En cours au Siège de l'ONU

CS/10426

Le Conseil de sécurité s’emploie à redonner un nouvel élan à la mise en œuvre de sa résolution pionnière sur les femmes, la paix et la sécurité

28/10/2011
Conseil de sécuritéCS/10426
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6642e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ S’EMPLOIE À REDONNER UN NOUVEL ÉLAN À LA MISE EN ŒUVRE

DE SA RÉSOLUTION PIONNIÈRE SUR LES FEMMES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Au lendemain de l’attribution du prix Nobel de la paix 2011 à trois éminentes personnalités féminines, le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui son débat annuel sur les femmes, la paix et la sécurité, au cours duquel il a adopté une déclaration présidentielle en vue de remobiliser le système des Nations Unies et les États Membres dans la mise en œuvre de sa résolution pionnière 1325.


En présence du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, une soixantaine d’orateurs ont pris part à la séance, dont la Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Michelle Bachelet; le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), Lazarus Kapambwe; et la représentante du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, Orzala Ashraf Nemat.


Adoptée en 2000, la résolution 1325 proposait une stratégie de consolidation de la paix « radicalement différente » faisant des femmes de véritables « agentes » de la paix et de la stabilité dans les sociétés postconflit.  Face aux « insuffisances » et « difficultés » que continue de rencontrer l’institutionnalisation de ce texte, le Conseil de sécurité donne suite, dans sa déclaration présidentielle, aux recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport*.


L’une des mesures déjà prises, a expliqué le Secrétaire général en personne, c’est le « Cadre de résultats stratégiques sur les femmes, la paix et la sécurité » adopté en vue d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 1325.  Son double objectif est de prévenir les conflits et toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles après-conflit, et de garantir la participation égale des hommes et des femmes aux processus de prise de décisions en matière de paix et de sécurité aux niveaux national, régional et international.  Les deux autres objectifs concernant la protection et la promotion des droits des femmes et des filles pendant et après un conflit armé, et la satisfaction des besoins de secours spécifiques des femmes et des filles.


Ce Cadre, assorti d’indicateurs précis pour mesurer les progrès et garantir la reddition de comptes, comporte des échéances pour les années 2014 et 2020, a poursuivi M. Ban.  Michelle Bachelet a rappelé qu’ONU-Femmes, dont le mandat a officiellement débuté en janvier 2011, coordonne les efforts visant à l’opérationnaliser.


Saluant le concours apporté par ONU-Femmes, le Conseil a noté, dans sa déclaration, l’amélioration, depuis la création de cette entité, de la coordination des politiques et des programmes du système des Nations Unies en faveur des femmes et des filles, et de leur cohérence.


Il salue aussi les efforts des États Membres pour mettre en œuvre la résolution 1325 au niveau national, notamment le fait que les États sont de plus en plus nombreux à avoir élaboré des stratégies ou des plans d’action nationaux, ou à avoir révisé ceux qui existaient.  La Directrice exécutive s’est ainsi félicitée que 32 pays aient adopté des plans nationaux, dont l’Argentine, le Burundi, le Népal ou la Croatie, qui ont présenté aujourd’hui les mesures qu’ils ont prises en ce sens.


Nombreux ont été ceux qui ont insisté sur l’amélioration de la représentativité des femmes au sein des institutions de l’État, répondant ainsi à une demande formulée ce matin par Mme Nemat, la représentante du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, qui plaidait pour une pleine participation des femmes aux réformes législatives et constitutionnelles, en particulier à l’approche des échéances électorales en République démocratique du Congo (RDC) et de la transition politique au Moyen-Orient et en Afghanistan.


Alors qu’une opération de maintien de la paix est toujours déployée dans son pays, la représentante du Timor-Leste a annoncé au Conseil que les femmes occupaient actuellement 29% des sièges du Parlement timorais, avec pour ambition de parvenir à 35%.


Le Conseil de sécurité s’est engagé, dans sa déclaration présidentielle, à affecter aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies des effectifs féminins plus importants parmi les militaires et le personnel de police.  Les parties à des négociations et les équipes de médiation sont encouragées à faciliter l’accroissement de la représentation des femmes dans les débats consacrés à la consolidation de la paix.


Le Conseil engage aussi les États Membres, le Secrétariat de l’ONU, les missions des Nations Unies, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales à apporter leur concours aux institutions gouvernementales et aux associations féminines qui s’occupent de questions ayant un rapport avec des situations de conflit armé ou d’après-conflit.


Des mesures, poursuit le Conseil, doivent être également prises pour que la question de la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix prenne une plus grande place dans ses travaux, notamment en ce qui concerne la diplomatie préventive. 


Il annonce qu’il compte organiser en 2015 un examen de haut niveau visant à faire le point des progrès accomplis aux niveaux mondial, régional et national dans l’application de la résolution 1325 (2000).


* S/2011/598



LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Lettre datée du 20 octobre 2011, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente du Nigéria auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/654)


Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité (S/2011/598)


Le dixième anniversaire de la résolution 1325 (2000), célébré l’an dernier, a été l’occasion pour les États Membres, les organisations régionales et les entités des Nations Unies d’évaluer les progrès accomplis, rappelle le Secrétaire général.  Cette résolution proposait en fait une stratégie axée sur la consolidation de la paix qui fait intervenir de nouveaux partenaires dans le règlement des conflits et le relèvement, des partenaires qui ont pour priorités la justice sociale, l’égalité et la réconciliation entre les communautés.  Cette nouvelle façon d’envisager les conflits et leur règlement, radicalement différente, pose des difficultés de taille, et il n’est pas surprenant que son institutionnalisation prenne du temps, note M. Ban Ki-moon.  « Il est toutefois inquiétant, dit-il, que la mise en œuvre en ait été aussi inégale. »


Il faut prendre des mesures énergiques pour accélérer la mise en œuvre d’éléments clefs de ce programme, tels que le renforcement de la participation des femmes au règlement des conflits et l’élimination des violations répandues et systématiques des droits des femmes en période de conflit, indique le Secrétaire général, qui dit compter sur ONU-Femmes pour accroître la cohérence et la coordination, favoriser l’adoption de mesures novatrices et améliorer la responsabilité dans ce secteur d’activité.


Au nombre des mesures envisagées, le Secrétaire général encourage le Conseil à continuer d’ajouter, en fonction des besoins, des éléments relatifs aux femmes et à la paix et la sécurité aux mandats des missions de maintien de la paix et des missions politiques qui en sont dépourvus.  Le Conseil de sécurité est par ailleurs encouragé à organiser plus souvent, à la demande de la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, des exposés sur les femmes et la paix et la sécurité.  Les envoyés et représentants spéciaux sont de leur côté priés de faire rapport au Secrétaire général sur les consultations qu’ils tiendraient avec les représentantes des femmes.


Le Conseil est également encouragé à réfléchir, dans le cadre de ses délibérations sur la diplomatie préventive, de ses activités de médiation et des travaux de son Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique, aux moyens de renforcer le rôle des femmes dans la prévention des conflits.  Le Secrétaire général a annoncé qu’il comptait axer son rapport pour la réunion d’examen de haut niveau que le Conseil de sécurité entend convoquer en 2015 pour faire le bilan de l’application de la résolution 1325 (2000) sur les résultats de l’action menée actuellement par les diverses parties prenantes à l’échelle nationale, régionale et internationale pour mettre en œuvre la résolution 1325.


Pour M. Ban Ki-moon, il est nécessaire de lancer des initiatives spéciales pour accroître le nombre de femmes associées au règlement des conflits et à la mise en œuvre des accords de paix.  Les États Membres, qui font partie de groupes de contact appuyant des processus de paix particuliers, devraient encourager les parties aux négociations à inclure des femmes dans les délégations, par le biais de diverses incitations comme par exemple la formation, l’appui logistique ou un siège supplémentaire à la table des négociations.  Ils devraient également accroître le nombre de femmes dans leurs services diplomatiques et de sécurité nationale et prendre des mesures destinées à confier aux femmes diplomates un rôle de premier plan dans le règlement des conflits.  Le Secrétaire général encourage aussi les États Membres à appuyer les efforts que l’ONU déploie pour que les besoins et les droits des femmes soient plus systématiquement pris en compte dans la planification et l’élaboration de programmes après les conflits, et pour que les femmes bénéficient, sur un pied d’égalité, des avantages de toutes les initiatives lancées et de tous les investissements engagés.


Se réjouissant de l’augmentation du nombre de femmes au sein du personnel militaire et de police fourni aux Nations Unies, M. Ban Ki-moon invite instamment les États Membres à continuer de s’attacher à renforcer les effectifs féminins dans les forces de sécurité en vue d’élargir le vivier d’agents de maintien de la paix disponibles.  Il les encourage également à poursuivre leurs efforts pour dispenser au personnel militaire et de police une formation préalable au déploiement sur les questions relatives à la problématique hommes-femmes.  Le Secrétaire général encourage les États Membres -en particulier ceux qui sont en proie à un conflit ou sortant d’un conflit- à élaborer et mettre en œuvre des plans d’action nationaux sur les femmes et la paix et la sécurité, à veiller à ce que ces plans soient assortis de budgets alignés ou de budgets spéciaux, de plans de financement, d’objectifs, de calendriers et d’indicateurs, et à les rattacher aux plans nationaux de consolidation de la paix, aux plans nationaux de défense et de sécurité ou aux plans de réduction de la pauvreté, ainsi qu’au cadre de résultats stratégiques et aux indicateurs correspondants.  Les États Membres doivent investir dans des mécanismes -tels que des tribunaux itinérants, des centres à guichet unique pour les infractions à caractère sexiste et des dispositifs d’aide juridique- qui permettront d’améliorer l’accès aux procédures judiciaires des femmes.  Il leur est également demandé de mettre au point des mécanismes visant à garantir que les femmes et les filles victimes de crimes de guerre reçoivent immédiatement les services et l’assistance dont elles ont besoin et obtiennent intégralement la réparation à laquelle elles ont droit.


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que l’importance d’impliquer les femmes dans la prévention des conflits et la médiation a été entérinée par l’attribution cette année du prix Nobel de la paix à trois extraordinaires « gardiennes de la paix »: la Présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, l’activiste Leymaj Gbowee, également du Libéria, et Tawakkul Karman, du Yémen.  Ces femmes devraient être montrées en exemple, a-t-il déclaré.  Comme mon rapport l’indique, a souligné M. Ban, la participation des femmes aux activités de paix et de sécurité est encore trop faible. 


« Cela doit changer et je suis déterminé à faire en sorte que le système des Nations Unies prenne le leadership en ce domaine », a-t-il déclaré.  L’an passé, le nombre de femmes dirigeant des opérations de maintien de la paix ou des missions politiques des Nations Unies est passé de 6 à 33, s’est félicité le Secrétaire général.  En outre, le Département des affaires politiques a augmenté la proportion de femmes candidates sur la liste de réserve des médiateurs et des experts de 35%.  Une experte sur les questions de parité vient de rejoindre l’équipe de réserve et, sur le terrain, les personnels des Nations Unies encouragent les femmes à participer aux activités de consolidation de la paix, de prévention des conflits et de réconciliation, comme en Afrique de l’Ouest, en Asie centrale, dans les Balkans et en Asie du Sud-Est. 


« Je me tourne aujourd’hui vers les États Membres pour qu’ils augmentent le nombre de femmes dans les postes à responsabilités portant sur la prévention des conflits régionaux et internationaux », a déclaré M. Ban.  Rappelant qu’il avait présenté un Cadre stratégique en vue d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, le Secrétaire général a indiqué que ce Cadre comportait des échéances pour les années 2014 et 2020 et qu’une base de données était en cours d’élaboration afin de mesurer les progrès et garantir la reddition de comptes. 


Aussi a-t-il souhaité que le Conseil améliore la qualité des informations pertinentes qu’il serait en mesure de fournir sur les questions relatives au thème « femmes, paix et sécurité ».  Exprimant enfin sa préoccupation devant la poursuite des violations massives des droits des femmes et des filles dans certaines régions du monde, comme dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), M. Ban a déclaré qu’il était plus que jamais temps de faire traduire les responsables de tels actes en justice.


Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a souligné que la pleine participation des femmes au maintien de la paix est fondamentale, comme en témoigne l’attribution récente du prix Nobel de la paix à trois femmes, « championnes de la paix et de la démocratie ».  C’est la première fois que la citation du Comité Nobel fait directement référence à la résolution 1325 du Conseil de sécurité, a-t-elle souligné.  « Pour chacune de ces trois lauréates du prix Nobel, il y a des milliers de femmes dans le monde qui se battent pour la paix en dépit des nombreux obstacles qu’elles rencontrent. »


Mme Bachelet a indiqué que dans le domaine de la prévention, des progrès avaient été enregistrés en matière de coordination pour prévenir et juger les violations des droits des femmes.  Cette lutte contre l’impunité doit maintenant aller de pair avec une autonomisation accrue des femmes.  Il faut « démarginaliser » les femmes pour qu’elles puissent demander des comptes pour les violences dont elles sont victimes, a-t-elle déclaré.  Mme Bachelet a encouragé les envoyés spéciaux et les médiateurs à rencontrer les hauts responsables et activistes féminins de la paix à un stade précoce du processus de médiation, à tenir des consultations régulières avec les groupes de femmes de la société civile et à partager les informations avec le Conseil de sécurité et le Secrétaire général.  Se félicitant que les patrouilles de protection dans les camps en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Darfour aient pu empêcher les attaques contre les femmes, elle a déploré la persistance des violations, dont fait état le rapport du Secrétaire général.


Elle a ensuite rappelé que 32 pays avaient adopté des plans nationaux en application de la résolution 1325, avant d’indiquer que les Nations Unies s’étaient dotées d’instruments pour garantir une participation accrue des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.  ONU-Femmes a coordonné les efforts visant l’adoption du Cadre stratégique pour l’application de la résolution 1325, a-t-elle poursuivi, un cadre qui inclut un système de surveillance et un ensemble d’objectifs pour concentrer les efforts. 


Elle a ajouté que des travaux étaient en cours au sein du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour accroître l’attention portée aux crimes commis contre les femmes dans les systèmes de justice transitionnelle.  Mme Bachelet a ensuite mentionné les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport, notamment l’amélioration de la qualité des informations que le Conseil reçoit sur les femmes et les problématiques de la paix et de la sécurité ainsi que l’adoption de mesures spécifiques par les États Membres.  Elle s’est réjouie que le Conseil ait adopté ou renouvelé des mandats qui incluent des mesures spéciales pour une plus grande participation des femmes et a appelé les États Membres à accroître notamment le nombre de femmes dans les processus de résolution des conflits.


Si la participation des femmes est essentielle, pourquoi est-elle si souvent le chaînon manquant dans la prévention et la médiation des conflits? s’est interrogée Mme Bachelet, avant d’appeler à l’engagement déterminé de toutes les parties prenantes –Conseil de sécurité, États Membres, sociétés civiles et Nations Unies- pour accroître le rôle des femmes dans ces domaines, et renforcer, par conséquent, la paix et la démocratie dans le monde.


M. LAZARUS KAPAMBWE (Zambie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que l’ECOSOC avait choisi l’an dernier pour thème de son Examen ministériel annuel (EMA), les objectifs de développement agréés au niveau international, sous l’angle de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  La Déclaration qui a été adoptée à l’issue de cette réunion a permis de dégager des problématiques transversales d’une importance particulière pour ce débat du Conseil de sécurité. 


Le Président a tout d’abord cité la nécessité de mettre fin aux discriminations et d’éradiquer les stéréotypes en tout genre qui portent atteinte aux droits des femmes, en particulier dans le secteur de l’enseignement.  Il a ensuite indiqué que l’EMA avait demandé de mettre l’accent sur les conséquences graves de la violence sexuelle, notamment la propagation de la pandémie de VIH/sida.  En outre, a poursuivi M. Kapambwe, il a été jugé indispensable de promouvoir la pleine participation aux processus de prise de décisions s’agissant de la consolidation de la paix. 


Une des autres questions d’importance a porté sur le rôle crucial que les hommes et les garçons jouent dans l’élaboration des politiques respectueuses de la parité.  À cet égard, a recommandé le Président de l’ECOSOC, les organisations de la société civile dirigées par des hommes doivent faire leur part du travail.  L’ECOSOC a aussi attiré l’attention sur l’importance de promouvoir la pleine intégration des femmes dans l’économie formelle lors de la phase de redressement économique des pays sortant d’un conflit. 


Enfin, il a été recommandé de veiller à ce que les femmes et les filles souffrant d’un handicap ne soient pas sujettes à des formes supplémentaires de discrimination. 


Pour le Président, il est indispensable que l’ECOSOC, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, la Commission de consolidation de la paix et la Commission de la condition de la femme agissent de concert pour mettre en œuvre, de manière intégrée, les dispositions de la résolution 1325.  L’ECOSOC, a-t-il suggéré, pourrait faire sa part pour assurer la surveillance et l’évaluation des violences contre les femmes par l’intermédiaire de sa Commission de statistique, a suggéré M. Kapambwe.


Mme ORZALA ASHRAF NEMAT,Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, s’est réjouie des progrès enregistrés dans la mise en place de programmes spécifiques, notamment au sein des Nations Unies.  ONU-Femmes, lorsqu’elle aura un financement suffisant, offrira de nouveaux moyens aux gouvernements et à la société civile pour améliorer la parité, a-t-elle estimé.  Elle a en effet déploré une mise en œuvre inégale de la résolution 1325, notamment au regard de la participation des femmes à la prise de décisions aux niveaux régional, national et international.


Soulignant la contribution majeure des femmes à l’instauration de la paix, comme cela a été le cas au Libéria, au Kenya ou au Guatemala, elle a dénoncé les obstacles que les femmes continuent de rencontrer dans ce domaine.  Concernant la prévention des conflits, elle a plaidé pour que soient menées des enquêtes indépendantes sur les attaques commises contre les femmes et pour que soit assuré un contrôle effectif des trafics d’armes.  La participation des femmes à la prise de décisions n’est toujours pas considérée comme une urgence, a-t-elle insisté.


S’agissant des échéances électorales en République démocratique du Congo et de la transition politique au Moyen-Orient et en Afghanistan, elle a plaidé pour une pleine participation des femmes aux réformes législatives et constitutionnelles et pour un meilleur soutien aux femmes candidates. « Leurs voix jusqu’à présent marginalisées doivent être entendues à tous les niveaux politiques », a-t-elle voulu.  Elle a également déploré que la reconnaissance des droits des femmes ne soit pas pleinement prise en compte dans les accords de paix, comme cela a été malheureusement le cas au Soudan en 2005. 


La définition de la sécurité doit se faire à l’aune du sentiment de sécurité ressenti par les femmes  dans leurs tâches quotidiennes, a-t-elle poursuivi, faisant référence à la situation des femmes en Afghanistan.  Elle a ajouté que le succès dans la mise en œuvre des accords de paix devrait être évalué à la lumière de l’amélioration concrète de la situation des femmes.  En conclusion, Mme Nemat a exhorté le Conseil de sécurité à nommer davantage de femmes médiatrices, soulignant leur influence positive dans la prévention et la résolution des conflits, comme en témoigne l’attribution du prix Nobel à des femmes du Libéria et du Yémen.  Les femmes, plus particulièrement dans les situations après-conflit, doivent être reconnues comme de puissants agents du changement, a-t-elle affirmé.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a déclaré qu’il soutenait la déclaration présidentielle qui sera adoptée à la fin de la séance, mais il a regretté qu’il n’ait pas été possible de dégager un consensus pour saluer sans réserve le rapport du Secrétaire général.  Peut-être le Conseil de sécurité n’est pas l’organe idoine pour discuter de ces questions? a-t-il suggéré.  Pour sa part, a-t-il assuré, le Royaume-Uni ne ménage aucun effort pour promouvoir le rôle des femmes dans le monde, le pays ayant contribué cette année à hauteur de 60 millions de dollars au budget d’ONU-Femmes. 


Le représentant a voulu que tout soit mis en œuvre pour prévenir la résurgence du conflit dans un pays et à cet égard, il a jugé que les femmes peuvent jouer un rôle important dans la consolidation de la paix.  Pour y parvenir, il a estimé que des femmes spécialistes des questions de médiation sont indispensables dans le système des Nations Unies.  Le Royaume-Uni, a-t-il poursuivi, soutient par ailleurs les efforts déployés au niveau mondial pour mettre en œuvre la résolution 1325, en particulier en Afghanistan et au Népal, où le Gouvernement britannique finance des programmes d’appui aux femmes et victimes de violences sexuelles. 


« Le printemps arabe nous l’a montré », a déclaré le représentant: la situation des femmes et des filles évolue très rapidement et le Conseil doit montrer qu’il est capable d’agir en conséquence, en veillant aussi à ce que l’égalité des chances soit garantie pour les hommes comme pour les femmes.


Observant qu’il existe dans toutes les sociétés des obstacles à la participation politique des femmes, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a appelé à l’action pour assurer cette participation aux stades les plus précoces de la reconstruction des sociétés victimes de conflit.  La participation des femmes aux pourparlers de paix n’est pas seulement une question de justice, mais également une question d’efficacité qui a un impact direct sur le succès des efforts de résolution de conflit et de médiation, a-t-elle affirmé.  Les femmes, a ajouté la représentante, ont une perspective unique à apporter en matière d’impunité, de reddition des comptes et de réforme des secteurs judiciaire et de la sécurité.


Mme Viotti s’est ensuite félicitée des progrès réalisés sur les indicateurs relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Elle a cependant estimé qu’ils n’étaient pas une fin en soi et devaient être liés à des résultats concrets et appuyer le processus de mise en œuvre de la résolution du Conseil.  Elle a ensuite passé en revue les efforts déployés par le Brésil pour favoriser l’autonomisation des femmes, faisant notamment savoir que la participation des femmes aux processus décisionnels dans la diplomatie, la coopération internationale et le maintien de la paix était en augmentation constante.


M.BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est dit encouragé par l’adoption d’un cadre normatif dans la mise en œuvre de la résolution 1325.  La mise en place d’ONU-Femmes est à ce titre un pas décisif, a-t-il dit, ajoutant que la pleine participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits devait être « la priorité des priorités des Nations Unies ».  Il a déploré les lacunes persistantes dans l’application de la résolution, pointant le doigt sur le nombre insuffisant de femmes aux postes de médiateur et de négociateur.  Il a donc appuyé le plan du Secrétaire général et les recommandations qu’il formule dans son rapport.  Il est important, a-t-il reconnu, d’accroître le nombre de femmes dans les contingents de police des Nations Unies afin de répondre aux besoins spécifiques des femmes sur le terrain.  Il a ajouté que l’Afrique du Sud était l’un des trois pays qui comptaient le plus de ressortissantes dans les contingents de police des Nations Unies.


Soulignant que les femmes étaient de puissants agents du changement, il a indiqué que son pays travaillait énergiquement à la mise en œuvre de la résolution 1325, en liaison notamment avec l’Union africaine.  L’octroi du prix Nobel à trois femmes est un signal fort pour l’égalité des sexes, s’est-il félicité.  Il a rappelé que les femmes et les enfants continuaient de souffrir des conséquences des conflits longtemps après que les armes se sont tues.  Il a plaidé pour un meilleur traitement des causes profondes des conflits, en premier lieu le sous- développement.  La perspective sexospécifique doit être intégrée plus avant dans les mandats élaborés par le Conseil de sécurité, a-t-il insisté.


Mme SANTOSH CHOWDHARY (Inde) a estimé que malgré les « efforts notables » déployés par l’ONU et les États Membres pour assurer la mise en œuvre de la résolution 1325, les résultats étaient mitigés et que d’importants écarts demeuraient.  Elle a souhaité que les indicateurs soient davantage discutés et développés d’un point de vue conceptuel avant leur éventuelle adoption.  À l’instar du rapport du Secrétaire général, elle a estimé que l’ONU devait faire preuve de davantage de cohérence et de coordination pour répondre aux questions concernant les femmes, la paix et la sécurité, notamment par le biais d’une expertise ciblée en matière de genre.  Les représentants spéciaux doivent également mieux coordonner leur travail entre eux et avec les organismes de l’ONU, a-t-elle ajouté.


Après avoir appuyé un plus grand déploiement de femmes soldats et policières au sein des missions de maintien de la paix, Mme Chowdhary a rappelé que l’Inde avait été le premier pays à déployer, en 2007 au Libéria, une unité de Casques bleus entièrement féminine.  Elle a déploré que la protection des droits des femmes et des fillettes en temps de conflit armé continuait d’être un défi urgent et a réclamé une politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelles.  Tous les cas enregistrés en temps de conflit armé doivent faire l’objet d’une enquête immédiate et leurs auteurs doivent être traduits en justice, a-t-elle insisté.


M. NOËL NELSON MESSONE (Gabon) a salué l’attribution du prix Nobel de la paix à trois femmes.  En adoptant sa résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité a reconnu le rôle déterminant des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, a-t-il souligné.  Il a toutefois estimé qu’il était nécessaire de renforcer le cadre normatif aux plans international, régional et national, puis œuvrer au renforcement des capacités, notamment à travers les missions de maintien et dans la phase de consolidation de la paix; et enfin, établir un lien plus étroit entre protection des femmes et des jeunes filles et prévention des conflits armés.  M. Messone a mis l’accent sur les progrès accomplis depuis 2000. 


Mais, a-t-il estimé, il faut un nouvel engagement de tous, des États d’abord mais aussi des institutions gouvernementales régionales et des associations de la société civile.  Des efforts supplémentaires mériteraient d’être fournis pour s’attaquer aux obstacles d’ordre culturel qui constituent de « puissants et subtiles » freins à une plus grande participation des femmes.  Il a encouragé ONU-Femmes à déployer encore plus d’efforts et, dans cette perspective, il a estimé que finaliser le travail sur les indicateurs susceptibles d’évaluer les progrès accomplis mais aussi et surtout les entraves à l’action constitue une tâche essentielle. 


Cet effort, a-t-il précisé, devrait surtout prendre corps sur le terrain, là où l’absence des femmes dans des postes à responsabilité continue d’handicaper l’action et où hélas, les femmes et les filles sont les plus grandes victimes de la violence armée.  À cet égard, il a estimé que l’inscription par l’Union africaine de la parité hommes-femmes aux postes les plus élevés de sa hiérarchie constitue en soit un symbole fort, dont la concrétisation nécessitera la mise en place de programmes sur le renforcement des capacités et l’implication des organismes du système de l’ONU et des institutions financières régionales et internationales, dont la Banque mondiale.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) s’est rangé aux côtés du Secrétaire général pour déclarer qu’ONU-Femmes constitue la pierre angulaire du système des Nations Unies s’agissant de la mise en œuvre des mandats visant à promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Dans ce contexte, il a tenu à rappeler le rôle que les consultations intergouvernementales revêtent dans l’analyse de l’« architecture de la parité » au sein des Nations Unies, ainsi que dans les accords entre États sur les pratiques à consacrer sur le terrain.  En Colombie, a indiqué le représentant, le programme de formation des forces armées avant tout déploiement dans les opérations de maintien de la paix met désormais l’accent sur les questions de parité, de discrimination et de violence sexuelle, ainsi que sur la santé reproductive. 


S’agissant de l’implication des femmes dans les processus de prise de décisions, le représentant a fait état de la création, dans son pays, de « conseils communautaires des femmes » et de « laboratoires régionaux des femmes autochtones », autant d’outils destinés à promouvoir la participation des femmes dans les politiques publiques, à soutenir le dialogue avec les organisations féminines et à promouvoir les processus de participation aux niveaux régional, départemental et municipal.  La priorité du Gouvernement colombien, a insisté le représentant, est de veiller à l’intégration durable d'une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes.


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a loué les efforts des États Membres de l’ONU, pour leur engagement en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1325, adoptée en 2000 par le Conseil de sécurité, ainsi que de toutes celles ayant trait aux femmes et à la paix et la sécurité.  L’année 2011, a-t-il noté, a été un tournant puisque cette volonté des États et de l’ONU, s’est traduite par de nombreuses actions encourageant, notamment, la participation des femmes aux efforts de diplomatie préventive et de médiation, de prévention des conflits et de consolidation de la paix.


Saluant la création de l’Entité pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ONU-Femmes, M. Barbalić a constaté que depuis son entrée en fonctions, la coordination et la cohérence ont été renforcées en matière de politiques et de programmes destinés aux femmes et aux filles.  Il a souhaité que le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et la Directrice exécutive d’ONU-Femmes continuent de faire des exposés devant le Conseil de sécurité en vue de faciliter une approche concertée et coordonnée.  S’adressant aux États Membres, ainsi qu’aux organisations régionales et sous-régionales, le représentant de la Bosnie-Herzégovine les a invités à investir davantage pour renforcer les capacités des organisations chargées de promouvoir la condition des femmes.


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a rappelé que son pays, membre du « Groupe des Amis de la résolution 1325 du Conseil de sécurité », attachait une grande importance à l’avancement de l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  Il s’est félicité, à son tour, de ce que le prix Nobel de la paix ait été décerné à trois femmes.  Soulignant que la participation accrue des femmes aux processus de paix améliorait la faculté de résoudre les conflits et de maintenir la sécurité, il a déploré la sous-représentation persistante des femmes dans les processus de négociation.  Il a souhaité que les femmes puissent davantage faire entendre leur voix à toutes les étapes des processus de paix, encourageant les Nations Unies à nommer davantage de femmes négociatrices.  Il y a un lien clair entre la participation des femmes à un stade précoce de la diplomatie préventive et leur présence dans les mécanismes de mise en œuvre, a-t-il poursuivi.


M. Berger a ajouté que les forces de l’Union européenne et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) étaient davantage sensibilisées à la démarche soucieuse d’égalité des genres, indiquant que la présence de femmes militaires  dans les équipes médicales déployées à l’étranger avait été bénéfique aux ressortissantes des pays concernés.  Il a indiqué que son gouvernement avait présenté son troisième rapport au Parlement allemand sur la mise en œuvre de la résolution 1325, prévoyant notamment un appui à la participation accrue des femmes aux processus de paix et un accès facilité à la justice.  En conclusion, M. Berger a exhorté le Conseil de sécurité à intégrer systématiquement la perspective sexospécifique dans ses travaux quotidiens.


Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) s’est félicitée de l’élaboration d’un Cadre stratégique pour la mise en œuvre de la résolution 1325, tout en soulignant qu’il fallait s’assurer que les normes institutionnelles se traduisent par des résultats concrets sur le terrain.  Elle a en outre salué l’augmentation du nombre d’expertes en parité dans les Départements des affaires politiques et des opérations de maintien de la paix, ainsi que l’intégration, de plus en plus systématique dans les mandats, de la situation des femmes mais aussi du rôle qu’elles peuvent jouer.  Ma délégation, a-t-elle dit, ne saurait assez insister sur la nécessité pour les personnels de maintien de la paix de prendre en compte la condition des femmes dans les pays concernés. 


Les Nations Unies doivent aussi donner l’exemple aux États Membres en appliquant une politique de tolérance zéro en matière de violences et de discrimination à l’égard des femmes.  Pour leur part, les États-Unis ont mis au point un Plan national d’action qui s’appuie sur les quatre piliers identifiés par la résolution 1325, et qui s’est traduit par l’appui apporté à l’inclusion de femmes dans le Conseil de paix d’Afghanistan ou par la fourniture d’une aide à la protection des civils afghans.  À long terme, notre objectif est de faire des femmes et des filles les « agents » du changement, de la paix et de la sécurité.  Le défi, a ajouté Mme DiCarlo, est désormais de transformer les engagements pris en résultats tangibles.


M.NAWAF SALAM (Liban) s’est réjoui des progrès enregistrés depuis l’adoption de la résolution 1325.  Il a tout de même estimé qu’une attention accrue devait être portée à la violence sexuelle.  L’impunité doit être éliminée, a-t-il tranché.  Il a lié la participation des femmes à la prise de décisions à la qualité d’une démocratie.  Il s’agit là d’une question de bonne gouvernance, a-t-il poursuivi, avant de plaider, à son tour, pour une participation  accrue des femmes à la négociation des accords de paix, pour que les besoins de la population féminine soient pris en compte.  Il a ensuite souhaité que les consultations des Envoyés spéciaux avec les groupes de femmes de la société civile et les activistes de la paix  deviennent la norme. 


Soulignant l’urgence « d’investir dans la jeunesse », il a affirmé que la jeunesse arabe était devenue le symbole de la lutte pour la démocratie et la participation politique, y compris des femmes.  Les idées de la jeunesse arabe sont une ressource précieuse pour le monde, a-t-il poursuivi, se félicitant de l’attribution  de ce qui est le premier prix Nobel de la paix à une femme arabe.  Il a exhorté les États Membres à faire montre d’une volonté politique suffisante pour s’emparer des outils qui sont maintenant à leur disposition pour accroitre la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a déclaré que les femmes pouvaient être les actrices du changement, comme l’a montré l’évolution des situations en Tunisie et en Égypte.  Ayant un rôle clef à jouer dans la reconstruction des sociétés sortant d’un conflit, elles doivent pouvoir participer pleinement aux processus de paix et voir leurs aspirations prises en compte dans la phase de redressement postconflit, a-t-il dit.  La décision du Comité Nobel d’attribuer le prix de la paix à trois femmes éminentes marque la reconnaissance du rôle que celles-ci peuvent jouer dans l’avènement de la démocratie, a insisté le représentant. 


Tout en saluant les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1325, il a estimé que les femmes étaient encore sous-représentées au sein des opérations de maintien de la paix et dans les activités de réconciliation et de consolidation de la paix.  Il a donc insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour faire tomber les obstacles qui subsistent dans les sociétés postconflit – violences sexuelles, obstacles et stéréotypes culturels.  Il a jugé pertinent d’inviter la Directrice exécutive d’ONU-Femmes à prendre part aussi régulièrement que possible aux travaux du Conseil de sécurité afin de formuler des approches soucieuses de l’intégration des questions de parité dans les mandats des opérations de maintien de la paix.


M. LI BAODONG (Chine) a insisté sur la vulnérabilité particulière des femmes dans les situations de conflits, en estimant que la résolution 1325 était une étape importante en vue de garantir les droits des femmes.  Beaucoup reste encore à faire, notamment dans le domaine de la prévention des conflits, a-t-il reconnu, avant de souligner la nécessité d’assurer la pleine application des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la protection des civils.  Il faut renforcer la participation des femmes aux processus de médiation, a-t-il poursuivi, en invitant le Secrétaire général à nommer davantage de femmes aux postes d’envoyés spéciaux et de représentants spéciaux.  Il a ensuite souligné la nécessité de garantir l’appropriation du processus de reconstruction par la population du pays concerné, dans le respect du principe de souveraineté nationale.  La communauté internationale, a-t-il préconisé, devrait adopter une approche différenciée en fonction des spécificités propres aux pays sortant d’un conflit.  Le représentant a ensuite encouragé à une meilleure coopération entre les organes des Nations Unies, dans le respect de leur mandat respectif.  Avant de conclure, le représentant de la Chine s’est félicité de la mise en œuvre de la résolution 1325 par ONU-Femmes.


M. SERGEY N. KAREV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait autant prévenir les violences à l’égard des femmes qu’autonomiser celles-ci et leur permettre de prendre pleinement part aux activités de consolidation de la paix.  Il convient cependant de garder à l’esprit, a-t-il dit, que le Conseil de sécurité n’est pas le seul organe habilité à travailler sur la question et qu’il faut éviter de « faire doublon au niveau des mandats ».  Il a ensuite exprimé les réserves de sa délégation vis-à-vis du Cadre stratégique pour la mise en œuvre de la résolution 1325.  Il a jugé qu’il valait mieux confier à ONU-Femmes l’entière coordination des mandats existants. 


Tout en saluant le rapport du Secrétaire général, le représentant aurait souhaité qu’il reflète l’ensemble des aspects de la violence commise à l’égard des femmes, y compris celle résultant du recours excessif à la force, en se gardant d’invoquer « l’excuse des dommages collatéraux ».  Il a recommandé de poursuivre le travail visant à améliorer la qualité et la transparence des indicateurs destinés à mesurer les progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1325, en impliquant tous les acteurs pertinents du système des Nations Unies, et pas seulement les 15 membres du Conseil de sécurité.


