Le Secrétaire général fixe à l’Assemblée générale « cinq impératifs » pour « façonner le monde de demain »
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
11e, 12e & 13 séances plénières
Matin - après-midi & soir
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL FIXE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE « CINQ IMPÉRATIFS » POUR « FAÇONNER LE MONDE DE DEMAIN »
Le débat général s’ouvre avec
en toile de fond la question du statut de la Palestine aux Nations Unies
L’Assemblée générale a ouvert, aujourd’hui, le débat général de sa soixante-sixième session avec un appel que le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a adressé aux dirigeants de la planète -dont la population atteindra bientôt sept milliards- à se plier à « cinq impératifs » pour « façonner le monde de demain ».
L’ouverture du débat général, qui correspondait à la Journée internationale de la paix, aura également été marquée par la question du statut de la Palestine à l’ONU, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, estimant qu’« il n’y a pas de raccourci pour parvenir à la paix et qu’elle ne peut être obtenue au moyen de déclarations et de résolutions », tandis que son homologue français, M. Nicolas Sarkozy, plaidait pour une « étape intermédiaire » vers la pleine reconnaissance d’un État palestinien.
« Il y a devant nous cinq impératifs, cinq grandes choses que nous pouvons décider de faire aujourd’hui pour façonner le monde de demain », a déclaré le Secrétaire général, qui présentait son rapport* sur l’activité de l’Organisation. La première priorité « et la plus importante, c’est le développement durable », a-t-il souligné, demandant aux État Membres de « parvenir à un accord contraignant sur les changements climatiques ».
M. Ban a en outre appelé à investir dans l’éducation et dans la santé des femmes et des enfants, et à « redoubler d’efforts » pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et dépasser l’horizon 2015.
« La deuxième grande occasion à saisir a pour nom la prévention », a-t-il poursuivi. Il a notamment estimé que l’ONU devait se concentrer sur la prévention des conflits, des violations des droits de l’homme et des catastrophes naturelles. « N’oublions pas qu’en fin de compte, la meilleure prévention, c’est le développement », a-t-il dit.
« Créer un monde plus sûr » est le troisième impératif, a ajouté le Secrétaire général. Après avoir rappelé les événements en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Iraq, au Darfour, au Soudan, en République démocratique du Congo (RDC) ou au Moyen-Orient, il a souhaité que des mesures novatrices soient prises pour « tirer tout le parti possible de cette force salutaire qu’est le maintien de la paix des Nations Unies ». Il a également supplié la communauté internationale de sauver de la famine « les enfants de la corne de l’Afrique ».
« Quatrième chose à faire: appuyer les nations en transition. » M. Ban a ainsi retracé les « événements extraordinaires qui se sont produits cette année en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». « Faisons en sorte que le printemps arabe soit vraiment la saison de l’espoir pour tous », a-t-il enchaîné, évoquant les situations en Libye et en Syrie. Enfin, il a invité la communauté internationale à « faire beaucoup, beaucoup plus pour et avec les femmes et les jeunes ».
De son côté, le Président de l’Assemblée générale, l’Ambassadeur Nassir Abdulaziz Al-Nasser, du Qatar, qui a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, « le plus récent de nos États Membres », a expliqué le thème du débat général, « le rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques », affirmant que la nécessité de trouver une issue pacifique aux conflits se faisait plus pressante que jamais.
Première femme de l’histoire de l’ONU à ouvrir le débat général de l’Assemblée générale, la Présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, a exprimé sa conviction que « ce siècle sera celui des femmes ». De même, elle a défendu un « nouveau type de coopération » entre les pays développés et les pays émergents, qui constituerait une occasion historique pour redéfinir les engagements gouvernant les relations internationales.
Le Président Obama, qui a notamment jugé que le temps était venu pour le Conseil de sécurité de « sanctionner le régime syrien », s’est attardé sur le conflit au Moyen-Orient, estimant qu’il était prématuré de reconnaître pleinement le statut d’État Membre de l’ONU à la Palestine. « La paix est un travail difficile, et ne sera pas obtenue au moyen de déclarations et de résolutions à l’ONU », a-t-il dit. « Il n’y a pas de raccourci possible » et « en fin de compte, ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui doivent vivre côte à côte et doivent régler leurs différends », a-t-il ajouté, qualifiant d’« inébranlable » l’attachement des États-Unis à la sécurité d’Israël.
Le Président Sarkozy a, quant à ºlui, appuyé le droit des Palestiniens à obtenir la création d’un État palestinien démocratique, viable et pacifique qui serait, pour Israël, la meilleure garantie de sa sécurité. Notant qu’une reconnaissance du statut d’État Membre de l’ONU ne pouvait être obtenue dans l’immédiat, il a proposé une « étape intermédiaire » consistant à envisager pour la Palestine le statut d’État observateur. « Ce serait un pas important qui permettrait de sortir de 60 ans d’immobilisme qui fait le lit des extrémistes », a-t-il observé.
Pour leur homologue du Liban, M. Michel Sleiman, il est « grand temps », en tout cas, de « parvenir à une entente historique après des décennies marquées par des sentiments d’injustice et d’hostilité, qui ont aussi été des décennies de guerres et d’occasions manquées ». « Les négociations doivent se poursuivre afin de régler de manière définitive les quatre questions clefs, à savoir les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les colonies de peuplement », a exhorté le Roi Abdullah de Jordanie.
Le Président du Nigéria, M. Goodluck Ebele Jonathan, a constaté que si, aujourd’hui, tous les pays africains avaient atteint l’autodétermination, il restait néanmoins encore beaucoup à faire pour construire des « États viables » sur les principes de la participation populaire, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme ». Il a aussi préconisé une réforme du Conseil de sécurité, « seule manière de démontrer que toutes les nations sont sur un pied d’égalité aux Nations Unies ».
* A/66/1
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)
Présentation par le Secrétaire général de son rapport annuel
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a présenté cinq impératifs qu’il a nommés « cinq opportunités générationnelles ». La première et la plus grande est le développement durable qui est l’impératif du XXIe siècle, a-t-il dit, en espérant que « Rio+20 » soit un succès et que nous fassions des progrès déterminants en matière de changements climatiques. Il a insisté que l’énergie est la clef de notre planète, de notre mode de vie en citant le lancement d’une nouvelle initiative pionnière: « Énergie durable pour tous ». Il a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans l’éducation et dans la santé des femmes et des jeunes et de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Le Secrétaire général a ensuite mis l’accent sur la prévention en rappelant que le budget annuel de maintien de la paix atteint à ce jour près de 8 milliards de dollars. Il a estimé qu’il était essentiel de prévenir les violations des droits de l’homme, de promouvoir l’état de droit et de lutter contre l’impunité.
Le troisième impératif est de construire un monde plus sûr, ce qui est une des responsabilités clefs des Nations Unies. Faisant référence à la situation en Côte d’Ivoire, il a précisé qu’en collaboration avec les partenaires régionaux, l’ONU a su préserver la démocratie et les droits de l’homme pour cinq millions d’habitants. Il a cité les interventions de l’ONU en Afghanistan, en Iraq, au Darfour, au Moyen-Orient, en République démocratique du Congo et au Libéria. Nous devons être innovants et maximiser la force du bien que représentent les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Aujourd’hui, nous sommes capables d’intervenir plus vite et de manière plus efficace et nous continuerons, s’est-il félicité, en rappelant que l’ONU était la première organisation de secours dans le monde, qui est intervenue en particulier au Pakistan et en Haïti. Il a mis l’accent sur le rôle du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence (CERF) en appelant les États Membres à répondre à l’appel des enfants de la corne de l’Afrique et de la famine qui sévit en Somalie.
La quatrième priorité est d’appuyer les pays en transition, a-t-il insisté. Nous devons faire en sorte, a-t-il dit, que le printemps arabe se traduise par un espoir pour tous. Il a précisé que l’ONU allait créer une mission d’assistance à la Libye. S’agissant de l’escalade de la violence en Syrie, il a regretté que le Gouvernement syrien n’ait jamais respecté ses promesses de mettre en œuvre des réformes et cesser les violences. Il a mis l’accent sur les besoins particuliers des pays sortant des conflits, en estimant qu’il faudra aider à remettre sur pied les dispositifs judiciaires et les services publics, à organiser des élections ou écrire une nouvelle constitution.
Enfin, M. Ban a souligné qu’il était impératif de faire beaucoup plus en direction des femmes et des jeunes. Les femmes, qui portent une moitié du ciel, représentent des opportunités immenses. C’est pourquoi, elles doivent participer à l’administration publique et à la gestion des entreprises, a-t-il insisté, en se félicitant de l’entrée en fonctions en janvier dernier d’ONU-Femmes, un instrument de changement puissant et dynamique. Il s’est dit particulièrement heureux de voir autant de femmes participer cette année au débat général de l’Assemblée générale. Il a salué en particulier la présence de Mme Dilma Rousseff, Présidente du Brésil, qui sera la première femme chef d’État à ouvrir le débat général. Nous mettrons aussi l’accent sur les jeunes qui sont notre avenir, a-t-il dit en soulignant l’importance de trouver de nouveaux moyens de créer des emplois pour les jeunes à travers le monde.
Par ailleurs, le Secrétaire général a déclaré que nous devons évoluer avec notre temps, en estimant que la transparence et la responsabilité doivent demeurer nos maîtres mots. Il a reconnu la nécessité de rationaliser la procédure budgétaire et d’aider l’ONU à faire les choses à un prix qu’aucun pays ne pourra battre à lui seul. « Nous devons nous efforcer, a-t-il ajouté avant de conclure, de créer un corps de fonctionnaires plus moderne et plus mobile, une ONU plus rapide et plus souple, une ONU qui innove et tire parti des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, une ONU qui aide à régler des problèmes réels en temps réels ».
Ouverture du débat général
« 2011 est de toute évidence l’année des nouveaux horizons », a déclaré d’emblée M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale. Il a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, « le plus récent de nos États Membres », ajoutant que la question de la Palestine serait particulièrement cruciale au cours de cette session. Pour répondre aux questions critiques qui figurent à l’ordre du jour de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, il a appelé les États Membres à faire preuve de volonté politique, à prendre part à un dialogue ouvert et à une collaboration proche, ainsi qu’à la consolidation du consensus. Il a indiqué accorder beaucoup de valeur à la coopération Sud-Sud et triangulaire, au dialogue entre les civilisations et à l’avancement d’une culture de paix.
M. Al-Nasser a ensuite indiqué qu’il avait identifié quatre domaines prioritaires pour cette session, à savoir le règlement pacifique des conflits, la réforme et la revitalisation de l’ONU, l’amélioration de la prévention des catastrophes, ainsi que le développement durable et la prospérité mondiale. Il a notamment engagé les États Membres à poursuivre leurs efforts de revitalisation de l’Assemblée générale afin que l’organe puisse maintenir la place qui lui revient au cœur du processus de prise de décisions mondiales. Il a également fait part de son engagement à faire avancer la réforme du Conseil de sécurité. M. Al-Nasser a ensuite indiqué son intention de centrer l’attention de l’Assemblée générale sur la crise humanitaire qui prévaut actuellement en Somalie. Faisant observer que la population mondiale comptera sept milliards de personnes le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale a estimé que les efforts consacrés au développement durable et à la prospérité mondiale revêtaient une urgence notable. Il a ensuite engagé les États Membres à obtenir le consensus et à adopter des « mesures urgentes » lors des différentes conférences internationales qui auront lieu cette année autour du thème du développement durable.
Passant ensuite au thème du débat général, « Le rôle de la médiation dans le règlement des différends », M. Al-Nasser a affirmé que la nécessité de trouver une issue pacifique aux conflits se faisait plus pressante que jamais. Il a notamment évoqué l’adoption, lors de la soixante-cinquième session, de la toute première résolution de l’Assemblée générale sur la médiation. « Il est de la plus haute importance pour les États Membres de s’engager activement dans la mise en œuvre de cette résolution et de participer aux autres activités de l’Assemblée générale dans le domaine de la médiation », a affirmé le Président, qui a ajouté qu’il accorderait une haute priorité à cette question au cours de cette session afin de la rendre effective de manière à en faire « une véritable capacité multilatérale ». Avant de conclure, il a souligné qu’il était pertinent que les dirigeants du monde se soient réunis aujourd’hui en cette Journée internationale de la paix.
« Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, la voix d’une femme ouvre le débat général de l’Assemblée », a déclaré ce matin Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil. « La voix de la démocratie et de l’égalité résonne et c’est avec humilité, mais également avec ma fierté justifiée de femme, que je viens au rendez-vous de ce moment historique », a déclaré Mme Rousseff qui a dit être certaine « que ce siècle sera celui des femmes ».
Évoquant ensuite la situation « extrêmement délicate » que connaît le monde actuel, et notamment la crise économique, la Présidente du Brésil a engagé les États Membres à trouver des solutions « collectives, rapides et réelles », estimant que « cette crise est trop grave pour la laisser continuer à être gérée par un petit groupe d’États ». Tous les pays souffrent des conséquences de cette crise, et tous ont le droit de participer à sa résolution, a-t-elle souligné. Elle a fustigé les dirigeants des pays développés pour « leur manque de volonté politique, leur refus de mobiliser les ressources nécessaires, et le manque de clarté dans leurs idées », les accusant d’être « pris dans un piège qui ne leur permet pas de différencier entre leurs intérêts partisans et les intérêts légitimes de la société ».
S’inquiétant de l’augmentation du chômage, « le visage le plus amer de la crise », elle a estimé essentiel de combattre ce fléau et de l’empêcher de se propager dans d’autres régions de la planète. Elle a appelé à un « nouveau type de coopération » entre les pays développés et les pays émergents, une coopération qui serait une occasion historique pour redéfinir les engagements qui gouvernent les relations internationales. Mme Rousseff a, par ailleurs, souhaité une intensification des efforts de coordination entre les États Membres de l’ONU, le G-20 et le Fonds monétaire international (FMI). Les politiques fiscales et monétaires doivent être l’objet d’un examen approfondi, et les solutions apportées à la crise de la dette doivent aller de pair avec la croissance économique, a-t-elle notamment estimé. De l’avis de la Présidente, la priorité de l’économie mondiale doit être de résoudre les problèmes des pays qui connaissent une crise de la dette souveraine et d’inverser ainsi « la marée récessive ». Elle a appelé les pays ayant un important surplus à contribuer au rétablissement de la demande globale, tout en estimant par ailleurs qu’il est nécessaire de renforcer la surveillance des systèmes financiers, de faire face aux tentatives de manipulation des taux de change, et de réformer les institutions financières multilatérales tout en y acceptant une participation croissante des pays émergents.
Mme Rousseff a ensuite évoqué le « printemps arabe » et a rejeté toute « répression brutale » des populations civiles. Elle a indiqué que la communauté internationale ne pouvait se borner à intervenir uniquement dans des situations extrêmes, et a estimé que le monde actuel souffrait des conséquences douloureuses d’interventions venues de l’extérieur qui ont très souvent aggravé des conflits déjà en cours au lieu de les calmer. On parle beaucoup de la « responsabilité de protéger » mais très peu de la responsabilité dans la protection, et ce sont là des concepts sur lesquels nous devons être d’accord et mettre au point ensemble, a-t-elle préconisé. La Présidente du Brésil a également estimé qu’il était urgent de résoudre la question que pose de plus en plus la perception d’un certain manque de légitimité du Conseil de sécurité. Cette question ne peut être résolue qu’à travers la réforme du Conseil, a souligné Mme Rousseff en notant que le Conseil manque de représentativité, ce qui mine sa crédibilité et son efficacité. Le monde a besoin d’un Conseil de sécurité dont la composition et les prérogatives soient le reflet des réalités actuelles, a affirmé Mme Rousseff avant d’indiquer que le Brésil était prêt à assumer les responsabilités de membre permanent de cet organe.
Poursuivant, la Présidente du Brésil a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, qui est devenu le 193e État Membre des Nations Unies, pour ensuite regretter que le cas de la Palestine tarde à être réglé. Il est temps que la Palestine soit pleinement reconnue comme État Membre à part entière à l’ONU, a déclaré Mme Rousseff en soulignant que son pays reconnaissait déjà l’État de Palestine dans les frontières qui existaient en 1967 avant le conflit.
Mme Rousseff a ensuite indiqué que le Brésil était fermement engagé à conclure un accord « global, détaillé et ambitieux » pour lutter contre les changements climatiques. Elle a également affirmé que la lutte contre la pauvreté était la meilleure politique de développement, et qu’une véritable politique des droits de l’homme devait se fonder sur la réduction des inégalités entre les personnes, les régions et les sexes. Elle s’est félicitée que le Brésil ait pu progresser politiquement, économiquement et socialement sans mettre en péril une seule de ses libertés démocratiques. Elle a déclaré être confiante que la pauvreté extrême sera éliminée au Brésil d’ici à la fin de son mandat, ajoutant que les femmes y ont joué un « rôle fondamental » pour surmonter les iniquités sociales.
M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis d’Amérique, a souligné la difficulté de rechercher la paix dans un monde imparfait. Il a rendu ainsi hommage à l’ancien Président américain Franklin Delanoe Roosevelt qui savait qu’une victoire au milieu d’une guerre ne suffisait pas. « Nous devons non seulement instaurer la paix, mais une paix durable », a-t-il déclaré. « Une paix durable pour les nations et pour les personnes dépend d’un sentiment de justice et de possibilité de la dignité et de la liberté, de luttes et de sacrifices, de compromis et d’un sentiment d’humanité commune », a-t-il expliqué. On ne peut pas éviter la guerre s’il y a des convulsions dans d’autres parties du monde, a-t-il ajouté. La paix est difficile à réaliser, mais nos peuples l’exigent, a-t-il affirmé.
Selon M. Obama, il y a encore des convulsions dans le monde qui nous mettent tous en péril. Il a rappelé avoir pris ses fonctions alors que son pays était engagé dans deux guerres. Nous avons établi aujourd’hui un nouveau cap, a-t-il dit, faisant état du retrait américain de l’Iraq. De même, les États-Unis avec les forces de la coalition ont commencé une phase de transition en Afghanistan jusqu’en 2014. La marée de la guerre se retire, a-t-il dit, indiquant qu’au moment de sa prise de fonctions, environ 180 000 soldats américains étaient actifs en Afghanistan et en Iraq. À la fin de cette année, cet effectif sera réduit de moitié, puis continuera de diminuer, a-t-il assuré.
Évoquant le renouveau de New York, avec la construction de la nouvelle tour de Ground Zero, le Président américain a également souligné qu’Oussama Ben Laden ne mettra plus jamais en danger la paix dans le monde. « Nous sommes maintenant au carrefour de l’Histoire avec la possibilité d’agir pour la paix », a-t-il déclaré. « Nous devons retrouver la sagesse de ceux qui ont créé l’ONU », a-t-il ajouté.
Le Président américain a par ailleurs observé que les 12 derniers mois avaient constitué une année de transformation extraordinaire. Il a ainsi rappelé les situations qui ont prévalu au Soudan du Sud, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Égypte ou en Libye, rendant à chaque fois hommage aux peuples.
En Libye, la volonté de la coalition a été inébranlable et la volonté du peuple libyen a été respectée, a-t-il dit. Aujourd’hui, la Libye est libre, a poursuivi M. Obama, en mettant l’accent sur le rôle rempli par la communauté internationale. « Nous avons pour responsabilité de soutenir la nouvelle Libye et le Gouvernement libyen », a-t-il déclaré.
Kadhafi, Gbagbo, Ben Ali ne sont plus au pouvoir, a affirmé le Président américain. Ben Laden est mort, emportant avec lui l’idée que le changement peut venir avec la violence, s’est-il félicité. Les tyrans tremblent, les jeunes rejettent la dictature, les séparations entre races, religions et civilisations, a-t-il observé, relevant également le pouvoir de la technologie.
Le Président des États-Unis a également évoqué les situations en Iran et en Syrie, ce dernier pays où, a-t-il précisé, des femmes et des enfants sont torturés. Le peuple syrien fait preuve de dignité et de courage dans la recherche de la justice, a-t-il dit, ajoutant que des personnes mouraient pour défendre les valeurs de l’ONU. Nous devons nous exprimer à l’unisson, a-t-il déclaré. Il n’y a pas d’excuse pour justifier l’inaction. Le moment est venu pour le Conseil de sécurité de sanctionner le régime syrien, a ajouté M. Obama.
Après avoir en outre évoqué les situations au Yémen et au Bahreïn, le Président américain a estimé que toutes les nations devaient choisir leurs propres caps correspondant aux aspirations de leurs peuples. Mais, a-t-il dit, nous défendrons les droits universels adoptés par l’Assemblée générale, notamment ceux à des élections libres et honnêtes, à une justice équitable, les droits des femmes. Les États-Unis continueront de soutenir les nations qui recherchent une transition vers la démocratie, a-t-il assuré.
M. Obama a ensuite abordé une question qu’il a qualifiée de « mise à l’épreuve de la politique américaine ». Il a ainsi rappelé qu’il y a un an, il s’était adressé devant la même Assemblée générale, plaidant en faveur d’une Palestine indépendante. Il s’est dit convaincu que le peuple palestinien méritait son propre État. Mais une paix authentique ne peut être instaurée qu’entre les Palestiniens et les Israéliens eux-mêmes, a-t-il estimé.
Un an plus tard, les parties n’ont pas surmonté leurs divergences, a-t-il constaté, notant que les États-Unis s’appuyaient sur une ligne très claire. Les Israéliens, a-t-il expliqué, doivent savoir que tout accord doit être assorti d’une garantie de sécurité, tandis que les Palestiniens doivent connaître les limites territoriales de leur propre État.
La question est de savoir comment atteindre cet objectif, a-t-il dit. Il n’y a, selon lui, pas de raccourci possible. La paix est un travail difficile, et ne sera pas obtenue au moyen de déclarations et de résolutions à l’ONU. En fin de compte, ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui doivent vivre côte à côte et doivent régler leurs différends, a déclaré M. Obama, rappelant l’exemple de l’Irlande du Nord et du Soudan. Il a mis l’accent sur l’importance de rechercher un avenir où les Palestiniens vivront dans un État souverain, sans limites de possibilités.
Les États-Unis sont attachés à la sécurité d’Israël. Cela est inébranlable. Toute paix durable doit prendre en compte les exigences de sécurité d’Israël, a-t-il déclaré. Chaque partie a des aspirations légitimes, voilà pourquoi la paix est si difficile à instaurer, a-t-il ajouté, estimant que l’on ne sortira de l’impasse que lorsque chaque partie se mettra à la place de l’autre. C’est ce que nous devons promouvoir, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité pour les parties de revenir à la table des négociations.
« Nous devons lutter contre les ennemis communs de l’humanité », a également affirmé M. Obama, citant les armes nucléaires, la pauvreté, l’ignorance, les maladies. « Ensemble, nous devons affronter ces menaces », a-t-il ajouté. Dans le domaine nucléaire, les États-Unis, qui continueront de travailler pour l’interdiction totale des essais nucléaires, se sont engagés à s’acquitter de leurs propres obligations et à renforcer les traités. Le Gouvernement iranien, a-t-il dit, ne s’est pas acquitté de ses obligations, tandis que la Corée du Nord n’a pas pris de mesures concrètes pour abandonner ses armes et continue ses activités belligérantes contre la Corée du Sud. S’ils continuent, il faut isoler ces gouvernements et accroître la pression sur eux.
« Concernant la crise économique, nos sorts sont interdépendants », a-t-il poursuivi. « Nous essayons de relever les défis liés aux conséquences de la crise », a-t-il dit, précisant que les marchés restaient fragiles. Trop de personnes sont au chômage, trop ne font que survivre. Le Président américain a appelé, une nouvelle fois, à prendre d’urgence des mesures coordonnées. Les États-Unis, a-t-il affirmé, sont solidaires de leurs alliés européens alors que ceux-ci cherchent à renforcer leurs institutions et à surmonter leurs défis budgétaires.
M. Obama a en outre souligné l’importance de renforcer les systèmes de santé publique et de continuer la lutte contre le VIH/sida et le paludisme. Il a exhorté tous les pays à atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à faire en sorte que chaque pays puisse disposer des capacités de base pour garantir la santé publique. Le Chef de l’État américain a, de même, appelé à ne pas différer les mesures pour faire face aux changements climatiques. « Nous devons œuvrer ensemble pour transformer les sources d’énergie, a-t-il notamment estimé. Voilà quel doit être notre engagement en faveur des générations futures », a-t-il dit. Enfin, aucun pays ne peut se permette la corruption qui afflige le monde comme un cancer, a déclaré M. Obama, rappelant que son pays avait lancé un partenariat sur la gouvernance ouverte.
