CS/10185

Le Secrétaire général et la délégation de la Libye à l’ONU demandent au Conseil de sécurité de sanctionner le régime du colonel Mouammar al-Qadhafi

25/02/2011
Conseil de sécuritéCS/10185
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Conseil de sécurité

6490e séance – après-midi


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET LA DÉLÉGATION DE LA LIBYE À L’ONU DEMANDENT AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE SANCTIONNER LE RÉGIME DU COLONEL MOUAMMAR AL-QADHAFI


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et la délégation de la Jamahiriya arabe libyenne, par la bouche de son Représentant permanent, auprès des Nations Unies, M. Abdul Rahman Shalgham, ont demandé cet après-midi au Conseil de sécurité « d’adopter des sanctions vigoureuses à l’égard du régime de Mouammar Al-Qadhafi», dont la répression contre la population libyenne aurait déjà fait un millier de morts.


M. Shalgham a prononcé un véritable acte d’accusation contre le Guide et Chef de l’État libyen, Mouamar Al-Qadhafi, qu’il a comparé à Pol Pot et à Hitler pour les crimes commis ces derniers jours en Libye.  L’ultimatum lancé par M. Al-Qadhafi à son peuple, « se laisser gouverner ou mourir », est inacceptable, a-t-il tranché, moquant au passage les justifications invoquées par le leader libyen, qui a déclaré que les manifestants « étaient sous l’emprise de drogues hallucinogènes et manipulés par Al-Qaïda ».


« Comment des enfants, qui se comptent parmi les victimes, pourraient-ils être des partisans de Ben Laden? », s’est interrogé le représentant libyen, avant de rappeler que le « Guide de la Révolution » avait déclaré vouloir mettre, au besoin, son pays « à feu et à sang » et rendre la Libye « rouge du sang de ses citoyens ».  Le représentant a donc réclamé au Conseil de sécurité l’adoption d’une résolution « ferme et courageuse » contre le régime dont il était jusqu’à présent le porte-parole et le visage aux Nations Unies.


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a lui aussi plaidé en faveur d’une action rapide du Conseil de sécurité, mais aussi de l’Assemblée générale, à laquelle le Conseil des droits de l’homme a recommandé d’envisager la suspension de la Libye de ses rangs.  « C’est la première fois depuis sa création, a rappelé M. Ban, que le Conseil des droits de l’homme se réunit en session extraordinaire pour se pencher sur le cas d’un de ses propres membres.  À cette occasion, a précisé Ban Ki-moon, le Conseil des droits de l’homme a également décidé de former une Commission d’enquête indépendante internationale, ce dont nous nous félicitons.


Des allégations d’assassinats extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, de tirs indiscriminés contre les manifestants, de détention et de torture d’opposants, ainsi que de recours à des mercenaires étrangers ont été rapportées par la presse, par des groupes de militants de droits de l’homme, ainsi que par des civils se trouvant sur le terrain, a rappelé M. Ban Ki-moon.


Le colonel Al-Qadhafi continue de menacer ses propres citoyens de « guerre civile » et de « meurtres de masse » en cas de poursuite des manifestations.  Ses partisans effectueraient des perquisitions « maison par maison » et se seraient même rendus dans des hôpitaux, « pour y tuer des opposants blessés ».  Les soldats libyens récalcitrants aux ordres du régime auraient pris les armes contre lui tandis que d’autres auraient été exécutés par les forces loyales à Mouammar Al-Qadhafi.  Enfin, des obstacles sérieux se poseraient à l’accès des travailleurs humanitaires à la population dans le besoin, et à la livraison des médicaments, selon le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge.


Rappelant que la première obligation de la communauté internationale est de faire « tout son possible » pour assurer la protection immédiate des civils en danger, le Secrétaire général a indiqué que « si des éléments de preuve étaient nécessaires pour étayer les accusations portées contre le régime libyen, ils devraient s’accompagner simultanément de mesures de protection immédiates ». Insistant sur ce point, il a ensuite appelé à la mise en œuvre des obligations contenues dans le concept de « responsabilité de protéger ».


Le Secrétaire général a également attiré l’attention sur la crise de plus en plus manifeste des réfugiés et des personnes déplacées, dont 22 000 se trouveraient en Tunisie et 15 000 autres en Égypte.  Nombre d’entre elles auraient décrit à des membres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés leur traversée « terrifiante » de la frontière, en raison du harcèlement exercé par les forces loyales à Al-Qadhafi.  Dans un contexte où la situation pourrait s’aggraver, avec notamment le risque d’effondrement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, l’Europe et les pays voisins doivent garder leurs frontières ouvertes, a souligné M. Ban.


Le Secrétaire général a donc exhorté le Conseil de sécurité à envisager une large gamme d’options pour mettre fin aux violences et assurer la protection des civils, qu’il s’agisse de l’imposition de sanctions financières et commerciales, de mesures ciblées contre les dirigeants du pays, telles que des interdictions de voyager ou le gel de leurs avoirs financiers, ou d’un embargo total sur les armes en direction de la Libye.  M. Ban a annoncé qu’il se rendrait lundi à Washington pour en discuter avec le Président Obama et des représentants du Congrès.


Concernant la situation en Côte d’Ivoire, le Secrétaire général s’est dit très préoccupé par les affrontements entre les forces proches de M. Gbagbo et des groupes armés de l’opposition et des forces nouvelles qui ont éclaté dans plusieurs zones de la capitale, Abidjan.  Déplorant un nombre significatif de victimes civiles, Ban Ki-moon a exhorté « les forces proches de M. Gbagbo à mettre fin aux violences et à cesser d’entraver les activités de maintien de la paix de l’ONUCI ».


Après avoir regretté que les attaques contre les civils et des violations des droits de l’homme aient continué d’avoir lieu alors que le Panel de haut niveau de l’Union africaine effectuait une visite en Côte d’Ivoire, le Secrétaire général a souligné que « le peuple ivoirien et la communauté internationale comptent toujours sur cette initiative pour trouver une issue pacifique à la crise ». 


Pour ce qui est de la situation au Darfour, M. Ban a fait savoir que les parties aux négociations de Doha étudiaient actuellement un projet d’accord, auquel, a-t-il dit, « il est essentiel que la communauté internationale apporte tout son appui ».  Le Secrétaire général a en outre indiqué que la MINUAD effectuait des patrouilles pour vérifier les allégations d’affrontements et de déplacements massifs dans le Nord-Darfour.


Enfin, Ban Ki-moon a fait observer qu’il avait rencontré aujourd’hui le Président de la Guinée équatoriale, M. Obiang Nguema Mbasogo, et le Président du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, les deux hommes étant tombés d’accord pour porter devant la Cour internationale de justice le différent frontalier qui les oppose et qui concerne l’île de Mbagne. 


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