En cours au Siège de l'ONU

CS/10058

Le dialogue entre la MONUSCO et le Gouvernement de la République démocratique du Congo a débuté sur de bonnes bases, déclare le Représentant spécial

15/10/2010
Conseil de sécuritéCS/10058
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6403e séance – matin


LE DIALOGUE ENTRE LA MONUSCO ET LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

DU CONGO A DÉBUTÉ SUR DE BONNES BASES, DÉCLARE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL


L’ONU ne pourra pas assurer une protection complète

de tous les civils dans l’est du pays, prévient M. Roger Meece


Le dialogue entre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo –la MONUSCO, qui a succédé à la MONUC le 28 mai dernier en vertu de la résolution 1925– et les autorités du pays a « débuté sur de bonnes bases, bien que beaucoup de travail reste à accomplir », a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo et Chef de la MONUSCO.


M. Roger Meece, qui présentait le rapport du Secrétaire généralet intervenait pour la première fois devant le Conseil depuis sa nomination, a toutefois insisté sur l’énormité des difficultés rencontrées dans l’est du pays et a répété que la Mission, avec ses moyens, ne pouvait assurer une protection complète de tous les civils sur un territoire « plus étendu que l’Afghanistan ».  Tant que les groupes armés resteront actifs, les activités de maintien de la paix iront de pair avec les activités de consolidation de la paix et de redressement économique, a-t-il ajouté, en appelant au soutien de la communauté internationale dans tous ces domaines.


Le Représentant spécial a expliqué au Conseil de sécurité qu’il s’était fixé comme priorité, dès son arrivée à Kinshasa il y a trois mois, de « nouer un dialogue constant et constructif » avec le Gouvernement du pays.  Malheureusement, a-t-il ajouté, une « série d’événements graves », y compris les attaques et viols de masse au Nord-Kivu et une « escalade inquiétante de la violence en général », l’ont obligé à passer une bonne partie de ses premières semaines dans l’est du pays.


Les attaques atroces commises au Nord-Kivu, en juillet et août, ont clairement démontré l’importance de la protection des civils et ont donné lieu à un réexamen approfondi des activités de protection de la MONUSCO, a expliqué le Représentant spécial, qui a affirmé au Conseil que cet examen ne « serait pas une activité ponctuelle ».


La MONUC avait joué un rôle de pionnier, a affirmé M. Meece, qui a toutefois ajouté que la Mission s’était engagée plus avant, en augmentant les patrouilles militaires, en étendant les réseaux de téléphonie cellulaire ou de radio ou encore en améliorant la communication avec les populations.


Toutefois, en raison des atrocités commises en juillet et en août dans le Nord-Kivu, la MONUSCO a estimé nécessaire d’afficher une posture militaire plus visible et plus active, a expliqué M. Meece, qui a ainsi justifié l’opération « Vitrine » (Operation « Shop Window »), menée par la MONUSCO du 1er au 18 septembre.  Bien que les Forces armées de la RDC aient été tenues pleinement au courant, ce fut une opération unilatérale de la MONUSCO, « la première du genre depuis très longtemps », a précisé M. Meece.  Le Représentant spécial a estimé qu’elle avait été aussi bien accueillie par les militaires congolais que par le Gouvernement et avait « atteint ses objectifs principaux, au moins à court terme ».  Il a estimé qu’il était dans l’intérêt de la Mission de « conserver une position militaire plus active dans le cadre des ressources disponibles ».


M. Meece a rappelé que l’ONU était parvenue à multiplier le nombre de ses bases militaires, qui atteint aujourd’hui 90, ajoutant que ce nombre dépassait les capacités actuelles en matière de soutien.  L’ouverture de nouvelles bases devra être compensé par la fermeture de bases existantes », a-t-il ajouté, avant de mettre l’accent sur les contraintes budgétaires et le nombre limité d’hélicoptères dont dispose la Mission.


Le Représentant spécial s’est voulu franc en déclarant que « ces activités de la MONUSCO ne pouvaient pas résoudre tous les problèmes de sécurité dans l’est de la RDC ».  Il a rappelé que la Mission était confrontée à des problèmes immenses, faisant état de 15 000 viols commis l’an dernier dans la région.  Il a rappelé que les groupes armés opéraient dans de nombreuses régions très dispersées, parfois au milieu de la population, et que la zone concernée était « plus étendue que l’Afghanistan ».  Il n’est donc « pas possible » pour la MONUSCO de protéger pleinement tous les civils.  Il faudrait, pour cela, un niveau de forces nettement supérieur et des ressources supplémentaires.  Dans ce contexte, les forces gouvernementales ont la responsabilité première d’assurer la sécurité des Congolais, a-t-il rappelé.


En outre, même des opérations militaires bien menées à court terme ne pourront de toute façon pas assurer la sécurité à long terme dans le pays, a averti le Représentant spécial, qui a fait remarquer que la menace des groupes armés exigeait une stratégie plus large, allant bien au-delà de la seule pression militaire.


Rappelant que la coopération opérationnelle des forces de la MONUC avec les Forces armées de la RDC était conditionnée au respect par ces dernières des droits de l’homme, M. Meece a fait observer que ces conditions étaient de plus en plus considérées par les militaires congolais comme une contrainte à éviter.  C’est pourquoi, il a adopté une nouvelle approche lors de ses discussions avec les militaires congolais, en mettant davantage l’accent sur les opportunités que sur les problèmes.  Le Représentant spécial a néanmoins estimé que le dialogue avec les dirigeants de la RDC avait « débuté sur de bonnes bases, bien que beaucoup de travail reste à accomplir ».  Il a souligné que ce dialogue était indispensable pour le bon déroulement des opérations en cours comme pour l’accomplissement d’objectifs à plus long terme.


M. Meece a mis l’accent sur l’importance de la réforme du secteur de la sécurité en RDC, assurant que la MONUSCO y travaillait avec de nombreux partenaires internationaux.  Le Gouvernement a demandé à la MONUSCO de renforcer les programmes de formation, ce qui supposera davantage de ressources de la part des Nations Unies comme des autres donateurs, a-t-il ajouté.  M. Meece a aussi insisté sur l’importance de la lutte contre l’impunité.  Il s’est félicité de la bonne collaboration de la Mission avec le bureau du procureur militaire, de l’arrestation au Nord-Kivu du lieutenant colonel Sadko Kikonda Mayele, un chef des milices Maï-Maï Cheka, et celle, en France, du secrétaire général des FDLR, Callixte Mbarushimana, sur la base d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).  Ce sont, a-t-il estimé, des « mesures prometteuses ».


Tout en se disant convaincu que l’on peut améliorer le processus de concertation avec les autorités congolaises, le Chef de la MONUSCO a estimé qu’il faudrait traiter de nombreux autres problèmes qui affectent l’est de la RDC, y compris l’exploitation illicite des ressources naturelles.  Dans ce domaine comme dans d’autres, il faut renforcer les capacités nationales de la RDC, a-t-il ajouté.


M. Meece a par ailleurs expliqué que les autorités de la RDC accordent une grande importance à la bonne tenue des élections nationales prévues en novembre 2011.  Il a estimé que les choses étaient en bonne voie, avec le soutien de la MONUSCO et du PNUD.  Il faudra ensuite s’engager dans de nouveaux travaux pour garantir la bonne tenue des élections locales prévues en 2013, a-t-il ajouté.  Le Représentant spécial s’est aussi félicité de l’amélioration des relations régionales et notamment de la manière dont plusieurs pays voisins se concentrent sur la menace que représente l’Armée de libération du Seigneur (LRA).


« Nous voulons jouer notre rôle, renforcer les opérations militaires et la protection des civils et mener à bien nos programmes de stabilisation », a répété le Représentant spécial.  Il a toutefois insisté sur la nécessité pour la MONUSCO de disposer des ressources adéquates pour lui permettre de s’acquitter de son mandat.  « Nous devons clairement exposer nos besoins budgétaires et utiliser avec la plus grande efficacité possible nos ressources », a-t-il ajouté avant de conclure.



LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) (S/2010/512)


Le présent rapport, qui rappelle que le Conseil de sécurité avait décidé que la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) s’appellerait, à partir du 1er juillet 2010, la « Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo » (MONUSCO) et qu’elle serait déployée jusqu’au 30 juin 2011, revient sur les progrès accomplis sur le terrain au cours des derniers mois.  Le Secrétaire général souligne que la protection des civils est demeurée la priorité absolue et le principal défi à relever pour la Mission.


À cet égard, la MONUSCO a commencé à constituer des groupes de gestion provinciaux de haut niveau pour la protection du Nord-Kivu et du Sud-Kivu et dans les zones reculées, en collaboration avec les organisations non gouvernementales (ONG), en vue de renforcer les moyens d’alerte rapide et le suivi concernant l’application des recommandations des équipes mixtes de protection.  Cependant, M. Ban Ki-moon reconnaît que, malgré les progrès continuels enregistrés dans l’application de ces mesures et d’autres mesures originales élaborées dans le cadre de la Stratégie du système des Nations Unies pour la protection des civils en RDC, « la Mission a rencontré de graves difficultés en s’acquittant de ses tâches en matière de protection durant la période considérée ». 


Citant notamment l’attaque menée du 30 juillet au 2 août par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des éléments Maï-Maï Cheka à Walikale, le Secrétaire général indique, qu’en réponse, la Mission a non seulement accru ses activités de routine mais aussi pris des mesures préventives telles que « l’Opération vitrine » pour s’attaquer aux causes de l’insécurité dans la zone.  Le Secrétaire général détaille en outre la tâche qu’il a confiée à sa Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Margot Wallström, qui travaille aux côtés de la MONUSCO et de l’équipe de pays en vue de coordonner la réponse des Nations Unies dans le domaine considérée.


Dans ses observations sur la question, le Secrétaire général note que les violences sexuelles et les autres violations des droits de l’homme qui sont perpétrées en toute impunité en RDC « sont une telle abomination que tous ceux qui sont chargés de protéger les civils doivent tout mettre en œuvre pour traduire en justice les auteurs de tels actes ».  Il assure ainsi que l’ONU apportera tout son concours aux efforts que font les institutions judiciaires et au Gouvernement de la RDC pour que soient jugés les chefs des groupes responsables de ces crimes, et pour offrir aide et réparation aux victimes.  Le Secrétaire général exhorte également le Gouvernement de la RDC et ses partenaires internationaux à prendre progressivement des mesures pour que les fonctionnaires qui ont commis de graves violations des droits de l’homme « n’exercent plus de fonctions de commandement et de traduire devant les tribunaux compétents ceux qui sont soupçonnés d’être mêlés aux crimes les plus odieux ». 


Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans la province Orientale, M. Ban demande au Gouvernement de s’engager avec la plus grande détermination à assurer, avec l’aide de la MONUSCO, la protection des communautés vulnérables.  « Les mesures, destinées à améliorer la coordination entre les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies dans les zones où sévit l’Armée de résistance du Seigneur, devraient être assorties d’un engagement accru de la part des États de la région et de ceux qui sont à même d’aider à mettre en œuvre une action efficace à l’échelle régionale », insiste-t-il.


Par ailleurs, concernant les élections générales prévues pour le 27 novembre 2011, qu’il considère comme essentielles « pour la légitimité des institutions nationales et pour que l’État puisse gérer efficacement l’immense potentiel du pays », le Secrétaire général engage vivement le Gouvernement et les autorités électorales de la RDC à veiller à ce que l’inscription des électeurs se fasse dans les délais. 


Enfin, s’agissant du rôle d’appui de la Mission compte tenu des problèmes rencontrés, M. Ban se félicite des évaluations réalisées conjointement par le Gouvernement de la RDC et la MONUSCO: « il faut qu’elles soient suivies d’une réflexion rigoureuse et de consultations entre le Gouvernement, l’ONU, les autres partenaires régionaux et internationaux de la République démocratique du Congo et la société civile, au sujet des mesures à prendre pour remédier aux causes profondes des conflits qui continuent de faire des ravages dans l’est du pays et instaurer la stabilité grâce à laquelle il sera possible de modifier à terme la configuration de la présence de l’ONU dans le pays ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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