CS/10061

Conseil de sécurité: en vue du retrait de la MINURCAT, le Chef de la Mission appelle au renforcement du Détachement Intégré de Sécurité pour garantir la protection des civils dans l’est du Tchad

20/10/2010
Conseil de sécuritéCS/10061
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6406e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: EN VUE DU RETRAIT DE LA MINURCAT, LE CHEF DE LA MISSION APPELLE AU RENFORCEMENT

DU DÉTACHEMENT INTÉGRÉ DE SÉCURITÉ POUR GARANTIR LA PROTECTION DES CIVILS DANS L’EST DU TCHAD


Le Ministre centrafricain des affaires étrangères sollicite l’aide

de la communauté internationale pour appuyer les forces nationales armées


À moins de trois mois du retrait de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), décidé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1923 (2010), le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission, a fait le point sur la situation dans la région depuis le 30 juillet dernier.


M. Youssef Mahmoud a notamment souligné la nécessité, conformément au souhait du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, et du Gouvernement tchadien (S/2010/529), d’appuyer le Détachement intégré de sécurité (DIS) afin de continuer à assurer la protection des civils dans l’est du Tchad après le départ de la MINURCAT.  Il a aussi évoqué la gestion de la sécurité dans le nord-est de la République centrafricaine, en soulignant que le Gouvernement tchadien ne disposait pas d’une capacité suffisante pour assurer le maintien de l’ordre dans la région, surtout après le retrait de la Mission.


Le Représentant permanent du Tchad auprès de l’ONU et le Ministre centrafricain des affaires étrangères ont pris la parole pour préciser leur position.  Ce dernier, M. Antoine Gambi, a réitéré que le Gouvernement centrafricain préférait un appui direct pour renforcer les capacités de ses forces armées au déploiement d’une opération de l’ONU. 


M. Mahmoud a d’abord assuré que la situation en matière de sécurité dans l’est du Tchad était restée relativement calme au cours de la période examinée.  Il a estimé que, d’une part, les fortes pluies qu’a connues le pays et, d’autre part, la vigilance des forces nationales et conjointes du Tchad et du Soudan aux frontières ont contribué à la réduction des violences dans la zone.  « La situation humanitaire continue toutefois d’être préoccupante », a-t-il signalé, des centaines de milliers de réfugiés soudanais et centrafricains dépendent de la protection et de l’aide fournie par huit institutions spécialisées, fonds et programmes de l’ONU et 70 organisations non gouvernementales (ONG). 


Après avoir mis en exergue les efforts menés par le Gouvernement tchadien pour s’acquitter de ses obligations en matière de protection des civils et salué l’appui fourni, en ce sens, par la MINURCAT, le Représentant spécial s’est attardé sur le renforcement du Détachement intégré de sécurité.  « D’ici à la fin du mois, a-t-il indiqué, toutes les fonctions administratives de la Mission seront transférées au DIS, et d’ici à la fin de l’année, il sera composé, grâce au recrutement de 200 éléments formés supplémentaires, d’un effectif total de 1 000 personnes ». 


M. Mahmoud a fait savoir qu’un représentant spécial du Président tchadien se trouvait actuellement à New York pour présenter un plan de pérennisation détaillant les besoins financiers du DIS et pour rencontrer des donateurs potentiels. 


« En outre, le Tchad a initié des discussions avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur la création d’un nouveau fonds d’affectation pour le DIS », a ajouté M. Mahmoud.


Le Représentant permanent du Tchad, M. Ahmad Allam-mi, qui est intervenu pour réaffirmer « l’engagement de son pays à remplir sa mission de protection de civils, et notamment des réfugiés et personnes déplacées, jusqu’à leur retour volontaire sur leurs sites d’origine », a assuré que la mise en œuvre du plan permettra au DIS de faire régner la sécurité dans les camps et aux alentours; de fournir des escortes et d’assurer la sécurité de la zone en coordination avec la Gendarmerie et la Garde nationale du Tchad.


Le Tchad, a-t-il par ailleurs rappelé, a toujours insisté pour que la communauté internationale veille à ce que le Fonds d’affectation spéciale pour le Détachement intégré de sécurité soit suffisamment alimenté après le départ de la MINURCAT, afin de répondre aux besoins du Détachement qu’il a présenté comme une « force spéciale pilote qui fait la fierté des Nations Unies et du Tchad ».  Il a aussi expliqué que le plan de pérennisation prévoyait pour 2011 un budget de « 10 039 215 680 francs CFA, soit 21 561 472 dollars », avant d’ajouter qu’il comptait sur la diligence du Conseil de sécurité pour qu’il ne « perde pas de vue la noble mission de protection des civils qu’il n’a cessé de nous rappeler ».


Pour ce qui est de la situation en République centrafricaine, le Représentant spécial a indiqué que la sécurité dans le nord-est du pays demeurait volatile.  « Étant donné le retrait imminent de la MINURCAT et la capacité limitée du Gouvernement à assurer la sécurité dans la région, les attaques présumées par des éléments affiliés à l’Armée de résistance du Seigneur sont préoccupantes », a-t-il fait remarquer.  Pour le Chef de la MINURCAT, « tout doit être fait pour aider le Gouvernement de la République centrafricaine à déployer des forces additionnelles ». 


Prenant ensuite la parole, le Ministre centrafricain des affaires étrangères, M. Antoine Gambi, a reconnu que les Forces armées de la République centrafricaine manquaient cruellement de matériels et d’équipements « pour garantir la sécurité des personnes et des biens, des réfugiés, des personnes déplacées et du personnel humanitaire dans la région ».  Il a confirmé que dès maintenant, son pays demande aux pays amis et à la communauté internationale de l’assister à renforcer les capacités opérationnelles de ses forces armées et de ses forces de défense et de sécurité.  « À cet effet, une expression des besoins a été adressée au Conseil de sécurité », a-t-il précisé. 


M. Gambi a ajouté que le retrait de la MINURCAT représentait une opportunité pour soutenir les efforts de réforme du secteur de la sécurité engagés par son gouvernement.  « Nous estimons que la rétrocession des moyens logistiques et des installations utilisés par la MINURCAT aux Forces armées centrafricaines permettrait d’accélérer ce processus », a-t-il ainsi déclaré.  « Aidez-nous à nous prendre en charge pour assurer notre sécurité », a-t-il dit, en s’adressant, avant de conclure, aux membres du Conseil de sécurité.



LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, AU TCHAD ET DANS LA SOUS-RÉGION


Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) (S/2010/529)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte de l’évolution de la situation en République centrafricaine et au Tchad depuis le précédent rapport sur la Mission, en date du 30 juillet (S/2010/409).  Il évoque en outre les préparatifs en vue du retrait de la MINURCAT, qui devra être achevé le 31 décembre 2010.  Sur ce dernier point, M. Ban Ki-moon rappelle dans ses observations que l’ultime phase du retrait progressif de la composante militaire des Nations Unies du Tchad et du nord-est de la République centrafricaine commencera le 15 octobre 2010.  « Au 31 décembre, l’ensemble du personnel en uniforme et civil, à l’exception du personnel essentiel pour la liquidation, sera retiré », précise-t-il.


Concernant la situation en matière de sécurité dans l’est du Tchad, le Secrétaire général note que l’amélioration des relations entre le Tchad et le Soudan et la vigilance des forces de sécurité nationales et conjointes aux frontières, ont été d’importants facteurs qui expliquent la réduction des violences dans la zone.  Il souligne cependant que, du fait des fortes pluies et des pénuries humanitaires, les besoins humanitaires se sont accrus dans l’est, où se trouvent toujours des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés.  Dans ce contexte, le Secrétaire général exhorte le Gouvernement tchadien à protéger les civils en sécurisant l’espace dévolu aux opérations d’aide humanitaire. 


Il rappelle, à cet égard, que le Gouvernement du Tchad a réaffirmé à maintes reprises son engagement « indéfectible » à poursuivre le rôle du Détachement intégré de sécurité (DIS).  M. Ban estime que le DIS, créé il y a seulement trois ans grâce à l’appui technique et administratif de la MINURCAT, a « démontré qu’il pouvait contribuer à la sécurité des populations ».  Le DIS ne doit pas échouer par manque de ressources financières », a-t-il souligné, en demandant aux donateurs internationaux de lui fournir un appui soutenu l’année prochaine.  M. Ban indique que l’ONU étudie actuellement la possibilité pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de créer un nouveau fonds d’affectation spéciale pour le DIS, « si le Gouvernement tchadien et les donateurs le souhaitent et jusqu’à ce que les structures et moyens nationaux nécessaires soient en place ». 


Le Secrétaire général considère par ailleurs que la protection des civils dans l’est du Tchad doit s’accompagner de la promotion du dialogue intercommunautaire, du renforcement des structures de gouvernance locale, du respect des droits de l’homme et de la mise en place de mesures économiques et sociales incitatives pour assurer le retour volontaire en toute sécurité des personnes déplacées.  « S’il est vrai que la MINURCAT œuvre avec des partenaires pour garantir la poursuite de ces tâches, l’engagement du Gouvernement tchadien à veiller à ce que ces conditions soient remplies est indispensable », relève-t-il.  


Concernant les options post-MINURCAT proposées par l’ONU au Gouvernement centrafricain, le Secrétaire général fait remarquer que ce dernier a exprimé sa préférence pour un appui bilatéral direct destiné à renforcer les capacités de ses forces de sécurité. 


M. Ban engage, par conséquent, les États Membres à répondre favorablement à la demande d’assistance du Gouvernement centrafricain afin qu’il n’y ait pas de rupture entre le départ de la Mission et la poursuite du déploiement de forces nationales formées et équipées dans le nord-est du pays. 

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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