Conférence de presse de Joseph Stiglitz, Président de la Commission d’experts du Président de l’Assemblée sur les réformes du système monétaire et financier international
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE JOSEPH STIGLITZ, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION D’EXPERTS DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE SUR LES RÉFORMES DU SYSTÈME MONÉTAIRE ET FINANCIER INTERNATIONAL
M. Joseph Stiglitz, Président de la Commission d’experts du Président de l’Assemblée générale sur les réformes du système monétaire et financier international, a présenté cet après-midi les grandes lignes du rapport de la Commission. Ce document sera disponible le 22 septembre prochain.
Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, a fait savoir que ce rapport, rédigé par un Groupe d’experts indépendant et à composition variée, était pour l’essentiel basé sur le Document final de la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, dont les débats se sont tenus au Siège de l’ONU en juin dernier.
M. Stiglitz a ainsi souligné que le rapport de la Commission insistait sur le fait que la crise financière avait changé en profondeur la donne en matière de gouvernance économique et monétaire mondiale, exigeant de la part des politiques la mise en place de solutions allant plus loin que celles proposées dans le cadre du G-20.
« Les problèmes identifiés sont d’ordre systémique, et ils ne peuvent plus faire l’objet de raccommodage à court terme », a-t-il estimé, en comparant les solutions traditionnelles aux problèmes financiers globaux « à de la plomberie pour réparer des fuites ».
Pour Joseph Stiglitz, le recours aux recettes d’hier ne marchera pas, car la crise de 2001 n’a pas pu être empêchée par les mécanismes de régulation établis à la suite de la crise du système financier que le monde avait connue en 1997-1998. Ainsi, « la nature intégrée de l’économie mondiale impose une coordination accrue pour réduire la portée des externalités », a affirmé le conférencier.
« Comme l’a montré la crise actuelle, dont le point de départ était les États-Unis, nous savons qu’une décision ou qu’un incident concernant une économie aura dans la foulée des répercussions sur d’autres ou sur l’ensemble des autres économies », a encore rappelé M. Joseph Stiglitz. Il a indiqué que le rapport de la Commission mettait l’accent sur la nécessité d’un mécanisme politique élargi et inclusif destiné à mieux réguler l’économie mondiale et, à terme, inverser la tendance en rendant vertueux le phénomène inévitable des externalités.
Le prix Nobel d’économie a ensuite déclaré que les plans de relance voués à réparer le système bancaire avaient eu des effets bénéfiques, mais que ces plans n’avaient eu aucun impact correctif sur les déséquilibres de fond existant entre les économies des pays développés et celles des pays en développement. « Plus grave, a-t-il dit, ces initiatives spectaculaires n’entraînent pas de relance de la demande agrégée, qu’il s’agisse de la consommation des ménages ou des investissements ».
Pour Joseph Stiglitz, les nouveaux mécanismes dont la Commission propose la création -une facilité de crédit qui vienne compléter les facilités du Fonds monétaire international (FMI); un système de réserve globals’appuyant sur une monnaie internationale; et l’établissement d’un conseil de sécurité économique- devront avoir pour double objectif de signaler assez tôt les risques financiers et macroéconomiques et les prévenir, et renforcer réellement la coopération internationale.
« Il revient à l’Assemblée générale de statuer sur ces mécanismes en vue d’en faire des institutions représentatives des intérêts partagés de près de 200 pays », a poursuivi M. Stiglitz.
Répondant aux questions de la presse, il a indiqué que le fonctionnement de ces nouvelles institutions devrait s’effectuer sur une base constitutionnelle, « de sorte que la gouvernance économique mondiale que nous appelons de nos vœux réponde véritablement aux besoins à court et à long termes des pays en développement ».
D’après M. Stiglitz, la force d’un « G-192 » tel qu’envisagé par le Président de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann, serait que le consensus obtenu par un forum de cet envergure sur les questions économiques serait pris dans l’intention de distribuer équitablement et de manière transparente les produits de l’activité économique et financière mondiale.
Pour ce qui est des initiatives à court terme, M. Stiglitz a proposé que soit crée un autre groupe d’experts pour assurer le suivi des travaux de la Commission.
Avant son intervention, le Président de l’Assemblée générale avait, lui aussi, mis l’accent sur la nécessité que soit maintenu l’élan imprimé par la Conférence du mois de juin, et de donner une suite aux idées qui y ont été soulevées. Il a ainsi demandé aux États Membres, aux organisations et aux « individus de bonne volonté » de continuer d’œuvrer à la revitalisation du rôle de l’ONU en matière économique.
« Les Nations Unies doivent être le forum mondial où nous prenons tous l’engagement de trouver les solutions adéquates à la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement », a dit M. d’Escoto Brockmann.
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