En cours au Siège de l'ONU

CS/10450

« La stabilité du Soudan du Sud dépend de ses bonnes relations avec le Soudan », rappelle la Chef de la MINUSS devant le Conseil de sécurité

15/11/2011
Conseil de sécuritéCS/10450
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6660e séance – après-midi


« LA STABILITÉ DU SOUDAN DU SUD DÉPEND DE SES BONNES RELATIONS AVEC LE SOUDAN »,

RAPPELLE LA CHEF DE LA MINUSS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix

s’inquiète de la nouvelle alliance militaire entre rebelles du Darfour et MPLS-Nord


Les relations bilatérales entre le Soudan du Sud et le Soudan ont été au cœur de la séance du Conseil de sécurité consacrée à l’examen du premier rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), créée le 9 juillet 2011, date de l’indépendance du Soudan du Sud.


La Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la MINUSS, Mme Hilde Johnson, qui présentait le rapport en vidéoconférence depuis Djouba, a ainsi rappelé que le mandat de la Mission ne couvrait pas la surveillance des frontières entre les deux pays ainsi que les relations bilatérales qu’ils entretiennent.


Elle s’est dite très préoccupée par la rhétorique employée des deux côtés qui, a-t-elle prévenu, risque de conduire à une escalade des tensions.  Le 14 novembre, a-t-elle rappelé, elle avait rencontré le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir, afin de lui faire part de la nécessité de tenir des propos plus mesurés.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a également déploré la montée de la rhétorique entre les deux Gouvernements, en particulier en ce qui concerne le soutien qu’ils apportent de part et d’autre de la frontière à des groupes rebelles, et des incursions qui s’ensuivent en territoire souverain.


« Je suis également très préoccupé devant les informations faisant état d’une nouvelle alliance militaire entre les mouvements rebelles du Darfour et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, et qui appellent à un renversement du Gouvernement du Soudan », a-t-il affirmé.


Pour sa part, le Représentant permanent du Soudan du Sud, M. David Buom Choat, a assuré que les accusations du Soudan selon lesquelles son gouvernement aurait tenu deux réunions visant à unir des factions rebelles avec pour objectif le renversement du Gouvernement du Soudan étaient sans fondement: « Mon gouvernement ne soutient aucune activité hostile à Khartoum », a-t-il assuré.


Son homologue du Soudan, M. Daffa-Alla Elhag Ali Osman, a soutenu, quant à lui, que toute allégation selon laquelle le Soudan lançait des opérations militaires contre le Soudan du Sud était infondée.


« Le Soudan du Sud finance des groupes rebelles dont l’objectif est de renverser le Gouvernement du Nord par une action militaire », a-t-il dénoncé, en s’appuyant sur les confessions d’un officier repenti du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan.


Revenant sur les bombardements qui ont eu lieu, le 10 novembre, le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, M. Ladsous a rappelé que la MINUSS avait dépêché une mission de vérification à Yida, le 13 novembre.  Elle a ainsi constaté que quatre bombes, dont trois avaient explosé, avaient été larguées, a-t-il indiqué, avant de préciser, que selon des témoins oculaires, « un appareil en provenance du Soudan aurait effectué l’opération ».


Le camp Yida se trouve au bord du lac Ibiad, dont une partie appartient au Soudan du Sud, et l’autre au Soudan, a fait remarquer le représentant du Soudan.  « Or, le camp qui se trouve au bord de la rive soudanaise du lac n’est pas un camp de refugiés, mais un campement de la neuvième brigade des ALPS », a-t-il affirmé en s’adressant à M. Ladsous.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a exhorté le Gouvernement du Soudan et le Gouvernement du Soudan du Sud à saisir l’occasion qui s’offre à eux aujourd’hui de réduire les tensions et d’établir, dans les meilleurs délais, le mécanisme conjoint de surveillance de la frontière auquel ils ont souscrit, le 30 juillet dernier, et à faire preuve de souplesse au cours des prochaines négociations sur la mise en œuvre de l’Accord de paix global, qui se tiendront à Addis-Abeba.


Pour sa part, le représentant du Soudan du Sud a exhorté le Soudan et les forces d’opposition à s’engager dans la voie du dialogue pour une cessation des hostilités et une amélioration de la crise humanitaire dans les États du Kordofan du Sud et de Nil bleu.


Le représentant du Soudan a réaffirmé, quant à lui, l’attachement de son pays à un règlement pacifique de toutes les questions en suspens « entre nous et nos frères du Soudan du Sud ».


La Chef de la MINUSS a également souligné les progrès enregistrés depuis le déploiement de la Mission, notamment la réponse rapide apportée à la crise dans l’État de Jonglei, qui a permis une diminution de la violence.  Se félicitant des premières mesures adoptées par le Gouvernement du Soudan du Sud vers la mise en place d’institutions plus représentatives, Mme Johnson a ensuite assuré qu’elle travaillait étroitement avec les autorités du Soudan du Sud pour la pleine mise en œuvre de la résolution 1996 du Conseil.


« Un groupe conjoint, composé de membres de la MINUSS et de ministres du Soudan du Sud, a été constitué pour explorer les moyens de renforcer la coopération pour permettre à la Mission de s’acquitter efficacement de son mandat », a-t-elle expliqué, en se félicitant de « ce pas important ».


Rappelant l’engagement du Président Kiir en faveur de l’adoption d’une législation sur la transparence et la reddition des comptes, le représentant du Soudan du Sud a souligné les efforts déployés par son gouvernement pour établir une Commission nationale de révision constitutionnelle d’ici au mois de janvier 2012.


RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (S/2011/678)


Soumis en application du paragraphe 19 de la résolution 1996 (2011) du Conseil de sécurité, ce rapport rend compte de la situation générale dans ce pays et y présente également un bilan des activités menées par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).


Bien qu’elle bénéficie des ressources humaines et matérielles de l’ancienne Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), la MINUSS, créée le 9 juillet 2001, date de l’indépendance de la République du Soudan du Sud, a dû s’atteler à la tâche difficile de mettre en route une opération nouvelle avec de nouveaux dirigeants et de répondre aux besoins immédiats pour faire avancer la planification stratégique et opérationnelle, rappelle M. Ban en préambule de son rapport.


Commentant les relations bilatérales entre le Soudan du Sud et le Soudan, le Secrétaire général note que l’absence persistante de progrès sur les questions en suspens relatives à l’Accord de paix global et dans les négociations depuis la proclamation de l’indépendance, en ce qui concerne notamment les arrangements financiers, Abyei et la démarcation de la frontière, a contribué à l’absence de progrès dans les relations Nord-Sud et au climat de grande incertitude qui règne au Soudan du Sud depuis le 9 juillet.


Les tensions entre le Nord et le Sud ont été exacerbées par l’intensification du conflit dans les États du Kordofan méridional et du Nil bleu, le Gouvernement soudanais affirmant que le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS)/l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS-Nord) recevait un appui du Soudan du Sud, affirme M. Ban, en ajoutant que le Gouvernement du Soudan du Sud a rejeté ces allégations.


« Les retards dans la mise en œuvre de l’Accord sur Abyei conclu le 20 juin ont également exacerbé les tensions entre les deux pays », note le Secrétaire général dans son rapport, en rappelant qu’à l’issue d’une réunion qu’ils ont tenue le 8 octobre à Khartoum, les Présidents Al-Bashir et Kiir ont fait des déclarations publiques positives et réaffirmé leur volonté de s’employer ensemble à régler ces questions.


Concernant la menace que pose l’Armée de résistance du Seigneur, M. Ban indique que le plan d’opérations militaires de la MINUSS prévoit de doubler les effectifs qui doivent être déployés dans les zones touchées par la LRA par rapport à ceux précédemment déployés par la MINUS.


« Au 22 septembre 2011, la composante militaire de la MINUSS a déployé 5 329 membres de son personnel sur les 7 000 autorisés », note également M. Ban dans son rapport.  Compte tenu des problèmes de sécurité qui ont eu lieu depuis la création de la MINUSS, il a fallu établir et maintenir pendant une période prolongée une cadence des opérations militaires beaucoup plus élevée que celle prévue pour la MINUS, ce qui a mis à rude épreuve les capacités de la force, a-t-il ajouté.  Il s’est dit également préoccupé par l’arrivée de la saison sèche et le début de la transhumance qui vont encore accroître les besoins opérationnels, la sécheresse favorisant la mobilité des groupes de milices, des pilleurs de bétail et autres facteurs d’insécurité.


M. Ban rappelle aussi dans son rapport que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration est un volet essentiel du mandat de la MINUSS, compte tenu en particulier de la transformation de l’APLS, de la police et des institutions de sécurité et de la nécessité connexe de faire des progrès dans les domaines de la paix, de la sécurité et des droits de l’homme.  La Mission a pris d’importantes mesures pour incorporer la protection des civils dans ses activités stratégiques et opérationnelles », poursuit M. Ban.


Dans ses observations, le Secrétaire général note qu’il importe au plus haut point que le Gouvernement établisse des plans en vue de rétablir la stabilité dans ces régions à plus long terme, qu’il prenne des mesures pour lutter contre les causes profondes des conflits, qu’il favorise une répartition équitable des ressources et qu’il affecte suffisamment de personnel et de ressources aux régions isolées et gravement touchées par le conflit afin d’y étendre son autorité.  Il rappelle aussi les recommandations formulées dans son rapport en date du 17 mai 2011 sur le Soudan (S/2011/314) pour que l’effectif de la Mission soit maintenu à 7 000 hommes pour le moment.  « Les graves violations des droits de l’homme commises par la police sud-soudanaise et l’APLS durant la période considérée témoignent de la nécessité urgente de réformer et de professionnaliser les institutions responsables de la sécurité et de l’état de droit, y compris d’améliorer les structures de commandement et de contrôle », écrit également M. Ban. 


En conclusion, le Secrétaire général écrit que les relations instables avec le Soudan sont un lourd handicap pour le nouveau Gouvernement, en particulier compte tenu de l’intensification du conflit dans les régions frontalières.  La menace provenant du Soudan, qu’elle soit imaginaire ou réelle, influera sur l’établissement des priorités, les dépenses et la prise de décisions par le nouveau Gouvernement du Soudan du Sud, poursuit-il.  C’est pourquoi, le Secrétaire général invite les deux Gouvernements à faire preuve de la détermination et de la souplesse nécessaires pour qu’ils parviennent à s’entendre sur les principales questions à régler au lendemain de l’indépendance et qu’ils progressent vers l’établissement d’un partenariat fort et mutuellement bénéfique à l’avenir.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.