L’Assemblée générale se réjouit des effets du Partenariat « Faire reculer le paludisme » mais demande un soutien accru à la lutte contre ce mal
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante-sixième session
127e séance plénière - matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SE RÉJOUIT DES EFFETS DU PARTENARIAT « FAIRE RECULER
LE PALUDISME » MAIS DEMANDE UN SOUTIEN ACCRU À LA LUTTE CONTRE CE MAL
Elle apporte des précisions à sa définition du concept de sécurité
humaine et débat des politiques macroéconomiques et du développement durable
L’Assemblée générale a, aujourd’hui,exprimé sa satisfaction en ce qui concerne les effets du Partenariat « Faire reculer le paludisme », tout en demandant que soit apporté un soutien accru à la mise en œuvre des engagements et des objectifs internationaux en matière de lutte contre le paludisme, notamment dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’Assemblée a également apporté des précisions sur la définition du concept de « sécurité humaine », avant d’ouvrir un débat consacré aux « Politiques macroéconomiques pour l’avenir que nous voulons: le développement durable et la réalisation des OMD ».
Dans un premier temps, ce matin, l’Assemblée générale a adopté par acclamation sa résolution annuelle sur le paludisme intitulée: « Consolider les acquis et intensifier l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, d’ici à 2015 »*.
Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale demande notammentà la communauté internationale d’intensifier les investissements et les efforts consacrés à la recherche pour « utiliser au mieux » les moyens existants et mettre au point et autoriser de nouveaux médicaments, produits et technologies antipaludiques qui soient sûrs et abordables. Elle encouragele partage, entre les différentes régions, des connaissances, des expériences et des enseignements tirés de l’expérience concernant la lutte contre le paludisme et son éradication, notamment entre l’Afrique, la région Asie-Pacifique et l’Amérique latine.
« Tout en reconnaissant la nécessité d’allouer des ressources supplémentaires », l’Assemblée générale se félicite en outre que la communauté internationale finance davantage les activités de lutte antipaludique et de recherche-développement sur les moyens de prévention, de dépistage et de lutte contre cette maladie.
La résolution était présentée par la représentante du Libéria qui a précisé que 3,2 milliards de dollars seront nécessaires, d’ici à 2015, pour combler le déficit de financement actuel dans les efforts de lutte contre le paludisme. Elle a également rappelé que le paludisme provoque, chaque année, la mort de 665 000 personnes et tue, de surcroit, un enfant chaque minute en Afrique, continent qui, a-t-elle précisé, recense 81% des cas de paludisme à l’échelle mondiale.
L’Assemblée générale a ensuite affiné sa définition du concept de sécurité humaine en adoptant, également par acclamation, la résolution intitulée: « Suite donnée au paragraphe 143 sur la sécurité humaine du Document final du Sommet mondial de 2005 »** qui était présentée par le représentant de la Jordanie, intervenant en sa capacité de Président du Réseau pour la sécurité humaine***, ainsi qu’au nom du Japon, coauteur de ce texte.
Par ce texte, qui présente une définition de ce concept articulé autour de sept paragraphes, l’Assemblée générale convient notamment que la notion de sécurité humaine se distingue du principe de la « responsabilité de protéger » et de son application. Elle indique que la sécurité humaine n’est pas assurée par la menace ou l’emploi de la force ou de mesures de coercition et que ce concept ne saurait remplacer la sécurité que chaque État doit garantir à ses citoyens. Pour l’Assemblée générale, la notion de sécurité humaine appelle des réponses axées sur l’être humain, « globales, adaptées au contexte et centrées sur la prévention ». Nonobstant le consensus qui s’est dégagé sur ce texte, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué ne pas être pleinement convaincu que ce concept puisse apporter quelque chose de nouveau aux travaux de l’Organisation des Nations Unies, craignant même au contraire qu’il entraîne une politisation du débat. Le concept de la sécurité humaine doit être exclusivement utilisé dans le contexte socioéconomique et ne doit pas être le prétexte au recours à l’usage de la force, a-t-il estimé. De leur côté, les représentants du Venezuela et de la Syrie ont quant à eux affirmé que la notion de sécurité humaine ne peut en aucun cas remettre en cause la sécurité de l’État.
Dans le cadre du débat sur les politiques macroéconomiques, le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a estimé qu’il importe de réviser et de refaçonner les prises de décisions en la matière afin de favoriser la stabilité, la création d’emploi et la promotion de l’économie verte afin d’atteindre l’équité et de réaliser les OMD au niveau mondial.
