En cours au Siège de l'ONU

AG/11242

Assemblée générale: débat de haut niveau sur l’importance croissante de la médiation dans le règlement pacifique des différends

23/05/2012
Assemblée généraleAG/11242
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique informel

Matin & après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR L’IMPORTANCE CROISSANTE DE LA MÉDIATION

DANS LE RÈGLEMENT PACIFIQUE DES DIFFÉRENDS


Les participants préconisent plus de coordination dans les efforts

de médiation et une meilleure implication de toutes les parties prenantes


« Le rôle des États Membres dans la médiation » était le thème de la réunion informelle de haut niveau tenue aujourd’hui par l’Assemblée générale, qui a rassemblé, aujourd’hui, huit ministres et plusieurs experts de la médiation, y compris ceux issus de la société civile, pour parler d’un sujet qui suscite beaucoup d’enthousiasme et d’initiatives.


Forte de sa première résolution* sur la question, adoptée en juin 2011, et de la récente Conférence internationale d’Istanbul** sur la médiation, qui s’est tenue en février, l’Assemblée générale voulait aujourd’hui tirer parti des expériences acquises dans le passé en matière de médiation, en vue notamment de préparer le texte d’une nouvelle résolution sur cette question.


Le concept de « règlement pacifique des différends » est l’un des quatre piliers de l’agenda de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a rappelé son Président, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, du Qatar, qui a reçu en fin de journée le « Prix de la diplomatie mondiale de la médiation », remis par la « Foundation for Subjective Experience and Research ».


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a, dans son intervention, déclaré que les gouvernements étaient les médiateurs les plus actifs sur la scène internationale, notamment par leur capacité d’encourager les processus de médiation dans les pays voisins touchés par les conflits.  Il a aussi recommandé de s’inspirer des expériences acquises par les organisations régionales et celles de la société civile, y compris les groupes de femmes.


Les Ministres des affaires étrangères de la Turquie et de la Finlande, deux pays très impliqués dans la médiation qui ont été des pionniers lors de la constitution du Groupe des Amis de la médiation aux Nations Unies, ont dit que leurs gouvernements attendaient beaucoup des directives qui ont été rédigées en application de la résolution adoptée en juin 2011 par l’Assemblée générale sur la question de la médiation.  Ces directives, qui doivent « rendre la médiation plus efficace, compte tenu notamment des enseignements du passé et des processus de médiation en cours », seront bientôt mises à la disposition des États Membres et devront être diffusées largement, ont souhaité les deux intervenants.


« Le recours à la médiation doit être la règle et non pas l’exception », a rappelé le Ministre des affaires étrangères de l’Italie, faisant référence à l’article 33 de la Charte de l’ONU.  Ce texte demande aux parties de rechercher une solution à un différend « avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix ».


Cette Réunion de haut niveau a été l’occasion pour les délégations et autres participants de rappeler les conditions idéales à mettre en place pour qu’une médiation ait toutes les chances de réussir.  Ainsi, la conduite d’une médiation doit bénéficier d’un fort leadership et d’une bonne coordination entre les différents intervenants, a préconisé le Président de l’Assemblée générale.  Outre son impartialité, le médiateur doit avoir une connaissance approfondie du contexte et des parties à un conflit ou différend.  « La discrétion, l’humilité et l’impartialité » sont essentielles, a estimé pour sa part le Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc.


En outre, la médiation doit conduire à une solution durable et inclusive, parce qu’idéalement, elle tient compte des intérêts de toutes les parties à un différend.  De leur côté, ces parties doivent faire preuve de bonne foi et bien coopérer au déroulement du processus, ont aussi souligné les ministres et experts.  « La médiation est à la fois un art et une science », a résumé le Ministre des affaires étrangères de la Turquie.  Plusieurs autres intervenants ont cependant averti que la recherche de la médiation ne devait pas laisser croire que les auteurs de crimes internationaux et de violations graves des droits de l’homme bénéficieraient d’une immunité.


Le Secrétaire général a aussi insisté sur la prévisibilité du financement de la conduite d’une médiation.  « La médiation est un investissement sage qui mérite un financement sûr », a-t-il souligné.


Illustrant le rôle croissant que jouent les gouvernements dans les efforts de médiation, les intervenants ont cité de nombreuses initiatives récentes, comme la nouvelle initiative hispano-marocaine visant à promouvoir la médiation aux niveaux régional, national et local dans la région de la Méditerranée.  Pour sa part, l’Autriche promeut le dialogue entre les cultures et les religions en créant, avec l’Arabie saoudite et l’Espagne, le Centre international Roi Abdullah pour le dialogue interculturel et interreligieux, a indiqué le représentant autrichien.


Au cours de la table ronde organisée dans l’après-midi sur « les enjeux de la cohérence, de la coordination et de la complémentarité entre les divers acteurs des processus de médiation », quatre experts et une vingtaine d’intervenants ont souligné la nécessité d’améliorer l’efficacité de la médiation et de suivre une approche qui inclut le contexte économique existant dans le pays où s’exerce la médiation.


Le Ministre des affaires étrangères de la Turquie a évoqué des exemples de médiations, dont celles menées dans le dossier nucléaire iranien en 2010, où des résultats positifs auraient pu être obtenus si on avait mieux coordonné les efforts, accepté l’implication de certaines parties, et évité de recourir de manière précoce à l’imposition de sanctions.  Les panélistes ont d’autre part mis l’accent sur le besoin d’assurer un minimum de discrétion aux efforts de médiation, afin de ne pas les mettre en péril.  « N’oublions pas que la médiation n’est pas une science exacte et que nous tâtonnons dans l’obscurité », a observé le Secrétaire général aux affaires politiques.


