Une stratégie intégrant les dimensions sécuritaire, politique, économique et sociale est nécessaire pour assurer une consolidation de la paix durable, déclarent les membres du Conseil
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6643e séance – matin
UNE STRATÉGIE INTÉGRANT LES DIMENSIONS SÉCURITAIRE, POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIALE EST NÉCESSAIRE
POUR ASSURER UNE CONSOLIDATION DE LA PAIX DURABLE, DÉCLARENT LES MEMBRES DU CONSEIL
En débattant de la consolidation de la paix après les conflits, le Conseil de sécurité a, ce matin, fait le point sur les efforts déployés par les Nations Unies pour donner à cette phase déterminante du maintien de la paix toute la place qu’elle mérite dans le cadre d’une stratégie intégrée.
Comme l’a rappelé la Sous-Secrétaire générale à l’appui à la consolidation de la paix, le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix ont pris l’habitude de déployer systématiquement sur le terrain de hauts fonctionnaires, pas moins de 20 depuis 2009, immédiatement après la fin d’un conflit afin d’évaluer les mesures à prendre pour consolider la paix et assurer l’expertise civile nécessaire à la reconstruction.
Rappelant ensuite que la convoitise des ressources naturelles était un facteur clef de la rechute des États fragiles dans les situations de conflit armé, Mme Judy Cheng-Hopkins a indiqué que le Secrétaire général avait mis en place une Équipe sur la criminalité transnationale organisée afin de renforcer les capacités des Nations Unies dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
De telles initiatives viennent à l’appui de celles qui sont lancées aux niveaux régional ou bilatéral par des États Membres concernés, à l’instar de la Guinée et du Nigéria qui coopèrent dans le cadre d’une opération visant à sécuriser les eaux du golfe de Guinée, riche en pétrole et en minéraux.
À la suite du débat qui s’est tenu vendredi dernier sur les femmes, la paix et la sécurité, la séance d’aujourd’hui a été l’occasion de réaffirmer le rôle déterminant que peuvent jouer les femmes dans la consolidation de la paix, notamment dans le cadre des efforts de médiation et de réconciliation nationale.
Les femmes sont encore trop peu nombreuses, a fait observer Mme Cheng-Hopkins, qui a déploré qu’aucune femme n’ait été nommée, l’année dernière, envoyée spéciale ou médiatrice en chef par les Nations Unies. Pour financer les projets destinés à renforcer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes dans les sociétés postconflit, a rappelé la Sous-Secrétaire générale, les États Membres se sont engagés à leur consacrer 15% du budget des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, le Fonds pour la consolidation de la paix a récemment lancé une initiative de promotion de la parité, dotée d’un budget de 5 millions de dollars.
La Présidente de la formation Guinée de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), Mme Sylvie Lucas, a de son côté indiqué que la CCP pouvait contribuer à définir une « approche holistique et intégrée » tenant compte de l’interdépendance entre sécurité et développement, ainsi que de la situation économique et sociale sur le terrain dans les pays dont la situation est inscrite à son ordre du jour.
« Une telle approche s’appuie sur la conviction que maintien et consolidation de la paix ne sont pas des activités séquentielles, mais sont étroitement liées l’une à l’autre », a précisé Mme Lucas. En faisant la jonction entre les différents points de la « continuité formée par le conflit, le relèvement rapide, la transition et le développement », la CCP, a poursuivi la Présidente, peut jouer un rôle essentiel dans la coordination stratégique des différents acteurs du système des Nations Unies et des partenaires bilatéraux, comme cela est actuellement le cas par exemple en Guinée-Bissau ou en République centrafricaine.
Outre la plus grande cohérence et l’harmonisation qu’elles assurent, les formations spécifiques de la Commission jouent également un rôle important pour mobiliser les ressources, a indiqué Mme Lucas. En sa qualité de Présidente de la formation Guinée, elle travaille actuellement avec ses partenaires à la recherche de solutions visant à couvrir les retraites de 4 000 militaires de l’armée guinéenne, afin de donner le coup d’envoi à la réforme du secteur de la sécurité dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, a-t-elle ajouté.
Les membres du Conseil ont dans l’ensemble abondé dans le sens de ces observations. Tout en se félicitant de l’inclusion récente, dans les mandats de deux opérations de maintien de la paix, de dispositions prévoyant des activités préliminaires de consolidation de la paix, le représentant de l’Afrique du Sud a souhaité qu’il en soit de même, au moment du renouvellement des mandats de toutes les autres opérations.
Le représentant de la France a, lui aussi, mis l’accent sur la qualité des mandats, « qui doivent permettre de poser des jalons pour la phase de consolidation de la paix ». C’est ce que le Conseil a fait en Côte d’Ivoire avec la résolution 2000 (2011), qui donne un mandat clair à l’ONUCI pour appuyer les autorités dans le redressement du secteur de la sécurité, puis avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), avec la résolution 1996 (2011), qui prévoit notamment un appui aux autorités sud-soudanaises pour la réforme des secteurs de sécurité et de justice et le renforcement de l’état de droit, a-t-il précisé.
Plaidant pour que les stratégies de consolidation de la paix bénéficient d’un leadership efficace, le délégué du Royaume-Uni a souligné qu’il était extrêmement important que soient nommées aux postes de direction des personnes reconnues pour leurs compétences, comme cela est actuellement le cas en Libye avec le Représentant spécial, M. Ian Martin.
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Déclarations
Mme JUDY CHENG-HOPKINS, Sous-Secrétaire générale à l’appui à la consolidation de la paix, a détaillé les progrès enregistrés dans l’appui à la consolidation de la paix depuis la publication du Secrétaire général sur ce thème, notamment la mise en place d’une approche coopérative en appui du choix des équipes complémentaires de hauts responsables et l’envoi depuis 2009 de 20 hauts responsables des Nations Unies sur le terrain immédiatement après la fin des conflits. C’est une pratique commune entre le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix qui permet de sauvegarder au mieux la dynamique des efforts entrepris, a-t-elle précisé. L’identification par les États Membres et les Nations Unies de l’objectif commun d’une amélioration de l’expertise civile au sein des opérations de consolidation de la paix est une avancée dans ce domaine, a-t-elle déclaré. Mme Cheng-Hopkins a souligné que l’une des priorités les plus urgentes est d’explorer les modalités d’un élargissement du champ de déploiement du personnel mis à disposition par les gouvernements. L’examen des tâches accomplies par l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix mené par le Comité politique du Secrétaire général a rappelé, a-t-elle dit, la nécessité d’un engagement tangible et pérenne des États Membres.
Mme Cheng-Hopkins a ensuite indiqué que les ressources naturelles dans les États fragiles étaient un facteur clef dans l’éclatement des conflits, avant de souligner que le trafic de stupéfiants était l’autre thématique essentielle dans la consolidation de la paix, tant il représente une menace pour la paix. Elle a ajouté que le Secrétaire général avait établi une Équipe sur la criminalité transnationale organisée afin de renforcer les capacités des Nations Unies dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
L’une des priorités de l’agenda du Secrétaire général était de renforcer le rôle des femmes dans la consolidation de la paix, avant de détailler les progrès enregistrés dans ce domaine, a rappelé Mme Cheng-Hopkins, qui a fait observer que l’intégration de la dimension sexospécifique s’est accrue dans les processus de règlement des conflits, de même que la participation de femmes dans les viviers de médiateurs. Elle s’est ensuite félicitée des progrès en matière d’état de droit, en précisant qu’un meilleur appui juridique avait été fourni aux femmes, notamment au Burundi et en Somalie. Des tribunaux spéciaux ont en outre été mis en place au Libéria. Mme Cheng-Hopkins a attiré l’attention sur les domaines dans lesquels les efforts devraient être accrus, en particulier pour faire participer plus activement les femmes dans les processus de reconstruction économique et la nomination de davantage de médiatrices dans les processus de paix. Aucune femme n’a été nommée envoyée spéciale ou médiatrice en chef par les Nations Unies l’année dernière, a-t-elle déploré. Elle a ensuite rappelé l’objectif d’allouer 15% du budget de maintien de la paix à des projets promouvant l’égalité des sexes. En conclusion, elle a souligné que l’agenda des Nations Unies pour la consolidation de la paix avait permis des avancées concrètes sur le terrain, en se félicitant qu’une approche davantage similaire à celle du secteur privé avait été mise en place.
