Quatrième Commission: des délégations s’inquiètent du manque de progrès dans la décolonisation et dénoncent la suspension des institutions locales dans les Îles Turques et Caïques
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Quatrième Commission
Soixante-quatrième session
2eséance – après-midi
QUATRIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS S’INQUIÈTENT DU MANQUE DE PROGRÈS DANS LA DÉCOLONISATION ET DÉNONCENT LA SUSPENSION DES INSTITUTIONS LOCALES DANS LES ÎLES TURQUES ET CAÏQUES
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entamé cet après-midi l’examen de la situation des 16 derniers territoires non autonomes*, en particulier les Îles Turques et Caïques, les Îles Falkland (Malvinas) et le Sahara occidental.
La fin de la Deuxième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme étant fixée à l’année prochaine, le Président du Comité spécial, dit Comité des Vingt-Quatre, a, à l’instar de plusieurs délégations, reconnu l’absence de progrès. Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le représentant de Saint-Kitts-Et-Nevis a déploré que la question de la décolonisation soit passée « d’un chantier inachevé à un chantier négligé en raison d’un vide politique ». L’Assemblée générale doit se préparer à lancer une troisième décennie, a renchéri le représentant de l’Indonésie.
La situation dans les Îles Turques et Caïques a retenu l’attention de plusieurs délégations. Comme d’autres, le représentant de Saint-Kitts-Et-Nevis a déploré la décision de la puissance administrante, le Royaume-Uni, de dissoudre le Gouvernement et le Parlement, de suspendre le droit d’être jugé en présence d’un jury et de rétablir le pouvoir direct de Londres. « Nous réitérons notre opposition à cette position qui est un pas en arrière », s’est indigné le représentant.
Dans son droit de réponse, le représentant du Royaume-Uni a indiqué que la suspension des institutions locales a été motivée par des cas de corruption. Le Royaume-Uni, a-t-il assuré, souhaite voir des élections au plus tard en juillet 2011.
Le représentant du Royaume-Uni s’est également exprimé sur la question des Îles Falkland (Malvinas), réaffirmant la souveraineté de son pays sur ce territoire, une souveraineté qui a été contestée par l’Argentine, appuyée par les délégations de l’Amérique latine.
Dans son droit de réponse, le représentant argentin a exprimé la disposition de son pays à reprendre les négociations sur ce différend alors que son homologue du Royaume-Uni avait déjà souligné que son pays n’imposerait pas l’indépendance à un territoire d’outre-mer qui ne la revendique pas.
La situation au Sahara occidental a également été commentée par plusieurs délégations qui se sont dites préoccupées par les violations des droits de l’homme du peuple sahraoui.
Demain après-midi, à 15 heures, la Quatrième Commission entamera l’audition des pétitionnaires venant des territoires non autonomes. Le Président de la Quatrième Commission, M. Nassir Abdulariz Al-Nasser, a indiqué qu’un grand nombre de demandes d’audition avait été déposé; le plus grand nombre, 84, concerne le Sahara occidental.
* Sahara occidental, Anguilla, Bermudes, îles Caïmans, îles Falkland (Malvinas), Montserrat, Sainte-Hélène, îles Turques et Caïques, îles Vierges britanniques, îles Vierges américaines, Gibraltar, Guam, Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, Samoa américaines et Tokélaou.
QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION
Documentation
Pour l’examen de ces questions, la Commission était saisie du rapport du Comité des 24 (A/64/23) et du rapport du Secrétaire général sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies (A/64/62). Elle était également saisie du rapport du Secrétaire général sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes, communiqués en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies (A/64/67), lesquels renseignements doivent être fournis par les puissances administrantes.
La Commission avait aussi sur sa table le rapport du Secrétaire général sur les moyens d’étude et de formation offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes (A/64/69). Ce rapport dresse la liste des 59 États Membres, à laquelle s’ajoute un État non membre, le Saint-Siège, qui ont offert des bourses aux habitants concernés. Le rapport contient une note verbale de l’Argentine, datée du 27 février 2009, dans laquelle elle précise qu’« étant donné que les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud font partie du territoire national argentin, leurs habitants bénéficient, au même titre que le reste de la population argentine, de l’accès au système d’éducation argentin qui prévoit un enseignement gratuit et des avantages du programme national de bourses qu’offre le Ministère de l’éducation de la République argentine ».
La lettre de la Mission permanente du Royaume-Uni, datée du 2 mars 2009, stipule aussi que « les citoyens d’outre-mer qui sont également citoyens britanniques, ont accès aux établissements d’enseignements postscolaire et supérieur du Royaume-Uni ».
Quant à l’application des résolutions relatives à la décolonisation adoptées depuis la proclamation des première et deuxième Décennies internationales de l’élimination du colonialisme (A/64/70), le Secrétaire général mentionne la réponse apportée par le Mexique, la Fédération de Russie et le Royaume-Uni.
Dans sa réponse du 26 janvier 2009, le Gouvernement du Mexique reconnaît le droit des peuples à l’autodétermination et souhaite que les États s’acquittent des obligations qui leur incombent en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies.
Dans sa réponse du 31 mars 2009, la Fédération de Russie rappelle qu’elle s’emploie activement à faciliter la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui a été adoptée à l’initiative de l’Union soviétique en 1960. S’agissant des îles Falkland (Malvinas) et de Gibraltar, deux territoires faisant l’objet d’un conflit de souveraineté, la Fédération de Russie est d’avis que la recherche d’une solution définitive à ces questions devrait être fondée sur des négociations entre les gouvernements concernés.
Concernant la question du Sahara occidental, la Fédération de Russie défend la position selon laquelle la cessation du conflit passe par des moyens politiques, sans qu’aucune solution externe ne soit imposée ni qu’aucun calendrier ou procédure d’arbitrage ne soit institué.
Dans sa réponse du 18 mars 2009, le Royaume-Uni indique que le lien qui l’unit à ses territoires d’outre-mer est un lien moderne, fondé sur le partenariat des valeurs communes et le droit qu’a chaque territoire de décider s’il en souhaite le maintien. Le Livre blanc de 1999 souligne que la politique britannique envers les territoires d’outre-mer est fondée sur le principe selon lequel ce sont les citoyens de chaque territoire qui déterminent s’ils souhaitent maintenir ou non leurs liens avec la Grande-Bretagne.
Le Royaume-Uni indique qu’il n’a aucune intention d’imposer l’indépendance contre la volonté des peuples concernés. Par ailleurs, il n’accepte pas le principe de l’intégration et précise que rien n’indique que l’un quelconque des territoires y soit favorable. De plus, il se déclare non disposé à se placer dans le concept de libre association, tel que le définit l’Assemblée générale, selon lequel le territoire établirait sa propre constitution sans intervention de la puissance administrante.
Enfin dans son rapport sur la question du Sahara occidental (A/64/185), le Secrétaire général indique avoir fait de M. Christophe Rosse son nouvel Envoyé personnel et que ce dernier serait guidé par la résolution 1813 (2008) et les résolutions antérieures du Conseil de sécurité. M. Ross s’est rendu à deux reprises dans la région et s’est entretenu avec les représentants du Maroc et du Front Polisario.
Le Secrétaire général souligne avoir été informé par son Envoyé personnel que, lors des entretiens qu’il avait eus, tous ses interlocuteurs avaient confirmé qu’ils étaient résolus à coopérer avec l’ONU en vue de trouver dès que possible une solution au problème du Sahara occidental, condition préalable et indispensable pour assurer la stabilité, l’intégration et le développement de la région et permettre aux réfugiés sahraouis de retrouver une vie normale.
En outre, le Secrétaire général souligne que les pourparlers futurs s’appuieraient sur les progrès accomplis lors des quatre cycles précédents, tenus à Manhasset, aux États-Unis. À cet égard, son Envoyé personnel a fait savoir que les positions des parties n’avaient pas changé depuis le quatrième cycle des pourparlers en 2008 et demeuraient très éloignées sur les moyens de parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable, prévoyant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Le Secrétaire général note aussi que le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2010.
Débat général
M. R. M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie), Président du Comité spécial chargé d’étudier l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, a rappelé que l’on approchait de la fin de la deuxième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme et qu’il « restait un chantier inachevé » puisque 16 territoires n’avaient toujours pas l’autonomie. L’application du mandat du Comité spécial exige un effort conjoint de la part de la communauté internationale, a-t-il dit. « Il ne peut y avoir de formules magiques et le processus de décolonisation exige la participation active des puissances administrantes », a souligné le Président. Appelant à « aller au-delà de la routine », il a estimé que certaines des délibérations auraient pu être plus approfondies et les résolutions plus affinées.
Cette année, a-t-il dit, le Comité spécial a eu une année particulièrement productive. Nous essayons, s’est-il expliqué, de faire comprendre la situation compliquée dans laquelle les territoires intéressés se trouvent et les arrangements qui sont en place. Le travail du Comité spécial n’est qu’un aspect du processus et il ne lui revient pas, a souligné le Président, de finaliser l’effort de décolonisation. Dans ce cadre, la coopération renforcée des puissances administrantes reste indispensable, a insisté M. Natalegawa.
Le Rapporteur du Comité spécial sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. BASHAR JAAFARI (République arabe syrienne), a détaillé les douze chapitres du rapport du Comité. Il a expliqué que les nouveaux développements dans les territoires non autonomes de Sainte-Hélène et des îles Turques et Caïques avaient entrainé la révision des chapitres IX et X, contenus dans le projet de résolution VI. Le Rapporteur a, par ailleurs, mis en avant les séminaires régionaux qui se sont tenus dans les Caraïbes et qui ont été l’occasion d’examiner les défis et les chances offertes au processus de décolonisation. Les recommandations spécifiques du Comité, a-t-il conclu, sont présentées sous forme de projets de résolution qui seront soumis à l’Assemblée générale pour approbation.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non-alignés, a dit que la décolonisation était toujours considérée comme une priorité par son pays et le Mouvement qu’il représente. Il a renouvelé son appui aux aspirations de tous les peuples à exercer leur droit à l’autodétermination et a regretté qu’en dépit de tous les efforts des Nations Unies, la décolonisation ne soit toujours pas terminée. L’existence du colonialisme sous quelque forme que ce soit est incompatible avec la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, a-t-il dit, estimant que les puissances administrantes devaient offrir des indemnisations pour les conséquences économiques, sociales et culturelles que l’occupation des territoires non autonomes a entraînées. Ces territoires doivent être aidés par les Nations Unies, notamment dans leur identité culturelle, composante de l’héritage universel de l’humanité, a-t-il poursuivi. Le représentant a enfin appelé à des efforts soutenus et persistants de la part de l’ONU pour éradiquer le colonialisme et garantir le droit de tous les peuples à l’autodétermination.
M. JOSE LUIS CANCELA (Uruguay), s’exprimant au nom du Mercosur, a réaffirmé le soutien de cette organisation aux « droits légitimes » de l’Argentine sur le litige de souveraineté relatif aux îles Malvinas, rappelant le contenu de la Déclaration commune des Présidents des États parties au Mercosur et États associés, prononcée le 24 juillet 2009. La question doit être résolue en conformité avec les résolutions des Nations Unies et les déclarations de l’Organisation des États américains, a-t-il dit. Nous appuyons pleinement le processus de décolonisation conduit par l’ONU, a poursuivi le représentant, insistant toutefois sur le fait qu’il n’était pas synonyme de « libre détermination ».
Il n’existe pas de « peuple » soumis à la domination et à l’exploitation dans les îles Malvinas, mais une rupture de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale de l’Argentine, a-t-il dit, rappelant que le Royaume-Uni avait procédé en 1883 à l’expulsion de la population d’origine argentine. La spécificité de cette question fait que le principe d’autodétermination ne s’applique pas ici, a estimé le représentant. La seule manière de mettre fin à ce litige de souveraineté est de relancer des négociations entre les deux parties, l’Argentine et le Royaume-Uni, a-t-il conclu.
M. CLAUDE HELLER (Mexique), au nom du Groupe de Rio, a réitéré son soutien au processus de décolonisation et a rappelé l’importance de garantir le droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination. Les résultats de la dernière session du Comité spécial des 24 ont été remarquables mais le fait que 16 territoires continuent de figurer sur la liste des territoires non autonomes montre bien que le processus de décolonisation n’a pas été conclu, a poursuivi le représentant, renouvelant son appel aux puissances administrantes pour qu’elles coopèrent pleinement, conformément à l’article 73 de la Charte des Nations Unies. Il a également réaffirmé son appui au travail du Département de l’information de l’ONU et de ses Centres d’information.
Le Groupe de Rio a en outre rappelé la nécessité pour les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de reprendre leurs négociations pour trouver aussitôt que possible une solution pacifique au différend sur la souveraineté sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les Sandwich du Sud ainsi que sur les espaces maritimes correspondants. Le représentant a également souligné que les questions de développement des petits territoires insulaires des Caraïbes étaient cruciales, tout comme celles liées à la gestion et à la prévention des catastrophes naturelles auxquelles ces territoires sont particulièrement exposés. Enfin, M. Heller a réaffirmé son soutien aux efforts du Secrétaire général sur la question du Sahara occidental, appelant à des négociations plus intenses et plus substantielles.
M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-Et-Nevis), qui s’est exprimé au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est inquiété de voir que la décolonisation devient une tâche de moins en moins prioritaire. Les rapports sur l’application de la Déclaration pour la période allant de 1992 à 2009, s’est-il expliqué, ne contenaient que cinq pages et n’offraient les réponses que de quelques États Membres.
La plupart des composantes du plan d’action pour la première et deuxième Décennie internationale sont restées en suspens, a précisé le représentant. Il a ajouté qu’en 2006, lors de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre de la Deuxième décennie, très peu de progrès avaient déjà été enregistrés. La CARICOM, a-t-il rappelé, demande en vain des études au cas par cas des différents territoires non autonomes. L’action de l’ONU reste entravée par des obstacles et nous sommes aujourd’hui confrontés à une quasi-inertie, a tranché le représentant.
Il a estimé qu’à l’ONU « la décolonisation est passée d’un chantier inachevé à un chantier négligé » dû à « un vide politique ». Le représentant a poursuivi en rappelant que beaucoup de membres de la CARICOM étaient autrefois non autonomes. Beaucoup d’entre nous ont réussi à se libérer de la colonisation, a-t-il dit, mais aujourd’hui la vigilance a diminué. Le représentant a donc voulu que le processus de décolonisation soit relancé et revu, en assurant que la CARICOM est prête à travailler avec les délégations concernées.
Concernant les îles Turques et Caïques, il a déploré que la puissance gouvernante ait dissout le gouvernement local et suspendu le droit à être jugé en présence d’un jury. Nous réitérons notre opposition à cette position qui est un pas en arrière, a déclaré le représentant.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a souligné qu’il restait beaucoup à faire pour parachever le processus de décolonisation, ce qui reste une priorité pour tous les États Membres, conformément à la Déclaration adoptée en ce sens en 2005. Le Comité spécial a fait des efforts qui ont porté leurs fruits, s’est-il félicité, appelant une nouvelle fois les puissances administrantes à pleinement coopérer avec lui. Le représentant a assuré que la Chine continuerait de son côté à participer activement aux travaux du Comité aux côtés des autres États Membres.
Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a déclaré que le principe d’intégrité territoriale, de respect de la souveraineté et de recherche de solutions pacifiques aux différends constituait des préceptes fondamentaux pour son pays. Elle a réaffirmé à cet égard le soutien de l’Équateur aux droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les Sandwich du Sud ainsi que sur les espaces maritimes correspondants. Elle a également appelé le Royaume-Uni à reprendre les négociations sur une solution juste, pacifique et durable à ce différend de souveraineté. La représentante a en outre réaffirmé le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et a appelé à la poursuite des négociations entre le Front POLISARIO et le Maroc. Enfin, elle s’est dite confiante que la question de Porto Rico continuera d’être traitée conformément à la résolution du Comité, laquelle réaffirme le droit inaliénable de cette île caribéenne à l’autodétermination et à l’indépendance.
M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a indiqué que le lien qui unit le Royaume-Uni à ses territoires d’outre-mer est un lien moderne fondé sur le partenariat et le droit de chacun de décider s’il souhaite ou non ce maintien. Le Royaume-Uni n’a pas l’intention d’imposer l’indépendance contre la volonté du peuple de ses territoires, a-t-il ajouté. Nous continuons de travailler et d’examiner toutes les propositions concernant les territoires d’outre-mer, a dit le représentant. Tant que les territoires d’outre-mer souhaitent garder le lien avec le Royaume-Uni, nous n’avons pas l’intention de leur imposer quelque chose et nous laissons chacun d’entre eux se gérer avec le plus grand degré de liberté possible, a-t-il poursuivi.
Concernant les îles Turques et Caïques, le représentant a indiqué qu’une commission d’enquête avait été créée en 2008 afin d’examiner les cas de corruption dans l’Assemblée locale. La finance des îles a été mal contrôlée, a-t-il dit, et le Gouvernement ne pouvait plus payer ses factures. La Commission d’enquête a fait une soixantaine de propositions et le Royaume-Uni a suspendu les institutions locales, a-t-il ajouté. C’est une décision que le Gouvernement britannique n’a pas pris à la légère, a assuré le représentant. Nous voulons permettre au Gouverneur de restaurer et d’établir une bonne gouvernance dans l’île et nous espérons que des élections seront tenues au plus tard en juillet 2011, a-t-il conclu.
M. JORGE VALERO BRICENO (Venezuela) a déploré que des situations coloniales perdurent, notamment dans l’hémisphère Sud, en violation des normes et principes du droit international et des droits de l’homme. Le Venezuela appuie de façon résolue les peuples qui luttent pour leur droit à l’autodétermination, a –t-il dit, rappelant que son Président, Hugo Chavez Frias, avait réaffirmé son soutien à l’Argentine dans le différend de souveraineté concernant les îles Malvinas et a appelé à la réouverture des négociations avec le Royaume-Uni. Le Venezuela soutient également le droit à l’autodétermination du peuple portoricain qui est un peuple latino-américain et caribéen avec une identité propre, a poursuivi le représentant, appelant le Gouvernement des États-Unis à remettre toutes les terres occupées entre les mains des Portoricains et à libérer les prisonniers « politiques » condamnés, selon lui, en raison de leur combat pour l’indépendance par une répression brutale. Le représentant a aussi rappelé que son pays reconnaissait la République autonome sahraouie et avait d’ores et déjà conclu trois accords de coopération avec elle. Cinq autres vont bientôt suivre, a-t-il annoncé.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a rappelé que son pays accordait énormément d’importance au processus de décolonisation. Notre délégation ne serait pas représentée à l’ONU sans les efforts du Comité spécial, a-t-il dit, faisant part de sa préoccupation face au fait qu’en Afrique, le peuple sahraoui ne soit toujours pas en mesure d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. L’occupation par le Maroc du territoire constitue un défi aux principes de la Charte des Nations Unies et à son autorité et à sa crédibilité, a-t-il estimé, affirmant qu’il n’y avait aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental et le Maroc avant la colonisation espagnole du territoire. Il a par conséquent appelé à une solution juste et acceptable de cette question, qui irait dans le sens d’une autodétermination pour le peuple sahraoui. L’Afrique du Sud demande donc au Gouvernement du Maroc et au Front POLISARIO de redoubler d’efforts pour arriver à cette solution. Le représentant a fait part de sa préoccupation concernant de possibles violations des droits de l’homme du peuple sahraoui et a demandé des enquêtes concernant ces allégations. La Mission des Nations Unies dans le territoire (MINURSO) continue de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix et la coopération totale des parties avec elle est de la plus haute importance, a-t-il conclu.
M. RODOLFO ELISEO BENITEZ VERSON (Cuba) a rappelé que l’année 2010 marquera la fin de la seconde Décennie international alors qu’un grand nombre d’objectifs est toujours en suspens. La cause de la décolonisation doit rester une priorité pour les Nations Unies, a-t-il ajouté, tout en saluant l’examen très sérieux auquel a procédé le Comité spécial. La décolonisation, a-t-il poursuivi, exige le plein appui des puissances administrantes et il est regrettable que certaines d’entre elles ne coopèrent toujours pas. Le représentant a déploré que la puissance administrante des îles Turques et Caïques ait suspendu une partie de la Constitution. Cuba demande son rétablissement, a-t-il souligné.
Après un siècle de domination coloniale, nous défendons le droit du peuple de Porto Rico à l’indépendance, a poursuivi le représentant, en rappelant que le Comité spécial a adopté une résolution en ce sens. Le conflit du Sahara Occidental, a-t-il poursuivi, est également une question de décolonisation. Le peuple sahraoui a le droit de déterminer son propre avenir, a insisté le représentant en réitérant, par ailleurs, son appui à l’Argentine dans le différend de souveraineté concernant les îles Malvinas. Avant de conclure, le représentant a réaffirmé la volonté de Cuba d’accompagner la cause de la décolonisation « pour éliminer ce fléau de la planète ».
M. PAUL BADJI (Sénégal) a estimé que la décolonisation était l’une des activités les plus réussies de l’Organisation des Nations Unies. Pourtant, en dépit de cette donne positive, plusieurs territoires font l’objet d’appréciations controversées, a-t-il dit, appelant les puissances administrantes à permettre aux peuples de ces territoires d’exprimer librement leur volonté. La situation au Sahara occidental ne saurait nullement satisfaire les parties concernées ou intéressées, a poursuivi le représentant, apportant le soutien ferme de son pays à l’initiative de la partie marocaine visant à accorder une large autonomie au Sahara occidental dans le cadre du respect de la souveraineté du Maroc. Qualifiant cette initiative de « réaliste et raisonnable », il a estimé, dans le cadre des efforts pour la consolidation des rapports fraternels entre les pays du Maghreb et du continent africain, qu’il est impératif de décourager toute forme de séparatisme. Il a appelé à l’esprit de compromis et encouragé le Conseil de sécurité à s’investir davantage sur la question pour assurer la stabilité, l’intégration et le développement de la région et permettre aux réfugiés sahraouis de retrouver une vie normale.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA, (Kenya), a rappelé que son pays attachait une grande importance au droit à l’autodétermination. Alors que la deuxième Décennie internationale s’achève, la tâche n’est pas accomplie, a déploré le représentant. Il a souligné qu’il était regrettable de voir qu’il reste encore 16 territoires non autonomes et a jugé impératif de recentrer les efforts sur cette priorité. Nous encourageons le comité spécial à poursuivre un véritable dialogue, a-t-il ajouté, avant de demander la coopération des puissances administrantes. Le représentant a reconnu le droit de chaque peuple à préserver son héritage national et, à cet égard, a appuyé l’appel de l’UNESCO pour que les puissances administrantes restituent les biens culturels de chacun des territoires non autonomes. Sur la question du Sahara occidental, le Kenya, a-t-il rappelé, soutient la poursuite des négociations afin qu’une solution juste, durable et acceptable soit trouvée.
M. KAIRE M.MBUENDE (Namibie), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a souligné que le droit à l’autodétermination de tous les peuples était un droit humain fondamental. Il est regrettable que la question de la décolonisation soit toujours à l’ordre du jour du Comité spécial, a-t-il poursuivi, appelant les pays qui administrent les territoires non autonomes et les Nations Unies à accélérer le processus. La Namibie est profondément préoccupée par l’occupation des terres palestiniennes qui se perpétue et la communauté internationale a la responsabilité de garantir à ce peuple l’exercice de son droit à l’autodétermination et à un État, a déclaré le représentant, exhortant le Gouvernement d’Israël à abandonner « ses activités illégales » et à lever « le blocus injuste » de la bande de Gaza qui compromet gravement la situation sociale, économique et humanitaire déjà mauvaise dans les territoires. Le représentant a également fait part de la préoccupation de son pays face à la situation du Sahara occidental. La Namibie exhorte les Nations Unies à assumer pleinement leur responsabilité envers ce territoire et encourage le renforcement de la MINURSO. Le représentant a conclu en réaffirmant le soutien inébranlable de son pays à la cause des peuples du Sahara occidental et de la Palestine.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que son pays, sorti lui-même du colonialisme après une lutte difficile, continuera de contribuer de façon constructive à l’accélération du processus de décolonisation dans le cadre des Nations Unies. Le droit à l’autodétermination et le respect de l’intégrité territoriale d’un État Membre sont fondamentaux dans le processus de décolonisation, a dit le représentant, estimant que les actions futures en la matière devaient être bâties sur les accomplissements passés de l’Assemblée générale. Nous ne voyons pas la nécessité de dévier ou de défaire ce qui a fait l’objet de délibérations, a déclaré le représentant, rappelant que la décolonisation était un processus politique avant tout, visant à une solution pacifique et permanente pour les territoires non autonomes. Les progrès économiques et sociaux ne doivent pas se substituer à cet objectif, a insisté le représentant indonésien, appelant les puissances administrantes à coopérer pleinement aux travaux du Comité spécial. Enfin, il a souhaité que l’Assemblée générale se prépare au lancement de la troisième décennie pour l’éradication du colonialisme, en 2010, en se dotant d’un plan d’action réalisable, orienté vers l’action et assorti d’objectifs quantifiables.
M. NELSON SANTOS, (Timor-Leste), a rappelé que les arguments utilisés hier par la puissance administrante de son pays sont les arguments repris aujourd’hui par la puissance administrante du Sahara occidental pour justifier sa colonisation. Certains pays qui se disent défenseurs des droits de l’homme ne font rien pour améliorer la situation du Sahara occidental, a poursuivi le représentant. Il s’est félicité de la nomination de Christopher Ross comme Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental. Le moment est venu de faire cesser les abus des droits de l’homme au Sahara occidental, a conclu le représentant.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a exprimé la préoccupation de son pays face au fait que le processus de décolonisation n’avait toujours pas été amené à une conclusion couronnée de succès. Les pères fondateurs de l’Union africaine ont fait des efforts immenses pour décoloniser l’Afrique, a-t-il dit, mais la question du Sahara occidental reste irrésolue. Ceci est inacceptable, a déclaré le représentant, estimant que seul le peuple sahraoui peut décider de son futur, sans condition d’aucune sorte. Il s’est dit encouragé par le fait que les parties ont exprimé leur intention de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général. L’Ouganda reste préoccupé par les informations faisant état de violations des droits de l’homme et d’exploitation illégale des ressources naturelles au Sahara occidental. Cette exploitation doit cesser et ses responsables identifiés et poursuivis, a conclu le représentant.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant du Royaume-Uni a rappelé la position de son pays sur la question des îles Falkland. Nous n’avons aucun doute sur la souveraineté des îles Falkland, a-t-il dit. Concernant la question de la suspension des institutions locales, cette suspension est sérieuse et pourrait aller jusqu’à deux ans afin de permettre au gouverneur de restaurer et d’établir une bonne gouvernance dans l’île et que des élections soient tenues au plus tard en juillet 2011, a-t-il redit.
Exerçant son droit de réponse, la délégation de l’Argentine a rappelé que les îles Malvinas et les espaces maritimes qui les entourent font partie intégrantes du territoire argentin et qu’elles sont occupées illégalement par le Royaume-Uni. Plusieurs délégations souhaitent que l’Argentine et le Royaume Uni reprennent les négociations afin de trouver une solution pacifique à la question des îles Malvinas, des îles de la Géorgie du sud et des îles Sandwich du Sud, a indiqué le représentant de l’Argentine. Il a souligné que le Comité s’était prononcé à de nombreuses reprises sur ce sujet.
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