra l’an prochain une conférence internationale sur la planification urbaine.
M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte) a déclaré que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 marquait le lancement d’une ère de développement durable dans les travaux de l’Organisation. « Une approche plus intégrée sera nécessaire pour répondre à tous les défis », en incorporant les piliers sociaux, économiques et environnementaux. Le programme de développement de l’après-2015 devra être « juste, inclusif et durable », a ajouté le représentant. Préoccupé par le retard pris dans la mise sur pied du Groupe de travail intergouvernemental chargé de réfléchir à un tel programme, il a proposé de nommer, dans l’intervalle, deux cofacilitateurs, issus d’un pays en développement et d’un pays développé.
Après avoir insisté sur l’importance d’accélérer les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, il a réaffirmé la nécessité de renforcer la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). À ce sujet, il a espéré que la dix-huitième Conférence des États parties qui aura lieu à Doha, au Qatar, sera couronnée de succès.
« La crise syrienne se détériore et le peuple syrien a besoin d’améliorations tangibles sur le terrain », a poursuivi le représentant. Cela ne sera pas possible tant qu’on ne mettra pas un terme à la violence dont le régime porte la première responsabilité. Selon lui, « la transition en Égypte et dans le monde arabe démontre qu’une véritable démocratie doit émaner du peuple » et tenir compte de ses caractéristiques culturelles et sociales.
Le représentant a jugé fondamental d’appuyer les efforts des Nations Unies visant à promouvoir les droits de l’homme et les libertés fondamentales, dont le droit au développement. Toutefois, s’il faut appuyer les États lorsqu’ils s’acquittent de la responsabilité de protéger, il faut « éviter de politiser ce type de question et de l’utiliser comme prétexte pour s’ingérer dans les affaires d’un État ».
Il a ensuite réitéré l’appel du Président égyptien Mohamed Morsi pour la création d’une « ONU-Jeunes » en vue de répondre à leurs attentes en matière d’éducation et d’emploi. Par ailleurs, l’Égypte s’engage à lutter contre la corruption sous toutes ses formes, « l’un des crimes les plus dangereux des sociétés ». Elle appuie la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient et soutient que l’universalité du Traité sur la non-prolifération (TNP) doit rester la base du régime de désarmement international. Quant à un traité sur le commerce des armes, il doit atteindre un équilibre entre l’intérêt des pays importateurs et exportateurs.
Après avoir énuméré les défis à la paix, à la sécurité et au développement dans le monde, M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a estimé que le slogan d’un monde idéal en paix et en sécurité resterait vide de sens sans la prospérité des pays en développement. Les Objectifs du Millénaire pour le développement ne seront pas atteints en 2015 dans de nombreux pays et particulièrement dans les pays les moins avancés (PMA) sans de nouvelles ressources financières, a-t-il ajouté.
À cet effet, les pays en développement doivent avoir leur mot à dire dans les échanges économiques internationaux. Il est nécessaire, selon lui, d’établir un système multilatéral de commerce juste et fondé sur des règles équitables et de faire avancer les négociations commerciales multilatérales sur les principes de compréhension mutuelle et de compromis. Il est tout aussi essentiel de revoir le processus de prise de décisions internationale dans le système financier international.
Les pays en développement doivent avoir un accès aux marchés, voir levées les barrières commerciales, être aidés dans leurs efforts pour faire face aux changements climatiques. Ils revendiquent aussi une voix égale au sein des institutions financières internationales.
S’agissant des changements climatiques, il est temps, a-t-il dit, de parvenir à un accord global. Cet accord devrait inclure notamment le Fonds vert pour le climat et l’aide aux pays en développement pour que ceux-ci bénéficient des technologies vertes.
Le Bangladesh regrette, par ailleurs, l’échec des négociations internationales sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire. Les États possédant l’arme nucléaire doivent s’engager dans un dialogue constructif, pour établir la confiance en vue de la réduction impérative de l’arme nucléaire dans les doctrines de défense et de sécurité, a déclaré le délégué. Enfin, M. Rahman a déploré le fait que les États n’aient pu s’entendre sur des normes communes tendant à réglementer le commerce international des armes classiques et l’échec de la Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes.
