La Quatrième Commission achève ses auditions sur le Sahara occidental
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Quatrième Commission
Soixante-quatrième session
5eséance – après-midi
LA QUATRIÈME COMMISSION ACHÈVE SES AUDITIONS SUR LE SAHARA OCCIDENTAL
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a achevé cet après-midi l’audition des pétitionnaires ayant demandé à s’exprimer sur la situation au Sahara occidental.
Ces intervenants s’exprimant au nom des populations des territoires non autonomes ont fait valoir alternativement deux points de vue divergents: d’une part, le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui qui doit s’exprimer par la tenue d’un référendum dont l’organisation a sans cesse été repoussée, et d’autre part, la validité de la souveraineté marocaine sur le territoire. Un grand nombre d’intervenants ont toutefois évoqué une sorte de voie médiane, proposée par le Royaume du Maroc, qui permettrait au Sahara occidental de bénéficier d’une très grande autonomie au sein du Maroc, comme c’est le cas des régions en Espagne, ou de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni.
Plusieurs orateurs ont dénoncé le quadrillage militaire imposé par le Front POLISARIO dans les camps de réfugiés de Tindouf. Un universitaire gabonais a mis en garde contre le risque terroriste, évoquant le « terreau fertile » qu’offrent les camps de réfugiés habités par une jeunesse sahraouie désespérée et privée de perspective d’avenir et donc proie facile pour les extrémistes.
Par ailleurs, plusieurs des intervenants favorables au point de vue du Front POLISARIO ont souhaité que le mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara occidental (MINURSO) soit élargi et que s’ajoute à ses prérogatives actuelles celle de se charger de l’observation du respect des droits de l’homme au Sahara occidental. Cette proposition a été reprise sur un ton différent par les pétitionnaires qui accusent le Front POLISARIO et l’Algérie de garder par la contrainte et la force des familles sahraouies qui souhaiteraient vivre sous l’administration marocaine « dans les camps militaires de Tindouf ». Une réfugiée a indiqué que sa famille faisait partie des quelque 200 000 personnes, dont la moitié est composée d’enfants, vivant dans « l’un des plus grands camps de réfugiés du monde » dans le sud-ouest algérien, ce qui représente la moitié de la population sahraouie. Celle-ci, ainsi que l’autre moitié qui vit « en territoire occupé par le Maroc », attend de pouvoir choisir son destin dans un référendum libre et juste, a-t-elle rappelé.
La Quatrième Commission qui se réunira demain, vendredi 9 octobre, dans l’après-midi à 15 heures, entamera son débat relatif aux questions de décolonisation, discussion à laquelle se sont inscrits vingt-cinq États Membres. La Commission doit commencer à se prononcer lundi sur les projets de résolution relatifs à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION
Débat général
M. SAID AYACHI, Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, a dénoncé la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, qu’il a qualifiée de « grave et alarmante ». Il a déploré que les Sahraouis vivent dans la terreur depuis trois décennies. Il a souligné que plusieurs centaines de Sahraouis étaient jugés dans le cadre de procès injustes. M. Ayachi s’est indigné contre les disparitions forcées qui constituent la violation principale et la plus répandue des droits de l’homme au Sahara occidental. Il a dénoncé les détentions arbitraires auxquelles s’ajoutent des traitements inhumains et dégradants dans les prisons. Selon lui, les victimes sont des activistes politiques, des défenseurs des droits de l’homme et des citoyens ordinaires. Par ailleurs, M. Ayachi a dénoncé les tortures horribles auxquelles beaucoup de victimes n’ont pas survécu. Il a enfin mis l’accent sur le déplacement interne forcé de populations. L’orateur a souhaité que le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) soit élargi à l’observation des droits de l’homme au Sahara occidental.
Mme NADIA HAMOUDI, Adjointe au Maire de Tours (France), a indiqué aux membres de la Quatrième Commission avoir participé en février 2009 au déplacement d’une délégation de 140 élus français invités à effectuer un voyage d’information sur la situation humanitaire des réfugiés sahraouis dans les camps de la région de Tindouf. Les élus français ont ainsi pu observer la situation sur place et parler avec les réfugiés sahraouis, s’informer, et évaluer l’étendue de leurs besoins humanitaires, a-t-elle ajouté. Mme Hamoudi a dit avoir rencontré un peuple digne et tenace, au sein duquel les femmes assument de nombreuses responsabilités. Elle a expliqué avoir, lors de son retour de ce voyage, reçu des critiques de la part des partisans d’un « Sahara marocanisé », mais également des encouragements de la part de la population française d’origine marocaine favorables à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Les difficultés du peuple sahraoui ne pourront être résolues sans le soutien de l’ONU, a estimé Mme Hamoudi. Le Front Polisario a transmis au Secrétaire général de l’ONU des propositions pour engager des négociations, a-t-elle poursuivi, déplorant que ces propositions ne semblent pas avoir été entendues par la partie marocaine qui adopte « une attitude ambigüe ». Elle a rappelé que « la souveraineté du Maroc sur le Sahara n’était pas reconnue par la communauté internationale ». Comme d’autres intervenants avant elle, Mme Hamoudi a souhaité que le mandat de la MINURSO soit élargi à l’observation du respect des droits de l’homme.
