En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/1050

La Commission du développement durable examine les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l’avènement d’une révolution verte en Afrique

14/05/2009
Conseil économique et socialENV/DEV/1050
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-septième session

11e et 12e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EXAMINE LES MOYENS À METTRE EN ŒUVRE POUR FAVORISER L’AVÈNEMENT D’UNE RÉVOLUTION VERTE EN AFRIQUE


La CDD-17 examine également la question de la gestion des sols et de l’eau


De nombreux Ministres et représentants d’États Membres ont examiné aujourd’hui les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l’avènement d’une Révolution verte en Afrique.  Lors de deux tables rondes ministérielles organisées dans le cadre du segment de haut niveau de la dix-septième session de la Commission du développement durable (CDD-17), ils se sont également penchés sur les problèmes liés à la gestion des sols et de l’eau, à l’occasion.


« Le monde entier a besoin d’urgence d’une Révolution verte en Afrique », a notamment déclaré le Ministre d’État du Portugal, dans le cadre des tables rondes matinales au cours desquelles les participants ont examiné les moyens les plus efficaces à mettre en œuvre pour garantir la sécurité alimentaire des Africains, contribuer au développement durable du continent ou encore répondre aux effets des changements climatiques. 


Citant de son côté les problèmes liés à la baisse de la main-d’œuvre, à la fois en raison des migrations et des épidémies telles que le VIH/sida, le Directeur de l’évaluation internationale du savoir agricole, de la science et de la technologie pour le développement a souligné les « défis énormes » qu’affronte le continent africain.


Le représentant du Maroc a, quant à lui, loué les mérites de l’agriculture durable, tandis que d’autres panélistes se sont intéressés à la question de la biodiversité et de l’autonomisation des femmes, au problème de la désertification ou encore à la question du transfert de technologies.


M. Matthew Wyatt, du Fonds international de développement agricole (FIDA), a estimé qu’« avoir une technologie est une chose, mais s’assurer qu’elle soit accessible à ceux qui en ont besoin en est une autre ».


Les tables rondes de l’après-midi, qui portaient sur le thème de la « gestion intégrée des ressources en sol et en eau au service de l’agriculture durable et du développement rural », ont été l’occasion pour les panélistes d’évoquer les problèmes interconnectés que sont la dégradation des sols et la paupérisation des ressources en eau.


Au cours de la discussion, l’idée d’instaurer un Cadre institutionnel adapté à la gestion de l’eau qui permet de confronter les besoins des uns et des autres a été avancée.  Il a en outre été proposé de faire de 2012 l’« année internationale de la diplomatie de l’eau » et que les problèmes de la gestion transfrontalière de l’eau soient abordés.


« L’eau, les terres et les pressions des populations sont trois facteurs essentiels d’un développement rural durable », a souligné le Ministre de l’agriculture de la Jamaïque, pour qui il importe d’établir un bon équilibre entre la gestion des sols et des terres et les politiques démographiques.


De son côté, le Président du Comité consultatif du Secrétaire général sur l’eau et l’assainissement a rappelé que l’agriculture consommait 70% de toutes les ressources en eau douce de la planète.  « Il faut rendre à l’eau la place qui lui revient dans les politiques agricoles », a-t-il notamment dit.  « La crise de l’eau est une crise de l’agriculture. »


La CDD-17 présentera une synthèse de ses travaux demain, vendredi 15 mai, à partir de 10 heures.


MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2008-2009 –– SESSION DIRECTIVE


a)    Agriculture

b)    Développement rural

c)    Sols

d)    Sécheresse

e)    Désertification

f)    Afrique


Débat de haut niveau


M. ROBERT WATSON, Directeur de l’évaluation internationale du savoir agricole, de la science et de la technologie pour le développement (Royaume-Uni), a souligné qu’on ne pouvait pas continuer comme par le passé, et qu’il s’agissait désormais d’utiliser notamment l’eau de manière plus efficace, et en impliquant les femmes.  Les prix des aliments sont au plus bas, même s’ils ont augmenté récemment, mais ils restent à un niveau inférieur à celui des années 70.  Plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim, a-t-il rappelé.  La productivité et la production augmentent très rapidement en Chine et en Asie orientale.  En revanche, la production en Afrique subsaharienne a baissé.  La Révolution verte est en perte de vitesse, a-t-il ajouté.  La biodiversité est en diminution, tandis que des terres et des pâturages sont en diminution à cause de l’érosion, en particulier.  La manière dont nous produisons a un effet néfaste sur la biodiversité et l’environnement, a-t-il souligné.


Évoquant les défis à atteindre, il a estimé qu’il faudrait doubler la production dans les 25 à 50 années à venir.  Nous sommes face à des défis énormes, a-t-il poursuivi, citant notamment une baisse de la main-d’œuvre, à la fois en raison des migrations et des épidémies telles que le VIH/sida.  C’est la raison pour laquelle on ne peut continuer comme auparavant.  Nous devons nous assurer que l’agriculture ne dégrade pas la nature, a-t-il souligné, ajoutant que le problème du réchauffement climatique pèserait lourdement sur les pays producteurs.  Les zones humides deviendront plus humides et les tropicaux plus secs.  Environ 70% de l’eau étant utilisée pour l’agriculture, cette proportion devient insoutenable, a-t-il observé.  On peut donc s’attendre à une baisse totale de la production agricole.  La pêche sera également affectée, a-t-il noté.


Comment allons-nous développer une meilleure irrigation pour l’Afrique, comment allons-nous amender les sols, comment allons-nous adapter les cultures à l’augmentation des températures, a-t-il demandé.  Cela représente de grands défis sur le plan agronomique et il faudra utiliser toute la gamme des outils à notre disposition, de l’agriculture biologique aux techniques de culture de pointe.  Ces dernières sont nécessaires pour augmenter la productivité.  Enfin, sur le plan humain, il faut reconnaître le rôle critique des femmes.  En Afrique, elles représentent 70% des agriculteurs, alors qu’en moyenne, dans le reste du monde, c’est l’inverse, 70% des paysans étant des hommes, a-t-il indiqué.


M. TESFAI TECLE, Conseiller spécial du Président de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), a évoqué la question de l’échec de la Révolution verte en Afrique.  Il a estimé que l’on devrait développer une agriculture intensive là où les sols et les infrastructures le permettent.  Il a souligné que 30 à 40 milliards de dollars par an étaient nécessaires pour développer l’agriculture en Afrique, mais qu’une telle somme ne pouvait être débloquée par les États africains.  Il a conclu en soulignant la nécessité d’une initiative internationale en ce sens.


M. MATTHEW WYATT, Vice-Président du Département des affaires externes du Fonds international de développement agricole (FIDA), a souligné l’impact de la crise financière mondiale en Afrique, où les prix des denrées agricoles ne cessent d’augmenter.  Le pire est encore à venir avec les changements climatiques, a-t-il averti.  Les progrès récents accomplis en Afrique risquent d’être inversés et une Révolution verte sur ce continent se doit d’être durable.  Qu’entend-t-on par révolution, a-t-il demandé.  Il a indiqué qu’il fallait cesser de considérer les petits paysans comme un problème mais comme un atout.  Les femmes doivent voir leur rôle accru, a-t-il ajouté, tandis que l’agriculture doit se voir reconnaitre un rôle économique de premier plan, contrairement à ce qui a prévalu ces dernières décennies. 


Les « ingrédients fondamentaux » d’une Révolution verte en Afrique doivent s’inspirer des révolutions identiques en Asie et en Amérique latine ces 40 dernières années.  À cet égard, l’irrigation est fondamentale.  Les petits cultivateurs doivent être le fer de lance de cette révolution, a-t-il souligné, la majorité d’entre eux étant des femmes.  Par ailleurs, a-t-il dit, l’Afrique a son propre trésor d’expérience dont il faut s’inspirer.


M. Wyatt a évoqué les progrès effectués dans la production de manioc, ainsi que de riz Nerica, en Afrique de l’Ouest.  Cela a permis d’augmenter la production, sans augmenter ni les engrais, ni l’irrigation.  Avec une aide appropriée, on peut parvenir à de tels résultats avec les petits paysans.  Il faut rejeter l’idée que l’appui aux petits agriculteurs est dépassé, voire romantique.  C’est le contraire qu’il faut faire.  Ce sont les petits agriculteurs qui ont la meilleure connaissance de la terre qu’ils cultivent, a-t-il rappelé.  Pour leur donner cet appui, nous avons besoin de plus d’argent pour investir, en particulier dans les infrastructures, a-t-il observé.  Il a estimé que si l’on comparait les sommes englouties dans les plans de relance à la suite de la crise financière, une telle augmentation des budgets d’aide apparaît modeste, a-t-il dit, s’insurgeant contre la baisse de l’aide au développement de l’agriculture ces dernières années.  Les Nations Unies ont également un rôle à jouer en appuyant les pays qui en ont besoin, a-t-il conclu.


Tables rondes ministérielles sur le thème « Réaliser une Révolution verte durable en Afrique »


Table ronde 1


Ministres et représentants d’États Membres se sont penchés, au cours d’une des deux tables rondes de la matinée, sur les moyens les plus efficaces à mettre en œuvre pour garantir la sécurité alimentaire des Africains, contribuer au développement durable du continent, ou encore répondre aux effets des changements climatiques. 


« Le monde entier a besoin d’urgence d’une Révolution verte en Afrique », a ainsi déclaré le Ministre d’État du Portugal.  Ce débat, que coprésidaient le Ministre gabonais de l’agriculture, de la gestion des terres, de la sécurité alimentaire et du développement rural, M. Paul Biyoghe Mba, et M. Homero Bibiloni, de l’Argentine, a également été l’occasion pour de nombreux participants de souligner les mérites de l’agriculture durable.


Pour le représentant des organisations non gouvernementales (ONG), la Révolution verte doit être l’occasion d’instaurer la souveraineté alimentaire en Afrique.  Il a argué qu’une politique de la faim avait été imposée de force au continent, le transformant ainsi de fait en un continent importateur.  Les Africains ont le droit de cultiver et de manger ce qu’il leur convient, a-t-il dit.


Après avoir dénoncé les subventions « perverses », le gaspillage de l’eau, ou encore la « surutilisation de substances chimiques nocives », le représentant du Maroc a souligné l’importance que revêtait l’agriculture durable pour le continent, le seul moyen, selon lui, de subvenir aux besoins alimentaires de la population, tout en préservant son environnement. 


Préoccupé par la perspective que le réchauffement planétaire n’entraîne une réduction de la production agricole du continent africain, le Ministre fédéral de l’Autriche a souligné l’importance de préserver la diversité biologique du continent africain.  La représentante du Malawi s’est ralliée à cette position, évoquant dans un même temps la nécessité d’utiliser des techniques agricoles écologiquement viables et d’accroître le rendement des exploitations de petite échelle.  De son côté, son homologue de l’Italie a cité les mérites des méthodes agricoles traditionnelles qui sont souvent les mieux adaptées aux situations locales.


Nombre de représentants, à l’instar de celui de l’Argentine qui a également loué les avantages de la coopération Sud-Sud, ont évoqué le fléau de la désertification.  La Ministre d’État du Nigéria a notamment insisté sur l’importance pour les pays africains d’être moins dépendants des chutes de pluie.


De son côté, le Conseiller spécial du Président de l’Alliance pour une Révolution verte en Afrique, M. Tesfai Tecle, qui était également modérateur du débat, a souligné la nécessité d’améliorer la capacité de rétention en eau des sols.  Il a expliqué que, dans certaines régions d’Afrique, les sols étaient tellement dégradés qu’il était à présent pratiquement impossible d’éviter la dépendance à des intrants externes.


Est-il possible d’instaurer une agriculture durable dans un environnement dégradé, s’est interrogé, de son côté, le représentant de la Côte d’Ivoire.  Il a signalé que, pour son pays, la Révolution verte consistait d’abord et avant tout à restaurer l’écosystème ivoirien afin de créer les bases d’une agriculture durable et viable.


Pour le représentant de la Chine, c’est à l’amélioration des systèmes de production qu’il faut donner la priorité, afin d’éviter, entre autres, le surpâturage ou la surexploitation des terres.


De son côté, le représentant des ONG a estimé que les cultures génétiquement modifiées devaient être interdites sur le continent africain.


Les femmes sont un élément essentiel de la Révolution verte, a déclaré, quant à lui, M. Bibiloni.  La Ministre d’État du Nigéria a indiqué, de même, que l’accès à la propriété foncière leur permettrait, ainsi qu’aux groupes de personnes les plus vulnérables, d’accéder aux marchés.


Pour la représentante du Ghana, la Révolution verte doit également être l’occasion d’établir un équilibre entre les zones rurales et urbaines, en améliorant, notamment, la qualité de vie et les perspectives d’emplois des personnes rurales.  Sur ce dernier point, le représentant du Portugal a suggéré de mettre des programmes de microcrédits au service de la création d’emplois dans ces régions.  Il a également insisté, à l’instar de son homologue du Malawi, sur le rôle important du transfert de technologies écologiquement viables.


De nombreux représentants ont également appelé la communauté internationale à s’impliquer davantage dans l’avènement d’une Révolution verte en Afrique.  La représentante du Gabon a notamment dénoncé le fait que les investissements agricoles promis faisaient encore défaut, pour ensuite engager la communauté internationale à appuyer l’Afrique saharienne, « bastion de tous les maux ».


De son côté, le représentant du Maroc a proposé la création d’une stratégie mondiale pour la gestion de l’agriculture durable, ainsi que la mise sur pied de partenariats capables de promouvoir le développement durable et de renfoncer les capacités des pays africains à réinvestir dans l’agriculture durable.  Son homologue de la Chine a, lui, engagé la communauté international à appuyer la création d’un système d’alerte précoce à la désertification.


Outre l’octroi de ressources financières supplémentaires et adéquates et un meilleur accès aux marchés, le Ministre d’État pour l’environnement et les forêts de l’Inde a souligné l’importance de l’édification d’institutions et du renforcement des capacités, indispensables, selon lui, à une croissance durable.


Enfin, le représentant du Koweït a mis l’accent sur la nécessité de traiter les questions de sécurité qui demeurent irrésolues en Afrique.


Table ronde 2


Révolution verte: les moyens technologiques existent, encore faut-il que les agriculteurs qui en ont besoin puissent y avoir accès.  C’est l’un des messages essentiels délivrés, ce matin, dans une table ronde de la Commission du développement durable qui a réuni plusieurs ministres. 


Ainsi, pour la Ministre de l’environnement de la Namibie, Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah, qui présidait la séance, « les activités agricoles doivent être appuyées en utilisant les connaissances et expériences locales et en établissant un lien plus proche avec les agriculteurs ».


« Avoir une technologie est une chose, mais s’assurer qu’elle soit accessible à ceux qui en ont besoin est une autre chose », a déclaré M. Matthew Wyatt, du Fonds international de développement agricole (FIDA).  « Il ne s’agit pas seulement de financer la recherche et la vendre aux agriculteurs, mais de s’assurer qu’ils aient accès aux outils techniques dont ils ont réellement besoin », a-t-il ajouté.


Les participants ont également abordé les questions liées à la coopération Nord-Sud et Sud-Sud en matière de transferts d’expériences et à l’investissement dans les voies d’accès aux marchés, ainsi que dans les services d’accès à l’eau et à la santé.  


M. Robert Watson, de l’Évaluation internationale du savoir agricole, de la science et de la technologie pour le développement (Royaume-Uni), s’est félicité du consensus observé sur la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire et la gestion de l’eau et de la terre dans un monde bouleversé par les changements climatiques.  Outre un investissement conséquent dans l’agriculture africaine, il a jugé indispensable de stimuler les emplois, les moyens d’existence, ainsi que les infrastructures locales afin de prévenir les migrations massives vers les villes.


Le Ministre du développement rural d’Israël et le Vice-Ministre de l’environnement du Japon ont souligné les efforts de leur pays en matière de coopération.  Le Ministre israélien a cité des efforts de coopération agricole avec l’Afrique, entamée en 1958, en précisant qu’Israël avait accueilli, en 2008, une Conférence internationale sur les initiatives qui peuvent mener à une Révolution verte en Afrique.  Il a présenté une politique israélienne favorisant des partenariats dans le domaine de l’amélioration des systèmes d’irrigation, le développement de capacités nationales de collecte d’eau, le reboisement et la prévention de l’érosion des sols.  Le Ministre japonais a mis l’accent sur les résultats de la quatrième Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV) de mai 2008, qui a convenu de doubler la productivité du riz en Afrique en coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et en se basant sur l’expérience du Japon en ce domaine.


La représentante de l’Indonésie a rappelé l’importance du Nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique, établi en 2005 pour réduire l’écart entre les deux continents.  La représentante du Brésil a souligné l’expérience de son pays en termes de suivi des changements de la qualité des sols dans les terres sèches.  Elle a cité l’exemple de la coopération du Brésil sous forme de suivi de l’évolution des terres de pays africains grâce à des photos satellites.  Elle a indiqué que le Ministère de l’éducation brésilien avait établi dans les pays lusophones africains un programme de 2 000 bourses pour les études relatives à l’agriculture et à l’écologie.


La représentante de la France a estimé que le choix d’intensification de production devait être fait en concertation avec les communautés locales et productrices.  Selon elle, la mise en œuvre d’une Révolution verte exige un appui technique aux producteurs pour qu’ils maîtrisent ces productions.  Elle a affirmé que l’agriculture familiale était la plus prometteuse, et a mis l’accent sur la nécessité d’appliquer de bonnes politiques commerciales, fiscales, de santé et de gestion de l’eau.


Le représentant du Liban a considéré que la recherche ne pouvait régler la question à elle seule, sans programme politique adéquat pour renforcer les capacités africaines.  Il a souhaité que l’on revienne à des programmes de participation populaire tel que recommandé par la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural de la FAO de 1979. 


Le représentant des communautés scientifiques et technologiques a souhaité une meilleure intégration de la recherche et de la science pour soutenir les initiatives locales et une meilleure coordination des actions des secteurs privés et publics.


Le représentant du Ministère de l’environnement de la Pologne a souligné l’importance de l’impact des changements climatiques sur la Révolution verte en Afrique.  Il faut tenir compte des conséquences de l’augmentation des températures sur l’agriculture africaine pour pouvoir promouvoir des mesures d’adaptation appropriées, a-t-il dit, citant, entre autres, la construction de barrages, la promotion de l’énergie éolienne et solaire.  Il a appelé à la création d’un fonds d’adaptation pour soutenir de tels projets. 


Le Ministre des pêches et du bétail de la Zambie a estimé que la Révolution verte pouvait être atteinte en adoptant une approche intégrée du développement rural avec des investissements dans des ponts, des routes ou la santé, associés à une politique fiscale adéquate.


Le représentant de la Finlande a estimé qu’une Révolution verte devait se fonder sur les connaissances locales et le renforcement des capacités des agricultrices afin qu’elles puissent intervenir dans le domaine foncier. 


Le représentant du Soudan a jugé indispensable une aide de la communauté internationale pour la mise en œuvre du programme de lutte contre la désertification en Afrique. 


Tables rondes ministérielles sur le thème « La gestion intégrée des ressources en terre et en eau pour une agriculture et un développement rural durables »


Les tables rondes ministérielles autour du thème de la « gestion intégrée des ressources en terre et en eau au service de l’agriculture durable et du développement rural » ont été l’occasion pour les panélistes d’évoquer les problèmes interconnectés que sont la dégradation des sols et la paupérisation des ressources en eau, et de se pencher de nouveau sur les conséquences des changements climatiques.


« Il faut rendre à l’eau la place qui lui revient dans les politiques agricoles », a notamment déclaré le Président du Conseil consultatif du Secrétaire général sur l’eau et l’assainissement, le Prince d’Orange Willem-Alexander.  « L’agriculture consomme 70% de toutes les ressources en eau douce, ce qui fait de la crise de l’eau une crise de l’agriculture », a-t-il notamment dit, avant de mettre l’accent sur la nécessité de modifier les modes de production agricole actuels.


Alors que le gros de la production agricole dans le monde continue de dépendre des précipitations, le Prince d’Orange a également cité les bienfaits du traitement des eaux usées aux fins d’irrigation.


Abordant de son côté la gestion des sols, le Directeur général pour l’aide au développement rural au Ministère de l’agriculture du Mexique, M. José de Jesús Romo Santos, a déclaré que le problème de la dégradation des sols devait figurer au cœur des programmes de développement agricole durable en zone rurale, car ceux-ci forment, avec l’eau et la flore, la base de la production rurale.  Il a également observé que les changements climatiques avaient entraîné une augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, lesquels dégradent à leur tour la qualité des terres.


La Vice-Présidente pour le développement durable à la Banque mondiale, Mme Katherine Sierra, a affirmé, quant à elle, qu’une mauvaise gestion des sols avait une influence sur les émissions de gaz à effet de serre.  « Il faut réagir vite et à long terme, créer des liens entre la lutte contre les changements climatiques et les mécanismes de développement, et prendre en compte le lien qui existe entre l’eau, le climat et l’agriculture », a-t-elle estimé.


Afin de stimuler le développement en zone rurale, M. Santos a affirmé que les habitants des zones rurales devaient être les acteurs de leur propre développement et participer aux processus de prise de décision.


Pour Mme Sierra, il importe également de créer un lien entre les agriculteurs et les marchés, et de garantir un meilleur accès aux financements pour les petits exploitants.  Elle a aussi évoqué l’augmentation des revenus dans le domaine agricole, l’autonomisation des femmes et la formation des plus démunis afin d’augmenter leurs connaissances en matière, par exemple, d’alimentation du bétail ou de recyclage des déchets.


M. Santos a également profité de cet échange pour passer en revue les accomplissements et programmes lancés par le Mexique tant pour créer un nouvel élan du développement rural durable, que pour répondre aux effets des changements climatiques.  Des programmes de semences et de diversification des cultures ont été lancés, et 1,5 millions d’hectares ont été reboisés, tandis que des systèmes de stockage de l’eau ont été mis sur pied dans les zones rurales notamment.


Par ailleurs, le Prince d’Orange s’est interrogé sur le bien-fondé de la production de biocarburants de première génération, compte tenu des pressions que cette industrie exerce sur les ressources en eau de la planète.  Il a également évoqué la nécessité de modifier les modes de consommation et les régimes alimentaires actuels, relevant qu’en Occident, où le régime alimentaire comporte une part importante de viande, chaque personne consomme indirectement 5 000 litres d’eau par jour, comparé aux 2 000 litres par personne dans les pays d’Asie où le régime alimentaire est végétarien.


Table ronde 1


Un consensus se dégage progressivement en faveur d’une gestion intégrée des sols, des terres et des politiques liées à la démographie, a estimé le Président du Comité consultatif du Secrétaire général sur l’eau et l’assainissement, le Prince Willem-Alexander d’Orange, lors d’une des deux tables rondes de l’après-midi.


L’eau, les terres et les pressions des populations sont en effet trois facteurs essentiels d’un développement rural durable, comme l’a expliqué le Ministre de l’Agriculture de la Jamaïque, M. Christopher Tufton.


Le Prince d’Orange a rappelé qu’il y a simplement 10 ans, le secteur agricole n’était absolument pas intéressé par des discussions avec le secteur de l’eau alors que ces deux secteurs coopèrent désormais étroitement, ce qui témoigne de la prise de conscience de l’interaction de différentes questions.


La Vice-Présidente de la Banque mondiale chargée du développement durable, Mme Kathy Sierra, a pour sa part indiqué que son organisation était de plus en plus souvent consultée sur les moyens de faire face aux conséquences des changements climatiques, dont on parle désormais beaucoup alors que cette question était récemment encore ignorée.  Comme l’a noté le représentant de laThaïlande, nous sommes de plus en plus confrontés à des problèmes mondiaux, y compris ceux des changements climatiques et de la nécessité de nourrir la population mondiale.


De nombreux représentants se sont inquiétés des moyens de concilier croissance économique et développement de moyens de subsistance durables.  Le représentant de l’Inde a ainsi noté que son pays ne représentait que 2,4% des terres émergées de la planète et 4% de ses ressources hydriques mais hébergeait 17% de la population mondiale et plus de 15% du cheptel mondial.


Dès lors, la nécessité de fournir eau et nourriture à une population croissante tout en assurant la viabilité des ressources représente un défi majeur pour l’Inde du XXIe siècle.  Il a expliqué que son pays avait adopté un Programme sur l’Inde verte, qui, grâce à la collaboration de nombreuses agences, veille à la gestion des risques, notamment de sécheresse, investit dans les biotechnologies et s’assure de l’information des producteurs.


Les représentants de nombreux pays, y compris la Chine, ont réclamé un meilleur accès à l’information technique et des transferts de technologies.  Mme Sierra a abondé en ce sens, en rappelant que de nombreuses bonnes pratiques étaient mises en œuvre dans divers pays et qu’il fallait partager expériences et informations.  Mais elle a demandé aux États de « reconnaître qu’il existe un sous-investissement dans la recherche-développement » en matière agricole. 


La question est de savoir si nous voulons vraiment investir dans les programmes éducatifs, et dans l’application de toute la recherche déjà existante, a remarqué le représentant des Pays-Bas, qui a estimé qu’il fallait aborder la question des droits fondamentaux à l’accès à l’eau et aux services sanitaires, essentiels pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le représentant du Maroc a parlé de la « nécessité impérieuse » d’une coopération solidaire, notamment dans le domaine de l’eau potable, avant de présenter la politique de coopération Sud-Sud mise en place par son pays.  Le représentant du Brésil a pour sa part estimé que beaucoup de pays pouvaient se lancer dans la fabrication de biocarburants de première génération tout en utilisant l’eau de manière économique, puisque on peut utiliser l’eau contenue dans la canne à sucre pour produire l’éthanol.


Rappelant que cette technologie était publique, il a affirmé que les biocarburants représentaient réellement une chance pour le développement de certains pays. Le Prince d’Orange s’est en revanche prononcé pour un passage direct à une nouvelle génération de biocarburants, alors que le représentant de la République-Unie de Tanzanie a souhaité qu’on évaluât le délicat équilibre entre biocarburants et production agricole alimentaire.


Diverses facettes de la difficulté d’accéder à l’eau potable ont été présentées.  Le Vice-Premier Ministre de la Namibie a expliqué que son pays n’était traversé que par trois fleuves, tous partagés avec d’autres États et dont la Namibie ne peut utiliser l’eau comme elle l’entend.  Il a rappelé que l’utilisation des ressources en eau souterraines pouvait être coûteuse, tout comme le recours aux centrales de désalinisation de l’eau de mer.


L’Observateur de la Palestine  a affirmé que 80% des ressources aquifères étaient concentrées dans le nord-ouest de la bande de Gaza, et mises hors de portées de agriculteurs palestiniens du fait du mur et des colonies de peuplement juives qui pompent l’eau.


Le représentant de l’Afghanistan a quant à lui évoqué l’impact des conflits, notant que son pays était autrefois connu comme un exportateur de produits agricoles, notamment de fruits, mais que 20 ans de guerres avaient provoqué un désinvestissement dans les zones rurales où les paysans recourent aujourd’hui à la culture du pavot pour survivre.  Pour la réduire, il a demandé un accès des produits agricoles licites de son pays aux marchés internationaux ainsi qu’un accès des paysans à l’information par le biais d’ouvrages de vulgarisation.


Enfin, la représentante du Ghana a mis l’accent sur le rôle des femmes dans l’agriculture et le développement durable, car ce sont elles qui veillent à nourrir les familles.



Table ronde 2


La nécessité de parvenir à une gestion intégrée des terres et de l’eau pour atteindre des pratiques agricoles durables qui favoriseront le développement rural, en contribuant à la réduction de la pauvreté et à la sécurité alimentaire, a été soulignée dans cette table ronde, présidée cet après-midi par le Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala, M. Luis Alberto Ferrate. 


Au cours de la discussion, l’idée d’instaurer un Cadre institutionnel adapté à la gestion de l’eau qui permet de confronter les besoins des uns et des autres a été avancée.  Il a en outre été proposé de faire de 2012 l’« année internationale de la diplomatie de l’eau » et que les problèmes de la gestion transfrontalière de l’eau soient abordés.


Le Ministre de l’agriculture et du développement rural d’Israël a souligné l’expérience de son pays en matière de gestion de l’eau dans un environnement aride.  Il a ainsi cité l’exemple de l’utilisation d’eau désalinisée pour le développement d’une agriculture sophistiquée prévenant l’érosion des terres et permettant un développement rural.


La représentante de l’Indonésie a proposé d’élaborer une feuille de route pour la gestion de l’eau en complément des pratiques agricoles.  Son homologue du Kazakhstan a indiqué que son pays, composé de déserts et de régions semi-arides, avait une solide expérience de gestion de l’eau.  Il a cité l’implication du Kazakhstan dans le Fonds international pour sauver la mer d’Aral (IFAS), précisant que son pays accordait des subventions aux agriculteurs pratiquant des méthodes originales de gestion de l’eau.


Le représentant du Tadjikistan, qui a proposé de faire de 2012 l’« année de la diplomatie de l’eau », a souligné l’importance de mesures de reconstitution de faune et de flore nécessitant moins d’eau que le riz et le coton.  C’est dans ce contexte, que le Tadjikistan avait réduit de 25% les superficies consacrées à la culture du coton, a—t-il dit.  


Le représentant de l’Islande a indiqué que son pays offrirait l’année prochaine un programme de formation à la gestion de la terre dans le cadre de l’Université des Nations Unies.  À l’instar de son collègue de la Finlande, il a souligné le rôle de la forêt comme moyen de lutter contre l’érosion et de préserver les nappes phréatiques.  Le représentant de la Malaisie a présenté les efforts de son pays en faveur du développement rural qui ont permis de faire chuter de 50 à 33% la proportion des pauvres et de réaliser des progrès sociaux considérables.


La Ministre de l’environnement de l’Angola a indiqué que les capacités de son pays pour mettre en œuvre les programmes de développement durable souffraient d’un manque de ressources.  Elle a également fait état de la tenue, la semaine dernière, de la première Conférence nationale sur le développement rural à Luanda. 


Le représentant du Japon a soulevé la question des catastrophes naturelles liées à l’eau en rappelant toute la pertinence de la Déclaration ministérielle du Cinquième Forum mondial de l’eau d’Istanbul, adoptée le 22 mars dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau.  Le représentant du Canada a mis l’accent sur l’importance des partenariats entre gouvernements et le monde scientifique pour que des technologies appropriées soient mises à la disposition des populations dans le besoin.


Le représentant du Népal a souligné le problème de la fonte des glaciers en notant que les pays les plus pauvres étaient les plus touchés par les problèmes de gestion de l’eau.  Il a insisté sur la nécessité de partenariats et de création d’emplois dans les zones rurales.


La représentante de l’Espagne a mis l’accent sur la modernisation des systèmes d’irrigation qui permet de garantir la constance des productions, de protéger les moyens de subsistance des agriculteurs, et de fixer les populations rurales.  Le représentant de la Mongolie a souhaité qu’il soit tenu compte des spécificités des États sans littoral. 


Le représentant de l’Iraq a regretté que les pays se limitent à parler de leurs succès respectifs plutôt que de faire des propositions pour améliorer la situation internationale en matière de développement durable.  À titre d’illustration des problèmes de gestion de l’eau, il a rappelé que le pourcentage de surface couverte d’eau était passé de 10% à moins de 1% en Iraq qui connaît aujourd´hui des tempêtes de sable, phénomènes inconnu auparavant.  À l’instar du représentant du Kirghizistan, il a soulevé le problème des eaux transfrontalières lorsqu’elles sont prélevées en amont aux dépends des pays en aval. 


La représentante de la France a insisté sur la nécessité de mettre en place un cadre institutionnel adapté à la gestion de l’eau qui permette de confronter les besoins des uns et des autres en tenant compte des questions de quantité et de qualité. 


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