AG/DSI/3409

Première Commission: les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourront être atteints sans lutter contre le fléau des armes classiques

07/10/2010
Assemblée généraleAG/DSI/3409
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

5e séance – matin


PREMIÈRE COMMISSION: LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVÉLOPPEMENT NE POURRONT ÊTRE ATTEINTS

SANS LUTTER CONTRE LE FLÉAU DES ARMES CLASSIQUES


Les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourront être atteints par de nombreux pays africains si les dangers que représentent les armes classiques ne sont pas pris en compte, ont indiqué ce matin plusieurs délégations au cours du débat général de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.


Rappelant que la corne de l’Afrique était l’une des régions du monde les plus touchées par ce fléau, différents intervenants ont demandé à la communauté internationale de poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action de 2001 sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) et souhaité parvenir à l’adoption d’un instrument contraignant en la matière.  Pour la Chine, les négociations concernant un traité sur le commerce des armes doivent procéder étape par étape, de manière consensuelle, ne pas être utilisées pour s’ingérer dans les affaires internes des États et ne pas perturber leur commerce légitime.  


Pour l’Éthiopie, comme pour d’autres pays africains, les ALPC sont de véritables armes de destruction massive, a déclaré son représentant.  Ces armes entretiennent les conflits armés et entravent lourdement le développement, a rappelé le représentant du Kenya, estimant à 18 milliards de dollars annuels le coût de cette violence pour le continent.  Le représentant de la République-Unie de Tanzanie, se déclarant grandement préoccupé par la dégradation de la situation en Somalie, a pour sa part appuyé tous les efforts de l’ONU en faveur du désarmement de ce pays.   


Dans la région des Grands Lacs, affligée par deux décennies de conflits armés, plus de 106 000 armes légères et 672 tonnes de munitions ont déjà été détruites en République démocratique du Congo, a souligné son représentant.  Outre les ALPC, les mines antipersonnel tuent également un grand nombre d’innocents sur le continent, a estimé le représentant de la République-Unie de Tanzanie, exhortant la communauté internationale à investir davantage dans des opérations de déminage.  L’Éthiopie, qui souffre de la présence de ces engins sur son territoire depuis plusieurs décennies, s’est d’ailleurs félicitée du déminage de près de 7 millions de mètres carrés.


Comme la veille, de nombreuses délégations ont également insisté sur la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur la création d’une zone exempte d’armements nucléaires au Moyen-Orient, appuyant la conférence sur cette question demandée pour 2012 par les États parties du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Pour la représentante d’Israël, quiconque souhaite imposer à la région des initiatives extérieures, qui ne sont pas le fruit d’un dialogue prudent, patient et complet avec l’ensemble des États concernés de la région et qui ne découlent pas des préoccupations aux besoins de sécurité régionale, n’aidera pas à résoudre les problèmes au Moyen-Orient.  Répondant à la déclaration d’Israël, l’Égypte a souligné que cette conférence présentait une occasion sans précédent à la fois pour les États arabes et Israël.  À l’instar de plusieurs délégations, le Koweït a exhorté Israël à rejoindre le TNP et à soumettre ses installations aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).


Les intervenants ont encore abordé ce matin la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement, la Chine estimant qu’elle est le seul forum viable pour la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.


La Commission poursuivra son débat demain, vendredi 8 octobre, à partir de 10 heures.



Suite du débat général sur tous les points de l’ordre du jour relatifs au désarmement et à la sécurité internationale


M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a rappelé que son pays soutient tous les instruments concourant à l’établissement d’un monde affranchi de l’arme nucléaire, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires(TNP).  Le représentant de Saint-Marin s’est ainsi réjoui de l’adoption du Document final de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier.  Il a félicité les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie pour leurs efforts renouvelés -avec l’adoption du nouveau Traité START– vers la réduction de leurs arsenaux nucléaires.  Saluant ensuite les pays ayant décidé d’établir des zones régionales dénucléarisées, M. Bodini  a conclu en apportant tout son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général afin que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur d’ici à 2012.


M. VLADIMIR GERASIMOVICH (Bélarus) a indiqué que le dossier du désarmement et de la non-prolifération nucléaires était une question essentielle.  « La Conférence d’examen de mai dernier a souligné que le TNP reste la pierre angulaire en la matière », a-t-il poursuivi.  Le représentant a par ailleurs indiqué que le Document final adopté à l’issue de la Conférence d’examen avait lancé un signal positif quant à la réalisation des objectifs du Traité.  M. Gerasimovich a ensuite rappelé que le Bélarus s’était de longue date acquitté de ses obligations en faveur du désarmement et de la non-prolifération, notamment dans le cadre du Traité de réduction des armes stratégiques de 1991.  Le Bélarus se félicite aujourd’hui du nouveau Traité START signé entre les États-Unis et la Fédération de Russie, indiquant qu’il fallait aller plus loin et adopter des mesures efficaces pour réduire encore les armements offensifs stratégiques.


Le représentant a indiqué que les États non dotés d’armes nucléaires devaient pouvoir compter sur des garanties claires et sans conditions inscrites dans le cadre un instrument juridique contraignant.  S’agissant de la Conférence du désarmement, le représentant a loué la tenue récente de la Réunion de haut niveau sur la revitalisation de la Conférence du désarmement qui a été l’occasion de souligner le caractère unique de cette enceinte.  S’agissant des technologies de l’information et des communications (TIC), le représentant a souligné qu’une utilisation abusive des TIC constitue une menace de plus en plus réelle à la sécurité nationale et internationale.  Il a rappelé qu’un groupe d’experts de l’ONU s’était mis d’accord sur un projet de rapport présenté à l’Assemblée générale, indiquant que les recommandations du rapport incitent à continuer la coopération sur la sécurité internationale en matière d’informatique.


M. WANG QUN (Chine) a estimé que pour relever les défis de la sécurité internationale, il fallait respecter les préoccupations légitimes et raisonnables de tous les pays, adhérer au multilatéralisme et construire des relations mutuelles de confiance entre tous les États.  À cet effet, il a tenu à mettre en évidence quatre points figurant parmi les priorités de sa délégation.  Tout d’abord, la Chine plaide pour la pleine mise en œuvre des résultats figurant dans le Document final de la huitième Conférence d’examen du TNP.  Les États dotés de l’arme nucléaire devraient s’engager fermement à décourager la possession permanente de ces armes, à réduire leur rôle dans leur politique de sécurité nationale, à ne pas recourir à la menace de l’utilisation de ces armes vis-à-vis des pays non dotés ou des zones exemptes et ils devraient également s’engager à promouvoir la négociation d’un instrument contraignant à cet égard, a souligné le représentant.  La non-prolifération est une condition essentielle pour préserver le régime de sécurité internationale et il est nécessaire que tous les États renforcent leur système de contrôle, a-t-il ajouté, rejetant une politique de « deux poids deux mesures » dans ce domaine.  Après avoir réaffirmé le droit légitime de chaque État à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, il a souhaité une solution pacifique aux questions nucléaires régionales par la voie de dialogues et de négociations.  Il a émis le souhait que les Pourparlers à Six concernant le dossier de la péninsule coréenne puissent reprendre et que le dialogue entre l’Iran et E3+3 puisse redémarrer rapidement.


M. Wang s’est félicité des initiatives en faveur de la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement, précisant que celle-ci devait traiter les préoccupations légitimes de sécurité de chaque État membre sur un pied d’égalité.  La Chine a toujours appuyé les travaux de la CD et reste convaincue qu’elle est le seul forum viable pour la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires, a-t-il souligné.  Enfin, le représentant a plaidé en faveur de la poursuite active d’une diplomatie préventive pour protéger l’espace extra-atmosphérique.  Il a également encouragé une approche progressive pour faire avancer la maîtrise des armements dans le domaine des armes classiques.  Pour lutter contre le trafic illicite, il a souhaité un avancement dans la négociation d’un traité sur le commerce des armes.  Ces négociations se feront pas à pas et doivent reposer sur des critères universels, non discriminatoires et éviter une éventuelle ingérence dans les affaires nationales ou qui viendrait perturber leur commerce normal d’armes, a-t-il conclu.


M. RUSLAN NYMCHYNKSIY (Ukraine) a rappelé qu’il y a 16 ans, l’Ukraine avait volontairement renoncé à son arsenal nucléaire, le troisième plus important au monde à l’époque.  Il s’est félicité des résultats de la Conférence d’examen du TNP de mai 2010.  Continuant à œuvrer en faveur d’une adhésion universelle au TNP, l’Ukraine appelle les États qui ne sont pas encore parties au Traité à le rejoindre.  Nous réitérons l’importance d’une universalisation du TICE, a aussi indiqué M. Nymchynksiy.  L’Ukraine a ensuite rappelé qu’elle accordait une grande importance à une approche régionale sur la question du désarmement.  Les mesures de confiance, et notamment l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, peuvent contribuer grandement au désarmement, a noté le représentant.  L’Ukraine défend par ailleurs vigoureusement l’idée de garanties de sécurité inscrites dans un document international juridiquement contraignant pour les États ayant renoncé à leur arsenal nucléaire, ainsi que pour les États n’étant membres d’aucune alliance militaire.


S’agissant des armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a rappelé que son pays était très en faveur, à l’échelle nationale, de mesures visant à l’application du Programme d’action des Nations Unies.  M. Nymchynksiy est par ailleurs revenu sur le Traité d’Ottawa relatif à l’interdiction des mines antipersonnel.  Sans une coopération approfondie au niveau international, il serait très difficile d’atteindre le but ultime de ce Traité, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite indiqué que son pays regrettait vivement l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement en ce qui concerne les travaux sur un traité relatif à l’arrêt de la production de matières fissiles.  Rappelant que son pays était membre de la Convention sur certaines armes classiques, il a indiqué que l’élargissement de son champ d’action à d’autres armes classiques ne pouvait se faire sans que les positions de tous les États parties soient d’abord prises en compte.  L’Ukraine est par ailleurs favorable à l’initiative visant à élaborer un traité sur le commerce des armes.


Le représentant ukrainien a ensuite prononcé une déclaration au nom de sa délégation, du Chili et du Mexique.  Les trois pays soulignent l’importance de faire face au terrorisme, qui constitue d’après eux la plus grande menace à la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a indiqué que les trois pays avaient rempli les engagements auxquels ils s’étaient liés dans le cadre du Sommet sur la sécurité nucléaire tenu à Washington en avril 2010.  La décision prise par nos pays visant à éliminer l’usage d’uranium hautement enrichi est une contribution significative pour renforcer le régime international de non-prolifération, a souligné M. Nymchynksiy.  Saluant les résultats de la Conférence d’examen du TNP de 2010, les trois pays appellent les États dotés de l’arme nucléaire à appliquer l’article VI du Traité, en s’engageant notamment sans équivoque vers une élimination totale de leurs arsenaux nucléaires. 


Mme TAMAR RAHAMIMOFF-HONIG (Israël) a rappelé que deux résolutions concernant le Moyen-Orient figuraient ces dernières années à l’agenda de la Première Commission: l’une concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, l’autre au sujet du risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient.  La première a recueilli le consensus depuis près de 30 ans et, bien que nous ayons quelques réserves quant à son libellé, nous attachons de l’importance à son approbation annuelle, a-t-elle souligné.  Quant à la seconde, elle choisit de se concentrer uniquement sur un des aspects du contexte sécuritaire de la région, à savoir Israël, et oublie l’hostilité extrême de certains pays de la région qui rejettent toute réconciliation pacifique ou coexistence avec Israël, a-t-elle déclaré.  Le Moyen-Orient reflète nombre de défis en matière de désarmement auxquels est confrontée la communauté internationale, a souligné la représentante, et ce n’est pas un hasard si quatre sur cinq des plus flagrantes violations du TNP ont eu lieu dans cette région: l’Iraq sous Saddam Hussein, la Libye, la Syrie et l’Iran; le cinquième cas étant la République populaire démocratique de Corée profondément impliquée dans la prolifération nucléaire au Moyen-Orient.