M. MARTIN BRIENS (France) a jugé particulièrement opportun que le Conseil de sécurité se préoccupe du rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, au regard des développements dans le monde arabe.  Les femmes ont défendu les droits fondamentaux en Tunisie et en Libye et continuent de le faire en Syrie et au Yémen, a-t-il poursuivi, soulignant que la place des femmes dans les transitions politiques en cours devaient être garantie.  La paix et la stabilité sur le long terme en dépendent, a-t-il déclaré.  Il a indiqué que la mise en œuvre de la résolution 1325 était une priorité française, ajoutant que son pays avait adopté un plan visant à protéger les femmes contre toutes les formes de violences et à garantir leur place dans les processus décisionnels.  La France mène, en liaison avec ONU-femmes, plusieurs programmes de coopération qui visent notamment à faciliter l’accès des femmes à la justice et à augmenter leur nombre dans les opérations extérieures. 


Le Cadre stratégique et les indicateurs contenus dans le rapport du Secrétaire général constituent un outil utile pour le suivi de la résolution 1325, permettant d’identifier les carences dans sa mise en œuvre, a affirmé le représentant, avant de se féliciter de la meilleure coordination entre les entités des Nations Unies, dans ce domaine.  En conclusion, il a souligné l’aspect prioritaire de l’accès à la justice. Comment les femmes peuvent-elles participer à la vie publique si elles côtoient leurs anciens tortionnaires? s’est-il interrogé, qualifiant d’indispensable la lutte contre l’impunité, aux moyens notamment de commissions d’enquête sur les violences sexuelles et de renvois à la Cour pénale internationale.  Il en va de la crédibilité de la communauté internationale, a-t-il déclaré.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que la réunion constituait un temps fort pour relancer la mise en œuvre de la résolution 1325, qui s’inscrit dans la continuité de l’attribution, cette année, du prix Nobel de la paix à trois femmes remarquables.  Par le biais de la déclaration qu’il s’apprête à adopter, le Conseil de sécurité reconnaît pleinement le rôle que peuvent jouer les femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, tout en soulignant qu’il reste davantage à faire pour qu’elles puissent prendre pleinement part aux processus de prise de décisions. 


Prônant le renforcement de la coordination entre les entités des Nations Unies, le Conseil, a-t-elle dit, souligne le leadership d’ONU-Femmes.  Pour sa part, le Nigéria, a indiqué la représentante, s’est engagé à appliquer un plan régional élaboré sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en coopération avec ONU-Femmes et le Bureau régional des Nations Unies à Dakar.  Mme Ogwu a, en conclusion, déclaré qu’elle attendait avec impatience l’examen de haut niveau de 2015 de la mise en œuvre de la résolution 1325.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme sa volonté de donner pleinement et effectivement effet à ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) concernant les femmes et la paix et la sécurité, et rappelle les déclarations de ses présidents sur la question.


Le Conseil exhorte toutes les parties à s’acquitter pleinement des obligations qui leur incombent en vertu de la Convention de 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de son Protocole facultatif de 1999, et engage vivement tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier la Convention et le Protocole facultatif ou d’y adhérer.


Le Conseil rappelle le Document final du Sommet mondial de 2005 (résolution 60/1 de l’Assemblée générale), la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, le document adopté par l’Assemblée générale à l’issue de sa vingt-troisième session extraordinaire intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité des sexes, développement et paix pour le XXIe siècle » (A/S-23/10/Rev.1), et la Déclaration adoptée par la Commission de la condition de la femme à sa cinquante-quatrième session (E/2010/27-E/CN.6/2010/11).


Le Conseil se félicite du rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité en date du 29 septembre 2011 (S/2011/598), et prend note de l’analyse et des recommandations qui y figurent sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements pris sur la question des femmes et de la paix et de la sécurité, notamment la représentation des femmes dans les instances de décision, institutions et mécanismes qui œuvrent à la prévention et au règlement des conflits armés et à la consolidation de la paix.


Le Conseil salue les engagements pris et l’action menée par les États Membres, les organisations régionales et le Secrétaire général en faveur de la mise en œuvre de ses résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité.  Il demeure cependant préoccupé par le fait que de nombreuses insuffisances et difficultés entravent sérieusement l’application de la résolution 1325 (2000), notamment le fait que peu de femmes participent aux institutions officielles qui s’occupent de la prévention et du règlement des conflits, surtout s’agissant de la diplomatie préventive et des efforts de médiation.


Le Conseil souligne qu’il importe de promouvoir et de protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000); de respecter pleinement le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme en période et au lendemain de conflit armé; de favoriser la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix; et de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans les missions des Nations Unies.


Le Conseil salue le concours qu’apporte ONU-Femmes et le rôle qu’elle joue dans la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité. Il exprime son intention d’entendre des exposés de la Secrétaire générale adjointe à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la femme et Directrice générale d’ONU-Femmes.  Il note avec satisfaction l’amélioration, depuis la création d’ONU-Femmes, de la coordination des politiques et des programmes du système des Nations Unies en faveur des femmes et des filles, et de leur cohérence.  Le Conseil souligne à ce propos l’importance des mandats confiés à la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence sexuelle dirigée contre les femmes en temps de conflit armé et à la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, qui concourent à l’action menée concernant les femmes et la paix et la sécurité.


Le Conseil condamne de nouveau fermement toutes les violations du droit international applicable commises à l’encontre des femmes et des filles pendant et au lendemain de conflits armés et exige de toutes les parties qu’elles mettent immédiatement fin à de tels actes.  Il exhorte aussi les États Membres à traduire en justice quiconque est responsable de crimes de cette nature.


Le Conseil note que la lutte contre l’impunité des crimes de portée internationale les plus graves commis contre les femmes et les filles s’est renforcée grâce à l’action de la Cour pénale internationale, des tribunaux spéciaux, des tribunaux mixtes et des chambres spécialisées au sein des juridictions nationales.  Il redit son intention de redoubler d’effort pour lutter contre l’impunité et de faire en sorte, par les moyens appropriés, que les auteurs de crimes graves perpétrés contre des femmes et des filles répondent de leurs actes, et appelle l’attention sur tous les mécanismes de justice et de réconciliation qui doivent être envisagés, dont les tribunaux pénaux nationaux, internationaux et mixtes, les commissions Vérité et réconciliation, les programmes nationaux visant à offrir réparation aux victimes et à réformer les institutions, ainsi que les mécanismes traditionnels de règlement des différends.


Le Conseil salue les efforts déployés par les États Membres pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) au niveau national, notamment le fait que les États sont de plus en plus nombreux à avoir élaboré des stratégies ou des plans d’action nationaux, ou à avoir révisé ceux qui existaient.  Il appelle de nouveau les États Membres à continuer de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000), notamment par l’élaboration de plans d’action nationaux ou de stratégies à l’échelon national.


Le Conseil rappelle la déclaration de son président sur la diplomatie préventive (S/PRST/2011/18), dans laquelle il prenait acte, notamment, de l’importance du rôle joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix, et demandait à nouveau que les activités de diplomatie préventive fassent davantage appel à la participation de femmes – sur un pied d’égalité, à représentation égale et en veillant à ce qu’elles y soient totalement impliquées.  Il rappelle également la résolution 65/283 de l’Assemblée générale sur le renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et la prévention et le règlement des conflits, ainsi que l’appel qui y est lancé à la promotion d’une participation égale, pleine et effective des femmes au règlement pacifique des différends et à la prévention et au règlement des conflits, en tout lieu et à tous les niveaux, particulièrement celui des prises de décisions.


Le Conseil engage les États Membres, le Secrétariat de l’ONU, les missions des Nations Unies, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales à apporter leur concours, selon que de besoin, aux institutions gouvernementales et aux associations féminines qui s’occupent de questions ayant un rapport avec des situations de conflit armé ou d’après conflit, et de renforcer leurs capacités.  Il insiste sur l’importance de la participation de femmes aux activités de prévention et de règlement des conflits, y compris la négociation et la mise en œuvre d’accords de paix, ainsi qu’aux dialogues internationaux, aux groupes de contact, aux conférences de mobilisation et aux réunions de donateurs organisés à l’appui du règlement des conflits.  À cet égard, il réaffirme qu’il faut, le cas échéant, apporter un soutien aux initiatives de paix féminines locales, aux dispositifs de règlement des conflits et aux initiatives qui font participer les femmes aux mécanismes de mise en œuvre des accords de paix, y compris grâce à la présence à l’échelon local de missions des Nations Unies.


Le Conseil, prenant acte de l’importante contribution que les femmes peuvent apporter aux efforts de prévention des conflits et de médiation, engage les États Membres et les organisations internationales et régionales à prendre des mesures visant à accroître le nombre de femmes participant à des activités de médiation ou ayant un rôle de représentant dans lesdites organisations.  Il souligne donc combien il importe de créer des conditions propices à la participation des femmes à tous les stades des processus de paix et de contrer les partis pris sociaux défavorables à la pleine participation des femmes, sur un pied d’égalité, au règlement des conflits et à la médiation.


Le Conseil engage toujours les États Membres à affecter aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies des effectifs féminins plus importants parmi les militaires et le personnel de police, en réaffirmant que tout le personnel militaire et de police doit recevoir une formation adaptée et suffisante pour pouvoir exercer ses responsabilités.


Le Conseil engage les parties à des négociations et les équipes de médiation à adopter une démarche tenant compte de la problématique hommes-femmes lorsqu’elles négocient ou appliquent un accord de paix et à faciliter l’accroissement de la représentation des femmes dans les débats consacrés à la consolidation de la paix.  À cet égard, il prie le Secrétaire général et les entités concernées des Nations Unies d’aider, selon qu’il conviendra, à rendre possibles des consultations régulières entre les associations féminines et les participants concernés de processus de médiation dans un conflit ou de consolidation de la paix.  Il prie également le Secrétaire général de veiller à ce que des exposés soient faits régulièrement devant les médiateurs et leurs équipes, sur les aspects de la problématique hommes-femmes qui doivent être pris en compte dans les dispositions d’un accord de paix et sur les obstacles précis auxquels se heurte la pleine participation des femmes, sur un pied d’égalité.


Le Conseil constate qu’il faut qu’il accorde dans son propre travail une attention plus systématique aux engagements relatifs aux femmes et à la paix et la sécurité et à leur application, et se déclare disposé à faire en sorte que des mesures renforçant la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix prennent une plus grande place dans ses travaux, notamment en ce qui concerne la diplomatie préventive. Il se félicite que le Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique compte incorporer le souci de la problématique hommes-femmes dans ses activités.


Le Conseil déclare à nouveau qu’il compte organiser en 2015 un examen de haut niveau visant à faire le point des progrès accomplis aux niveaux mondial, régional et national dans l’application de la résolution 1325 (2000), renouveler les engagements et s’attaquer aux obstacles et contraintes qui sont apparus dans la mise en œuvre de cette résolution.


Le Conseil prie le Secrétaire général de faire notamment figurer dans son prochain rapport sur l’application de la résolution 1325 (2000) un examen détaillé des mesures prises pour mettre en œuvre la présente déclaration de son président, des réalisations, et des obstacles rencontrés, en particulier ceux qui concernent la participation de femmes aux activités de médiation et de diplomatie préventive.


Suite des déclarations


M. JAAKO LAAJAVA (Finlande) s’est félicité de l’adoption par le Conseil de sécurité des résolutions sur le Yémen et la Libye, lesquelles soulignent la nécessité d’œuvrer à la prise en compte des femmes dans les efforts de règlement des conflits, ainsi qu’à l’amélioration de leur niveau de participation dans les instances de prise de décisions.  Cette année, a-t-il affirmé, les rues en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont été le théâtre de manifestations reflétant le désir de changement, d’égalité et de justice, exprimé entre autres par les femmes.  Le représentant a donc lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il fasse en sorte que la voix des femmes soit entendue.


Concernant la prévention des conflits, M. Laajava a noté l’importance d’accroître les appuis financier, politique et technique en vue de renforcer les efforts des femmes au sein des gouvernements et de la société civile.  Au sujet de la qualité et de la viabilité des accords de paix, il a recommandé une inclusion des femmes dès le début des processus de paix.  Le représentant s’est attardé sur trois domaines dans lesquels les pays nordiques ont concrètement mis en œuvre leurs engagements à savoir, les plans d’action nationaux, la participation des femmes au maintien et à la consolidation de la paix et la lutte contre l’impunité qui met en particulier l’accent sur les victimes.  


M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a indiqué que le sujet du débat était particulièrement d’actualité.  Aujourd’hui, nous devons reconnaître l’importante contribution des femmes aux transformations politiques dans le monde arabe, et le rôle décisif qu’elles ont joué et continuent de jouer en faveur de la démocratie, des systèmes politiques transparents, de l’état de droit et de la promotion des droits de l’homme.  La représentation effective et le plein engagement des femmes dans les processus de paix, les gouvernements de transition et la vie politique est une condition indispensable pour répondre à leurs besoins spécifiques et à leurs préoccupations, et pour que leurs droits soient adéquatement reflétés dans les structures de l’État, les accords de paix et les processus de réforme juridique, a ajouté le représentant. 


Pour l’Autriche, les efforts au niveau national doivent aller main dans la main avec les efforts au niveau international, et l’ONU et ses États Membres doivent ainsi augmenter le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix et les missions politiques.  Le représentant a rappelé que l’Autriche avait presque achevé la révision de son plan national d’action sur la mise en œuvre de la résolution 1325, qui sera approuvé par le Conseil des ministres, avant la fin de l’année.  L’Autriche a réalisé des progrès significatifs pour incorporer les dispositions du Statut de la Cour pénale internationale (CPI).  Dans le Code pénal autrichien, les crimes commis contre les femmes font partie des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du génocide. 


M. GILLES RIVARD (Canada) a constaté qu’il restait encore beaucoup à faire avant d’arriver à la pleine mise en œuvre des résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité dans les processus de médiation et de prévention de conflit.  Il a évoqué la visite en Libye du Ministre canadien des affaires étrangères, ajoutant que ce pays était l’exemple même d’un État où les obstacles à l’accès des femmes au processus de paix et aux efforts de reconstruction devront être pris en compte par tous les acteurs concernés. 


Le représentant a ensuite encouragé le Conseil de sécurité à continuer d’exercer le leadership politique et à prendre des mesures ciblées pour s’assurer de la participation significative des femmes à tous les processus de prévention, de médiation et résolution de conflits.  Il a notamment recommandé que celui-ci soit régulièrement informé par le Secrétaire général et d’autres représentants officiels, notamment la Représentante spéciale chargée de la question de la violence sexuelle dirigée contre les femmes en temps de conflit armé.


M. KIM SOOK (République de Corée) a déploré que les femmes et les filles soient toujours les plus affectées par les conflits, en dépit des progrès substantiels enregistrés. Il a souligné que la lutte contre l’impunité était essentielle à la prévention de la violence basée sur le genre, notant que les avancées recensées au niveau international avec les travaux des tribunaux internationaux devaient s’accompagner d’efforts accrus au niveau national.  Les États doivent renforcer leur capacité judiciaire afin de poursuivre les auteurs de telles violences, a-t-il poursuivi.  Il a souligné que l’exclusion des femmes et la non-prise en compte de la perspective sexospécifique dans les processus de paix conduisaient à des manquements irréversibles dans le respect des droits des femmes. 


Il a voulu qu’une attention accrue soit portée à la vulnérabilité des femmes et filles déplacées, au regard notamment du risque de violences sexuelles qu’elles courent. Il a en conséquence apporté son soutien au Cadre stratégique contenu dans le rapport du Secrétaire général.  Ce Cadre et l’engagement accru des États membres devraient permettre de renforcer la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, a-t-il estimé.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a observé que les accords de paix n’assuraient pas toujours la participation des femmes à la gouvernance postconflit ainsi que leur accès à des perspectives économiques, à la justice et aux réparations.  Il est malheureux de constater que 11 ans après l’adoption de la résolution 1325, la contribution des femmes à la gestion des conflits demeure gravement sous-évaluée et sous-utilisée, a-t-il regretté.  Il a engagé le Conseil de sécurité à déployer davantage d’efforts pour intégrer une perspective sexospécifique dans ses résolutions et à assurer, par conséquent, la participation des femmes au processus de paix.  Il a également estimé que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale devaient encourager le Secrétaire général à nommer davantage de femmes à des postes de médiateurs.


Le représentant a ensuite évoqué l’appui financier que le Liechtenstein continue d’accorder au Fonds de la CPI pour les victimes, lequel cible en particulier les victimes de violences sexistes et sexuelles.  Il a ajouté que la CPI était un mécanisme important dans la lutte contre la violence sexuelle et qu’elle devait être mieux intégrée au travail du Conseil de sécurité.  M. Wenaweser a ensuite annoncé que le Liechtenstein, en partenariat avec la Suisse, l’organisation Peacewoman et le Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, avait créé une application pour les iPhones qui contient des recommandations concrètes pour aider le Conseil de sécurité à honorer ses obligations relatives aux femmes en situation de conflit.


M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a exhorté le Conseil national de transition libyen, que son pays soutient depuis le début, à tenir compte des aspirations des femmes et des obligations que le gouvernement en cours de formation devra avoir vis-à-vis d’elles.  Évoquant ensuite la situation aux Maldives, le représentant a indiqué que c’est au travers d’un mouvement démocratique que les femmes ont entamé leur émancipation.  Après une période dominée par une lecture conservatrice et rétrograde de la loi islamique, le Gouvernement actuel a lancé, en coopération avec les organisations de la société civile, des réformes qui ont notamment débouché sur la création de centres d’appels et de services de protection sociale. 


En outre, des programmes de formation ont été mis en place pour les personnels de police pour qu’ils puissent répondre plus efficacement aux situations d’abus et de violences domestiques.  Enfin, a précisé M. Mohamed, le Président des Maldives a fait de la représentation des femmes aux élections locales une priorité, tandis que 3 des 12 cabinets ministériels sont actuellement dirigés par des femmes.


Mme PHILIPPA KING (Australie), notant la baisse du nombre des conflits depuis les années 1990, a dressé le constat selon lequel celui des victimes, et plus particulièrement des femmes et des filles, avait connu une hausse dramatique.  Une situation révélatrice de l’effondrement des systèmes social et juridique, ainsi que des inégalités entre les sexes.  Dans cette grisaille, a dit Mme King, les femmes représentent à la fois, la solution à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la reconstruction des sociétés.  Or, leur potentiel est peu utilisé voire ignoré, car à ce jour les femmes constituent seulement 8% des participants au processus de paix et moins de 3% des signataires des derniers accords de paix. 


Par conséquent, la représentante a estimé qu’il serait impossible de mettre en place un système politique postconflit légitime et durable, tant que les femmes seront exclues des processus de prise de décisions.  « Les institutions démocratiques, l’état de droit et le développement économique représentent le socle des sociétés pacifiques ».  Nous ne pouvons pas espérer qu’elles prospèrent sans promouvoir le rôle des femmes dans leur construction.  Elle a encouragé le Conseil à inviter systématiquement la Directrice d’ONU-Femmes et la Représentante spéciale chargée de la question de la violence sexuelle dirigée contre les femmes en temps de conflit armé.  Elle a aussi encouragé les entités des Nations Unies à parler du thème « femmes, paix et sécurité » dans tous les rapports qu’elles soumettent au Conseil.


M. RON PROSOR(Israël) a affirmé que la prospérité des sociétés dépendait du respect des droits de la femme, qui est une priorité pour Israël.  Indiquant que le Parlement israélien a promulgué une nouvelle loi en application de la résolution 1325, il a souligné que les femmes participaient à toutes les équipes israéliennes de négociation.  Il a ensuite passé en revue les progrès en matière de parité dans tous les secteurs de la société israélienne, notamment l’armée et la justice, et s’est félicité sur le plan politique, qu’une femme ait été élue à la tête du Parti travailliste.  Soulignant le lien étroit entre paix et respect des droits de la femme, le représentant a déploré que ces droits soient trop souvent bafoués au Moyen-Orient.  L’autonomisation des femmes permet de jeter des passerelles vers d’autres cultures, a-t-il poursuivi, ajoutant que les femmes pourraient montrer le chemin de la paix au Moyen-Orient.


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a attiré l’attention sur le rôle important que peuvent jouer les organisations régionales, telles que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernmentale pour le développement (IGAD) ou encore l’Organisation des États américains, qui organise par exemple la semaine prochaine, à El Salvador, une réunion ministérielle sur la promotion des femmes.  Soulignant ensuite la nécessité d’encourager la participation des femmes aux activités de maintien et de consolidation de la paix, le représentant a toutefois regretté qu’elles soient encore trop peu nombreuses parmi les Casques bleus. 


Pour remédier à cette situation, a indiqué M. Nishida, le Japon a déployé cette année un officier femme de liaison militaire au sein de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT).  Il soutient en outre un projet destiné à promouvoir l’emploi et la formation de femmes policières en Afghanistan, ce qui s’est traduit jusqu’à présent par le recrutement de plus de 1 200 dans les forces de police nationales, a précisé la délégation.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a indiqué que le statut avancé dont jouissent aujourd’hui les femmes tunisiennes est le résultat de l’engagement de longue date de la Tunisie en faveur de l’autonomisation des femmes.  Les femmes tunisiennes ont pris une part active à la révolution du 14 janvier 2011, a-t-il poursuivi, notant que les femmes étaient au premier rang des électeurs à l’occasion du processus historique du 23 octobre dernier.  Se félicitant que les points de vue des femmes soient davantage pris en compte dans la planification et l’exécution des processus de paix et dans les opérations de la paix, il a relevé que des crimes honteux continuaient à être commis à l’égard des femmes, notamment en Afrique.  « Nous sommes encore loin de réaliser tous les objectifs énoncés dans la résolution 1325 », a-t-il déploré.


M. Jerandi a indiqué que l’appropriation nationale de cette résolution était la meilleure façon d’en assurer la mise en œuvre effective, soulignant que la responsabilité première de la lutte contre l’utilisation du viol comme arme de guerre incombait aux États Membres.  La Tunisie a commencé à mettre en place un plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, a-t-il déclaré, plan qui encourage notamment la formation des femmes au maintien de la paix.  La Tunisie se tient à la disposition de l’ONU pour tout exercice dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325, a-t-il conclu.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a rappelé que la participation des femmes dans la prévention des conflits et la diplomatie était cruciale pour atteindre la paix, comme le souligne le Conseil de sécurité dans sa décision marquant le onzième anniversaire de la résolution 1325 sur « les femmes, la paix et la sécurité ».  Pour l’Italie, les femmes et les droits des femmes doivent être inclus de manière consistante dans les discussions de paix, a expliqué le représentant, avant de souligner que les femmes étaient de formidables négociatrices, médiatrices et bâtisseurs de paix.  Trop souvent, les femmes se voient refuser l’accès aux négociations au plus haut niveau du fait d’un manque de volonté ou d’engagement politique, a dénoncé M. Ragaglini.  Les droits des femmes doivent être partie intégrante des accords de paix, a-t-il poursuivi. 


L’Italie estime qu’il est temps d’intégrer pleinement la résolution 1325 dans le travail du Conseil de sécurité.  Pour arriver à des progrès plus consistants et plus sérieux, l’Italie salue le Cadre stratégique et ses objectifs et l’ensemble d’indicateurs proposés.  L’Italie, a rappelé le représentant, a adopté en décembre 2010 un plan d’action de trois ans sur la résolution 1325, un plan qui se focalise sur des questions clefs telles que le renforcement de la participation des femmes dans la police nationale et les forces armées, et la protection des droits de la femme et de l’enfant, dans les conflits et les situations postconflit.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a salué les conclusions du Secrétaire général selon laquelle les indicateurs qu’il a proposés l’an dernier, et que le Conseil de sécurité a fait siens dans sa déclaration présidentielle, ont « largement contribué à améliorer l’homogénéité et la cohérence des efforts menés à l’échelle internationale » pour promouvoir le rôle des femmes en matière de paix et de sécurité.  C’est maintenant sur la mise en œuvre des normes créées ces 11 dernières années que nous devons nous concentrer, a-t-elle encouragé. 


S’exprimant ensuite en sa qualité de Présidente de la formation Guinée de la Commission de consolidation de la paix (CCP), elle a indiqué que la CCP s’employait à assister ce pays dans l’intégration des femmes dans tous les processus politiques, ainsi que dans la vie économique et sociale.  Évoquant l’attachement de sa délégation à la situation des femmes en situation de crise et à la question de l’intégration de la « dimension du genre » dans les travaux des organisations internationales et régionales, Mme Lucas a expliqué que, l’an dernier, le Luxembourg avait décidé de financer un important projet du Département des opérations de maintien de la paix qui vise à renforcer le leadership et la participation des femmes à la vie politique et aux activités de consolidation de la paix. 


Des résultats concrets sont en train d’être atteints au Timor-Leste, en Haïti et en République démocratique du Congo (RDC), et ce, grâce à des partenariats noués entre les autorités nationales et locales et les missions et agences des Nations Unies, s’est félicitée la représentante.


M. PAUL SEGER (Suisse) a indiqué que la participation des femmes, « aspect essentiel » de la résolution 1325, constitue un objectif central de la politique extérieure de la Suisse, notamment dans son plan d’action national qui prévoit une participation équilibrée des femmes aux cours de formation à la médiation dispensés par le Gouvernement suisse.  « Même si le défi reste de taille, nous œuvrons activement à promouvoir le rôle des femmes en tant que médiatrices », a-t-il affirmé.


S’exprimant ensuite au nom de Human Security Network, groupe informel de pays promouvant une approche holistique de la sécurité et focalisé sur l’individu, M. Seger a engagé le Conseil de sécurité à donner des instructions concrètes s’agissant des femmes, de la paix et de la sécurité, dans les résolutions établissant ou renouvelant les mandats des missions de maintien de la paix de l’ONU.  Le Conseil doit aussi prévoir des rencontres régulières avec des organisations féminines là où les missions sont déployées.  Il doit également veiller à des échanges fréquents avec ONU-Femmes et la Représentante spéciale chargée de la question de la violence sexuelle dirigée contre les femmes en temps de conflit armé, a aussi estimé le représentant.


En sa capacité nationale, il a jugé, dans le droit fil du rapport du Secrétaire général, qu’il demeure difficile de parvenir à une plus grande participation des femmes à la promotion de la paix.  L’expérience nous enseigne qu’il ne suffit pas de former des femmes au rôle de médiatrice.  Le Conseil de sécurité et les États Membres doivent dûment faire appel à ces femmes pour que les processus de paix prennent en compte les droits de la femme.


M. DIEGO LIMERES (Argentine) a déclaré que la communauté internationale devait unir ses efforts pour mettre pleinement en œuvre la résolution 1325 et permettre aux femmes d’apporter leur contribution unique aux processus de paix.  Il a, à cet égard, jugé que la création d’ONU-Femmes avait constitué une étape fondamentale pour appuyer la mise en œuvre de cette résolution pionnière.  Aussi le représentant a-t-il tenu à remercier cette Entité pour le soutien inconditionnel qu’elle apporte au plan national que l’Argentine est en train d’élaborer pour promouvoir le rôle des femmes en matière de paix et de sécurité. 


Notre pays, qui est un contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix, met notamment l’accent, au travers de programmes de formation, sur le potentiel des femmes dans la reconstruction des sociétés.  M. Limeres a assuré que l’Argentine s’employait à augmenter le nombre de femmes au sein de ces opérations, affirmant qu’il fallait redoubler d’efforts, « car 11 ans après l’adoption de la résolution 1325, il nous reste beaucoup à accomplir ».


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a souligné que les femmes ont joué un rôle significatif au cours de l’année écoulée dans les mouvements de reconstruction des sociétés.  Il faut garantir la participation des femmes à tous les stades des processus de paix, a insisté le représentant, ajoutant que la question des femmes, de la paix et de la sécurité doit être intégrée systématiquement à la diplomatie préventive, aux mécanismes d’alerte rapide, aux droits de l’homme et à la sécurité. 


Il a remarqué que l’absence des femmes dans les négociations de paix se traduit souvent par leur absence dans les organes chargés de la reconstruction.  Il faut un niveau adapté d’expertise sur le genre chez les acteurs des processus de paix, a dit le représentant, qui a salué en ce sens les travaux conjoints du Département des affaires politiques (DPA) et d’ONU-Femmes en termes de stratégies de médiation.  Il a aussi souligné l’importance du Plan d’action en sept points du Secrétaire général, présenté en 2010. 


L’UE, a confié le représentant, est encouragée par la hausse du nombre de femmes dans les missions de l’ONU et salue les efforts pour accroître la présence des femmes à des postes de direction aux Nations Unies.  Le représentant a salué les efforts entrepris par ONU-Femmes pour la mise en œuvre de la résolution 1325, et l’élaboration d’un Cadre stratégique.  Il a appelé ONU-Femmes à poursuivre ses efforts de coopération avec les représentants spéciaux. 


Il a par ailleurs présenté les grandes lignes des activités de l’Union européenne relatives à la mise en œuvre de la résolution 1325, soulignant l’engagement de l’Union européenne à améliorer la prise en compte des questions du genre dans ses processus de médiation et ses missions et opérations.  Ces dernières comportent toutes désormais une expertise sur le sujet. 


M. ISMAELGASPAR MARTINS (Angola), s’exprimant au nom de laCommunauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a indiqué que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes étaient deux des principes fondateurs de la SADC.  Préoccupé par les violences sexuelles systématiques commises à l’encontre des femmes et des filles, M. Martins a voulu que toutes les parties aux conflits armés respectent les mécanismes régionaux et les normes internationales pertinents. La SADC a développé une stratégie spécifique afin de remédier aux violences sexuelles, a-t-il affirmé, ajoutant que les pays de la Communauté avaient renforcé leur capacité de formation à la problématique de la parité.


M. Gaspar Martins a ensuite déploré la sous-représentation persistante des femmes dans les processus de prise de décisions.  Les femmes sont de puissants agents du changement, a-t-il rappelé, soulignant leur rôle fondamental dans la réconciliation des sociétés postconflit.  Il a souligné la contribution essentielle d’ONU-Femmes qui aide les pays en développement à se doter de l’expertise nécessaire au renforcement de la participation des femmes aux processus de paix.  Il a plaidé pour une coordination des efforts dans la mise en œuvre de la résolution 1325.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a qualifié la résolution 1325 de « pas de géant historique » dans la protection des femmes car ce texte a permis d’améliorer le cadre normatif pour la prévention des violences sexistes.  Il a toutefois souligné la persistance de lacunes, ce qui expose des milliers de femmes à des exactions.  Il a cité le viol qui continue d’être utilisé comme arme de guerre et a appelé la communauté internationale à prendre un engagement ferme à lutter contre ce fléau.  Il a insisté sur la nécessité d’accroître le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits et a noté la faiblesse des résultats enregistrés dans ce domaine. 


Pour accroître la participation des femmes, le représentant a suggéré que l’accent soit mis sur une meilleure autonomisation des femmes, au travers de l’éducation, de la formation et de la santé maternelle.  Il a indiqué que le Sénégal avait pris des mesures en faveur d’une meilleure parité dans le pays.  Il a en outre souligné que son pays a déjà adopté son Plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 et qu’il participe au Plan d’action de la CEDEAO et à la Déclaration de Dakar. 


Mais le représentant a précisé que ces initiatives ne sauraient rencontrer le succès escompté sans être accompagnées d’une dynamique internationale impulsée par le Conseil de sécurité.  Il a appelé à des actions supplémentaires pour améliorer la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et pour prévenir les violences sexuelles lors des conflits.


Mme YANA BOIKO (Ukraine) a rappelé que son pays demeure engagé dans la mise en œuvre des résolutions 1325, 1820 et 1888 du Conseil de sécurité.  L’Ukraine considère que l’égalité des genres, l’intégration de l’aspect genre et l’autonomisation des femmes sont des objectifs importants, mais aussi des facteurs majeurs pour l’avènement de la démocratie et du développement.  Elle a relevé que décerner le prix Nobel de la paix à trois femmes leaders remarquables est une reconnaissance du rôle central des femmes comme défenseurs des droits de l’homme, et actrices des accords politiques, de résolution de conflits et de maintien et consolidation de la paix. 


La représentante a regretté qu’en dépit de nombreux efforts internationaux, les femmes et les jeunes filles continuent d’être les principales victimes des conflits armés, étant souvent la cible de violences à caractère sexuel et d’autres formes de violences sexistes.  Elle a soutenu que l’élimination de l’impunité est primordiale.  Elle a rappelé qu’en 2010, l’Ukraine a coparrainé la résolution 1960 du Conseil relative à la violence sexuelle dans les conflits armés. 


Elle a également rappelé que l’Ukraine est membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes et a affirmé qu’il reste encore beaucoup à faire pour résoudre le problème de la sous-représentation des femmes dans la prise des décisions relatives à la résolution des conflits.  À ce propos, il a salué l’adoption, pour la première fois, d’une résolution sur le « renforcement du rôle de la médiation dans la résolution pacifique des différends, et dans la prévention et la résolution des conflits ». 


Le représentant a, par la suite, évoqué la participation jamais démentie des Ukrainiennes aux efforts de maintien de la paix.  Il a ainsi cité le personnel de police et les observatrices militaires qui sont déployées en ce moment en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Libéria, au Soudan du Sud et au Timor-Leste. 


M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a indiqué que son pays, qui émerge d’une situation de conflit, s’était inspiré pour consolider la paix du modèle de la Commission de la vérité et de la réconciliation en Afrique du Sud, avec une composante dédiée à la parité des genres.  Compte tenu du manque de capacités et de ressources, les travaux sur le genre ont été largement menés par des consultants étrangers.  La perspective sexospécifique est prise en compte dans le mandat de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon dirigée par l’Australie, a-t-il poursuivi, soulignant que la Mission sera dotée d’ici à la fin de cette année d’une nouvelle coordinatrice ressortissante des Tonga.  Regrettant que la perspective sexospécifique promue à l’ONU, depuis des années, n’ait été durablement reprise au niveau national, il a plaidé pour un partenariat permanent entre les Nations Unies et les Îles Salomon.


Il a déploré que la résolution 1325 engage les femmes à devenir des actrices du changement et des « pompiers », sans examiner les causes profondes des conflits.  La paix et la sécurité, a-t-il rappelé, sont indissociables de la promotion du développement durable.  L’une des causes profondes des conflits est due aux changements climatiques; l’envahissement des terres par les eaux dans les Îles Salomon étant particulièrement préjudiciable aux femmes propriétaires terriens.  Nous avons besoin de cibles ambitieuses pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de juguler la hausse des températures, a conclu M. Beck.


M. MARGUS KOLGA (Estonie) a déclaré que l’implication des femmes dans le maintien de la paix et la prévention des conflits est de la plus grande importance pour en assurer le succès.  Il a indiqué qu’à l’échelle nationale, l’Estonie a adopté un plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 dont le but est de faire en sorte que la contribution de l’Estonie aux programmes de coopération militaire ou de développement prenne systématiquement en compte les besoins des femmes.  À cet égard, l’Afghanistan est un des pays où ce plan d’action est particulièrement appliqué, a indiqué le représentant.


L’autre objectif du plan est de sensibiliser et d’accroître l’intérêt pour l’égalité entre les sexes, notamment dans les services militaires, la police ou les activités de secours.  Dans le futur, le domaine de la formation sera intégré dans le plan, a ajouté M. Kolga.  Au plan international, l’Estonie note l’intérêt politique de la résolution 1325 pour l’OTAN, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Elle salue en outre le Cadre stratégique proposé par le Secrétaire général et note le travail de Michelle Bachelet à la tête d’ONU-Femmes, tout en espérant voir cette Entité jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.


M. HERMÉNÉGILDE NIYONZIMA (Burundi) a déclaré que la phase d’élaboration du plan d’action national sur la résolution 1325 était terminée et que son adoption par le Conseil des ministres était attendue le mois prochain.  Au niveau de la participation aux processus de prise de décisions, le Burundi avait connu des avancées significatives, comme en témoigne le dépassement du taux de 30% de femmes prévu par la Constitution, après les nominations postélectorales de 2010.  Ainsi, 9 des 21 postes ministériels sont actuellement occupés par des femmes, ce qui classe le Burundi en première position en Afrique.  En outre, a poursuivi le représentant, dans le domaine de la paix et de la sécurité, le Burundi a mis en place un Conseil national de sécurité comprenant deux femmes sur sept membres. 


Des plans d’intégration en tout genre dans les corps de police et de l’armée ont déjà été adoptés par les ministères concernés et actuellement, s’est félicité le représentant, on remarque que les femmes sont de plus en plus sélectionnées pour participer à des missions de maintien de la paix.  S’agissant de la prévention et de la protection, le Gouvernement burundais a pris des mesures sérieuses pour décourager l’exploitation des fillettes, en mettant notamment en place une police des mineurs et de protection des mœurs.  En ce qui concerne enfin le relèvement, a précisé M. Niyonzima, le Gouvernement encourage les femmes à se mettre en associations pour pouvoir bénéficier de l’encadrement et du soutien de l’administration.


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a voulu que le fait que les femmes soient victimes des conflits n’occulte pas leur rôle en tant qu’actrices de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix, comme l’a relevé le Comité Nobel qui vient de récompenser trois femmes.  Elle a ajouté que les processus de paix donnant une large part aux femmes avaient une plus grande chance d’aboutir à une transition pacifique.  Ces processus doivent donc impliquer des femmes  médiatrices et promouvoir une perspective sexospécifique au stade le plus précoce, a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’il ne s’agissait en rien d’un gage donné au « politiquement correct ».


Elle a ajouté que le « printemps arabe » était le « creuset » au sein duquel les questions de la participation des femmes devaient être résolues.  Elle s’est dite préoccupée par le fait que le rôle crucial des femmes dans les révolutions ne débouche sur une participation insuffisante à la prise des décisions futures.  Le « printemps arabe » pourrait se transformer en un rude hiver pour les femmes arabes, a-t-elle averti, appelant la communauté internationale à veiller à ce que les promesses d’un plus grand rôle des femmes soient tenues.  Elle a ensuite exhorté tous les acteurs de l’ONU à intensifier leurs efforts dans ce domaine; le Conseil de sécurité se devant de donner l’exemple.  Elle a conclu en détaillant le plan d’action adopté par son pays et a promis que l’Irlande continuera d’écouter les femmes touchées par les conflits.


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a rappelé que des progrès avaient été réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 1325, mais qu’une approche plus vigoureuse était nécessaire.  Comme le montre le rapport du Secrétaire général, a-t-il relevé, de nombreux obstacles persistent.  Selon lui, l’un des axes les plus importants à privilégier, est le lien entre sécurité et développement, qui consiste à accorder un rôle plus important aux femmes en tant que facteur de transformation sociale.  Voilà pourquoi la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment celui relatif à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, revêt une importance capitale.  En outre, le Programme d’action d’Istanbul, adopté lors de la Conférence de haut niveau sur les pays les moins avancés (PMA), prévoit plusieurs actions conjointes en ce domaine, a rappelé le représentant.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a indiqué que les sociétés émergeant d’une situation de conflit avaient besoin de partenariats tangibles et d’une assistance internationale afin de pallier l’insuffisance de leurs ressources dans les processus de reconstruction qu’elles ont entamés.  Les objectifs de la résolution 1325 resteront lettre morte si les pays émergeant d’une situation de conflit ne sont dotés que du seul paradigme de la représentation des femmes, sans qu’un financement pérenne ne soit prévu, a poursuivi M. Acharya.


Il a ajouté que le plan d’action de son pays était la manifestation de l’engagement du Népal en faveur d’un rôle accru des femmes dans la consolidation de la paix et la gouvernance globale.  Il a souligné que le Népal comptait un tiers de femmes parmi les membres de son Parlement, ajoutant qu’une politique de discrimination positive avait été introduite dans plusieurs secteurs, y compris l’administration, afin de garantir une participation accrue des femmes à la prise de décisions.  Les femmes sont les artisans essentiels du progrès, a-t-il poursuivi, ajoutant que le renforcement de leur rôle avait un « effet multiplicateur » dans tous les secteurs de la société.  Il a indiqué que des centres dédiés aux femmes et aux enfants avaient été mis en place dans les stations de police du Népal, afin que soient diligentées des enquêtes sur les cas de violences fondées sur le sexe. 


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a déclaré que son pays avait intégré depuis longtemps une approche soucieuse de parité et d’autonomisation des femmes, qui met l’accent sur l’éducation et la formation, et leur accorde le droit de vote, comme celui de prendre part à la vie politique.  Ainsi, les femmes bangladaises occupent les postes à responsabilité les plus importants du pays, s’est félicité M. Momen, avant de dire que le Gouvernement avait adopté un Plan national pour la promotion de la femme, ainsi qu’un Plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325. 


En outre, en tant qu’important contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix, le Bangladesh a fait du recrutement des femmes une priorité de son déploiement, a indiqué le représentant, qui a mentionné le fait qu’un contingent de police exclusivement féminin avait été dépêché en Haïti au lendemain du séisme de janvier 2010.


M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a indiqué que le monde avait perdu une admirable « championne de la cause des femmes » avec la mort récente de Wangar Maathai.  Il a plaidé pour une intégration systématique de la perspective sexospécifique dans les plans d’action nationaux, afin de remédier aux violences sexuelles commises pendant les conflits et même en temps de paix.  M. Kamau a, à ce titre, souligné l’importance de l’éducation et de la communication comme instruments de prévention de la violence, exhortant ONU-Femmes à continuer à faire de l’éducation et de la sensibilisation du public ses priorités.  La participation des femmes favorise l’harmonie sociale et diminue les possibilités de conflit, a-t-il poursuivi, avant de mentionner les efforts de son pays dans ce domaine. 


Il a notamment indiqué que le prochain parlement du Kenya devrait comprendre 63 sièges supplémentaires occupés par des femmes, ajoutant que les deux plus hauts postes des entités publiques kenyanes ne pouvaient être occupés par des personnes du même sexe.  Il a défendu l’adoption d’une approche multisectorielle dans l’élimination de la violence faite aux femmes, avant de plaider pour un accès accru des femmes à la terre, au droit de propriété et aux emplois.  Soulignant le rôle du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix, M. Kamau a tenu à rappeler qu’il incombait d’abord aux États de protéger leurs citoyens contre toute forme de violence.  Il a réitéré l’engagement de son pays à mettre en œuvre la résolution 1325.


M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a jugé important pour le système des Nations Unies de renforcer la capacité des pays sortant d’un conflit à autonomiser les femmes.  Au nombre des mesures que son pays a déjà prises pour promouvoir la participation des femmes, il a déclaré par exemple que, depuis 1960, les salaires étaient égaux pour les hommes et pour les femmes, qui partent à la retraite au même âge.  S’agissant de la participation des femmes à la vie politique, le représentant a indiqué que depuis 2003, une loi prévoit que des sièges soient réservés aux femmes au Parlement et dans les cabinets ministériels. 


Au Soudan, a-t-il affirmé, les femmes ont des fonctions de haut rang.  Beaucoup de nos ambassadeurs, diplomates et médecins sont des femmes, a-t-il précisé, et de nombreux postes de haut niveau dans les forces de police et de sécurité sont occupés par des femmes.  En outre, depuis 2007, le pays s’est doté d’une stratégie nationale préparée par toutes les parties compétentes, qui a été appliquée tant au niveau fédéral qu’à celui des États.  Enfin, a ajouté le représentant, le Gouvernement a établi des centres spécialisés pour coordonner les efforts des femmes dans le domaine de la paix et du développement.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizstan) a indiqué que son pays avait depuis deux ans réalisé des progrès importants dans le renforcement de la participation politique des femmes. Les femmes occupent un tiers des sièges du Parlement et s’organisent en « réseaux de femmes pour la paix » afin que le pays ne connaisse plus les graves tensions ethniques qu’il a connues récemment.  Le représentant a apporté son appui à une présence accrue des femmes dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, ajoutant que son pays avait l’intention de contribuer à cet effort.  Il a plaidé pour le partage des pratiques exemplaires s’agissant du renforcement de la participation des femmes à la prévention des conflits et a détaillé le plan d’action de son pays, en application de la résolution 1325.  La parité des sexes au Kirghizstan devrait être réalisée d’ici à 2020, a-t-il affirmé.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a tenu à rappeler que la mise en œuvre de la résolution 1325 ne relevait pas exclusivement du mandat du Conseil de sécurité ou du système des Nations Unies, mais aussi de la communauté internationale dans son ensemble.  Pour sa part, le Chili a axé cette mise en œuvre sur une étroite coordination avec la société civile.  Les principales lignes de force de son plan d’action national consistent notamment à promouvoir la participation égale des hommes et des femmes dans les opérations de maintien de la paix, comme dans les processus de prise de décisions; et à promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1325 dans la région et dans le cadre de mécanismes régionaux de maintien de la paix auxquels le Chili est partie prenante, comme la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).


M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a indiqué que la résolution 1325 était un jalon important dans le renforcement de la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits. Cette résolution est à ce titre un cadre normatif approprié, a-t-il poursuivi, ajoutant que les femmes étaient de puissants agents du changement.  Il a affirmé que son pays devrait envoyer davantage de ressortissantes dans les opérations de maintien de la paix, avant de valider la politique de tolérance zéro prônée par le Secrétaire général s’agissant des cas de violences sexuelles commises dans la conduite de ces opérations.  La lutte contre la violence faite aux femmes est cruciale, a-t-il poursuivi, avant d’inviter les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de la CPI.  Il a endossé le Cadre stratégique et les indicateurs proposés par le Secrétaire général dans son rapport, ainsi que sa recommandation sur la mise en place d’un groupe de travail chargé du suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325.  Le représentant a plaidé pour une coordination accrue des efforts visant à ce que les femmes vivent « sans crainte »,  dans un environnement pacifié.


Mme EIRINI LEMOS-MANIATI, Officier de liaison auprès des Nations Unies de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a rappelé que lors du Sommet de l’OTAN de Lisbonne, les chefs d’État et de gouvernement avaient renouvelé leur engagement politique à mettre en œuvre la résolution 1325.  Sur le terrain, les efforts de l’OTAN ont conduit à la création de postes réservés aux femmes, en particulier dans la conduite des opérations en Afghanistan et dans les Balkans.  Depuis 2009, l’OTAN a réalisé des progrès importants, à cet égard, s’est félicitée la représentante, avant de dire que des modules de formation avaient également été inclus dans la plupart des missions de pré-déploiement.  L’OTAN a en outre apporté un soutien aux réseaux féminins, en particulier en Afghanistan, a précisé la représentante.


M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA (Espagne) a pleinement appuyé les recommandations du Secrétaire général, ainsi que l’ambitieux programme d’objectifs quantifiés.  L’Espagne, a-t-il dit, a adopté en 2007 un plan d’action qui a déjà fait l’objet de deux mises à jour.  Six ministères travaillent à sa mise en œuvre, en coopération avec la société civile.  En juin dernier, les Ministères de la défense et des affaires étrangères ont organisé à Madrid, en coopération avec les Pays-Bas, le premier « cours international sur une approche d’ensemble des opérations de maintien de la paix tenant compte de la sexospécificité ».  Ce cours a mis l’accent sur la formation des personnels civil et militaire, à travers divers exercices pratiques menés avec la participation de l’ONU, de l’OTAN, de l’Union européenne et d’autres acteurs. 


M. YUSRA KHAN (Indonésie) a affirmé que la condition des femmes victimes de conflit pouvait être dépassée en promouvant leur rôle en tant qu’agents du changement.  La participation des femmes dans les processus de prise de décisions doit être renforcée, a-t-il insisté, avant de prôner l’adoption d’une culture de la paix qui « respecte la vie ».  Il a souligné qu’un environnement pacifié permettrait aux femmes de transmettre leurs valeurs, rappelant que ces dernières pouvaient encourager les groupes politiques à adopter des mesures de prévention avant qu’un conflit n’éclate.


Pour la bonne mise en œuvre de la résolution 1325, le représentant a plaidé pour le renforcement des capacités de la société civile et pour un engagement de longue haleine de la communauté internationale en faveur du renforcement de la participation des femmes.  M. Khan a rappelé que la responsabilité de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité incombait en premier lieu aux gouvernements concernés. L’adoption d’une série d’indicateurs devrait permettre au Conseil d’intensifier ses efforts, a-t-il affirmé.


Pour M. NEVEN MIKEC (Croatie), la résolution 1325 marque une étape dans la reconnaissance du rôle des femmes en tant qu’actrices de la paix et souligne, en même temps, leur fragilité en tant que victimes de la guerre.  Saluant le travail des représentants spéciaux pour la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits et pour les enfants et les conflits armés, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts de lutte contre l’impunité et à assumer un rôle de leadership fort pour ce qui est du respect de l’état de droit.  « Ce Conseil devrait faire de la question de la violence sexuelle l’un des éléments prioritaires des mandats des Comités de sanctions », a estimé le représentant. 


Il a également regretté que, dans les situations postconflit, les femmes n’aient souvent qu’un accès limité à la protection, à la justice et à la sécurité économique.  Il lui a semblé impératif d’inclure une expertise sexospécifique dans les activités de consolidation de la paix de manière à réussir la reconstruction du tissu social à tous les niveaux.  À cet effet, a-t-il estimé, il faudrait envisager des politiques nationales et internationales pour assurer une plus grande participation des femmes à la prévention, au règlement de conflits, à la médiation et aux négociations de paix, a encore demandé le représentant.  Pour sa part, le Gouvernement croate vient d’adopter un plan d’action national pour la mise en œuvre à tous les niveaux de la résolution 1325 et des résolutions suivantes. 


Mme RITA KAZRAGIENE (Lituanie) a vanté les mérites du Programme national lituanien sur l’égalité des chances pour la période 2010-2014, qui intègre pour la première fois une perspective soucieuse de l’égalité entre les sexes dans le système national de défense.  Après l’adoption de ce Programme, le pays a l’intention de se porter candidat au Groupe des Amis de la résolution 1325, a annoncé la représentante.  Il compte faire bénéficier ses partenaires de son expérience en Afghanistan, où il dirige une des équipes de reconstruction dans les provinces.  Les mesures qui y sont prises pour autonomiser les femmes démontrent que leur pleine participation à la vie politique, économique et sociale n’est pas seulement déterminante pour la paix et la sécurité, mais aussi pour l’éradication de la pauvreté, le redressement économique et le développement durable.


M. DONALD KALPOKAS (Vanuatu), s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a rappelé que ces États avaient créé, en décembre 2010, le Groupe de travail régional du Pacifique sur les femmes, la paix et la sécurité.  Ces États concentrent leur travail sur des approches qui reflètent la réalité des îles.  À cet égard, un plan d’action régional permettrait de renforcer les efforts pour intégrer la résolution 1325 dans les agendas pour la paix et la sécurité.  Le représentant a appuyé la candidature des Îles Salomon au Conseil d’administration d’ONU-Femmes.


M. Kalpokas a demandé à l’ONU d’appuyer la formation des soldats de maintien de la paix de la région Pacifique avant et après leur déploiement, en particulier en matière de droits de l’homme.  Les États du Pacifique soulignent en outre l’importance de la prévention des conflits comme élément essentiel de la résolution 1325.  Or, les effets négatifs des changements climatiques risquent d’augmenter le nombre des conflits violents dans le monde, avec les conséquences que l’on sait pour les femmes et les filles.  À cet égard, les petits États insulaires se félicitent de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur les changements climatiques et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a souligné que beaucoup restait encore à faire pour que la voix des femmes soit entendue.  Les femmes sont encore trop peu représentées dans les processus de prise de décisions, en particulier ceux concernant la paix.  Arguant de l’expérience de son pays dans ce domaine, il s’est félicité de ce que des organisations de femmes azerbaïdjanaises et arméniennes aient discuté des modalités de la paix.  Il a plaidé pour une sensibilisation des partis politiques à la problématique sexospécifique et pour un engagement renouvelé des États Membres en faveur de la pleine application de la résolution 1325.


Mme SOFIA MESQUITA BORGES (Timor-Leste) a relevé que la résolution 1325 représente un tournant dans la manière dont la communauté internationale aborde les conflits et les résout.  Elle a soutenu que 10 ans après l’adoption de cette résolution, des efforts doivent être faits pour sa mise en œuvre, afin de protéger les groupes les plus vulnérables.  Elle a affirmé que la présence des femmes, dans les efforts internationaux d’édification de la paix, devrait envoyer un message fort et assurer que les besoins des groupes vulnérables ne sont pas oubliés.  Mme Borges a indiqué que le Timor-Leste reconnaît le rôle central que les femmes ont joué, aussi bien pour l’indépendance du pays que pour la paix. 


Elle a ajouté que le pays est, de ce fait, engagé pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme.  Elle a aussi noté que le Timor-Leste est engagé dans la mise en œuvre d’un plan national et que des actions sont déjà en cours, a-t-elle précisé, pour promouvoir cette résolution, et sensibiliser l’opinion sur les violences sexistes et sur les droits de l’homme en général.


La représentante s’est félicitée du fait que les femmes représentent 29% des membres du Parlement; ce quota devant atteindre 35% d’ici à 2015, selon les objectifs du Gouvernement.  Après avoir rappelé que le Timor-Leste est membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, Mme Borges a cité un rapport de la Banque mondiale qui stipule que les femmes et les jeunes filles handicapées ont trois fois plus de chance d’être victimes de violence à caractère sexiste.  Elles ne doivent pas être laissées de côté.  La représentante a évoqué le Programme commun du Timor-Leste, du Libéria et de l’Irlande, qui vise à donner leur voix aux victimes des conflits.  La représentante a salué les lauréates du prix Nobel de la paix et souhaité que le choix du Comité Nobel serve d’inspiration pour la mise en œuvre de la résolution 1325.


Mme MARJON V. KAMARA (Libéria) a indiqué que les autorités libériennes n’avaient eu de cesse d’inclure les femmes dans les processus de prise de décisions, à tous les niveaux de gouvernance nationale.  Un combat, a-t-elle dit, dont le point culminant a été l’élection à la tête du pays d’une femme, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, en 2005, laquelle a été également choisie comme lauréate du prix Nobel de la paix, cette année.  Une distinction qui a renforcé la position et accru l’influence des femmes au Libéria, a déclaré Mme Kamara.


Soulignant le rôle de leader des femmes libériennes, notamment dans les processus de négociation ayant abouti à la paix, Mme Kamara a affirmé qu’elles continuaient de s’impliquer au règlement de problèmes auxquels sont confrontées de nombreuses femmes du Libéria, y compris les violences sexuelles et domestiques.  Elles sont également très actives aux côtés des forces de police pour identifier les suspects des crimes contre des femmes, a-t-elle ajouté. 


La représentante a estimé que son pays effectuait des avancées significatives s’agissant de ses engagements en faveur de la condition des femmes, expliquant qu’elles étaient de plus en plus présentes dans les instances de prise de décisions, notamment au sein du Gouvernement central et des gouvernements locaux.  En effet, a-t-elle dit, le Libéria est devenu en 2009, l’un des premiers pays à avoir achevé ses plans nationaux d’action dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325.


M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a constaté que malgré certaines avancées dans le domaine des femmes, de la paix et de la sécurité, des lacunes importantes demeuraient entre les aspirations et la réalité sur le terrain.  Il est temps pour la communauté internationale de réviser l’esprit de la résolution 1325 et de commencer à mettre en œuvre ses recommandations, a-t-il déclaré.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour les femmes de jouer des rôles clefs au sein des opérations de maintien de la paix et des missions politiques. 


Il a également dit appuyer les recommandations visant à ce que les femmes représentent 20% du personnel des opérations de maintien de la paix d’ici à 2014.  Le représentant a également encouragé les pays en situation de conflit ou postconflit à mettre sur pied des plans d’action nationaux relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité.


Il a poursuivi en réclamant un investissement immédiat dans les mécanismes de service et d’appui aux femmes et fillettes victimes de crimes de guerre.  Il a également souligné la nécessité de permettre aux femmes d’occuper des fonctions de médiateurs, de figurer au sein des groupes de négociation et de signer des accords de paix.  Le représentant a par ailleurs dit appuyer la création d’une série d’indicateurs pour suivre la mise en œuvre de la résolution 1325, avant de saluer le rôle de leadership dont a fait preuve ONU-Femmes pour assurer la mise en œuvre de ladite résolution.


M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a indiqué qu’en ce moment-même, les Ministères néerlandais et la société civile sont en train d’élaborer le deuxième plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, qui sera lancé en décembre prochain.  Couvrant la période 2012-2015, ce plan, contrairement au premier qui se concentrait sur la sécurité physique et juridique des femmes et des fillettes, est totalement consacré au renforcement du leadership des femmes et à leur participation politique dans les sociétés affectées par les conflits.  La paix et la sécurité sont liées aux rôles forts et actifs que les femmes peuvent jouer. 


Le pouvoir qu’ont les femmes d’influencer favorablement les situations de crise, a insisté le représentant, a été « magnifiquement » illustré par l’attribution du prix Nobel de la paix à trois femmes, montrant ainsi que les femmes ne sont pas seulement victimes mais aussi leaders d’aujourd’hui et de demain.  Le deuxième plan d’action néerlandais découle d’une approche axée sur la demande.  Il vise les femmes, au niveau communautaire ou au niveau national, qui ont le courage de faire plus, de devenir les leaders et de prendre part à la médiation, à la résolution des conflits et à la reconstruction.  Le plan d’action national est là pour répondre aux besoins de ces femmes fortes et remarquables qui savent plus que toute autre personne ce qu’il faut faire dans une situation et une culture données, a expliqué le représentant. 


M. RODRIGO PINTADO(Mexique) a souligné que les Nations Unies avaient perfectionné ses instruments pour une participation accrue des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix.  Il s’est notamment réjoui de la mise en place d’ONU-Femmes, avant de faire part de ses préoccupations face à l’utilisation de la violence sexuelle comme tactique de guerre, estimant « crucial » que le personnel des opérations de maintien de la paix des Nations Unies ait une connaissance approfondie de la violence fondée sur le sexe pour pouvoir agir à temps.  Le représentant a souligné l’importance qu’il y a de juger les auteurs de telles violences, par le truchement éventuel de la CPI.  Il faut accroître la représentation des femmes aux postes de responsabilité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il préconisé, avant de dresser le tableau de la représentation accrue des femmes dans tous les secteurs de la société mexicaine.


M. AHMAD ZAHIR FAQIRI(Afghanistan) a rappelé que les femmes afghanes continuaient de souffrir de manière disproportionnée des conséquences du conflit en cours dans leur pays, avant de souligner la présence « décisive » des femmes au sein de la Jirga de paix consultative tenue en 2010.  L’Afghanistan, qui vient de rentrer dans la deuxième phase de sa transition vers une appropriation nationale des tâches relatives à la sécurité et au développement économique, est déterminé à assurer la plus grande participation des femmes, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite développé les grandes lignes du plan national d’action qui garantit que d’ici à 2013, 30% des postes gouvernementaux seront occupés par des femmes.  L’établissement d’une commission nationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes est un signal fort de l’engagement du Gouvernement afghan à mettre un terme à l’impunité, a-t-il poursuivi.


Il a également rappelé que la participation des femmes s’était améliorée dans son pays, les femmes représentant désormais 27% des membres du Parlement afghan.  Il a affirmé que la poursuite de la coopération entre son gouvernement, les partenaires internationaux et la société civile sera vitale pour la pleine réalisation des droits de la femme afghane.  En conclusion, il a rappelé que l’établissement d’un environnement pacifié, au sein duquel les femmes vivraient sans avoir à subir intimidations et violences, était au cœur des objectifs de son gouvernement.


M. PETER THOMPSON (Fidji) a indiqué que beaucoup restait encore à faire pour la pleine application de la résolution 1325. Une approche holistique doit être adoptée, a-t-il poursuivi, soulignant le besoin de renforcer les capacités locales  grâce à un échange des pratiques exemplaires.  Il s’est félicité des indicateurs proposés par le Secrétaire général dans son rapport, avant de plaider pour l’établissement d’un cadre régional spécifique pour les États insulaires du Pacifique.  Ce Cadre accélérerait la mise en œuvre de la résolution 1325, a-t-il affirmé, avant de souligner le rôle essentiel d’ONU-Femmes dans la mobilisation des acteurs concernés par l’application de ladite résolution.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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