S’exprimant en sa qualité de Présidente de la formation Guinée de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a expliqué dans quelle mesure les activités de la CCP étaient complémentaires des travaux du Conseil de sécurité et comment celui-ci peut bénéficier de l’expérience et de l’avis de la Commission en ce qui concerne les situations de pays dont il est saisi. Tout d’abord, en tant qu’organe subsidiaire du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, et avec certains de ses membres désignés par le Conseil économique et social, la Commission de consolidation de la paix a la capacité de rassembler des acteurs pertinents issus du système des Nations Unies et au-delà, a-t-elle déclaré. La CCP, en particulier par le biais de ses formations spécifiques –Guinée, Guinée-Bissau, Libéria et Sierra Leone– et en étroite coopération avec son Groupe de travail sur les enseignements de l’expérience, est prête à présenter au Conseil de sécurité des rapports documentés qui lui permettront d’élaborer des résolutions d’autant plus pertinentes en ce qui concerne les pays dont la situation figure à son ordre du jour, a souligné la Présidente.
D’autre part, la CCP peut aider à définir une approche holistique et intégrée tenant compte de l’interdépendance entre sécurité et développement, ainsi que de la situation économique et sociale sur le terrain dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission. Son mandat lui donne la possibilité et les moyens de répondre aux défis de développement dans un pays en transition, notamment au lendemain du retrait d’une opération de maintien de la paix. Cette approche holistique repose sur la conviction que le maintien et la consolidation de la paix ne sont pas des activités séquentielles, mais sont étroitement liées l’une à l’autre, a précisé Mme Lucas. En faisant la jonction entre les différents points de la « continuité formée par le conflit, le relèvement rapide, la transition et le développement », la CCP, a-t-elle poursuivi, peut jouer un rôle essentiel dans la coordination stratégique des différents acteurs du système des Nations Unies et des partenaires bilatéraux, comme cela est actuellement le cas par exemple en Guinée-Bissau ou en République centrafricaine.
Outre la plus grande cohérence et harmonisation qu’elles apportent, les formations spécifiques de la Commission de consolidation de la paix jouent également un rôle en termes de mobilisation des ressources, a assuré Mme Lucas. C’est ainsi que la formation République centrafricaine, a précisé la Présidente de la CCP, a réussi à mobiliser des ressources importantes pour les activités de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), à l’issue d’un table ronde organisée en marge du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de 2010 et à laquelle ont pris part la Banque mondiale, le PNUD et la Banque africaine de développement. Mme Lucas a assuré qu’elle-même, en tant que Présidente, œuvrait, avec les partenaires de la formation Guinée, à la recherche de solutions destinées à financer les retraites de 4 000 militaires de l’armée guinéenne, afin de donner le coup d’envoi à la réforme du secteur de la sécurité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Après avoir évoqué la mise en place de partenariats entre la CCP et les organisations régionales et sous-régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Mme Lucas a conclu en rappelant que la Commission jouait un rôle déterminant dans l’identification des conditions sine qua non du retrait d’une opération de maintien de la paix, mais aussi en ce qui concerne le retrait des pays de son ordre du jour.