CHEIK HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, a déclaré qu’il venait d’une région qui est actuellement traversée par des révoltes. Les peuples de cette région, a-t-il poursuivi, appellent à des réformes qui leur permettront d’atteindre leurs objectifs et d’assumer leurs responsabilités. L’Émir du Qatar a assuré qu’il encourageait la promotion du dialogue entre les cultures et les civilisations, le renforcement et la consolidation des relations entre les peuples et le rapprochement des puissances sur la base des principes du droit et de la justice et du droit international. « Vous êtes tous conscients que le printemps arabe, avec tout ce qu’il représente pour l’histoire du monde arabe et l’histoire de l’humanité, impose des responsabilités très lourdes à l’ensemble du monde », a-t-il insisté. L’Émir du Qatar a indiqué que son pays avait toujours adopté une politique claire concernant ses relations avec les pays arabes, les questions régionales et internationales. Cette politique, a-t-il souligné, est fondée sur la compréhension, la réconciliation et l’harmonie entre les peuples et les nations.
Le Qatar, a-t-il soutenu, n’a pas ignoré l’appel à l’aide lancé par les populations civiles, victimes de la répression. Le changement doit se faire sur la base des normes et instruments de droit international régissant les relations internationales contemporaines, a-t-il rappelé. Il est nécessaire d’évoluer d’une situation où les États agissent individuellement à une situation où la communauté internationale agit en accord avec les normes de droit international, a-t-il souligné. Le système des Nations Unies doit également évoluer pour mieux répondre aux nouvelles réalités, a-t-il ajouté. L’Émir du Qatar a souhaité l’avènement d’un monde qui ne se résume pas à des seuls intérêts, mais qui recherche des accords confirmant les principes régissant des « comportements civilisés », tout en préservant l’unité des intérêts. Il a particulièrement regretté l’absence de tout progrès au Moyen-Orient en raison de l’intransigeance d’Israël. Il a attiré l’attention sur les souffrances des Palestiniens sous occupation en exhortant les États Membres à répondre à la demande légitime du peuple palestinien d’obtenir la reconnaissance d’un État palestinien auprès de l’ONU.
M. FELIPE CALDERÓN HINOJOSA, Président du Mexique, a tout d’abord estimé qu’il fallait « débureaucratiser » l’ONU afin qu’elle puisse être à même de relever les défis actuels. Il s’est penché sur le sort du milliard de personnes les plus pauvres au monde, s’inquiétant de l’augmentation constante du prix des aliments qui, a-t-il constaté, pousse ces personnes à s’enfoncer encore plus dans la pauvreté. C’est la faim qui, dans de nombreux endroits, a réveillé la conscience démocratique, a-t-il affirmé. Le Président Calderón Hinojosa a estimé que de nouvelles technologies s’imposaient pour assurer une meilleure sécurité alimentaire, observant par ailleurs que les changements climatiques contribuaient également à l’insécurité alimentaire. Il a également fustigé la spéculation financière sur le maïs et le blé. Il faut imposer des limites aux marchés, a-t-il dit.
Le Président du Mexique a ensuite fait remarquer que la criminalité transnationale organisée tuait en réalité plus de personnes que tous les régimes dictatoriaux réunis. Cette forme de criminalité est plus puissante que de nombreux gouvernements, a-t-il indiqué, évoquant ses ressources importantes découlant du trafic de stupéfiants et sa facilité d’accès aux armes et qui bénéficie, selon lui, des objectifs lucratifs de l’industrie de l’armement. Il a estimé urgent d’établir de meilleures mesures de contrôle dans les pays producteurs et vendeurs d’armes afin de ne plus alimenter les arsenaux des réseaux criminels. Il a également souhaité la poursuite des négociations sur un traité international sur le commerce des armes.
Évoquant ensuite les revenus de la vente de drogues qui avoisinent, selon lui, des dizaines de milliards de dollars, le Président du Mexique a estimé qu’il était plus nécessaire que jamais pour les pays connaissant un taux important de consommation de drogues de prendre des mesures efficaces pour en réduire la demande. Il a notamment observé qu’aux États-Unis, 30% des jeunes étaient consommateurs de drogues. S’ils ne parviennent pas à réduire cette demande ou s’ils se résignent à ce que cette consommation continue de croître, a averti M. Calderón Hinojosa, ces pays auront l’obligation morale de réduire les bénéfices économiques actuellement illimités des criminels et à envisager des alternatives afin d’éviter que l’argent du trafic de stupéfiants continue d’être source de violence et de morts, notamment en Amérique latine, dans les pays de la région des Caraïbes et dans certaines régions d’Afrique. Passant ensuite sur la question des changements climatiques, il a indiqué « avec fierté », que le Mexique avait beaucoup progressé pour résoudre les problèmes qui y sont liés, évoquant notamment l’issue de la Conférence de Cancún. Il a expliqué que le Mexique avait mis sur pied un mécanisme de transfert de technologie, ainsi qu’un mécanisme de réduction des émissions liées au déboisement. Observant que le Protocole de Kyoto prendra fin l’an prochain, il a estimé qu’il faudrait éliminer le « faux dilemme » qui veut que l’on choisisse entre croissance économique et la protection de l’environnement. M. Caldéron Hinojosa a ensuite passé en revue les grandes lignes du programme d’élimination de la pauvreté du Mexique et a annoncé que son pays atteindrait cette année la couverture médicale universelle pour ses citoyens. Concernant le conflit israélo-palestinien, le Président du Mexique s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre Israël et la Palestine et a souhaité qu’une solution « politiquement viable » soit trouvée pour permettre aux Israéliens et au Palestiniens de vivre en paix.
M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président du Kazakhstan, a déclaré que son pays était l’un des premiers États nouvellement indépendants du monde à devenir non nucléaire. Le Kazakhstan a en outre réussi à convoquer la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), à laquelle participent 29 pays qui représentent la moitié de la population mondiale. L’année dernière, le Kazakhstan a présidé l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et organisé un sommet à Astana. Cette année, a poursuivi M. Nazarbayev, le Kazakhstan préside l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui met l’accent sur le dialogue entre le monde islamique et l’Occident et combat l’islamophobie.
Le Président a enjoint les États Membres à préparer un projet de « déclaration universelle pour un monde exempt d’armes nucléaires ». Il a salué la signature du Traité entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la réduction progressive de leurs arsenaux nucléaires. « Nous pensons qu’il est important que tous les États qui font partie du « Club nucléaire » participent à ce processus », a-t-il insisté. « Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) ne marche pas ». Au XXIe siècle, seul un organe collégial tel que le Conseil de sécurité peut endiguer la course aux armements.
Sur le plan économique, M. Nazarbayev a estimé que la « raison d’être » des Nations Unies devrait être de prévoir les crises mondiales et d’éliminer leurs causes. Il faut, selon lui, établir un mécanisme de gouvernance économique mondiale avec une monnaie de réserve. Par ailleurs, le Président a fait valoir que « l’espace de l’information » était « aussi important pour l’avenir de l’humanité que les ressources minérales, l’air, l’eau ou l’espace extra-atmosphérique ». Préoccupé notamment par la sécurité sur l’Internet, il a estimé qu’il était important de mettre au point un cadre juridique sur l’espace mondial de l’information. Avant de conclure, M. Nazarbayev a annoncé la candidature du Kazakhstan à un poste non permanent au Conseil de sécurité pour 2017-2018 et appuyé la création d’un État palestinien.
M. NICOLAS SARKOZY, Président de la République française, a déclaré que le « printemps arabe » a levé une immense espérance de Tunis au Caire, de Tripoli à Damas, de Benghazi à Sanaa. Décevoir cette espérance, a-t-il prévenu, donnerait raison aux fanatiques qui n’ont pas renoncé à dresser l’Islam contre l’Occident. M. Sarkozy a dit que face à cette aspiration à la liberté et à la démocratie, que les peuples arabes ont si courageusement exprimée, nous ne pouvons pas répondre en perpétuant la tragédie de l’affrontement israélo-palestinien qui nourrit tant de souffrances et de rancœur. Ce miraculeux printemps des peuples arabes, qui fait partout souffler un vent nouveau, nous impose plus que jamais comme une obligation morale et politique de résoudre enfin le conflit du Moyen-Orient, a insisté le Président Sarkozy. Notant que la méthode utilisée jusqu’à présent a échoué, il a appelé à changer de méthode et de cesser de croire qu’un seul pays ou un petit groupe de pays pourra résoudre un problème d’une telle complexité. Tout en reconnaissant que la paix ne sera faite que par les Israéliens et par les Palestiniens, M. Sarkozy a estimé que fixer des conditions préalables à la négociation, c’était se condamner à l’échec. Tous les éléments d’une solution sont connus, a-t-il rappelé, en citant la Conférence de Madrid de 1991, le discours du Président Obama du 19 mai 2011, la Feuille de route, l’Initiative de paix arabe et les paramètres agréés par l’Union européenne. Face à 60 ans d’immobilisme, la France propose d’accueillir, dès cet automne, une conférence des donateurs afin que les Palestiniens puissent parachever la construction de leur futur État, a dit M. Sarkozy. Parce qu’il n’y a pas de solution parfaite, choisissons la voie du compromis, qui n’est pas un renoncement, qui n’est pas un reniement, mais qui permettra d’avancer, étape par étape, a-t-il ajouté.
Le Président de la France a appuyé le droit des Palestiniens à obtenir la création d’un État palestinien démocratique, viable et pacifique qui serait, pour Israël, la meilleure garantie de sa sécurité. Aux Israéliens qui demandent des garanties pour cette paix, il a dit avec force que la France serait immédiatement aux côtés d’Israël, si quiconque menaçait son existence. Notant qu’une reconnaissance pleine et entière du statut d’État Membre de l’ONU ne peut être obtenue dans l’immédiat, notamment en raison d’un manque de confiance entre les principaux acteurs, le Président Sarkozy a proposé une étape intermédiaire consistant à envisager pour la Palestine le statut d’État observateur aux Nations Unies. Ce serait un pas important qui permettrait de sortir de 60 ans d’immobilisme qui fait le lit des extrémistes. « Nous redonnerions un espoir aux Palestiniens en marquant des progrès vers le statut final », a-t-il assuré. L’objectif ultime c’est bien la reconnaissance mutuelle de deux États nations pour deux peuples, établis sur la base des lignes de 1967 avec des échanges de territoires agréés et équivalents. Il a demandé que l’Assemblée générale, qui en a le pouvoir, décide d’avancer, décide de sortir du piège mortel de la paralysie. Il serait trop accablant que l’Assemblée générale de l’ONU ne profite pas de l’opportunité du réveil des peuples arabes au service de la démocratie pour régler un problème qui fait le malheur de ces deux peuples qui, de toutes façons, sont condamnés à vivre côte à côte. « Rassurons Israël et donnons un espoir au peuple palestinien », a-t-il dit avant de conclure.
Mme CRISTINA FERNÁNDEZ, Présidente de l’Argentine, a souligné la nécessité de réformer les institutions financières multilatérales, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et l’ONU. Elle a relevé qu’en 2003, son pays était considéré comme une « brebis galeuse » par la communauté internationale, et que pendant les années 1990 l’Argentine avait servi de « cobaye » aux expérimentations menées par les institutions financières internationales. Elle s’est félicitée du fait qu’aujourd’hui l’Argentine ait réussi à restructurer sa dette de manière à ce qu’elle représente moins de 30% de son PIB, et que le pays ait connu une baisse de son taux de chômage.
