Intervenant pour la première fois devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial pour l’Afrique centrale, M. Abou Moussa, fait état de défis multidimensionnels dans la sous-région
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6601e séance – matin
INTERVENANT POUR LA PREMIÈRE FOIS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFRIQUE CENTRALE, M. ABOU MOUSSA, FAIT ÉTAT DE DÉFIS MULTIDIMENSIONNELS DANS LA SOUS-RÉGION
L’Afrique centrale a plus que jamais besoin du soutien des Nations Unies pour aider les États de la sous-région à relever les défis qui se posent à eux en matière de sécurité, de consolidation de la paix et de prévention des conflits, a plaidé, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale.
Intervenant en vidéoconférence depuis Libreville, au Gabon, où siège le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, qu’il dirige, M. Abou Moussa, dont c’était le tout premier exposé devant le Conseil depuis l’entrée en fonction de cette structure le 15 juin dernier, a affirmé que ses visites au Tchad, en Guinée équatoriale, au Cameroun et en République centrafricaine, ainsi que ses nombreuses discussions avec les autorités gabonaises soulignaient l’importance pour l’ONU d’appuyer le dialogue politique au sein des pays concernés de la sous-région.
Le Représentant spécial a également mis en exergue les besoins en matière de renforcement des capacités des institutions sous-régionales, en particulier de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Commission du Golfe de la Guinée.
Tout récemment, ce besoin s’est fait ressentir dans le Golfe de la Guinée, où la piraterie pose des défis sécuritaires transfrontaliers, ainsi qu’en République centrafricaine, où la présence de groupes rebelles comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Baba Ladde est une source de préoccupation commune pour les Nations Unies, l’Union africaine et l’ensemble de la sous-région.
Rappelant que le Bureau régional avait pour mandat de coordonner les efforts des Nations Unies sur le terrain, M. Moussa a annoncé au Conseil son intention de se rendre prochainement à Addis-Abeba pour discuter avec l’Union africaine de la LRA et d’autres questions d’intérêt commun pour les deux organisations dans la sous-région.
Le Représentant spécial a ensuite expliqué que la situation en Libye avait des répercussions pour les pays limitrophes d’Afrique centrale. Ainsi, sur le demi-million de Tchadiens établis en Libye, plus de 80 000 seraient rentrés dans leur pays d’origine à la fin du mois de juillet. Outre la perte nette d’envois de fonds qu’un tel retour suppose, les populations déplacées sont particulièrement vulnérables au trafic illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) auquel se livre l’Armée de résistance du Seigneur au Tchad.
« Il n’est d’ailleurs pas exclu que certains des Tchadiens de retour ayant pris part à des opérations militaires ou sécuritaires en Libye puissent être recrutés comme mercenaires ou combattants dans des groupes armés opérant en Afrique centrale », a prévenu M. Moussa. Il est également à craindre que des armes volées en Libye traversent certaines zones particulièrement poreuses de la sous-région, pour y alimenter la criminalité et mettre à l’épreuve les récents dispositifs mis en place afin de renforcer la coopération et la sécurité entre le Tchad, le Soudan et la République centrafricaine.
Toutefois, a souligné le Représentant spécial, nous sommes encouragés par la détermination affichée par ces pays pour œuvrer de concert au renforcement de leurs relations diplomatiques et de leur coopération face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité. La signature, le 23 mai dernier, par le Tchad, le Soudan et la République centrafricaine, d’un mécanisme conjoint destiné à promouvoir la sécurité et la stabilité aux frontières, ainsi que pour renforcer les échanges économiques, atteste de la volonté des dirigeants politiques de la sous-région de mettre fin aux activités de la LRA et autres groupes rebelles.
De son côté, le Golfe de Guinée, en dépit de ses richesses naturelles, fait face à ce que d’aucuns ont appelé le « paradoxe de l’abondance », a indiqué M. Moussa. Les pays qui en font partie continuent d’être confrontés à une croissance anémique et à une pauvreté persistante, qui sont le résultat de menaces multidimensionnelles, comme la multiplication des actes de piraterie.
Cette insécurité grandissante, a-t-il ajouté, est aggravée par des activités illégales corollaires, comme le pillage des ressources maritimes et l’utilisation, par des organisations criminelles, du Golfe de Guinée, comme voie de transit pour le trafic de stupéfiants.
Dans les mois à venir, le Bureau régional, a assuré le Représentant spécial, mettra tout en œuvre pour lancer des initiatives sous-régionales cohérentes en partenariat avec les États Membres et autres partenaires. Il a également donné l’assurance que le Bureau travaillerait en étroite coopération avec les États Membres, le Bureau des affaires de désarmement et les organismes pertinents des Nations Unies à la pleine mise en œuvre des décisions prises par le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, dont le Bureau régional assume désormais les fonctions de secrétariat.
Au nombre des questions à l’ordre du jour du Comité, figurent la menace de la piraterie et la sécurité maritime dans le Golfe de la Guinée; la situation et les activités des nomades bororos en Afrique centrale; les changements climatiques et les conflits; la sécurité transfrontalière; les armes légères et de petit calibre; le lien entre l’exploitation illicite des ressources et les conflits; les droits de l’homme; le trafic et le travail forcé des enfants; ainsi que la question des femmes, de la paix et de la sécurité dans la sous-région.
Le Bureau des Nations Unies prêtera assistance aux États Membres qui le souhaitent pour hâter la ratification et l’entrée en vigueur des instruments politiques que le Comité a développés, notamment la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage, plus connue sous le nom de « Convention de Kinshasa », et adoptée le 23 novembre 2010.
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