Quatrième Commission: tous les États doivent avoir accès et profiter de l’exploration de l’espace
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Quatrième Commission
10e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: TOUS LES ÉTATS DOIVENT AVOIR ACCÈS ET PROFITER DE L’EXPLORATION DE L’ESPACE
Les délégations souhaitent un cadre juridique international plus robuste pour les activités spatiales
L’espace ne doit pas être la chasse gardée de certains. Tous les pays doivent pouvoir accéder de manière non discriminatoire aux informations et applications tirées des technologies spatiales car leurs retombées sont essentielles pour toute l’humanité.
Cette revendication a été faite ce matin, devant la Quatrième Commission, par certains représentants de pays en développement comme la Libye, les Philippines, le Pakistan, le Soudan, les États membres de l’ANASE et le Mexique. L’accès à ces informations ne doit pas dépendre du niveau de développement technologique et économique des États, car, face aux catastrophes naturelles de plus en plus nombreuses qui ne connaissent pas de frontières, il est urgent de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide à la pointe de la technologie. Les États-Unis ont fait valoir que leur nouvelle politique spatiale répondait à ce souci puisqu’elle promeut l’utilisation internationale des capacités spatiales américaines par le biais de programmes de coopération. Les initiatives Sud-Sud ont également été présentées, qu’il s’agisse de l’initiative libyenne qui, grâce à son nouveau satellite de télédétection, collectera des données qui seront mises à la disposition du continent africain, ou de l’ouverture prochaine du centre de coordination des secours humanitaires d’urgence (AHA Center) de l’ANASE.
La possibilité d’une militarisation de l’espace a également suscité des réactions multiples ce matin. Pour faire face à ce défi, comme aux problèmes liés aux débris spatiaux, les intervenants ont souhaité que le cadre juridique international des activités spatiales soit renforcé. Si les États-Unis ont préconisé l’universalisation des quatre traités existants relatifs à l’espace extra-atmosphérique, d’autres, comme la Fédération de Russie et le Pakistan, étaient d’avis que la meilleure façon de se prémunir contre ces menaces serait un mécanisme international juridiquement contraignant. La Conférence du désarmement et le COPUOS, par le biais de son Sous-Comité juridique, ont également été invités par certaines délégations à travailler de concert compte-tenu du fait que la course aux armements dans l’espace est un sujet qui relève de la responsabilité de ces deux instances.
La prochaine réunion de la Quatrième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (A/65/20)
Débat général (suite)
M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a souligné les retombées positives des technologies spatiales sur la gestion des ressources naturelles, la sauvegarde de l’environnement, l’éducation, la gestion des catastrophes et la gestion de l’information. Compte tenu de l’importance des informations obtenues grâce à ces technologies, l’ANASE encourage leurs applications le plus largement possible. À cet égard, l’ANASE appuie la coopération régionale et sous-régionale dans le domaine des activités spatiales, saluant le rôle joué par le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies. Il encourage ces deux instances à étendre leurs actions dans le domaine du renforcement des capacités pour les utilisations pacifiques de l’espace, en particulier dans les pays en développement.
Face aux changements climatiques et au nombre croissant des catastrophes naturelles en Asie, des systèmes d’alerte rapide et de protection sont indispensables, a poursuivi le représentant. Compte tenu de l’intérêt du Programme UN-Spider en la matière, le délégué a annoncé avec satisfaction qu’un certain nombre d’accords avaient été signé entre ce Programme et des pays asiatiques en vue de créer des centres régionaux et des bureaux d’appui pour permettre d’accéder aux informations spatiales de tout genre. Pour sa part, l’ANASE a été très active au cours des dernières années pour renforcer les capacités de réponse aux catastrophes aux niveaux régional et sous-régional, ce dont témoigne la future mise en place du centre de coordination des secours humanitaires d’urgence (AHA Center) qui sera basé à Jakarta à partir de 2011. Le représentant a également salué les efforts du COPUOS pour rendre Sentinel-Asia plus efficace et facile à utiliser en vue du développement de programmes spatiaux dans la région et de promouvoir la coopération dans les domaines des technologies et applications spatiales. En tant que membre du COPUOS, la Thaïlande encourage ce Comité à poursuivre activement son action pour lutter contre la militarisation de l’espace.
Mme HALIMAH MOHD SADIQUE (Malaisie) a indiqué que son pays collabore avec le Japon dans des expériences en microgravité. La Malaisie a également envoyé des échantillons de protéines sur sa station spatiale internationale depuis 2008 et continuera jusqu’en 2012. Elle a ajouté que son pays collaborait également avec le Japon dans ses expériences de vol parabolique, participait au Forum régional Asie-Pacifique des agences spatiales, au programme de développement STAR et à l’initiative météorologique spatiale internationale. La représentante a également mis en avant la participation de son pays au programme russe Mars 500. La Malaisie continuera à contribuer à la technologie de la science spatiale et se prépare à la première initiative technologique de l’espace humain qui se tiendra à Putrajaya, en 2011, a-t-elle dit. Enfin, elle a indiqué que son pays appuie fermement UN-Spider, le Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence.
M. YUTAKA ARIMA (Japon) a fait état du lancement par son pays, en mai dernier, de la sonde spatiale Akatsuki et du démonstrateur de voile solaire Ikaros. Ces deux engins font actuellement route dans le système solaire vers la planète Vénus. Ils devraient nous inspirer de nombreux rêves et nous ramener quelques surprises, a-t-il précisé. Les lancements dans l’espace doivent contribuer à résoudre des problèmes planétaires comme c’est, par exemple, le cas du satellite d’observation Daichi, qui a déjà fourni des images lors de catastrophes naturelles au Brésil ou en Indonésie et qui permet aussi de traquer l’abattage illégal dans les forêts tropicales. Le Japon et son agence spatiale contribuent également à l’observation du climat grâce au satellite Himawari, et ce, à la fois sur son territoire national ainsi que dans toute la région d’Asie et du Pacifique depuis plus de 30 ans. Dans ce contexte, il a réaffirmé l’attachement de sa délégation à la coopération internationale et à l’échange d’informations dans le domaine des catastrophes, notamment par l’intermédiaire du projet « Sentinel-Asia », qui utilise les données satellites –comme les images provenant de Daichi– pour la gestion de désastres dans la région d’Asie et du Pacifique.
M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a salué les travaux du COPUOS et de ses deux Sous-Comités, en particulier pour ce qui est de promouvoir la coopération internationale et du partage des informations et applications obtenues par les activités spatiales. S’agissant du Sous-comité juridique, le représentant a souligné qu’il avait développé un cadre juridique pour ces activités, permettant de les mettre au service du bien-être de l’humanité. Il a encouragé tous les États Membres à ratifier les 4 traités principaux relatifs à l’espace extra-atmosphérique et à rapidement les mettre en application.
Ce Sous-Comité a récemment ajouté la question de la législation nationale sur les utilisations pacifiques de l’espace à son ordre du jour, a rappelé le représentant, qui s’est félicité des progrès réalisés dans ce cadre en la matière. L’adoption récente du Manuel sur la réduction des débris spatiaux est, selon lui, un pas important. Il a cependant insisté sur la nécessité d’aller plus loin dans le développement du droit spatial et a encouragé le Sous-comité à développer un nouveau plan sur le long terme pour les activités spatiales. Il a également souligné les progrès réalisés pour parvenir à un cadre consensuel pour l’utilisation de l’énergie dans l’espace. Les États-Unis saluent le fait que le Sous-Comité ait commencé l’examen de la nouvelle initiative relative à la météorologie pour pouvoir mieux appréhender à l’avenir de l’impact du soleil sur la terre. En juin dernier, la politique nationale américaine a été présentée. Elle prévoit que les États-Unis seront à l’avant-garde de la protection de l’espace et prendront des mesures pertinentes pour préserver l’espace pour le bien-être de tout le monde et protéger l’environnement de la terre, ce qui lui semble important dans la mesure où des actes irresponsables pourraient avoir des conséquences potentiellement néfastes pour tous, comme cela est le cas des débris spatiaux. En outre, les États-Unis prônent des normes internationales pour promouvoir la compétition équitable et l’utilisation internationale des capacités spatiales des États-Unis par le biais de programmes de coopération.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé l’attachement de son pays à la question de l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Il a mis en avant le COPUOS et le rôle que ce dernier joue pour la non-militarisation et la non-pollution de l’espace, ainsi que la réglementation de l’ensemble de l’activité spatiale. Le Comité a donné la preuve de son utilité, a-t-il estimé. Il a insisté sur la question de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, sujet de préoccupation de la communauté internationale. La prévention de la course aux armements dans l’espace mérite, a-t-il dit, une attention particulière du Comité, au regard de son impact négatif sur la paix et la sécurité internationales.
Rappelant que son pays est l’un des membres du COPUOS, le représentant a estimé que la technologie et les activités spatiales peuvent être d’un apport considérable dans bien des domaines: développement, télécommunications, santé, enseignement, gestion des catastrophes ou prévisions météorologiques. Par ailleurs, il a indiqué que son pays a connu, ces derniers temps, des inondations de grande ampleur, qui sont la conséquence directe des changements climatiques. Il a, à cet égard, rappelé l’importance d’évaluer les capacités en matière de prévention et de gestion des catastrophes et de les renforcer. Le transfert des technologies spatiales vers les pays en développement reste encore faible, ne leur permettant pas de se prémunir du danger de telles catastrophes, a-t-il déploré. Il a conclu son propos en indiquant que l’humanité entière peut tirer profit de l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, à travers la coopération internationale. Il a exhorté la communauté internationale à agir dans cette direction afin de promouvoir une saine gestion de l’espace extra-atmosphérique.
M. MATOUG ABORAWI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé qu’il fallait établir des normes juridiques internationales pour réglementer l’exploitation de l’espace de manière à éviter sa militarisation et sa pollution. La Libye appelle à la création d’un instrument juridiquement contraignant à cet effet, et demande au COPUOS de se pencher activement sur cette question. Le délégué a également fait valoir le droit de tous les pays d’accéder à l’espace, et aux informations spatiales, affirmant que cela ne doit pas être la chasse gardée de certains. Pour veiller à l’intérêt de tout le monde, il a demandé des informations transparentes sur les garanties existantes permettant de surveiller l’utilisation de technologies nucléaires dans l’espace. Il a également exhorté le COPUOS à formuler des règles juridiques portant sur le problème des débris spatiaux.
Constatant l’impact dévastateur des changements climatiques, il a expliqué qu’il s’agissait là d’un problème mondial et que les activités spatiales, qui ont des applications positives dans ce domaine, doivent pouvoir profiter à tous. Ainsi, les pays qui ont les technologies spatiales adéquates et détiennent les informations pertinentes devraient les mettre au service de tous de manière à créer un système mondial d’alerte rapide, a-t-il soutenu. Le délégué a salué le rôle joué par UN-Spider dans ce contexte et a encouragé les délégations à signer des accords de coopération avec ce programme. S’agissant des applications de la télédétection au développement, le représentant a expliqué qu’une compagnie libyenne avait lancé un satellite le 13 septembre 2010 qui collectera des données satellitaires pour toute l’Afrique et le Moyen-Orient.
M. PABLO MACEDO (Mexique) a mis en avant le rôle joué par le COPUOS pour renforcer la coopération internationale et l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Il a rappelé l’importance d’ouvrir un accès plus juste aux données spatiales, et ce, quel que soit le niveau de développement technologique ou économique des pays. Il faut renforcer la coopération régionale et internationale et continuer à développer des activités spatiales.
M. Macedo a mis l’accent sur les conférences spatiales des Amériques. Cette année, le Mexique accueillera en novembre 2010, la sixième conférence des Amériques, a-t-il ajouté. Ces conférences, initiées au début des années 1990, ont connu une évolution. Il a rappelé à tous les États et personnes invités à cette Conférence, de la nécessité de mettre au point de nouvelles stratégies, d’appuyer les programmes d’action, de faire avancer le droit spatial et de renforcer les programmes d’éducation. Ainsi, a-t-il rappelé, la Conférence spatiale des Amériques a jusqu’à présent permis d’élaborer des stratégies, telles que celle sur la prévention des catastrophes naturelles. L’intervenant a précisé que l’Agence spatiale mexicaine et le Centre régional des sciences et des technologies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, seront lancés au cours de la prochaine Conférence.
M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a estimé que le COPUOS et ses Sous-Comités sont un point de convergence crucial pour développer la coopération internationale en vue des utilisations des sciences spatiales au service de l’humanité. Le Pakistan accorde une grande importance aux informations spatiales pour prévenir et gérer les catastrophes, a-t-il dit, soulignant dans ce contexte que les pays en développement devaient pouvoir bénéficier de ces informations et technologies et y avoir un accès non discriminatoire. S’agissant de l’expérience nationale, il a indiqué que l’Agence spatiale du Pakistan applique les sciences et technologies spatiales aux programmes de développement, d’éducation, de la gestion des ressources naturelles et à la prévention des catastrophes. Elle partage ses informations, obtenues à partir des trois sondes dont elle dispose, avec d’autres agences spatiales. En vue de pouvoir satisfaire la demande croissante en matière de télécommunication, le Pakistan est sur le point de remplacer son satellite Paksat-1 par Paksat-1R de manière à renforcer l’infrastructure existante et de disposer de meilleures informations au service du développement socioéconomique. Pour le Pakistan, il est indispensable de renforcer la confiance mutuelle et la transparence dans le domaine des activités spatiales. Une convention internationale pourrait y contribuer efficacement, a ajouté le délégué. S’agissant du risque potentiel de la militarisation de l’espace, le représentant a estimé que la Conférence du désarmement et le COPUOS doivent travailler de concert.
M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a estimé que le COPUOS avait réalisé un travail essentiel. Il a rappelé qu’en 2009 son pays a été l’un des plus touchés par les catastrophes naturelles, avec 26 désastres y compris des typhons et des séismes, qui ont affecté quelque 13 millions de vies et au cours duquel plus de mille personnes ont perdu la vie. Depuis, la nouvelle Administration des Philippines a décidé d’améliorer le système de réponse immédiate du pays, a-t-il expliqué. Il a indiqué que le nouveau Président Aquino a mis en avant la nécessité d’informer.
Les catastrophes de 2009 ont montré qu’un programme de prévention des catastrophes doit inclure toutes les parties prenantes, a-t-il expliqué. Il a indiqué que son pays, au cours de ces catastrophes, a utilisé la stratégie spatiale notamment par le biais du programme UN-Spider et a été le témoin de l’efficacité de ce programme. À cet égard, mon pays réitère son appel à disposer de statistiques fiables et dans les temps voulus. UN-Spider, a-t-il dit, doit être équipé pour être encore plus efficace pour faire face aux catastrophes à venir. Il a conclu son propos en insistant sur la nécessité de l’utilisation des technologiques spatiales pour faire face aux changements climatiques. L’accès à celles-ci doit être non discriminatoire, a-t-il ajouté.
M. ANDREY KALININ (Fédération de Russie) a constaté avec satisfaction l’augmentation croissante du nombre des pays qui accordent un intérêt accru aux questions liées à l’utilisation pacifique de l’espace. La Fédération de Russie a toujours été en faveur de la création du Programme UN-Spider, a expliqué le délégué, ajoutant que sa délégation est de plus en plus convaincue de son importance. Pour lui, le COPUOS joue un rôle central dans l’organisation de la coopération internationale dans le domaine des activités spatiales. Rappelant que la Fédération de Russie joue un rôle de premier plan dans les efforts des utilisations pacifiques de l’espace, ce dont témoigne le fait que près de 40% des satellites mis sur orbite le sont à partir de son pays. Il a également souligné le danger de voir l’espace devenir le théâtre de la course aux armements, et a milité pour que cet espace soit conservé à des fins pacifiques. Il a invité l’ONU à assumer un rôle de chef de file dans ce domaine, en développant davantage le droit international spatial de manière à disposer d’un cadre juridique clair pour les activités spatiales. Une convention internationale s’impose selon lui dans ce domaine.
M. ABUZIED SHAMSELDIM AHMED MOHAMED (Soudan) a appuyé le rôle important que joue le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) depuis sa création. Le représentant a réaffirmé l’importance pour tous les États d’accéder aux données spatiales. Cette information doit être diffusée et ouverte à tous sans discrimination pour le bénéfice de l’humanité et en vue d’aider à faire face aux catastrophes naturelles et aux maladies. L’intervenant a insisté sur l’importance de développer le droit spatial et d’en assurer son utilisation à des fins exclusivement pacifiques. Il a souhaité une meilleure transparence des activités extra-atmosphériques. Il est important, selon lui, d’empêcher la militarisation et la pollution de l’espace dans un esprit de transparence et de coopération. Par ailleurs, il a mis l’accent sur la prochaine conférence sur l’utilisation des sciences et des techniques spatiales qui se tiendra en 2011 au Kenya et a remercié l’Algérie d’avoir accueilli la deuxième Conférence en 2009. Il est important de renforcer la coopération internationale en matière d’utilisation pacifique de l’espace, a conclu le représentant.
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