M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a rappelé que des mandats clairs ainsi qu’un financement pérenne étaient des éléments clefs pour la consolidation de la paix. Soulignant la contribution essentielle des Nations Unies, il a plaidé pour une identification précoce des activités de consolidation de la paix menées par les Nations Unies, et leur ventilation en fonction de priorités à court ou long termes. Le processus de planification intégrée des missions doit être amélioré afin d’appuyer au mieux les équipes de terrain des Nations Unies, a-t-il poursuivi, avant d’inviter l’ONU à perfectionner son expertise civile pour la consolidation de la paix. Un dialogue politique accru avec les donateurs sur des approches innovantes concernant la programmation et le financement des activités de consolidation de la paix est crucial, a ajouté M. Barbalić. Il a ensuite souligné le rôle que joue la Commission de la consolidation de la paix dans la réponse à apporter aux besoins immédiats qui se font jour dans les situations postconflit. Il a rappelé qu’un financement pérenne et prévisible était un élément clef de la consolidation de la paix, avant d’inviter à faire davantage fond sur les approches innovantes de financement. Il faut renforcer la coopération entre les donateurs et les États touchés par un conflit pour la reconstruction, a-t-il souligné, en préconisant d’adopter des approches différenciées en fonction des particularités de ces pays. Avant de conclure, M. Barbalić a rappelé que la pleine participation des femmes à la consolidation de la paix devrait être une priorité et a souhaité qu’une partie des ressources consacrées pour la consolidation de la paix soit allouée à l’autonomisation des femmes.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a rappelé l’importance de renforcer la coordination entre acteurs de la consolidation de la paix après les conflits, en tenant compte des circonstances spécifiques à chaque pays. Il a jugé nécessaire d’en faire davantage pour accroître la redevabilité au niveau national. Le rapport 2011 de la Banque mondiale, a en suite indiqué le représentant, a montré qu’il était nécessaire d’élargir l’éventail de partenaires et donateurs pour financer les activités des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix. On ne saurait trop souligner à cet égard l’importance des efforts déployés aux niveaux régional et sous-régional, a-t-il dit. Le maintien et la consolidation de la paix doivent se renforcer mutuellement, a déclaré le représentant, avant de se féliciter de l’inclusion récente, dans les mandats de deux opérations de maintien de la paix, d’activités de consolidation. L’Afrique du Sud a toutefois estimé que de ces activités devraient être intégrées dans les mandats de toutes les opérations, compte tenu de leur succès au niveau communautaire et parmi les femmes.
M. NELSON MESSONE (Gabon) a plaidé pour un renforcement du rôle d’appui du Bureau de consolidation de la paix et une meilleure coordination entre le Bureau et la Commission de consolidation de la paix. Il est essentiel, a-t-il dit, que les stratégies de consolidation de la paix mettent de plus en plus l’accent sur les politiques économiques et sociales visant à améliorer le niveau de vie des populations les plus vulnérables et les ex-combattants dans le cadre de programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). « Le Conseil de sécurité ne saurait se dérober à cette autre responsabilité qui consiste à aider les gouvernements à rétablir leurs capacités de lutte contre la pauvreté », a-t-il poursuivi. Saluant les démarches entreprises par la Commission auprès des bailleurs de fonds, il a invité à accroître les ressources du Fonds pour la consolidation de la paix, avant de souligner l’importance des partenariats. Des échanges et consultations avec les institutions financières internationales, les organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) seraient très utiles en soutien au Bureau et à la Commission de consolidation de la paix, a-t-il relevé. En conclusion, il a noté que les succès enregistrés dans le cadre du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration en République centrafricaine avaient pu voir le jour grâce aux fonds de la CEMAC octroyés dans le cadre du soutien au processus électoral.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a insisté sur la nécessité de respecter le principe d’appropriation nationale, qu’il a identifié comme la condition sine qua non du renforcement des capacités civiles. Un des autres axes prioritaires de la consolidation de la paix, a-t-il estimé, c’est la création de partenariats sur le terrain, entre acteurs pertinents du système des Nations Unies, partenaires bilatéraux et entités régionales et sous-régionales. Le représentant a également souligné qu’il était nécessaire de veiller à ce que les acteurs de ce processus soient informés en temps réel des progrès réalisés sur le terrain dans le cadre d’une telle coopération. Les efforts déployés par le Secrétaire général visant à améliorer les méthodes d’évaluation et à renforcer la formation du personnel sont particulièrement bienvenus, a déclaré le représentant de la Colombie. Il est important que les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP déploient des efforts très tôt pour éviter de dépendre pleinement et pendant trop longtemps de l’aide internationale.
M. JOÃO MARIA CABRAL(Portugal) a estimé que les activités de consolidation devraient commencer dès que la situation sur le terrain le permet. Il s’est ensuite réjoui des progrès enregistrés pour identifier les lacunes dans l’appui fourni aux pays pour le renforcement de leurs capacités civiles. La Commission de consolidation de la paix a considérablement amélioré la cohérence des efforts des Nations Unies dans le domaine de la consolidation de la paix, s’est-il félicité. Il a ensuite invité le Conseil de sécurité à faire davantage fond sur l’expérience de la Commission lorsqu’il délivre ses mandats.