*A/RES/65/283

**A/66/800


RÉUNION DE HAUT NIVEAU INFORMELLE SUR LE THÈME « LE RÔLE DES ÉTATS MEMBRES DANS LA MÉDIATION »


Déclarations liminaires


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a expliqué qu’au cours de cette période marquée par l’incertitude, mais qui voit fleurir des nouvelles démocraties, le moment est venu de recourir à la médiation.  La médiation peut prévenir les conflits et venir en soutien à des transitions pacifiques, a-t-il dit.  « C’est dans ce contexte que j’ai choisi le thème du « règlement pacifique des conflits » comme un des quatre piliers de la session de l’Assemblée que je préside », a expliqué M. Al-Nasser.  Il a noté le fort soutien exprimé envers cette initiative par les chefs d’États et de gouvernements lors du débat général de septembre 2011.  Le 11 janvier 2012, le groupe des « Amis de la Médiation » a rassemblé des représentants d’organisations régionales pour discuter de ce sujet, puis, les 24 et 25 février, a eu lieu la Conférence internationale d’Istanbul sur la médiation.


La réunion d’aujourd’hui est sensée compléter ce processus en mettant l’accent sur le rôle des États Membres, a indiqué le Président de l’Assemblée.  Il a dit attendre des ministres et autres experts présents à ce débat qu’ils apportent leur témoignage sur la façon dont la médiation peut être menée efficacement.  Ce processus permettra aussi de préparer le texte du projet de la résolution sur la médiation qui sera bientôt soumise aux États Membres, a indiqué M. Al-Nasser


Le Président de l’Assemblée a ensuite exposé les éléments qu’il juge essentiels pour mener à bien les efforts de médiation.  Il a d’abord souligné la nécessité de disposer d’un fort leadership et de mesures coordonnées, afin de gérer au mieux les efforts des différents intervenants du processus de médiation.  Nous avons assisté ces dernières années à une prolifération des médiateurs, a-t-il relevé à cet égard.  Il a ensuite expliqué combien il était important de « trouver un équilibre entre les principes et la vision de ce que l’on veut atteindre, en gardant à l’esprit les exigences d’impartialité et de neutralité ».  Un autre élément essentiel à la conduite d’une bonne médiation est la connaissance approfondie et une bonne compréhension des parties en présence et de la situation à laquelle on fait face, a dit M. Al-Nasser.  Enfin, il a insisté sur les caractères durables et inclusifs de la médiation qu’il faut respecter.  À cet égard, il a souligné le rôle important que peuvent jouer les organisations de femmes ainsi que la nécessité d’inclure les mécanismes traditionnels ou autochtones de médiation dans les efforts déployés.


« Selon les statistiques, les médiations menées à ce jour ont conduit la communauté internationale à plus d’échec que de succès, mais cela ne doit pas nous décourager », a indiqué le Président de l’Assemblée.  Nous devons inverser cette tendance afin d’utiliser ce mécanisme à bon escient, a-t-il préconisé.  Il a remercié le Secrétaire général d’avoir choisi la prévention des conflits comme l’une de ses cinq priorités pour la période couvrant les cinq prochaines années.  Le dialogue entre les civilisations constitue une stratégie complémentaire de prévention et de résolution des conflits, a-t-il aussi souligné, avant d’inviter les États Membres à renforcer cet outil.  Enfin, il a attiré l’attention des participants au débat thématique de haut niveau sur les capacités croissantes des organisations de la société civile dans le domaine de la médiation.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que cette Réunion de haut niveau marquait une étape importante dans les efforts de l’ONU en matière de promotion de la paix et de la prévention des conflits armés.  Il a rappelé que les services de médiation de l’ONU devaient être disponibles pour tous les États qui en auraient besoin, ceci de manière simple et rapide.  Rappelant le jalon que représente la résolution sur la médiation adoptée par l’Assemblée générale en 2010, le Secrétaire général a déclaré que les gouvernements étaient les médiateurs les plus actifs sur la scène international, du fait de la capacité qu’ils ont d’encourager les processus de médiation dans des pays voisins touchés par des conflits ou de celle de pouvoir intervenir en tant que bailleurs de fonds ou membres de groupes de contact.  M. Ban a dit que l’effort qui est fait pour mettre au point des principes directeurs qui permettraient de rendre la médiation efficace répond aux objectifs de la résolution 2010.  Cet effort s’inspire des expériences acquises par les gouvernements, les organisations régionales et la société civile, y compris les groupes de femmes, a indiqué le Secrétaire général.  Si tous les efforts de médiation s’inscrivent dans un mode et dans un cadre précis de situations, le Secrétaire général a néanmoins tenu à mettre un accent sur les fondements communs à toutes les entreprises de médiation, qui doivent respecter les lois et les normes internationales.  Il a jugé indispensable que les auteurs de crimes graves n’obtiennent pas d’amnistie quand se négocient et sont conclus des accords de paix.  Pour que la médiation soit efficace, il nous faut bénéficier de financements prévisibles, a aussi insisté le Secrétaire général, en estimant que « la médiation est un investissement sage qui mérite un financement sûr ».  


