Quatrième Commission: la technologie spatiale doit servir le développement durable dans les pays en développement, estiment des délégations
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Quatrième Commission
9e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: LA TECHNOLOGIE SPATIALE DOIT SERVIR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS
Elles soulignent aussi le rôle central de la coopération dans le domaine spatial
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a achevé ce matin son débat général entamé mardi et consacré à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.
Au cours de ce débat, la majorité des délégations a déclaré que les retombées de la recherche et de la technologie spatiale devraient bénéficier à tous les États, et en particulier aux pays en développement, dans le but de leur permettre d’atteindre un développement durable. Les délégations du Pakistan et des Philippines ont ainsi estimé que la communauté internationale devrait développer une vision commune sur la question. La contribution du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20) est essentielle, a quant à lui estimé le représentant de Cuba, qui a souligné que la manière dont devront être abordés les changements climatiques et la sécurité alimentaire dépendra en large partie des applications des nouvelles technologies spatiales. La mise à la disposition de tous les pays des technologies spatiales pourrait, par exemple, concerner les informations recueillies dans le domaine de la surveillance et de la gestion des catastrophes naturelles ou des images satellitaires à forte résolution, a fait remarquer la délégation des Philippines.
Le rôle de la coopération, tant aux niveaux international que régional, a aussi été souligné par les délégations au cours de ce débat général. Compte tenu du fait que l’objectif de parvenir à la pleine autonomie spatiale de chaque État n’est pas réalisable, il devient urgent de disposer d’un cadre de coopération bilatérale et multilatérale plus important, ont encore estimé les délégations. Dans ce cadre, le représentant de la Malaisie a indiqué que son pays dispose d’un projet de programme satellitaire destiné à mener des études sur les zones bordant l’équateur. Ce programme est financé pour l’instant à hauteur de 66 millions de dollars, et la Malaisie cherche des partenariats avec tout pays qui serait intéressé.
Au titre des réussites de la coopération, l’Afrique du Sud et le Nigéria ont rappelé qu’au niveau africain une coopération régionale a déjà permis de mettre sur orbite trois satellites dans le cadre du programme « Constellation satellitaire pour la gestion des ressources africaines », et que d’autres projets sont en cours, notamment avec le soutien des pays de la région d’Afrique australe, pour mettre en orbite un quatrième satellite.
Les délégations ont insisté sur la nécessité de conserver le caractère pacifique de l’espace, y compris en le préservant de toute activité militaire. En tant qu’héritage commun, l’espace extra-atmosphérique doit être libre de tout déploiement de matériaux militaires, a par exemple estimé le Pakistan, avant de suggérer la mise en place d’un cadre de régulations et d’inviter le COPUOS et la Conférence du désarmement à travailler ensemble dans ce sens.
La Quatrième Commission continuera ses travaux mardi, le 18 octobre, à 15 heures, pour aborder les questions relatives à l’information.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (A/66/20 et A/C.4/66/L.2)
Suite du débat général
M. RAM GOPAL YADAV (Inde) a présenté les développements récents du programme spatial de l’Inde. À titre d’exemple, il a cité le fait que, le 20 avril 2011, le véhicule de lancement satellite polaire (PSLV C-16) a réussi à placer ResourceSat-2 et deux satellites auxiliaires sur leurs orbites. En mai 2011, le satellite de communication GSAT-8 a également été lancé par Arianespace à partir de Kourou, en Guyane française. Ce satellite transporte 24 transpondeurs Ku-Band. De plus, la mission satellite commune entre l’Inde et la France pour le suivi de l’atmosphère tropicale, Megha-Tropiques, a prévu de le lancer au cours du mois d’octobre 2011. Les données obtenues à partir de ce satellite seront utilisées par la communauté scientifique internationale, y compris NASA, NOAA et EUMETSAT. Megha-Tropiques sera l’un des huit satellites de la constellation mondiale de satellites destinés à mesurer les précipitations, a encore précisé le représentant, qui s’est félicité de cet exemple concret de coopération internationale pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. À cet égard, il a précisé que son pays a passé des accords de coopération dans ce domaine avec 35 pays et organisations internationales. Il a ajouté que la politique de l’Inde consiste à traduire le plus souvent possible les progrès des technologies spatiales en application favorisant le développement national.
