En cours au Siège de l'ONU

CPSD/462

Les opérations de maintien de la paix passent à une phase de consolidation, souligne Alain Le Roy devant la Quatrième Commission

22/10/2010
Assemblée généraleCPSD/462
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission                                      

14e séance – matin


LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX PASSENT À UNE PHASE DE CONSOLIDATION, SOULIGNE ALAIN LE ROY DEVANT LA QUATRIÈME COMMISSION


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entendu ce matin le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, et la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Susana Malcorra, brosser un tableau des développements récents et des stratégies à court et moyen termes des opérations de maintien de la paix.  Les deux exposés ont été suivis d’un débat à huis clos et du début du débat général. 


La base des discussions de ce matin était le document de travail « Nouvel Horizon »*.  Présenté le 29 juin 2009 au Conseil de sécurité, ce document, un « non-papier » dans le langage onusien, propose des mesures pour un « partenariat renouvelé », en particulier avec les pays contributeurs de troupes et de personnel de police et ce, à tous les stades, de la conceptualisation des opérations à leur retrait, en passant par leur planification, leur conduite et leur évaluation.


Les domaines prioritaires qui y sont définis sont l’élaboration de guides pratiques pour définir les rôles fondamentaux d’un maintien de la paix moderne, la création des capacités nécessaires pour relever les défis actuels et la mise en place d’un appui plus solide sur le terrain.  Après avoir fait le point sur les développements récents dans ces quatre domaines, M. Le Roy a présenté les éléments qui le poussent à dire que le maintien de la paix des Nations Unies passe à une phase de consolidation.


Ces opérations, ayant gagné en importance et en complexité, étaient, en mai 2010, dotées d’un personnel de 124 000 militaires, policiers et civils, ce qui était un chiffre record.  Cependant, depuis cette date, les effectifs de maintien de la paix ont, pour la première fois, enregistré une baisse.  Cela s’explique par la diminution de 1 650 personnes des effectifs de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et par la fermeture prochaine de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).  Cela ne signifie cependant en aucun cas que les défis à relever aient changé, a dit M. Le Roy.  Au contraire, depuis l’année dernière le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) fait face à un manque de ressources accru du fait des contraintes financières et autres que connaissent les États Membres.  À ce propos, les deux Secrétaires généraux adjoints ont fait état d’une véritable « crise » liée au manque crucial d’hélicoptères dans certaines missions.


M. Le Roy a également soulevé la question de la protection des civils.  Si, selon lui, les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas garantir une protection complète aux civils, laquelle requiert des efforts à plus long terme susceptibles de ramener la paix et la stabilité dans les zones affectées, elles doivent cependant anticiper ces menaces et y faire face de leur mieux en utilisant tous les moyens à leur disposition.  Il a expliqué que le DOMP assurait des modules de formation à la protection des civils à son personnel. 


La Quatrième Commission se réunira lundi matin à 10 heures pour poursuivre cette réflexion dans le cadre de la suite du débat général étalé sur quatre séances et consacré à l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.


* Nouveau partenariat à l’ordre du jour; définir un nouvel horizon pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Déclarations liminaires


M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a affirmé que le maintien de la paix restait un élément essentiel et dynamique de la réponse internationale aux menaces à la paix et à la sécurité mondiales.  Au cours des deux dernières décennies, les opérations de maintien de la paix ont été déployées dans de très nombreuses configurations.  Soulignant que le succès de ces opérations n’est jamais garanti, M. Le Roy a expliqué que ceci est dû au fait qu’elles sont déployées dans des environnements extrêmement difficiles, tant sur le plan géographique que politique.  « Nous devons relever des défis dans de nombreux domaines, mais il n’en demeure pas moins que le maintien de la paix s’est avéré être un outil précieux pour soutenir les pays sur la voie difficile du conflit vers la paix », a-t-il poursuivi.  Pour lui, la tâche collective consiste à préserver, améliorer davantage et renforcer les qualités du maintien de la paix et à remédier à ses faiblesses.


Rappelant que l’année dernière, Mme Susanna Malcorra, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, et lui-même avaient présenté les priorités à court et moyen termes de leurs Départements respectifs, telles que définies dans le document « Nouvel Horizon », il a estimé que cette année avait témoigné de leur pertinence.  Ainsi, a-t-il rappelé, la plate-forme « Nouvel Horizon » définit quatre domaines prioritaires qui sont: une plus grande cohérence des questions clefs, y compris le lien entre maintien de la paix et consolidation de la paix et la question de la protection des civils; la création des capacités nécessaires pour relever les défis actuels des opérations multidimensionnelles; un appui aux missions plus efficace et économique par la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions; et le renforcement de la planification, de la gestion et du suivi des missions.


Citant les cas des missions au Tchad, au Darfour et en République démocratique du Congo, qui ont eu du mal à être à la hauteur des attentes locales et de la communauté internationale en termes de protection des civils, M. Le Roy a expliqué que par moment il avait été difficile pour ces missions de s’acquitter de leurs mandats parce qu’il y avait un consentement limité et des divergences de vues au sein de la communauté internationale au sujet de la stratégie.  Elles ont également connu un manque de capacités et de structures de soutien, ce qui a entravé leur faculté à apporter « une réponse robuste » aux situations auxquelles elles étaient confrontées, a-t-il encore précisé. 


Abordant la situation de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), il a souligné la crise qu’avait connue cette Mission à la suite du séisme dévastateur qui avait touché Haïti en janvier 2010.  La réponse de la communauté internationale à cette tragédie a mis en exergue une série de défis à relever par le DOMP, à savoir les besoins critiques dans les domaines de la planification de la gestion des crises; des arrangements de secours d’urgence; des capacités de réserve de déploiement rapide et flexible, sans parler de la coopération et de l’interopérabilité avec les autres partenaires.  S’agissant de la situation au Tchad, où la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) devrait être fermée d’ici à la fin de l’année, le Secrétaire général a assuré qu’une attention particulière avait été accordée à la protection continue des réfugiés et des personnes déplacées et à l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’est du pays. 


Parallèlement à ces développements, un dialogue interactif soutenu entre les membres du Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat a permis de définir un ordre du jour conjoint pour le maintien de la paix et de renforcer les partenariats.  Dans ce contexte, M. Le Roy a fait état des progrès accomplis pour définir un cadre stratégique pour guider les efforts de protection des civils dans les mandats des missions, ce qui avait été demandé par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (appelé aussi le C-34).  De plus, le DOMP a commencé à faire un inventaire des meilleures pratiques et des capacités nécessaires pour pouvoir assurer le volet protection des civils, et à développer des modules de formation à cet effet.  M. Le Roy a également fait état des efforts consentis par le Département des opérations de maintien de la paix pour que les femmes représentent 20% des effectifs des forces de police d’ici à 2014.


En vue de développer une approche globale basée sur les capacités, le DOMP et le DAM axent leurs efforts sur trois domaines prioritaires qui sont la définition de directives et de normes de capacité; la mobilisation et le maintien des ressources critiques; et le renforcement de la formation du personnel de maintien de la paix.  S’agissant de la stratégie d’appui aux missions, M. Le Roy a expliqué qu’elle va transformer la manière de délivrer les services sur le terrain, en s’adaptant aux exigences spécifiques des opérations d’aujourd’hui.  Ainsi l’appui aux missions sera plus prévisible, plus professionnel et plus flexible tout en étant transparent et le plus rentable possible.  Par ailleurs, un processus de consultation systématique entre les pays contributeurs de troupes et de police, le Conseil de sécurité et le Secrétariat a été mis en place en vue de renforcer la planification et le suivi des missions, a encore précisé M. Le Roy. 


Abordant la question de la consolidation du maintien de la paix, M. Le Roy a rappelé qu’en mai 2010, le DOMP avait déployé 124 000 militaires, policiers et civils sur le terrain, ce qui était le niveau le plus haut jamais atteint.  Depuis, ce chiffre a commencé à baisser, ce qui est aussi une première.  En effet, les effectifs de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) ont diminué de 1 650 personnes et la MINURCAT sera fermée d’ici à la fin de l’année, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  « Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont, en quelque sorte, atteint une phase de consolidation », a-t-il souligné avant d’ajouter que cette baisse des effectifs ne signifie nullement que les défis à relever ont eux aussi diminué.  Au contraire, les missions actuelles se caractérisent par une portée de plus en plus large de leurs mandats, y compris les aspects civils et la complexité politique à laquelle elles font face.  Pour M. Le Roy l’un des secteurs où la demande augmentera significativement sur les prochaines années est la police.  Il a ajouté que, dans l’ensemble, les défis à relever qui ont été décrits l’année dernière dans le document « Nouveaux Horizons » n’ont pas changé.  Cependant le manque de ressources à l’échelle mondiale semble être devenu plus accru.  Expliquant cela par les contraintes financières et nationales, il a précisé que cela s’était traduit dans la pratique par le fait que certains pays avaient retiré certaines capacités cruciales qu’ils avaient apportées aux missions, notamment des hélicoptères.  Ainsi,  des missions extrêmement complexes comme la MINUAD, la MONUSCO ou encore l’UNMIS connaissent aujourd’hui un manque crucial d’hélicoptères.


