Le Comité spécial chargé de la décolonisation réaffirme le droit à l’autodétermination de Porto Rico et appelle les États-Unis à le respecter
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Comité spécial chargé d’étudier la situation
en ce qui concerne l’application de la Déclaration
sur l’octroi de l’indépendance aux pays
et aux peuples coloniaux
Reprise de session de 2010
5e & 6e séances – matin & après-midi
L E COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ DE LA DÉCOLONISATION RÉAFFIRME LE DROIT À L’AUTODÉTERMINATION DE PORTO RICO ET APPELLE LES ÉTATS-UNIS À LE RESPECTER
La résolution adoptée demande au Président américain de libérer les prisonniers politiques portoricains
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, dit « Comité spécial des 24 » a adopté, cet après-midi, au cours de sa reprise de session, un projet de résolution* qui appelle les États-Unis à garantir le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination. Les pétitionnaires et délégations qui ont pris la parole au cours du débat ont par ailleurs insisté sur la libération des prisonniers portoricains détenus aux États-Unis et sur la cessation de l’application de la peine de mort aux Portoricains.
Aux termes du projet de résolution adopté àl’unanimité, le Comité spécial réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et l’applicabilité à Porto Rico des principes fondamentaux énoncés dans cette résolution. Comme les années précédentes, le Comité demande au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance dans l’application intégrale de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et des résolutions et décisions du Comité spécial relatives à Porto Rico.
Présentant le projet de résolution, M. Pedro Núñez Mosquera, Représentant permanent de Cuba auprès des Nations Unies, a rappelé que « dans le Document final du Sommet du Mouvement des pays non alignés, qui s’est tenu à Charm el-Cheikh, en Égypte, les délégués des 118 Gouvernements avaient apporté leur soutien au peuple portoricain dans sa lutte pour l’autodétermination et l’indépendance ». Ce texte exhortait le Gouvernement des États-Unis à mener à son terme la restitution au peuple portoricain de l’ensemble des terrains anciennement occupés par l’armée américaine à Porto Rico.
Au moment où s’achève la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, proclamée pour la période 2001-2010, et où l’on célèbre le cinquantenaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance, la situation de Porto Rico n’a guère évoluée, ont souligné la majorité des pétitionnaires entendus au cours du débat. Résumant ce constat, la représentante de l’organisation « Jeunesse Hostosiana », a précisé que « l’absence de progrès était visible non seulement au plan social, économique et politique, mais aussi dans l’exercice des droits civils ». « Il faut donner aux Portoricains les moyens de tirer bénéfice de leurs multiples atouts, et corriger l’anomalie qu’est le statut de territoire non autonome de leur pays », a ainsi plaidé le représentant à ce débat du Comité de l’Internationale socialiste pour l’Amérique latine, Martin Torrijos.
À l’instar de la délégation de la Bolivie, les pétitionnaires ont en outre dénoncé « les conditions de détention des derniers prisonniers politiques portoricains », qui sont dans les prisons américaines, et comme le représentant du mouvement du Parti de l’Indépendance de Porto Rico (PRIP), ont appelé à leur libération. À cet égard, sur la base des éléments fournis par le Rapporteur du Comité spécial** dans son rapport, la résolution adoptée demande au Président des États-Unis « de libérer Oscar López Rivera et Carlos Alberto Torres, détenus depuis plus de 28 ans dans les prisons américaines, et Avelino Gonzalez Claudio, prisonniers politiques condamnés pour avoir mené la lutte pour l’indépendance de Porto Rico ».
La condition physique actuelle et la santé fragile d’Avelino Gonzalez Claudio ne lui permettront pas de servir entièrement la peine injuste à laquelle il a été condamné, a averti la représentante de son Comité de soutien.
Porto Rico bénéficie actuellement du statut d’État libre associé aux États-Unis. Le Congrès américain est investi des pleins pouvoirs sur Porto Rico, l’île conservant une autorité locale dans certains domaines déterminés. La juridiction des États-Unis sur Porto Rico s’exerce par l’intermédiaire du Tribunal fédéral qui se trouve sur le territoire de l’île, qui est elle-même représentée auprès du Gouvernement des États-Unis par un commissaire résident.
La prochaine séance plénière du Comité spécial des 24 aura lieu demain, mardi, le 22 juin, à 10 heures.
* A/AC.109/2010/L.8
** A/AC.109/2010/L.4
DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 9 JUIN 2008 CONCERNANT PORTO RICO ( A/AC.109/2010/L.8 )
Présent ation de projet de résolution
Présentant le projet de résolution sur la question de Porto Rico, M. PEDRO NUÑEZ MOSQUERA (Cuba) a déclaré que le peuple de Porto Rico ne pouvait exercer son droit à l’autodétermination en raison de la domination économique, politique et sociale que lui imposent les États-Unis. Il a rappelé que le Comité spécial des 24 avait adopté 28 résolutions et décisions au cours des 30 dernières années concernant la question de Porto Rico. Chacune d’entre elles, a-t-il ajouté, a réaffirmé le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, en accord avec la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale. Il a regretté qu’aucun processus n’ait été entamé qui puisse répondre aux attentes de ce peuple. Il a mis l’accent sur la particularité de l’identité nationale portoricaine, qui est l’identité d’un peuple et d’un pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, en dépit du processus colonisateur auquel Porto Rico a été soumis. M. Mosquera a rappelé que dans le Document final du Sommet du Mouvement des pays non alignés, qui s’est tenu à Charm el-Cheikh, les délégués des 118 gouvernements représentés ont apporté leur soutien au peuple portoricain dans sa lutte pour l’autodétermination et l’indépendance. Il a rappelé que ce texte exhortait le Gouvernement américain à mener à son terme la restitution au peuple portoricain de l’ensemble des terrains anciennement occupés par l’armée américaine, dont les installations de Vieques et de Ceiba, et d’accélérer l’exécution et la prise en charge des coûts du nettoyage et de la dépollution des zones d’impact qui ont servi de terrains de manœuvres militaires aux forces américaines. Il a également demandé au Président des États-Unis de libérer trois prisonniers politiques: Oscar López Rivera et Carlos Torres, emprisonnés depuis 29 ans, ainsi qu’Avelino Gonzalez Claudio. Ces trois personnes sont toutes des combattants de l’indépendance de Porto Rico, a estimé le représentant de Cuba. Il a espéré que ce texte soit adopté par consensus.
Audition de pétitionnaires
Rappelant que les États-Unis administrent le territoire de Porto Rico en se fondant sur la clause territoriale concernant les territoires d’outre-mer et leurs habitants, M. ARTURO HERNÁNDEZ GONZÁLEZ, Président du barreau de Porto Rico, s’est dit découragé. Le peuple de Porto Rico est toujours sous le joug du colonialisme alors que nous fêtons le cinquantième anniversaire de la résolution 1514 de l’Assemblée générale et que nous arrivons au terme de la deuxième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme (2001-2010). Nous devons dénoncer aujourd’hui les abus et les persécutions dont sont coupables les États-Unis contre le peuple portoricain, a-t-il dit, en citant des assassinats de personnes détenues, des attaques contre des journalistes et des constitutions de dossier d’accusation contre des gens en raison de leurs affiliations politiques. Il a enfin demandé que le Comité spécial renvoie le cas de Porto Rico devant l’Assemblée générale afin qu’elle soumette l’affaire à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour que celle-ci rende un avis consultatif sur le caractère, contraire au droit international, de la situation de Porto Rico. Il a rappelé que le peuple de Porto Rico avait fait sa part en se présentant à maintes reprises devant ce Comité.
M. IVÁN A. RIVERA REYES, PROELA, a fustigé les actes unilatéraux des États-Unis depuis l’adoption de la résolution 748 de l’Assemblée générale de 1953. « Au cours de chaque décennie décrétée pour faire avancer la décolonisation on a créé différentes commissions et tenu des auditions publiques pour essayer de faire avancer les revendications des Portoricains », a-t-il noté, en regrettant l’absence de résultats concernant l’évolution de la situation de Porto Rico. Alors que le Département d’État américain s’apprête à présenter son deuxième rapport au titre de la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droitscivils et politiques, les États-Unis tentent de montrer un soi-disant respect des aspirations du peuple portoricain. Si des auditions ont été tenues, il n’y a pas eu de grande participation populaire, a-t-il dit. Il a souhaité que la Quatrième Commission soumette un projet de résolution à l’Assemblée générale sur la question de la décolonisation de Porto Rico. Il a également demandé que l’Assemblée générale soumette l’affaire de Porto Rico à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour que celle-ci rende un avis consultatif sur la question.
M. MANUEL RIVERA, « Portoricains unis dans l’action », a rappelé que par le biais de ce Comité spécial, une dizaine de territoires ont pu parvenir à l’obtention de leur indépendance. Mais le processus de décolonisation de Porto Rico, la plus ancienne des colonies au monde, n’a pas encore abouti. Et, la seule solution qu’offrent les États-Unis d’Amérique, Puissance administrante, est de faire obstacle au travail essentiel du Comité, a-t-il soutenu. Le Gouvernement américain veut emmener les Portoricains à accepter la poursuite de sa colonisation par consentement, à travers la mise en œuvre de législations spécifiques actuellement discutées au Congrès des États-Unis. Ce n’est pas à la « Maison Blanche » que doit être discutée la question de la décolonisation de Porto Rico, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il revient plutôt au Comité d’aider le peuple portoricain à exercer son droit à l’autodétermination. De même, a-t-il poursuivi, le processus de décolonisation doit aboutir à la libération de ressortissants portoricains emprisonnés injustement aux États-Unis. La diaspora portoricaine devra elle aussi participer à ce processus de décolonisation et d’autodétermination, a-t-il conclu.