M. AHMET DAVUTOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a rappelé qu’il y a un an et demi la délégation turque et celle de la Finlande avaient lancé l’initiative de la « Paix par la médiation », à un moment où on ne parlait pas encore beaucoup de ce sujet sur la scène internationale.  Il a regretté que le manque de cadre et de ressources ait entravé l’efficacité de cette initiative.  Il a cependant relevé les progrès accomplis dans ce domaine, grâce au leadership du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale.  Le ministre a ainsi mentionné la résolution A/RES/65/283, adoptée en juin 2011, qui constitue le premier texte des Nations Unies sur la médiation.  Par cette résolution, un appel a été lancé à toutes les parties prenantes à un conflit pour qu’elles garantissent l’efficacité du mécanisme de médiation.


La Turquie a organisé la première Conférence portant sur cette question à Istanbul, a fait valoir M. Davutoğlu, se réjouissant de la plateforme qu’elle a ainsi fourni pour nouer des contacts et faire face aux défis importants qui se posent dans ce genre de situation.  Mais l’aspect le plus important de la résolution est l’appel lancé pour que soient rédigés des principes directeurs régissant les processus de médiation.  Ces principes seront bientôt mis à la disposition des États Membres, s’est félicité le Ministre.  Nous voulons les diffuser aussi largement que possible.  Outre la résolution adoptée et la sensibilisation accrue sur la médiation, il a cité les efforts menés par l’Unité d’appui à la médiation de l’ONU, qui apporte un soutien important aux États qui en ont besoin. 


Les États jouent eux-mêmes un rôle croissant dans les activités de médiation, a poursuivi le Ministre, citant le cas de son pays, la Turquie, qui a milité pour l’utilisation de ce mécanisme, des Balkans au Moyen-Orient, en passant par l’Afrique et l’Asie centrale.  La Turquie est située à l’épicentre d’une zone qui est le théâtre de nombreux conflits, a noté M. Davutoğlu, qui a réitéré la volonté de son pays de jouer un rôle de médiation partout où cela est possible.  Une médiation efficace nécessite une bonne analyse de la situation et une ferme détermination en faveur de la paix et de la stabilité, a dit le Ministre turc, avant d’assurer que son pays remplissait ces conditions.  Il a aussi expliqué qu’il fallait travailler en tandem avec les organisations régionales et les Nations Unies.  La médiation est à la fois un art et une science, a-t-il ajouté.  Nous avons toujours œuvré pour l’appropriation de tout accord obtenu grâce à une médiation par les parties, a-t-il rappelé.  Le Ministre a insisté pour que soit créée une nouvelle génération de médiateurs, avec le soutien de l’ONU, qui pourrait à cet égard créer des centres de médiation à proximité des zones de conflits.  La Turquie serait prête à accueillir un tel centre, a-t-il annoncé.


M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a mis l’accent sur l’expérience de la Finlande en matière de médiation, en citant le rôle joué par son pays dans les efforts menés pour le retour à la paix en Indonésie, au Kosovo et en Namibie.  Il a rappelé que le premier finlandais à jouer un rôle dans un processus de médiation a été nommé au début des années 60 pour s’occuper de la question de Chypre.  Depuis, a-t-il dit, la Finlande a aussi été impliquée dans les processus de médiation en Irlande du Nord, au Kirghizistan et dans la corne de l’Afrique.  Si un individu éminent peut apporter ses réseaux, son carnet d’adresses, et son poids politique à la résolution de conflits, il reste cependant indispensable de concilier toutes les forces et les compétences complémentaires disponibles pour avancer dans la conduite de ce genre de processus.  Nous appuyons les activités des acteurs non gouvernementaux et des autres partenaires dans les efforts de réconciliation, a précisé M. Tuomioja.  Nous voyons le rôle joué par la Finlande comme un rôle de facilitation de la paix qui se joue en appuyant les capacités des partenaires locaux, a-t-il indiqué.  Depuis 2008, la Finlande appuie le rôle des dirigeants religieux et traditionnels en Somalie pour une résolution des conflits locaux, a-t-il précisé.  L’un des messages clefs est que la médiation est extrêmement pertinente dans toutes les phases d’un conflit, à condition de pouvoir identifier rapidement les causes de ce conflit, a-t-il insisté avant de saluer l’établissement de principes directeurs de l’ONU en matière de médiation.  Le Ministre finlandais a mis l’accent sur l’importance qu’il y a de disposer de mécanismes d’alerte précoce qui s’appuient sur les réseaux de la société civile, qui sont indispensables.  


M. KHALID BIN MOHAMMED AL-ATTIYAH, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Qatar, a rappelé que le principe du règlement pacifique des différends était l’un des principes fondamentaux de l’architecture moderne des relations internationales, depuis la tenue des Conférences de paix de 1899 et 1907.  Notant que les Nations Unies avaient élaboré différentes méthodes de travail pour la gestion des crises internationales, il a expliqué que l’ONU avait formulé de nombreux concepts pour la consolidation de la paix et de la sécurité internationales, dont le règlement des différends par des voies pacifiques.  Le Qatar a rejoint le Groupe des Amis de la médiation, créé en septembre 2011, qui regroupe actuellement 28 États et 7 organisations régionales et internationales, a indiqué M. Al-Attiyah.


Le Ministre qatari a souligné les nombreux efforts diplomatiques menés par son pays pour atténuer les tensions et résoudre des différends dans les pays voisins du Qatar et même situés au-delà de la région du Moyen-Orient.  Il a aussi mis l’accent sur le rôle des organisations internationales ou régionales, et sur celui de la société civile dans les processus de médiation.  Il a souligné en particulier la place qu’occupent à cet égard les Nations Unies.  Soulignant les avantages de la médiation, il a expliqué que, du fait qu’elle prend en compte les intérêts de toutes les parties, elle permet de préserver des relations positives entre elles.  Les conditions pour une bonne médiation sont la bonne foi des parties, la neutralité des médiateurs, le respect de la souveraineté nationale, et la coopération des parties au déroulement du processus, a-t-il ajouté.  Il a estimé en outre qu’après la conclusion de l’accord de médiation, le médiateur devait rester engagé dans sa mise en œuvre.


M. ALBERT DEL ROSARIO, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a souligné l’obligation qui incombe à la communauté internationale de résoudre les différends entre pays ou entre parties s’opposant à l’intérieur des États de manière pacifique, tout en mentionnant l’obligation de respecter l’égalité souveraine de tous les États.  Il a dit que les efforts de médiation entrepris par la communauté internationale arrivent aujourd’hui à point nommé pour raviver la lettre et l’esprit de la Charte des Nations Unies et s’assurer que tous les États soient égaux dans la conduite de ces processus.  M. del Rosario a rappelé que le monde fête cette année le trentième anniversaire de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends, adoptée en 1982.  Le Ministre des affaires étrangères des Philippines a estimé que cette Déclaration de 1982 était toujours pertinente aujourd’hui, car elle a l’avantage de rappeler ce qui est parfois oublié et qui est la base de tous les efforts de médiation, à savoir: que tous les États souverains ont pour obligation, au regard de la Charte de l’ONU, de résoudre leurs différends de manière pacifique.  Si les efforts de médiation de l’ONU se sont développés, l’activité qu’ils soutiennent reste assez peu visible par rapport aux autres activités de maintien de la paix, a-t-il cependant constaté, en appelant les États Membres et l’ONU elle-même à promouvoir la visibilité de la médiation.  Il a salué l’importance des diverses réunions organisées sur la question depuis novembre 2011, qui ont permis de rassembler des acteurs clefs en la matière, et d’entendre de riches débats sur la question.  


M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a rappelé que, lorsqu’un conflit surgit, les États ont l’obligation de trouver tous les moyens qui leur permettraient de parvenir à un règlement pacifique.  L’un de ces moyens est la médiation, comme le prévoit l’article 33 de la Charte des Nations Unies.  Si le recours à ce mécanisme n’est pas une obligation contraignante pour le règlement des différends, il le devient lorsque cela est prévu par un traité bilatéral ou multilatéral, a précisé le Ministre.  Il a aussi rappelé le texte de la résolution A/RES/65/283 de l’Assemblée générale par laquelle les États Membres réitèrent qu’ils doivent adhérer strictement à leurs obligations telles que prévues par la Charte des Nations Unies, y compris le règlement pacifique des différends, et la prévention et la résolution des conflits.  Ce texte les encourage à utiliser les capacités de médiation des Nations Unies ainsi que celles des organisations régionales et sous-régionales.  Le recours à la médiation doit donc être la règle et non pas l’exception, a conclu le Ministre.


Il a regretté que certains États ignorent ces obligations et refusent de s’ouvrir à d’autres possibilités pour trouver une solution à un différend, soulignant que cette attitude est contraire à la Charte de l’ONU et à la résolution précitée.  Il a suggéré d’élaborer un principe général de droit international selon lequel le recours à la médiation serait obligatoire si cela est prévu par un traité.  Il a aussi proposé de renforcer la capacité d’intervention des Nations Unies dans les différends, en rendant obligatoire le recours à la médiation dans toute circonstance comme une étape nécessaire du règlement pacifique des conflits.  Tout différend, allant du refus de coopération judiciaire à l’émergence d’un conflit, devrait faire l’objet d’une médiation, a-t-il insisté. 


M. Sant’Agata a ensuite expliqué les règles qui s’appliquent aux parties lorsqu’une médiation se met en place: ne pas rejeter un médiateur neutre, ne pas faire obstruction aux arguments des parties, et faire preuve de bonne foi.  Le Ministre a ensuite salué le Groupe des Amis de la médiation.  Il a ajouté que l’Italie avait participé aux échanges qui ont conduit à l’élaboration des principes directeurs de l’ONU sur la médiation.  Le pays participe aussi à la rédaction d’une résolution sur la médiation qui sera présentée en septembre à l’Assemblée générale.  Enfin, le Ministre italien a fait remarquer que si la médiation est cruciale dans les situations de conflit armé et de troubles intérieurs, il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas d’immunité pour les auteurs de crimes internationaux et de violations des droits de l’homme.


Rappelant que le Maroc est membre du Groupe des Amis de la médiation et qu’il a été l’un des coauteurs de la première résolution sur la médiation adoptée par l’Assemblée générale, le 22 juin 2011, M. YOUSSEF AMRANI, Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a insisté sur la nécessité de renforcer qualitativement la médiation dans l’architecture existante en faveur de la paix et de la sécurité aux Nations Unies.  Pour atteindre cet objectif, il a estimé qu’il fallait d’abord disposer d’un « ordre du jour pour la médiation et la prévention des conflits ».  Le succès de l’ONU a souvent été lié à sa capacité de réagir aux conflits à l’aide d’outils uniques que sont le maintien et la consolidation de la paix, ce qui a laissé à la médiation un rôle parfois secondaire, a-t-il fait remarquer. 


M. Amrani a ensuite expliqué que le Maroc a, depuis son indépendance, joué un rôle de médiateur important en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Balkans.  De cette expérience, il a mis l’accent sur trois qualités essentielles au succès d’une médiation et qui sont, a-t-il dit, la discrétion, l’humilité et l’impartialité.  Le Ministre délégué a également insisté sur l’apport des États Membres dans la promotion et le développement de la médiation dans leurs régions respectives.  « Le rôle que peut jouer un État ‘ frère ’, par exemple, a souvent été sous-estimé dans le processus de médiation.  Nous devons aussi impliquer davantage les États voisins dans la recherche d’une paix durable après une période de conflit », a-t-il estimé.  Avant de conclure son intervention, M. Amrani a appelé la communauté internationale à se concentrer sur la formation de la prochaine génération de médiateurs de l’ONU.  Il a aussi annoncé la création d’une initiative commune hispano-marocaine visant à promouvoir la médiation aux niveaux régional, national et local dans la région de la Méditerranée. 


M. GONZALO DE BENITO SECADES, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a salué les efforts menés par l’ONU pour rendre plus efficaces ses initiatives en matière de médiation.  Il a souligné l’importance de l’Unité d’appui à la médiation du Département des affaires politiques.  Il a illustré la contribution de son pays en matière de médiation, en citant l’organisation, en 1991, de la Conférence de Madrid, coparrainée par les États-Unis et l’Union Soviétique, pour lancer le processus de paix au Proche-Orient.  Par ailleurs, il a souligné la pertinence du « Processus de Barcelone » qui, bien qu’il ne soit pas consacré à la résolution des conflits, est aujourd’hui le seul forum régional ou les Palestiniens et les Israéliens se réunissent autour d’une même table.  Il a aussi cité les initiatives de médiation de l’Espagne en Colombie, au Nicaragua et au Guatemala, avant de souligner « l’importance du centre espagnol de Tolède en matière de paix ».  M. Secades a aussi mis l’accent sur les nouveaux risques de conflits liés aux conséquences des changements climatiques, comme la raréfaction de l’eau, les migrations forcées, qui obligent la communauté internationale à trouver de nouvelles solutions basées notamment sur la médiation.  Il a suggéré la création d’écoles de médiation et de la recherche de la paix pour y enseigner les principes de la médiation en tant qu’outils de résolution de conflits et former les militaires et autres personnels qui participent aux opérations de maintien de la paix.  Il a évoqué le lancement, par l’Espagne et le Maroc, d’une initiative visant à promouvoir la participation des femmes aux efforts de médiation.


M. WOLFGANG WALDNER, Secrétaire d’État aux affaires européennes et internationales de l’Autriche, a souligné le fait que l’Autriche, après avoir recouvré son entière indépendance en 1955, a fait de l’appui aux Nations Unies et à leurs efforts pour la paix et la sécurité internationales, une priorité de sa politique étrangère.  L’Autriche contribue ainsi aux forces de maintien de la paix de l’ONU, tout en servant de plateforme de médiation à la recherche de solutions pour de nombreux conflits dans le monde, comme ceux du Timor-Leste, du Soudan et du Soudan du Sud, du Maroc et du Front Polisario, sans oublier les conflits des Balkans.  L’Autriche promeut également le dialogue entre les cultures et les religions en créant, avec l’Arabie saoudite et l’Espagne, le Centre international Roi Abdullah pour le dialogue interculturel et interreligieux, a indiqué M. Waldner.  Notre pays abritera en février 2013 le cinquième forum de l’Alliance pour les civilisations des Nations Unies, a-t-il précisé.  En tant que membre de l’Union européenne, l’Autriche croit que la Haute-Représentante aux affaires étrangères de l’Union européenne, Mme Catherine Ashton, et son équipe pourront jouer un rôle important dans la médiation et la diplomatie préventive.  La promotion de la participation des femmes à tous les niveaux de la prévention des conflits reflète aussi la priorité de l’Autriche qui croit, a dit le Secrétaire d’État, qu’il faut redoubler d’efforts lorsque les médiations semblent piétiner puisqu’il n’existe pas d’autre alternative pour parvenir à une solution politique négociée. 


M. MIGUEL ALESSIO (Mexique) a estimé que le rôle des États Membres dans la médiation devait répondre aux nouveaux défis posés par les controverses et conflits contemporains.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de développer des approches globales, multidimensionnelles et innovantes de manière à créer des conditions favorables à une paix durable, en particulier dans les processus de consolidation de la paix.  M. Alessio a affirmé que le médiateur devait maintenir une impartialité stricte, laquelle devait être perçue comme telle par les différentes parties impliquées.  De même, il a considéré que le processus de médiation engageant des États en tant que parties tierces devrait être soutenu par des structures institutionnelles telles que les Nations Unies ou les organisations régionales.  Ainsi, a-t-il expliqué, l’Organisation des États américains (OEA) est une entité régionale qui a agi en plusieurs occasions à cet égard, y compris en appuyant des efforts de médiation conduits par un de ses États membres.


M. JAMES PARDEW, Médiateur-en-chef des États-Unis d’Amérique, s’est appuyé sur les expériences qu’il a connues en matière de médiation en Bosnie et en Macédoine pour identifier des éléments pratiques communs qui peuvent permettre le succès d’initiatives diplomatiques.  « Le premier élément est la volonté qu’ont les parties de parvenir à la paix », a-t-il dit, en insistant qu’aucune médiation n’est possible sans la détermination des parties, qu’elle que soit la qualité de l’équipe de médiation.  Il a précisé que c’est parce qu’elles avaient la volonté de parvenir à un accord que les parties, en Bosnie et en Macédoine, ont fait les compromis nécessaires.  « Il n’y a pas de recette toute faite pour dire que ce sont tels ou tels pays, ou telles ou telles organisations qui doivent prendre la direction d’efforts de médiation », a insisté M. Pardew, avant de souligner le caractère essentiel que doit avoir l’unité de la communauté internationale aux côtés de l’équipe qui mène la médiation.  Il a mis l’accent sur la dimension personnelle de certaines personnalités, dont la présence peut permettre de gagner la confiance des parties.  Il faut comprendre toutes les variables de la situation pour trouver les moyens de faire avancer le processus, a-t-il insisté, avant de préciser que le médiateur a besoin d’une stratégie pour mener un processus qui lui-même ne doit pas être rigide.  Faisant sienne une citation de feu Richard Holbrooke, le Médiateur-en-chef des États-Unis a déclaré que « la diplomatie, c’est comme le jazz, c’est un ensemble de variations sur un même thème ».  Il a déclaré que tout règlement négocié sous pression, ou sous la menace d’une intervention militaire, ne pourra être qu’imparfait, et il a mentionné combien il est nécessaire d’assurer durant de nombreuses années un suivi de la mise en œuvre des termes d’un règlement obtenu par la médiation, après que l’accord y afférent ait été obtenu.   


M. JULIAN HOTTINGER, Médiateur du Ministère fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a dit qu’un grand changement a été opéré depuis les années 70 et 80 dans la manière d’obtenir des accords de paix qui répondent à une situation conflictuelle et donnent à des communautés la possibilité de résoudre de manière pacifique les clivages qui les divisent.  Nous sommes aujourd’hui obligés d’aborder les conflits autrement, alors que les parties en présence exigent des garanties quant à leur avenir et n’acceptent pas de déposer les armes tant qu’elles n’ont pas une vision claire de ce dont seront faits ces lendemains, a-t-il noté.  Autrement dit, a-t-il ajouté, les médiateurs, tout en essayant de traiter des questions de sécurité, sont aussi obligés de traiter de questions économiques.  Si la participation des parties au processus de médiation est indispensable, il est illusoire de croire que la société civile, et les dirigeants religieux et traditionnels ou communautaires puissent être mis de côté, a-t-il averti.  Sans la société civile, il est impossible d’espérer reconstruire la société meurtrie par un conflit et de trouver des mécanismes de réconciliation.  


Le représentant de la Suisse a estimé que le droit international engage les États Membres et les autres parties à tenir pour responsables ceux qui ont commis des crimes les plus graves, dont les cas doivent être traités avec rigueur et clarté.  Il a dit que les médiateurs ne peuvent soutenir l’octroi d’amnisties dans les cas de génocides, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.  Face à la complexité des différentes situations, il a jugé indispensable d’acquérir et de consolider les connaissances sur les causes d’un conflit avant que les parties puissent négocier.  « La médiation est un travail d’équipe », et comme dans le fonctionnement de toute équipe, il faut lui appliquer des principes directeurs conditionnés par la manière dont on négocie, a-t-il insisté.  Pour la Suisse, lorsqu’on parle de médiation, il est important de tenir compte de l’évolution des techniques de médiation, des leçons apprises à travers les expériences acquises ces dernières années, a dit le représentant.  Il faut collaborer, coordonner, communiquer et surtout savoir partager ses expériences, sa connaissance et son savoir-faire avec les autres, a-t-il insisté avant de saluer l’élaboration des principes directeurs de l’ONU pour une médiation efficace.


Table ronde: « Les enjeux de la cohérence, de la coordination et de la complémentarité entre les divers acteurs des processus de médiation »


Animé par M. Edward C. Luck, Conseiller spécial du Secrétaire général, ce débat a été lancé par des interventions liminaires de panélistes, dont M. Erkki Tuomioja, Ministre des affaires étrangères de la Finlande; M. Ahmet Davutoğlu, Ministre des affaires étrangères de la Turquie; M. Youssef Amrani, Ministre délégué aux affaires étrangères et à la Coopération du Maroc; et M. B. Lynn Pascoe, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. 


Dans ses remarques liminaires, M. EDWARD C. LUCK, Conseiller spécial du Secrétaire général, a invité les participants à s’appuyer sur les leçons tirées de leurs expériences personnelles et de celles de leurs pays.  Il a mis l’accent sur la cohérence des stratégies et du rôle du Conseil de sécurité ainsi que sur des accords et mécanismes régionaux, nécessaires à la coordination des efforts de médiation. 


« Les chemins de l’enfer sont pavés de bonnes intentions », a déclaré pour sa part, M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, en rappelant que la bonne volonté ne suffisait pas pour être efficace en matière de médiation.  Il a dit qu’aux côtés de l’ONU, les États et les organisations régionales pouvaient assurer de manière satisfaisante la coordination des efforts de médiation.  S’agissant des leçons apprises et du partage d’expériences, il a jugé opportun la mise en place de cadres plus structurés pour faire des évaluations et s’assurer que les expériences acquises soient préservées et partagées avec tous les acteurs et parties.  Il a défini le concept de « Groupes des Amis » -de telle cause ou de telle autre- comme étant un réseau naturellement constitué, sous l’égide duquel peuvent s’accomplir les efforts de partage d’information évoqués par de nombreux intervenants au débat sur la médiation ouvert ce matin.