Mme Fernández s’est ensuite penchée sur les liens existant entre l’augmentation du prix des denrées alimentaires et la spéculation financière. L’écart entre ce qui est produit et l’évaluation financière des stocks est consternant, a-t-elle observé. C’est là la source de la volatilité qui détruit de nombreux emplois à travers le monde pendant que certains spéculateurs en tirent des profits notables, a-t-elle déploré. Elle a appelé les organisations financières à réglementer les flux de capitaux dans le monde et à mettre un terme à l’instabilité. À moins de cela, a-t-elle averti, les efforts consacrés à la croissance économique des pays en développement seront mis à mal. La Présidente a estimé qu’il fallait accorder une attention particulière aux agences de notation, observant que les crises économiques finissaient toujours par avoir un impact sur les systèmes politiques. Il est impensable que des millions de personnes perdent leur emploi et leur sécurité sociale sans que cela entraîne des changements politiques profonds qui provoqueraient à leur tour d’autres crises économique susceptibles de déboucher sur une montée des totalitarismes, a-t-elle averti.
Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, Mme Fernández a estimé qu’il fallait y éliminer la catégorie de membre permanent ainsi que le droit de véto, « qui n’a de pertinence que dans un monde bipolaire ». Elle a fait savoir que l’Argentine avait reconnu l’État de la Palestine et a estimé que l’accession de la Palestine au statut d’État Membre profiterait à Israël. Persister à l’empêcher de devenir membre de l’Assemblée générale continuera de donner de la marge aux adeptes du terrorisme international et à la poursuite de leurs activités criminelles, a estimé la Présidente de l’Argentine pour qui l’exclusion de la Palestine provoquera davantage d’instabilité.
Mme Fernández a ensuite longuement évoqué la situation des îles Malvinas. Elle a notamment fait savoir que plutôt qu’insister pour obtenir l’exercice de la souveraineté sur ce territoire, son pays demandait simplement le respect des 10 résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, ce à quoi, a-t-elle regretté, s’est refusé le Royaume-Uni.
S’agissant du différend qui oppose son pays à l’Iran au sujet de l’attaque terroriste perpétrée contre une association juive en territoire argentin, Mme Fernández a rappelé que l’Argentine avait proposé qu’une cour établie dans un pays tiers et dont les membres seraient sélectionnés par accord mutuel soit chargée de mener l’enquête. Les messages récents de l’Iran illustrent certes un changement, mais ne constituent pas une forme de justice, a-t-elle dit. Sur cette question, tout comme pour la question des îles Malvinas, l’Argentine est ouverte au dialogue, a-t-elle ajouté.
M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a déclaré que cette session de l’Assemblée générale se tenait dans un contexte dominé par d’importantes questions arabes et par les efforts légitimes déployés pour la reconnaissance de l’État de Palestine et son admission comme membre à part entière des Nations Unies, questions qui s’ajoutent aux tensions persistantes dans la péninsule coréenne, aux évolutions positives sur le continent africain, aux efforts soutenus déployés pour contrôler les répercussions de la crise financière mondiale, aux catastrophes naturelles et à la persistance du terrorisme.
Le Liban, a souligné M. Sleiman, est engagé lui-même à respecter les principes ayant trait aux libertés civiles, en particulier celui de la liberté d’opinion et de croyance, et de la souveraineté populaire, de même que celui de l’alternance au pouvoir avec la participation active aux affaires publiques de toutes les communautés. Il a ajouté que son pays s’était engagé à respecter les résolutions de la légalité internationale, notamment celles qui sont relatives au Tribunal spécial pour le Liban. Le Président libanais a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de suivre les changements opérés dans le monde arabe afin que ces évolutions puissent servir ses intérêts communs, solidifier ses progrès et sa dignité tout en le préservant de tout basculement vers l’extrémisme, vers le chaos ou vers la division sur des bases sectaires ou religieuses.
Pour M. Sleiman, il est urgent d’imposer, dans le cadre d’un processus intégré, une solution juste et globale à tous les aspects du conflit au Moyen-Orient, sur la base des résolutions de la légalité internationale, des Termes de référence de Madrid, et de toutes les dispositions de l’Initiative de paix arabe. Il est grand temps de parvenir à une entente historique après des décennies marquées par des sentiments d’injustice et d’hostilité, qui ont aussi été des décennies de guerres et d’occasions manquées, a-t-il déclaré. M. Sleiman a ainsi mis l’accent sur l’importance des efforts palestiniens visant à faire reconnaître leur État et à le faire admettre, au sein des Nations Unies, comme État Membre à part entière. Néanmoins, un tel aboutissement ne saurait constituer une solution définitive à la question palestinienne, a-t-il indiqué. Il a ainsi souligné la nécessité de résoudre la question des réfugiés et celle du droit au retour.
Le Chef de l’État libanais a rappelé que son pays, il y a quelques jours, avait accueilli la deuxième Réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions. La Réunion s’est conclue par l’adoption de la « Déclaration de Beyrouth ». Ces armes, a-t-il dit, continuent de menacer des civils et des enfants innocents au Sud-Liban. Il a appelé à condamner Israël et à contraindre ce pays à dédommager le Liban pour les souffrances et les dommages importants causés par ces armes sur les populations. Israël, doit aussi être condamné pour ses agressions répétées contre le Liban, a dit M. Sleiman.
Le Liban, a-t-il poursuivi, réitère son engagement dans la mise en œuvre, cinq ans après son adoption, de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, et appelle une nouvelle fois la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il en applique toutes les dispositions. M. Sleiman a, de même, salué le rôle essentiel joué par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) au Sud-Liban.
Pour M. Sleiman, si les Nations Unies assument un rôle sans cesse croissant depuis la fin de la guerre froide en maintenant la paix et la sécurité internationales et en intervenant pour résoudre les différends dans de nombreuses régions troublées du monde, celles-ci demeurent néanmoins incapables de prouver leur efficacité au Moyen-Orient, où de grands dangers menacent encore la paix et la sécurité internationale. Ces menaces résultent de l’attitude d’Israël, a-t-il accusé. Selon le Président libanais, il convient donc de faire aboutir les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité, afin que cet organe puisse être adapté à la nouvelle situation géopolitique mondiale et être en mesure de garantir la mise en œuvre de ses résolutions contraignantes, en particulier celles liées au conflit israélo-arabe.
« Cette année marque le vingtième anniversaire de l’accession de la République de Corée aux Nations Unies, et on peut dire sans exagérer que notre République est venue au monde avec les Nations Unies et a continué à grandir avec l’Organisation », a déclaré, M. LEE MYUNG-BAK, Président de la République de Corée. Malgré les liens historiques entre les Nations Unies et la République de Corée, il a fallu attendre 1991, plus de 40 ans après la guerre froide, pour que la République de Corée ne parvienne à être admise à l’ONU, a rappelé le Président. Depuis cette date, la République de Corée n’a cessé de promouvoir et respecter les causes et les valeurs des Nations Unies. Son pays, qui était sorti de la pauvreté et de la guerre, a accompli des progrès énormes tant au plan économique que de celui de la démocratie, a rappelé le Président, convaincu qu’il s’agit là d’une véritable « histoire de succès dans la communauté internationale ». « Aujourd’hui, la République de Corée veut rendre la pareille à la communauté internationale et se tient prête pour tendre la main à ceux dans le besoin », a-t-il ajouté.
Le Président coréen a ensuite invité la communauté internationale à renforcer le régime de non-prolifération pour éviter la prolifération nucléaire ainsi que celle des armes chimiques et biologiques qui représentent toutes, selon lui, une des plus grandes menaces pour l’humanité. À cet égard, il a mis l’accent sur les risques liés au terrorisme nucléaire dans le monde actuel, appelant à une coopération internationale plus soutenue pour en venir à bout. Passant au printemps arabe, M. Lee a remarqué que ces évènements historiques montraient bien que la démocratie est une valeur universelle de l’humanité qui transcende les régions et les cultures. Pour lui, la communauté internationale et les Nations Unies doivent faire leur possible pour protéger les peuples qui demandent la démocratie de la persécution et des abus des droits de l’homme. Citant les exemples de la République du Soudan du Sud et de la Côte d’Ivoire, il a estimé qu’il s’agissait là de cas concrets où les efforts des Nations Unies ont réussi à faire avancer la démocratie en Afrique. Il a insisté sur le lien étroit qui existe, selon lui, entre la croissance économique et la démocratisation qui « se renforcent mutuellement ». Fort de ce constat, le Président a insisté sur le fait que l’écart croissant entre pays développés et en développement ne devrait pas uniquement être abordé sous l’angle de la pauvreté mais aussi en tant que potentiel facteur de déstabilisation pour la paix internationale. Par conséquent, les pays développés devraient, a-t-il dit, aider ceux en développement à réaliser leur croissance économique et leur développement, ce qui suppose un environnement porteur tant sur le plan commercial, que financier et des ressources humaines. Pour sa part, la République de Corée s’engage à respecter les engagements pris dans le cadre des OMD, et à doubler le montant de son aide publique au développement d’ici à 2015. Le Président Lee a ensuite abordé la question de la menace nucléaire posée par la Corée du Nord. Pendant les 20 dernières années, son pays n’a cessé de déployer des efforts diplomatiques, en coopération avec la communauté internationale, pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et continuera à le faire, a-t-il précisé. « Au XXIe siècle, il faut d’abord travailler ensemble si nous voulons réaliser la paix et la prospérité. C’est une tendance historique et la République populaire démocratique de Corée doit y venir », a-t-il ajouté.
M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la République de la Guinée équatoriale, a souhaité que l’ONU redevienne une organisation au sein de laquelle les points de vue et intérêts de tous les pays du monde soient représentés de façon équitable et juste. L’Afrique, qui est le théâtre de plusieurs conflits fratricides et dont les peuples ont été exploités durant des siècles par des puissances étrangères, se trouve face à une nouvelle forme de colonialisme sous prétexte d’interventions humanitaires qui ne servent qu’à violer davantage les droits des peuples africains, a estimé le Président Obiang Nguema Mbasogo. L’Afrique doit faire valoir sa personnalité internationale en évitant des divisions internes liées à des intérêts non avoués, a-t-il insisté.
Il a recommandé au Conseil national de transition libyen de mettre en place un gouvernement de transition et d’organiser des élections au plus vite. Il a souhaité que le peuple du Soudan du Nord et celui du Soudan du Sud vivent en paix et en harmonie avec tous leurs voisins. Face aux dangers de la mondialisation, il a souhaité que l’on encourage la coexistence des cultures et des civilisations. Sur le plan économique, Le Président Obiang Nguema Mbasogo a souhaité que la dimension sociale de l’homme se retrouve dans les activités productives pour le bien de l’humanité. Il a fustigé les barrières douanières, blocus et discriminations pratiqués actuellement dans les échanges commerciaux internationaux, qui ne font que perpétuer la pauvreté des uns et l’enrichissement des autres. L’Afrique, qui ne représente qu’un pour cent de l’économie mondiale, a besoin d’un soutien économique et technologique qui lui permettra de mettre ses ressources considérables au service de son propre développement économique et social, a-t-il dit.
Outre la crise économique, le continent africain fait face aux effets dévastateurs des changements climatiques, des catastrophes naturelles, des famines et des maladies transmissibles, a-t-il noté. Il a souhaité que les pays industriels responsables du changement climatique soient tenus responsables des dommages et des préjudices découlant de ses effets. Par ailleurs, le Président de la Guinée équatoriale a précisé que le sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Sipopo, en Guinée équatoriale, a adopté un programme visant à promouvoir l’emploi des jeunes et des femmes. Grace à la paix, à la réconciliation et à la stabilité qui règnent dans notre région et pays, la Guinée équatoriale participe avec un certain optimisme à ces débats, car on prend de plus en plus conscience que l’ONU doit devenir le centre de la cohésion internationale, a conclu le Président de la Guinée équatoriale.
M. ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN, Roi de la Jordanie, a indiqué que des « transformations historiques » étaient actuellement en cours dans sa région. Il a estimé que le printemps arabe était l’occasion d’institutionnaliser des changements positifs et nécessaires pour un avenir « fort, sûr et prospère ». Il a expliqué que dans son pays, cette occasion ouvrait la porte « à une revitalisation importante de nos efforts de réforme ». Il a souhaité que cet effort soit inclusif et national afin d’atteindre l’objectif d’un gouvernement représentatif, observant par ailleurs que ce « changement démocratique irréversible » signifiait la nécessité de « bâtir la réforme dans la réforme », notamment dans les domaines du respect de l’état de droit, de la justice et des droits et libertés découlant de la vie politique démocratique. Il a ensuite expliqué que le Parlement jordanien finalisait actuellement la révision de la Constitution en vue de sa ratification.
M. Al Hussein a ensuite signalé que dans sa région, la plus importante source de division et d’instabilité était le conflit israélo-palestinien. « Nous nous trouvons actuellement dans une impasse dangereuse », a-t-il averti. Les négociations ont été suspendues, les frustrations ont atteint leur sommet et les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement se poursuivent en Israël, en dépit du droit international. Le Roi Abdullah s’est particulièrement inquiété de la poursuite de ces activités à Jérusalem, « une des questions clefs du statut final qui ne peut être résolue que par l’intermédiaire de négociations ». « Je n’exagère pas la crise qui pourrait naître de la destruction de lieux sacrés ou les efforts visant à supprimer le caractère arabe de Jérusalem-Est », a-t-il dit. Une solution à deux États ne peut être réalisée qu’avec la garantie d’une paix durable, a-t-il souligné. Les négociations doivent se poursuivre afin de régler de manière définitive les quatre questions clefs, à savoir les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les colonies de peuplement.
Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a rappelé que les principes de l’Organisation des Nations Unies –véritable « G-193 »– guidaient la communauté internationale depuis des décennies, avant de saluer l’avancée représentée par la création de l’entité « ONU-Femmes ». Se réjouissant des progrès enregistrés depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, elle a invité la communauté internationale à respecter l’interdépendance des trois dimensions du développement, qui sont sociale, économique et écologique. La Présidente finlandaise a également indiqué que le Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale qu’elle préside avec le Président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, devrait formuler ses recommandations pour la fin de cette année. Redéfinir les OMD en objectifs pour le développement durable autour de l’année 2015 pourrait aider la communauté internationale dans sa lutte contre la pauvreté et pour le développement durable, a-t-elle poursuivi.
Mme Halonen a souligné le rôle crucial que devrait jouer la médiation à chaque étape d’un conflit, avant de rappeler que l’Assemblée générale a adopté en juin dernier la première résolution portant sur le thème de la médiation, ce qui renforce, à cet égard, le rôle des Nations Unies. Elle a ajouté que son pays, fidèle soutien de l’ONU, souhaitait assumer des responsabilités supplémentaires, au sein du Conseil de sécurité, pour la période couvrant les années 2013-2014.
Commentant l’évolution rapide en cours dans le monde arabe, Mme Halonen a tenu à souligner le rôle indispensable qui incombe aux femmes dans la marche vers la démocratie, avant de féliciter le Conseil national de transition libyen pour ses efforts pour la construction d’un système politique démocratique et inclusif, qui fera, a-t-elle espéré, toute sa place aux droits des femmes. Enfin, s’agissant de la situation au Moyen-Orient, la Présidente de la Finlande a souligné l’urgente nécessité d’une reprise des négociations qui viseraient, au sein d’un calendrier défini, à établir un État palestinien viable, démocratique et indépendant vivant en paix et en sécurité aux côtés de l’État d’Israël.
M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a affirmé que les transformations politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient entraînaient certes la démocratie et l’état de droit, mais peuvent être aussi un facteur de stabilité mondiale. « Notre devoir est d’accompagner ces pays dans leur quête de démocratie et de liberté », a-t-il ajouté. Le Président colombien a mis l’accent sur la nécessité d’utiliser la médiation dans les conflits avec détermination et conviction. La Colombie l’a fait, a-t-il dit, avec le Venezuela et l’Équateur, sur la base du dialogue direct et du respect mutuel. M. Santos Calderón a également mis l’accent sur la nécessité de trouver une solution au conflit au Moyen-Orient. En Haïti, les Haïtiens doivent s’approprier leurs problèmes et les solutions à ces problèmes, et doivent être accompagnés par la communauté internationale en vue d’assurer leur développement économique et social. La Colombie s’attache également à prendre des mesures en vue d’atténuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter, a-t-il également dit, soulignant de même l’importance de la prochaine Conférence de Rio.
Le Chef de l’État colombien s’est par ailleurs attardé sur le conflit qui a touché son pays et de la dette morale due aux victimes. La justice, la vérité et la réparation n’ont pas besoin d’attendre, a-t-il déclaré. Il est nécessaire, a insisté M. Santos Calderón, de répartir plus équitablement les ressources provenant du pétrole et des extractions minières afin d’en faire bénéficier les populations locales concernées qui en ont le plus besoin. S’agissant de la lutte contre les stupéfiants, le Président a fait remarquer que la Colombie avait remporté de grands succès, mais que de grands défis subsistaient. Les stupéfiants et le terrorisme menacent les démocraties et l’état de droit, a-t-il affirmé. La Colombie poursuit sa lutte contre ce fléau, car, a-t-il dit, il s’agit d’un problème de sécurité nationale. M. Santos Calderón a mis l’accent sur la coopération dans cette lutte contre un fléau qui touche sans discrimination tous les États. Avant de conclure, le Président colombien a lancé un appel pour que la communauté internationale puisse continuer à utiliser efficacement les moyens pacifiques dont elle dispose pour que les crises d’aujourd’hui deviennent des opportunités en vue d’un avenir meilleur.
M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a déploré qu’en dépit de l’optimisme initial, le monde du XXIe siècle devienne encore plus instable, imprévisible et sans doute plus dangereux que jamais. Le recours de plus en plus fréquent au terrorisme dans diverses régions du monde, comme forme d’action ou d’expression politique, pose une grave menace à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il averti, évoquant la récente attaque « atroce » contre le bâtiment de l’ONU à Abuja, qui a fait plusieurs morts. Les actes terroristes, plutôt que nous intimider, ne feront que renforcer notre détermination à développer les stratégies nationales adéquates et à collaborer encore plus étroitement avec la communauté internationale dans la lutte contre cette menace, a-t-il ajouté. Dans cette perspective, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies va lancer son premier projet à Abuja au mois de novembre autour de la prévention des conflits et de la sensibilisation de la jeunesse, a dit M. Jonathan.
Le Président nigérian a rappelé que l’année dernière, il s’était engagé devant l’Assemblée à organiser des élections libres et crédibles au Nigéria, ce qui fut le cas en avril 2011. À travers tout le pays prévaut un sentiment renouvelé d’optimisme concernant notre capacité à créer un nouveau Nigéria sur les principes des libertés individuelles, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’état de droit, a-t-il assuré. Il a également apporté son appui au rôle central donné dans le débat de cette année à la médiation dans la résolution pacifique des conflits, rappelant que le Nigéria, Président du Conseil de sécurité en juillet 2010, avait adopté le recours à la diplomatie préventive pour résoudre les conflits armés dans le monde. Cultiver la paix et réaliser les objectifs du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies nécessite une identification précoce des tensions et une intervention adaptée aux situations de conflit afin de construire la confiance, a insisté M. Jonathan, rappelant que les efforts de médiation allaient requérir un redéploiement de ressources humaines et financières en faveur des institutions et mécanismes de prévention et de résolution des conflits existant dans le système des Nations Unies et au-delà. Il a ainsi proposé la mise en place, au sein du Bureau du Secrétaire général, d’une commission de médiation des conflits, ayant pour mandat, entre autres attributions, de collecter des informations, d’identifier les acteurs et de développer des stratégies pour la résolution des conflits.
Toutefois, si l’idée de résoudre les conflits par la médiation peut être couronnée de succès, il faut aussi s’attaquer au problème posé par le trafic d’armes, a poursuivi le Président du Nigéria, en particulier parce que ces dernières tombent aisément entre les mains de groupes et de personnes qui déstabilisent et mettent en péril la sécurité de nombreux pays du monde en développement. C’est pourquoi le Nigéria continue de soutenir toutes les initiatives qui permettront de finaliser un traité sur le commerce des armes en 2012. De même, le Nigéria mène des consultations avec d’autres États de la sous-région pour renforcer l’initiative du Secrétaire général de déployer une mission d’évaluation sur la question de la piraterie et des autres crimes maritimes commis dans le golfe de Guinée, a souligné le Président.
M. Jonathan a aussi réaffirmé le soutien de son pays à ONU-Femmes et a annoncé que son cabinet était constitué à 30% de femmes. En outre, il a assuré que son gouvernement intensifiait ses efforts pour améliorer son système de santé, à la fois contre les maladies non transmissibles et contre le VIH/sida. Le Nigéria soutient également la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la biodiversité, et il a récemment ratifié celle relative aux droits des personnes handicapées, entre autres instruments internationaux des droits de l’homme.
L’Afrique de l’Ouest connaît une période excitante de renaissance démocratique, a enfin déclaré M. Jonathan, saluant la tenue d’élections dans six pays avant la fin de l’année et la résolution du conflit en Côte d’Ivoire, qui marque « le début de notre voyage vers la consolidation de la culture démocratique et de la bonne gouvernance en Afrique ». Aujourd’hui, tous les pays africains ont atteint l’autodétermination, a-t-il dit, mais il reste encore beaucoup à faire pour construire des États viables et capables en Afrique, sur les principes de la participation populaire, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme. Le Président du Nigéria a enfin appelé à une réforme du Conseil de sécurité, « seule manière de démontrer que toutes les nations sont sur un pied d’égalité aux Nations Unies ».
M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a rappelé que le vingtième anniversaire du rétablissement de l’indépendance de son pays coïncidait avec le vingtième anniversaire de son entrée aux Nations Unies comme État Membre. S’il a salué la décision de M. Ban Ki-moon de faire porter son second mandat de Secrétaire général sur la démocratie et les droits de l’homme, M. Ilves a toutefois jugé que les résultats du mouvement démocratique initié il y a une génération étaient décevants. En effet, selon le rapport annuel de l’organisation Freedom House, des anciennes républiques de l’empire soviétique, seules l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie peuvent aujourd’hui se prévaloir de l’état de droit, du respect des libertés fondamentales et d’élections libres et transparentes, a précisé le Président estonien. Les révolutions en l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient constituent de toute évidence, a-t-il dit, des soulèvements populaires contre les violations répétées de l’état de droit, la corruption et l’injustice. Il a tout particulièrement attiré l’attention sur le sort des femmes qui, après avoir pris part aux manifestations contre des régimes autocratiques et corrompus, doivent maintenant être complètement parties prenantes des processus politiques, afin de concrétiser les objectifs arrêtés dans la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.
M. Ilves a ensuite attiré l’attention sur la situation en Afghanistan qu’il a considérée comme l’un des défis les plus importants pour la communauté internationale. Convaincu de la nécessité d’y restaurer l’état de droit et la bonne gouvernance, le Président estonien a expliqué que son pays restait engagé en faveur des Afghans, en particulier de l’accès des femmes et des enfants de ce pays aux soins de santé et à l’éducation. M. Ilves a également évoqué la situation en Géorgie, « dont l’intégrité territoriale a été violée à la fin du conflit en 2008 ». Soulignant l’importance pour tous les pays, « et non seulement les petits pays », de respecter les principes fondamentaux du droit international, M. Ilves a appuyé la poursuite des pourparlers de Genève en vue de résoudre cette question. Le Président a en outre abordé le sujet de l’Internet, qui joue un rôle déterminant dans les processus de démocratisation et de mobilisation des mouvements populaires. Les États devraient donc faire tout leur possible pour faciliter le plein accès de leurs populations à l’Internet. Il a cependant souligné les dangers inhérents à cet outil, comme par exemple les « cybermenaces » qui peuvent mettre en danger des communautés entières. L’Estonie en a fait l’expérience en 2007, lorsqu’une série d’attaques avait sensibilisé l’opinion publique à la gravité d’une telle situation. « C’est pourquoi, notre gouvernement a tout mis en œuvre pour sécuriser au maximum l’accès à l’Internet, dans le respect le plus strict des libertés individuelles », s’est félicité le Président.
Mme MICHELINE CALMY-REY, Présidente de la Suisse, a observé que la gouvernance mondiale demeurait fragmentée et peu efficace et a estimé que des structures de gouvernement renforcées étaient nécessaires pour que l’ONU réussisse à s’imposer comme le moteur de la réorientation vers le développement durable. Au sujet des évènements dans le monde arabe, Mme Calmy-Rey a constaté que de nombreux pays étaient confrontés à des changements difficiles et que la relation de la région avec le reste du monde devait être définie sur de nouvelles bases. Elle a engagé les États Membres à garantir qu’une aide efficace soit apportée rapidement aux victimes d’émeutes et de violence, à veiller à ce que la sécurité et l’état de droit soient renforcés et à contribuer aux dialogues politiques inclusifs, entre autres. Elle les a également appelés à soutenir des mesures immédiates de relance de l’économie.
La Présidente de la Suisse a ensuite regretté que le printemps arabe n’ait pas permis de relancer le processus de paix au Moyen-Orient. « Nous constatons, amers, que l’année écoulée a été une année de plomb qui n’a pas débouché sur des progrès mais sur la stagnation et même sur un durcissement », a-t-elle dit. Le processus de paix, a-t-elle ajouté, s’est substitué à la paix. Mme Calmy-Rey a ensuite affirmé que l’initiative de Genève était une proposition « consolidée, détaillée et compatible ». Affirmant par ailleurs que c’est dans une solution négociée plutôt que dans la victoire militaire que réside une solution durable à la plupart des conflits armés, la Présidente a voulu un engagement plus fort et plus durable du Conseil de sécurité dans la diplomatie préventive. Elle l’a appelé à s’adapter aux nouvelles réalités et à être plus transparent et plus ouvert, pour ensuite plaider pour l’amélioration de ses méthodes de travail.
M. PORFIRIO LOBO SOSA, Président du Honduras, a réaffirmé la volonté de son pays de mettre en œuvre la Charte des droits de l’homme et en particulier le principe selon lequel « nous naissons tous libres et égaux en droits », qui est un principe inviolable. Fort de ce constat, le Président hondurien a ajouté que le droit à l’autodétermination des peuples faisait partie intégrante de ces droits et que c’était dans cet esprit que le Honduras reconnaissait l’État de Palestine et son droit à devenir membre de plein droit de l’Assemblée générale, tout en veillant à garantir la sécurité d’Israël. « Si nous voulons la paix, nous devons rappeler qu’elle se fonde sur les droits de l’homme, le droit des peuples et des nations », a souligné M. Lobo Sosa.
Revenant aux conséquences du coup d’État survenu en juin 2009 au Honduras, il a reconnu qu’il y avait eu une grave détérioration des droits de l’homme dans son pays. Toutefois, a-t-il indiqué, depuis qu’il a lui-même assumé le pouvoir, il s’est attelé à réconcilier le peuple hondurien. Il a saisi cette occasion pour remercier la communauté internationale pour ses efforts de médiation qui ont permis d’aboutir à l’accord de réconciliation de Cartagena. Le Gouvernement du Honduras est déterminé à faire prévaloir une culture des droits de l’homme à travers un dialogue permanent avec tous les groupes de la société, a poursuivi M. Lobo Sosa. À cet effet, il a dit que son gouvernement a mis en place un Secrétariat des droits de l’homme qui a pour mission de conseiller le Président. De plus, la Commission de vérité et de réconciliation a récemment achevé son mandat en présentant au peuple hondurien son rapport et ses recommandations, recommandations que le Gouvernement s’engage à suivre, a-t-il précisé.
Abordant les questions économiques, le Président hondurien a expliqué que, face à la crise économique mondiale, son pays avait essayé de parvenir à un accord national pour relever les défis posés par cette crise. Ainsi, le Pacte social hondurien doit permettre de garantir une croissance économique régulière dans le contexte d’une économie équitable. Les parties prenantes au Pacte sont également en train de définir les réformes nécessaires du système éducatif. Pour ce qui est de la problématique des changements climatiques, le Président a expliqué que même si le Honduras contribuait très peu aux émissions de gaz à effet de serre, cela ne l’a pas empêché de signer tous les protocoles visant à lutter contre les changements climatiques. Par ailleurs, le Honduras a pris des mesures concrètes pour protéger les droits des peuples autochtones, le but ultime étant de mener à bien la réforme constitutionnelle en cours pour en faire un pays multiethnique et multiculturel.
Pour le Président hondurien, l’un des plus grands défis à relever dans la région d’Amérique centrale reste l’insécurité des populations. Face à une escalade sans précédent de la violence et de la criminalité organisée au cours des 10 dernières années, il est urgent d’agir car ces maux sapent le bien-être social et la croissance économique de ces pays a-t-il affirmé. « Tous ces problèmes trouvent leur origine dans le trafic et la consommation de drogues », a précisé M. Lobo Sosa, et même si les pays de la région investissent beaucoup dans la lutte contre le trafic des drogues, leurs efforts resteront vains tant que la demande ne baisse pas dans les pays développés. Par conséquent, a dit M. Lobo Sosa, il faut mettre en place un plan pilote international qui s’attaque autant au volet du trafic de drogues qu’à celui de la consommation des drogues. Le succès d’un tel plan dépendra de la volonté des pays développés, premiers consommateurs de drogues, à agir de manière déterminée pour réduire cette consommation. .
M. VIKTOR YANUKOVYCH, Président de l’Ukraine, a assuré que la diplomatie préventive et la médiation, sur les plans régional et international, occupent une place majeure dans la diplomatie de l’Ukraine. Il a relevé que l’Ukraine applique ces principes au sein de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies et continuera de le faire au cours de la présidence, qu’elle assumera, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 2013. Reconnaissant que les efforts de prévention des conflits ne sont pas toujours suffisants, le Président ukrainien a affirmé que durant les conflits armés, la première des urgences devrait être d’assurer le respect des droits de l’homme, et notamment la sécurité des civils. C’est en respect de ce principe, a-t-il révélé, que l’Ukraine a été parmi les premiers pays à mener des missions humanitaires en Libye en début de cette année. De même, en soutien au Programme alimentaire mondial, M. Yanukovych a annoncé que son pays vient d’accorder un don de blé pour lutter contre la famine qui sévit dans la corne de l’Afrique.
Rappelant que l’Ukraine moderne vient de célébrer le vingtième anniversaire de son indépendance, M. Yanukovych a soutenu que son pays tient en estime le respect du dialogue et la recherche de la paix. L’une des preuves de cet engagement, a-t-il ajouté, est l’activité que l’Ukraine a eue durant ses deux mandats au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Il a souhaité que son pays redevienne membre dudit Conseil en 2018. Rappelant les attaques dont le Bureau des Nations Unies vient d’être victime au Nigéria, le Président ukrainien a assuré que son pays condamne toute forme de manifestation du terrorisme. « Nous pensons que tout acte terroriste, quels qu’en soient l’auteur, le lieu et la justification, viole les droits fondamentaux de l’homme et constitue un crime contre l’humanité », a-t-il affirmé.
La prise de conscience du niveau des méfaits occasionnés par la catastrophe de Tchernobyl, a dit le Président, a été la raison de la tenue, en avril dernier, d’un Sommet sur l’utilisation saine et innovante de l’énergie atomique. Poursuivant sur cette lancée, il a appelé à un désarmement nucléaire mondial graduel et irréversible dans le but de parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires à travers le monde. Évoquant la réforme des Nations Unies, M. Viktor Yanukovych a suggéré une plus grande implication de l’Assemblée générale sur la scène internationale et a souhaité l’octroi d’au moins un autre siège de membre non permanent au Conseil de sécurité aux États d’Europe orientale.
M. FERNANDO LUGO MENDÉZ, Président du Paraguay, a déclaré qu’il fallait avant tout replacer l’être humain au centre du développement et des préoccupations de l’univers. « Comment peut-on se réjouir des avancées technologiques quand une partie de l’humanité doit mendier pour manger? », s’est-il interrogé. M. Mendéz a déploré la pauvreté des régions dont les ressources naturelles font pourtant la richesse de leurs voisins. Il s’est inquiété de la croissance démographique et du fossé des inégalités. Au Paraguay, la population a augmenté de plus de 15% en 2010. « La solidarité est un impératif moral mais aussi une réalité nécessaire pour le progrès et pour combattre la face obscure de l’ignorance que sont la violence et le crime », a-t-il poursuivi. De l’avis du Président du Paraguay, la conquête du bien-être pour tous doit être le modèle de notre époque. « Quand prendrons-nous conscience en Amérique latine que nous sommes les pays exportateurs de nature, d’oxygène, d’eau douce, d’aliments et d’énergie? », a-t-il dit. Il n’est pas logique que ces pays continuent d’être soumis à la pauvreté.
« Le Paraguay réaffirme son engagement en faveur du multilatéralisme, avec un nouvel ordre mondial démocratique et égalitaire qui garantisse le développement intégral de nos peuples », a poursuivi M. Mendéz. Dans cet esprit, il a salué le thème de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale sur le renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends. Le Président a rappelé que son pays participait activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il a estimé que la démocratisation du Conseil de sécurité revêtait un caractère urgent et que le Conseil devait se concentrer sur le maintien de la paix et la sécurité internationales. M. Mendéz a fermement condamné l’embargo imposé à Cuba car, a-t-il dit, il constitue une violation des principes du droit international. Par ailleurs, il a préconisé une nouvelle architecture financière internationale qui permette d’éviter les crises cycliques ainsi que la création de mécanismes régionaux de coordination économique et financière. Il a plaidé la cause des pays en développement sans littoral maritime. Le Paraguay a décidé de présenter sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2014-2017, a-t-il annoncé, avant de rappeler que son pays était à l’origine de l’initiative pour une « Journée internationale de l’amitié ».
M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a commencé son intervention en déclarant que la plupart des conflits qui ensanglantent le monde depuis des décennies se déroulent à l’intérieur même de certains États, avec des effets déstabilisateurs sur les pays voisins et le reste du monde. Après avoir vanté les mérites du développement et de la réalisation des OMD, qui peuvent créer des conditions propices à la création d’un monde plus stable, il a rappelé que d’après les chiffres rendus publics par l’ONU, environ 7,1 milliards de dollars seraient investis dans ses opérations de maintien de la paix alors que cet argent pourrait être consacré à améliorer les vies de millions de personnes. « Aussi, s’il est approprié de parler de la manière dont la médiation peut contribuer à la prévention et à la résolution des conflits, nous devrions également nous demander pourquoi, après des décennies de tentatives répétées, nous ne faisons toujours pas les progrès auxquels nos aspirons en la matière », a dit le Chef d’État rwandais. Pour M. Kagame, il est crucial de prendre en considération la question de la marginalisation des peuples, de l’absence d’état de droit et de la bonne gouvernance. C’est une question de bon sens politique et économique que d’investir dans la prévention des conflits, a-t-il poursuivi, mais il y a un domaine qui demeure négligé, c’est celui des problèmes de la jeunesse. Cette génération porte moins de boulets historiques et politiques, et est davantage encline à tirer le meilleur parti de la mondialisation, a plaidé le Président rwandais, pour qui la jeunesse est formée d’innovateurs et de leaders rompus aux nouvelles technologies de la communication et de l’information.
Par ailleurs, si la médiation veut être couronnée de succès, elle doit venir en appui aux efforts déployés sur le plan national du pays touché par un conflit. « Au Rwanda, les résultats les plus tangibles ont été obtenus parce que les solutions étaient locales », a assuré le Président Kagame. Dans ce contexte, les organisations régionales et sous-régionales doivent jouer leur rôle, a-t-il ajouté, expliquant que la question de la mise en œuvre concrète des résolutions adoptées devait être aussi prise en compte. Jugeant limité l’impact des efforts des « experts en médiation étrangers », Paul Kagame a indiqué que l’appropriation nationale était cruciale dans le cadre de la médiation. L’option la plus viable reste l’autonomisation des citoyens, surtout les jeunes, par leur propre gouvernement, de manière à leur donner les clefs de leur avenir. « Les solutions les plus durables sont celles qui viennent du pays lui-même », a conclu le Président rwandais.
M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, a mentionné les principales conclusions du débat thématique tenu au Conseil de sécurité, à l’initiative de la Bosnie-Herzégovine, sur la mise en place d’institutions dans les situations d’après-conflit. Parmi celles-ci, il a indiqué que la mise en place d’institutions, procédant d’objectifs communs, devait viser à progressivement réduire la dépendance du pays sortant d’un conflit vis-à-vis de la communauté internationale. Il a ensuite indiqué que l’admission de son pays comme membre à part entière de l’Union européenne, ainsi que comme membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) était une priorité de sa politique étrangère. Cet objectif stratégique témoigne des aspirations de la Bosnie-Herzégovine à pérenniser un modèle de société basé sur la règle de droit et le respect des droits de l’homme, a-t-il poursuivi.
M. Komšić a apporté son soutien, s’agissant du conflit au Moyen-Orient, à une solution comprenant deux États vivant côte à côte en paix, avant d’estimer que les conditions permettant de parvenir à cette solution pouvaient résulter d’une volonté politique renouvelée des parties. Réitérant l’engagement inconditionnel de son pays dans la lutte contre le terrorisme, il a indiqué que l’adoption de la convention globale des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme serait à ce titre une avancée décisive. Le Président a ensuite plaidé pour une réforme globale du système des Nations Unies, afin de s’assurer d’un fonctionnement plus efficace des différents organes onusiens et d’une meilleure affectation des ressources financières. S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a souhaité que le Groupe des États d’Europe orientale dispose d’un membre non permanent supplémentaire, le nombre de pays de ce Groupe ayant plus que doublé en 20 ans. Il a enfin exhorté l’ONU, et plus particulièrement le Conseil de sécurité, à s’engager plus résolument encore dans la voie de la diplomatie préventive.
M. BHARRAT JAGDEO, Président de la République du Guyana, a rappelé qu’il intervenait pour la dernière fois cette année devant l'Assemblée générale puisque son mandat prenait fin, après 12 années à la tête de son pays. Il a donc fait le point sur ce qu’il a perçu comme étant le rôle joué par les Nations Unies tout au long de cette période. « Ce qui m’a particulièrement frappé c’est que même si les valeurs défendues par les Nations Unies, comme la paix, l’égalité et la justice, sont intemporelles, elles ne peuvent être utiles que si les États Membres en tirent des réponses pratiques et significatives pour faire face aux défis changeants de ce monde », a dit M. Jagdeo. Revenant sur la nature de ces défis, le Président du Guyana a noté à quel point ils avaient changé en 12 ans. Il a évoqué la montée en puissance de la Chine, du Brésil et de l’Inde; le fait que des milliards de personnes ne vivent plus dans la pauvreté grâce à cette réussite des pays émergents. Il a aussi relevé qu’il y a à nouveau un débat intellectuel sur la manière d’inclure les droits de l’homme et la justice dans la structure de gouvernance mondiale. Le monde a lui-même changé: il est devenu interconnecté et mondialisé, a constaté M. Jagdeo, avant d’ajouter qu’il fallait saisir cette réalité pour apporter des « réponses interconnectées aux problèmes d’aujourd’hui. Malheureusement cela n’a pas souvent été le cas jusqu’à maintenant », a-t-il regretté.
Par ailleurs la réalisation des droits de tous les peuples et individus ainsi que de la justice passe par une nouvelle interprétation des questions de sécurité, a-t-il estimé. À ce titre il a évoqué les questions de la sécurité alimentaire, compte tenu de la croissance démographique mondiale et des neuf milliards de personnes à nourrir à l’horizon 2020; de la sécurité énergétique, avec une augmentation des besoins de 36% d’ici à 2035; de la sécurité des ressources; et des défis liés aux changements climatiques. Ces défis représentent à la fois des difficultés et des opportunités à condition de faire preuve d’innovation, et, à cet égard, les Nations Unies devraient s’atteler à développer des plateformes utiles pour réaliser les changements nécessaires, a préconisé le Président du Guyana. La poursuite d’une réponse intégrée à nos défis communs représente une opportunité unique pour les peuples de ce monde, a dit M. Jagdeo. Soulignant que les ressources naturelles, les terres cultivables, les forêts et les minéraux se trouvent en grande partie dans le monde en développement, il a remarqué que, par conséquent, avec l’action internationale requise, cette partie du monde pouvait parvenir au bien-être et à la sécurité de ses peuples. Fort de ce constat, il a donné rendez-vous aux dirigeants de ce monde, l’année prochaine, à la Conférence Rio+20, pour commencer le travail nécessaire. Il a également lancé un appel pour que les accords de Doha et de Copenhague soient pleinement respectés ce qui suppose, a-t-il estimé, un véritable leadership politique.
« Si nous devons adopter un nouvel ordre mondial et trouver les moyens pour que les nouvelles puissances émergent dans la paix, l’action individuelle des différents États ne sera pas suffisante! », a déclaré le Président guyanais. Les Nations Unies et les autres institutions internationales doivent être rapidement modernisées, et les systèmes internationaux doivent corriger les incohérences existantes entre aide au développement, politiques commerciales et politiques climatiques.
Aujourd’hui, la communauté internationale se trouve dans une période d’incertitudes, a déclaré M. ELBEGDORJ TSAKHIA, Président de la Mongolie, notamment en raison des inégalités face à la reprise économique et de leurs répercussions sociales, ainsi que des catastrophes naturelles et des défis sans précédents causés par les changements climatiques. Le fait que plus d’un milliard d’êtres humains continuent de souffrir de la faim est extrêmement préoccupant et la réalisation des OMD est mise en péril par la crise économique et financière mondiale, a-t-il souligné. Dans un contexte mondialisé, ces défis requièrent des solutions collectives, a-t-il estimé, rappelant que cela passe par un renforcement du rôle et du statut des Nations Unies, y compris du Conseil économique et social (ECOSOC), et par l’établissement d’un calendrier post-2015 pour les OMD qui prenne en compte les vulnérabilités des pays enclavés, des pays les moins avancés et de ceux exposés à la désertification et aux changements climatiques. M. Tsakhia a fait remarquer qu’un sixième des pays Membres de l’ONU étaient des pays enclavés en développement. L’éloignement des marchés mondiaux et les coûts importants des transports sont un obstacle majeur de leur développement, a-t-il expliqué, appelant toutes les parties à signer l’accord multilatéral établissant la création d’un « think-tank » international consacré à ces pays afin de renforcer la coopération dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty. La Mongolie a les moyens de réaliser 66% des OMD à l’horizon 2015, a-t-il assuré, tout en attirant l’attention sur le fléau de l’alcoolisme qui touche le pays.
Évoquant le « printemps arabe », le Président de la Mongolie a souligné que la révolution pour la liberté n’est pas le changement social le plus difficile à faire. Construire et développer une société libre, ouverte, juste et civique est encore plus compliqué, a-t-il averti. Depuis juillet cette année, la Mongolie assure la présidence de la Communauté des démocraties, forte de son expérience acquise ces 20 dernières années vers la bonne gouvernance et la liberté. C’est à juste titre que nous sommes fiers de nos réussites, a-t-il dit, tout en reconnaissant qu’il restait beaucoup à faire avant que chaque citoyen puisse apprécier les valeurs démocratiques. Appelant la communauté internationale à soutenir les révolutions arabes, il a néanmoins rappelé que démocratisation ne signifiait pas occidentalisation. Il a aussi rappelé que le colonel Qadhafi avait qualifié ses compatriotes de « rats » et appelé à les chasser et à les exterminer. Maintenant, c’est lui qui est traqué comme un rat et c’est là le destin de quiconque s’oppose à l’amour du peuple pour la liberté et son désir de vivre dans la dignité, a-t-il dit. Il a de même appelé la communauté internationale à condamner les violations commises par le régime en Syrie. Le Président de la Mongolie a aussi souhaité un renforcement des capacités de l’ONU en termes de médiation des conflits, appuyé par un mécanisme formel pour renforcer la coopération régionale en Asie du Nord-Est. M. Tsakhia a enfin rappelé que la Mongolie était un pays exempt d’armes nucléaires et a averti qu’il s’opposerait à tout dépôt de déchets nucléaires sur son territoire. Après avoir rappelé la contribution en troupes de la Mongolie à plusieurs opérations de maintien de la paix dans le monde, le Président a annoncé que son pays était candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la session 2023-2024.
M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a plaidé pour une défense vigoureuse de l’impartialité et de l’indépendance des Nations Unies, notamment dans les situations de conflit, avant d’appeler à un renforcement du rôle des organisations régionales dans les processus de médiation. En cas de conflit. M. Zuma a déploré que les efforts déployés par l’Union africaine pour une issue pacifique de la crise en Libye n’aient jamais été en mesure d’aboutir. Il a ensuite appelé à la cessation des combats en Libye et à l’arrêt des bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord sur ce pays, avant d’exhorter les nouvelles autorités libyennes à assurer la protection des travailleurs migrants se trouvant en Libye, dont 2,5 millions sont originaires des pays de l’Afrique subsaharienne. « Des mesures doivent être immédiatement prises pour mettre fin aux meurtres, aux arrestations arbitraires et aux détentions abusives de travailleurs migrants subsahariens et des Libyens à la peau noire », a déclaré le Président Zuma.
Le Président de l’Afrique du Sud a ensuite dit qu’il apportait tout son soutien et celui de son pays à la demande de reconnaissance par l’Organisation des Nations Unies d’un État de Palestine, demande formulée par l’Autorité palestinienne. Il s’agirait là d’une avancée décisive dans la voie de la paix et de la prospérité pour des millions d’habitants du Moyen-Orient, a-t-il déclaré.
Le Président sud-africain a ensuite plaidé pour que la communauté internationale reconnaisse la lutte, toujours en cours, menée par le peuple du Sahara occidental pour son droit à l’autodétermination, avant de réitérer l’appel de l’Afrique du Sud pour une levée de l’embargo qui frappe Cuba.
Passant en revue les réformes souhaitables à apporter à la gouvernance mondiale, M. Zuma a plaidé pour une réforme substantielle du Conseil de sécurité, réforme qui doterait notamment l’Afrique d’un siège de membre permanent au sein du Conseil. Le Président de l’Afrique du Sud a ensuite exhorté la communauté internationale –les Nations Unies, mais aussi chaque État- à porter toute son attention sur les effets catastrophiques de la famine qui affecte en ce moment même la Somalie et les pays de la corne de l’Afrique environnants.
Enfin, M. Zuma a conclu son intervention en indiquant que le centenaire, qui sera célébré le 8 janvier 2012, de l’African National Congress (ANC), le plus ancien mouvement de libération en Afrique, était aussi une reconnaissance de l’immense apport des Nations Unies -qui avaient fait de l’apartheid un crime contre l’humanité-, dans la lutte contre le racisme et les discriminations.
« Les Nations Unies doivent changer et s’adapter aux nouvelles réalités pour être à même d’obtenir les meilleurs résultats et asseoir leur influence », a estimé M. ANDRIS BĒRZIŅŠ, Président de la Lettonie, appelant à une revitalisation de l’Assemblée générale et à une réforme des autres principaux organes de l’Organisation, notamment du Conseil de sécurité. La Lettonie, qui fête cette année le vingtième anniversaire de son indépendance, est disposée à partager avec d’autres pays son expérience de transformation d’un système fermé à une économie de marché, et d’un régime totalitaire à une société démocratique, respectueuse de l’état de droit et des droits de l’homme, a-t-il souligné. M. Bērziņš a appelé la communauté internationale à soutenir les aspirations des pays ayant connu le « printemps arabe », et a salué la réaction des Nations Unies aux évènements en Libye, ainsi que la déclaration du Président du Conseil de sécurité concernant la Syrie. Aujourd’hui, la communauté internationale a une responsabilité historique de faire du Moyen-Orient une région plus sûre, plus prospère et plus démocratique, a-t-il déclaré, estimant qu’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens n’est possible qu’avec un accord qui prenne en compte les intérêts légitimes des deux parties.
« Nous devons aux générations futures de préserver l’environnement naturel du monde », a poursuivi le Président de la Lettonie, souhaitant une action globale conjointe concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques. La crise économique nous a également rappelé que nous vivons dans un monde interdépendant, a-t-il ajouté, faisant part de sa profonde préoccupation face au niveau d’incertitude et de volatilité du commerce international et des marchés financiers. La responsabilité première d’une gouvernance prudente se situe au niveau national, a-t-il déclaré, mais la communauté internationale doit agir, une fois de plus, ensemble, et trouver des mesures de stabilisation durable pour éviter une nouvelle récession. La Lettonie, l’un des premiers pays touchés durement par la crise, s’en remet progressivement grâce à des mesures d’austérité rapides et fermes et une communication étroite avec la société, a-t-il assuré.