M. YUSRA KHAN (Indonésie) a estimé que l’ONU devait se concentrer sur le suivi de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20. À l’approche de la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il faut commencer à concevoir un agenda ambitieux pour l’après-2015. Pour sa part, l’Indonésie s’efforce de promouvoir une énergie renouvelable aux niveaux bilatéral et multilatéral et peut s’inspirer de l’Initiative du Secrétaire général sur l’énergie durable pour tous afin de formuler sa politique nationale dans ce domaine. En outre, le monde doit élaborer un régime complet sur les changements climatiques pour l’après-2020.
Préoccupée par la question du chômage des jeunes, l’Indonésie juge important de développer les secteurs de la santé et de l’éducation et d’intensifier la formation. M. Khan a rappelé ensuite que son pays avait participé activement aux opérations de maintien de la paix de l’ONU depuis 1957. Il a mis l’accent sur l’importance de la transparence dans la sélection des postes stratégiques au sein des opérations de maintien de la paix, tant sur le terrain qu’au Siège. L’Indonésie a en outre l’intention d’élargir sa participation en contribuant du personnel civil dans les situations post-conflit.
Le représentant a regretté l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence sur le désarmement, qui empêche la réalisation d’un monde libre d’armes nucléaires. Il a indiqué ensuite que son pays appuyait la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation et qu’il participait à diverses initiatives au niveau régional, notamment dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour lutter contre le terrorisme. Enfin, l’Indonésie se félicite de contribuer aux efforts visant à renforcer le fonctionnement efficace des organes de traités des droits de l’homme des Nations Unies. Elle considère également que l’ONU doit promouvoir davantage ses travaux en matière de réduction des risques de catastrophe naturelle.
M. MATEO ESTREME (Argentine) a dit que le processus de développement devait se faire sans exclusive et conformément au principe de la responsabilité. Les obligations de chaque pays doivent correspondre à son niveau de développement, à ses spécificités particulières et à sa responsabilité historique dans la détérioration de l’environnement. De toute façon, l’un des piliers du développement durable est la pleine souveraineté de chaque pays sur ses ressources naturelles. L’Argentine ne croit pas qu’il existe un modèle unique de développement applicable à chaque pays et à tous les pays, a-t-il dit.
Au sujet du concept d’économique verte, l’Argentine a appelé à ce qu’il ne contribue pas à établir une forme de protectionnisme vert. Il ne doit pas non plus être pris comme un nouveau paradigme de développement ou comme un nouvel alibi pour réduire les aides au développement.
Pour ce qui concerne la sécurité et la paix dans le monde, M. Estreme a déclaré que face à la multiplication des conflits et des crises, le recours à la force devait être une solution exceptionnelle et de dernier recours conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.
Le représentant a, par ailleurs, souligné la nécessité d’introduire la prévisibilité dans les normes multilatérales de négociation sur les armes conventionnelles. À cet égard, il est important, pour le représentant, de renforcer le travail de la Conférence des Nations Unies sur le traité du commerce des armes et d’adopter le traité dans le cadre des Nations Unies.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a souligné l’importance du rapport présenté par le Secrétaire général, notamment sur les questions relatives au développement durable. Le représentant a indiqué que son pays appuyait les efforts et les décisions prises lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20). Selon lui, le développement durable passe par la coopération technologique dans tous les secteurs et entre tous les acteurs. Cette coopération doit également permettre aux pays les moins avancés (PMA) de bénéficier de l’appui des pays développés, a-t-il estimé. Les Nations Unies doivent prendre des mesures concertées pour réformer les institutions financières internationales afin de mieux répondre aux besoins de l’important groupe que forment les pays à revenu moyen.
Dans un contexte de tension accrue, le maintien de la paix et de la sécurité est indispensable. À cet égard, le représentant a fait part de ses préoccupations concernant l’échec du dialogue sur le désarmement et la non-prolifération, soulignant l’urgence de poursuivre les engagements pris en 2010 lors de l’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire. L’échec des négociations sur le commerce des armes est également un sujet de préoccupation pour le Bélarus, a-t-il ajouté.
Selon lui, l’une des menaces véritables à la paix et à la sécurité internationales demeure le terrorisme. À cet égard, il a plaidé pour une coopération efficace de la communauté internationale, estimant que le terrorisme ne pouvait être combattu que par des actions concertées et par le renforcement du cadre juridique international.
Le délégué s’est félicité de l’approche prise par l’Organisation concernant la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants et la traite des personnes. Il a plaidé pour un dialogue constructif entre tous les États Membres sur cette question. Enfin, le représentant a rappelé la nécessité de réformer l’Organisation. Il faut se doter d’instruments efficaces, renforcer la transparence et réformer le Conseil de sécurité, a-t-il dit.
M. PEDRO NUÑEZ MOSQUERA (Cuba) a attaché une grande importance à l’élaboration d’un agenda pour le développement pour l’après-2015. Ce processus devra être « intergouvernemental, transparent et inclusif, placé sous l’égide de l’Assemblée générale ». Il faudra analyser les raisons pour lesquelles les Objectifs du Millénaire pour le développement n’ont pas pu être atteints, puis répondre aux besoins des pays du Sud.
S’agissant de la réforme des Nations Unies, M. Mosquera a fait remarquer que de nombreuses initiatives n’avaient pas été suivies d’effet. À cet égard, il s’est félicité de la réorientation du projet de progiciel de gestion intégré Umoja, après la crise institutionnelle qui a paralysé la modernisation coûteuse des ressources informatiques de l’Organisation et a salué le dialogue du Secrétariat avec les États Membres.
Cuba appuie le processus visant à améliorer et renforcer le fonctionnement des organes de traités des droits de l’homme, a poursuivi le représentant. Toutefois, Cuba est préoccupée par la façon déséquilibrée dont les droits de l’homme sont traités au sein du système des Nations Unies. Ainsi les droits économiques, sociaux et culturels sont-ils « relégués » au second plan. « Le thème des droits de l’homme se trouve de plus en plus utilisé, tant au Conseil des droits de l’homme que dans d’autres instances, pour la politisation, la sélectivité et la manipulation à l’encontre de certains pays en développement, alors que les violations systématiques des droits de l’homme qui se produisent dans certains pays, en particulier les pays développés, sont ignorées. »
M. Mosquera a considéré que des concepts tels que la « responsabilité de protéger », la « sécurité humaine » et la « diplomatie préventive », entre autres, n’étaient pas clairement définis et n’avaient pas fait l’objet d’une entente intergouvernementale. Ces concepts ne peuvent pas être utilisés comme prétextes pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États et violer leur souveraineté, ni pour une invasion militaire ou la promotion d’un changement de régime, a-t-il insisté. En conclusion, il a également réitéré la nécessité de réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus équitable et plus représentatif.
M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a fait part de ses préoccupations concernant « la crise de la dette souveraine » et son risque de propagation à d’autres économies. Le système onusien doit établir un ordre du jour, notamment définir un agenda pour le développement conforme aux principes de l’éradication de la pauvreté, de la croissance économique verte et du développement durable. Sur cette question, il a déploré que les progrès en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient restés mitigés. Il s’est en revanche félicité de l’accord trouvé lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, à Rio, au Brésil en juin dernier.
S’agissant de la question relative aux opérations de maintien de la paix, M. Tarar a rappelé l’engagement de son pays, important contributeur de personnels. Membre non permanent du Conseil de sécurité pour la septième fois, le Pakistan s’engage à continuer de jouer un rôle constructif et à répondre aux préoccupations qui demeurent. Il s’est dit particulièrement conscient de l’urgence de la situation en Syrie et au Mali.
