Conseil de sécurité: la consolidation des fragiles progrès accomplis au Libéria a besoin de soutien, indique la Représentante spéciale de Ban Ki-moon
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Conseil de sécurité
6379e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA CONSOLIDATION DES FRAGILES PROGRÈS ACCOMPLIS AU LIBÉRIA A BESOIN DE SOUTIEN, INDIQUE LA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE DE BAN KI-MOON
« Nulle part ailleurs qu’au Libéria il n’est plus clair qu’il ne peut y avoir de sécurité durable sans développement; et de développement durable sans sécurité », a souligné ce matin, devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général et Coordonnatrice des opérations des Nations Unies dans ce pays.
Cependant, si Mme Ellen Margrethe Loj a confirmé les progrès « impressionnants » accomplis par le Libéria ces dernières années, grâce à la présence des Nations Unies, elle a également souligné que certains domaines exigeaient le déploiement d’encore plus d’efforts, en particulier l’état de droit, la réforme du secteur de la sécurité, et la réconciliation nationale. Le Gouvernement du Libéria a demandé que le pays figure à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a rappelé la Représentante du Libéria auprès des Nations Unies, qui a également pris la parole ce matin.
Dans le rapport du Secrétaire général inscrit à l’ordre du jour du Conseil, qui était le 21ème rapport périodique sur le Libéria, Ban Ki-moon recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) pour une période d’un an, soit jusqu’au 30 septembre 2011, à son niveau d’effectif actuel de 8 102 militaires, dont 150 soldats affectés au Tribunal spécial pour la Sierra Leone, et 1 375 policiers.
Ces effectifs devraient être en outre maintenus à leur niveau actuel jusqu’au lendemain des élections présidentielles et législatives, prévues en 2011, « qui sont devenues un point de repère décisif pour le retrait de la Mission », note le Secrétaire général dans ce rapport. La scène politique libérienne s’active en ce moment même à préparer cette échéance, avec l’adoption de législations clefs, la mobilisation de ressources et le renforcement des capacités. Mais le respect de la date butoir fixée pour le scrutin dépendra en grande partie de l’appui de la communauté internationale, a prévenu Mme Loj.
Même si la situation aux frontières avec la Guinée et la Côte d’Ivoire est volatile, c’est sur le plan intérieur que le Libéria fait face à des défis sécuritaires « potentiellement déstabilisateurs », a expliqué la Représentante spéciale, citant notamment les émeutes, les tensions intercommunautaires, les rivalités pour le contrôle et la possession des ressources naturelles, et les violences sexuelles et vols à main armée.
En outre, un taux de chômage alarmant, notamment parmi les jeunes et les anciens combattants, soulève également des préoccupations; et il en est de même de la situation créée par l’augmentation du nombre d’armes à feu manufacturées dans la région et introduites illégalement au Libéria. De nombreux incidents ont par ailleurs éclaté dans des prisons libériennes, en protestation contre les conditions d’incarcération et l’apparition de maladies en milieu carcéral, a précisé Mme Loj.
La confiance limitée du Libéria et des Libériens envers le système judiciaire du pays ne fait que souligner la nécessité d’y renforcer l’état de droit et les institutions sécuritaires, a relevé Mme Loj. Malheureusement, a-t-elle fait observer, le plan présenté il y a un an à cet effet par le Gouvernement attend toujours d’être mis en œuvre, faute de contributions adéquates. Le Libéria, a expliqué la Représentante spéciale, ne peut assumer seul le coût de la réforme du secteur de la sécurité, une réforme qui est d’autant plus nécessaire que les risques de déstabilisation sont davantage internes qu’externes, a insisté la Représentante spéciale.
Sur le plan économique, une étape importante a été franchie par le Libéria lorsque celui-ci a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui a permis au pays d’être éligible pour une annulation de sa dette à hauteur de 4,6 milliards de dollars.
Cependant, a ajouté Mme Loj, le Libéria fait face à des contraintes budgétaires importantes, et elles sont d’autant plus préoccupantes quand on sait l’ampleur des besoins en ressources pour assurer la reconstruction du pays et que l’on constate aussi la persistance de la corruption. Tout en se félicitant du travail accompli pour combattre ce fléau au Libéria, notamment à travers la réalisation de plusieurs audits, Mme Loj a rappelé que le Secrétaire général estime qu’il est cependant nécessaire d’aller encore plus loin.
La réconciliation nationale est cruciale pour la paix durable au Libéria, a ensuite expliqué la Représentante spéciale. Le rapport final de la Commission vérité et réconciliation établie au Libéria et ses recommandations avaient donné lieu à un intense débat sur la manière de traiter les atrocités commises dans le passé et de s’attaquer aux causes profondes du conflit qui déchire le pays.
Le Secrétaire général avait notamment demandé au Gouvernement libérien d’établir un plan en concertation avec toutes les parties prenantes pour donner suite à ces recommandations. La Présidente Ellen Johnson Sirleaf a récemment présenté l’état de la mise en œuvre des recommandations de la Commission. Elle a réaffirmé notamment son soutien au programme « Palava Hut », qui s’appuie sur un mécanisme traditionnel de réconciliation qui permet aux auteurs de crimes de demander publiquement pardon, et elle y a désigné un certain nombre d’acteurs qui interviendront à différents niveaux, notamment celui des poursuites.
La Représentante spéciale du Secrétaire général et Coordonnatrice des opérations du système des Nations Unies au Libéria a enfin souligné que la question des causes profondes du conflit qui a déchiré ce pays mérite qu’on lui accorde autant d’importance que celle dévolue à la réconciliation. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes félicités de la nomination, par la Présidente Johnson Sirleaf, d’un certain nombre de candidats pour les faire siéger au sein de la Commission nationale des droits de l’homme. Les nominations de Mme Johnson Sirleaf attendent désormais l’approbation du Sénat, a indiqué Ellen Margrethe Loj.
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