Le représentant a ensuite défendu l’appropriation nationale des efforts de reconstruction, en rappelant que la communauté internationale ne jouait qu’un rôle d’appui dans le renforcement des capacités nationales. Les priorités doivent être définies au niveau national, a-t-il souligné. Il a ensuite plaidé pour que les stratégies de consolidation de la paix mettent davantage l’accent sur des politiques de développement économique et social, avant de mettre l’accent sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de définir clairement les mandats des missions de consolidation de la paix. Insistant sur une meilleure définition du lien entre les tâches civiles et les tâches politiques accomplies par l’ONU, il a rappelé que la consolidation de la paix avait été une grande réussite au Timor-Leste, certes grâce à son peuple, mais aussi grâce aux efforts inlassables et coordonnés des Nations Unies.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité de l’accent mis par le Secrétaire général sur le leadership des opérations de maintien de la paix et des missions politiques sur le terrain, qui est essentiel pour obtenir des résultats concrets sur le terrain. Il a également salué les efforts visant à déployer sur le terrain des experts civils, tout en affirmant qu’il était indispensable de continuer à sélectionner parmi les membres les plus qualifiés du personnel du système des Nations Unies, mais aussi au sein des institutions financières internationales de Bretton Woods. Le représentant a ensuite souligné l’importance de faire participer pleinement les femmes au processus de consolidation de la paix. Les femmes sont, a-t-il dit, les partenaires clefs des trois piliers du développement durable. Elles doivent participer plus activement à tous les secteurs d’activité du pays et contribuer, ainsi, au renforcement des capacités nationales, a souligné M. DeLaurentis.
M. WANG MIN (Chine) a estimé que les Nations Unies avaient accompli des progrès remarquables dans ses tâches de consolidation de la paix, en rappelant qu’elles devraient être conduites dans le respect de la souveraineté nationale. Les stratégies de consolidation de la paix doivent être adaptées aux spécificités des pays, tout en laissant le soin aux pays sortant d’un conflit de déterminer les priorités. Les différentes entités intervenant dans le champ de la consolidation de la paix doivent respecter ces priorités, a-t-il poursuivi. La communauté internationale, a souhaité le représentant, doit se concentrer davantage sur les causes profondes des conflits. Il est nécessaire, a-t-il ajouté, qu’une stratégie de sortie des Nations Unies soit pensée en amont des initiatives de consolidation de la paix. Soulignant la nécessité d’un financement pérenne, il a exhorté la communauté internationale à allouer des ressources stables, en élargissant les systèmes de collecte des fonds. En conclusion, il a plaidé pour une meilleure synergie entre les entités des Nations Unies concourant à la consolidation de la paix et les organisations régionales et sous-régionales.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a souligné la nécessité d’adopter une approche globale et intégrée du maintien de la paix qui prenne en compte tous les aspects pertinents du développement des pays sortant d’un conflit. Le Conseil de sécurité devrait, a-t-elle estimé, s’appuyer davantage sur les ressources de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour envisager une stratégie de consolidation de la paix dès la phase préliminaire d’une opération de maintien de la paix, afin d’aider le pays concerné à restaurer ses capacités institutionnelles et les services de base dès que possible. En outre, elle a souhaité une mobilisation des ressources plus efficace en vue de soutenir les efforts déployés au niveau régional, comme par exemple dans le cadre de l’initiative des États côtiers d’Afrique de l’Ouest visant à lutter contre la piraterie. Soulignant, elle aussi, le rôle clef que les femmes peuvent jouer dans la consolidation de la paix, la représentante s’est réjouie de la contribution des femmes en Guinée-Bissau. Elles participent au développement du pays dans tous les secteurs d’activités, de l’agriculture aux processus de prise de décisions, a-t-elle fait remarquer. Avant de conclure, Mme Ribeiro Viotti a assuré que sa délégation, qui préside actuellement la formation Guinée-Bissau, continuerait de soutenir la CCP.
M. E. AHAMED, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a invité le Conseil de sécurité à consulter davantage les pays contributeurs aux opérations de maintien de la paix dans la formulation et le renouvellement de ses mandats. Les Casques bleus indiens ont toujours œuvré en faveur de la consolidation de la paix, a-t-il assuré, en ajoutant que son pays continuerait de mettre ses capacités à la disposition des sociétés émergeant de situations postconflit. Il est nécessaire d’harmoniser les stratégies de consolidation de la paix au sein des Nations Unies, a-t-il souligné, en se disant convaincu qu’une meilleure utilisation des capacités du « Grand Sud » permettrait de revitaliser les entreprises de consolidation de la paix. L’appropriation nationale est également cruciale, a poursuivi le Ministre. Il a préconisé d’adopter une approche holistique en matière de politiques de développement économique et social. Il a ensuite rappelé la nécessité d’un financement pérenne et approprié afin de garantir le succès des initiatives de consolidation de la paix. Le renforcement des capacités civiles dans les pays sortant d’un conflit est essentiel mais il ne doit pas cependant entraver les efforts de maintien de la paix, a prévenu le Ministre. Il a ajouté que l’appui au renforcement de ces capacités civiles devrait être en priorité fournie par les pays en développement, compte tenu de leur expérience. Les discussions sur le rapport du Secrétaire général devraient avoir lieu dans les enceintes intergouvernementales, y compris le Comité spécial du maintien de la paix (C-34) et la Cinquième Commission (questions administratives et budgétaires).
M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a déclaré que le rôle principal des États dans les situations postconflit était de faciliter la reconstruction du pays et la réconciliation nationale. Malheureusement, dans la majorité des cas, ils en sont incapables, affaiblis par des années de conflit, en particulier lorsqu’il s’agit de lutter contre la pauvreté et de rétablir l’état de droit, a-t-il fait remarquer. Dans ce contexte, l’assistance de la communauté internationale revêt une importance capitale, a poursuivi le représentant, qui a cependant tenu à souligner l’importance de respecter le principe de l’appropriation nationale. Comme les activités de consolidation de la paix vont largement au-delà de la durée des opérations de maintien de la paix, les institutions spécialisées du système des Nations Unies peuvent jouer un rôle important dans ce domaine, a-t-il estimé. Le représentant s’est ensuite félicité des efforts déployés par les organisations régionales, citant en particulier les initiatives communes prises avec les pays africains sortant d’un conflit. Sa délégation, a-t-il annoncé, contribuera à hauteur de deux millions de dollars par an au Fonds de consolidation de la paix.
M. MARTIN BRIENS (France) a souhaité que le Conseil de sécurité examine plus fréquemment les questions de consolidation de la paix tant est crucial le rétablissement des capacités d’un État pour qu’il retrouve la maîtrise de son destin. Il a indiqué que l’appropriation par les autorités nationales était un élément clef des stratégies de consolidation de la paix puisqu’il conditionne les réformes menées par un État. Il a plaidé pour un dialogue accru entre toutes les parties prenantes, en soulignant que la mise en place de bureaux intégrés de consolidation de la paix dans certains pays africains s’était, à ce titre, avérée fructueuse. Il a ajouté que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient prendre en charge tous les aspects relatifs à la consolidation de la paix. Une bonne coordination est nécessaire afin que les opérateurs les plus efficaces prennent leur part dans le processus de consolidation de la paix, a-t-il poursuivi, en citant à cet égard le rôle du Programme des Nations Unies pour le développement. Il s’est ensuite félicité des efforts de mobilisation menés par la Formation Guinée de la Commission de consolidation de la paix, avant de rappeler que l’anticipation était un autre élément clef. Il est important qu’une réflexion sur les priorités de la consolidation de la paix soit menée très en amont, a-t-il poursuivi, tout en saluant les réflexions faites sur la contribution des opérations de maintien de la paix à la consolidation de la paix. Le Conseil de sécurité doit définir des mandats clairs pour les opérations de maintien de paix, comme cela a été le cas pour l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire avec la résolution 2000 (2011) ou pour la MINUSS avec la résolution 1996 (2011). Le Secrétariat doit mieux planifier une stratégie de sortie dès la phase préliminaire, a-t-il ajouté. Les Nations Unies. De nombreux outils sont à la disposition des Nations Unies pour assurer une meilleure visibilité de leurs efforts dans la consolidation de la paix, a-t-il indiqué avant de conclure.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que des progrès avaient été réalisés dans le renforcement des activités des Nations Unies relatives à la consolidation de la paix. Pour continuer sur cette lancée, a-t-il dit, une adaptation constante de ces activités à l’évolution de la situation sur le terrain est nécessaire, a déclaré le représentant, qui a suggéré de clarifier le mandat de la CCP, en particulier pour déterminer les critères d’éligibilité des pays qu’elle pourrait inscrire à son ordre du jour. La CCP devrait également s’assurer que tous les acteurs avec lesquels elle travaille sont guidés par les mêmes priorités. Il faudrait également renforcer la coopération entre la Commission et la Banque mondiale. M. Wittig a par ailleurs salué les recommandations du Secrétaire général visant une meilleure gestion des ressources existantes pour renforcer les capacités civiles nationales, en estimant que le Soudan du Sud pourrait constituer à cet égard un test pour le déploiement d’une expertise efficace à cette fin.