« Il faut que les politiques macroéconomiques promeuvent le développement durable, afin de parvenir à une croissance économique durable, inclusive et équitable », a renchéri M. Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, qui intervenait au nom du Secrétaire général. « Tous les efforts que nous déployons doivent aboutir à garantir à tous le bien-être et une vie dans la dignité », a ajouté M. Eliasson qui a par ailleurs conseillé d’intégrer les décisions économiques dans les politiques sociales, environnementales, industrielles et de l’emploi.
De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Luis-Alfonso De Alba, a estimé qu’un changement au niveau des politiques budgétaires était nécessaire et essentiel, et a demandé que soient revues les politiques économiques appliquées au niveau mondial afin de promouvoir un changement structurel qui promeuve un développement durable.
L’Assemblée générale a ensuite poursuivi ce débat au cours d’une session informelle.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
*** Afrique du Sud, Autriche, Chili, Costa Rica, Grèce, Irlande, Mali, Norvège, Panama, Suisse, Thaïlande, Slovénie
2001-2010: DÉcennie pour faire reculer le paludisme dans les pays en dÉveloppement, particuliÈrement en Afrique: projet de rÉsolution (A/66/L.58).
Consolider les acquis et intensifier l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, d’ici à 2015 (A/66/L.58)
Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale prie instammentla communauté internationale, les organismes des Nations Unies et les organisations et fondations privées, de soutenir la mise en œuvre du Plan d’action mondial contre le paludisme.
Elle exhorte la communauté internationale à s’employer à améliorer, renforcer, harmoniser, rendre prévisible et maintenir l’assistance bilatérale et multilatérale à la lutte antipaludique, y compris l’appui au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Elle invite les partenaires dans la lutte contre le paludisme à éliminer les obstacles financiers et logistiques à la chaîne d’approvisionnement, responsables, sur le plan national, des ruptures de stocks de moustiquaires imprégnées d’insecticides de longue durée, de tests de dépistage rapide et de polythérapies à base d’artémisinine.
Elle engage vivement les pays impaludés à rechercher la viabilité financière, à augmenter dans la mesure du possible les ressources nationales affectées à la lutte contre le paludisme et à créer des conditions favorables à une collaboration avec le secteur privé afin d’améliorer l’accès à des services antipaludiques de qualité.
Elle exhorte les États Membres à recenser et à constituer les ressources humaines intégrées dont leurs systèmes de santé ont besoin, à tous les niveaux, pour atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration d’Abuja sur le projet « Faire reculer le paludisme en Afrique ».
Elle se déclare en outre préoccupée par la multiplication des souches résistantes de paludisme dans plusieurs régions du monde, et demande aux États Membres d’appliquer le Plan d’action mondial pour l’endiguement de la résistance à l’artémisinine et le Plan mondial de gestion de la résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides.
L’Assemblée générale exhorte par ailleurs tous les États Membres à interdire la commercialisation et l’usage des monothérapies orales à base d’artémisinine et à les remplacer par des polythérapies orales à base d’artémisinine, conformément à la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé.
Elle estime également qu’il importe de mettre au point des vaccins et de nouveaux médicaments sûrs et peu coûteux pour prévenir et traiter le paludisme et qu’il faut poursuivre et accélérer les recherches, y compris sur des thérapies sûres, efficaces et de qualité.
Enfin, elle engage vivement les États Membres, la communauté internationale et toutes les autres parties prenantes, y compris le secteur privé, à favoriser l’exécution concertée et à améliorer la qualité des activités antipaludiques, notamment dans le cadre du « Partenariat Faire reculer le paludisme ».