M. Tarar s’est également exprimé sur la question du Jammu-et-Cachemire, estimant qu’un règlement pacifique de cette question permettrait de promouvoir la paix et la sécurité internationales et de renforcer la crédibilité de l’ONU. Par ailleurs, le dialogue sur les questions de désarmement et de non-prolifération doit se poursuivre, tout en respectant le droit à une sécurité égale pour tous les États. Le Pakistan continuera à soutenir les efforts de la communauté internationale axés sur la sûreté et la sécurité nucléaires, a-t-il ajouté.
Enfin, le représentant a déploré les récents incidents délibérés de diffamation à l’encontre de l’Islam et du prophète. Il faut dissuader et combattre ces actes, a-t-il dit. La communauté internationale ne doit pas être un acteur silencieux mais doit combattre ces actes qui détruisent la paix dans le monde et mettent en danger la sécurité en abusant de la liberté d’expression.
M. SHRI E. AHAMED, Ministre d’État des affaires extérieures de l’Inde, a souligné la pertinence de la lutte pour l’élimination de la pauvreté et le développement durable. Des obstacles importants entravent la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi que la santé et l’éducation, dans la plus grande partie du monde en développement. Plus d’un milliard de personnes vivent encore dans une pauvreté extrême et souffrent de la faim, a précisé le Ministre. C’est pourquoi il faut intégrer les objectifs pour le développement qui n’ont pas été réalisés dans le programme de l’après-2015, conformément à l’agenda sur le développement durable issu de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20.
L’Inde accueille en ce moment la onzième Conférence des États parties à la Convention sur la diversité biologique, a indiqué M. Ahamed. Par ailleurs, l’Inde vise à élargir sa coopération Sud-Sud avec l’Afrique, dans le cadre du Forum Inde-Afrique, et avec les pays les moins avancés (PMA), les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement. S’agissant du maintien de la paix, l’Inde a déployé à ce jour 130 000 soldats dans des opérations de l’ONU. Alors que l’ONU opère dans des environnements de plus en plus complexes, il est important de faire en sorte que les mandats soient assortis de ressources adéquates et de consulter dans la durée les pays contributeurs de troupes, a insisté le Ministre.
En conclusion, M. Ahamed a relevé l’importance de la réforme du Conseil de sécurité qui, a-t-il constaté, n’est pas mentionnée dans le rapport annuel du Secrétaire général. La majorité écrasante des États Membres sont favorables à l’élargissement du Conseil dans les catégories de membres permanents et non permanents.
Le monde connaît à l’heure actuelle de profonds et de nombreux bouleversements, a affirmé M. WANG MIN (Chine), qui s’est, à cet égard, félicité du rapport présenté par le Secrétaire général des Nations Unies, lequel identifie les nombreux défis. Tous les pays sont liés les uns aux autres et sont interdépendants, c’est pourquoi le respect de la paix et de la sécurité est essentiel. Il a constaté le fait que la crise économique profonde avait eu un impact sur la situation sécuritaire et avait fait apparaître de nouveaux problèmes. Ainsi, il a mis l’accent sur le rôle joué par les Nations Unies pour promouvoir la coopération multilatérale, la paix et la sécurité internationales et la lutte contre le terrorisme.
Le rôle des Nations Unies est primordial et cette Organisation doit continuer à s’attacher au respect de sa Charte, a poursuivi le délégué. Il a estimé que la souveraineté et l’intégrité territoriale ne pouvaient être violées et que l’ordre établi après la Seconde Guerre mondiale ne pouvait être remis en cause. La non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État doit prévaloir et les États doivent pouvoir choisir de façon autonome leur mode de développement, a-t-il poursuivi. Il faut promouvoir une culture de paix et bannir le terrorisme comme menace commune à la paix et la sécurité internationales.
S’il est important, selon lui, de protéger les civils, aucun État ne peut imposer par la force des changements de régime. Il a plaidé en faveur du dialogue entre les différentes civilisations. La communauté internationale s’attend à ce que l’ONU joue un rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité et s’acquitte du mandat qui lui a été confié par la Charte. Concluant son propos, il a rappelé que, comme toujours, son pays continuerait de participer de façon active aux travaux des Nations Unies.
