CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE RAPPORT ANNUEL DU COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES (CPJ)
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE RAPPORT ANNUEL DU COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES (CPJ)
La violence organisée et systématique contre les medias vise de plus en plus à leur imposer une autocensure, a affirmé ce matin le journaliste Carl Bernstein, lors d’une conférence de presse tenue au Siège de New York, à l’occasion de la publication du rapport annuel du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), organisation indépendante créée en 1981.
Lauréat du prix Pulitzer et célèbre pour avoir révélé le « scandale du Watergate », Carl Bernstein a estimé que cette situation constitue un danger réel et une menace insidieuse sur le travail du journaliste. La génération précédente était plutôt confrontée à une forme d’intimidation physique dont l’origine était soit l’État, soit les trafiquants de drogues. Désormais, ce sont « les plus dépravés » qui s’attaquent aux journalistes avec les méthodes les plus horribles, y compris des enlèvements de membres de la famille et des assassinats.
Paul Steiger, Président du Conseil d’administration du CPJ, et Joël Simon, Directeur exécutif du même Comité, ont toutefois noté certains progrès dans l’édition 2008 du rapport annuel. Pour la première fois depuis 2001, le nombre de journalistes tués a diminué, passant de 57 en 2007 à 41 l’an passé. Cette baisse importante est essentiellement due à la diminution du nombre de journalistes tués en Iraq, le pays qui reste de loin le plus dangereux pour l’exercice de la profession. Onze journalistes y ont perdu la vie en 2008, contre 32 en 2007, et le même nombre en 2006. M. Steiger a en outre rappelé qu’environ 70% des morts à travers le monde ne résultent pas « d’accidents du travail » dans un environnement particulièrement périlleux, mais bien d’assassinats ciblés.
Tout en estimant que tel n’était probablement pas le cas des 16 journalistes tués en Iraq par les Forces américaines, MM. Simon et Steiger ont tout de même souhaité que des enquêtes soient menées. M. Steiger a indiqué avoir écrit au Président américain Barak Obama, pour qu’il encourage sa nouvelle Administration à réaffirmer le soutien traditionnel des États-Unis à la liberté de la presse, et au droit des journalistes de faire leur travail sans risquer d’être tués, maltraités ou emprisonnés. Les dirigeants du CPJ ont également souhaité qu’il soit mis fin à la longue incarcération de journalistes par les Forces américaines en Iraq.
Si le rapport annuel montre également une légère diminution du nombre de journalistes emprisonnés, soit 125, Carl Bernstein a rappelé que les attaques contre la presse ne prenaient pas seulement la forme d’assassinats ou d’intimidations physiques, mais aussi celle de l’incarcération. Il a cité le cas d’un journaliste du Myanmar, condamné à 59 ans de prison pour atteinte au moral de la nation, après avoir enquêté sur le cyclone Nargis qui a frappé ce pays en 2008 et sur la manière dont les autorités nationales ont fait face aux conséquences de son passage.
Les intervenants ont aussi noté la proportion de plus en plus importante de cyberjournalistes parmi les journalistes incarcérés, soit 66 l’année dernière. Pour Joël Simon, c’est là une indication de la manière dont la technologie change la façon de travailler des journalistes partout dans le monde et aussi celle dont réagissent tous ceux qui veulent les empêcher de faire leur métier.
Carl Bernstein a rappelé qu’à l’époque de l’Union soviétique, la répression de la presse se faisait d’une manière centralisée, qui a ensuite disparue parce qu’elle s’était révélée inadaptée aux nouvelles méthodes de travail qu’offrent les progrès technologiques. À ses yeux, c’est une raison pour laquelle ceux qu’il a qualifiés « d’extrémistes de la chasse à la vérité » utilisent des méthodes encore plus horribles pour empêcher les journalistes de la faire apparaître.
Le rapport montre que la répression contre les cyberjournalistes est particulièrement développée en Asie. C’est le cas en Chine, où des journalistes ont été incarcérés au moment des Jeux olympiques, mais aussi dans d’autres pays qui s’inspirent des méthodes chinoises, y compris la Thaïlande. Au Moyen-Orient, le CPJ a aussi noté une augmentation de la répression contre le cyberjournalisme.
En Afrique, l’organisation se réjouit d’une amélioration des moyens techniques dont disposent les journalistes, mais constate que ceux qui cherchent à les intimider utilisent eux aussi une technologie plus sophistiquée. Enfin, le CPJ note que tant la Fédération de Russie que la Géorgie s’en sont prises aux cyberjournalistes lors de la crise d’août 2008. La Fédération de Russie reste un des pays les plus dangereux pour le journalisme indépendant, comme en témoignent les assassinats ciblés et un environnement globalement très répressif.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel