Quatrième Commission: le dialogue triangulaire entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays contributeurs de contingents doit être renforcé
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Quatrième Commission
15e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: LE DIALOGUE TRIANGULAIRE ENTRE CONSEIL DE SÉCURITÉ,
SECRÉTARIAT ET PAYS CONTRIBUTEURS DE CONTINGENTS DOIT ÊTRE RENFORCÉ
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi, ce matin, son débat général sur les questions relatives au maintien de la paix.
De nombreux pays, intervenant en qualité de pays contributeurs de contingents, ont soulevé l’importance et l’utilité d’un dialogue triangulaire renforcé, tel que proposé par le document « Nouvel horizon », entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes et de police. En effet, le succès des missions de paix des Nations Unies est étroitement lié aux ressources humaines et matérielles que les États Membres fournissent. Tout mandat, aussi clair soit-il, ne peut être réalisé que s’il s’accompagne des ressources adéquates. Compte tenu de cette réalité, les pays fournisseurs de contingents estiment avoir un rôle primordial dans les efforts de maintien de la paix des Nations Unies, et souhaitent être entendus à ce titre.
Pour des délégations, le Conseil de sécurité ne semble pas être le cadre le plus approprié pour ce dialogue. L’une d’elle, faisant remarquer que les pays contributeurs de troupes sont sous-représentés dans cet organe, a constaté que leur participation à la prise de décisions s’avère difficile. Au contraire, plusieurs intervenants ont estimé que le Comité des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) était une enceinte unique puisque tant les pays fournisseurs de contingents et de matériel que les pays hôtes de missions de maintien de la paix peuvent y faire entendre leurs voix et pleinement participer à ses travaux.
Pour certaines délégations, comme la Suisse et l’Ukraine, la relation entre maintien de la paix et consolidation de la paix continue d’être prioritaire. De leur côté, plusieurs États Membres ont insisté sur l’importance de l’appropriation, au niveau national, par les pays hôtes de missions, des processus de paix en vue de garantir un succès à long terme. La délégation indonésienne a proposé à cet effet de créer des comités dans les pays hôtes pour permettre un échange constructif avec les autorités locales.
La Quatrième Commission reprendra son débat général demain, 26 octobre, à 10 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP(Brésil) a constaté la complexité croissante du maintien de la paix et les enjeux qui accompagnent l’augmentation du nombre de missions. Le Brésil estime que la question du maintien de la paix doit être abordée dans une optique de durabilité, a dit la représentante. D’une part, les opérations de maintien de la paix (OMP) doivent apporter une solution durable à la crise que chaque opération cherche à résoudre, de manière à éviter que les pays où sont déployées les opérations ne retombent dans un cercle vicieux de violence dès le départ d’une mission onusienne. Pour cela, il faut que les missions de maintien de la paix soient réellement opérationnelles, et qu’à leur composante militaire soit ajoutée une composante de police et un volet civil permettant d’apporter une réponse pluridimensionnelle aux crises. Mme Dunlopa insisté sur le fait que l’ONU ne peut pas tout faire toute seule. L’Organisation doit donc créer un environnement propice à la reprise d’un processus politique et ouvrir la voie vers l’établissement d’une société pacifique dans les pays sortant d’un conflit, a-t-elle précisé. Les objectifs de développement et de sécurité doivent faire l’objet d’une attention particulière, a préconisé la représentante. S’agissant du rôle des autres fonds et institutions des Nations Unies sur le terrain, elle a insisté sur le fait que les différences existant dans les mandats et dans les structures de financement des missions ne devraient pas justifier un manque de coopération entre le Secrétariat et les autres différents acteurs impliqués dans le maintien de la paix.
Mme Dunlopa constaté que le rythme de croissance des opérations de maintien de la paix (OMP) et des budgets qui leur sont alloués a marqué, pour la première fois cette année, une pause. Cependant, pour pouvoir poursuivre l’action des Nations Unies en matière de maintien de la paix, il faut que les pays fournisseurs de contingents puissent compter sur les ressources financières qui leur sont dues par l’ONU, ainsi que sur une formation adéquate des troupes mises à la disposition de l’Organisation. Par ailleurs, en vue d’assurer que le maintien de la paix jouisse d’une légitimité internationale, il est essentiel de renforcer le rôle du Comité des 34, de manière à donner la possibilité aux pays fournisseurs de troupes de mieux faire entendre leurs voix.
Rappelant que son pays avait été l’hôte d’une mission des Nations Unies, Mme MÓNICA BOLAÑOS-PÉREZ (Guatemala) a dit que le Guatemala était conscient de l’importance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Les opérations de maintien de la paix aujourd’hui ne sont plus simplement militaires. Elles doivent s’adapter à des circonstances et des réalités nouvelles sur le terrain. Les mandats de ces missions, a dit la représentante, sont de plus en plus complexes, les situations dans lesquelles elles sont déployées de plus en plus dangereuses pour les Casques bleus et nécessitent des moyens de plus en plus coûteux. Alors que l’ONU a démontré sa capacité de s’adapter aux changements, ces adaptations ont cependant été lentes et ont souffert de contraintes financières et techniques, a-t-elle ajouté.
La représentante du Guatemala a estimé qu’il était fondamental que l’Organisation incorpore une approche intégrée, effective, et coordonnée lorsqu’il s’agit des questions de maintien de la paix. Elle a également mis l’accent sur l’importance de renforcer la coordination entre le Département de l’appui aux missions (DAM) et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). Cette coordination doit également exister entre ces Départements et les pays fournisseurs de contingents. Le maintien de la paix doit disposer de mandats clairs, crédibles et réalisables, a-t-elle préconisé, en ajoutant que la réalisation ou le prolongement d’un mandat doit tenir compte des réalités de chaque situation. Des incidents récents illustrent l’environnement dangereux dans lequel opère chaque mission de maintien de la paix, particulièrement dans certaines situations de crise aigüe. Les enseignements tirés par chaque mission doivent être partagés par le Secrétariat avec tous les États Membres, a demandé la représentante. Elle a invité les États qui accueillent des opérations de maintien de la paix sur leur territoire à respecter les directives et les mandats de ces missions. S’agissant du processus de réforme proposé par le Secrétariat, le Guatemala se réjouit de l’échange de vues qui a lieu sur cette question. Il faut, a-t-elle dit, que les principes de la Charte soient strictement respectés pour que soit renforcée la légitimité des Nations Unies.
M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a constaté que 10 des 16 opérations de maintien de la paix (OMP) déployées ont des mandats pluridimensionnels. Il a rappelé les exigences avancées dans le rapport Brahimi, pour que de telles opérations soient couronnées de succès, notamment la capacité de déploiement rapide, le soutien politique et une stratégie de construction de la paix. Le délégué a salué les progrès réalisés dans les quatre domaines prioritaires, tels que définis dans la plate-forme « Nouvel horizon ». Il a insisté sur l’importance d’une plus grande coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions. Revenant également sur le danger des mandats qui ne peuvent pas être réalisés faute de moyens ou de capacités, il a souligné la pertinence de l’approche basée sur les capacités avant de déployer ces missions. Il a également réitéré l’importance de l’analyse au cas par cas, avant et pendant le déploiement d’une mission. En effet, selon lui un mécanisme d’évaluation constante (avant et pendant le déploiement) serait un outil précieux pour permettre au Département des opérations de maintien de la paix de s’adapter à la réalité sur le terrain et de rétrograder ou d’augmenter les moyens de chaque mission en fonction des besoins en temps réel. S’agissant de l’appropriation du processus par le pays où une telle mission est déployée, le représentant a expliqué que le renforcement des structures nationales doit se faire impérativement en collaboration avec les autorités locales.
Rappelant que son pays était fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a souligné le caractère exigeant et complexe des missions de la paix que l’Uruguay soutient au quotidien. Il a reconnu que ce n’était pas facile pour le Département de l’appui aux missions et celui des opérations de maintien de la paix de gérer la mise en œuvre des mandats, alors que ceux-ci sont de plus en plus ambitieux. Il s’agit, a-t-il dit, de répondre aux besoins et aux intérêts des États hôtes de ces missions. Ceci est rendu encore plus difficile par la faiblesse des ressources financières et par la nécessité de coordonner les actions et demandes de plus de 100 pays fournisseurs de troupes et contingents de police. L’Uruguay, a-t-il dit, appuie les initiatives contenues dans le document « Nouvel horizon » et reconnaît les effets positifs du dialogue et de la consultation, qui se sont poursuivis sur la base de ce document tout au long de l’année écoulée.
Le représentant a souligné l’importance et l’utilité du dialogue triangulaire, proposé par le document « Nouvel horizon », entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. S’agissant du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dit « Comité des 34 », M. Cancela a exhorté les membres du Comité à continuer de jouer un rôle central dans la réforme des opérations de maintien de la paix et à poursuivre les discussions constructives sur des questions qui sont délicates. C’est en agissant ainsi que le Comité des 34 deviendra un intervenant dont les actes et réflexions resteront pertinents, a estimé M. Cancela. Ceci est dans l’intérêt de tous les intervenants et États Membres, car c’est au sein de ce Comité que leurs vues, ainsi que celles qui sont fournisseurs de contingents ou pays hôtes d’opérations de maintien de la paix, auront le plus de chances d’être prises en compte, a-t-il dit. Il a par ailleurs rappelé l’importance pour les missions de disposer d’un cadre stratégique. Il ne saurait y avoir de paix durable sans efforts pour lutter contre la faim et la pauvreté, a-t-il ajouté. Il a exhorté les États Membres à poursuivre leurs discussions informelles afin d’améliorer les travaux du Comité des 34.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix dépend de partenariats bien coordonnés entre toutes les parties prenantes. Reconnaissant que des progrès significatifs ont eu lieu dans ce domaine depuis la publication du rapport Brahimi, il a cependant relevé certaines lacunes. Rappelant que le maintien de la paix doit respecter trois principes clefs, à savoir: le consentement des parties; l’impartialité, et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et pour défendre le mandat du Conseil de sécurité, M. Kleib a souligné que, pour sa délégation, la protection des civils revêt la plus haute importance dans les mandats des missions. Cela suppose que ces mandats soient clairs et que les missions disposent de ressources adéquates, a-t-il poursuivi. Dans le cas où le mandat d’une mission doit être modifié pour mieux répondre à la réalité changeante sur le terrain, cela doit se faire rapidement et sur la base d’une évaluation crédible, a encore estimé M. Kleib.
Le représentant est également revenu sur la participation et le rôle des organisations régionales au maintien de la paix sur le plan régional. L’Indonésie est en faveur du concept visant la création de comités dans les pays accueillant des missions de paix, ce qui permettrait d’entendre la voix des responsables locaux et de faciliter le processus d’appropriation nationale. S’agissant du développement des capacités nationales, M. Kleib a estimé que cela doit faire partie des priorités des Nations Unies. Il a expliqué que s’il n’y a pas moyen de recruter des personnes qualifiées sur le plan national, il faut alors les recruter au niveau de la région à laquelle appartient le pays hôte de la mission, car les compétences régionales sont plus à même de comprendre les enjeux et particularités locaux. Rappelant que l’Indonésie participe aux effectifs de police de certaines opérations de maintien de la paix, M. Kleib s’est rallié à la vision selon laquelle le maintien de la paix ne représente qu’un élément de la panoplie des moyens envisageables pour assurer la paix et la sécurité à travers le monde.
M. MAJDI RAMADAN (Liban) a indiqué que les opérations de maintien de la paix (OMP) nécessitent un partenariat et des discussions régulières entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat, et le Conseil de sécurité. Une OMP, a-t-il ajouté, ne doit pas être un but en soit mais doit être perçue comme faisant partie d’une réponse plus globale à une crise. Il faut que le maintien de la paix garantisse la protection des civils et permette d’assurer une paix durable, et que le coût des opérations de maintien de la paix soit assumé collectivement, a estimé M. Ramadan. Il a par ailleurs réclamé la fin de l’occupation israélienne. Des crimes comme l’attaque commise par Israël en 1996 contre des installations de l’ONU, à Cana, au Sud-Liban, ou encore comme l’attaque israélienne de 2006 contre l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) ne doivent pas être répétés ou être tolérés, a averti le représentant.
M. Ramadan a appuyé la demande faite par l’Union africaine pour que l’ONU renforce sa coopération avec les institutions régionales, conformément aux termes du Chapitre VIII de la Charte. Il a, par ailleurs, indiqué que le Liban avait pris note du document « Nouvel Horizon ». Il a souligné l’importance du Comité des 34, notamment en ce qui concerne la définition des mandats, qui doivent être clairs et réalisables. La planification et le contrôle des OMP sont une étape indispensable pour permettre aux missions d’être plus efficaces et pour répondre à des situations de plus en plus complexes, a déclaré M. Ramadan. Il a rappelé l’attachement de sa délégation aux questions relatives à la protection des civils, qui incombe aux pays hôtes des missions. Il faut, a-t-il dit, protéger les civils innocents contre les menaces et les dangers quotidiens de l’occupation israélienne. Il a souhaité que les mandats de l’ONU soient à cet égard renforcés. Le Secrétariat doit identifier les lacunes existantes, a préconisé le représentant du Liban. Il a conclu son intervention en rappelant le plein soutien du Gouvernement libanais à la FINUL et au rôle qu’elle joue dans le sud du Liban.
M. PHAM VINH QUANG (Viet Nam) a rappelé qu’actuellement, 124 000 Casques bleus étaient déployés dans 16 opérations de maintien de la paix sur quatre continents, soit neuf fois plus qu’en 1999. Soulignant la nature pluridimensionnelle des mandats donnés aux missions de maintien de la paix, il a rappelé qu’ils incluent à présent l’assistance au processus politique en place dans le pays hôte de la mission, les réformes du système judiciaire, le désarmement et la réintégration d’anciens combattants, ou encore le soutien au retour des personnes déplacées. Si les opérations de maintien de la paix (OMP) sont en pleine mutation pour pouvoir mieux répondre aux besoins, les États Membres devront s’assurer que ces missions disposent de mandats clairs et des ressources nécessaires pour en mener la mise en œuvre à bon terme, a-t-il poursuivi.
Le succès de ce processus nécessite que le soutien politique et matériel de tous les États Membres soit apporté au maintien de la paix, et qu’une coordination efficace soit mise en place entre tous les organismes et fonds des Nations Unies. Pour le Viet Nam, le déploiement des missions de maintien de la paix doit respecter les buts et principes entérinés par la Charte des Nations Unies, les trois principes de base du maintien de la paix, et la non-ingérence dans les affaires nationales des États, a souligné le représentant. Il a également insisté sur l’importance de l’unité du commandement de ces missions. D’autre part, a-t-il poursuivi, les pays fournisseurs de contingents militaires et de forces de police doivent être impliqués dans le processus de prise de décisions à tous les stades -ceci va de la préparation de la mission à son déploiement, et inclut le suivi de ses opérations sur le terrain-. D’autre part, pour parvenir à une paix durable, il faut impérativement comprendre en profondeur la situation spécifique d’un pays et les causes premières du conflit qui l’affecte, a ensuite soutenu le représentant du Viet Nam, qui a ajouté que tout règlement pacifique d’une crise doit passer par un dialogue auquel toutes les parties prenantes au conflit doivent être associées.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a exprimé le soutien du Sénégal aux termes de la déclaration faite par le Royaume du Maroc au nom du Groupe des États non alignés. M. Badji a estimé que le déploiement d’une opération de maintien de la paix doit obéir à un certain nombre de paramètres dont le premier est une définition claire et précise du mandat de la mission et des objectifs à atteindre, ainsi que des tâches à accomplir à cet égard. Le succès d’une opération de maintien de la paix suppose également l’utilisation d’un personnel qualifié, intégré et bien outillé. La mise à la disposition de la mission des équipements dont elle a besoin pour mener à bien l’exécution de son mandat, ainsi que l’existence de financements adéquats et prévisibles, constituent également deux autres défis majeurs à relever, a-t-il indiqué. Dans un contexte où l’ONU fait face à des problèmes financiers, qui sont dus essentiellement au non-versement de leurs contributions par des États Membres, notamment des pays en développement, sérieusement éprouvés par une situation économique et financière difficile, M. Badji a ajouté qu’il conviendrait de réfléchir à la mise en place de sources de financement plus prévisibles. Le représentant a également insisté sur la nécessité d’établir et mettre en œuvre, à l’issue d’une opération de maintien de la paix, des politiques cohérentes de développement dans le pays sortant de crise. Il a également estimé qu’il conviendrait d’intégrer la dimension « diplomatie préventive » dans toutes les actions liées au rétablissement ou au maintien et à la consolidation de la paix.
M. IHAB HAMED (République arabe syrienne) a rappelé l’importance de respecter les principes de la Charte des Nations Unies concernant les opérations de maintien de la paix, à savoir le consentement de l’État hôte, l’impartialité et le non-usage de la force. Les mandats doivent être clairement établis. Il a souligné la nécessité d’un dialogue triangulaire entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Le représentant a rappelé que la première opération de maintien de la paix avait été déployée au Moyen-Orient, il a plus d’un demi-siècle. Israël, selon lui, menace la paix dans la région. Il a souhaité que l’Organisation fasse pression sur Israël pour qu’il cesse ses agressions contre les peuples de la région et qu’il y ait un retour à la paix au Moyen-Orient. Il a salué les sacrifices des Casques bleus, qui à travers le monde, luttent au péril de leur vie pour l’établissement de la paix. Le représentant a conclu en souhaitant que les Nations Unies créent un mécanisme qui oblige Israël à dédommager l’Organisation pour les opérations de maintien de la paix qui ont été déployées depuis plus de 50 ans au Moyen-Orient.
Pour M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), à ce stade du processus de réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, la stratégie d’expansion du nombre et du mandat des missions doit céder la place à une politique de consolidation de la paix. Les changements à apporter aux opérations de maintien de la paix (OMP) doivent être qualitatifs plutôt que quantitatifs, a préconisé M. Kyslytsya. Il a indiqué que l’Ukraine estime que les capacités du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) doivent être améliorées et renforcées, et il a cité, à cet égard, et à titre d’exemple, le manque chronique d’hélicoptères militaires auquel fait face le DOMP et l’impact négatif que cela a sur la mise en œuvre et l’accomplissement des mandats de certaines missions.
En tant que deuxième plus gros fournisseur d’hélicoptères militaires aux missions de paix de l’ONU, l’Ukraine salue l’attention accrue que les États Membres accordent à cette situation et se félicite notamment que l’Assemblée générale a lié ce problème à celui des disparités qui existent actuellement dans le système de remboursement aux États des frais qu’ils engagent auprès de l’ONU en lui fournissant les contingents ou les matériels militaires dont elle a besoin pour déployer ses missions de maintien de la paix. Le représentant a pris note des propositions concrètes qui ont été faites pour remédier à ce problème par le Comité des 34, et a expliqué que sa délégation a proposé de mettre en place un sous-groupe de travail chargé d’examiner les questions relatives aux contributions des États en matériels aériens, y compris les hélicoptères militaires. Pour l’Ukraine, le deuxième domaine qui nécessite des progrès est la protection du personnel des Nations Unies déployé dans les missions. Au moment où les opérations de maintien de la paix entrent dans une phase de consolidation, M. Kyslytsya a estimé qu’il faut se pencher sur la question de la révision des politiques existantes en ce qui concerne les enquêtes menées sur les crimes commis contre le personnel des Nations Unies. Il a souhaité qu’il y ait un cadre juridique clair qui permette aux pays contributeurs de troupes et de forces de police d’être impliqués dans ces enquêtes, surtout quand les crimes ont été commis contre leurs nationaux.
Mme MARCELA ZAMORA(Costa Rica) a rappelé que trois opérations de maintien de la paix ont été déployées dans sa région et qu’elles ont toutes opéré avec efficacité et clôturé avec succès. Cela, selon elle, est lié à la clarté des mandats, à l’engagement régional et à la communication entre toutes les parties prenantes. Le Costa Rica se base sur cette expérience pour défendre le concept de missions intégrées, a-t-elle dit. Elle a appuyé le document « Nouvel horizon » et a indiqué qu’il était important de procéder prochainement à son examen, car c’est la meilleure façon de répondre aux attentes de la communauté internationale et surtout de la population civile dans les zones de conflit. Par ailleurs, elle a souligné l’importance d’un dialogue triangulaire entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il est nécessaire que l’interaction se poursuive.
Mme REBECA HERNANDEZ TOLEDANO (Cuba) a noté que les Nations Unies ont eu à relever de nouveaux défis face à l’évolution des caractéristiques des opérations de maintien de la paix (OMP). Cependant les principes de base du maintien de la paix restent valables aujourd’hui. Compte tenu de l’augmentation importante des opérations de maintien de la paix et des mandats pluridimensionnels de ces missions, la déléguée a estimé que le Comité des 34 acquiert une nouvelle pertinence en sa qualité de forum unique au sein des Nations Unies pour examiner les questions des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Pour Cuba, le succès des missions repose sur des mandats clairs et sur la disponibilité des ressources nécessaires à leur réalisation. D’autre part, pour une plus grande cohérence, il faut renforcer l’interaction entre les pays hôtes, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et de forces de police, ce qui n’est pas actuellement toujours le cas a remarqué Mme Toledano.
S’agissant de la question de la protection des civils, Cuba estime que la responsabilité première revient aux États eux-mêmes. Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes des conflits (pauvreté, développement) sans quoi il sera impossible de briser le cercle vicieux de l’émergence de nouveaux conflits. Toute stratégie de consolidation de la paix doit reposer sur une expérience nationale de façon à répondre aux besoins spécifiques du pays, a encore estimé la déléguée. Pour Cuba, la Commission de consolidation de la paix (CCP) doit jouer un rôle primordial dans la formulation du processus de consolidation de la paix au cas par cas.
M. SERGE BAVAUD (Suisse) a souligné que la relation entre le maintien et la consolidation de la paix continue d’être prioritaire pour sa délégation. Réaffirmant le rôle central du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), notamment à travers des activités du Bureau de l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, il a estimé que celui-ci devait pouvoir bénéficier du soutien des autres acteurs du système pour faire face aux défis actuels. À cet égard, la Suisse attend avec intérêt la stratégie que le DOMP prépare à la demande du Comité des 34 sur les tâches précoces de consolidation de la paix. Le représentant a aussi estimé que le récent rapport des cofacilitateurs sur la Révision de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies est un pas dans la bonne direction et qu’il contient des pistes que les États Membres et le Secrétariat devraient approfondir. S’agissant de la protection des civils, M. Bavaud a tenu à souligner l’importance des questions de genre, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Malgré les progrès effectués sur cette thématique, il a plaidé pour des améliorations urgentes sur le plan opérationnel.
M. LIM YOON BOON (Singapour) a déclaré que l’environnement dans lequel sont déployées les opérations de maintien de la paix (OMP) était de plus en plus complexe. Afin d’assurer un maintien de la paix efficace, le représentant a indiqué qu’il fallait que les missions reçoivent un meilleur appui des États Membres et de l’ONU elle-même. Cet appui est important en ce qui concerne le conseil stratégique, la mise en place de mandats clairs et réalisables, et l’octroi de ressources adéquates à chaque mission pour en assurer le succès, a-t-il ajouté. La paix et la sécurité durables ne seront possibles que si les causes premières des conflits sont identifiées, a estimé M. Lim. Ensuite, une approche globale et intégrée du concept de maintien de la paix doit être adoptée afin de prévenir l’éclatement violent des conflits, maintenir la paix et prévoir les ressources et les politiques nécessaires pour la reconstruction des zones en période post-conflit. Toutes les OMP doivent comprendre un volet d’actions permettant aux pays et aux régions accueillant les missions de s’en approprier les processus, a préconisé le représentant de Singapour.