Bien qu’habitué à une dose de cynisme en Première Commission, Israël estime qu’il est surprenant que l’Égypte lui demande de joindre le TNP alors que cet État n’a pas ratifié le Traité de Palindaba et la Convention sur les armes chimiques, a déclaré l’intervenante.  Israël a toujours été la victime de campagnes antisémites vicieuses de la part du régime iranien », a-t-elle poursuivi, ajoutant que la possibilité que des terroristes profitent d’une protection de la part de ce régime ou reçoivent ses armes directement de ce régime reste l’une des menaces majeures à la paix dans la région et à la paix globale.  Plusieurs délégations ont fait allusion devant cette Commission au Document final de la dernière Conférence d’examen du TNP et à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Quiconque souhaite imposer à la région des initiatives extérieures qui ne sont pas le fruit d’un dialogue prudent, patient et complet avec l’ensemble des États de la région et qui ne découle pas des préoccupations aux besoins de sécurité régionale n’aidera pas à résoudre les problèmes au Moyen-Orient.  Au contraire, cela risque de les prolonger, a estimé Mme Rahamimoff-Honig. 


Des mesures de contrôle des armements ne peuvent être efficaces dans une région où règnent la guerre, le conflit armé, le terrorisme, l’hostilité politique ou des appels à la haine et à la disparition d’autres États, a-t-elle ajouté.  Israël a toujours soutenu le régime de non-prolifération et reconnu son importance, a-t-elle assuré notamment en tant que signataire du TICE sur l’interdiction des essais nucléaires dans le cadre duquel il est un membre très actif en maintenant deux stations de surveillance et en contribuant au régime d’inspection.  Depuis de nombreuses années, Israël insiste sur la question de la prévention du trafic illicite d’armes et du transfert d’armes aux terroristes, a-t-elle rappelé.  Rien ne peut justifier que certains États condamnent le terrorisme tout en approuvant tacitement le transfert d’armes à des groupes terroristes, a-t-elle déclaré.  La communauté internationale doit se pencher sur cette question de manière prioritaire.  Les négociations d’un traité sur le commerce des armes devraient être une enceinte appropriée afin de parvenir à une telle norme.  Un bon instrument devrait notamment contenir des normes solides sur le contrôle des exportations et des mesures concrètes pour lutter contre le transfert d’armes aux terroristes, a-t-elle conclu. 


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a notamment souligné qu’en tant que membre du TNP, son pays appuyait fermement l’objectif d’éliminer la totalité des armes nucléaires, seul moyen selon lui de résoudre la question du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur de l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant pour réguler de manière transparente le transfert des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Rappelant que le Centre régional de l’ONU pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique est basé dans son pays, il a estimé que la confiance mutuelle entre États était un élément vital de la stabilité.  C’est dans cet esprit qu’il a souhaité que le Centre régional permette de répondre aux besoins des États et d’intensifier la coopération avec l’ensemble des acteurs régionaux.  Enfin, le représentant A annoncé que, cette année encore, le Népal présenterait à la Première Commission un projet de résolution sur le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique. 


M. JOSE IKONGO (République démocratique du Congo) a rappelé la mise sur pied dans son pays d’un Comité de coordination de lutte contre le terrorisme afin d’éviter que l’arme nucléaire ne tombe entre les mains d’acteurs non étatiques. Abordant le chapitre des armes classiques, légères et de petit calibre (ALPC), M. Ikongo a fait état des avancées significatives de la RDC dans la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies de 2001 pour lutter contre la prolifération de telles armes.  Rappelant le très lourd bilan –4 000 000 de morts et plus de 2 318 000 femmes violées- des affrontements qui se sont déroulés sur le territoire de la RDC entre 2007 et 2010, il a indiqué que plus de 106 000 armes légères, ainsi que 672 tonnes de munitions, avaient été détruites.  En outre, des antennes provinciales de la Commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre ont commencé à être installées dans les provinces, un projet pilote de désarmement et de sécurité communautaire étant également mis en place en Ituri.  La RDC a reçu du Gouvernement américain trois machines électroniques à marquer les armes, 15 étant néanmoins nécessaires pour couvrir tout le territoire.


Le Représentant de la RDC a ensuite livré une série de chiffres témoignant des efforts de son pays au regard de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.  Près de 3 300 mines terrestres ont notamment été détruites.  Il a conclu en soulignant le danger représenté par les ALPC pour les régimes démocratiquement élus en Afrique.


M. MOHAMMAD ALMUTAIRI (Koweït) a rappelé les dangers croissants liés à la prolifération des armes de destruction massive dans la région, et le problème posé par l’éventualité de voir des groupes terroristes en prendre possession.  En ce sens, M. AlMutairi a rappelé que le Koweït était signataire de la Convention sur la répression des actes de terrorisme nucléaire et qu’il avait soumis au Secrétariat des Nations Unies son rapport national sur les dispositions prises relatives à la résolution 1540 du Conseil de sécurité.  Le Koweït est optimiste quant aux derniers développements sur la question du désarmement, a indiqué le représentant, se félicitant de l’issue de la Conférence d’examen du TNP ainsi que de la tenue de la Réunion de haut niveau sur le revitalisation de la Conférence du désarmement du 24 septembre 2010.


Se félicitant de la création de zones exemptes d’armes nucléaires, avec l’entrée en vigueur cette année de deux traités régionaux en Asie centrale et en Afrique, le représentant a souligné qu’il existait un espoir au Moyen-Orient alors qu’une conférence internationale est programmée en 2012.  Nous souhaitons que le Moyen-Orient devienne une zone exempte d’armes nucléaires, a indiqué M. AlMutairi, expliquant que la région était toujours en proie, au risque des armes de destruction massive, malgré la résolution de 1995 visant à dénucléariser cette zone.  Le Koweït a par ailleurs indiqué qu’il souhaitait voir Israël rejoindre immédiatement le TNP et placer ses facilités nucléaires sous le régime de garanties de l’AIEA.  La position israélienne vis-à-vis du TNP pourrait fournir des excuses à d’autres États souhaitant se doter d’armes nucléaires, ce qui pourrait conduire la région au chaos, a expliqué M. AlMutairi.  Sur le dossier iranien, le Koweït a rappelé le droit de l’Iran à bénéficier du nucléaire civil mais a estimé que ce pays devait coopérer avec l’AIEA et rassurer les autres États de la région et la communauté internationale sur la nature de son programme.


Mme JOSEPHINE OJIAMBO (Kenya) a déclaré qu’en tant que membre de la Conférence du désarmement (CD), son pays avait participé activement aux négociations et à l’élaboration du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Le Kenya a signé le Traité en 1996 et l’a ratifié en 2000, et nous saluons les ratifications récentes du TICE par la Centrafrique, Trinité-et-Tobago et les Îles Marshall, a-t-il ajouté.  Après avoir appelé les États figurant à l’annexe 2 du Traité à le ratifier pour qu’il puisse entrer en vigueur sans délai, souligné la nécessité de mener de front désarmement nucléaire, non-prolifération et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, la représentante a abordé la question des armes légères.  Pour le Kenya et la plupart des pays africains, ces armes sont des armes de destruction massive, a-t-elle affirmé.  Plaidant pour que la lutte contre le trafic illicite des armes légères porte sur les causes de la demande, elle a jugé que le Programme de l’ONU sur les ALPC devait être pleinement mis en œuvre au niveau régional, pour juguler le marché noir transfrontalier.  La représentante kényenne a ensuite évalué à 18 milliards annuels le coût humain de la violence induite par les conflits armés en Afrique, qu’alimente la présence excessive d’ALPC.  Elle a déploré que les États aient à consacrer des ressources importantes pour combattre ce phénomène, limitant de fait les budgets des services publics et la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Mme Ojiambo a conclu son intervention en appelant les États Membres à appuyer la Déclaration de Genève sur la violence armée et le développement. 


M. PAUL BADJI (Sénégal) a estimé qu’un traité sur le commerce des armes ne serait viable qu’à condition que soit trouvée une définition large des transferts, que soient intégrées les activités de courtage, et que soient assurés le respect des normes du droit international humanitaire et le renforcement des capacités institutionnelles, de la coopération et de l’assistance.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le Registre des armes classiques de l’ONU doit continuer à bénéficier du soutien et de la participation active de tous les États, notamment les États producteurs d’armes.  À son tour, il a invité à veiller à ce que l’Instrument sur le marquage et le traçage des armes légères devienne juridiquement contraignant, et à ce qu’un instrument similaire soit adopté pour ce qui est du courtage illicite.  Concernant le désarmement nucléaire, M. Badji a souligné l’importance de renforcer l’autorité du TNP, ce qui implique son universalisation, et la nécessité que le TICE entre rapidement en vigueur.  L’Ambassadeur du Sénégal a de plus estimé que les États dotés de l’arme nucléaire devaient accorder des garanties de sécurité aux États non dotés, à travers un instrument contraignant. 

Enfin, il a appelé tous les acteurs à s’impliquer de bonne foi dans la mise en œuvre des conclusions de la dernière Conférence d’examen du TNP relatives à la convocation, en 2012, d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 


M. GRUM ABAY (Éthiopie) a rappelé que la prolifération des armes classiques représentait un danger sans précédent pour les pays de sa région, l’Éthiopie en particulier, car elles entravent le développement.  Rappelant que la corne de l’Afrique était l’une des régions les plus gravement touchées au monde par ce fléau, il a souligné que son pays continuait à tout mettre en œuvre pour honorer les engagements internationaux et régionaux en matière de lutte contre les armes légères et de petit calibre, notamment la Déclaration de Bamako et la Déclaration de Nairobi et ses Protocoles. 


Le représentant a également souligné que son pays avait choisi de mettre l’accent sur une économie dynamique capable d’atteindre ses objectifs de développement.  Dans ce cadre, l’Éthiopie a pris des mesures afin que ses dépenses militaires soient inférieures à 1% de son budget annuel.  L’Éthiopie reste également fortement préoccupée par les conséquences des mines antipersonnel héritées de conflits remontant à l’occupation étrangère des années 30 et à la guerre de 1998-2000 avec l’Érythrée.  Il a précisé qu’à ce jour 7 millions de mètres carrés avaient dores et déjà été déminés.  Au cours des travaux de la Première Commission, la délégation éthiopienne souhaite également rappeler aux États Membres que l’absence de normes internationales communes sur le transfert des armes classiques est l’un des facteurs qui sape le développement, et est à l’origine de conflits et de déplacements de population.  À cet effet, il s’est félicité d’un accord en vue de négociations relatives à un traité sur le commerce des armes.  


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) s’est félicité des plans d’action et de suivi contenus dans le Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  M. Errázuriz a indiqué que son pays défendait un désarmement général et complet, ainsi que la non-prolifération des armes de destruction massive.  Selon lui, ces deux objectifs sont complémentaires et interdépendants, l’un ne saurait prendre le pas sur l’autre.  La seule garantie existant contre l’emploi des armes nucléaires est leur complète élimination, conformément à l’article VI du TNP.  Le représentant s’est par ailleurs félicité du nouvel Accord START conclu entre la Fédération de Russie et les États-Unis, soulignant ensuite l’importance du Sommet sur la sécurité nucléaire tenue à Washington en 2010.


Le représentant a salué la création de zones exemptes d’armes nucléaires en Afrique et en Asie Centrale, appelant à l’extension d’un tel processus dans d’autres régions.  À cet égard, le Chili salue les efforts entrepris quant à la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur une telle zone au Moyen-Orient, et les perspectives ouvertes en la matière par le plan d’action du Document final de la Conférence d’examen du TNP.  Le Chili et les autres pays de l’Amérique latine avaient fermement condamné les tests atomiques conduits dans le Pacifique Sud dans les années 1980 et 1990, a rappelé le représentant.  Il a fait valoir que le Chili avait signé le TICE et était très impliqué dans sa mise en œuvre.  S’agissant de la Conférence du désarmement, le Chili a rappelé qu’il était de longue date impliqué dans le processus visant à remédier au blocage de ses travaux.  La règle du consensus ne doit pas opérer comme un droit de veto empêchant les majorités de faire le travail qu’elles jugent nécessaires.  L’idée d’une évolution de la composition de la Conférence doit être étudiée, a-t-il poursuivi.  Le représentant a conclu en saluant l’entrée en vigueur de Convention sur les armes à sous-munitions.


M. OMBENI Y. SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a rappelé qu’il ne pouvait être mis fin à de nombreux conflits sur le continent africain sans prendre en compte le fléau de la circulation des armes légères et de petit calibre, en particulier lorsque celles-ci tombent aux mains d’acteurs non étatiques.  Rappelant que son pays faisait partie de la sous-région des Grands Lacs affligée par deux décennies de conflits, il a émis le souhait que soient suivi l’esprit et la lettre de la résolution 1653 du Conseil de Sécurité (2006).  Outre les ALPC, les mines antipersonnel tuent de trop nombreux innocents en Afrique et ailleurs, a-t-il rappelé, invitant les États Membres et la communauté internationale à investir davantage dans des opérations de déminage.  M. Sefue a ajouté que sa délégation restait fortement préoccupée par la détérioration de la situation en Somalie, celle-ci risquant d’avoir des répercutions dans l’ensemble de la région.  Le transfert d’armes légères et de petit calibre exacerbe le conflit, a—t-il estimé, appelant à tous les efforts de l’ONU en faveur du désarmement de ce pays.


M. GARY QUINLAN (Australie) a passé en revue les récents progrès enregistrés dans le domaine du contrôle des armes nucléaires: signature par les États-Unis et la Fédération de Russie du Traité New START; adoption d’un Plan d’action lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)en mai dernier; annonce faite par l’Indonésie de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), les États-Unis s’étant engagés à faire de même.  Il a rappelé que l’Australie étant, avec le Japon, à la pointe du combat pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération, veillerait à ce que la Conférence d’examen du TNP soit suivie d’effets.


Abordant le chapitre des armes conventionnelles, M. Quinlan a salué l’entrée en vigueur de la Convention sur les sous-munitions ainsi que le coup d’envoi donné aux négociations sous l’égide de l’ONU sur le traité sur le commerce des armes, pour lequel l’Australie espère un accord en 2012.


Le représentant australien a ensuite fait part de ses vives préoccupations concernant les activités nucléaires de la République islamique d’Iran et de la République populaire démocratique de Corée.  Il s est également dit consterné par le blocage durable des négociations au sein de la Conférence sur le désarmement (CD).  Parce que l’adoption du Traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles est une priorité de l’Australie, M. Quinlan a indiqué que, si l’impasse actuelle devait perdurer, son pays pourrait envisager d’autres enceintes de négociation que la CD.  La CD n’a pas, en effet, le monopole des négociations, a-t-il affirmé, soulignant que des traités avaient été conclus en dehors de ce forum.  Pour la CD, le compte à rebours est enclenché, a-t-il averti.


M. JAMAL ALRAWI (Bahreïn) a souligné que la dernière Conférence des parties du TNP, ainsi que la signature d’un Accord russo-américain relatif à une nouvelle réduction de leurs armements offensifs sont deux raisons d’espérer et de rester optimiste pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a encouragé les États Membres à favoriser un climat positif en vue de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, se félicitant de la tenue d’une Conférence en 2012, et a appelé Israël à adhérer au TNP et à placer ses installations sous le régime d’inspection de l’AIEA.  Le représentant a également ajouté que sa délégation attendait de collaborer avec un vif intérêt avec toutes les parties concernées.  


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) s’est déclaré convaincu que grâce au dialogue et à l’esprit de conciliation, nous serons capables d’avancer vers la concrétisation des objectifs du TNP.  La délégation du Maroc souhaite mettre l’accent sur la revitalisation des mécanismes onusiens de désarmement, en particulier la Conférence du désarmement.  Il est incompréhensible que des initiatives foisonnent en dehors de cette institution et que celle-ci reste incapable de se mettre d’accord sur son propre programme de travail, a-t-il déclaré. 


Le représentant a insisté sur le démarrage du processus de mise en œuvre de la résolution de 1995 sur une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, estimant qu’il était crucial de réussir l’échéance de la conférence de 2012.  Cependant, nous estimons que les États détenteurs de l’arme nucléaire, de par leur statut, conformément aux termes du TNP, ont une responsabilité particulière dans cette question, a déclaré l’intervenant.  Il a salué l’initiative de la France d’organiser des consultations entre les puissances nucléaires dans la perspective de la conférence de 2012.  M. Loulichki a également estimé qu’il était nécessaire de renforcer l’action internationale visant à assurer l’entrée en vigueur du TICE. Quatorze ans après avoir été ouvert à la signature et en dépit du large soutien politique dont il bénéficie, le TICE n’est toujours pas entré en vigueur alors même que le régime de vérification requis par ce Traité est quasi prêt, a-t-il regretté, appelant à la responsabilité de tous les États Membres sur les différentes questions abordées.


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Égypte a souligné que la représentante israélienne –faisant référence aux deux résolutions sur le Moyen-Orient, notamment celle sur le risque de prolifération nucléaire– avait fait à tort allusion à une tentative qui viserait à isoler Israël.  Il s’agit plutôt d’un appel, a-t-il dit, invitant Israël à ne plus l’ignorer et à prendre des initiatives plutôt que de persister dans une politique qui n’aide en rien le processus de paix, notamment les activités de peuplement.  La conférence prévue en 2012 présente une occasion sans précédent à la fois pour les États arabes et pour Israël, a estimé le représentant.  Il s’est déclaré prêt à collaborer avec toutes les parties afin qu’elle soit un succès et qu’elle ouvre la voie à une transformation de la situation en matière de sécurité dans la région.  Il a encore encouragé Israël à prendre des mesures nécessaires en faveur de la sécurité régionale. 


Prenant la parole au titre du droit de réponse, le représentant de la Syrie a estimé que la déclaration d’Israël de ce matin n’était pas réaliste au regard des points à l’ordre du jour de cette Commission.  Citer la Syrie, comme ce fut le cas, au sujet d’une des quatre graves violations du TNP au Moyen-Orient n’a aucun sens, a-t-il dit.  Il s’agit de détourner l’attention du fait qu’Israël n’a pas respecté plusieurs résolutions internationales, qu’il n’a pas adhéré au TNP, ni soumis ses installations à l’AIEA.  Israël maintient une politique nucléaire d’agression reposant sur un gigantesque arsenal nucléaire qui dépasse ceux de la France ou du Royaume-Uni, a-t-il affirmé.  Il y a la menace permanente d’y avoir recours lors d’un acte d’agression et c’est ce que nous appelons une politique nucléaire ambigüe, a-t-il insisté, demandant à la communauté internationale d’exercer une pression pour qu’Israël adhère au TNP en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire. 


Exerçant également son droit de réponse, le représentant de l’Iran a déclaré que le régime sioniste repose sur la violence, l’agression, l’occupation, le terrorisme d’état et le bain de sang, la guerre de 33 jours contre le Liban et l’attaque de 22 jours contre Gaza n’étant que des exemples récents des atrocités perpétrées par ce régime.  Il a souligné qu’Israël avait des activités nucléaires clandestines qui menacent gravement la paix et la sécurité internationales, voilà pourquoi toute allégation de la part d’un régime raciste et opprimant est infondée, a-t-il déclaré.  Il est temps que ce régime entende l’appel lancé par la communauté internationale et que l’ensemble de ses alliés et soutiens stratégiques respectent toutes les obligations du TNP, a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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