Réunion internationale de l’ONU sur la question de Palestine: la question des prisonniers politiques palestiniens doit être inscrite sur l’agenda international
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RÉUNION INTERNATIONALE DE L’ONU SUR LA QUESTION DE PALESTINE: LA QUESTION DES PRISONNIERS
POLITIQUES PALESTINIENS DOIT ÊTRE INSCRITE SUR L’AGENDA INTERNATIONAL
(Adapté de l’anglais)
VIENNE, 8 mars -- À l’issue de deux jours de discussions sur la nécessité de s’occuper de la situation des prisonniers palestiniens, considérés comme prisonniers politiques par la partie palestinienne, qui se trouvent dans les prisons et centres de détention israéliens, les organisateurs de la Réunion internationale sur la question de Palestine, qui a eu lieu à Vienne, se sont ralliés aux propos du Ministre de l’Autorité palestinienne chargé des affaires relatives aux prisonniers, M. Issa Qarage. Ce dernier a fait valoir qu’il était essentiel « d’internationaliser » la question des prisonniers politiques palestiniens et de les traiter comme des prisonniers de guerre. Cette question doit être inscrite à l’ordre du jour de la communauté internationale concernant le processus de paix au Moyen-Orient.
Dans le document final de la Réunion, adopté au terme des deux jours de travaux qui ont eu lieu à Vienne, les participants ont notamment souligné que l’argument sécuritaire avancé par Israël, puissance occupante, ne justifiait pas les violations régulières du droit international humanitaire et des droits de l’homme auxquelles se livrent les forces d’occupation. Dans ce contexte, les actes de torture et autres mauvais traitements répétés infligés aux prisonniers palestiniens par Israël ont été vivement dénoncés par les participants à la Réunion.
Ils ont également exigé, dans le document final, qu’Israël relâche sans condition préalable tous les Palestiniens, y compris des femmes et des enfants, arrêtés du fait des activités de lutte contre l’occupation qu’ils ont menées. En outre, le document préconise qu’une inspection internationale, en bonne et due forme, soit menée sur les conditions dans lesquelles sont actuellement détenus les Palestiniens arrêtés par la puissance occupante. Il est par ailleurs rappelé dans ce document final que le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien avait demandé à plusieurs reprises que le soldat israélien Gilad Shalit soit libéré.
Avant l’adoption du document final par les participants à cette Réunion internationale des Nations Unies sur la question de la Palestine, a eu lieu une table ronde sur la question des prisonniers politiques dans le contexte plus large du processus de paix au Moyen-Orient. Pour l’un des intervenants à cette discussion, Mme Aisling Byrne, Coordonnatrice de projet de l’organisation « Conflicts Forum », basée à Beyrouth, « la militarisation a mis de coté l’aspect politique qui aurait dû prévaloir dans le processus de pays dans le Territoire palestinien occupé. Tout palestinien qui a un point de vue différent de celui qu’on veut imposer à l’opinion internationale est attaqué, déshumanisé, et qualifié de terroriste, tandis que son point de vue est délibérément vidé de toute signification politique. Ce processus se poursuit même une fois que la personne est emprisonnée ». « Sous couvert de bonne gouvernance et de construction d’un État, ce qui se passe véritablement en Cisjordanie est « la construction assidue d’un État policier », a accusé Mme Byrne. La construction d’un État palestinien ne signifie plus l’octroi d’une véritable indépendance aux Palestiniens ou la recherche d’une solution juste au conflit. C’est plutôt devenu la création d’une situation « d’occupation allégée ».
Une telle définition de l’édification d’un État correspond uniquement à la définition, par Israël, de ses propres exigences sécuritaires, et par conséquent des exigences que la puissance occupante a vis-à-vis des Palestiniens en termes de collaboration en matière de sécurité, a regretté Mme Byrne, en s’étonnant que cette démarche et ce principe semblent être acceptés par les États-Unis, le Quatuor et l’Union européenne. Elle a soutenu que pour les prisonniers politiques palestiniens, la lutte, la contestation et la résistance sont une expression de leur existence et un moyen d’affirmer leur dignité, leur respect de soi et leurs droits.
De son côté, Mme Ann Clwyd, Présidente du Comité sur la question du Moyen-Orient de l’Union interparlementaire (UIP) et Membre du Parlement britannique, a expliqué que, grâce au travail du Comité des droits de l’homme de l’UIP, l’Union interparlementaire avait pleinement pris conscience du sort des prisonniers politiques palestiniens. L’UIP partage l’analyse que vient de faire Mme Byrne, a-t-elle indiqué. Tous les cas examinés par ce Comité montraient des violations flagrantes du droit international humanitaire et des droits de l’homme, en particulier pour ce qui est du droit à un procès juste et équitable et le droit à la liberté. L’examen de ces cas a permis de constater que les méthodes employées par Israël contrevenaient aux normes internationales de détention de prisonniers. L’UIP réclame donc la libération des membres du Conseil législatif palestinien détenus par Israël, a-t-elle précisé.
La Directrice du Département juridique du Comité public contre la torture en Israël, Mme Bana Shoughry-Badarne, a, pour sa part, axé son intervention sur la politique pratiquée depuis longtemps par Israël, qui autorise les enquêteurs et les services de renseignements à recourir à la torture. La torture est la toile de fond de l’occupation et a pour but ultime d’empêcher les Palestiniens d’accéder à l’autodétermination, a-t-elle avancé. Elle a également dénoncé le fait que les prisonniers palestiniens n’avaient pas droit à une représentation légale, étayant son propos par des cas concrets.
Pour sa part, l’intervention de M. Saleh Hijazi, chargé de recherches à Human Rights Watch, qui est palestinien et réside en Cisjordanie, a mis l’accent sur la nécessité de protéger les activistes palestiniens qui agissent de manière pacifique en non violente. La communauté internationale pourrait, selon lui, avoir un impact direct et concret en venant en aide à ces personnes qui défendent leurs droits et ceux de leur communauté. Elle pourrait intervenir dans les cas de communautés ou d’individus ayant fait l’objet d’arrestations pour avoir protesté contre la démolition de leurs maisons, la confiscation de leurs terres et la construction de colonies de peuplement israéliennes.
Intervenant dans le cadre de la discussion, suite à ces interventions, le Ministre de l’Autorité palestinienne chargé des questions relatives aux prisonniers, M. Issa Qarag, a précisé que 65% des prisonniers se trouvant dans les prisons israéliennes appartenaient à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), y compris 1 200 militaires palestiniens arrêtés alors qu’ils étaient au service de l’Autorité palestinienne.
Le représentant de l’Indonésie a exigé que les droits civils des prisonniers palestiniens soient enfin respectés et qu’ils soient indemnisés pour les pertes encourues du fait de leurs nombreuses années de détention.
De son côté, le représentant de la Ligue des États arabes a rappelé que les colonies de peuplement israéliennes implantées dans le Territoire palestinien occupé étaient interdites et illégales au regard du droit international, et que toute mesure visant à maintenir ou consolider ces colonies devraient être suspendues, en particulier à Jérusalem-Est. Pour lui, la politique et l’impunité dont jouit Israël se sont traduites par une escalade des violations, ce qui, à son tour, a attisé la colère des Palestiniens qui en sont victimes et bloqué le processus de paix.
Des représentants du Salvador et du Chili, ainsi que M. Qadura Fares, dirigeant du Club des prisonniers palestiniens de Ramallah, et M. Roberto Garreton de l’organisation « Human Rights Lawyers » ont également participé à la discussion.
À l’issue des échanges, le Rapporteur du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Saviour Borg (Malte), a présenté les remarques de clôture des organisateurs.
L’Observateur permanent de la Palestine auprès de l’ONU, M. Riyad Mansour, a remercié le Comité d’avoir organisé, pour la première fois en 35 ans, une conférence dont le thème central était celui des prisonniers palestiniens. « Dans chaque cellule, dans chaque coin des prisons israéliennes, un prisonnier palestinien attendait que son histoire soit rapportée et entendue, pour enfin retrouver sa liberté et exposer le sort qui lui a été fait au niveau de l’opinion internationale, de manière à ce que cette triste expérience puisse contribuer à la construction de la société palestinienne et de l’État palestinien ». « Faites nous confiance », a demandé M. Mansour aux participants à la Réunion internationale, « nous sommes le peuple de la première Intifadha, celui qui a amené la première révolution, bien avant que cela ne devienne « tendance », bien avant qu’on se mette, au Moyen-Orient, à renverser des dictateurs et des dictatures! »
Dans ses remarques de clôture, M. Abdou Salam Diallo (Sénégal), Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a estimé qu’il y avait peu de sujets qui soient aussi politiquement sensibles que la question des prisonniers politiques palestiniens, mais qu’il fallait aborder ce point dans le contexte plus large du processus de paix, notamment pour inciter Israël à mettre un terme à ces graves violations des droits de l’homme. Tout règlement du conflit palestino-israélien doit se fonder sur la légitimité internationale, a-t-il souligné. Dans ce contexte, M. Salam Diallo a évoqué les tensions qui ont justifié la saisine du Conseil de sécurité le mois dernier, pour qu’il débatte d’une résolution exigeant l’arrêt des activités israéliennes de colonisation. Ce projet de résolution a malheureusement fait l’objet d’un veto d’un membre permanent du Conseil de sécurité.
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