M. Le Roy a également abordé le problème des violences sexuelles contre des civils en situation de conflit en tant que tactique de guerre.  Citant à titre d’exemple les viols collectifs terrifiants qui ont eu lieu en RDC, M. Le Roy a constaté qu’il ne s’agit malheureusement pas là de cas isolés.  Saisissant cette opportunité pour élaborer sur la question des attentes auxquelles les missions font face en termes de protection des civiles, il a souligné que les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas garantir une complète protection aux civils compte tenu du fait qu’elles sont déployées dans des situations de conflit qui touchent des territoires souvent vastes.  Cependant, on peut demander à ces missions, et à toute personne y étant déployée, de faire de leur mieux, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  Cela signifie en pratique que les missions doivent anticiper et faire face aux menaces contre les civils en utilisant tous les moyens à leur disposition - militaires, de police et civils.  Cependant cela s’est avéré difficile au Tchad et au Darfour, car les parties au conflit ne permettaient qu’un accès limité aux OMP, a fait noter M. Le Roy.


En conclusion, il a avancé l’idée que pour faire face à la complexité croissante des menaces à la paix et à la sécurité internationales, une réponse effective de toute la communauté internationale s’impose.  Pour cela, il faut garder à l’esprit que le maintien de la paix ne représente que l’une des composantes des efforts possibles de la communauté internationale, et que le succès de ces efforts dépend d’une approche concertée, a-t-il ajouté.  Fort de ce constat, il a expliqué qu’à l’avenir les partenariats en matière de maintien de la paix devront tenir compte des aspects liés à la prévention, la médiation et la consolidation de la paix.  Les limites entre ces trois domaines étant parfois floues et leur chronologie flexible, M. Le Roy a souligné qu’ils se renforçaient mutuellement et devaient être abordés en parallèle.  Justifiant ce propos par le fait que sur le terrain les défis politiques, sécuritaires et de maintien de la paix sont interconnectés, il a insisté sur la nécessité d’une approche inclusive et de plus d’intégration et de coopération.  Il a également fait part de la volonté du DOMP de poursuivre sa coopération avec les organisations régionales de manière à utiliser au mieux l’expertise régionale.  La phase actuelle de consolidation du maintien de la paix doit permettre, selon lui, d’aller de l’avant dans les quatre domaines prioritaires définis par son Département, notamment dans la stratégie mondiale d’appui aux missions.  Conscient des contraintes financières de la communauté internationale et du coût élevé des OMP, M. Le Roy a assuré aux délégations que son Département veillait à utiliser le plus efficacement possible et avec la plus grande flexibilité les ressources dont il dispose.


Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe et Directrice du Département d’appui aux missions (DAM), a rappelé que ce dernier a été créé il y a quatre ans.  Elle a par ailleurs déploré que depuis son dernier discours devant la quatrième Commission, l’an passé, de terribles tragédies ont frappé le personnel des Nations Unies, notamment en Afghanistan et en Haïti.  Elle a réitéré la collaboration du DAM avec le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département des affaires politiques. 


Indiquant que le DAM fonctionnait dans un environnement dynamique, Mme Malcorra a donné quelques exemples des différentes missions de maintien de la paix dans lesquelles son Département est engagé.  Au Soudan, a-t-elle dit, le Département a déployé 500 personnels supplémentaires.  La question du Darfour reste une priorité pour mon Département, a-t-elle souligné.  Elle a ajouté que le DAM fournissait également une aide en Côte d’Ivoire, pour la préparation des élections.  Des centres de vote et un appui aux élections ont, par ailleurs, été apportés en Afghanistan ou en République démocratique du Congo. 


Concernant la situation en Haïti, Mme Malcorra a mis l’accent sur le défi urgent auquel son Département a dû faire face.  Nous avons fourni un appui, coopéré avec le Département de gestion et d’identification, assisté les familles et notamment celles touchées par le deuil, évacué les blessés, fourni une aide administrative et assuré une aide au Gouvernement, par la fourniture de tentes, a-t-elle expliqué.  Nous avons également augmenté les unités de police et nous nous préparons à aider le pays en vue de la tenue des prochaines élections.


Mon Département, a poursuivi Mme Malcorra, a également facilité la transition de deux missions politiques spéciales dans une entité intégrée de consolidation de la paix, en République d’Afrique central et en Guinée-Bissau.  Au Burundi, la mission politique spéciale est en train d’être réduite, notamment après les élections législatives qui se sont tenues avec succès en début d’année dans ce pays, a-t-elle dit.  De plus, les opérations que le Département mène au Tchad seront fermées d’ici à la fin de l’année, a-t-elle ajouté.  Pour le DAM, fermer une mission est également le début d’un travail crucial de liquidation, a estimé Mme Malcorra.  Nous sommes en train de rapatrier nos troupes, a-t-elle précisé.  Elle a par ailleurs expliqué que son Département poursuivait son partenariat avec l’Union africaine en Somalie. 


Mme Malcorra a expliqué que la stratégie globale d’appui aux missions, qui avait été présentée par le Secrétaire général, vise à accélérer et améliorer l’appui pour les opérations de maintien de la paix, y compris la consolidation de la paix, l’assistance électorale, la prévention des conflits, et le renforcement et l’acheminement des ressources tout en assurant la sécurité du personnel.


Mme Malcorra a indiqué que son Département était entré dans une phase de consolidation qui coïncide avec la période en cours de restrictions financières.  Le manque de ressources s’aggrave, a-t-elle déploré.  La stratégie globale d’appui aux missions devrait nous aider à utiliser avec sagesse ces ressources, tout en améliorant la qualité de l’appui exigé par nos missions.  Mon Département a travaillé activement avec les États Membres concernant la stratégie mondiale d’appui aux missions.  Elle s’est dite reconnaissante de cette participation des États Membres à cette discussion et de la possibilité de les consulter. 


Mme Malcorra a, par ailleurs, expliqué que son Département était en train de mettre en œuvre la phase « Modularisation ».  La mise en place de modèles normalisés d’appui aux missions permettra de mieux nous préparer, notamment en matière de coûts, risques, qualité et compétences.  Ainsi, elle a indiqué qu’un premier atelier a été organisé avec les représentants du « Comité des 34 », Comité spécial des opérations de maintien de la paix, relatif à cette question et qui a été couronné de succès. 


Depuis l’approbation de la stratégie globale d’appui aux missions, le 1er  juillet 2010, les missions ont été transférées administrativement à un Centre régional de services, afin de permettre au Département de consolider plus efficacement certaines fonctions de ces missions, a expliqué Mme Malcorra.  Concernant la gestion des ressources humaines, le Département s’est concentré sur l’immédiateté de sa réponse, à travers une approche délibérée consistant à assurer les capacités externes et renforcer les capacités internes.  L’approche du Département est pleinement alignée avec les initiatives de gestion des ressources humaines du Secrétaire général et est guidée par une série d’éléments, notamment en vue de mener à bien les opérations sur le terrain dans des conditions extrêmement difficiles.  À ce propos, Mme Malcorra a souligné l’importance pour son Département de travailler de concert avec les pays fournisseurs de contingents et de forces de police. 


Octobre 2010, a-t-elle poursuivi, marquera le dixième anniversaire de la résolution 1325 de l’Assemblée générale sur les femmes, la paix et la sécurité.  Elle a regretté que l’équilibre homme/femme ne soit toujours pas atteint au sein de son Département.  Par ailleurs, la déontologie et la discipline du personnel onusien restent une source de préoccupation pour le DAM, a-t-elle dit.  Elle a précisé qu’elle maintenait les discussions avec les pays fournisseurs de contingents concernant les cas de mauvaises conduites, afin que les auteurs soient punis. 


Les cas d’abus et d’exploitation sexuelle ont sensiblement diminué, a-t-elle noté.  Mais, des bruits concernant d’autres types d’abus demeurent encore trop nombreux, selon elle.  Elle a indiqué que le Département a lancé en novembre 2009 un nouveau site Web concernant la déontologie et la discipline, qui fournit sur une base trimestrielle des données cruciales concernant les allégations d’exploitation sexuelle et d’abus. 


Parvenir à un équilibre entre les demandes à court terme et une approche plus stratégique est un exercice difficile pour le Département, a indiqué Mme Malcorra.  Le Département doit collaborer étroitement avec l’Assemblée générale et les différents éléments du Secrétariat des Nations Unies sur le terrain, a-t-elle ajouté.  Il faut également agir de manière à conserver des liens avec les pays fournisseurs de contingents et de police et améliorer la communication entre ces derniers et le Département.  Il faut également que le Département améliore l’identification des risques.  C’est pourquoi la phase de consolidation actuelle présente une occasion pour le DAM de relever les défis en termes d’efficacité, a conclu Mme Malcorra.


Débat général


S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. LOFTI BOUCHAARA (Maroc) a estimé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies étaient à la croisée des chemins.  L’ampleur et la complexité des opérations de maintien de la paix ont atteint un niveau sans précédent et cela soulève de nombreuses questions, et notamment celle des capacités des Nations Unies en la matière.  À cet égard, M. Bouchaara a indiqué qu’il était indispensable de respecter le consentement des parties.  Il est important que le respect des principes de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de tous les États et de la non-intervention dans les affaires qui relèvent de la compétence nationale des États, soit également respecté, a-t-il ajouté.


S’agissant des opérations de maintien de la paix, le représentant a souhaité que ces dernières puissent recevoir dès le début de leur mission un appui politique, les ressources logistiques, financières et humaines adéquates, et qu’elles disposent d’un mandat clair ainsi que d’une stratégie de sortie.  C’est pourquoi, le Département des opérations de maintien de la paix ne doit pas être considéré comme un substitut capable de s’attaquer à la racine des conflits.  Il a souhaité que l’expérience des pays fournisseurs de contingents soit prise en compte et évaluée de manière objective. 


Durant la dernière session du C-34, le Maroc, au nom du NAM, a proposé la création d’une « coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents ».  Étant donné les défis de plus en plus nombreux, le représentant a appelé à élargir le nombre de pays fournisseurs de contingents et a encouragé de nouveaux pays à participer aux opérations de maintien de la paix.  Tous les pays développés, et notamment les membres du Conseil de sécurité devraient s’engager dans ces missions, a-t-il dit.  Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessaire dynamique entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix.


M. Bouchaara a mis l’accent sur la « modularisation » et indiqué que les pays fournisseurs de contingents étaient prêts à participer à ces modules pour partager leur expérience et notamment prendre part aux ateliers.  S’agissant de la gestion des ressources humaines, le représentant a dit qu’il était indispensable que des informations claires soient fournies.  Le Mouvement des non-alignés insiste pour qu’une formation adéquate soit fournie aux dirigeants des missions de maintien de la paix.  Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité de fournir une évaluation finale d’une mission et de s’assurer que la protection des civils incombera à l’État hôte.  Selon lui, la protection des civils exige une approche transversale et globale, un appui logistique et des mandats bien définis et réalisables. 


M. JAN GRAULS (Belgique), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, est revenu sur l’étroite coopération de l’UE avec les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix.  En effet l’UE continue d’appuyer et de compléter les OMP sur le terrain, en particulier en Afrique, et apporte une contribution financière substantielle à ces opérations.  Compte tenu de la complexité croissante des OMP, le délégué a appelé à renforcer les mécanismes de coordination entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a également souligné l’importance du fait que toutes les parties concernées doivent contribuer pleinement à la réalisation des engagements pris tant au niveau du processus politique que sur le terrain.


Pour lui, la plate-forme « Nouvel Horizon » est un cadre extrêmement important et constitue une base pour un consensus politique renouvelé sur le contexte stratégique des OMP.  À ce propos, l’UE appuie le développement et la mise en œuvre de la stratégie d’appui aux missions et le concept de la modularisation du déploiement des OMP ainsi que l’approche mue par la capacité, qui sont les priorités de cette approche stratégique définie par cette plate-forme.  Elle se félicite du renforcement de la capacité police et civile du DOMP et encourage le travail en cours visant à améliorer la planification et le suivi des missions.  S’agissant des domaines où l’UE souhaite voir des progrès, le délégué a évoqué la question de la protection des civils en situation de conflits.  Même si cette question incombe avant tout aux gouvernements nationaux, les OMP doivent leur venir en aide, a-t-il estimé ajoutant que cette question doit être abordée de manière adéquate dans les mandats des missions.  L’UE se félicite des progrès accomplis dans la réalisation d’un inventaire des bonnes pratiques et encourage toute mesure visant à améliorer les capacités de l’ONU dans ce domaine.


S’agissant d’une approche robuste au maintien de la paix, l’Union européenne estime que la notion selon laquelle les Casques bleus doivent agir de manière robuste pour défendre leurs mandats est compatible avec les principes du maintien de la paix.  Cependant il ne doit pas y avoir de confusion entre « approche robuste » et « imposition de la paix ».  S’agissant de deux principes différents, il a demandé un dialogue soutenu au sein du C-34 pour mieux répondre aux exigences des missions et leur permettre de réaliser le plus efficacement leurs mandats.  Pour ce qui est de la relation entre maintien de la paix et consolidation de la paix, l’UE est d’avis que le personnel de maintien de la paix doit être en mesure de participer à toutes les phases de ce processus.  Elle réitère son appui à la Commission de consolidation de la paix (CCP). 


Reconnaissant que depuis la parution du rapport Brahimi, les capacités de maintien de la paix ont été significativement améliorées, le représentant de l’UE a estimé qu’il fallait maintenant s’appuyer sur la plate-forme « Nouvel Horizons » pour aller plus avant.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), qui s’est exprimé au nom du Groupe de Rio, a mis en avant la nécessité d’élargir à de plus nombreux pays la participation aux opérations de maintien de la paix.  Il a souhaité que la coordination et l’interaction entre les différentes parties prenantes y compris le pays hôte, les pays contributeurs de troupes et de police et les Membres de l’Organisation dans son ensemble soient renforcées.  Par ailleurs, il a estimé que le Département des opérations de maintien de la paix a un rôle indispensable à jouer pour évaluer les politiques à mettre en place.  Le représentant a également souhaité le renforcement du Comité dit des 34. 


M. Errázuriz a expliqué que le Groupe de Rio avait suivi les discussions tenues autour du projet « Nouvel Horizon ».  Ce document ainsi que ses recommandations ont fait l’objet de discussions, a-t-il dit souhaitant que le Secrétariat publie le rapport pertinent.  Les pays fournisseurs de contingents, selon lui, doivent participer à tous les aspects et toutes les étapes des opérations de maintien de la paix.  Il a également suggéré que le Conseil de sécurité continue d’organiser des réunions privées avec ces pays fournisseurs de troupes.  Le Groupe de Rio, a-t-il dit, estime qu’il faut des capacités et des ressources adéquates et des formations appropriées pour que les opérations de maintien de la paix soient en mesure de s’acquitter de leurs tâches.  Par ailleurs, M. Errázuriz a rappelé l’importance de garantir une politique de tolérance zéro, à l’égard de ceux coupables d’abus sexuels.  Une stratégie doit également être mise en place en faveur des victimes de tels abus.  Enfin, il a demandé à ce que toutes les publications sur les opérations de maintien de la paix soient traduites et distribuées en espagnol et en portugais.


M. JIM McLay (Nouvelle-Zélande), qui s’est exprimé au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a fait part de sa satisfaction au sujet du non-papier « Nouvel Horizon » auquel figure une série de propositions pour renforcer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Au cours des 12 derniers mois, les Membres des Nations Unies et le Secrétariat ont travaillé de manière collective pour donner suite concrètement à ce document.  Au cours de ces dernières années, les objectifs et les tâches des opérations de maintien de la paix ont augmenté de manière significative et sont devenus plus complexes, a poursuivi le représentant.  L’environnement opérationnel et les défis croissants auxquels sont confrontés les Casques bleus sont sans précédent 


Le CANZ attache, également, une importance à la protection des civils dans le cadre des missions.  Même si des progrès encourageants ont été réalisés, un long chemin reste à parcourir.  Les récentes opérations de maintien de la paix ont dû faire face à des situations postconflits extrêmement fragiles, caractérisées par la continuation des violences armées.  Ces environnements opérationnels exigent que les mandats soient plus larges que les mandats traditionnels.  Fournir aux Casques Bleus un appui effectif, flexible et approprié doit être la priorité des Nations Unies, a indiqué M. McLAY.  Le CANZ a souligné l’an passé l’importance fondamentale du principe de partenariat qui sous-tend les opérations de maintien de la paix et la nécessité d’une unité entre toutes les parties afin de permettre une mise en œuvre efficace des mandats, a expliqué le représentant.  Aucun partenariat n’est plus fondamental que celui entre la communauté internationale, les gouvernements et les pays où sont déployées les opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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