CS/10041

Conseil de sécurité: le Représentant exécutif pour la Sierra Leone souligne la nécessite de continuer à appuyer les efforts de consolidation de paix et le processus électoral de 2012

28/09/2010
Conseil de sécuritéCS/10041
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Conseil de sécurité

6391e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT EXÉCUTIF POUR LA SIERRA LEONE SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE CONTINUER À APPUYER LES EFFORTS DE CONSOLIDATION DE PAIX ET LE PROCESSUS ÉLECTORAL DE 2012


Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur l’évolution de la situation en Sierra Leone.  Le Représentant exécutif du Secrétaire général dans ce pays, le Président de la formation « Sierra Leone » de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et la Ministre sierra-léonaise des affaires étrangères ont, notamment, déploré le manque de financement international des stratégies de consolidation de la paix et de développement.  La préparation des élections de 2012 et la nécessité de bien négocier les défis politiques, économiques et sociaux afin de fructifier les acquis obtenus ces dernières années dans la  stabilisation et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont également été évoquées. 


Le Représentant exécutif, M. Michael von der Schulenburg, qui a largement fait référence au rapport du Secrétaire général dont était saisi le Conseil (S/2010/471), s’est d’abord félicité des progrès réalisés par la Sierra Leone dans la mise en œuvre des OMD, en particulier ceux relatifs à la lutte contre le sida et l’élimination de la pauvreté.  Il a ensuite mis l’accent sur trois domaines susceptibles d’avoir un effet bénéfique sur le futur politique, social et économique du pays.  L’intensification de l’exploitation des riches ressources minérales par la Sierra Leone, a estimé le Représentant exécutif, pourrait ainsi briser la dépendance à l’égard des donateurs.  Il s’est dit convaincu que les élections de 2012 contribueraient à renforcer la démocratie et la crédibilité des institutions nationales.  Il a ajouté que l’avènement de la démocratie en Guinée pourrait, pour la première fois, créer une sous-région constituée d’États proches et faciliter le règlement de problèmes communs des trois pays de l’Union du fleuve Mano. 


Le Représentant exécutif a toutefois noté que ces sources d’espoir comportaient également des risques.  Il a par exemple indiqué que les accords miniers n’avaient peut-être pas été négociés en toute transparence et que la taille de certains d’entre eux risquait d’outrepasser les capacités d’investissement et organisationnelles du Gouvernement lui-même.  « Je reste cependant convaincu que même des contrats miniers très importants peuvent être gérés de sorte que les investisseurs étrangers et le pays puissent en tirer profit », a ensuite déclaré M. von der Schulenburg.  Concernant les élections de 2012, le Représentant exécutif a confié que l’atmosphère sur place était celle d’un pays en phase préélectorale.  « Il est regrettable que les principaux partis politiques s’accusent mutuellement d’intentions suspectes », a-t-il cependant ajouté.  « Tout indique que les élections de 2012 constitueront un défi complexe à relever », a poursuivi le Représentant exécutif, expliquant que le pays aurait à organiser pas moins de trois scrutins nationaux en même temps, présidentiel, parlementaire et local.  Il a aussi prévenu contre les risques que les partis les plus puissants soient tentés d’exploiter les divergences ethniques et régionales ou qu’ils convoitent les richesses résultant des nouveaux contrats miniers.


C’est pourquoi, a estimé M. von der Schulenburg, les principaux partis doivent accepter, en vue des élections de 2012, le cadre institutionnel prévu pour leur bonne conduite.  À cette fin, la Commission électorale nationale doit faire plus pour réduire les craintes au sein de l’opposition.  « L’efficacité de la Commission d’enregistrement des partis politiques est entravée par le fait que cet organe n’a pas de président depuis plus de deux ans », a-t-il en outre souligné.  Le Représentant exécutif a par ailleurs appelé la Commission indépendante des médias à protéger les médias sierra-léonais contre les influences excessives durant toute la campagne électorale.  M. von der Schulenburg a ensuite fait observer que si la transition démocratique en Guinée devait finalement échouer, cela aurait un impact négatif en Sierra Leone.  « Dans ce cas, les liens géographiques, culturels et ethniques étroits entre les deux pays et la présence excessive d’armes légères en Guinée pourraient avoir des répercussions sérieuses dans le pays », a-t-il prévenu. 


Le Représentant exécutif s’est inquiété du manque de fonds alloués par les États Membres pour appuyer les efforts entrepris en faveur de la consolidation de la paix et du développement du pays.


C’est sur ces questions, qui devraient être examinées en détail cet après-midi à l’occasion d’une réunion de la formation « Sierra Leone » de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qu’a porté l’intervention du Président de cette formation et Représentant permanent du Canada, M. John McNee.  Ce dernier a souligné la nécessité pour la communauté internationale de continuer à apporter son appui à la Sierra Leone afin que les efforts de consolidation de la paix et de développement économique à long terme soient couronnés de succès.  Annonçant que la Commission de consolidation de la paix adoptera, dans le cadre de sa réunion de cet après-midi, un document final qui s’articulera autour d’un rapport d’avancement conjoint sur le Plan d’action pour le changement, M. McNee a salué le bilan « exemplaire » de la Sierra Leone.  « C’est un pays, a-t-il dit, qui met en pratique les normes relatives à l’efficacité de l’aide, à l’engagement dans les États après un conflit et à la prestation intégrée de services ». 


Il a ensuite reconnu que le pays, qui dispose de deux stratégies globales et intégrées, le Plan d’action et la Vision commune de l’ONU, manque des ressources nécessaires à leur mise en œuvre.  « Le Fonds d’affectation spéciale multidonateurs n’a reçu à ce jour que 10 millions de dollars, alors que l’objectif pluriannuel se chiffre à 204 millions de dollars », a-t-il fait savoir.  M. McNee a indiqué que pour faire face aux besoins, la formation « Sierra Leone » avait décidé d’élaborer un plan de mobilisation des ressources qui cherchera, en particulier, à attirer des donateurs non traditionnels.  Concernant la préparation des élections, il a rendu hommage à l’action du Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone (BINUCSIL) qui, en améliorant le dialogue multipartite, a permis d’éliminer les tensions politiques et de renforcer la capacité d’intervenir en cas de troubles à l’ordre public.  M. McNee a aussi estimé que la création d’un organe de presse indépendant, la « Sierra Leone Broadcasting Corporation », contribuera à renforcer la démocratisation. 


De son côté, la Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, Mme Zainab H. Bangura, a tenu à rassurer la communauté internationale en déclarant que son Gouvernement fera en sorte que la Commission électorale nationale et la Commission d’enregistrement des partis politiques exécutent en toute indépendance leur mandat respectif.


« Le Ministre des finances et du développement économique a commencé à mobiliser l’appui et les ressources nécessaires à la tenue d’un processus électoral crédible, libre, équitable et inclusif », a-t-elle assuré, appelant les Nations Unies à soutenir cet effort.  Mme Bangura a aussi souligné que le Gouvernement de la Sierra Leone était pleinement engagé dans l’amélioration de la gouvernance, du développement du secteur privé, de la lutte contre la corruption, la criminalité transnationale organisée et le chômage des jeunes.  Là encore, a-t-elle souligné, un appui financier et une assistance technique durables sont nécessaires pour répondre aux défis identifiés dans le rapport du Secrétaire général. 


Répondant aux propos du Représentant exécutif, la Ministre sierra-léonaise des affaires étrangères a affirmé que l’une des priorités du Gouvernement était de garantir une gestion « ouverte et transparente » de l’exploitation des ressources minérales du pays.  « La volonté politique existe pour permettre au peuple sierra-léonais de bénéficier des vastes richesses minérales de la Sierra Leone, et c’est pour réaliser cet objectif que le Gouvernement est maintenant prêt pour créer les modalités visant à assurer la conformité des accords miniers avec la législation pertinente », a déclaré Mme Bangura.  Avant de conclure, elle a demandé au Conseil de sécurité de prendre les mesures permettant de faire face au déclin des contributions financières des États Membres pour financier les activités des Nations Unies dans son pays. 


Cinquième rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) ( S/2010/471)


Ce rapport, qui porte sur la période allant du 1er mars au 31 août 2010, note d’abord qu’en vue des élections qui se tiendront en 2012 –et qui « seront une étape importante sur la voie de la consolidation de la démocratie en Sierra Leone et un test critique pour les institutions électorales, les dirigeants politiques et les partis politiques du pays »-  des progrès considérables ont été faits en Sierra Leone en matière de consolidation de la paix et de réconciliation nationale. 


Le Secrétaire général note toutefois qu’il est nécessaire de faire en sorte que les gains réalisés en matière de consolidation de la paix ne soient pas anéantis.  « Le chômage endémique des jeunes est préjudiciable à la stabilité du pays » tout comme la corruption, indique-t-il, invitant instamment, sur ce dernier point, le Gouvernement à faire en sorte que des ressources suffisantes soient affectées à l’appui des efforts faits par la Commission de lutte contre la corruption.


Dans ce rapport, M. Ban Ki-moon fait aussi remarquer que la crise financière mondiale complique la recherche de financements nécessaires à l’application du Programme pour le changement du Président Ernest Bai Koroma.  Le Fonds d’affectation spéciale multidonateurs pour l’application de la Vision commune, qui est aligné sur le Programme pour le changement, a également besoin d’être appuyé, ajoute-t-il. 


Pour le Secrétaire général, cette absence de fonds ayant porté préjudice aux plans du Gouvernement sierra-léonais visant à promouvoir des initiatives de développement politique et socioéconomique plus robustes, la Commission de la consolidation de la paix (CCP) doit assumer un rôle de premier plan en aidant à mobiliser les ressources nécessaires.  De même, le Secrétaire général indique que des ressources seront nécessaires pour donner aux institutions pertinentes les moyens de faire face à la violence sexiste. 


Revenant dans ses observations sur les élections de 2012, M. Ban lance un appel aux partis politiques pour qu’ils continuent de s’engager dans un dialogue et de régler leurs différends.  Il demande en outre à toutes les parties concernées d’adhérer au Code de conduite de la Commission d’enregistrement des partis politiques et de travailler en relation étroite avec la Commission électorale nationale sur les arrangements pour les élections de 2012. 


Dans ce contexte, et compte tenu de la nécessité de continuer à fournir une assistance à la Sierra Leone aux fins de la consolidation de la paix; de prêter un appui aux élections de 2012; de créer des conditions favorables à la réconciliation nationale; de faire progresser les réformes relatives à la bonne gouvernance; de lutter contre la corruption, le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée; de s’attaquer au chômage des jeunes et de mobiliser l’appui des donateurs internationaux, le Secrétaire général recommande que le mandat du BINUCSIL soit prorogé pour une nouvelle période d’un an.


« Durant l’année à venir, le BINUCSIL continuera d’appliquer son mandat dans le cadre de la Vision commune et des priorités décrites dans son précédent mandat », conclut-il. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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