Conférence de presse sur le colloque de haut niveau sur les conflits connexes de la violence sexuelle dans les négociations de paix
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE COLLOQUE DE HAUT NIVEAU SUR LES CONFLITS CONNEXES DE LA VIOLENCE SEXUELLE DANS LES NÉGOCIATIONS DE PAIX
Méthode de combat de la guerre moderne, la violence sexuelle est cruellement absente dans la plupart des processus de paix. Sur quelque 300 accords de paix depuis la fin de la guerre froide dans 45 conflits, seuls 10 la mentionnent, a ainsi expliqué, ce matin devant la presse, la Conseillère principale de la section gouvernance, paix et sécurité du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).
Dans les processus de paix en Ouganda, au Darfour, au Népal, en Indonésie (Aceh), au Soudan (Monts Nouba), au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC), aux Philippines, au Chiapas et au Guatemala, les crimes de violence sexuelle ont été pris en compte, tandis qu’ils ont été ignorés dans la plupart des accords de cessez-le-feu, a rappelé Anne-Marie Goetz.
De même, l’examen de 22 processus de paix depuis 1992 montre que les femmes forment en moyenne un peu plus de 7,5% des négociateurs et de moins de 2% des médiateurs, les plus hauts niveaux de représentation ayant été constatés avant 2 000 en El Salvador et au Guatemala.
Cette conférence de presse commune, au Siège des Nations Unies à New York, avait lieu au terme d’un colloque de haut niveau intitulé « Conflits connexes de la violence sexuelle dans les négociations de paix: mettre en œuvre la résolution 1820 du Conseil de sécurité », et quelques jours avant la publication d’un rapport du Secrétaire général devant comprendre des « informations sur les conflits armés à l’occasion desquels des violences sexuelles généralisées ou systématiques ont été exercées contre des civils ».
Les participants au colloque de haut niveau ont élaboré des principes clefs devant permettre aux médiateurs et aux négociateurs de s’assurer que la violence sexuelle soit traitée dans les accords de paix et que ceux-ci soient compatibles avec les résolutions 1820 et 1325 du Conseil de sécurité, a affirmé Mme Goetz.
En vertu de ces recommandations, a-t-elle précisé, les négociations d’accords de cessez-le-feu doivent aborder la violence sexuelle. En outre, les cessez-le-feu doivent l’interdire et la contrôler, tandis que les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de réforme du secteur de la sécurité doivent l’empêcher et garantir la sécurité des femmes. Les processus de justice doivent faire en sorte que la violence sexuelle soit traitée de la même façon que d’autres crimes internationaux, et les accords de paix doivent spécifier que les victimes de violences sexuelles ont droit à des réparations bénéficiaires et répondre aux besoins socioéconomiques de celles-ci.
Le Conseil de sécurité a adopté, le 19 juin 2008, la résolution 1820 (2008), qui constitue une nouvelle étape pour la protection des femmes et des filles en période de conflit armé. Dans ce texte, le Conseil de sécurité « exige de toutes les parties à des conflits armés qu’elles prennent immédiatement les mesures voulues pour protéger les civils, notamment les femmes et les filles, contre toutes formes de violence sexuelle ».
Le 31 octobre 2000, dans sa résolution 1325, le Conseil de sécurité lançait un appel à toutes les parties à des conflits armés pour qu’elles prennent des mesures spécifiques afin de protéger les femmes et les filles des viols et autres formes de violence sexuelle. Cette résolution historique est considérée comme l’un des documents les plus pertinents dans l’établissement d’un cadre stratégique pour promouvoir la contribution des femmes à la paix et à la sécurité et pour traiter de la violence sexiste contre les femmes.
« En raison de l’omniprésence et de la brutalité de la violence sexuelle, la question devrait être abordée de façon prioritaire et au tout début d’un processus », a déclaré le général de division Patrick Cammaert. Pour cet ancien responsable militaire de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC), « le Conseil de sécurité doit comprendre le type d’atrocités horribles qui sont perpétrées sur le terrain et les missions de maintien de la paix doivent y être préparées ».
Le général Cammaert a également jugé inacceptable le fait que les auteurs de tels crimes puissent demeurer impunis, comme ce fut le cas avec les membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). « Cela doit être un principe fondamental de la reconstruction », a-t-il dit.
Si trois femmes sur quatre sont victimes de viols pendant les conflits, les violences sexuelles ne sont pas pour autant évoquées par les groupes de femmes dans les négociations de paix, a observé la Directrice exécutive du Réseau femmes paix et sécurité (Afrique), Leymah Gbowee. « Chacun souhaite que les négociations progressent en douceur et ne veut pas offenser les négociateurs », a-t-elle ajouté. En reconnaissant la violence sexuelle comme un crime de guerre, le colloque a permis, selon elle, « d’encourager les groupes de femmes à prendre la parole et de changer la dynamique autour de la table des négociations ».
Le Directeur de l’Institut norvégien des affaires internationales et ancien Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Jan Egeland, a pour sa part admis que les abus sexuels constituaient le « pire scandale » de toute sa carrière. « Des milliers de femmes sont violées dans de nombreuses parties de l’Afrique », a-t-il dit. « C’est sans doute l’une des plus grandes conspirations du silence, car cela continue aujourd’hui », a-t-il déclaré.
« La politique de tolérance zéro doit être réitérée chaque jour » afin que les auteurs de tels crimes soient « conduits en prison » et que ceux qui les autorisent fassent l’objet de sanctions, a poursuivi M. Egeland.
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