Mme BARBARA HENDRIE(Royaume-Uni) a déclaré que les stratégies de consolidation de la paix devraient bénéficier d’une direction efficace. Il est extrêmement important que soient nommées des personnes reconnues pour leurs compétences, aux postes de direction comme cela est le cas en Libye avec M. Ian Martin, a-t-elle poursuivi, avant de se féliciter de l’appui fourni par l’équipe de pays en Guinée. Elle a ajouté que le processus de planification stratégique permettait de rassembler les acteurs concernés et de mesurer les progrès enregistrés dans la consolidation de la paix, citant à cet égard le cas du Libéria. L’examen du renforcement des capacités civiles permet d’évaluer concrètement le travail des Nations Unies, a-t-elle assuré, en réaffirmant l’importance du principe d’appropriation nationale dans les stratégies de consolidation de la paix. Peu de progrès ont été réalisés dans le domaine de l’état de droit, a-t-elle regretté, en attirant l’attention sur « d’énormes lacunes » dans la fourniture de l’assistance dans ce secteur. La répartition des rôles, a-t-elle précisé, manque de clarté. Elle s’est ensuite félicitée des discussions en faveur d’une participation plus active des femmes dans la consolidation de la paix et d’un partenariat entre le Département des opérations de maintien de la paix et ONU-Femmes. Plaidant pour l’intégration de la perspective sexospécifique dans les processus de négociation de paix, elle a souhaité que plus de femmes soient nommées médiatrices et envoyées spéciales. Si les femmes ne sont pas représentées à la table des négociations, alors c’est la moitié de l’humanité qui ne l’est pas, a-t-elle fait remarquer.
M. NAWAF SALAM (Liban) s’est rallié à la position exprimée par Mme Cheng-Hopkins, qui a suggéré de modifier le profil des postes de direction dans les opérations de maintien de la paix afin de renforcer les activités de consolidation de la paix dès la phase préliminaire de la mission de maintien de la paix. Une stratégie intégrée du maintien de la paix devrait, a-t-il dit, être fondée sur une analyse des causes profondes des conflits et faire l’objet d’un réexamen régulier. Un partenariat fort entre acteurs nationaux et internationaux est également nécessaire afin que les autorités nationales puissent prendre en main les efforts de reconstruction du pays, a poursuivi le représentant du Liban, qui s’est dit convaincu que l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité constituaient des remparts contre la violence et la prolifération de la criminalité organisée. Il a estimé que la Commission de consolidation de la paix et les Nations Unies devraient fournir une assistance plus systématique aux gouvernements tout en respectant l’objectif d’appropriation nationale.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a indiqué que l’adoption, il y a cela six ans, de la nouvelle architecture de la consolidation de la paix avait bouleversé la vision de la communauté internationale dans ce domaine. Les stratégies de consolidation de la paix, qui sont davantage orientées sur la recherche de résultats, doivent tenir compte des particularités des pays sortant d’un conflit, a-t-elle rappelé. Elle a ensuite invité le Conseil de sécurité à s’appuyer davantage sur l’expérience de la Commission de consolidation de la paix, avant d’ajouter que la pacification d’une société ne pouvait se réaliser sans structures sociales capables de garantir l’état de droit. Soulignant le flou qui existe entre maintien de la paix et consolidation de la paix, elle a plaidé pour une division claire des responsabilités entre toutes les parties prenantes, notamment en définissant un cadre précis d’intervention. En outre, il faudrait renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, a-t-elle ajouté. S’agissant de la Guinée, elle a indiqué que ce pays avait besoin d’un appui technique continu, en particulier pour la réforme de son secteur de sécurité. Avant de conclure, elle a plaidé en faveur de mobilisation de ressources adéquates pour financer les initiatives visant à renforcer le rôle des femmes dans la consolidation de la paix.
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