M. TAHIR HUSSAIN ANDRABI (Pakistan) a déclaré qu’il est important pour la communauté internationale de développer une vision commune sur l’utilisation avancée des fruits des recherches spatiales et de l’exploitation des système spatiaux dans le but de relever les défis en matière de climat, de sécurité alimentaire et de santé mondiale. Le représentant a ensuite fait état des progrès faits par le Pakistan dans l’application des sciences et technologies spatiales en ce qui concerne la promotion du développement durable. Ainsi le pays dispose d’une agence spatiale spécifique, la Commission de recherche sur l’espace et la haute atmosphère du Pakistan (SUPARCO). Cet organe applique les sciences et technologies spatiales dans divers domaines comme l’agriculture, la télédétection, la surveillance des cours d’eau et de l’irrigation, ou encore dans le domaine de la géologie et de l’étude des minéraux. De même, le Pakistan dispose de son propre satellite, parfaitement opérationnel, PAKSAT-1R, qui permet un accès aux télécommunications mondiales, à la diffusion de données ou à l’Internet. Le représentant a également déclaré que le Pakistan rejoint l’appel en faveur d’un accès à l’espace qui soit libre pour tous les États et organisations, sans aucune discrimination. En tant qu’héritage commun, l’espace doit être libre de tout déploiement de matériaux militaires, a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, le Pakistan est en faveur d’une régulation et estime que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique et la Conférence du désarmement devraient travailler ensemble dans ce sens.
Mme CAROLINE FOGARTY (Australie) a rappelé que l’Australie avait signé tous les traités importants relatifs à l’espace et a appuyé la plupart des accords et résolutions pertinents existant dans ce domaine. L’Australie est en train de développer sa politique spatiale nationale qui doit donner une vision aux utilisations pacifiques des technologies spatiales et aux stratégies nécessaires pour y parvenir, a dit Mme Fogarty. Elle a expliqué que l’Australie accordait un intérêt particulier à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et aux moyens nécessaires pour mieux gérer et contrôler ces émissions. Pour cela il est impératif de pouvoir mesurer le niveau de ces émissions de gaz, et les technologies spatiales représentent un avantage incontestable dans ce domaine.
L’Australie fait l’estimation des quantités de ses émissions de gaz à effet de serre à partir d’une combinaison de données satellitaires et de données obtenues à partir de technologies reposant sur des éléments non spatiaux a expliqué Mme Fogarty. Elle participe activement au groupe GEO qui aide les pays à mettre en place leurs propres capacités d’observation de la Terre. Au sein de sa région, l’Australie est entrain d’installer une station de réception terrestre des données satellitaires a encore indiqué la représentante. En tant que pays d’accueil du dix-septième Forum régional Asie-Pacifique des agences spatiales, l’Australie a proposé que ce Forum attache plus d’importance au rôle des satellites d’observation de la Terre en tant que moyens d’obtenir des informations sur le climat. Ces données peuvent être mises au service de la lutte contre les changements climatiques, de la prévention des catastrophes naturelles, ainsi que de la gestion des terres dans la région, a encore estimé la déléguée.
M. GOBALAKRISHNAN NAGAPAN (Malaisie) a déclaré que son pays recherche des opportunités de collaborer avec d’autres pays dans le cadre d’un programme spatial focalisé sur les zones placées autour de l’Équateur. Pour cela l’agence spatiale de la Malaisie dispose déjà d’un budget de 66 millions de dollars pour lancer la phase finale d’un programme satellitaire. La Malaisie souhaite, pour développer ce programme, coopérer avec les pays intéressés, a insisté le représentant. Il a ensuite indiqué que son pays est déjà partie au programme « Sentinel Asia » qui unit déjà 87 participants de plus de 60 différentes organisations, issues pour la plupart de la région Asie-Pacifique. Par ailleurs, la Malaisie s’est engagée à devenir un centre d’assemblage des satellites, a poursuivi le représentant, tout en présentant les capacités techniques dont dispose le pays, notamment en matière de test des engins et des moteurs et de mesure de masses et de systèmes.
M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a déclaré que les Philippines se joignaient à l’appel lancé par les autres délégations en faveur du libre accès à l’espace, pour tous les pays, un accès qui doit se faire sans aucune discrimination. Les pays en développement, comme les Philippines, doivent être en mesure de bénéficier des retombées de la technologie spatiale, a-t-il poursuivi, tout en indiquant qu’au niveau national les Philippines disposent d’une administration dédiée aux sciences et aux technologues de l’espace. Pour autant, elles continuent de manquer de ressources, a-t-il ajouté. Il a aussi déclaré que son pays souffre d’un manque d’informations et de moyens dans le domaine de la surveillance et de la gestion des catastrophes naturelles et de leurs effets. Dans ce contexte, les Philippines réitèrent leur appel à la diffusion sans obstacles des informations relatives à ces phénomènes sans restrictions.
Pour M. OSCAR LEON (Cuba), le régime juridique actuel applicable à l’espace extra-atmosphérique est insuffisant pour éviter une course aux armements dans l’espace. Fort de ce constat, Cuba souhaite la conclusion d’un accord multilatéral sur la prévention d’une telle course aux armements. « Il en va de l’avenir prometteur des applications spatiales », a estimé le représentant pour qui le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) est appelé à jouer un rôle déterminant pour ce qui est de la finalisation des instruments juridiques destinés à garantir un usage pacifique et non discriminatoire de toutes les applications spatiales. Cuba estime que l’un des domaines d’application de ces technologies spatiales est la météorologie, a dit M. Leon. En s’appuyant sur des images satellitaires à forte résolution, il a été possible d’éviter des morts potentielles liées aux problèmes créés par les changements climatiques, a expliqué M. Leon. Compte tenu du fait que l’objectif de parvenir à la pleine autonomie spatiale de chaque État n’est pas réalisable, il devient urgent de disposer d’un cadre de coopération bilatérale et multilatérale plus important, de manière à ne pas laisser les pays en développement à la traîne, a encore averti le représentant. La contribution du COPUOS à la Conférence sur le développement durable de Rio (Conférence Rio+20), est, a-t-il estimé, essentielle, car la façon dont devront être abordés les changements climatiques et la sécurité alimentaire dépendra en large partie des applications des nouvelles technologies spatiales.
M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a déclaré que les Nations Unies doivent contribuer au renforcement des capacités dans le domaine de l’espace afin de le rendre accessible à tous les pays, y compris en menant des actions au niveau régional. En conséquence, le représentant s’est déclaré favorable à une stratégie de long terme pour atteindre ce but. Le représentant a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Kenya et le Nigéria ont, ensemble, coopéré dans le cadre d’un programme nommé « Constellation de satellites pour la gestion des ressources africaines ». Les données obtenues par les trois satellites faisant partie de ce programme permettront à l’Afrique de faire des progrès dans le domaine de l’agriculture. Le lancement d’un autre satellite est par ailleurs prévu en remplacement de l’un des trois qui sont en ce moment en orbite, et des négociations sont en cours à cet égard avec l’Inde et la Fédération de Russie. Dans le même sens, l’Afrique du Sud a récemment accueilli le premier congrès africain, consacré aux questions spatiales, qui a permis à de nombreux professionnels africains venant d’ailleurs de se rencontrer. Un autre programme visant l’installation d’un télescope en Afrique est en cours, en coopération avec certains pays de la sous-région d’Afrique australe et de l’Union africaine.
M. PETER OYEDELE (Nigéria) a déclaré que les technologies spatiales sont essentielles à la promotion du développement durable. Elles permettent de mieux comprendre et prévoir les changements environnementaux, y compris les changements climatiques, ainsi que de mieux planifier les développements de l’agriculture et leurs conséquences sur les établissements humains, a-t-il fait valoir. À la veille de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), le Nigéria appuie pleinement la mise en œuvre et les recommandations de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III), a dit M. Nwosa.
Le Nigéria estime qu’il faut impérativement éviter que l’exploration et l’exploitation de l’espace extra-atmosphérique ne prennent une nature compétitive ou militaire. Il doit s’agir d’un effort coopératif qui profite à la communauté internationale toute entière, a estimé le représentant. C’est pourquoi, le Nigéria soutient la constellation satellitaire ARM qui est vouée à satisfaire les besoins africains en matière d’images à haute résolution pour des applications orientées vers la gestion des ressources africaines, a-t-il souligné. Il s’agit d’une initiative régionale pour développer les technologies spatiales de l’Afrique, a encore expliqué le représentant. Cette initiative prouve la détermination de l’Afrique à recourir aux technologies spatiales au service du développement durable. D’ailleurs, le Nigéria a lancé, cette année, deux satellites à haute résolution, NigeriaSat-2 et NigeriaSat-X, qui doivent permettre d’améliorer la sécurité alimentaire et de mieux gérer les catastrophes naturelles et leurs conséquences, a encore indiqué le représentant.
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