M. PHILIPPE ELGHOUAYEL, Fondation Together, a indiqué disposer d’une information de première main grâce à deux journalistes australiens ayant tourné à plusieurs reprises au Sahara occidental. Leur documentaire s’appelle « Stolen » et a été montré le mois dernier au festival du film de Toronto. Ces journalistes affirment avoir été les témoins de manifestations de pratiques déplorables dans les camps, dont des sévices infligés par les responsables de ces lieux et qui sont assimilables à de l’esclavage. L’orateur a indiqué avoir contacté le POLISARIO et avoir vainement tenté d’envoyer une mission sur place afin de vérifier les allégations des deux journalistes.
Mme JANE BAHAIJOUB, Family Protection, a indiqué que les autorités algériennes avaient constamment ignoré l’appel de la communauté internationale concernant la question des disparus des camps de Tindouf, ce qui constitue une violation des Conventions de Genève. En outre, selon elle, le statut de réfugié ne s’applique pas aux personnes vivant dans ces camps, car elles ne sont pas persécutées sur la base de leur race, de leur religion, de leur nationalité ou de leur appartenance à un groupe social ou politique particulier. S’il s’agit d’authentiques Sahraouis, ils sont les bienvenus, a-t-elle estimé, comme l’ont été tous ceux qui ont réussi à s’enfuir au Maroc, parfois au risque de leur vie. Selon certaines informations, les personnes demeurant dans les camps de Tindouf n’ont aucune liberté de mouvement, a-t-elle rapporté. L’oratrice a demandé combien de temps encore ces gens demeureraient otages d’une situation politique. Une solution politique urgente s’impose si l’on veut éviter la balkanisation de la région, a-t-elle conclu.
Mme AGAILA ABBA HEMEIDA a déploré que la cause sahraouie soit négligée par le reste du monde. Elle a indiqué que sa famille faisait partie des quelque 200 000 personnes dont la moitié est composée d’enfants, vivant dans « l’un des plus grands camps de réfugiés du monde » dans le sud-ouest algérien, soit la moitié de la population sahraouie. Celle-ci, ainsi que l’autre moitié qui vit en territoire occupé, attend de pouvoir choisir son destin dans un référendum libre et juste. « Combien de temps l’occupation marocaine continuera-t-elle d’écraser les rêves de liberté de nos enfants? », a-t-elle demandé. Elle a conclu que les Sahraouis n’avaient pas perdu espoir dans « le pouvoir de la diplomatie » en vertu duquel « un jour le Sahara occidental et le Royaume du Maroc trouveront une solution au travers de négociations pour mettre un terme à ce différend ».
Mme TERESA TABOAS VELEIRO, Députée, membre du Groupe parlementaire du Bloc nationaliste galicien au Parlement de Galice, a dénoncé l’occupation illégale du Maroc, et a rappelé que les Sahraouis avaient une identité nationale multiséculaire. « La situation est complexe, ce pays étant marqué par l’histoire, par l’ADN de son peuple remontant au paléolithique », a-t-elle dit avant d’évoquer la colonisation successive de l’Espagne et du Maroc sur le Sahara occidental. Constatant que les années passaient sans que le référendum prévu ne soit organisé, elle a évoqué la résolution onusienne proposant une large autonomie du territoire à l’issue d’un référendum. L’oratrice a affirmé que ce plan avait été accepté par le Front POLISARIO et rejeté par le Maroc. L’espoir de voir se concrétiser le droit à l’autodétermination s’évapore peu à peu, a-t-elle déploré, alors qu’il est le seul moyen d’assurer la survie de la nation sahraouie. C’est la raison pour laquelle la communauté internationale doit s’engager plus activement en ce sens, a-t-elle conclu. Tout référendum devra être transparent et offrir des garanties, a-t-elle rappelé.
M. EL MAMI BOUSSIF, Président de « Council of The Region of Rio de Oro », a indiqué que le problème du Sahara « est une question créée de toutes pièces ». Il a souligné les échecs et les revers qu’ont connus toutes les négociations qui ont été menées sous les auspices de la communauté internationale qui a essayé de trouver une solution politique juste. Il a avancé que ces revers « étaient liés à l’insistance et l’entêtement de l’Algérie qui essaie de faire avorter les négociations ». L’Algérie, a-t-il dit, veut couper le Maroc de ses origines africaines et l’affaiblir. Par ailleurs, a-t-il dit, le Front POLISARIO est soutenu par les Algériens et n’est pas libre. Un certain nombre d’anciens dirigeants qui ont choisi de quitter le POLISARIO ont indiqué qu’il leur était impossible de prendre la moindre mesure librement, a-t-il ajouté. Il a estimé que la question du Sahara ne pouvait être résolue que politiquement, et que cette proposition a été exprimée à maintes reprises à travers les résolutions adoptées par l’Organisation des Nations Unies. Le Maroc a proposé l’autonomie élargie du Sahara occidental, et cela a ouvert de nouveaux horizons et donné un nouveau souffle au règlement du problème, a-t-il jugé. Il a indiqué que cette proposition du Maroc « a été accueillie favorablement par les grands États ». Il a souhaité que les dirigeants du POLISARIO assument leur responsabilité et se dégagent de la tutelle algérienne. Régler la question du Sahara occidental passe par l’Algérie étant donné que ce pays est le seul qui contrôle la situation, a-t-il conclu.
M. JEREMY CORBYN, Député au Parlement britannique, a déclaré qu’il avait eu l’occasion de soulever la question du Sahara occidental à de nombreuses reprises depuis 1984 devant ses collègues de la Chambre des Communes. Il a aussi dit qu’il avait participé à de nombreuses conférences sur cette question, visité les camps de réfugiés en Algérie, et a précisé s’être aussi rendu dans les territoires « libérés ». Il y a quelque chose de profondément choquant, selon lui, de voir une troisième génération de réfugiés dans ces camps. Le Sahara occidental est l’une des dernières questions non résolues découlant de l’ère coloniale dont les frontières ont été tracées au Congrès de Berlin en 1884. Malgré les efforts entrepris, notamment par l’ONU, le peuple sahraoui n’a pas eu la possibilité de faire un choix, a-t-il souligné. Selon lui, le statu quo n’est pas une solution. Il a constaté que l’Union européenne avait signé des accords commerciaux avec le Maroc tout en appuyant grandement ce pays. Cela s’est fait en contravention avec les conditions en matière de droits de l’homme conclus par le Comité des Vingt-quatre et en contravention de la Convention de La Haye sur les puissances occupantes, a-t-il affirmé. En conclusion, M. Corbyn a estimé qu’un règlement qui apporterait la justice à la population sahraouie serait grandement profitable aux peuples de la région; il permettrait l’établissement de bonnes relations entre les nations du Maghreb: « Un dividende de la paix basé sur la justice ».
Mme MAYA SAHLI-FADEL MAYA, Professeure à l’Université d’Alger, a indiqué que la question du Sahara occidental reste l’un des plus vieux conflits de décolonisation. Selon elle, il est important de souligner l’occupation illégale du Maroc. Le débat qui nous préoccupe aujourd’hui concerne le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, a-t-elle dit. Le territoire sahraoui est considéré comme un territoire non autonome, a-t-elle ajouté. Elle a souhaité que le Maroc en tant que « puissance occupante » se soumette à l’ensemble de ses obligations. Dans le cadre de ce conflit et de la question du Sahara, il faut avant tout garantir le droit des populations du Sahara occupé et le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, a dit l’enseignante à l’Université d’Alger. Elle a, par ailleurs, souhaité que le mandat de la MINURSO soit élargi et comprenne le contrôle du respect des droits de l’homme par la puissance occupante au Sahara occidental.
Mme CATE LEWIS, Western Sahara Resource Watch, a d’abord souligné que les allégations de la fondation « Together » étaient dénuées de tout fondement. Le film « Stolen » dont il a été fait mention, présente le témoignage d’une femme sahraouie qui a démenti depuis lors avoir été réduite en état d’esclavage, contrairement à ce qui est affirmé dans le film, a souligné la pétitionnaire. Selon Mme Lewis, cette femme lui a aussi affirmé qu’elle avait demandé à ne pas figurer dans le film.
Mme Lewis, qui a ensuite lu sa déclaration écrite, a indiqué que l’objectif de son organisation était d’enquêter sur ce qu’il advenait des ressources naturelles du Sahara occidental dans le but de les protéger de l’exploitation par des acteurs qui ne soient pas les Sahraouis eux-mêmes. Elle a dit sa conviction que c’était aux Nations Unies elles-mêmes d’en assurer la protection, au lieu de regarder passivement le Maroc en tirer profit. La situation est en effet extrêmement claire sur le plan juridique, a-t-elle estimé, en dénonçant « le pillage qui a lieu quotidiennement et en toute impunité » dans un certain nombre de secteurs d’activités économiques. Elle a cité les phosphates et la pêche, dénonçant les importations de phosphates sahraouis auxquels procèdent des fabricants d’engrais australiens et le fait que l’Espagne participe au pillage des ressources halieutiques. Elle a aussi cité l’exploitation du sable, de l’eau et les recherches minières et pétrolières. Elle a appelé la Quatrième Commission à « réaffirmer la souveraineté permanente des populations sur leurs ressources naturelles », comme l’ONU l’avait fait pour la Namibie dans les années 80 avant l’accession à l’indépendance du territoire sous mandat sud-africain. Elle a demandé dans un premier temps l’envoi d’une mission d’observation sur le terrain pour faire rapport sur l’étendue de l’exploitation des ressources naturelles du territoire par le Maroc et pour savoir si cette exploitation se fait avec l’assentiment de la population.
M. FRANCOIS-PAUL BLANC, Pétitionnaire, a déclaré d’emblée qu’en réponse à l’appel de la communauté internationale, le Maroc avait présenté une initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la « région du Sahara » dans le cadre de la souveraineté du Royaume du Maroc, de son intégrité territoriale et de son unité nationale. Il a ajouté que le Maroc avait avancé l’idée de la création de la « région autonome du Sahara » en 2003, en réponse à la résolution 1495 des Nations Unies. Selon lui, par cette initiative, le Maroc s’engage à contribuer positivement aux efforts déployés par l’ONU en vue d’un règlement politique définitif du différend relatif au Sahara.
Par la négociation d’un statut d’autonomie, le Maroc projette le Sahara dans l’avenir, en l’associant au développement et à la démocratie, tout en respectant l’unité nationale et la diversité des groupes et des territoires, a estimé M. Blanc. Ce projet d’autonomie qui s’inscrit dans une logique démocratique et libérale, sera ouvert à la négociation et soumis à une libre consultation référendaire des populations concernées, a-t-il ajouté.
Mme BARKA BOUAIDA, Député marocaine et jeune sahraouie, a dénoncé la situation que son peuple vit depuis 34 ans. Elle a mis l’accent sur la détérioration des conditions de vie dans les camps de Tindouf et la « manipulation flagrante du voisin algérien ». Elle a jugé l’État du Maroc « remarquablement avancé », un État qui porte une attention particulière aux provinces du sud et à leur développement. Le Maroc a présenté une solution très courageuse qui est celle du projet de l’autonomie du Sahara, a-t-elle avancé. Cette solution s’inscrit parfaitement dans la mouvance que les jeunes Sahraouis souhaitent apporter à la région, a-t-elle poursuivi. Mme Bouaida a estimé que la proposition d’autonomie permettrait de consolider les réalisations antérieures et de faire de la région conflictuelle du Sahara un acteur incontournable dans la région de l’Afrique du Nord. Selon elle, la solution d’autonomie négociée rendra la région du Sahara beaucoup plus forte, et offrira des avantages indéniables à tous les Sahraouis. « Mon peuple va désormais pouvoir chercher à sécuriser sa nation et développer sa culture, son économie et sa société », a-t-elle indiqué. Une formidable opportunité se présente à nous; œuvrons ensemble pour une région meilleure, a-t-elle conclu.
M. SALEK MAOLOUD LEBAIHI, étudiant sahraoui aux États-Unis, a exposé à la Commission des questions politiques et spéciales le témoignage de sa vie. Il a indiqué avoir vécu et grandi comme un réfugié, et avoir mené une vie pleine de souffrances et de peine, une vie pleine de promesses de paix qui ne se sont malheureusement jamais réalisées. Combien de temps le peuple sahraoui va-t-il devoir attendre pour exercer son droit à l’autodétermination? a demandé à la communauté internationale M. Lebaihi. Il est temps de permettre au peuple sahraoui de décider de son propre avenir par l’intermédiaire d’un référendum libre et juste, a ajouté l’orateur. Les Sahraouis sont et resteront les seules personnes en mesure de décider de leur avenir, a-t-il poursuivi. M. Lebaihi a expliqué que le problème du Sahara occidental est une question de décolonisation dans laquelle les Nations Unies et l’Espagne ont un rôle important à jouer et une responsabilité morale à assumer.
M. ROMAN LOPEZ VILLICANA, Professeur d’Université au Mexique, a rappelé que l’ONU elle-même appelait à ce que prévale le réalisme. La résolution 1514, votée en 1960 par l’Assemblée générale de l’ONU, souligne que toute tentative de dissoudre l’intégrité territoriale d’un État est contraire à la Charte des Nations Unies, a-t-il déclaré. Dans le même temps, la résolution 2625 (1970) souligne le droit des peuples à déterminer leur destin. Selon lui, le statut d’autonomie est considéré par la résolution 1754 (2007) du Conseil de sécurité comme une initiative novatrice de la part du Maroc. D’autres résolutions invitent les parties à parvenir à un accord et à en finir avec le statu quo, a-t-il ajouté. « En tant que Mexicain, a-t-il affirmé, mon pays a résolu le problème lié aux populations autochtones » en adoptant des statuts de large autonomie, en particulier au Chiapas. Rien ne divise le Maghreb, au contraire, tout unit ses populations, a-t-il conclu.
M. JOSE DUBOVSEK, Professeur de droit et pétitionnaire, a indiqué que la résolution de la question du Sahara occidental passe par la résolution 1514 (1960) et la résolution 2625 (1970) de l’Assemblée générale. Il a rappelé l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) en 1975, qui reste aujourd’hui important. Cet Avis consultatif indique, a-t-il rapporté, qu’au moment de la colonisation espagnole le Maroc avait un lien juridique sur la population de la région du Sahara. La CIJ a dit que le lien entre le Maroc et le Sahara occidental était pertinent, a-t-il poursuivi. La Cour a dit qu’il fallait tenir compte de l’Avis consultatif et mettre en place le processus de décolonisation en mettant en relation les liens juridiques entre le Maroc et la population du Sahara, a indiqué M. Dubovsek. En tant que professeur de droit, il a tenu à préciser que les décisions de la CIJ sont contraignantes. Selon lui, l’Assemblée générale doit agir et faire en sorte qu’une solution soit trouvée qui prenne en compte tous les intérêts en présence. Plusieurs solutions ont été présentées comme non viables, aussi faut-il trouver une solution qui soit compatible avec les points de vue et les intérêts en présence. Il a déploré que les négociations aient été rompues, et a souhaité que la Quatrième Commission se penche sur le projet de solution soumis par le Royaume du Maroc. Le processus d’autodétermination est important, et il faut aussi tenir compte de l’Avis consultatif de la CIJ, a-t-il conclu.
M. SERGE LOUNGOU, Professeur à l’Université Omar Bongo de Libreville au Gabon, a rappelé que certains groupes terroristes utilisent l’espace sahélo-saharien comme base arrière pour y mener leurs activités, tels que le recrutement et l’entraînement de combattants, le trafic d’armes, de drogues et de migrants clandestins. L’un des principaux risques de l’enlisement du conflit au Sahara occidental serait que les réfugiés des camps de Tindouf rejoignent les mouvements terroristes, s’est inquiété M. Loungou. Il a, par ailleurs, attiré l’attention des États Membres en indiquant que les camps de réfugiés sahraouis étaient implantés à proximité de camps militaires du Front POLISARIO où sont entreposés d’importants stocks d’armes, et que les jeunes Sahraouis pourraient constituer un « terreau fertile » pour les groupes terroristes: « Le désespoir né de l’absence de perspective de solution à leur sort pourrait amener ces populations à n’avoir pour alternative que l’engagement aux côtés des terroristes », a-t-il conclu.
Mme KEI NAKAGAWA, qui s’est présentée comme « chercheur, spécialiste du Maghreb arabe », a souligné que le Maroc avait effectué d’importants investissements économiques au Sahara afin de parvenir à une « mise à niveau » avec les autres provinces du Royaume. Le projet d’autonomie s’inscrit également dans une vision d’avenir, a-t-elle estimé. Les efforts effectués par le Maroc sont appréciés par la population sahraouie, a-t-elle affirmé. L’approche marocaine en faveur du développement régional de chacune de ses provinces, dont celle du Sahara, pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement, témoigne de la bonne foi du Maroc, a estimé Mme Nakagawa. Le projet d’autonomie constitue, selon elle, une « opportunité historique » qui permettrait la relance de l’Union du Maghreb arabe. Mme Nakagawa a ensuite souligné la grande différence de situation qui prévaut entre la vie que mènent les Sahraouis vivant sous l’administration du Maroc et ceux résidant dans les « camps militaires » de Tindouf où la population est soumise à un quadrillage sévère. Elle a appelé à la mise en œuvre des résolutions de l’ONU et a souhaité que les parties aboutissent à la « solution de compromis » que constitue, selon elle, le projet marocain d’autonomie interne.
M. MIQUEL CARRILLO GIRALT, Député et coordonnateur intergroupes du Parlement de Catalogne pour la paix et la liberté au Sahara occidental, a rappelé qu’il y a toujours quelque 160 000 personnes qui vivent dans des conditions extrêmes dans le désert algérien. Il est impossible de survivre sans terre, a-t-il dit, soulignant que les Sahraouis ont un territoire en Afrique du Nord. Il a déploré que le référendum pour l’autodétermination du Sahara occidental n’ait jamais été organisé. Les Nations Unies ont le droit de mettre un terme à cette situation, a-t-il dit. « Ne permettez plus que les décisions du Maroc violent les décisions de la communauté internationale », a-t-il insisté. Il a précisé que le peuple sahraoui veut trouver une fin à ce conflit, et qu’à cet égard, l’ONU est la seule Organisation apte à prendre toutes les mesures nécessaires. Il a souhaité que la répression s’arrête et que la construction par le Maroc d’un mur de séparation cesse.
M. KARL ADDICKS, Député au Parlement allemand –Bundestag- qui a indiqué qu’il s’exprimait en tant que personne privée, a expliqué qu’après avoir longuement étudié la question du Sahara occidental, sa conviction était que l’offre d’autonomie faite par le Maroc était la meilleure solution. Il a évoqué la situation de réclusion prévalant dans les camps de Tindouf, affirmant que cela lui rappelait les méthodes de la toute puissante police secrète de l’ex-République démocratique allemande, la STASI. Cela est de très mauvais augure, selon lui, pour une éventuelle République arabe sahraouie démocratique indépendante.
Mme FALA BOUSSOLA a expliqué que nul n’avait acheté sa conscience et qu’elle était prête à défendre son identité quel qu’en soit le prix. Elle a mis en avant la relation privilégiée entre son pays, le Sahara occidental et le Maroc, soulignant que le citoyen marocain sahraoui insufflait de l’énergie à son pays. Elle a indiqué que la femme sahraouie occupait une place importante dans la société, et que le Maroc avait contribué à l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle a, également précisé que le Sahara était démocratique et qu’elle avait été élue à l’issue d’élections libres. Mon pays a fait de grandes avancées dans la lutte contre l’inégalité et donne aujourd’hui la possibilité à tous de participer à la prise de décision, a-t-elle poursuivi. Sur le plan politique, la seule solution à ce faux problème passe par l’autonomie proposée par le Maroc, a-t-elle précisé. Elle a lancé un « appel fraternel » aux autres parties pour que ces dernières revoient leur position sur la question du Sahara occidental. Nous souhaitons qu’une solution soit trouvée qui garantisse l’intérêt des Sahraouis, sans vainqueur, ni vaincu, a-t-elle conclu.
M. DENIS DUCARME, Député au Parlement belge, a regretté le manichéisme qui prévaut dans cette affaire. Il a appelé de ses vœux la « quête d’un compromis, d’une solution, d’une pacification autour de ce dossier ». Il a affirmé que de nombreux parlementaires belges estimaient que la proposition marocaine d’autonomie était à la fois « sérieuse et crédible ». Il a dénoncé le fait que le POLISARIO ne respectait pas la Convention internationale des droits de l’enfant. M. Ducarme a donné le chiffre d’un millier de jeunes Sahraouis qui seraient « éloignés arbitrairement de leur famille » et envoyés à l’étranger. Il a appelé à ce que soit adopté « un moratoire à l’enseignement expatrié de ces enfants » et a demandé à la Commission de se saisir de cet aspect du dossier.
M. MOHAMMAD ZIYAD Al JABARI a indiqué que le Roi du Maroc avait appelé de ses vœux la création d’une région autonome élargie au Sahara occidental. Il a rappelé que la Cour internationale de Justice avait, en 1975, déclaré que la région du Sahara n’était pas une zone autonome et indépendante mais avait été sous souveraineté du Maroc. Il a déploré les informations qui proviennent des camps de réfugiés de Tindouf et obligent à tirer la sonnette d’alarme. Il a demandé à la Quatrième Commission de vérifier la situation qui prévaut dans les camps de Tindouf et d’y mettre fin aux violations des droits de l’homme. Il a mis en avant le sérieux dont fait preuve le Royaume du Maroc pour mettre fin au conflit et construire un État de droit. Le Maroc a toujours consacré tout ce qu’il avait pour développer le niveau de vie de ses citoyens et a, à cet égard, dépensé plus en quatre ans pour le Sahara et ses habitants que l’Espagne durant toute sa colonisation, a dit l’intervenant. Il a souhaité que l’initiative proposée par le Maroc ne soit pas rejetée. Il faut aujourd’hui intensifier nos efforts; et la poursuite du conflit est une menace dans la région, a-t-il conclu.
M. SANTIAGO NCHAMA, qui s’est présenté comme un ancien responsable gouvernemental équato-guinéen, aujourd’hui porte-parole du Parti démocratique de la Guinée-Équatoriale, a rappelé que la pratique onusienne en matière d’autodétermination était basée sur le pragmatisme afin que le droit international corresponde à la réalité. C’est la raison pour laquelle dans la plupart des cas, les territoires non autonomes ont fait l’objet d’une négociation avec les puissances administrantes, a-t-il observé. L’autonomie offre certains avantages, a-t-il souligné. C’est un facteur de stabilité qui préserve l’intégrité territoriale des États et qui peut permettre d’éviter les soubresauts susceptibles de survenir lors de l’accession à l’indépendance. En conclusion, l’orateur a estimé que le projet marocain d’autonomie constituait une « proposition prometteuse tournée vers l’avenir ». C’est une « bonne base de négociations pour trouver une solution politique définitive » et qui s’inscrit dans l’esprit de la Charte des Nations Unies.
M. FRANZ MEKYNA, Président de l’Institut Austria-Morocco, a indiqué qu’il s’était rendu à plusieurs reprises au Maroc et au Sahara occidental. Il a, à cet égard, noté que la plupart des populations étaient étroitement liées entre elles, et que des influences coloniales indéniables étaient encore vivaces au Sahara occidental. Il a refusé de stigmatiser le Maroc et de considérer le pays comme celui qui a envahi la région. La population sahraouie souhaite trouver rapidement une issue à ce problème, a-t-il dit. Si nous créons un État artificiel dans la région, cela aboutira à une réelle déstabilisation, a-t-il mis en garde. S’adressant directement à l’Algérie, il lui a rappelé que les membres des familles sahraouies vivant dans les camps de Tindouf étaient séparés de leurs proches.
Musulman, le Royaume du Maroc enseigne aux jeunes l’Islam et les différentes traditions, notamment le respect à l’égard des tribus sahraouies, a-t-il dit. Il y a un grand nombre de cultures et de types ethniques dans la région, a-t-il poursuivi. Selon lui, ce que le Maroc a fait au cours des dernières décennies montre qu’une solution est possible. De nombreuses choses ont été réalisées par la population du Maroc, et les Sahraouis sont pleinement intégrés dans la vie locale, a-t-il conclu
M. AHMAD MGHIZLAT, Membre du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes – CORCAS - a estimé que, concernant la question du Sahara occidental, il s’agissait d’un « conflit créé de toutes pièces par l’Algérie ». Il a souligné que ce pays, l’Algérie, avait « hérité d’un vaste territoire que le colonialisme avait taillé selon ses besoins », l’immensité de ce pays s’étant faite « aux dépens de ses voisins dont les territoires ont été amputés d’importantes régions qui ont été rattachées à l’Algérie ». Selon l’orateur, « la grande victime de cette opération d’amputation n’est autre que le Maroc dont le tiers du territoire a été rattaché par le colonialisme à l’Algérie ». Par ailleurs, M. Mghizlat a souligné que la proposition marocaine d’autonomie était « sollicitée et soutenue par l’ensemble des Sahraouis ». C’est, selon lui, « l’unique solution viable et réelle capable de mener à une réconciliation forte et profonde garantissant aux habitants du territoire, non seulement tous les droits universellement reconnus, mais aussi et surtout la stabilité et le développement durable de la région maghrébine et méditerranéenne ».
M. LORENZO OLARTE s’est exprimé en tant que « l’un des pères de l’autonomie des îles Canaries ». L’autonomie a été possible aux Canaries lorsque la loi a permis la souveraineté sur la base de la Constitution, a indiqué celui qui a été à l’origine de cette loi. Nous nous trouvons à une centaine de kilomètres des Sahraouis, et nous entrainons des relations commerciales et amicales avec ce peuple, a-t-il ajouté. Il a précisé que la Communauté autonome des Canaries a alloué des montants importants de ressources afin de venir en aide aux réfugiés des camps de Tindouf. Depuis le début de la décolonisation du Sahara par l’Espagne, le recensement de la population sahraouie n’a jamais été achevé, a déploré M. Olarte. Aujourd’hui les familles souffrent et sont séparées, et nous devons éviter les affrontements et les violences
M. WASHINGTON SALAZAR VARELA qui s’est présenté comme originaire du bassin équatorien de l’Amazone, a appelé les parties prenantes à mettre un terme à un conflit vieux de plus de trois décennies: « Les frères et les sœurs peuvent vivre en paix », a-t-il lancé, soulignant que les frontières avaient été inventées pour diviser les êtres humains. « Arrêtons de tourner autour du pot et faisons tout pour que la population vive en paix », a-t-il ajouté. Il a appelé à dire non aux conflits en Afghanistan et en Colombie, soulignant que l’instabilité de ce dernier pays affectait aussi le sien, l’Équateur. Il a indiqué que plus d’un millier de réfugiés colombiens vivaient dans sa ville natale qui est frontalière de la Colombie, avant d’appeler les Sahraouis à s’engager sur le sentier de la paix.
M. TAMEK ABDERRAHLMANE, Directeur de la Chambre d’artisanat à Dakhla, au Sahara occidental, a demandé à l’Algérie d’assumer ses responsabilités devant la situation qui ne cesse d’empirer. Alors que l’Algérie est le pays le plus riche et le plus vaste de la région du Maghreb, c’est à travers ce pays que l’intégrisme et le terrorisme s’infiltrent, a-t-il indiqué. Il a poursuivi son propos en précisant que l’Algérie profitait de sa manne pétrolière et gazière pour se lancer dans une course folle à l’armement, entassant les armes les plus sophistiquées et
les plus meurtrières aux dépens des besoins quotidiens réels du peuple algérien. On ne peut combattre les groupes armés alors que l’Algérie ne cesse d’abriter, d’armer, de financer et d’encourager les milices armées du POLISARIO à s’attaquer à l’intégrité territoriale d’un pays voisin, a-t-il dit. Enfin, il a souhaité que le Maroc et l’Algérie s’assoient autour d’une même table pour trouver une solution politique à la question du Sahara. Aucune solution n’est possible sans la bonne volonté et l’implication directe de l’Algérie, a-t-il conclu.
M. ROBERTO RAMON ACEVEDO QUEVEDO, Sénateur du Parti libéral authentique du Paraguay, a souligné la nécessité de respecter l’universalité des droits de l’homme. Cela concerne toutes les parties en présence dans ce conflit, y compris celles contrôlant les camps de réfugiés sahraouis, a-t-il rappelé. L’orateur a qualifié d’extrêmement utile le rôle du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et a appelé à la poursuite des efforts de paix, seuls susceptibles de permettre que l’on parvienne à une solution politique durable. Constatant que les discussions tenues à Manhasset en 2007 et 2008 n’avaient pas permis d’aboutir, il a émis l’espoir que les récents pourparlers de Vienne seraient plus fructueux.
M. JAVIER ASPURU ORIBE, Membre du Gouvernement d’Alava dans le pays basque, a indiqué qu’il s’était rendu dans les camps de réfugiés de Tindouf et dans les territoires « occupés illégalement par le Maroc ». Il a déploré la souffrance endurée par le peuple sahraoui, « un peuple qui fait preuve de résignation ». Trente années se sont écoulées depuis que le Royaume d’Espagne s’est retiré du Sahara occidental, a relevé M. Aspuru Oribe. Il semble qu’il s’agisse d’un conflit oublié, a-t-il poursuivi. Alors que l’on dénonce depuis des années de nombreux abus, M. Aspuru Oribe a dit qu’il s’était récemment entretenu avec les victimes de ces abus. L’État espagnol doit contribuer à une solution honnête au Sahara occidental, a-t-il dit en ajoutant que « des murs ont été construits par les Marocains pour commettre des violations, sans témoin et dans le silence ». Il a demandé à l’Organisation des Nations Unies de poursuivre son action en faveur de la « dernière colonie d’Afrique ».
M. VALENTINO PERIN, Sénateur de la Ligue du Nord, a indiqué avoir participé à une mission parlementaire italienne à Tindouf. Il a souligné la très grande précarité de la vie des personnes confinées dans ces camps d’où elles ne peuvent sortir. Beaucoup veulent, selon lui, retourner dans leur mère-patrie, le Maroc. Les relations entre le royaume du Maroc et la République de Venise étaient anciennes, a-t-il rappelé en indiquant qu’il était originaire de la Vénétie. Il s’est dit convaincu que le projet d’autonomie proposé par le Maroc en faveur du Sahara permettrait de parvenir à une solution allant dans le sens de la tolérance cultivée traditionnellement par ce pays.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel