« En route pour Rio+20 et au-delà »: l’Assemblée générale examine les enjeux de la phase préparatoire de la Conférence sur le développement durable
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
Débat thématique informel
Matin & après-midi
« EN ROUTE POUR RIO+20 ET AU-DELÀ »: L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE LES ENJEUX
DE LA PHASE PRÉPARATOIRE DE LA CONFÉRENCE SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le Secrétaire général appelle à repenser notre modèle économique
et à forger de nouveaux outils tels que les stratégies économiques vertes
À moins d’un mois de la Conférence sur le développement durable (Rio+20), l’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat thématique informel visant à apporter un éclairage sur deux domaines de discussion importants du processus préparatoire du Sommet, à savoir les objectifs de développement durable et le cadre institutionnel pour le développement durable.
Les participants à ce débat, intitulé « En route pour Rio+20 et au-delà », se sont notamment efforcés, à l’occasion de deux tables rondes, d’identifier les moyens à mettre en œuvre pour que le Sommet de Rio puisse promouvoir le programme mondial de développement et de définir le rôle de l’Assemblée générale dans la mise en œuvre des objectifs qui y auront été fixés.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le résultat de la Conférence dépendra de ce qui aura été « fait au quotidien jusque-là ». « Il convient, par-dessus tout, de repenser fondamentalement notre modèle économique et de forger de nouveaux outils tels que les politiques et les stratégies économiques vertes », a-t-il déclaré, lors de la séance d’ouverture du débat thématique, envisageant sept domaines d’action.
Dans le contexte du développement durable, « l’économie verte doit être en mesure de générer des emplois décents, en particulier pour les quelque 80 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Il faut, de même, garantir des filets efficaces de protection sociale.
Le Secrétaire général a également mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la sécurité alimentaire et l’agriculture durable, d’assurer un meilleur accès à des sources d’énergie plus efficaces et plus propres, de prendre des mesures vigoureuses pour permettre un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, de définir une ligne politique sur la voie de l’utilisation durable, de la gestion et de la conservation des océans du monde.
De même, des institutions seront, a-t-il estimé, nécessaires pour « appuyer efficacement le développement durable à tous les niveaux ». Tout en renforçant le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), les gouvernements devraient dès lors « décider du cadre institutionnel adéquat pour faire progresser l’ordre du jour du développement durable et offrir un espace à la société civile, aux autorités locales et au secteur privé ».
Enfin, le Secrétaire général a préconisé d’établir des objectifs de développement durable qui se fondent sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les renforcent.
La Conférence Rio+20 aura lieu du 20 au 22 juin prochain à Rio de Janeiro, au Brésil. Comme le souligne l’Assemblée générale dans sa résolution 64/236, elle aura pour objectif de « susciter un engagement politique renouvelé en faveur du développement durable » et de « relever les défis qui se font jour ».
La Conférence portera sur les deux thèmes suivants, que le processus préparatoire doit préciser: l’économie verte dans le cadre du développement durable et de l’élimination de la pauvreté et le cadre institutionnel du développement durable.
Une proposition, qui a émergé au cours de ce processus préparatoire et qui a déjà reçu un intérêt et un appui croissant de la part des États Membres, vise à établir, à Rio, des objectifs de développement durable.
Cependant, un certain nombre de questions demeurent en suspens qui doivent être débattues et clarifiées dans la perspective de la Conférence de Rio+20 afin de faciliter les négociations. S’agissant du cadre institutionnel du développement durable, des propositions sont à l'étude en vue de le renforcer.
« Nous sommes près de l’occasion unique que nous offre Rio+20 pour définir le futur de sept milliards d’individus qui vivent sur la planète », a affirmé le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, en ajoutant que la communauté internationale était parvenue à un consensus international.
Il a cependant estimé que le cadre institutionnel était incomplet et que beaucoup restait encore à faire, en particulier en matière de santé, de réduction des risques de catastrophes, mais aussi en ce qui concerne la dégradation des sols, l’énergie, la production et la consommation durables, les migrations ou les océans.
C’est pourquoi, il a appelé tous les États Membres à saisir la chance historique que représente la Conférence Rio+20 pour transformer des aspirations universelles et prendre des mesures concrètes.
Le Secrétaire général adjoint pour l’environnement, l’énergie, la science et la technologie du Ministère des relations extérieures du Brésil, M. Luiz Alberto Figueiro Machado, a rappelé que la Conférence Rio+20 devrait bâtir sur l’héritage laissé par le Sommet de la terre en 1992, les États étant ainsi invités à ouvrir de « nouvelles perspectives », par le biais d’un « nouveau prisme ».
Enfin, le Coprésident du Comité préparatoire de la Conférence Rio+20, M. Kim Sook, de la République de Corée, a indiqué que le Comité tiendra sa troisième série de négociations informelles sur le projet de document final, au Siège de l’ONU, du 29 mai au 2 juin.
DÉBAT THÉMATIQUE INFORMEL SUR LE THÈME « EN ROUTE POUR RIO+20 ET AU-DELA »
Déclarations liminaires
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a fait remarquer que ce débat thématique informel marquait plusieurs mois de négociations internationales avant la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, à Rio de Janeiro, en juin prochain. « Nous sommes près de l’occasion unique que nous offre Rio+20 pour définir le futur de sept milliards d’individus qui vivent sur la planète », a-t-il dit, en ajoutant que la communauté internationale était parvenue à un consensus international. Il a cependant estimé que le cadre institutionnel était incomplet et que beaucoup restait encore à faire, en particulier en matière de santé, de réduction des risques de catastrophes et en ce qui concerne aussi la dégradation des sols, l’énergie, la production et la consommation durables, les migrations ou les océans.
M. Al-Nasser a ensuite expliqué que ce débat thématique sur le thème « En route pour Rio+20 et au-delà » visait à éclairer deux domaines importants qui se dégagent dans le cadre des discussions en vue de la Conférence sur le développement durable, à savoir les objectifs de développement durable, d’une part, et le cadre institutionnel pour le développement durable, d’autre part.
S’agissant des objectifs de développement durable (ODD), le Président de l’Assemblée générale a précisé que de nombreux pays et groupes d’intérêt attendaient de Rio+20 des résultats concrets à cet égard, notamment en ce qui concerne les principaux domaines prioritaires des objectifs de développement durable. Toutefois, d’autres pays pensent qu’il est nécessaire de disposer d’une vision et d’un mandat dans ce processus et préfèrent y incorporer les leçons tirées de l’examen des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ainsi que le processus de l’après-2015.
En ce qui concerne le cadre institutionnel pour le développement durable, M. Al-Nasser a souligné que le document final de la Conférence sur le développement durable devrait établir une architecture forte visant à promouvoir une meilleure intégration des trois dimensions du développement durable, à savoir la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement. Il doit aussi aborder des questions nouvelles et émergentes, faire l’examen des progrès réalisés en matière de durabilité et contrôler la mise en œuvre des engagements, a-t-il précisé.
Avant de conclure, M. Al-Nasser a rappelé que Rio+20 sera l’occasion de réaffirmer l’engagement en faveur du cadre institutionnel pour le développement durable et de le traduire en mesures concrètes. Il a noté que la communauté internationale pouvait compter sur de nombreux amis et alliés dans cet effort, dont la société civile et les acteurs non étatiques, tels que les ONG, le milieu des affaires, les syndicats, le secteur privé et les autorités locales. Il a également insisté sur le rôle des femmes à cet égard.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé que ce qui sera réalisé dans un mois, lors de la Conférence sur le développement durable (Rio+20), dépendra de ce qui sera fait au quotidien jusqu’ici. Il convient, par-dessus tout, de repenser fondamentalement notre modèle économique et d’établir de nouveaux outils tels que les politiques et les stratégies économiques vertes.
Des accords et des actions fortes dans de nombreux champs thématiques sont possibles, a souligné M. Ban, en citant sept de ces domaines.
Tout d’abord, dans le contexte du développement durable, l’économie verte doit être en mesure de générer des emplois décents, en particulier pour les quelque 80 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Il faut également garantir des filets efficaces de protection sociale, a-t-il ajouté, en estimant que le progrès social et la création d’emplois nécessitaient une action solide en matière d’éducation.
Le Secrétaire général a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la sécurité alimentaire et l’agriculture durable et d’œuvrer en faveur d’un objectif « faim zéro » ou « sécurité alimentaire pour tous ».
De même, il faut assurer un meilleur accès universel à des sources d’énergie plus efficaces et plus propres.
Il faudrait en outre prendre des mesures vigoureuses pour permettre un accès universel à l’eau portable et à l’assainissement, un objectif, a-t-il dit, qui est étroitement lié à la réalisation des objectifs universels de santé et de réduction de la pauvreté.
Rio+20 devrait définir une ligne politique sur la voie de l’utilisation durable, de la gestion et de la conservation des océans du monde, a-t-il estimé.
« Nous avons besoin d’institutions qui soient en mesure d’appuyer efficacement le développement durable à tous les niveaux », a souligné M. Ban. Tout en renforçant le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), les gouvernements devraient décider du cadre institutionnel adéquat pour faire progresser l’ordre du jour du développement durable et offrir un espace à la société civile, aux autorités locales et au secteur privé.
Enfin, a poursuivi le Secrétaire général, il est possible de contribuer à établir des objectifs de développement durable qui se fondent sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les renforcent.
Il est important de faire preuve d’un leadership ambitieux, de se concentrer sur ce qui est important, de trouver un terrain d’entente pour la planète et nos enfants, a conclu le Secrétaire général.
M. LUIZ ALBERTO FIGUEIREDO MACHADO, Secrétaire général adjoint pour l’environnement, l’énergie, la science et la technologie du Ministère des relations extérieures du Brésil, qui s’exprimait au nom du Ministre des affaires étrangères du Brésil, a également souligné que Rio+20 offrait une occasion unique pour les générations futures. Il a noté qu’aujourd’hui le monde traversait de multiples crises, accompagnées des mêmes dimensions, et que tout cela était le résultat de modèles de développement qui ne nous permettent plus de régler les crises et qui, par ailleurs, en engendrent de nouvelles. Dans ce contexte, il a regretté le fait que les gouvernements aient tendance à se concentrer sur des mesures à court terme comme, par exemple, des mesures d’austérité. « Faire la même chose, maintes fois, en s’attendant à des résultats différents représente un manque de sens commun et c’est pourquoi, nous devons, à présent, nous pencher sur les visions à long terme en mettant l’accent sur le développement durable », a-t-il insisté.
M. Machado a ensuite souligné qu’il existait plusieurs voies pour aboutir au développement durable et de faire des changements nécessaires à apporter au modèle de développement actuel une réalité. Il a, par exemple, noté que de nombreux pays en développement avaient fait des progrès extraordinaires en ce qui concerne l’inclusion sociale et la lutte contre la pauvreté. Rappelant que la Conférence Rio+20 devrait bâtir sur l’héritage laissé par le Sommet de la terre en 1992, il a ajouté que les États devraient bâtir à Rio avec de nouvelles perspectives et par le biais d’un nouveau prisme. Il a également estimé que la Déclaration de Rio et l’Action 21 demeuraient des textes modernes et en vigueur et qu’ils continuaient de s’intégrer dans le monde d’aujourd’hui. « Les idées qui existaient, il y a 20 ans, doivent continuer de nous guider et c’est sur cette base que la Conférence Rio+20 doit influencer la manière dont les gouvernements aborderont le développement durable », a-t-il dit, en appelant aussi à faire participer la société civile dans le processus visant à éliminer la pauvreté et à assurer aux générations futures un avenir durable et prospère. Avant de conclure, M. Machado s’est dit convaincu que les Objectifs du Millénaire pour le développement restaient des outils de premier plan pour éliminer la pauvreté et que des objectifs de développement durable pourraient ouvrir la voie afin de faire du développement durable une réalité.
M. KIM SOOK, Représentant permanent de la République de Corée auprès des Nations Unies et Coprésident du Comité préparatoire de la Conférence Rio+20, a rappelé que la décision d’organiser la Conférence des Nations Unies sur le développement durable avait été prise par l’Assemblée générale, il y 2 ans et 2 mois, en vertu de la résolution 64/236. « Nous sommes à présent à un mois de la tenue de cette Conférence et ce mois sera probablement le plus important avant d’arriver à Rio », a-t-il assuré. Le Coprésident a noté que la communauté internationale était consciente qu’il s’agissait là d’une occasion qui ne se présente qu’une seule fois au cours d’une génération.
« Nous sommes responsables des générations à venir et nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer car, si nous échouons, la génération suivante sera en droit de nous dire: ‘vous auriez pu faire quelque chose et corriger la situation’ ». Dans ces circonstances, M. Sook a émis l’espoir qu’à Rio, les participants à la Conférence pourront prendre les bonnes décisions.
Le Coprésident a ensuite fait remarquer que le Comité préparatoire tiendra sa troisième série de négociations informelles sur le projet de document final, au Siège de l’ONU, du 29 mai au 2 juin. Ce sera l’occasion, a-t-il dit, d’examiner une dernière fois le projet de document final de manière approfondie dont sont saisis les États Membres. « Que voulons-nous voir dans ce texte? Dans quelle proportion devons-nous y inclure des faits et des actions? s’est-il interrogé. Est-ce que le projet de document final qui sera présenté lors de la Conférence Rio+20 représentera le texte que nos gouvernements seront fiers d’adopter à la clôture? Ce sont là les questions que les États Membres doivent se poser, a-t-il dit. M. Sook a estimé que si les États Membres créent un environnement solide et produisent pour leurs gouvernements un document axé sur l’action, ils pourront être fiers du travail accompli.
« Nous savons que le document final ne constituera pas la fin de la Conférence Rio+20 mais il déterminera si la Conférence s’est achevée par un succès ou, au contraire, par un échec », a-t-il fait remarquer, en appelant les négociateurs à faire preuve d’esprit de compromis et à agir rapidement. M. Sook a annoncé qu’un nouveau texte simplifié sera posté, cet après-midi, sur le site de la Conférence Rio+20. Le Coprésident du Comité préparatoire a réaffirmé que son rôle a pour objectif de faciliter les négociations et de favoriser le succès du processus préparatoire. « Faisons notre travail afin que nos chefs d’État et de gouvernement puissent montrer aux peuples du monde le résultat de ce travail », a-t-il demandé avant de conclure.
M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a estimé que le monde sera en meilleure position de répondre aux défis actuels après la Conférence Rio+20. « Si nous échouons, les perspectives d’avenir ne seront pas réjouissantes », a-t-il dit. Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’obtenir un résultat solide à Rio, de bâtir une nouvelle compréhension du développement durable. Il a ainsi insisté sur l’importance de se fonder sur les trois piliers économique, social et environnemental du développement durable.
De même, a rappelé le Ministre, l’autonomisation et l’inclusion des femmes dans tous les domaines de la société constituent la clef du développement durable, a-t-il ajouté. Le Ministre a aussi souligné l’importance du plein appui et de la coopération de la société civile dans les travaux de Rio+20.
M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, a souligné qu’il était essentiel de parvenir à Rio à un accord sur des buts et thèmes du développement durable, sur une économie inclusive verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté et sur le renforcement du cadre institutionnel pour le développement durable. Il a assuré que son pays s’engageait pleinement à la fois pour le développement durable et l’éradication de la pauvreté.
Le Luxembourg, a-t-il précisé, a toujours su faire suivre par des actes concrets son volontarisme politique en matière d’aide publique au développement. Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité, pour l’après-2015, d’un cadre global comprenant les trois dimensions du développement durable, économique, sociale et environnementale, d’une manière holistique, équilibrée et cohérente.
Table ronde 1: « Comment la Conférence Rio+20 peut-elle promouvoir le programme mondial de développement? »
Les experts et les délégations qui participaient à cette première table ronde se sont attachés à identifier les moyens à mettre en œuvre pour que la Conférence Rio+20 sur le développement durable puisse être en mesure de promouvoir le programme mondial de développement.
Le Directeur d’Earth Institute, M. Jeffrey Sachs, a, par exemple, proposé que la Conférence Rio+20 adopte un cadre simple et réalisable, non juridiquement contraignant, sur le modèle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. OLAV KJØRVEN, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des politiques de développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui animait cette table ronde, a souligné qu’il était essentiel d’établir un programme de développement mondial avec des objectifs partagés, qui soit le cadre d’un développement centré sur l’être humain. La Conférence sur le développement durable n’apportera pas toutes les réponses, a-t-il dit, en estimant néanmoins qu’elle permettra d’assurer une base importante, de trouver les bons paramètres et de tracer la voie visant à établir un cadre unique pour le programme de développement durable et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. JEFFREY SACHS, Directeur d’Earth Institute, Professeur à l’Université Columbia, s’est dit convaincu que le succès de la Conférence sur le développement durable (Rio+20) était crucial pour le bien-être du monde. Il faut aider le monde pour faire du développement durable un objectif central, et cela doit se faire de manière concrète. Fixer des objectifs de développement durable pour remplacer les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) serait le résultat le plus ambitieux possible, a-t-il estimé. « Si nous y aboutissons, la Conférence de Rio+20 sera un sommet historique », a-t-il dit. C’est pourquoi, M. Sachs a mis l’accent sur la nécessité d’un cadre de développement durable mettant l’accent sur l’économie, l’environnement et l’inclusion sociale.
Il a rappelé que le Sommet de la Terre, il y a 20 ans à Rio, avait permis l’adoption de traités historiques, dont, malheureusement, la mise en œuvre n’a pu se réaliser. Il convient cette fois-ci, a-t-il expliqué, d’inspirer le monde, tout comme cela s’est fait pour les OMD, et de régler les problèmes qui font obstacle au développement au niveau local. Il n’est nul besoin, a-t-il estimé, d’adopter des textes de plusieurs centaines de pages, comme le Programme Action 21, ni un nouveau document juridique international mais des objectifs réalisables, tels que les OMD.
M. BRICE LALONDE, Coordonnateur exécutif de Rio+20, a affirmé que l’accent sera mis sur la pauvreté. Il faut adopter une politique de discrimination positive pour combattre la pauvreté, a-t-il dit. Il a souligné l’importance d’évaluer ce qui a été fait par le passé et l’améliorer. Les gouvernements doivent progresser et non pas reculer, a-t-il insisté. Les objectifs du développement durable doivent nous transformer, et contribuer à établir un nouveau régime de développement. De même, le capital naturel doit être mieux utilisé, a-t-il estimé. M. Lalonde a estimé en outre que les nouveaux objectifs de développement durable devront faire l’objet d’une vision pour les décennies à venir.
M. MARTIN KHOR, Directeur exécutif de South Centre, à Genève, a estimé que la réduction de la pauvreté devenait de plus en plus urgente. Il a également mis l’accent sur la nécessité de régler la crise environnementale. La Conférence sur le développement durable doit être l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement, les organisations non gouvernementales et la société civile de faire le bilan et de se remettre en question.
M. Khor s’est également interrogé sur les moyens qui permettraient de mieux utiliser les ressources des Nations Unies. Le développement durable ne doit pas affaiblir le rôle que doit jouer chacun de ses piliers, mais, au contraire, le renforcer. Il faut accorder la même importance aux trois dimensions du développement durable –économique, sociale et environnementale-, a-t-il insisté. « Nous sommes sur le point de nous lancer sur un programme de grande envergure », a-t-il assuré. Pour garantir le succès de la Conférence de Rio+20, a-t-il ajouté, il faudrait, au préalable, régler les problèmes institutionnels.
M. JOSE MANUEL MENDOZA-NASSER, de Viridi International, a en particulier affirmé que répondre à l’un des besoins de base de la dignité humaine, tel que le logement dans les zones rurales et arides, aurait un impact positif pour traiter des problèmes liés à la réalisation des OMD et des objectifs de développement durable. La question du logement doit faire l’objet d’engagements accrus à Rio, a-t-il estimé, en mettant l’accent sur la nécessité de développer une réponse coordonnée qui impliquerait les connaissances à la fois scientifiques et autochtones traditionnelles, dans le but de garantir des bénéfices mutuels et partagés.
M. HELIO MATTAR, d’Akatu Institute for Conscious Cousumption, a fait observer que si l’humanité devait maintenir dans son ensemble ses modèles de production et de consommation, il faudrait que les ressources de quatre planètes comme la Terre soient mis à notre disposition. Il faut changer les modes de vie des parties les plus riches de l’humanité, a-t-il dit, en précisant que ce changement était urgent pour créer la société dite « du bien-être ». Il a proposé que l’établissement des objectifs de développement durable soit anticipé sur la base d’un accord concernant les modes de production et de consommation.
Dans le dialogue qui a suivi, la représentante du Mexique a estimé que les objectifs de développement durable devraient renforcer et compléter les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour la période actuelle et au-delà de 2015. Le programme de développement durable, a-t-elle également considéré, ne peut être confié à un organisme subsidiaire mais à des organes principaux des Nations Unies, comme l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social (ECOSOC).
Pour son homologue de la Colombie, les objectifs de développement durable doivent initier des réponses transversales efficaces pour éliminer la pauvreté. Ils ne doivent pas faire obstacle à la réalisation des OMD, a-t-il dit, en soulignant également la nécessité de changer les modes de production et de consommation. Le représentant a insisté sur l’importance de lancer un processus censé et cohérent à Rio.
Le délégué de l’Union européenne a souhaité que la Conférence de Rio+20 s’achève avec l’adoption d’un programme ambitieux. Une économie solidaire et verte est un moyen d’aboutir au développement durable et d’éliminer la pauvreté, a-t-il dit. Il a notamment estimé que la définition des objectifs de développement durable devrait être coordonnée par le Secrétaire général et inclure la présentation de rapports à l’Assemblée générale.
Son homologue de Nauru, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a mis l’accent sur la nécessité de remédier aux lacunes qui existent entre promesses et actions véritables. Il faut faire bien plus que d’utiliser simplement des mots, a déclaré la représentante. Elle a insisté sur l’importance de reconnaître la mise en œuvre du Plan d’action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice. Il est essentiel de considérer que les changements climatiques constituent une menace à la souveraineté et à l’intégrité des petits États insulaires en développement, a-t-elle ajouté, en précisant que ces pays continuaient de lutter pour réaliser les OMD.
Le représentant de la Chine s’est déclaré en faveur d’une définition claire, à la Conférence de Rio+20, de principes du développement durable. Des objectifs volontaires et applicables de manière universelle doivent être adoptés par tous les pays, a-t-il dit, en plaidant aussi pour un renforcement des capacités et des politiques nationales en matière de développement. Sa délégation, a-t-il assuré, reste ouverte à l’idée de lancer un processus de négociation intergouvernemental, sous l’égide de l’Assemblée générale.
Pour le Népal, il est important que la Conférence de Rio+20 adopte une approche holistique et globale, qui tienne compte des attentes de tous les pauvres du monde. Il est essentiel, a-t-il ajouté, d’assurer un appui essentiel aux pays les moins avancés (PMA). L’élimination de la pauvreté doit être l’objectif numéro un de tous, a-t-il dit, en mettant l’accent sur la nécessité d’un équilibre et d’une stratégie intégrée pour l’après-2015
Table ronde 2: « Le rôle de l’Assemblée générale à l’appui de l’objectif de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) –– Quels sont les moyens efficaces de soutenir la mise en œuvre des objectifs et des résultats de Rio+20? »
Les participants à cette seconde table ronde ont entendu plusieurs experts et des responsables d’organisations non gouvernementales (ONG) qui ont réaffirmé la nécessité de disposer de mécanismes pour assurer la mise en œuvre des engagements qui seront pris, en juin prochain à Rio, en faveur du développement durable. Plusieurs délégations ont également mis l’accent sur la nécessité de renforcer le cadre du développement durable au sein des Nations Unies.
Avant d’animer les discussions, M. NARINDER KAKAR, Observateur permanent de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles auprès des Nations Unies, a rappelé que l’objectif de la Conférence sur le développement durable (Rio+20) visait à réaffirmer l’engagement politique en faveur du développement durable, à évaluer les progrès réalisés et les lacunes restant à combler au niveau de la mise en œuvre des textes issus des grands sommets relatifs au développement durable et à aborder les nouvelles questions qui émergent.
M. RAJENDRA PACHAURI, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et Directeur général de l’Institut de l’énergie et des ressources TERI, en Inde, a expliqué que le GIEC avait rendu public, en novembre dernier, un rapport sur les catastrophes et les événements extrêmes et que celui-ci avait mis en évidence la fréquence de plus en plus nombreuse des vagues de chaleur ou des pluies violentes, par exemple. Si rien n’est fait, a-t-il averti, la variabilité des changements climatiques aura des conséquences importantes sur l’intensité de ces phénomènes.
M. Pachauri a estimé que la gestion de ces risques exigeait de créer et de renforcer les capacités du développement et que la résistance à ces événements devait être un objectif central du développement au XXIe siècle. Il a estimé que la communauté internationale devrait également s’assurer que ces risques soient abordés grâce à des programmes gérés de façon holistique.
M. STEVEN BERNSTEIN, Professeur associé à Munk School of Global Affairs à l’Université de Toronto, a estimé que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ne pouvait pas répondre, dans sa forme actuelle et par manque de cohérence, aux défis posés par le développement durable. Il a proposé d’en faire un organe subsidiaire de l’Assemblée générale et de modifier son nom en « Organisation des Nations Unies pour l’environnement », en ajoutant que le PNUE pourrait ainsi jouer un rôle pour assurer le suivi de la mise en œuvre des engagements en faveur du développement durable au sein du système des Nations Unies.
M. Bernstein a rappelé qu’au fur et à mesure que les pays élaboraient des objectifs de développement durable, il faudrait tenir compte d’organes qui viendraient les mettre en œuvre. Il s’est ensuite demandé si le Conseil économique et social (ECOSOC) pourrait remplir cette fonction de suivi alors qu’il s’occupe déjà de nombreuses questions.
M. FELIX DODDS, Directeur exécutif de l’organisation « Stakeholder Forum for a Sustainable Future », a tout d’abord souligné l’absence d’un partenariat mondial pour le développement. Il a fait remarquer que, 20 ans après le Sommet de la terre de Rio et 10 ans après celui de Johannesburg, la question de l’organe nécessaire à la mise en œuvre du suivi du développement durable n’avait toujours pas été réglée. Soulignant les activités réalisées depuis deux décennies par la Commission du développement durable, il a toutefois fait remarquer que sa création avait été une solution de compromis.
M. Dodds a considéré qu’un nouvel organe du développement durable devrait assurer des fonctions de contrôle et de suivi des engagements qui seront pris à Rio, mais également pouvoir aborder les nouvelles questions qui émergeront, mettre en œuvre les objectifs du développement durable, stimuler la coopération internationale dans ce domaine et assurer des partenariats avec le monde scientifique.
M. PAT MOONEY, Directeur exécutif de l’organisation « ETC Group », a estimé qu’il ne faudrait pas être découragé car ces dernières années qui avaient été marquées par un renforcement de la coopération entre l’ONU, les organisations de la société civile et les organisations intergouvernementales. Il a cité, à titre d’exemple, le profit qui a pu être tiré de la coopération entre la société civile et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), notamment en ce qui concerne le partage de données. Dans ce contexte, il a estimé que des progrès devraient encore être accomplis dans le domaine des transferts de technologie, notamment par le biais d’un bureau de l’ONU attaché à cette question.
M. RUBENS BORN, Directeur exécutif de l’organisation « Vitae Civilis », a estimé qu’il n’existait aucun doute raisonnable sur l’urgence de la situation et que l’Assemblée générale devrait jouer un rôle clef afin d’encourager les chefs d’État à aller au-delà des déclarations. Il a souligné la nécessité de disposer d’outils et d’indicateurs du développement durable et a mis l’accent sur le besoin de créer un organe au plus haut niveau des Nations Unies afin d’accélérer une transition équitable vers le développement durable. Dans ce contexte, M. Born a estimé que l’Assemblée générale devrait transformer l’ECOSOC en un « Conseil du développement durable » et également établir une institution des Nations Unies « pour la durabilité environnementale ».
À l’issue de ces interventions, les représentants de la République-Unie de Tanzanie, de la Norvège, de l’Argentine, de Cuba, de Bolivie, de l’Inde, du Maroc, des Émirats arabes unis, du Canada et du Bénin sont revenus sur la table ronde de ce matin en identifiant des moyens contribuant à assurer le succès de la Conférence Rio+20. Ce succès, ont-ils dit, sera mesuré par les engagements qui seront pris par les gouvernements.
Mme AMINA MOHAMED, Directrice adjointe du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a ensuite pris la parole pour rappeler que le renforcement du PNUE, créé il y a 40 ans, était essentiel pour répondre aux défis du XXIe siècle et que cette question figurait à l’ordre du jour des Nations Unies, dont celui de l'Assemblée générale depuis plusieurs décennies. « Rio+20 déterminera le niveau d’ambitions et de volonté politique afin que nous puissions nous acquitter de nos devoirs en tant que principal organe des Nations Unies dans le domaine de l’environnement et pour que nous soyons une autorité qui détermine les objectifs de l’agenda mondial environnemental », a-t-elle dit. Mme Mohamed a souligné que le renforcement impliquait le respect qui vient avec l’autorité légitime et les moyens de transformer des politiques en des résultats tangibles sur le terrain.
Le représentant du Bélarus a estimé qu’il faudrait, dans un premier temps, identifier les tâches et les indicateurs spécifiques à mettre en œuvre par chaque pays. Il a appelé au renforcement du rôle de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale en matière de développement durable. Sa délégation s’est dite prête à étudier la possibilité d’une session entière de l’ECOSOC consacrée au développement durable.
Son homologue de la Colombie a rappelé que le rôle de l’Assemblée générale serait décisif dans l’élaboration des objectifs de développement durable, ainsi que dans la détermination du cadre du processus post-2015 et des éléments clefs de celui-ci. Il a estimé qu’il était urgent d’établir, à cet effet, un mécanisme et d’aborder les défis à venir.
Le représentant de l’Union européenne a estimé que les États Membres devraient mieux coordonner le cadre du développement durable au sein des Nations Unies. Il a souligné l’importance de réformes structurelles visant à donner un élan politique au développement durable. Parmi les mesures envisagées, il a cité le renforcement du statut du PNUE, ainsi que l’établissement de liens plus étroits entre le PNUE et l’Assemblée générale. Considérant que le développement durable avait besoin d’un leadership politique au plus haut niveau, il a également mis l’accent sur la nécessité d’établir un représentant pour le développement durable et pour les générations à venir.
Intervenant à son tour, la représentante de la Chine a déclaré que pour la réforme du cadre institutionnel du développement durable, il faudrait développer des synergies entre les Nations Unies et les institutions financières internationales. Elle a aussi souligné la nécessité d’appuyer les pays en développement en matière de développement durable. Sa délégation propose qu’un Forum de haut niveau sur le développement durable soit établi pour promouvoir le leadership international dans ce domaine, a-t-elle dit.
Déclaration de clôture
Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale a considéré que ce débat thématique de haut niveau avait donné lieu à une discussion franche et riche. « Malgré certaines divergences de vues, il y a une volonté de s’écouter et une détermination à travailler ensemble pour faire en sorte que le programme d’action du développement durable soit adopté à Rio », a-t-il dit. M. Al-Nasser a également noté que plusieurs délégations avaient souligné que les objectifs du développement durable étaient une composante essentielle de ce qui sera assuré après la date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. C’est pourquoi, a-t-il dit, le processus visant à établir les objectifs du développement durable devrait être cordonné. « Nous avons besoin d’un processus unique, transversal, équilibré et inclusif », a-t-il réaffirmé. Le Président de l’Assemblée générale a noté que les organisations de la société civile avaient attiré l’attention sur le fait qu’un maillon de la chaîne manquait et qu’il faudrait donc renforcer les partenariats. Avant de conclure, il a appelé tous les États Membres à saisir la chance historique que représente la Conférence Rio+20 pour transformer des aspirations universelles et prendre des mesures concrètes.
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