M. Lim a mis l’accent sur l’importance de donner la priorité à la reconstruction et au développement social et économique, afin de parvenir à l’établissement d’une paix et de conditions de sécurité durables. La reconstruction peut aider à rétablir la sécurité dans les zones affectées par les conflits violents, a-t-il ajouté. Le représentant a, par ailleurs, déploré les viols récents commis contre des centaines de civils, et a souligné la nécessité de renforcer la protection des populations civiles, et notamment des femmes. Des informations relèvent que les personnels des OMP ont souvent une idée vague de leurs missions et que ces personnels manquent souvent de la formation qui leur permettrait de remplir convenablement les tâches qui leur sont assignées, a-t-il déploré. Des directives claires concernant les priorités de la mission devraient donc être fournies au chef de mission opérant sur le terrain, et il faudrait que la question de la protection des civils soit placée au centre de ces priorités et intégrée dans tous les mandats, a-t-il souhaité.
Mme MARÍA WALESKA VIVASMENDOZA (Venezuela) a reconnu l’importance du rôle que jouent les opérations de maintien de la paix (OMP) dans l’éventail des instruments disponibles pour préserver la paix et la sécurité dans le monde. Cependant, soulignant le fait que l’efficacité des missions de maintien de la paix repose en grande partie sur la qualité de leurs effectifs et du matériel qui leur est octroyé, la représentante a insisté sur la nécessité d’associer les pays contributeurs de troupes au processus de prise de décisions en matière de maintien de la paix à tous les niveaux. Compte tenu du fait que les pays contributeurs de contingents sont sous-représentés au Conseil de sécurité, leur participation à la définition des mandats et dans les prises de décisions s’avère difficile, a-t-elle constaté. Elle a par ailleurs estimé qu’il n’était pas inutile de souligner la nécessité de respecter les principes essentiels du maintien de la paix, qui sont l’impartialité, le consentement des parties, et le non-usage de la force; ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et le respect de leur souveraineté nationale. S’agissant des propositions de la plate-forme « Nouvel horizon », Mme Mendoza a dit que le Venezuela suivait de près tout le processus de la réforme liée au domaine du maintien de la paix. « Notre délégation estime que le Comité des 34 reste la seule enceinte compétente des Nations Unies pour l’examen des questions liées au maintien de la paix », a-t-elle indiqué. Elle a également soutenu que toute paix durable suppose que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits, qui sont souvent la pauvreté et les problèmes de développement. Le Venezuela se joint aux appels lancés pour restaurer l’image des Casques bleus onusiens, a dit Mme Mendoza en soulignant que sa délégation appuie la politique de tolérance zéro du Secrétaire général en ce qui concerne les abus commis par certains personnels onusiens contre des populations civiles.
Mme TAMARA AL RIFAI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a fait remarquer que les opérations de maintien de la paix étaient de plus en plus souvent considérées par la communauté internationale comme un gage important, assurant une protection aux populations civiles. La protection des civils est au cœur du droit humanitaire international, a-t-elle rappelé, ajoutant que le CICR collaborait avec les Gouvernements à l’inclusion de ce principe, notamment au sein de la doctrine, des procédures et de la formation des forces armées ou de la police. Les États demeurent cependant les premiers responsables de la protection des civils au sein de leurs juridictions, a-t-elle souligné. Elle a rappelé que le CICR avait développé des relations constructives avec les pays fournissant des contingents en vue de la formation de ceux-ci avant leur départ. Elle a encore réaffirmé la nécessité d’un dialogue institutionnel régulier avec le DOMP, le Comité des pays fournissant des contingents et des fournisseurs de police, ainsi qu’avec le Département d’appui aux missions.
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