S’appuyant sur l’expérience qu’il a acquise en matière de médiation dans le cadre du dossier nucléaire iranien, M. AHMET DAVUTOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que la communauté internationale avait manqué plusieurs opportunités qui s’étaient offertes après mai 2010, en raison du manque de patience du Conseil de sécurité, qui a adopté des sanctions à l’encontre de l’Iran, trois semaines seulement après la signature de l’accord de Téhéran, négocié par son propre pays et d’autres pays émergents avec le Gouvernement iranien.  « Peut-être que si le Conseil de sécurité nous avait donné une petite chance de mettre en œuvre notre initiative, nous aurions pu renforcer la confiance entre les parties à travers l’accord conclu avec l’Iran », a dit le Ministre des affaires étrangères turc.  Depuis l’imposition des sanctions, l’Iran n’a cessé de continuer à enrichir son uranium, a-t-il constaté.  Par ailleurs, il s’est dit persuadé que la Palestine ne serait pas divisée aujourd’hui si l’on avait donné des chances réelles à l’Autorité palestinienne en 2007, à travers un accord qui, a-t-il estimé, aurait pu voir le jour à travers des négociations menées sous les auspices de l’Arabie saoudite.  Ceci, sans que le Quatuor n’impose ses contraintes diplomatiques, a souligné le Ministre.  Sur le même ton, il a regretté que les États membres de l’Union européenne n’aient pas saisi l’opportunité de l’adhésion de Chypre à l’Union européenne pour régler le différend chypriote alors qu’une médiation pouvant porter des fruits était en place en avril et mai 2004.  


M. YOUSSEF AMRANI, Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Royaume du Maroc, a estimé que la discrétion était cruciale dans la médiation, dont la conduite doit être également assortie d’une bonne communication.  Abordant les approches novatrices dans ce domaine, il a expliqué que la médiation ne concernait pas uniquement les gouvernements mais aussi les sociétés civiles.  La médiation ne couvre pas que la dimension politique, mais également la dimension économique d’un conflit, a-t-il ajouté.  Il a en outre souligné le rôle que peuvent jouer les pays voisins d’un pays sortant d’une période de conflit ou menacé par l’instabilité, dans la médiation, notamment dans le cadre de l’adoption d’une approche régionale, et avec le concours d’organisations sous-régionales comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  M. Amrani a aussi conseillé de se pencher davantage sur les racines d’un différend avant de procéder à la médiation.


Présenté comme étant le « maestro de la médiation à l’ONU » par le modérateur de la table ronde, M. LYNN BPASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a mis l’accent sur le résultat que l’on cherche à atteindre à travers une médiation.  Pour y parvenir, il convient d’impliquer toutes les parties prenantes, a-t-il recommandé, regrettant à cet égard qu’un grand nombre de médiateurs ne prennent pas en compte tous les acteurs et intervenants dans une situation à résoudre.  Il a aussi souligné l’importance de la coordination pour assurer une certaine efficacité.  Indiquant qu’il partageait le point de vue du Ministre marocain, il a reconnu qu’on ne pouvait pas se contenter de traiter des aspects politiques d’un différend ou d’un conflit.  C’est pour cela qu’il est important d’impliquer toutes les parties en présence dans les sociétés qui sont affectées par un conflit, a-t-il dit.  En ce qui concerne le renforcement des capacités, M. Pascoe a admis qu’il fallait faire davantage.  Après cinq années, si on compte le nombre de conflits actuellement en cours dans le monde, on a l’impression que nos efforts ont surtout abouti à des échecs cuisants, a-t-il observé.  Il a encouragé la communauté internationale à réunir tous les atouts dont chaque intervenant peut disposer afin de faciliter le retour à la paix et préserver ainsi le plus de vies possible.


Débat interactif


Ce débat a été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessaire impartialité dont fait faire preuve tout effort de médiation.  Cette impartialité, ont estimé plusieurs délégations est comme un moyen de garantir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales des États ou s’exerce une médiation.  Outre la neutralité de l’ONU et des acteurs de la médiation, la plupart des intervenants ont souhaité que l’on tienne compte des avantages comparatifs qu’ont les organisations régionales et sous-régionales, et d’autres organismes, en vue de garantir plus de coordination, de cohérence et de complémentarité au processus mené.  Même s’il n’est pas absolument nécessaire que les négociations soient entourées de secret et de mystère, les panélistes ont mis l’accent sur la nécessité qu’un minimum de discrétion soit assuré à la médiation, afin de ne pas mettre en péril les efforts déployés.  Il ne faut confondre transparence entre les parties et transparence vis-à-vis de la presse, ont-ils souligné. 


Si les représentants de la Chine, du Viet Nam et de Cuba ont mis l’accent sur trois principes clefs de la médiation que sont le respect de la souveraineté et de l’intégrité nationales; le respect de l’avis des pays concernés; et la neutralité des pays participant à la médiation, ceux du Guatemala et du Bangladesh ont insisté sur le fait qu’une médiation doit être impartiale, juste et équitable.  


S’appuyant sur l’expérience qu’a connue son pays, le représentant d’El Salvador a mis l’accent sur la cohérence et la complémentarité qui doivent exister entre les différents acteurs de la médiation, en citant à cet égard l’ONU, les organisations régionales, les États Membres et les autres groupes qui sont intervenus pour que l’on parvienne à la conclusion des accordsde Chapultepec du 16 janvier 1992.  Il a rappelé le rôle décisif joué par le « Groupe des Amis » créé en 1983 par la Colombie, le Mexique, le Panama et le Venezuela, qui ont plus tard été rejoints par le Brésil, l’Argentine, le Pérou et l’Uruguay.  « Il était indispensable que les droits de l’homme et la bonne gouvernance occupent une place prépondérante dans les accords de paix qui ont été conclus », a souligné le représentant. 


« La prévention est toujours la meilleure politique », a estimé lareprésentante du Brésil, en saluant le message clair envoyé à la Guinée-Bissau par la résolution 2048 du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, elle a cité en exemple la médiation qui est en cours en Syrie.  Elle a noté qu’en matière de dialogue et de coordination entre les différents acteurs, elle était bien conduite sous les auspices de M. Kofi Annan.  « Ne serait-t-il pas opportun de revoir notre démarche plutôt que de nous contenter de petits progrès ponctuels ici et là en matière de médiation », s’est interrogée pour sa part la représentante de l’Irlande, en regrettant la lenteur des progrès accomplis en matière de médiation.  Il nous faut mettre la théorie en pratique, a-t-elle estimé. 


Réagissant à cette première série d’interventions, le Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a mis l’accent sur le juste milieu à trouver entre la transparence et une certaine discrétion indispensable à une bonne médiation.  « Si le processus est trop visible avant qu’on aborde les questions les plus épineuses, on ne peut pas réussir », a prévenu le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, en évoquant l’expérience que son pays a de la médiation ratée entre Israël et la Syrie.  L’échec est parfois dû aux fuites dont bénéficie la presse alors que les négociations sont encore en cours, a-t-il averti.  Il ne faut donc pas confondre « la transparence entre les parties » et « la transparence vis-à-vis des médias », ont souligné les deux intervenants.  « Trop de communication peut porter atteinte à la médiation », a insisté, sur le même ton le Ministre des affaires étrangères du Maroc.  Si les négociations ne doivent pas être entourées de secrets et de mystères, les panélistes ont néanmoins insisté sur le besoin pour les médiateurs de bénéficier d’un minimum de discrétion afin de ne pas mettre en péril les efforts de médiation.     


« N’oublions pas que la médiation n’est pas une science exacte et que nous tâtonnons dans l’obscurité », a ajouté le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques, avant de souligner l’importance de promouvoir la participation des femmes aux mécanismes de médiation.  « L’important n’est pas de savoir qui est le chef de file, mais de donner le ton », a insisté lareprésentante de la société civile, en saluant le fait qu’il y ait une forte amélioration en matière de coordination au sein du système des Nations Unies. 


Le représentant de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) a mis l’accent sur la formation des dirigeants religieux qui peuvent contribuer aux efforts de médiation.  Celui de Cuba a regretté la tendance croissante du Conseil de sécurité à invoquer le chapitre VII de la Charte des Nations Unies au lieu d’épuiser toutes les autres options qu’offre le chapitre VI.  Il a insisté qu’aucun mécanisme de médiation ne portera ses fruits tant que des pays continueront de menacer la souveraineté et l’intégrité territoriales d’autres États. 


Mettant l’accent sur la nécessité de mener une action dans la durée, le représentant de l’Australie a indiqué que des cadres australiens travaillaient depuis 1998 au sein de l’administration de l’Île de Bougainville pour accompagner un processus de paix qui ne sera conclu qu’avec le référendum attendu en 2015. 


La Présidente de Médiateur sans frontières a présenté les efforts que mène cette ONG internationale en matière de prévention des conflits en impliquant les acteurs locaux en ce qui concerne l’appropriation des différends.  Elle a jugé indispensable de créer des centres régionaux de médiation.


Le représentant des Pays-Bas a annoncé que son pays verserait une contribution d’un million de dollars en 2012 pour soutenir le travail du Département des affaires politiques en matière de médiation.  Le représentant de la Grèce a souligné les avantages comparatifs qu’ont les organisations régionales en matière de médiation et prévention des conflits. 


La nature des nouveaux risques qui se posent au monde nous impose de recourir à des idées novatrices sur la question de la médiation.  Nous devons nous assurer que nous disposons d’une plateforme adaptée au règlement des défis qui se posent en la matière en donnant la priorité aux moyens pacifiques de résolution des différends, a souligné le représentant de l’Iran.  Face aux difficultés qu’il y a à concilier des impératifs concurrents et des desseins divergents, la représentante du Venezuela a jugé indispensable de garantir un espace politique permettant à l’ONU de prendre part à la médiation dans la plus grande impartialité.  


Le représentant de la Chine a pris ensuite la parole pour réagir à une déclaration du représentant des Philippines portant sur un différend bilatéral relatif à la mer de Chine méridionale.  De son côté, le représentant du Royaume-Uni a élevé des objections face à une intervention de la délégation de l’Argentine qui évoquait la question du statut des Îles Falkland-Malvinas.  


Remarques de clôture du Président de l’Assemblée générale


Dans ses remarques de clôture, le Président de l’Assemblée générale a résumé le débat et les échanges de la journée en soulignant l’importance des appels lancés en faveur d’une bonne coordination et de la discrétion lors de la conduite d’une médiation, ainsi que ceux ayant plaidé en faveur du renforcement des capacités et du rôle des femmes en la matière.  Quel que soit le rôle des médiateurs, l’ONU joue un rôle central dans ce domaine, a ajouté M. Al-Nasser.  Il a invité les participants et les États Membres à évaluer et à mettre en œuvre les initiatives proposées aujourd’hui, comme la création d’un centre de médiation de l’ONU à Istanbul.  Enfin, il a indiqué que l’Assemblée prenait note des points de vue exprimés au cours de ce débat thématique de haut niveau, qui fera l’objet d’un résumé et d’un rapport dans les prochaines semaines.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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