Le renforcement du multilatéralisme doit être au cœur de nos priorités, a déclaré M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil). Il faut revitaliser le travail de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité et entamer les travaux sur le programme de développement pour l’après-2015. Le représentant s’est dit confiant que le Groupe de travail de haut niveau du Secrétaire général sur cette question apportera une contribution importante aux États Membres qui doivent élargir leurs objectifs de développement et renforcer le cadre de partenariat.
La Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), « la plus grande et la plus ouverte à tous dans l’histoire des Nations Unies », constitue un jalon crucial sur la voie du développement durable, s’est félicité le délégué. L’accord conclu à Rio a renforcé le multilatéralisme et la confiance. Maintenant, il faut un effort collectif pour mettre en œuvre les objectifs de développement et répondre aux besoins spécifiques des pays en développement.
La paix et la sécurité représentent encore l’un des aspects cruciaux du travail de l’Organisation pour des millions de personnes dans le monde, a reconnu le représentant. Il a souhaité que les opérations de maintien de la paix soient plus efficaces et regroupées avec les opérations de consolidation de la paix et la protection des civils, compte tenu des problèmes complexes posés par la sécurité et le développement.
Par ailleurs, le Brésil reste un partenaire actif des pays africains et suit avec un vif intérêt la collaboration croissante entre les Nations Unies et les institutions africaines. Pour ce qui est de la promotion des droits de l’homme et de la responsabilité de protéger, la détermination du Brésil à promouvoir les droits de la personne humaine est indéfectible, a assuré son représentant.
Soulignant l’importance de la prévention, il a dit que « chaque fois qu’un recours collectif à la force est envisagé, il faut promouvoir la responsabilité en protégeant ».
Enfin, le Brésil attend avec impatience la décision de la Cinquième Commission sur la réforme administrative proposée par le Secrétaire général et contribuera aux propositions sur la mobilité du personnel, en tenant compte de la nécessité d’une représentation géographique équitable.
Mme FORTUNA DIBACO CIZARE (Éthiopie) a indiqué qu’aucun gouvernement ne pouvait plus aujourd’hui résoudre tout seul les nombreux et complexes problèmes du monde actuel. Ces problèmes requièrent une coopération renforcée et des actions collectives et plus de participation dans les processus de prise de décisions au niveau international.
S’agissant du maintien de la paix, l’Éthiopie se félicite du renforcement et de l’approfondissement de l’approche stratégique des Nations Unies et de la coopération avec les organisations régionales telles que l’Union africaine.
En ce qui concerne le développement, le délégué de l’Éthiopie, après avoir énuméré les réalisations de son gouvernement dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, a affirmé que les changements climatiques auraient des effets négatifs sur les populations. Dès lors, il faudra mobiliser des ressources supplémentaires d’un côté et, de l’autre, parvenir à un accord global pour faire face aux menaces et aux impacts des changements climatiques avant 2015.
S’agissant des droits de l’homme dont la réalisation passe par le dialogue et la coopération, l’Éthiopie prépare actuellement un dialogue direct avec le Conseil des droits de l’homme, a annoncé la déléguée.
Enfin, en matière de sécurité internationale, elle a souligné que les attaques terroristes se poursuivaient et constituaient ainsi des menaces contre les États et les peuples. À cet égard, elle a salué l’accord conclu lors de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en juin 2012. Cet accord prévoit des plans de mise en œuvre nationaux et régionaux ainsi qu’une assistance intégrée pour une initiative contre le terrorisme.
Mme ARLINE DIAZ MENDOZA (Venezuela) a rappelé que, tout au long de son histoire, l’ONU avait enregistré des réalisations importantes dans le règlement pacifique des conflits. Toutefois, a-t-elle dit, l’application des principes de la Charte des Nations Unies ne s’est pas faite sans difficultés, notamment lors de l’échec de négociations entre les pays ou lorsque certaines puissances hégémoniques ont tenté d’imposer leur vue. La non-intervention dans les affaires intérieures d’un pays, l’égalité souveraine entre les États, l’abstention du recours à la force doivent être les principes qui régissent cette Organisation, a estimé la déléguée.
Selon elle, les différends entre États, qui puisent leurs sources dans la pauvreté, l’exclusion sociale et le racisme, mettent en péril la paix et la sécurité internationales. Le Venezuela condamne le recours à la force, notamment pour régler les différends. Elle s’est dite préoccupée par le rôle du Conseil de sécurité concernant « l’usage unilatéral de la force, la légitime défense et plus récemment l’utilisation de la mal-nommée "responsabilité de protéger" », qu’elle a qualifiée de « violation flagrante des buts et des principes de la Charte ». La Syrie, a-t-elle poursuivi, comme ce fut le cas dans le passé en Libye, est aujourd’hui soumise à l’ingérence des puissances coloniales qui appuient des groupes armés qui commettent des violations ayant causé la mort de milliers de civils.
Par ailleurs, la déléguée a mis l’accent sur la récente crise mondiale et capitaliste qui nécessite un changement radical de l’ordre économique financier. Elle a appelé l’Organisation à appuyer une nouvelle architecture financière qui représenterait l’intérêt de tous les peuples du monde. Le respect et la diversité des différents systèmes doivent être respectés, a-t-elle poursuivi. Ce respect est une valeur fondamentale dans un monde de plus en plus interdépendant. Elle s’est prononcée en faveur du dialogue entre les civilisations, la culture de la paix et de la foi, fondées sur la non-ingérence dans les affaires d’un État et le principe de souveraineté.
Enfin, la déléguée a mis l’accent sur la nécessaire réforme du Conseil de sécurité. « Le recours anachronique au veto » doit être éliminé et les pays en développement doivent être ajoutés comme nouveaux membres permanents.
En sus des problèmes économiques, sociaux et humanitaires, et des effets des changements climatiques, Mgr FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège, a souligné l’absence de confiance parmi les États et les autres acteurs de la communauté internationale comme un autre problème majeur. Cette confiance reste pourtant essentielle si l’on veut préserver le bien commun de l’humanité, a estimé l’observateur. Elle est aussi importante notamment dans les efforts pour parvenir à un accord sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire, a-t-il dit.
S’agissant du développement durable, l’observateur du Saint-Siège a dit qu’il était essentiel de placer la personne humaine au centre des préoccupations et non pas la prendre comme un obstacle au développement. À cet effet, il faut travailler pour respecter les relations entre les hommes, les relations avec l’environnement et le rôle des hommes en tant que dépositaires de la création.
L’observateur a ajouté que les dirigeants mondiaux et les institutions internationales devaient aider à faire respecter les droits de l’homme et plus particulièrement la liberté des religions. Il a noté au passage que, même dans les grandes démocraties, la liberté de religions était attaquée. La manifestation publique de la foi ne doit pas être prise comme une menace contre la foi individuelle ou un danger contre la gouvernance démocratique, ou encore une violation de la sécurité publique.
Les dirigeants mondiaux et les institutions internationales doivent s’assurer que les droits fondamentaux sont respectés mais aussi que leur respect conduit à la confiance entre les sociétés et envers les institutions.
Avant de conclure, l’observateur a souligné qu’en allant porter de l’aide aux populations victimes des changements climatiques ou d’autres catastrophes à travers le monde, la communauté internationale renforce la confiance des populations du monde envers elle-même.
Droits de réponse
La représentante de l’Inde a regretté que le représentant du Pakistan ait fait des références « hors contexte » à l’État du Jammu-et-Cachemire qui fait « partie intégrante de l’Inde ».
Le représentant du Pakistan s’est contenté de conseiller à l’Inde de « ne pas aborder des questions existant de longue date en s’efforçant de les introduire dans des remarques en passant ».
La représentante de l’Inde a rejeté les remarques du représentant du Pakistan qui « n’ont pas de place au sein de cette Assemblée ».
Le représentant du Pakistan a répondu qu’il ne voulait pas « que ces répétitions créent l’illusion de la véracité des faits ».
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