CCP/50

La Commission de consolidation de la paix lance un fonds d’affectation spéciale multidonateurs pour la Sierra Leone

10/06/2009
Assemblée généraleCCP/50
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Troisième session

Formation Sierra Leone

Session extraordinaire de haut niveau

2e séance - matin


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX LANCE UN FONDS D’AFFECTATION SPÉCIALE MULTIDONATEURS POUR LA SIERRA LEONE


Le Programme pour le changement du Gouvernement sierra-léonais nécessite l’appui de la communauté internationale, souligne Ban Ki-moon


La Commission de consolidation de la paix (CCP) a inauguré aujourd’hui, lors d’une session extraordinaire de haut niveau, un Fonds d’affectation spéciale multidonateurs pour la Sierra Leone.  Cette enveloppe financière d’un montant total de 350 millions de dollars vise à appuyer la mise en œuvre du Programme pour le changement du Gouvernement sierra-léonais et celle de la Vision commune des Nations Unies. 


« Le Programme pour le changement représente un cadre ambitieux pour le développement et nécessite un appui de la part de la communauté internationale », a affirmé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon. 


Intervenant par vidéoconférence en direct de la capitale Freetown, le Président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, a estimé que ce partenariat avec les Nations Unies « fera date », et « montre que la CCP est un instrument capital pour aider les États sortant de conflits violents à assumer la transition difficile de la guerre vers la paix ». 


La Ministre sierra-léonaise des affaires étrangères, Mme Zainab Hawa Bangura, a, quant à elle, exhorté les délégations à contribuer au Fonds d’affectation spéciale dans l’attente de la réunion du Groupe consultatif qui aura lieu en novembre 2009 à Londres.


Cette session extraordinaire était destinée à apporter un appui à la mise en œuvre du communiqué commun, signé le 2 avril dernier par les partis politiques, ainsi qu’à entériner le Programme pour le changement du Gouvernement en tant que document stratégique de base devant orienter, à l’avenir, les initiatives en matière de développement et à appuyer la Vision commune des Nations Unies pour la Sierra Leone comme nouvelle approche novatrice en matière de consolidation de la paix.


Mais elle avait également pour objectif de mobiliser des ressources financières en vue d’appliquer cette Vision commune et de promouvoir la coordination et la cohérence de l’appui de la communauté internationale à l’action de consolidation de la paix menée par la Sierra Leone.


Le Document final* de la session extraordinaire, qui a été adopté par consensus en fin de séance, « jette les nouvelles bases de la consolidation de la paix en Sierra Leone », a déclaré le Président de la Formation Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix, l’Ambassadeur John McNee du Canada.


La Sierra Leone est l’un des deux premiers pays, avec le Burundi, à figurer à l’ordre du jour de la CCP, créée en 2006 pour appuyer les efforts de paix dans les États sortant d’un conflit.


À ce jour, la Commission a travaillé avec le Gouvernement sierra-léonais et les partenaires internationaux et locaux dans les domaines prioritaires que sont l’emploi et l’autonomisation des jeunes, la réforme de la justice et du secteur de la sécurité, la bonne gouvernance, le développement du secteur de l’énergie et le renforcement des capacités.


La plupart des intervenants ont appuyé la Vision commune des Nations Unies qui consiste à intégrer en une stratégie unique les différentes initiatives et interventions des partenaires internationaux en vue de les faire coïncider avec les objectifs du Programme pour le changement qui traduit les efforts d’appropriation du Gouvernement sierra-léonais.


Avec cette Vision commune, la CCP « dispose pour la première fois d’une stratégie qui intègre les objectifs politiques et de développement », a observé le Représentant exécutif du Secrétaire général pour la Sierra Leone, Michael von der Schulenburg.


Elle intègre, a-t-il expliqué, les objectifs de 17 organismes onusiens et du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL).  En incorporant 32 documents stratégiques en un seul se concentrant sur cinq domaines prioritaires et 21 programmes, cette Vision commune « servira de modèle pour les autres missions », a-t-il ajouté. 


« L’intégration du mandat politique avec les différents mandats de développement renforcera le rôle des Nations Unies dans la consolidation de la paix et constituera un modèle qui pourra être repris dans les autres missions », a commenté, pour sa part, le délégué de la Suède.


Nombre de représentants ont aussi salué l’adoption par les partis du communiqué commun du 2 avril, qui a mis fin à la flambée de violence du mois de mars.  Ils l’ont cité comme un exemple en matière de réconciliation et de dialogue politique pour les autres pays de la sous-région.


De manière plus générale, les membres de la CCP ont loué les progrès impressionnants de la Sierra Leone pour surmonter les défis provoqués par 11 années de guerre civile, en empruntant le chemin de la paix, de la démocratie et de la bonne gouvernance. 


Les efforts individuels et collectifs consentis par ce pays depuis la mise en place de la Commission « n’ont pas été vains », a souligné le représentant de la Guinée.  « Ils se sont largement traduits par les progrès considérables enregistrés dans différents domaines, notamment la consolidation de la paix, de la sécurité, de la démocratie, de la bonne gouvernance et du retour de l’espoir dans la région de l’Union du fleuve Mano. » 


Plusieurs pays ont, en outre, présenté les mesures qu’ils ont prises en vue d’aider au développement économique de la Sierra Leone.  Ainsi, le représentant du Maroc a-t-il rappelé que le Royaume avait contribué à l’électrification de la capitale Freetown.  Son collègue du Chili a indiqué que son pays avait envoyé récemment en Sierra Leone une mission d’experts, avec l’aide du Pérou, en vue, notamment, d’identifier les moyens de coopération possibles.


Le représentant de la Suède a, quant à lui, affirmé que son pays avait accordé 20 millions de couronnes à sa Stratégie bilatérale pour la coopération au développement, au cours de la période 2009-2013, avant d’y consacrer 40 millions par la suite.  Cette Stratégie, a-t-il précisé, met l’accent sur l’accès à l’éducation primaire pour tous, qui comprend des formations professionnelles adaptées au marché de l’emploi et une formation supérieure pour les jeunes et les femmes sans-emploi.


Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) s’est inquiété, pour sa part, des conséquences de la crise mondiale sur les perspectives de développement de la Sierra Leone, en citant une chute de 27% des produits d’exportations par rapport à 2008.  Il a cependant noté l’impact de l’aide internationale sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Sierra Leone, estimant que ce pays atteindrait 6% de croissance en 2012.


En fin de séance, depuis Freetown, un dirigeant du principal parti d’opposition, le Sierra Leone People’s Party (SLPP), a insisté sur l’importance de la réconciliation nationale, scellée par la signature du communiqué commun du 2 avril.  Il a souhaité que tous les instigateurs de crimes soient poursuivis afin de mettre un terme à l’impunité.  Il a enfin mis l’accent sur le rôle de l’opposition dans le suivi de l’application du Programme pour le changement afin de s’assurer que toute la population profite des retombées et des bénéfices de la paix et du développement.  


Les délégués du Chili, de l’Égypte, des Pays-Bas, du Burkina Faso, du Royaume-Uni, de la Jamaïque, du Maroc, de la Suède, de la République tchèque (s’exprimant au nom de l’Union européenne), de la Guinée, du Bangladesh, du Japon, de l’Irlande, du Brésil, des États-Unis, du Portugal, de l’Allemagne, de la Chine, de l’Afrique du Sud, de l’Italie, du Luxembourg, du Canada, de la Thaïlande et du Pakistan ont pris la parole.  Les représentants de la Commission européenne, de la Banque mondiale, du FMI, du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) se sont également exprimés.


*     PBC/3/SLE/L.2


SESSION EXTRAORDINAIRE DE HAUT NIVEAU


Déclarations liminaires


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, qui s’exprimait par vidéoconférence, a rappelé que la Sierra Leone avait été l’un des deux premiers pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Ce partenariat, a-t-il dit, fera date, et montre que la CCP est un instrument capital pour aider les États sortant de conflits violents à assumer la transition difficile de la guerre vers la paix.  M. Koroma a présenté le Programme pour le changement, guidé, a-t-il précisé, par les objectifs de paix, de bonne gouvernance et de développement socioéconomique.  Les priorités de ce Programme sont, a-t-il ajouté, l’agriculture et la sécurité alimentaire, les infrastructures et les transports, l’énergie et les ressources en eau.  Le chef de l’État sierra-léonais a souligné que le Programme pour le changement visait à faire sortir le peuple de la Sierra Leone de la pauvreté.  Ce Programme, a-t-il poursuivi, est le symbole de la détermination du Gouvernement à assurer un changement fondamental, en vue, notamment, d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. Bai Koroma a mis l’accent sur la nécessité, dans le cadre du Programme pour le changement, d’assurer une croissance durable et de créer des emplois.  Le Gouvernement estime que, pour atteindre les objectifs de ce Programme, il faut établir un partenariat solide avec le secteur privé.  Ainsi, des politiques pertinentes et des législations sont conçues pour promouvoir le développement du secteur privé, a-t-il expliqué, exprimant sa volonté d’améliorer la gouvernance des entreprises et d’éliminer les processus bureaucratiques encombrants.  En outre, il convient, selon lui, de protéger et de promouvoir les droits de l’homme, ce qui, a-t-il précisé, est essentiel pour assurer une bonne gouvernance.  Le Gouvernement a ainsi renforcé la Commission nationale des droits de l’homme et a élargi son domaine d’activité, a indiqué M. Bai Koroma.  De même, a-t-il dit, il faut intégrer la viabilité de l’environnement dans les efforts de développement.  Le Président sierra-léonais a souligné que le Gouvernement avait également fait promulguer des lois solides contre le trafic et la consommation des stupéfiants et anticorruption dans le but de combattre la vague de trafic de drogues que l’on observe dans la région.  Enfin, a-t-il indiqué, une réforme globale du secteur public est prévue.


Aux yeux du chef de l’État sierra-léonais, si beaucoup a été réalisé et si le pays a progressé, de grands défis restent encore à relever.  Cette session extraordinaire intervient à un moment de grands changements économiques et financiers dans le monde, a-t-il déclaré.  La Sierra Leone est très vulnérable face à cette tendance négative, a-t-il ajouté, en espérant que cette crise n’aura pas d’effets sur le processus de mobilisation des ressources et du soutien dont ont besoin la mise en œuvre du Programme pour le changement et celle de la Vision commune des Nations Unies.  M. Koroma a demandé l’appui de la CCP, soutien qui permettra, a-t-il précisé, d’adapter le Programme lors la Conférence de Paris et permettra de guider le pays vers une nouvelle ère de gouvernance menée par la réalisation des priorités établies. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a noté les remarquables progrès réalisés par la Sierra Leone depuis la fin de la guerre, en précisant que 75 000 ex-combattants avaient été désarmés et démobilisés, et qu’un demi-million de réfugiés et de déplacés internes étaient rentrés chez eux volontairement.  Il a dit que l’ONU a joué un rôle important dans l’appui à la Sierra Leone pour y établir, maintenir et consolider la paix. 


M. Ban a parlé d’une situation sierra-léonaise qui reste fragile, comme l’a montré l’explosion de violence politique du mois de mars 2009.  C’est une situation, a-t-il dit, qui nous a rappelé l’importance d’un appui mondial durable à la Sierra Leone.  Il a félicité le Président sierra-Léonais, les différents partis, ainsi que le peuple sierra-léonais pour avoir été capables de surmonter cette crise.


Il a cité comme un bon exemple le communiqué commun du 2 avril, qui a permis de restaurer l’espoir en Sierra Leone et à la population du pays de reprendre le chemin de la paix et du développement.  Le Secrétaire général a précisé que les partenaires internationaux, dont le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), avaient fourni un soutien critique à la mise en œuvre de ce communiqué.  Il a estimé que la Sierra Leone représentait un exemple pour les autres pays de la sous-région d’Afrique de l’Ouest qui connaissent des troubles similaires. 


Illustrant l’appui de la communauté internationale, il a indiqué que le Fonds de consolidation de la paix a approuvé un montant de 1,8 million de dollars pour appuyer le dialogue entre les parties sierra-léonaises et renforcer les capacités de la police.  Le Programme pour le changement représente un cadre ambitieux pour le développement et nécessite un appui de la part de la communauté internationale, a ajouté Ban Ki-moon.  Il s’est félicité de voir la Sierra Leone continuer de coopérer avec la CCP, en mettant l’accent sur l’importance de la Vision commune des Nations Unies.  Le Secrétaire général a réaffirmé l’appui des Nations Unies en faveur de la paix et du développement de la Sierra Leone et envers le renforcement de la coopération sous-régionale et de l’action d’institutions comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union du fleuve Mano.  


Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, qui coprésidait cette session extraordinaire de la CCP, a assuré le Secrétaire général, les membres de la CCP et les partenaires bilatéraux et multilatéraux de la détermination de son gouvernement à s’impliquer dans la mise en œuvre de la Vision commune des Nations Unies.  Le Président Bai Koroma, en présentant son Programme pour le changement, a bien montré le lien qui existe entre la sécurité et l’emploi des jeunes, a-t-elle dit.  La Ministre a réitéré l’appel de son pays aux donateurs en vue de réaliser les objectifs du Fonds d’affectation spéciale, tels qu’adoptés à Londres, en octobre dernier.  Elle a exprimé le souhait de la Sierra Leone de s’engager sur tous les fronts pour avancer vers le changement et la consolidation de la paix durable.   


Présentant la Vision commune des Nations Unies pour la consolidation de la paix, M. MICHAEL VON DER SCHULENBURG, Représentant exécutif du Secrétaire général pour la Sierra Leone, s’est félicité d’une démarche qui va très loin dans l’intégration du système des Nations Unies puisque, pour la première fois, la CCP dispose d’une stratégie qui intègre les objectifs politiques et de développement.  Il a parlé de la Vision commune de la famille des Nations Unies, qui intègre les objectifs de 17 organismes onusiens et du BINUCSIL en matière de consolidation de la paix en Sierra Leone.  En intégrant 32 documents stratégiques en un seul document se concentrant sur cinq domaines prioritaires et 21 programmes, cette Vision commune servira de modèle pour les autres missions, a indiqué M. von der Schulenburg. 


Il a évoqué la nécessité d’une stratégie de sensibilisation du grand public, avec la participation de la société civile et les mouvements religieux.  Il a estimé que la Sierra Leone, avec ses 5 millions d’habitants, était un exemple d’un multilatéralisme qui fonctionne et qui peut faire la fierté de la Commission de consolidation de la Paix.  


Par ailleurs, il a rappelé l’importance du communiqué commun du 2 avril qui, selon lui, représente un exemple pour les autres pays de la sous-région et une preuve que des protagonistes peuvent se réconcilier, en surmontant leurs émotions.  Il a dit que le communiqué commun représentait l’essence de la consolidation de la paix, un exemple d’accord multipartite et d’intégration démocratique qui précise que toutes les parties doivent travailler ensemble pour consolider les institutions démocratiques sierra-léonaises.  Ce qui est important, a-t-il dit, c’est qu’il y a un consensus sur les grandes lignes politiques, dont, notamment, la construction d’une radio publique indépendante.  Il s’est aussi félicité du consensus existant en Sierra Leone sur la nécessité de lutter contre la menace de la drogue.  Il a salué l’exemple de l’initiative prise par les « Artistes pour la paix », qui vont interpréter le 13 juin, dans un grand stade, des chansons sur la paix dans différentes langues du pays devant plus de 40 000 jeunes.  Par rapport au passé, a ensuite estimé M. von der Schulenburg, le Programme pour le changement représente une évolution claire en matière de développement.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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