M. OMAR LOPEZ, « Alliance pour la libre association souveraine », a appelé le Comité à faire sortir Porto Rico de l’immobilisme promu par le statut colonial imposé par les États–Unis. Comme solution, a-t-il dit, il faut aller vers une alternative fondée sur la libre association. Malheureusement le Congrès américain vient de prendre une loi qui réaffirme le caractère colonial de Porto Rico, a-t-il regretté, en estimant que l’Assemblée générale des Nations Unies ne traitait pas activement de la question du statut de ce territoire. Cette Assemblée générale doit notamment veiller à interdire l’application de la peine de mort aux citoyens portoricains par les États-Unis, a estimé M. Lopez. Le Comité des 24 doit plus que jamais, a-t-il insisté, trouver dès à présent une solution pour Porto Rico qui se sent abandonnée par la communauté internationale. Le pétitionnaire a enfin appelé à la libération des prisonniers politiques portoricains actuellement détenus dans les geôles américaines.
Mme NILDA LUZ REXACH, « Avancement de la culture portoricaine », a rappelé que les Portoricains n’ont pas le droit de voter un chef d’État depuis plus d’un siècle. Pendant 107 ans, nous avons fait partie de ce pays que sont les États-Unis, et nous avons donné notre vie pour défendre cette grande nation comme tous les autres citoyens de la fédération américaine. Aujourd’hui nous voulons participer aux élections présidentielles américaines, et bénéficier des mêmes droits que tous les autres Américains, a dit Mme Luz Rexach. J’appelle mes compatriotes de Porto Rico à profiter des opportunités que nous offre le sol américain, a conclu la pétitionnaire.
M. JOSÉ ADAMES, « Puerto Rican Cultural And Literacy Organization », a déclaré que Porto Rico n’est pas une colonie des États-Unis, mais le 51ème États des États-Unis. Un État qui demeure discriminé, a-t-il dit, en précisant que contrairement à Hawaï et Alaska, qui sont devenus des États à part entière, Porto Rico n’est resté qu’un État associé. Il a rappelé que Porto Rico est devenu partie des États-Unis il y a 110 ans, et un État il y a 91 ans. C’est pourquoi, il a fustigé le projet de résolution présenté par Cuba. Nous avons un représentant du Congrès des États-Unis qui reconnaît qu’il y a davantage de Portoricains qui sont morts dans les guerres menées pars les États-Unis que de citoyens de n’importe quel autre État américain. Cessons de violer les droits du 51ème État des États-Unis, a-t-il dit, en souhaitant que les citoyens de Porto Rico aient les mêmes droits que les autres citoyens des États-Unis.
Prenant la parole, le représentant de Cuba a précisé que tout en respectant les sentiments annexionnistes de M. José Adames, il regrettait que ce dernier se comporte comme un porte-parole de l’empire colonial américain pour attaquer Cuba.
M. FERNANDO JAY MARTIN, Parti de l’indépendance de Porto Rico (PRIP), a exhorté le Gouvernement des États-Unis à s’acquitter de ses obligations au titre de la décolonisation de Porto Rico. Il a exigé la libération des prisonniers politiques portoricains qui purgent des peines inacceptables dans les prisons américaines. Il faut exercer les pressions internationales nécessaires pour que les États-Unis s’engagent à décoloniser, a dit-il dit. Il s’est opposé à tout vote de plébiscite qui a pour but de simplement prolonger la colonisation américaine. Nous ne devons rien attendre de moins, alors que l’Amérique latine fête le bicentenaire de son indépendance, a-t-il insisté.
M. HECTOR PESQUERA SEVILLANA, Coprésident du Mouvement indépendantiste portoricain, a déclaré que 84% de la population portoricaine avaient un emploi en 1898 lors de l’invasion américaine, contre 42% seulement aujourd’hui. Il a regretté que 40% des citoyens de Porto Rico dépendent de fonds gouvernementaux pour leur survie et que 67% vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Il a dénoncé la pollution de nombreux sites portoricains par l’armée américaine, en citant notamment l’utilisation de l’agent orange, substance chimique extrêmement toxique, par les forces américaines qui se sont entrainées sur l’île. L’envahisseur nous a causé des torts économiques et sociaux énormes, a-t-il dit, en dénonçant une multiplication d’actes de pollution et une dette publique énorme des États-Unis envers Porto Rico, sans oublier l’exode de la moitié de la population, soit 4 millions de personnes. Il a estimé que l’indépendance était le meilleur moyen de faire face à ces difficultés économiques et sociales, en souhaitant une indemnisation correspondant aux 112 ans de colonialisme destructeur.
Mme WILMA REVERÓN-COLLAZO, Comité pour Porto Rico aux Nations Unies, a expliqué que le Comité spécial accompagne, depuis longtemps, le peuple portoricain dans sa lutte pour l’autodétermination et pour la libération de ses citoyens que sont, entre autres, Oscar López Rivera et Carlos Alberto Torres, détenus depuis 29 ans. Depuis lors, des progrès ont été accomplis, mais beaucoup reste à faire, a-t-elle indiqué. Il faut que le Comité poursuive son action, en œuvrant notamment pour l’arrêt de l’application de la peine de mort aux citoyens de Porto Rico, par les États-Unis, alors même que cette peine de mort est inconstitutionnelle à Porto Rico depuis des décennies. L’ONU ne diffuse pas assez d’informations autour de la question de Porto Rico, a estimé Mme Reverón-Collazo, en appelant à inverser cette tendance. « Il faut surtout rompre le mur de silence que veulent imposer les États-Unis sur notre avenir », a-t-elle déclaré, en soutenant que le peuple portoricain paye le prix fort de la mainmise américaine sur son pays.
M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, Comité des droits de l’homme de Porto Rico, a rappelé que son organisation luttait notamment pour la libération d’Oscar López Rivera et Carlos Alberto Torres. « Nous nous insurgeons contre le projet américain d’aller vers une association entre Porto Rico et les États-Unis, qui ne prend pas en compte notre volonté d’autodétermination », a-t-il souligné. Le Président des États-Unis, qui a reçu le prix Nobel de la paix, doit aussi entendre l’appel des autres Nobel qui insistent sur l’octroi de son indépendance à Porto Rico, a-t-il dit. Il a, à son tour, défendu la nécessité de libérer les prisonniers politiques portoricains.
Mme JAN SUSLER, « National Lawyer's Guild International Comittee », a demandé la suspension du projet de loi en discussion au Congrès américain et dont le fond tend à nier la volonté d’indépendance de Porto Rico. L’Administration Obama continue à menacer l’avenir de la nation portoricaine, en écartant du pouvoir et de la haute administration des partisans de la solution indépendantiste, a-t-elle estimé. Cette nouvelle Administration continue également d’influencer les partisans de l’immobilisme et agit en défaveur de la culture portoricaine. Par ailleurs, les pressions et les violations des droits de l’homme continuent de s’accentuer à l’égard de Porto Rico, a-t-elle expliqué. Cela a abouti récemment à la grève entamée par des étudiants portoricains, a-t-elle soutenu. La pétitionnaire a conclu son intervention en demandant au Comité spécial de veiller à ce que les prisonniers politiques que sont Oscar López Rivera, Carlos Alberto Torres et Avelino González Claudio soient enfin libérés par les États-Unis.
M. RUBEN BERRIOS MARTINEZ, Vice-Président de l’Internationale socialiste pour l’Amérique latine et Président du Parti socialiste de l’Uruguay, a exprimé son appui inébranlable à la cause de l’indépendance de Porto Rico. Nous voudrions rappeler l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1514 de l’Assemblée générale qui reconnaît le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination, a-t-il dit. Nous demandons aux États-Unis de mener un processus respectant ces droits inaliénables, a-t-il insisté. Le processus de colonisation doit être vu à l’aune du droit international, et toute initiative concernant Porto Rico devrait à l’avenir prendre en compte la volonté du peuple portoricain, a-t-il encore ajouté. Il a exhorté le Gouvernement américain à nettoyer les effets de toutes les pollutions dont il s’est rendu responsable à Porto Rico.
Mme ALEIDA CENTENO, Association américaine des juristes (AAJ), a mis l’accent sur les différents actes de pollution dont s’est rendu responsable le Gouvernement américain à Porto Rico. Elle a cité la parution en juillet 2009 d’une carte qui indique les 61 lieux où des armes chimiques ont été utilisées par l’armée américaine. Elle a également mentionné la réalisation d’expériences nucléaires dans un parc national de Porto Rico, qui reste très visité par la population. Elle a dénoncé l’utilisation par l’armée américaine de munitions à l’uranium appauvri à Vieques, près d’une communauté de 10 000 habitants. « Porto Rico est en Amérique latine ce qu’est la Pologne en Europe, c'est-à-dire un simple bouclier antimissile », a-t-elle dit. Entre 1957 et 2010, a-t-elle encore ajouté, l’armée américaine a mené des activités secrètes qui constituent des crimes et une atteinte aux droits de l’homme. C’est un manque de respect vis-à-vis de la vie et du développement économique et social du peuple portoricain, a-t-elle conclu, en souhaitant que l’Assemblée générale se saisisse de cette question et vienne visiter les installations militaires américaines à Porto Rico.
M. RUBEN GIUSTINIAMI, Parti socialiste argentin, a appuyé l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale qui reconnaît le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination. Il a également mis l’accent sur la demande réitérée ces dernières années par le Comité spécial, qui souhaite que l’Assemblée générale examine la question de Porto Rico sous tous ses aspects. La croyance en une démocratie globale entre nations souveraines est consacrée dans la Charte des Nations Unies, qui rappelle l’égalité souveraine de tous les États Membres, a-t-il déclaré. Vouloir maintenir un statut colonial sous le prétexte qu’on bénéficie de l’appui d’une majorité de la population du territoire concerné est inacceptable, a-t-il encore dit, en estimant que le respect des droits de l’homme ne pouvait être soumis à un référendum.
M. MARTIN TORRIJOS, Comité de l’Internationale Socialiste pour l’Amérique latine, a déclaré que l’appartenance de Porto Rico à l’Amérique latine ne faisait aucun doute depuis des décennies. Aucune forme de colonialisme ne peut être justifiée. À Porto Rico, les bases militaires étrangères devraient disparaître rapidement, a-t-il estimé. Les États-Unis doivent, comme le leur demandent les Nations Unies, engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination. « Il faut donner aux Portoricains les moyens de tirer bénéfice de leurs multiples atouts, et corriger l’anomalie qu’est le statut de territoire non autonome de leur pays, a-t-il poursuivi. Un dialogue doit être entamé à cet effet, en incluant les Portoricains eux-mêmes, a en outre dit le représentant. L’Amérique latine est prête à offrir ses bons offices afin de contribuer à l’imposition d’une solution bénéfique pour Porto Rico, a souligné M. Torrijos, avant de conclure en demandant que la question portoricaine soit débattue à la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU.
M. RICHARD LOPEZ, Front patriotique Arecibeno, a dénoncé les activités et expériences technologiques et militaires menées par les États-Unis sur le territoire portoricain, avec tous les dangers que cela comporte pour les populations locales. Depuis 1997 diverses expériences, telles que des explosions atmosphériques aux particules et rayonnement énergétiques dangereux pour les êtres humains, l’environnement et la planète, ont été réalisées par les États-Unis à Porto Rico, a-t-il précisé. Ce sont des violations des droits de l’homme, a-t-il dit. Par ailleurs, la future construction d’un gazoduc à Porto Rico, aura inéluctablement des effets néfastes pour les populations, et mérite que la communauté internationale examine la question et que l’Assemblée générale des Nations Unies en débatte, a conclu M. Lopez.
Pour M. FRANCISCO TORRES, Parti nationaliste de Porto Rico, aucun être humain ne peut se sentir libre si un autre homme ne l’est pas. La barbarie ne doit plus avoir place sur cette planète, a-t-il maintenu. Il a ensuite appelé le Gouvernement américain à mettre fin au harcèlement politique et à l’emprisonnement des Portoricains. Il en est de même de la conduite d’écoutes téléphoniques illégales par les services de renseignements américains. Le Gouvernement fédéral américain n’apporte à Porto Rico que très peu de ressources et de financements pourtant nécessaires à l’île, alors qu’il tire des millions de dollars de ce territoire, a-t-il souligné, en évoquant l’augmentation des processus de privatisation d’entreprises locales reprises par des intérêts américains. Tous ces éléments entrainent une explosion du chômage. Les États-Unis doivent donc, dès maintenant, et sous la conduite de la communauté internationale, engager le processus de décolonisation de l’île, a-t-il insisté.
Mme CARMEN GONZALEZ ARIAS, Coalition portoricaine contre la peine de mort, a demandé que soit insérée dans le projet de résolution l’obligation, pour les États-Unis, de mettre fin à la peine de mort appliquée aux ressortissants de Porto Rico. Cette question doit aussi être liée à celle de l’autodétermination, a-t-elle ajouté. Porto Rico est la seule juridiction où les citoyens ont refusé la peine de mort, où la société toute entière a proclamé son inconstitutionnalité, mais où la population se voit néanmoins contrainte de la subir, du fait de la volonté des États-Unis, a poursuivi la pétitionnaire. Il est inacceptable que les Portoricains ne puissent élire leur propre chef d’État, ni leurs députés, et soient obligés de respecter des lois étrangères, a ensuite dit Mme Arias, avant de se pencher sur la question de l’extradition. À ce propos, elle a souligné que les États-Unis devraient dorénavant agir en respectant la position portoricaine sur cette question, et en traitant ce territoire comme une entité souveraine. Elle a conclu en demandant l’appropriation de la question portoricaine par l’Assemblée générale des Nations Unies. De même, elle a demandé l’adoption d’une résolution appelant les États-Unis à établir un moratoire sur l’application de la peine de mort aux ressortissants portoricains emprisonnés actuellement.
Mme NORMITA APONTE RIVERA, Comité des familles et des Amis d’ Avelino González Claudio, a attiré l’attention sur la situation de cet individu qui a été condamné récemment à sept ans de prison par les États-Unis. Sa condition physique actuelle et sa santé fragile ne lui permettront pas d’accomplir entièrement cette peine injuste, a-t-elle dit. Les Nations Unies doivent, plus que jamais, obliger l’Amérique à respecter les résolutions qui lui sont imposées et qui font du colonialisme un obstacle contre la paix, a dit Mme Rivera. Elle a ensuite appelé le Comité à exiger des États-Unis qu’ils reconnaissent le droit de Porto Rico à exercer sa souveraineté. « Notre revendication à l’autodétermination est inébranlable », a-t-elle conclu.
M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, Campagne pour la Liberté, a estimé que l’emprisonnement des ressortissants de Porto Rico par les États-Unis est une violation des droits de l’homme. Il a expliqué que les Portoricains vivent des discriminations diverses aux États-Unis et qu’ils sont perçus comme des hommes et des femmes de « seconde catégorie ». Le représentant a dénoncé les arrestations des opposants et pro-indépendantistes portoricains par les Etats-Unis, ainsi que les mauvais traitements qui leurs sont infligés. Cela est intolérable, a-t-il souligné, avant de contester la position des États-Unis qui s’estiment pourtant être un État défenseur acharné des droits de l’homme. Ce pays est un occupant présent en Afghanistan et en Iraq, notamment, et il doit quitter le territoire portoricain très rapidement, a-t-il conclu.
M. ISMAEL GUADALUPE ORTIZ, Mouvement d’affirmation Viequense-MAVI, a indiqué que les explosions accidentelles de bombes et de munitions oubliées par l’armée américaine à Porto Rico, ont lieu régulièrement et se poursuivent actuellement. Notre organisation a dénombré la conduite, par la marine des États-Unis, de 7 233 explosions d’engins oubliés à ce jour. Les conséquences sur l’environnement et sur les populations de Vieques sont nombreuses. Par exemple, les scientifiques ont prouvé que le taux de mortalité est aujourd’hui de 40% plus élevé à Vieques que dans l’ensemble du territoire portoricain. La mortalité infantile y est 55% plus élevée que partout ailleurs dans le pays, a-t-il expliqué. Malheureusement les États-Unis ne veulent pas dédommager les populations de Vieques. Après avoir utilisé cette petite île de Porto Rico comme laboratoire, les États-Unis doivent prendre leurs responsabilités et réparer les dégâts qu’ils y ont causés, a-t-il conclu en appelant, en outre, à la libération des prisonniers politiques.
Intervenant au nom de l’organisation « Frente autonomista » et en tant que membre de la Chambre des représentants de Porto Rico, M. CARLOS HERNANDEZ LOPEZ a déclaré que la Chambre des représentants des États-Unis d’Amérique avait adopté un texte sur Porto Rico qui est rejeté par une large partie de la société civile qui estime qu’à Washington, on joue avec des options pour arriver à un résultat artificiel qui a comme but de justifier l’annexion de Porto Rico par les États-Unis. Il faut que le Président Obama explique clairement les différentes alternatives offertes au peuple portoricain avant le 31 octobre 2010, a-t-il dit. Il a souhaité qu’une résolution de l’Assemblée générale réaffirme les droits inaliénables à l’autodétermination de Porto Rico. Il a demandé que l’Assemblée générale ouvre la discussion sur le droit à l’autodétermination de Porto Rico. Il a exigé la libération immédiate de tous les prisonniers politiques dont la détention est liée à la revendication pour l’autodétermination de Porto Rico. Il faut que toute discussion sur le statut de Porto Rico commence avec la réaffirmation que la souveraineté de Porto Rico réside dans son peuple, a dit M. Hernandez Lopez. La souveraineté politique est la condition préalable à la construction d’un projet commun, a-t-il insisté.
M. FRANCISCO VELGARA, Front Socialiste de Porto Rico, a défendu le droit à l’indépendance de Porto Rico. Il a fustigé les activités militaires américaines qui consistent à pratiquer des explosions à l’air libre de substances dangereuses. Il a dénoncé la volonté américaine d’imposer la peine de mort à Porto Rico. Nous exigeons que tous les pouvoirs soient remis au peuple de Porto Rico et que l’appareil militaire, politique et judiciaire américain soit démantelé, a dit M. Velgara. Il a défendu les droits des travailleurs portoricains en précisant que des milliers de fonctionnaires y avaient été licenciés. Avec une population de 4 millions d’habitants, nous comptons 850 morts violentes par an directement liées au trafic de stupéfiants et à la prolifération des armes légères et de petit calibre. Il a dit que cette situation était le fruit de l’influence de la société américaine. La victoire des étudiants après une grève qui a duré 51 jours est une preuve de la lutte du peuple portoricain, a-t-il estimé.
M. MARTIN KOPPEL, Parti des travailleurs socialistes, a salué le combat des étudiants portoricains qui ont montré comment on pouvait lutter contre le système capitaliste grâce à leur grève de 51 jours qui a permis d’annuler le projet d’augmentation des coûts de scolarité promu par la puissance administrante. Une bonne lutte pour l’indépendance aura des incidences positives sur tous les peuples d’Amérique latine et sur l’Amérique dans son ensemble, a-t-il dit. Les Portoricains qui vivent aux États-Unis sont victimes de discrimination, a-t-il dit, en souhaitant la libération des prisonniers politiques, Oscar López Rivera et Carlos Torres, emprisonnés depuis 29 ans.
M. MANUEL RODRIGUEZ BANCHS, Mouvement socialiste (MAS), a appuyé la revendication de l’indépendance politique de Porto Rico contre l’impérialisme des États-Unis. Il a salué la récente lutte des étudiants de Porto Rico. Le colonialisme est la raison de la souffrance de notre peuple, a-t-il dit. Si les États-Unis ont ratifié plusieurs pactes sur les droits politiques et civils, certaines dispositions américaines sont en conflit avec les principes de la liberté d’association et de réunion de certaines catégories de travailleurs, dont les travailleurs journaliers, a dit le pétitionnaire. Des centaines de contrats collectifs sont toujours sans effet, éliminant des acquis importants, s’est-il encore inquiété. Il a évoqué la naissance des tensions liées à la volonté américaine d’imposer la peine de mort à Porto Rico. Il a demandé la libération immédiate de tous les prisonniers politiques portoricains. Les jeunes Portoricains continuent à être l’objet de recrutement par l’armée américaine dans laquelle ils servent de chair à canon, a-t-il encore dit, en remerciant Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et l’Équateur d’avoir présenté le projet de résolution sur lequel le Comité doit se prononcer aujourd’hui.