Application et suivi intÉgrÉs et coordonnÉs des textes issus des grandes confÉrences et rÉunions au sommet organisÉes par les Nations Unies dans les domaines Économique et social et dans les domaines connexes; et Suite donnÉe aux textes issus du Sommet du MillÉnaire: projet de rÉsolution (A/66/L.55/Rev.1)
Suite donnée au paragraphe 143 sur la sécurité humaine du Document final du Sommet mondial de 2005 (A/66/L.55)
Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale convient que la sécurité humaine est une démarche dont l’objet est d’aider les États Membres à cerner les problèmes multidimensionnels de grande ampleur compromettant la survie, les moyens de subsistance et la dignité de leur peuple et à y remédier. Partant, une définition commune de la notion de sécurité humaine comprend les éléments suivants :
a) La sécurité humaine comprend le droit des êtres humains de vivre libres et dans la dignité, à l’abri de la pauvreté et du désespoir. Toutes les personnes, en particulier les plus vulnérables, ont le droit de vivre à l’abri de la peur et du besoin et doivent avoir la possibilité de jouir de tous leurs droits et de développer pleinement leurs potentialités dans des conditions d’égalité;
b) La sécurité humaine appelle des réponses axées sur l’être humain, globales, adaptées au contexte et centrées sur la prévention, qui renforcent la protection et la capacité d’action individuelle et collective;
c) La sécurité humaine tient compte des liens réciproques entre paix, développement et droits de l’homme et accorde la même importance aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels;
d) La notion de sécurité humaine se distingue du principe de la responsabilité de protéger et de son application. La sécurité humaine n’est pas assurée par la menace ou l’emploi de la force ou de mesures de coercition. La sécurité humaine ne saurait remplacer la sécurité que l’État doit garantir;
e) La sécurité humaine est fondée sur l’appropriation nationale. Comme les conditions politiques, économiques, sociales et culturelles nécessaires pour assurer la sécurité humaine varient considérablement dans un même pays, d’un pays à l’autre et selon les époques, la sécurité humaine renforce les initiatives nationales qui sont compatibles avec les réalités locales;
f) Il appartient en premier lieu aux gouvernements d’assurer la survie, les moyens de subsistance et la dignité de leurs citoyens. Le rôle de la communauté internationale est complémentaire et consiste à fournir aux gouvernements, à leur demande, l’appui dont ils ont besoin pour renforcer leurs capacités d’action face aux menaces existantes ou émergentes;
g) La sécurité humaine est assurée dans le strict respect des buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, notamment de la souveraineté de l’État, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale. Elle n’impose pas d’obligations juridiques supplémentaires aux États;
L’Assemblée générale affirme par ailleurs que les projets financés par le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine devraient être approuvés par les États qui en bénéficient et être conformes aux stratégies et aux priorités nationales, afin que les pays concernés les prennent en main.
Explications de position
Le représentant du Pakistan s’est félicité de la distinction que fait la résolution entre le concept de sécurité humaine et d’autres concepts « plus controversés », notamment celui de responsabilité de protéger. Il a estimé qu’en accordant plus d’attention à la question du développement, il serait possible de faire progresser la notion de sécurité humaine, et a regretté à ce titre que le dispositif de la résolution ne fasse pas référence au droit au développement.
La représentante de la Syrie a indiqué que sa délégation estime que le concept de sécurité humaine doit répondre aux objectifs énoncés dans la Charte de l’ONU, notamment en ce qui concerne le respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États Membres souverains. La sécurité humaine des individus ne peut prendre le dessus sur la sécurité de l’État, a-t-elle notamment souligné. Elle a par ailleurs estimé que l’axe essentiel de la sécurité humaine s’articule autour du concept de développement durable. Estimant en outre qu’il ne devait pas être appliqué uniquement aux États du « Sud », elle a réclamé des garanties pour qu’il soit appliqué à l’ensemble des États Membres. La représentante a également attiré l’attention de l’Assemblée sur le fait que les pratiques de certaines compagnies multinationales violent les droits des individus, et elle a ensuite appelé les pays développés à indemniser les pays en développement pour les dégâts subis en matière de détérioration de l’environnement mondial.
Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué ne pas s’être opposé à l’adoption de la résolution, car le texte tient compte d’un certain nombre de remarques exprimées par sa délégation. Il a cependant exprimé des doutes en ce qui concerne le concept de la sécurité humaine. « Nous ne sommes pas pleinement convaincus que ce concept puisse apporter quelque chose de nouveau dans les travaux de l’Organisation », a-t-il dit, indiquant que sa délégation craignait au contraire qu’il entraîne une politisation du débat. Ce concept doit être exclusivement utilisé dans le contexte socioéconomique et ne doit pas être le prétexte à des appels pour l’usage de la force contre certains gouvernements, a-t-il souligné. Le représentant a aussi exigé que la notion de sécurité humaine respecte le principe fondamental de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays. Le rôle de la communauté internationale est d’aider les gouvernements, à la demande de ces derniers et avec leur accord, afin de les aider à surmonter les difficultés, a-t-il insisté.
Le représentant du Venezuela, tout en a reconnaissant que les délégations avaient avancé dans la compréhension commune de la notion de sécurité humaine, a demandé qu’elles continuent à travailler conjointement en vue de définir cette notion, ses objectifs, et sa mise en œuvre dans le système des Nations Unies. Pour le Venezuela, la notion de sécurité humaine ne peut en aucun cas remettre en cause la sécurité de l’État, ce qui signifie qu’elle est subordonnée à l’impératif de la sécurité de chaque État souverain, a insisté le représentant. La Charte des Nations Unies a conçu un système qui protège la sécurité de tous les États, a-t-il rappelé. Le Venezuela estime donc que la notion de sécurité humaine doit compléter celle de la sécurité de l’État, en tant que politique visant le bien-être des êtres humains. Mais il doit être entendu que l’État continuera à être le mieux placé pour garantir la sécurité et le bonheur de ses citoyens, a-t-il souligné.
Prenant à son tour la parole, la représentante des États-Unis a estimé que le texte de la résolution n’illustrait pas suffisamment la diversité des points de vue entourant le concept de sécurité humaine et qu’il n’accordait pas suffisamment de poids à la peur que peuvent ressentir des populations menacées ou subissant des abus. Les États-Unis estiment que la référence faite au concept de « responsabilité de protéger » n’était pas nécessaire, a-t-elle ajouté. Elle a également formulé de fortes réserves concernant « l’usage sélectif » de la Charte dont ferait preuve le texte de la résolution.
Le représentant de la Chine a souligné que les gouvernements avaient la responsabilité première d’assurer la survie et le bien-être de leur population et a estimé que rien ne peut justifier le recours à des mesures coercitives pour mener des opérations humanitaires. Au vu de la divergence des points de vue des États Membres sur le projet de résolution, il a dit que sa délégation lançait un appel aux autres pour tenir davantage de consultations afin que les États Membres parviennent à se mettre d’accord sur une définition universellement acceptée du concept de sécurité humaine.
Le représentant de l’Égypte a estimé que cette résolution ne fait que refléter le niveau de maturité des discussions portant sur la notion de sécurité humaine depuis 2005. Il s’est réjoui d’avoir participé au débat qui a permis de jeter les fondements de cette notion. Même si nous n’avons pas encore mis au point une définition de ce concept, nous avons établi des paramètres qui établissent le cadre de la discussion, a-t-il expliqué. Ainsi, la sécurité humaine est différente de la responsabilité de protéger et n’implique pas de recours à la force ni de menace d’y recourir, a-t-il précisé. En outre, elle ne remplace pas la sécurité des États, et elle doit respecter le principe selon lequel les gouvernements ont la responsabilité principale du bien-être et de la survie de leurs citoyens. La sécurité humaine soutient le pilier du développement, a-t-il apprécié, tout en espérant que la notion contribue à la réalisation des objectifs de développement durable. Il a également souhaité que la discussion de cette notion se déroule uniquement au sein de l’Assemblée générale, sur la base des paramètres posés aujourd’hui.
La délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies a indiqué que l’Union européenne souhaite promouvoir la sécurité humaine en tant qu’approche globale axée sur la prévention pour assurer des modes de vie durables aux populations. L’UE a participé aux discussions et se félicite des progrès significatifs réalisés depuis 2010, a-t-il dit. Le représentant a estimé que le plus important est d’agir sur le terrain. Il a donc souhaité que les travaux des Nations Unies s’orientent vers la définition d’actions concrètes en la matière. Parvenir à une compréhension commune de la sécurité humaine n’est pas une fin en soi, mais une façon d’arriver à l’appliquer sur le terrain. Nous avons réitéré l’interdépendance des trois piliers de l’ONU, et la sécurité humaine a justement pour objectif de les lier, a-t-il estimé. En ce qui concerne le paragraphe 3e) du texte, qui a exclu la menace ou l’emploi de la force ou de mesures de coercition, la délégation de l’Union européenne estime que les mesures coercitives doivent continuer à faire partie de la panoplie dont dispose l’ONU pour veiller à ce que les États respectent les droits de l’homme et le droit humanitaire, a indiqué le représentant. Les sanctions sont inscrites dans l’arsenal des mesures de politique étrangère, a-t-il affirmé, avant toutefois de s’opposer à toute approche sélective dans l’usage de ces mesures.
SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE
Déclarations
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, est revenu sur le Document final de la Conférence Rio+20, « L’avenir que nous voulons », qui, a-t-il affirmé, fournit une base solide pour faire avancer le bien-être social et environnemental des populations de la planète et permet de lancer un processus tendant à définir les objectifs socioéconomiques agréés au niveau mondial et de déboucher ainsi sur une croissance économique inclusive. Il a ensuite évoqué les reculs provoqués par la crise économique actuelle. Il importe à présent de réviser et de refaçonner le processus de prise de décisions au niveau macroéconomique afin de favoriser la stabilité, la création d’emplois et l’économie verte. Ce réexamen est essentiel pour atteindre l’équité et réaliser les OMD, a-t-il souligné. Le Président de l’Assemblée générale a ensuite rappelé que la question du développement figurait parmi les quatre principaux piliers de sa présidence.
M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que de nombreux pays continuent à faire face à des problèmes économiques profonds, qui affectent gravement leurs populations vulnérables. Il s’est félicité du débat qui a lieu avec passion et engagement sur cette question entre les experts, les médias et le public, « un débat assez sain » qui est complété par l’élaboration de politiques par les dirigeants, a-t-il expliqué. Le débat tourne autour de deux possibilités, a-t-il précisé. La première solution proposée est de donner, en faveur de la relance, une impulsion fiscale, de débloquer des crédits et de prendre des mesures visant à réduire le chômage. La deuxième préconise l’austérité fiscale afin de ramener la dette publique à des niveaux plus durables et plus soutenables. Pour les dirigeants des pays en développement, les décisions sont difficiles à prendre, a estimé le Vice-Secrétaire général, soulignant la volatilité des cours des matières premières et des marchés financiers. Les mesures que ces pays peuvent prendre pour créer une réserve fiscale et monétaire peuvent avoir une incidence sur leur capacité à investir dans le développement, a-t-il relevé.
Relevant que les choix faits aujourd’hui auront des effets sur les sociétés, les familles et les couches les plus pauvres, M. Eliasson a émis l’espoir que le dialogue sur le développement, qui est organisé aujourd’hui, permettrait d’établir un lien clair entre les politiques macroéconomiques et l’objectif d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a rappelé qu’il reste trois ans et quatre mois pour les réaliser, afin d’atteindre « l’avenir que nous voulons », et pour formuler un programme de travail pour l’après-2015. Appelant à garder à l’esprit cette perspective à long terme, il a souligné que les politiques à adopter doivent clairement viser l’objectif du plein-emploi. Il faut aussi que les politiques macroéconomiques promeuvent le développement durable, afin de parvenir à une croissance économique durable, inclusive et équitable. Nous devons donc allouer davantage de ressources aux secteurs clefs de l’emploi, de l’éducation et de la santé, a expliqué M. Eliasson, avant de demander aussi que soit mieux protégé l’environnement.
Le Vice-Secrétaire général a exhorté les délégations à adopter une vision large et à long terme. Il a cité le premier prix Nobel d’économie, le professeur Jan Tinbergen, qui préconisait d’élaborer autant d’instruments politiques qu’il y a d’objectifs politiques. Étant donné que nous ajoutons des objectifs à atteindre, il nous faut disposer de davantage d’outils, en a-t-il déduit. Il a conseillé d’intégrer les décisions économiques dans les politiques sociales, environnementales, industrielles et de l’emploi. En fin de compte, tous nos efforts doivent aboutir à garantir à tous le bien-être et une vie dans la dignité, a-t-il préconisé.
M. LUIS-ALFONSO DE ALBA (Mexique), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que les crises mondiales ont eu des répercussions négatives sur l’économie mondiale, entraînant ainsi une augmentation de la pauvreté et du chômage, des tensions sociales, et mettant en péril les écosystèmes environnementaux. Tout succès pour parvenir aux objectifs de développement agréés dépendra de la reprise économique mondiale, a-t-il dit. Un changement au niveau des politiques budgétaires est essentiel, a dit le Vice-Président de l’ECOSOC. Il a demandé que soient revues les politiques économiques mondiales afin de renforcer la création d’emplois et de promouvoir un changement structurel qui promeuve un développement durable. À la suite de la Conférence Rio+20, il a été possible de réaffirmer la nécessité de la mise en place d’un processus qui permette de créer une stratégie de financement du développement durable, a-t-il rappelé. Il a souhaité que le dialogue sur le développement offre à la communauté internationale l’occasion d’insister sur la nécessité de compléter les efforts en cours.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel