Conseil de sécurité: le Portugal propose un cadre pour affiner la lutte contre la criminalité, les pandémies et les changements climatiques, menaces à la paix et la sécurité
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Conseil de sécurité
6668e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE PORTUGAL PROPOSE UN CADRE POUR AFFINER LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ,
LES PANDÉMIES ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, MENACES À LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Face aux menaces de plus en plus graves que la criminalité transnationale organisée, les changements climatiques et les pandémies font peser sur la paix et la sécurité internationales*, le Ministre des affaires étrangères du Portugal, dont le pays préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, a recommandé la création d’un « cadre » pour canaliser les informations pertinentes et pouvoir élaborer une réponse appropriée.
Au cours du débat auquel ont également participé les chefs de trois agences spécialisées du système des Nations Unies, le Secrétaire général a jugé que ces trois phénomènes, bien qu’étant des menaces anciennes, constituaient « les défis majeurs de notre temps ». Les organisations criminelles, qui font aujourd’hui plus de victimes que les conflits, sont particulièrement habiles à tirer profit de la mondialisation pour conduire leurs activités illicites, a relevé M. Ban Ki-moon.
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) attire depuis longtemps l’attention du Conseil de sécurité et de la communauté internationale sur la vulnérabilité particulière de l’Afrique de l’Ouest, désormais route de transit privilégiée des trafiquants, a rappelé M. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’UNODC.
Une situation d’autant plus préoccupante, a-t-il prévenu, que la sous-région, et le golfe de Guinée en particulier, sont déjà touchés par le phénomène récent de la piraterie. Aussi, l’UNODC a-t-il mis au point un Programme régional pour l’Afrique de l’Ouest couvrant la période 2010-2014, qui vient à l’appui du Plan d’action régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Par ailleurs, l’Office continue de prêter une assistance aux pays de la corne de l’Afrique dans leur lutte contre la piraterie aux larges des côtes somaliennes.
Les menaces que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales ont été expliquées par le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. M. António Guterres a indiqué que ces changements provoquaient des déplacements massifs de population, donnant naissance à un nouveau type de migrants à savoir les « réfugiés climatiques ». Il a invité les États Membres à se doter d’un ensemble de principes pour aider ces personnes à prétendre au véritable statut de réfugié.
S’agissant du danger des pandémies, le Secrétaire général a rappelé que 43% des personnes atteintes du VIH/sida vivent dans des pays en situation de conflit, d’après-conflit ou dans lesquels opèrent des groupes criminels et où, comme l’a souligné le Ministre des affaires étrangères du Portugal, M. Paulo Portas, le recours aux violences sexuelles comme arme de guerre contribue dangereusement à la propagation du virus.
En vidéoconférence depuis Genève, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, a stigmatisé les disparités criantes d’un monde où les dépenses annuelles de santé peuvent, d’un pays à l’autre, varier de 1 à 7 000 dollars par personne et l’espérance de vie être séparée de 40 ans.
Dans un contexte où des millions de personnes passent chaque année sous le seuil de la pauvreté à cause des factures médicales exorbitantes, créant ainsi des déséquilibres porteurs d’instabilité, l’OMS doit rester le « chef de file de la sécurité sanitaire dans les situations de crise, notamment en période de conflits ou après les conflits », a estimé le représentant de la France, M. Gérard Araud.
Pour poursuivre son action de surveillance des risques épidémiques et pandémiques, elle s’appuiera sur le réseau extrêmement étendu qu’elle a mis en place à travers le monde et sur le Règlement sanitaire international révisé, instrument juridiquement contraignant pour l’ensemble des États Membres, depuis son entrée en vigueur en 2007, a indiqué Mme Chan. Le Cadre de préparation à une pandémie de grippe, approuvé en mai dernier par l’Assemblée mondiale de la santé, pourrait être utilement mis à profit pour d’autres catégories de pandémies, s’est félicité le représentant français.
Tous ces défis qu’aucun pays ne peut relever seul, a commenté le Secrétaire général, exigent une riposte basée sur une coopération régionale et internationale. Le Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, M. Sven Alkalaj, a préconisé une approche globale, alors que son homologue portugais a suggéré que le Conseil de sécurité envisage une démarche de plus en plus systématique.
En l’absence d’une stratégie claire sur les moyens de garantir une évaluation régulière de ces questions émergentes et d’identifier les éléments qu’ils ont en commun, il a recommandé au Conseil de se doter d’un « cadre » pour canaliser les informations pertinentes en provenance du Secrétariat et des agences spécialisées de l’ONU et sur lequel il pourrait s’appuyer pour élaborer une réponse appropriée.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales et prévention des conflits
Lettre datée du 8 novembre 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Portugal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/698)
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué que la criminalité transnationale organisée, les pandémies et les changements climatiques, bien qu’étant des menaces anciennes, constituaient « les défis majeurs de notre temps ». Ces défis sont tous à la fois plus aigus et porteurs de conséquences toujours plus importantes sur la sécurité internationale. « Les groupes criminels sont particulièrement habiles à tirer profit de la mondialisation pour conduire leurs activités illicites, tandis que les changements climatiques constituent un défi mondial par excellence », a fait remarquer M. Ban. Il a souligné que les effets combinés des pandémies et des changements climatiques poussaient nombre de pays pauvres et vulnérables à sombrer dans le gouffre. Les groupes criminels utilisent, a-t-il dit, la corruption et la violence pour déstabiliser les institutions publiques de l’intérieur.
Rappelant que ces menaces avaient des incidences indéniables sur la paix et la sécurité, le Secrétaire général a rappelé que 43% des personnes atteintes par le VIH/sida vivaient dans des pays touchés par la violence, avant d’ajouter que la violence des groupes criminels était aujourd’hui la cause de plus de décès que les guerres civiles. « Nous assistons à une convergence préoccupante entre la criminalité transnationale organisée et les activités des groupes terroristes », a-t-il fait remarquer. Par ailleurs, il a attiré l’attention sur l’élévation du niveau des mers qui, a-t-il dit, menace l’existence même de tous les petits États insulaires.
M. Ban a ensuite déclaré qu’aucun pays ne pouvait, seul, relever ces défis, qui exigent une riposte basée sur une coopération régionale et internationale. « Les Nations Unies continueront de jouer un rôle directeur dans cette coopération », a-t-il assuré, en rappelant que l’ONU était l’organisation idoine pour élaborer des stratégies intégrant les dimensions politiques, de développement et de renforcement des capacités à ces menaces complexes et multidimensionnelles. Le Secrétaire général a rappelé que le trafic de drogues avait conduit à une augmentation de l’injection de drogue par voie intraveineuse, elle-même responsable de la propagation du VIH/sida. Il a mis l’accent sur la nécessité d’inclure, au-delà de la répression de ce fléau, dans la réponse à apporter à la criminalité transnationale organisée les dimensions de santé publique et de droits de l’homme. « Plus globalement, il est crucial que nous répondions aux inégalités sociales et à l’injustice économique qui sont les éléments moteurs de la frustration et des tensions », a-t-il insisté. « La sécurité doit s’enraciner dans la liberté et l’espoir », a-t-il dit avant de conclure.
M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a rappelé que l’organe qu’il dirige coopère étroitement avec, entre autres, le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ONUSIDA, INTERPOL et la Banque mondiale, afin d’adopter une réponse multidisciplinaire dans des domaines aussi divers que la lutte contre la piraterie et les stupéfiants, le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, la corruption, les flux financiers illicites et la traite des êtres humains. L’UNODC établit également des partenariats avec la société civile et le secteur privé, a-t-il précisé. L’atout majeur de l’Office, a affirmé M. Fedotov, réside dans sa capacité à mener des activités sur le terrain, comme en témoignent les programmes régionaux en cours en Afrique, en Asie et Amérique latine. Actuellement, l’UNODC réexamine son programme régional dans les États arabes en vue de répondre aux nouvelles réalités, et dans ce contexte, il coopère avec l’Égypte, la Tunisie et la Libye, a indiqué le Directeur exécutif.
La lutte contre la piraterie aux larges des côtes somaliennes est également une priorité de l’Office, qui continue de prêter assistance aux pays de la région dans les domaines des poursuites judiciaires et de l’incarcération des pirates arrêtés. L’UNODC ne néglige pas pour autant le phénomène de la piraterie en Afrique de l’Ouest, et tout particulièrement au large des côtes du Bénin. La mission interinstitutions récemment dépêchée par le Secrétaire général dans ce pays et au Nigéria, dirigée conjointement par le Département des affaires politiques et l’UNODC, contribuera certainement à l’élaboration d’une stratégie holistique et efficace contre la piraterie dans la région, a estimé M. Fedotov. Les effets du trafic international de cocaïne se sont faits ressentir de manière « dévastatrice » des deux côtés de l’Atlantique, en particulier en Europe, où la consommation de cocaïne a doublé au cours de la décennie écoulée, a-t-il fait observer. L’UNODC attire depuis longtemps l’attention sur la vulnérabilité de l’Afrique de l’Ouest comme route de transit pour la cocaïne et c’est pourquoi, la communauté internationale est encouragée à faire de même, a souligné le Directeur exécutif. Le Programme régional de l’UNODC pour l’Afrique de l’Ouest pour la période 2010-2014 a été conçu pour soutenir le Plan d’action régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il précisé.
Attirant ensuite l’attention sur la situation en Afghanistan, M. Fedotov a relevé qu’après un déclin très net de la production de pavot à opium en 2010, la culture de pavot avait augmenté cette année de 7%. Au cours de la même période, la production d’opium en provenance d’Afghanistan a augmenté de 61%, a-t-il déploré. Il a souhaité que la réunion ministérielle intitulée « Initiative triangulaire », qui se tiendra à Kaboul le 28 novembre, aide les États de la région à définir de nouvelles mesures et soit l’occasion pour le Gouvernement afghan de faire de la lutte contre les stupéfiants une priorité nationale. L’UNODC, a annoncé le Directeur exécutif, lancera le 7 décembre un Programme régional pour l’Afghanistan et les pays voisins.
M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué que la frontière entre migrants et réfugiés était toujours plus ténue. De plus en plus de personnes sont contraintes de fuir, souvent en raison de la dégradation de l’environnement, qui ne sont pas couvertes par la Convention sur les réfugiés de 1951. « Partout dans le monde, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les victimes des trafiquants empruntent les mêmes routes, faisant face aux mêmes dangers », a-t-il indiqué, en faisant remarquer que les modes comme l’échelle des migrations humaines étaient en train de changer. Il a rappelé que selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, 43,7 millions de personnes dans le monde avaient été déracinées en raison d’un conflit, en précisant qu’à ce jour, 27,5 millions de personnes étaient déplacées à la suite d’un conflit, soit une augmentation de 10 millions de personnes sur les 12 dernières années. « La persécution, la violence, l’effondrement économique, les catastrophes naturelles sont quelques-unes des causes immédiates des crises qui donnent lieu aux déplacements forcés auxquels nous assistons aujourd’hui », a déclaré M. Guterres.
Le Haut-Commissaire a souligné que les changements climatiques « étaient le défi essentiel de notre temps ». « Nous devons nous interroger sur les modalités selon lesquelles les phénomènes du réchauffement climatique et de l’augmentation du niveau des mers interagissent avec d’autres facteurs mondiaux de déséquilibres, pour produire les éléments moteurs de l’instabilité et des déplacements forcés », a-t-il dit. M. Guterres a ainsi mentionné les liens entre changements climatiques et réduction des terres cultivables, ainsi que leurs conséquences sur la sécurité alimentaire, dont la dégradation alimente en retour la pauvreté.
Le Haut-Commissaire pour les réfugiés a fait remarquer qu’en 2010, plus de 40 millions de personnes avaient été déplacées en raison de catastrophes naturelles. Il a également établi un lien entre changements climatiques et citoyenneté, en s’interrogeant sur la destination future des personnes qui seraient dans l’obligation de fuir leur propre pays menacé, comme les petits États insulaires, par la montée des eaux. « Garderont-ils leur citoyenneté? Est-ce que le monde serait prêt à accepter l’idée d’un État sans territoire? » a demandé M. Guterres. Il a regretté qu’il n’y ait pas de forum unique qui permettrait à la communauté internationale d’élaborer des réponses à ces menaces multidimensionnelles. Il faudrait, a-t-il souhaité, que des stratégies holistiques soient adoptées. Soulignant l’absence de volonté politique de la communauté internationale pour réduire l’intensité des changements climatiques, il a invité les États Membres à assurer une protection accrue pour ceux qui, après avoir fui une zone de conflit, se trouvent ensuite victimes des conséquences d’une catastrophe naturelle. Il a jugé impératif d’établir un programme de grande ampleur pour appuyer les pays en développement, dont les populations sont davantage exposées aux conséquences des changements climatiques, alors qu’elles sont les moins responsables de leurs causes sous-jacentes. La mobilité étant une stratégie utilisée par les populations touchées pour fuir ces conséquences, il a invité les États Membres à adopter un ensemble de principes, visant à l’élaboration de solutions dont bénéficieraient les personnes qui ont fui leur pays en raison de changements climatiques, et qui ne peuvent prétendre à recevoir le statut de réfugié.
« J’appelle tous les États Membres à soutenir une telle initiative », a-t-il affirmé, ajoutant en conclusion que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés organisait à cette fin une réunion au niveau ministériel dans deux semaines à Genève.
S’exprimant par vidéoconférence depuis Genève, Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré que les tendances mondiales en matière de santé étaient préoccupantes, notamment en ce qui concerne le vieillissement de la population et l’urbanisation rapide. Leur aggravation, a-t-elle dit, s’explique par les liens étroits qui existent entre ces phénomènes. Elle a ajouté que le monde était en proie à des déséquilibres extrêmement préoccupants. Ainsi, les disparités en matière de dépenses de santé vont de un à 7 000 dollars par personne par an selon les États et l’écart de l’espérance de vie entre riches et pauvres peut atteindre 40 ans. L’OMS, a indiqué Mme Chan, estime que chaque année, 100 millions de personnes supplémentaires vivent en dessous du seuil de pauvreté, en raison de factures médicales très onéreuses. L’Organisation a déclaré que, cette année, sur les 400 rumeurs faisant état de menaces à la santé publique, 34 seulement n’étaient pas fondées. Par ailleurs, a poursuivi la Directrice générale, si les conflits constituent le cadre parfait pour les violations des droits de l’homme, ils alimentent aussi les conceptions erronées parmi les populations en détresse, comme par exemple les craintes sans fondement concernant les vaccins.
Depuis 2000, l’OMS et les États Membres ont décidé de partager l’ensemble des informations relatives à la santé en mettant au point des mesures pour la bonne gouvernance mondiale, a rappelé Mme Chan. Depuis l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère en 2003, l’approche adoptée est devenue proactive. Ainsi, les 194 États parties au Règlement sanitaire international (RSI) appliquent des normes internationales destinées à renforcer la sécurité sanitaire nationale, régionale et mondiale, a précisé Mme Chan. De plus, plus de 300 instituts techniques aident également l’OMS à surveiller les maladies dans le monde et un nouveau cadre sur le partage des informations sur les virus et les vaccins est désormais en place. Évoquant la situation dans les pays arabes, la Directrice générale a affirmé que l’OMS y accordait une grande importance, en gardant à l’esprit que la prévention était au cœur des stratégies de santé publique dont elle assurait la promotion.
M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a jugé qu’une approche globale et combinée aux nouveaux défis mondiaux était nécessaire pour maintenir la paix et la sécurité internationales. La criminalité transnationale organisée se développe dans des pays où les institutions nécessaires n’existent pas, a-t-il expliqué. C’est pourquoi la communauté internationale doit appuyer les efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour l’aider à renforcer les systèmes judiciaires des pays vulnérables, en particulier en Afrique. Le représentant a également estimé que dans un monde interconnecté, la croissance démographique et une demande en ressources plus grande pouvaient entraîner des tensions sociales, une instabilité politique ou même des conflits. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait examiner les risques sécuritaires potentiels des changements climatiques. M. Alkalaj a insisté sur les répercussions des crises humanitaires, des pressions migratoires et des chocs externes sur les États gravement touchés par ces changements, en appelant les autres organes des Nations Unies pertinents à développer leurs capacités à répondre à ces défis.
Le représentant a aussi rappelé que la violence et l’instabilité risquaient d’accélérer la diffusion de maladies comme le VIH/sida, la tuberculose ou le paludisme, en soulignant le rôle important que peuvent jouer les opérations de maintien de la paix et leur personnel pour les prévenir. Soulignant la responsabilité première des États pour identifier les priorités et les stratégies en matière de paix et de sécurité, avec l’appui des Nations Unies, le représentant a appelé les organisations internationales et régionales à accorder une attention particulière à l’évaluation des situations, la planification et la prévention des conflits. En tant que principal organe responsable de la paix et de la sécurité, le Conseil de sécurité doit être réceptif à tous les signaux d’alarme concernant des menaces potentielles, et renforcer ainsi sa coopération avec les autres organisations internationales et régionales, a-t-il estimé.
Mme VERA LUCIA BARROUIN CRIVANO MARCHADO, Vice-Ministre pour les affaires politiques du Ministère des relations extérieures du Brésil, a estimé qu’il ne suffit pas pour le Conseil de sécurité de s’attaquer aux menaces les plus évidentes et immédiates. Elle a rappelé qu’il était également nécessaire d’examiner la nature complexe et interdépendante des défis mondiaux en matière de sécurité, en adoptant une approche à long terme qui prenne en compte à la fois des actions préventives et les efforts devant être entrepris au lendemain d’un conflit pour bâtir une paix durable. Elle a cependant souligné qu’il était inévitable d’engager des discussions concernant l’empiètement du Conseil de sécurité sur les prérogatives d’autres organes des Nations Unies, en particulier l’Assemblée générale. Le Conseil doit reconnaître qu’un nombre significatif d’États Membres continuent d’être mal à l’aise avec les conséquences politiques et juridiques de son engagement dans des domaines comme celui des changements climatiques, a-t-elle insisté.
Notre seule alternative est de s’engager sur la voie d’un dialogue sincère avec les États Membres et de faire extrêmement attention à traiter les questions thématiques comme les menaces directes à la paix et à la sécurité internationales, a déclaré la Vice-Ministre, en plaidant pour une participation plus active d’autres acteurs sur les questions de développement et de droits de l’homme. Compte tenu de l’interdépendance entre sécurité et développement, le Conseil doit néanmoins avoir davantage accès à l’information sur les questions économiques, environnementales et de santé. En outre, il doit travailler avec le Secrétariat à mieux comprendre les réalités sur le terrain. De leur côté, les États Membres doivent également améliorer la cohérence des orientations qu’ils donnent à travers les divers organes des Nations Unies, a estimé Mme Marchado. Si les liens sont clairement établis d’un côté, entre changements climatiques et développement et, de l’autre, entre sécurité et développement, les possibles conséquences des changements climatiques sur la sécurité sont bien moins évidentes, a-t-elle fait remarquer. Les outils disponibles en matière de sécurité sont adaptés aux menaces à la paix et à la sécurité internationales mais pas aux conséquences des changements climatiques, a-t-elle insisté, en espérant que les négociations internationales sur le sujet aboutiront à des résultats ambitieux.
M. PATTI LONDONO (Colombie) a rappelé que s’il existait de multiples défis à relever au niveau mondial, tous les phénomènes négatifs globaux ne constituaient pas pour autant des menaces à la paix et à la sécurité internationales. Dans ce contexte, il a estimé que le Conseil de sécurité ne devait pas prendre en charge tous ces problèmes, sous peine de basculer dans un processus de « sécurisation croissante ». Le représentant a ensuite souligné que les Nations Unies avaient identifié et mis en place des sphères de travail spécifiques pour traiter les questions de portée mondiale, avec une architecture spécialisée et distincte, constituée d’organes, d’agences et d’entités ayant leurs propres domaines de compétence.
Rappelant ensuite que le Conseil de sécurité avait la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, de la prévention des conflits à leur résolution pacifique, en passant par la consolidation et le maintien de la paix, il a mis l’accent sur la nécessité d’orienter ses travaux dans deux directions complémentaires. Il a ainsi plaidé pour l’établissement de passerelles institutionnelles transparentes entre les différentes organisations et institutions internationales, de manière à leur permettre de poursuivre leurs objectifs propres, tout en créant des synergies facilitant l’échange d’informations. Pour le représentant colombien, l’analyse des nouveaux défis par le Conseil n’a de sens que s’ils aggravent la menace existante dans une situation qu’il prend déjà en considération. Il convient également de se pencher sur la manière de renforcer la mise en œuvre du Chapitre VI de la Charte de l’ONU, consacré au règlement pacifique des différends, afin d’agir sur ces nouveaux défis. Le représentant a en effet estimé que le Conseil de sécurité avait tendance à se focaliser ces dernières années sur le seul Chapitre VII de la Charte, intitulé « Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ».
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a souligné que les menaces identifiées lors du débat aujourd’hui étaient transfrontières et exigeaient, en conséquence, des réponses mondiales. Les réseaux criminels, par leurs activités liées notamment au trafic de drogue et à la traite d’êtres humains, ont des conséquences dévastatrices qui affaiblissent les capacités nationales des États sur le territoire desquels ils opèrent. Les revenus tirés de telles activités peuvent contribuer à financer le terrorisme, a-t-il prévenu, avant d’insister sur le rôle que doivent jouer les institutions compétentes pour recueillir les informations les plus complètes possibles sur les activités de ces groupes criminels. Le représentant a ensuite souligné le rôle crucial que joue l’UNODC dans la lutte contre la drogue. Il a ensuite précisé que son pays avait contribué à hauteur de 34 millions de dollars en 2011 aux activités de l’Office, avant de mettre l’accent sur l’instrument essentiel que constitue la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. « Mon pays a également établi des partenariats forts, notamment en Amérique centrale et en Asie pour lutter contre le trafic de drogues », a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite souligné les conséquences des changements climatiques sur la sécurité alimentaire, mettant ainsi en jeu la survie même de nombreuses personnes. Il a également rappelé les graves inquiétudes des petits États insulaires directement menacés par l’élévation du niveau des mers. Concernant la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, il a souhaité que la Conférence de Durban qui se tiendra, le mois prochain, parvienne à « un résultat équilibré ». La riposte de la communauté internationale à la pandémie H1N1, a-t-il fait remarquer par ailleurs, a permis d’assurer une surveillance accrue des animaux et de renforcer les systèmes d’alerte en cas de pandémies. Le Conseil de sécurité doit ouvrir un dialogue plus large avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui, a-t-il dit, est en première ligne face à ces menaces non classiques.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que les nombreux nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales avaient, en dépit de leur diversité, leur dimension transnationale en commun. Ces problèmes sont exacerbés par des questions systémiques, tels le sous-développement ou la mauvaise gestion des ressources naturelles, auxquels les pays en développement sont particulièrement vulnérables, a fait observer la représentante. Aussi, le Conseil devrait réfléchir aux meilleurs moyens de répondre à ces défis.
Évoquant le phénomène des réfugiés climatiques, elle a relevé que l’impact de la désertification et du manque d’accès à l’eau potable conduisaient de plus en plus de populations à se nomadiser afin d’assurer leur survie. Mme Ogwu a par ailleurs estimé que la signature du Protocole d’accord entre l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) représentait un changement majeur pour mettre fin au trafic d’armes légères et de petit calibre dans la région. « Aucun pays ne peut répondre seul à des défis de cette ampleur », a-t-elle ajouté, affirmant que l’ensemble des agences et organes du système des Nations Unies gagneraient à coopérer à cet égard.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a indiqué que le Conseil avait, par sa résolution 1983 (2011), souligné l’importance de prendre en compte les besoins des populations vivant avec le VIH/sida dans les activités de prévention et de règlement des conflits des Nations Unies. « Les situations de conflit aggravent les problèmes de santé publique, en affaiblissant les capacités nationales de réponse aux défis sanitaires qui peuvent se poser », a-t-il déclaré, avant de plaider pour une intégration plus générale de la dimension de santé publique dans les stratégies de consolidation de la paix.
Concernant la menace constituée par les changements climatiques, il a souligné les résultats limités des efforts poursuivis jusqu’à présent pour réduire les gaz à effet de serre, les stratégies de fuite des conséquences de ce changement étant de plus en plus envisagées par les personnes concernées, a affirmé le représentant allemand à la suite du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Il a ensuite plaidé pour une compréhension plus fine des modes de migration humaine, notamment dans ses déterminants climatiques et ses dimensions sécuritaires. S’agissant de la Conférence de Durban et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, il a invité les États Membres à « éviter le pire ». « L’atténuation à porter aux conséquences des changements climatiques doit être l’impératif guidant les négociations qui vont se dérouler à Durban », a-t-il affirmé.
Le représentant allemand a ensuite rappelé la sophistication croissante des groupes criminels organisés dans la conduite de leurs activités. Ces activités font le lit de la corruption dans beaucoup de pays, tout en affaiblissant leurs capacités de réponse, a-t-il affirmé, soulignant que la Convention de Palerme était un instrument efficace pour lutter contre la criminalité organisée. En conclusion, il a indiqué que son pays avait contribué à hauteur de sept millions en 2011 aux activités de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que la Charte des Nations Unies stipule que les Nations Unies ont été mises en place afin de garantir la paix et la sécurité internationales. Pour ce faire, a-t-il noté, l’ONU met sur pied des mesures visant à prévenir et à gérer les menaces à la paix. Le représentant a précisé que la paix n’était plus seulement le résultat de l’absence de menaces militaires, mais d’autres facteurs tels que le trafic de stupéfiants, la criminalité transfrontalière organisée, le terrorisme, le VIH/sida, la prolifération d’armes de destructions massives, les effets négatifs des changements climatiques.
Le représentant a ajouté que les pays qui étaient en situation de postconflit étaient particulièrement vulnérables aux menaces susceptibles d’entraver les efforts de construction de la paix. Il a en outre relevé que le nombre de refugiés et les personnes déplacées, fuyant des conflits armés et les catastrophes naturelles, était en augmentation et constituait une source supplémentaire d’instabilité dans les sociétés vulnérables. Tous ces défis, a déclaré le représentant, ont un impact négatif durable sur la paix, la stabilité et le développement économique, et, de ce fait, ils requièrent une approche multilatérale dans le domaine de la sécurité et bien au-delà. Il a ajouté qu’aucun organisme isolé des Nations Unies ou aucun pays n’avait les capacités ou les structures juridiques adéquates pour faire face seul à tous les défis sécuritaires de l’heure. « C’est pour cette raison qu’un partenariat solide entre les acteurs internationaux, régionaux et nationaux majeurs est nécessaire », a affirmé le représentant.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que le débat d’aujourd’hui soulignait la préoccupation que suscitent les nouveaux défis parmi les membres du Conseil. Il a cependant condamné le « jonglage arbitraire » et les « appels à la violence ou à l’ingérence sous couvert d’intervention humanitaire » qui, a-t-il tenu à rappeler, vont à l’encontre des principes des Nations Unies et du respect de la souveraineté des États. Tout en reconnaissant la gravité des nouvelles menaces, il a encouragé à réfléchir davantage sur leurs conséquences sur la paix et la sécurité internationales. La déclaration présidentielle du 24 février 2010, par laquelle le Conseil de sécurité demandait aux États Membres de renforcer la coopération internationale et régionale pour contrer la menace croissante contre la paix et la sécurité internationales que font peser le trafic de la drogue et la criminalité transnationale organisée, devrait servir de base à cette réflexion. Le représentant a souligné que cette coopération était essentielle, notamment pour lutter contre le trafic des stupéfiants en Afghanistan, qui a également un lien avec le terrorisme et qui s’étend bien au-delà de la région. Ce cas particulier relève, a-t-il souligné, de la compétence du Conseil de sécurité. En outre, la résolution 2017 (2011) du Conseil, présentée par la Fédération de Russie et qui vise à empêcher la prolifération d’armes en provenance de Libye, trace une voie sur les moyens de répondre à cette menace, a-t-il dit. Le représentant a saisi cette occasion pour réaffirmer qu’il était temps d’élaborer une convention pour la lutte contre la cybercriminalité, ainsi qu’un code universel de conduite informatique. M. Churkin a en conclusion rappelé le soutien de son pays à la lutte contre la piraterie.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a rappelé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques demeurait le cadre de référence de la réponse mondiale à apporter à la menace que posent les changements climatiques. En prévision de la Conférence de Durban qui se tiendra le mois prochain, il a exhorté les États Membres à renforcer l’architecture normative internationale en la matière, et non à l’affaiblir. « La Conférence de Durban sera l’occasion pour la communauté internationale de se montrer à la hauteur de ses responsabilités en renforçant la Convention-cadre », a-t-il déclaré, en invitant les pays développés et les pays en développement à soumettre leurs propositions de manière constructive et transparente. Dans le cadre de la lutte contre le trafic de la drogue, le représentant a plaidé par ailleurs pour la mise en œuvre de la Convention sur la criminalité transnationale organisée et l’adoption d’une approche mondiale associant les pays de production, de transit et de destination de la drogue. Il s’est félicité de la signature récente dans ce domaine d’un mémorandum d’accord entre la Commission de l’Union africaine et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
La Réunion de haut niveau sur le VIH/sida, qui s’était tenue en juin dernier, a donné un nouvel élan aux efforts entrepris au niveau international dans la lutte contre le VIH/sida, a estimé le représentant. Il a souhaité une mobilisation plus effective des ressources et une intégration plus large de la question du VIH/sida dans les stratégies de développement. Il a également invité les membres du Conseil à examiner les causes profondes des déplacements forcés en raison d’un conflit. Sa délégation estime qu’un débat du Conseil ne suffit pas à endiguer les nouvelles menaces auxquelles est confrontée la communauté internationale. Les États Membres doivent s’acquitter des engagements pris, notamment pour assurer les ressources adéquates, a-t-il dit.
Pour M. NOËL NELSON MESSONE(Gabon), parmi les nouvelles menaces représentant un risque pour la paix et la sécurité internationales, figurent la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre, la pandémie de VIH/sida, les trafics de drogues et d’êtres humains, la criminalité transnationale organisée et les changements climatiques. L’augmentation du trafic international de drogues et la recrudescence de la criminalité transnationale organisée, a-t-il précisé, contribuent à la déstabilisation des États et à la fragilisation des efforts de reconstruction dans les périodes postconflit. Les armes légères et de petit calibre sont, elles, devenues l’instrument principal des conflits dont elles augmentent l’impact et prolongent la durée, a en outre souligné le représentant.
Le délégué a, par ailleurs, fait état des implications potentielles des changements climatiques dans la stabilité et la sécurité internationales, en termes économiques, sociaux et environnementaux, ainsi que dans les mouvements des refugiés et des personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières des États. En consacrant plusieurs réunions à l’examen de ces questions diverses, le Conseil de sécurité reconnaît désormais l’interdépendance de ces phénomènes et la nécessité d’une action holistique, coordonnée et intégrée en vue d’y faire face. De ce fait, le Gabon soutient la création d’un groupe de travail ad hoc dont la mission serait d’examiner cette interdépendance et de faire des recommandations spécifiques allant dans le sens d’une meilleure orientation de l’action du Conseil dans ce domaine, a conclu le représentant gabonais.
M. GÉRARD ARAUD (France) a souligné que, depuis le débat de février 2010 sur les menaces transversales que la France avait proposé, des avancées ont été réalisées dans le traitement de ces questions par le Conseil. « Il est en effet de notre responsabilité d’anticiper les conséquences de ces nouvelles menaces sur la paix et la sécurité internationales », a-t-il déclaré. Il a ensuite rappelé qu’en minant les capacités de gouvernance et de développement économique des États, les trafics illicites et la criminalité transnationale organisée affaiblissaient les structures étatiques et déstabilisaient des régions entières. « Le Conseil a pu le constater lui-même en ce qui concerne Haïti, l’Afghanistan et la Guinée-Bissau », a-t-il dit. Le représentant de la France a souhaité qu’une attention particulière soit désormais portée au Sahel, compte tenu de l’aggravation de la situation en matière de sécurité dans la région, contaminée par des trafics multiples. Les programmes régionaux de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) contribuent avec efficacité à l’approche globale, concertée et intégrée que le Conseil appelle de ses vœux pour prévenir les conflits, s’est-il félicité. La France est engagée dans la promotion de cette stratégie, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à l’universalisation de la Convention de Palerme et de ses trois Protocoles, de la Convention contre la corruption et des instruments de lutte contre les stupéfiants et les substances psychotropes.
La lutte contre les risques, naturels et accidentels, et contre les menaces appellent des actions communes pour renforcer, à tous les stades, les systèmes de surveillance, d’alerte, de préparation à la réponse et de gestion des crises sanitaires, a souligné le représentant. Au cours de la dernière décennie, des progrès notables ont été enregistrés et ont permis aux États d’être mieux préparés et de prévenir les risques pandémiques, s’est-il félicité.
Convaincu que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la sécurité sanitaire dans les situations de crises doit jouer un rôle de chef de file, notamment en période de conflit ou après un conflit, M. Araud a souhaité que l’OMS poursuive son action de surveillance des risques épidémiques et pandémiques, en s’appuyant sur le réseau des points de contact qu’elle a mis en place. L’Organisation doit veiller au respect du Règlement sanitaire international révisé, instrument juridiquement contraignant pour l’ensemble des États Membres depuis son entrée en vigueur en 2007, a-t-il ajouté. Avant de conclure, le représentant de la France a estimé que le déplacement des populations, qui répond à des causes complexes, devrait davantage retenir l’attention du Conseil. Les changements climatiques, qui sont un facteur parmi d’autres de la décision de migrer, doivent être mieux pris en compte dans la prévention des conflits, a-t-il déclaré. Rappelant que la menace climatique concerne la communauté internationale en son entier, M. Araud a espéré que la Conférence de Durban, qui se tiendra le mois prochain, permette de donner un contenu opérationnel aux accords négociés à Cancun, afin que la communauté internationale prouve sa capacité à agir contre les menaces lorsqu’il en est encore temps. La France, a-t-il dit en conclusion, est favorable à ce que le Conseil débatte de ces questions de manière plus régulière et systématique.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que le Conseil de sécurité avait mis l’accent, lors d’un précédent débat, sur la prévention des conflits. Les nouveaux défis à la sécurité sont, a-t-il dit, des facteurs clefs de l’instabilité. La situation dramatique qui prévaut en Somalie en est une illustration, a-t-il fait remarquer. Il est maintenant plus clair de comprendre le lien qui existe entre sécurité, inégalités et développement, a-t-il noté. Si le nombre des conflits entre États a diminué, certains facteurs clefs contribuent à exacerber les conflits, a-t-il fait remarquer. « Cela ne veut pas dire que le Conseil doit s’engager dans une série de mesures qui risqueraient de compromettre l’équilibre entre les organes des Nations Unies », a-t-il déclaré, avant de rappeler la distinction entre les Chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies. Il a ensuite estimé que le terme de « menace » pour désigner les nouveaux défis dont il est débattu aujourd’hui n’était pas le plus approprié. Si le « printemps arabe » n’était pas entièrement prévisible, les rapports du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient cependant identifié certaines de ses causes profondes, a rappelé le représentant. Le Conseil de sécurité aurait pu jouer un autre rôle s’il avait porté une plus grande attention aux causes du « printemps arabe », a-t-il estimé.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) est revenu sur différentes formes de dangers pesant sur la paix et la sécurité internationales, notamment le changement climatique et ses possibles impacts sur le maintien de la paix et de la sécurité, ou encore les pandémies mondiales. Pour l’Inde, ces problèmes exigent des approches coopératives, et non des actions punitives ou visant à pointer du doigt certains États. Le représentant de l’Inde a ensuite affirmé que le Conseil de sécurité devait rester ferme dans sa lutte contre le terrorisme, évoquant notamment le risque de voir les armes de destruction massive tomber entre les mains des terroristes.
Revenant sur les tentatives concertées qui visent à élargir le champ d’action et la responsabilité du Conseil de Sécurité, le représentant a indiqué que son pays ne soutenait pas cette évolution. Après avoir fait savoir qu’aux yeux de l’Inde, les questions économiques et sociales d’importance devaient rester de la compétence de l’Assemblée générale, le représentant a affirmé que toute déviation des règles inscrites dans la Charte des Nations Unies était susceptible de créer des dysfonctionnements. Concernant les questions relatives à l’Afrique, qui dominent trois quarts de l’agenda du Conseil de sécurité, le représentant a souligné l’importance d’une collaboration réelle avec l’Union africaine et les organisations régionales qui se traduise par le dialogue et l’assistance dans la résolution des conflits. Enfin, le représentant a noté que le Conseil de sécurité n’était plus le reflet de la réalité contemporaine, pointant les limites de sa composition actuelle. Il a par ailleurs souhaité une rupture avec les méthodes de coercition pour aller vers de nouvelles approches de collaboration.
M. LI BAODONG (Chine) a déclaré que les institutions, fonds et programmes des Nations Unies et le Conseil de sécurité devaient se répartir les tâches et jouer les rôles qui leur reviennent en vertu de la Charte des Nations Unies. Ces dernières années, le Conseil de sécurité s’est emparé de questions émergentes et a organisé des débats thématiques sur la criminalité transnationale organisée, le VIH/sida, les changements climatiques, a-t-il rappelé. Il a reconnu qu’un certain consensus s’était dégagé au sein de ce Conseil sur les liens entretenus par exemple entre la criminalité transnationale organisée et les conflits.
Évoquant ensuite l’impact des changements climatiques, le représentant chinois a espéré que la Conférence de Durban, qui débutera à la fin du mois, permettrait de parvenir à des résultats probants sous l’égide de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. M. Baodong a saisi l’occasion de rappeler l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée. En effet, les pays en développement, a-t-il souligné, sont limités par leur niveau de développement et ont par conséquent des difficultés à relever le défi des changements climatiques et d’autres menaces de grande ampleur. Aussi, la communauté internationale doit continuer de leur prêter assistance, a-t-il ajouté en conclusion.
M. PAULO PORTAS, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a estimé que l’examen des nouveaux défis à la paix et à la sécurité –qu’il s’agisse de l’impact des changements climatiques, de la pandémie de VIH/sida ou de la criminalité transnationale organisée–, constituait un excellent moyen de renforcer l’interaction entre le Conseil de sécurité et le reste du système des Nations Unies, ainsi que la capacité du Conseil à prévenir des conflits. Il a rappelé que la criminalité transnationale organisée était devenue l’une des principales sources de financement des groupes terroristes et qu’elle alimentait le pillage des ressources naturelles, pour devenir un facteur de conflit dans différentes régions du monde. La criminalité organisée, dans la mesure où elle viole les embargos sur les armes imposés par le Conseil, complique aussi la capacité de celui-ci à répondre efficacement aux menaces qui se posent à la paix et la sécurité internationales, a fait observer M. Portas. Selon lui, dans les pays vulnérables ou en situation postconflit, « la violence criminelle se substitue souvent à la violence politique » et constitue tout autant une entrave à la consolidation de la paix.
Évoquant ensuite la question des changements climatiques, le Ministre des affaires étrangères du Portugal a reconnu que ce n’était pas la prérogative du Conseil de sécurité de réfléchir à des stratégies d’atténuation ou d’adaptation. Toutefois, a-t-il ajouté, il convient d’envisager les aspects spécifiques de ce phénomène dans la mesure où il peut avoir un impact sur le rôle du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Comme l’a expliqué le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, les facteurs liés aux changements climatiques peuvent provoquer des déplacements massifs de nature à générer eux-mêmes de l’instabilité ou à prolonger des conflits.
Le Ministre portugais a également évoqué l’impact dévastateur de la transmission du VIH/sida dans les situations de conflit et postconflit. Ainsi, la violence et l’instabilité aggravent la pandémie de VIH/sida, notamment par le recours aux violences sexuelles comme arme de guerre. M. Portas a noté que certaines des régions les plus touchées par la pandémie étaient précisément des pays en situation de conflit ou postconflit. Afin de lutter contre ce phénomène, le Conseil pourrait par exemple envisager d’intégrer la lutte contre le VIH/sida dans les stratégies de consolidation de la paix, en consultation avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En effet, a expliqué le Ministre, aucun de ces défis ne peut être relevé par le Conseil de sécurité seul. Celui-ci devrait dès lors envisager une approche de plus en plus systématique et globale des nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales. « Pour l’heure, il lui manque une stratégie claire sur les moyens de garantir une évaluation régulière de ces questions émergentes et d’identifier les éléments qu’ils ont en commun », a-t-il jugé. Un cadre de travail serait donc nécessaire, a souligné M. Portas, suggérant qu’il canalise les informations pertinentes en provenance du Secrétariat et des agences spécialisées de l’ONU et dont le Conseil a besoin pour prendre les mesures appropriées à l’avenir.
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