Le représentant du Mouvement des non-alignés a d’abord salué le fait que depuis 10 ans, le Comité spécial des 24 a toujours adopté ses résolutions par consensus. Après avoir réaffirmé le droit du territoire portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, il a demandé au Gouvernement des États–Unis d’engager un processus devant emmener les Portoricains à bénéficier souverainement des potentialités de leur pays. Le Gouvernement américain doit aussi dès à présent, mener à son terme la restitution au peuple portoricain de l’ensemble des terrains anciennement occupés et des installations de Vieques et de Ceiba, a-t-il ajouté.
M. JAVIER LOAYZA BAREA (Bolivie) a salué le travail d’analyse de la situation préoccupante de Porto Rico, fait par les pétitionnaires présents à cette session. Il a appuyé la lutte du peuple de Porto Rico pour son autodétermination et son indépendance. Le délégué s’est ensuite demandé pourquoi le Gouvernement américain n’accédait toujours pas à la demande d’indépendance de la société portoricaine. Peu importe les réponses américaines, a-t-il soutenu, le Comité s’est toujours montré solidaire de ce peuple qui subit la domination étrangère. Et cette domination doit cesser, a-t-il conclu.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) s’est félicité de la fermeté du Comité dans son travail aux côtés des peuples en lutte pour leur autodétermination et leur indépendance. Comme le Nicaragua l’a toujours dit, Porto Rico appartient aux peuples premiers d’Amérique latine, en dépit de la colonisation que ce territoire subit. Il est important que les États-Unis mettent en œuvre les résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 1514, a également dit le représentant. Il a par ailleurs demandé la non-application de la peine de mort aux Portoricains par les États-Unis, avant de soutenir les grèves entamées par les étudiants portoricains depuis de longues semaines. La communauté internationale doit veiller à ce que les emplois à Porto Rico ne disparaissent pas comme on le voit en ce moment. Le Comité des 24 doit lui aussi œuvrer à la libération des prisonniers portoricains, détenus sur le sol américain, a-t-il souligné, en conclusion.
M. FRANCISCO CARRION-MENA (Équateur) a déclaré que le droit à l’autodétermination des peuples n’était pas seulement une norme légale internationale, mais un droit de l’homme que les États doivent respecter en accord avec les engagements pris dans le cadre des pactes internationaux de 1966. Il a regretté que la situation coloniale de Porto Rico, une nation d’Amérique latine à part entière, soit bloquée, et sans aucune perspective d’évolution concrète. Il a souhaité que la situation de Porto Rico soit examinée et débattue sous tous ses aspects par l'Assemblée générale. Nous souhaitons que ce pays vienne rejoindre le concert des nations indépendantes dans un avenir proche, a-t-il insisté.
M. JAVIER LOAYZA (Bolivie) a estimé que le multilatéralisme était le meilleur moyen de trouver des solutions à des problèmes inextricables. Il faut que le Comité puisse trouver une solution à la situation de Porto Rico, a-t-il insisté. Il a fustigé « une situation coloniale qui voit le Congrès américain garder le contrôle des relations commerciales, internationales et financières » de Porto Rico, sans oublier le contrôle des douanes, de la poste, de l’espace maritime et terrestre. Il a déclaré que cette nation d’Amérique latine et des Caraïbes devait se libérer de cette situation coloniale pour contribuer au processus d’intégration régionale. Tant qu’il restera un seul peuple sous domination coloniale, il faudra que la déclaration instituant la troisième Décennie de lutte contre le colonialisme soit rapidement adoptée, a-t-il demandé.
M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a souhaité que le peuple de Porto Rico puisse exercer son droit inaliénable à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale. Il a rappelé que la Déclaration de Charm el-Cheikh, faite par le Mouvement des non-alignés, a demandé une fois de plus la mise en œuvre des résolutions sur la question de Porto Rico. Il a souhaité que la résolution présentée par Cuba aujourd’hui soit adoptée par consensus pour réaffirmer le caractère sacré du droit international, dont fait partie le droit à l’autodétermination.
M. AMIR HOSSEIN HOSSEINI (République islamique d’Iran) a appuyé le droit souverain de Porto Rico à l’indépendance, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et aux termes de la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale. Il a assuré le Comité spécial de l’appui entier de l’Iran en ce qui concerne l’élimination totale du colonialisme.