M. Bērziņš a ensuite évoqué la question du terrorisme, appelant à en analyser les causes. Notre objectif en Afghanistan est d’aider à la stabilisation du pays et à y bâtir des institutions démocratiques, a-t-il dit. Mais une solution durable ne peut être trouvée si les acteurs régionaux, notamment les pays d’Asie centrale, ne sont pas parties au processus, a-t-il estimé. L’importance des organisations régionales grandit, aux côtés des Nations Unies, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et dans ce contexte, la Lettonie attache une attention particulière aux conflits qui perdurent en Europe, comme en Transnistrie, en Abkhazie, en Ossétie du Sud et au Nagorny-Karabakh, a expliqué le Président. Il a enfin estimé que beaucoup plus aurait pu être fait lors de la session d’examen du Conseil des droits de l’homme pour lui permettre de répondre aux attentes que les pays et les populations ont placées en lui.
M. ÁLVARO COLOM CABALLEROS, Président du Guatemala, a déclaré que son gouvernement a mis l’accent sur les servies sociaux en faveur des populations les plus démunies, le renforcement de la coopération régionale, notamment à travers le système d’intégration en Amérique centrale qui permet de lutter contre les trafiquants de drogues et autres activités criminelles. Soulignant l’importance du renforcement des relations internationales et de l’intégration régionale, le Président Caballeros a également souhaité que son pays soit élu comme membre non permanent du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années.
Au sujet de la médiation, M. Caballeros a insisté sur le ferme engagement de son pays en faveur de la diplomatie préventive et des instruments de prévention des conflits des Nations Unies. « Dans ce contexte, a-t-il noté, nous pouvons accepter des régimes de sanctions, quand ces mesures sont unanimement approuvées par les membres du Conseil de sécurité. Le Guatemala, a-t-il précisé, rejette toutes les sanctions et mesures coercitives unilatérales. À cet égard, a-t-il ajouté, nous appelons le Gouvernement des États-Unis à lever l’embargo économique imposé à Cuba. » Le Président a également dit soutenir la création d’un État palestinien viable et prospère, vivant en paix et en harmonie aux côtés de l’État d’Israël. Il a ensuite invité le Quatuor (Nations Unies, États-Unis, Union européenne et Fédération de Russie) à œuvrer en faveur d’une paix entre les deux parties. Évoquant le conflit frontalier qui oppose, depuis longtemps, son pays à Belize, le Président a indiqué que des accords sont en cours de négociation. Avant de conclure, il a déclaré qu’il intervenait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale en tant que Président du Guatemala.
M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a estimé que le thème de la « médiation » abordé au cours des assises « renvoie à la vocation première de l’Organisation: être un centre où s’harmonisent les efforts des nations pour maintenir la paix et la sécurité internationales par des moyens pacifiques concertés ». Si, a-t-il précisé, depuis la fin de la guerre froide, le spectre d’un conflit majeur s’est éloigné, des millions d’hommes et de femmes, à travers le monde, continuent encore de souffrir des conséquences désastreuses de conflits anciens ou nouveaux. Il a relevé, en se félicitant, les actions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la résolution des conflits au sein de sa région de compétence. Il a ainsi cité le règlement de la crise interne en Guinée-Bissau, le dénouement de la crise ivoirienne et la normalisation de la situation au Niger et en Guinée-Conakry grâce à des médiations supervisées par la CEDEAO. Il a néanmoins regretté que des conflits subsistent en ce moment dans certaines régions du monde comme en Somalie, au Darfour, le différend frontalier entre l’Érythrée et l’Éthiopie et le conflit du Moyen-Orient entre Palestiniens et Israéliens.
Au sujet de la question de Palestine, le Président du Sénégal a indiqué qu’en sa double qualité de Président de l’Organisation de la Coopération islamique et du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, il « réaffirme son soutien à la Palestine en vue de la reconnaissance internationale d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, mais coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues ». Soulignant qu’il assurait une médiation humanitaire pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit détenu par le Hamas, le Président a souhaité le gel des colonies de peuplement en terre palestinienne et l’arrêt de la violence sous toutes ses formes pour le règlement définitif du conflit. À ce sujet, il a proposé que chacun des protagonistes choisisse un trio de pays amis qui négocieront, en leur nom, dans le cadre d’un « comité de bons offices ».
Abordant la réforme du Conseil de sécurité, le Président Wade a déclaré que le statu quo sur la réforme du Conseil relève d’un paradoxe, car une organisation qui s’active à accompagner des mutations dans les États, reste elle-même fermée à l’ouverture et au changement. Il a en outre trouvé paradoxal que l’Afrique, qui occupe en moyenne 70% de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ne puisse pas à ce jour avoir un siège de membre permanent avec droit de veto. Il a ajouté que ce siège octroyé à l’Afrique apparaîtra comme la « réparation d’une injustice historique qui n’a que trop duré ». Le Président Wade a enfin évoqué la question des changements climatiques et de la faim dans le monde. À ce propos, il a indiqué que la deuxième édition du Forum du Dakar agricole tenue en avril dernier a proposé la création d’une organisation mondiale de la gouvernance de l’agriculture avec pour missions de réguler les prix des produits agricoles et d’assurer un revenu minimum aux petits agriculteurs.
M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président de la République du Mozambique, a estimé nécessaire l’adoption d’une approche multilatérale pour trouver des réponses consensuelles effectives et durables aux défis que représentent, notamment, la hausse du prix des produits alimentaires et du pétrole, la résurgence des tensions et de l’instabilité politique en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient, et la prévalence du VIH/sida. « L’impact négatif de ces phénomènes, particulièrement dans les pays en développement, est un facteur potentiel d’instabilité », a-t-il prévenu, en exhortant les États Membres, à toujours focaliser leur réponse sur les principes démocratiques du dialogue, de la gouvernance inclusive et de la transparence.
La présente session, a-t-il poursuivi, se tient 50 ans après la disparition de Dag Hammarskjöld, et 25 ans après celle de l’ancien Chef de l’État mozambicain, SamoraMoisésMachel. Tous deux étaient ardents défenseurs d’une paix fondée sur la médiation et la diplomatie préventive, a ensuite rappelé le Président Guebuza. La médiation, a-t-il dit, doit être vue comme une opportunité de réunir les parties à un conflit, de réduire leurs divergences et d’en appeler à leur conscience afin qu’ils avancent ensemble vers des solutions pacifiques acceptables. Il a de ce fait exhorté à une prise en compte du rôle de la médiation au sein des Nations Unies et des organisations sous-régionales. C’est dans ce contexte qu’il s’est félicité de la récente signature par les acteurs politiques malgaches, de la feuille de route visant à rétablir l’ordre constitutionnel dans leur pays. Cette signature est le résultat du processus de médiation entamé par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en 2009, s’est réjoui le Chef de l’État mozambicain, avant de souligner l’importance des organisations régionales et sous-régionales dans la promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité par le biais de la diplomatie préventive et des mécanismes d’alerte précoce. Le Président Guebuza a d’autre part défendu la nécessité de réformer l’ONU et, en particulier, celle de parvenir à la revitalisation du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale des Nations Unies, pour en faire un organe plus représentatif et plus légitime. Le Conseil de sécurité doit lui également devenir un organe plus inclusif, transparent et adapté aux évolutions et aux dynamiques contemporaines a conclu M. Guebuza.
M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a déclaré que le débat général de l’Assemblée générale était pour lui l’occasion d’exprimer ses désaccords avec certains chefs d’État et de gouvernement. « Je me suis rendu compte aujourd’hui à quel point mes vues divergent avec celles de certains de mes homologues qui se sont exprimés ce matin », a-t-il poursuivi. La différence se situe entre d’un côté, la « culture de la vie » et de l’autre, la « culture de la mort », celle qui conduit une infime fraction de la population mondiale à mettre la main sur l’immense majorité des richesses existantes. À cette fin, des dirigeants invoquent ainsi le communisme ou un supposé trafic illicite de drogues pour s’en prendre à nous. « J’ai le sentiment que les Nations Unies sont désormais subordonnées au Conseil de sécurité. Mais alors, à quoi servent-elles? Si ce n’est à décider d’interventions militaires qui ne répondent qu’aux besoins de régimes capitalistes », a-t-il martelé. Chaque année, l’Assemblée générale met aux voix une résolution enjoignant de lever l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis, qui continuent de s’y opposer, au mépris du droit international. « Nous sommes ici ce soir pour veiller à ce que les Nations Unies soient respectées par les peuples du monde », a assuré le Président bolivien.
Le Président Morales a ensuite déclaré que son pays non seulement soutient la reconnaissance de la Palestine, mais il lui a aussi souhaité la bienvenue dans le concert des nations. « L’Empire essaie de provoquer des dissensions entre les pays qui s’opposent à l’impérialisme », a-t-il repris. Où était le Conseil de sécurité au Honduras, en Palestine? Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de réfléchir aux moyens de réformer les Nations Unies pour en faire l’Organisation qu’elles méritent vraiment d’être, a lancé le Président. Il a rappelé qu’avant sa présidence, l’exploitation des hydrocarbures était entièrement gérée par des multinationales. « Le 1er mai 2006, nous sommes devenus les seuls propriétaires de nos propres richesses naturelles », s’est félicité M. Morales, qui a expliqué que 80% des investissements réalisés par l’État bolivien étaient financés grâce aux profits réalisés à partir des hydrocarbures. C’est pourquoi, il a enjoint tous les pays en développement à se réapproprier les ressources naturelles sur lesquelles ils ont une souveraineté indiscutable. En Bolivie, l’eau, l’énergie et le téléphone ne sont pas gérés par des multinationales, a-t-il dit, expliquant que l’augmentation des prix de l’eau et de l’électricité n’y existait pas. Le Président a par ailleurs annoncé qu’il comptait saisir la justice internationale pour tenter de récupérer un accès à l’océan Pacifique que la Bolivie réclame depuis plus d’un siècle. Le pays andin s’est en effet retrouvé enclavé après la guerre qu’il a perdue contre le Chili dans les années 1880, le privant de pêche mais aussi d’un débouché maritime commercial, a rappelé M. Morales, qui a lancé un appel aux Nations Unies, aux organismes régionaux et aux pays de la région pour que soit trouvée une issue pacifique à cette question. Enfin, après avoir dénoncé l’« hypocrisie » des États-Unis, premier pays consommateur de drogues au monde, lorsqu’ils accusent la Bolivie d’être producteur de cocaïne, le Président s’est livré à un plaidoyer vibrant en faveur de la reconnaissance des droits de la « Terre nourricière ».
M. DANILO TÜRK, Président de la République de Slovénie, s’est dit satisfait du thème de la « médiation » qui a été placé au centre des délibérations de cette session de l’Assemblée générale. Il a indiqué que ce thème apparaît opportun en ce moment de recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Cette médiation, a t-il ajouté, devrait avoir deux objectifs; relancer les pourparlers de paix afin d’aboutir à deux États, palestinien et israélien, vivant l’un à côté de l’autre en paix et en sécurité; et ensuite, trouver un statut adéquat à la Palestine au sein du système des Nations Unies. Tout en souhaitant la bienvenue au Soudan du Sud au sein des Nations Unies, le Président slovène a également accueilli favorablement la décision de l’Assemblée générale de céder le siège de la Libye au Conseil national de transition.
M. Türk a souhaité que les Nations Unies s’engagent davantage dans la crise du climat par des mesures allant dans le sens du soutien au cadre de l’atténuation et de l’adaptation. Il a dit avoir espoir que la Conférence sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud) en fin d’année, se rapprochera d’un accord final. Il a également attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation particulière des petits États insulaires en développement qui apparaissent comme les pays les plus vulnérables aux changements climatiques. Évoquant la Conférence sur le développement durable, prévue à Rio de Janeiro au Brésil (Conférence Rio+20) l’an prochain, il a souligné que ce serait l’occasion de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable. En ces temps difficiles où la crise économique mondiale continue de sévir dans les pays donateurs, a-t-il noté, l’augmentation de l’aide au développement est cruciale.
Le Président de la Slovénie a en outre soutenu que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont essentielles pour la promotion de la paix, de la sécurité et du développement. Il a ajouté que son pays soutient la promotion des droits des enfants et a joué un rôle prépondérant pour la ratification complète de la Convention relative aux droits de l’enfant au cours de sa présidence du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Rappelant que la Slovénie œuvre avec dévouement depuis 20 ans au sein des Nations Unies, le Président Danilo Türk a souhaité voir des réformes du Conseil de sécurité et a annoncé la candidature de son pays pour un poste de membre non permanent de cette instance.
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