Déclaration après l’adoption de la résolution
M. RODOLFO ELISEO BENITEZ VERSON (Cuba) a exprimé la profonde reconnaissance de sa délégation à tous les membres du Comité spécial pour l’appui précieux qu’ils ont apporté au texte présenté par son pays sur la question de Porto Rico. Il a jugé important de noter que ce projet de résolution a été adopté par consensus pour la onzième fois sans interruption. Il a dit que Cuba était reconnaissant au Mouvement des 118 pays non alignés (NAM) pour son soutien infaillible à la cause de la décolonisation. Tous ceux qui sont intervenus aujourd’hui sont un exemple vivant de la lutte menée contre le colonialisme, a-t-il estimé. Il a rappelé que cette année marque la célébration du cinquantième anniversaire de la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale et le cent-douzième anniversaire de l’intervention américaine à Porto Rico. Si certains ont essayé de nous désunir, la fraternité entre Cuba et Porto Rico est restée intacte et demeurera, a assuré le représentant de Cuba, avant de dire que Porto Rico et Cuba étaient « comme les deux ailes d’un même oiseau ». L’Amérique latine et les Caraïbes ne seront pas totalement libres tant que Porto Rico ne le sera pas. Le peuple portoricain pourra compter sur notre solidarité permanente, a assuré le représentant de Cuba, et se disant persuadé que Porto Rico fera un jour partie des membres de ce Comité spécial.
M. JOSÉ LUIS CONCEPTION, Mouvement patriotique Canario, a fait le bref historique de l’évolution sociale et politique de Porto Rico, avant de souligner l’illégitimité du colonialisme, qu’il a qualifié de crime contre l’humanité. Le peuple portoricain a longtemps souffert de ce colonialisme qui a trop duré, a-t-il conclu.
Pour Mme AURA COLON SOLA, Jeunesse Hostosiana, après 112 ans de colonisation américaine, la situation ne s’est pas améliorée à Porto Rico, à la fois au plan social et économique, et dans l’exercice des droits civils. Elle a dénoncé l’absence d’enseignement sur le droit à l’autodétermination dans les écoles portoricaines. En 1953, les États-Unis ont allégué devant les Nations Unies que le peuple portoricain avait exercé son droit à l’autodétermination. Ce qui n’est pas le cas, a-t-elle dit, avant d’expliquer que ce peuple était aujourd’hui confronté à la violence de l’Administration américaine. C’est ce qui explique notamment la grève des étudiants portoricains, a indiqué Mme Colon Sola. Elle a ensuite plaidé pour l’émergence d’une démocratie participative à Porto Rico.
M. JORGE L. LIMERES, du Comité pro-indépendantiste portoricain du Connecticut, a estimé qu’il était temps que le peuple portoricain accède à son indépendance par sa propre volonté. Les Portoricains ont le droit inaliénable de décider de leur propre avenir économique ou éducationnel, a estimé M. Limeres. Il serait temps que Porto Rico ne subisse plus la gouvernance corrompue des acteurs politiques d’aujourd’hui, a-t-il ajouté. L’humiliation subie par Porto Rico du fait du pouvoir impérial américain et manifestée par l’emprisonnement des citoyens portoricains doit cesser, a-t-il souligné.
M. ANGEL COLLADO SCHWARTZ, Institut souverain portoricain, a rappelé que les Nations Unies avaient demandé aux États-Unis de rendre aux Portoricains le droit légitime de gouverner eux-mêmes leur territoire. Cependant, les législateurs américains continuent à conférer à Porto Rico un statut hybride, a-t-il dit, regrettant que l’Administration Obama n’ait pas fait à ce jour de progrès sur cette question. Il y a pourtant urgence, d’autant plus que les populations portoricaines subissent une série de violences et sont confrontées à des maux terribles, comme notamment le trafic de drogues. Face à cette situation les Américains n’agissent point, a-t-il dit, avant de plaider pour la mise en place d’un mécanisme en faveur de la décolonisation de Porto Rico.
Pour M. ROGELIO FIGUEROA GARCIA, Organisation des Portoricains pour Porto Rico, les anciennes résolutions sur Porto Rico n’ayant pas été appliquées, il faut maintenant rechercher les responsables de cet échec. Ces responsables sont à la fois les Nations Unies et les partis politiques portoricains, a estimé M. Figueroa Garcia. Le pétitionnaire a ensuite dénoncé les manœuvres des partis politiques américains et du Gouvernement de ce pays visant à pérenniser l’immobilisme actuel. Il a conclu en appelant l’Assemblée générale des Nations Unies à faire de l’examen de la question de Porto Rico une priorité
Remarques de clôture
Dans ses remarques de clôture, M. DONATUS KEITH ST. AIMÉE, Président du Comité spécial des 24 (Sainte-Lucie), a recommandé aux participants à cette réunion de lire la déclaration d’ouverture qu’il a lue lors du récent Séminaire régional sur la décolonisation, qui s’est tenu en Nouvelle-Calédonie. Il a rappelé qu’il regrettait la lenteur du processus de décolonisation tout en précisant que son pays, Sainte-Lucie, avait accédé à l’indépendance en 1979. Il a estimé que le Congrès de Panama de 1866 contenait les racines des problèmes politiques qui se posent actuellement à l’Amérique latine et a ajouté que les difficultés à résoudre se trouvaient au centre de la région elle-même.
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