En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/3389

La Première Commission conclut son débat général au cours duquel une centaine de délégations ont parlé du nucléaire, des petites armes et du lien désarmement/développement

12/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3389
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

8eséance – après-midi


LA PREMIÈRE COMMISSION CONCLUT SON DÉBAT GÉNÉRAL AU COURS DUQUEL UNE CENTAINE DE DÉLÉGATIONS ONT PARLÉ DU NUCLÉAIRE, DES PETITES ARMES ET DU LIEN DÉSARMEMENT/DÉVELOPPEMENT


« Si les États-Unis continuent de menacer la République populaire et démocratique de Corée (RPDC), celle-ci n’aura d’autre recours que de renforcer sa dissuasion nucléaire », a déclaré le représentant de la RPDC, cet après-midi, au cours de la dernière séance du débat général de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.   


Si on souhaite une dénucléarisation de la péninsule de Corée, les États-Unis doivent mettre fin à leur politique hostile et remplacer « l’armistice instable » par un arrangement de paix durable, a encore dit M. Sin Son Ho, en souhaitant que soient liquidés « les restes de la Guerre froide » dans l’intérêt de la réunification des deux Corée. 


Cette réunion tenue cet après-midi par la Première Commission a également été l’occasion d’entendre le représentant du Pakistan solliciter la mise en place d’un nouveau dispositif international de non-prolifération basé sur la non-discrimination et sur des critères d’application universelle afin de pouvoir confronter les intentions à la réalité.  De son côté, l’Observateur de la Palestine, qui a rappelé que les enfants palestiniens continuaient de mourir des conséquences de l’utilisation d’armes à sous-munitions par les Israéliens, a souhaité que les objectifs de désarmement soient menés dans le plus grand respect du droit international humanitaire, dont les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels.


Le représentant du Liban a rappelé que les armes légères et de petit calibre (ALPC) restaient le principal problème à résoudre, étant donné que les 500 millions d’armes à feu en circulation à travers le monde causent chaque année entre 300 000 et 500 000 morts.  Les représentants du Zimbabwe, du Cameroun et du Togo ont fait le lien entre le désarmement et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en appelant la communauté internationale à soutenir les efforts des pays en développement dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Si le représentant de la Tunisie s’est dit convaincu que la course aux armements se faisait aux dépens de la satisfaction des besoins les plus élémentaires des populations civiles, ceux de Trinité-et-Tobago et des Maldives se sont inquiétés du potentiel de nuisance des organisations criminelles ou terroristes sur des petits États. 


De son côté, le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a indiqué que son pays avait détruit près de 100 000 armes légères et 472 tonnes de munitions en 2007 et 2008 et déminé 4,3 millions de mètres carrés.  Il a assuré que la RDC était déterminée à atteindre l’objectif du désarmement et de la paix avec le concours de toutes les nations du monde. 


La représentante de l’Union interparlementaire a, quant à elle, présenté les efforts déployés par cette organisation, qui vise à inviter les parlementaires du monde entier à passer à l’action pour assurer la ratification universelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ainsi que le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la réduction des stocks des armes nucléaires, le développement de zones exemptes d’armes nucléaires et le début de négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles et une convention globale d’interdiction des armes nucléaires.


Faisant usage du droit de réponse de sa délégation, la représentante de la République de Corée a dit que la République populaire démocratique de Corée, dont la délégation s’était plainte de la « menace » que fait peser sur son pays l’organisation régulière de manœuvres militaires américano-sud coréennes, était toujours informée à l’avance de la tenue de ces manœuvres conjointes Etats-Unis/République de Corée par le biais des canaux militaires appropriés. 


Dans sa déclaration de clôture du débat général, le Président de la Première Commission s’est félicité de la qualité d’un débat général qui a vu la participation d’une centaine de délégations en une semaine, avant de préciser que la liste des sept thèmes qui seront abordés à partir de demain, mardi 13 octobre, figure au document publié sous la cote A/C.1/64/CRP.1.      


La Première Commission entamera demain, à 15 heures, en salle de conférence 4, son débat thématique.


CONCLUSION DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


M. NHAMO MATAMBO (Zimbabwe) a d’abord rappelé que son pays souscrivait aux déclarations du Nigeria faites au nom du Groupe des États d’Afrique, et de l’Indonésie au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il s’est ensuite félicité de l’atmosphère positive qui règne aujourd’hui et des espoirs que suscitent en matière de désarmement l’adoption d’un programme de travail par la Conférence du désarmement, ainsi que les engagements des États-Unis et de la Fédération de Russie de réduire leurs arsenaux nucléaires et l’adoption de la résolution 1887 par le Conseil de sécurité, lors de sa réunion au sommet du 24 septembre 2009.  M. Matambo a également salué l’entrée en vigueur du traité de Pelindaba instaurant une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Afrique.  Rappelant toutefois le droit des pays à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, il a demandé que les pays d’Afrique bénéficient de cette énergie « sans contrainte, ni obstacle », pressant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de continuer à promouvoir le renforcement de la coopération technique entre puissances nucléaires et pays en développement.


M. Matambo a, par ailleurs, réitéré le soutien de son pays aux conventions interdisant les armes chimique, biologique et bactériologique, ainsi qu’au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a appelé les États non signataires de ces instruments juridiques à le faire au plus vite.  Le représentant a enfin rappelé que la circulation des armes légères et de petit calibre (ALPC) constituait une menace directe à la paix en Afrique.  Le Zimbabwe participera pleinement à la quatrième Réunion biennale des États sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite de ces armes.  Il participera aussi activement à la deuxième Conférence d’examen de la mise en œuvre de la Convention d’interdiction de l’usage, de la fabrication et du transfert des mines antipersonnel qui se tiendra à Carthagène, en Colombie, en novembre prochain.


M. JOSÉ IKONGO ISEKOTOKO (République démocratique du Congo) a indiqué que son pays avait participé à l’atelier de Gaborone (Botswana) du 25 au 29 septembre 2007 dont les travaux portaient sur la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, qui était consacrée aux efforts à fournir pour empêcher les acteurs non étatiques d’avoir accès à des armes de destruction massive.  Il a précisé que la RDC a créé un Comité de coordination de la lutte contre le terrorisme.  Il a ajouté que les activités nucléaires menées en RDC ne sont applicables qu’aux seules fins pacifiques et à la recherche agraire.  Il a annoncé la mise en place, dans les prochains jours, d’un Comité national du désarmement et de la sécurité nationale.  Il a rappelé que son pays a connu quatre millions de morts et que 2,3 millions de femmes ont été violées au cours des conflits qui y perdurent depuis un certain nombre d’années.


Le représentant de la RDC a indiqué que son pays avait détruit 97 666 armes légères et 472 tonnes de munitions au cours de la période 2007-2008, et que la destruction de la cent-millième arme interviendra fin octobre 2009, à Kinshasa.  Sur les 11 régions militaires que compte la RDC, sept sont couvertes par des opérations, a-t-il ajouté, en indiquant que la RDC est un pays de 2 millions 345 000 km2, qui partage 10 300 km de frontière avec neuf pays voisins.  S’agissant de la Convention d’Ottawa et de la lutte contre les mines antipersonnel, il a mentionné l’existence en RDC de 3 000 zones soupçonnées ou avérées être polluées par ces engins, alors que 4,3 millions de m2 ont déjà été déminés, et que 260 km de routes ont été dépolluées.  Il a cité la destruction de 3 079 mines terrestres, de 620 525 engins non explosés, et de 387 000 munitions.  Il a rappelé que le secteur des mines antipersonnel et des ALPC restait encore un chantier à achever pour la RDC dont aucune province n’est épargnée par l’existence de champs de mines et par la présence incontrôlée d’ALPC en raison de la porosité des frontières.  Il a assuré que la RDC était déterminée à atteindre l’objectif du désarmement et de la paix avec le concours de toutes les nations du monde.


M. FERDINAND NGOH NGOH (Cameroun) a indiqué que son pays souscrivait aux déclarations prononcées par le Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, et par l’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés.  M. Ngoh Ngoh s’est félicité du « contexte international porteur d’espoir » dans lequel se déroulent les travaux actuels de la Première Commission.  Il a en particulier salué les engagements pris par les États-Unis et la Fédération de Russie pour la réduction de leurs arsenaux, l’adoption d’un programme de travail par la Conférence du désarmement, l’adoption de la résolution 1887 par le Conseil de sécurité réuni au sommet le 24 septembre dernier et la création de ZEAN en Afrique et en Asie centrale.


Rappelant toutefois que « le monde dispose aujourd’hui de 23 000 armes nucléaires », M. Ngoh Ngoh a souligné la nécessité « d’aller au-delà des bonnes intentions proclamées ».  « Il est affligeant de constater que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur », a-t-il déploré, appelant les États non signataires à ratifier le texte au plus vite.  « La seule garantie contre la prolifération ou l’usage des armes nucléaires est leur destruction complète », a, par ailleurs, ajouté Ferdinand Ngoh Ngoh.  Le Cameroun a donc demandé aux puissances nucléaires de prendre des mesures concrètes pour la réduction, puis l’élimination de leurs arsenaux.  Il a également demandé le lancement « sans délai » de négociations sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires, a précisé le représentant.


Estimant ensuite que « les armes légères sont des armes de destruction massive » en raison du nombre de victimes qu’elles font chaque année, des menaces qu’elles font peser sur la paix et le développement, des encouragements à la criminalité qu’elles représentent, M. Ngoh Ngoh a réitéré le soutien total de son pays au Programme des Nations Unies pour prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des ALPC.  Favorable à un traité général sur le commerce des armes, le Cameroun sera coauteur d’un projet de résolution « visant à faire de cette initiative une réalité », a souligné le représentant.  Il s’est aussi félicité de l’ouverture à la signature de la Convention relative aux armes et munitions en grappe et de la tenue de la deuxième Conférence d’examen de la Convention d’interdiction des mines antipersonnel, prévue à Carthagène, en Colombie, le mois prochain.  M. Ngoh Ngoh a enfin réaffirmé le soutien du Cameroun aux activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale.


M. GHAZI JOMAA (Tunisie) a rappelé le lien entre le désarmement et le développement et a estimé que c’est l’un des défis majeurs à relever par la communauté internationale en vue de promouvoir l’éradication de la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il s’est dit convaincu que la course aux armements se faisait aux dépens des besoins les plus élémentaires des populations civiles.  Il s’est félicité des progrès réalisés lors de la troisième session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui s’est tenue à New York, du 4 au 15 mai 2009.  Il a salué l’organisation de la séance spéciale au sommet du Conseil de sécurité, le 24 septembre 2009, au cours de laquelle la résolution 1887 a été adoptée à l’unanimité.  Il a dit l’importance de l’entrée en vigueur en 2009 du traité de Pelindaba portant création d’une ZEAN en Afrique.    


M. Ghazi Jomaa a, par ailleurs, rappelé l’attachement de la Tunisie à la Convention d’interdiction des armes chimiques, en précisant que son pays accueillera, du 1er au 15 octobre 2010, le troisième exercice de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sur la fourniture d’une assistance aux pays qui en ont besoin.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques et à toxines, ainsi que des résultats de la troisième Réunion biennale des États chargés d’examiner l’application du Programme d’action relatif aux ALPC.  Il a regretté que sept ans après l’adoption de ce Programme, le nombre d’armes en circulation est plus élevé que jamais, du fait de la persistance des conflits armés et du crime organisé, ainsi que des violations des embargos sur les armes décidés par le Conseil de sécurité.  Il a précisé que la Tunisie a signé la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il a dit combien la Tunisie contribuait activement aux efforts des pays de la Méditerranée visant à faire du bassin méditerranéen une zone de dialogue, d’échanges et de coopération, garantissant la paix, la stabilité et la prospérité dans la région.


M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a indiqué que son pays souscrivait aux déclarations d’Haïti, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de l’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés.  Après s’être félicité des engagements pris par les États-Unis et la Fédération de Russie en vue d’une nouvelle réduction de leurs arsenaux nucléaires, M. Charles a rappelé les engagements pris par Trinité-et-Tobago en faveur de la non-prolifération, avec l’adhésion au TNP et, très récemment, la signature du TICE qui sera ratifié « dans un futur proche ».  Eden Charles est ensuite revenu sur les spécificités de son pays, gros producteur de produits chimiques.  Il a dit que, compte tenu des risques potentiels que ces produits présentent parce qu’ils peuvent être détournés de leur utilisation pacifique, son pays avait mis en place la législation nécessaire pour minimiser ces dérives.  Trinité-et-Tobago a ainsi signé la Convention d’interdiction des armes chimiques, biologiques et bactériologiques ou à toxines.  C’est dans ce cadre que les installations pétrochimiques du pays sont régulièrement contrôlées par l’OIAC, a rappelé M. Charles.


Abordant ensuite la question des armes légères, il a indiqué que pour Trinité-et-Tobago, comme pour tous les États des Caraïbes, la circulation de ces armes contribuait à la criminalité et à la déstabilisation politique, sociale et économique de chaque pays et de la région.  Il a donc réitéré l’appel lancé par le Premier Ministre de son pays devant la soixante-quatrième Assemblée générale, en faveur de la création d’un traité global sur le commerce des armes conventionnelles, avec l’aide des grands pays qui sont les principaux producteurs de ce type d’armes et ont donc « une responsabilité morale ».  Les efforts pour créer un traité global juridiquement contraignant, et instaurant des standards internationaux pour l’exportation, l’importation et le transfert des armes conventionnelles ne doivent pas être repoussés de délibérations en délibérations, a-t-il ajouté.  Pour conclure, M. Charles a réitéré le soutien de son pays au Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éradiquer les ALPC.


M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) s’est félicité des négociations en cours entre les États-Unis et la Fédération de Russie en matière de la réduction de leurs arsenaux d’armes nucléaires stratégiques.  Il s’est dit encouragé par l’organisation d’une session spéciale du Conseil de sécurité sur la non-prolifération nucléaire, en appelant les États Membres à progresser dans le domaine de la réduction des stocks d’armes et du renforcement des mécanismes de garantie afin de lutter contre la prolifération des matières radioactives et autres matières fissiles.  Il a précisé que les petits États n’avaient pas les moyens de faire face aux menaces émergentes, comme les différentes formes de terrorisme international et les activités de crime organisé.  Il a émis l’espoir que les efforts collectifs de la communauté internationale permettront d’éviter que les armes de destruction massive ne tombent aux mains des terroristes.  Il a estimé que le crime organisé et les organisations terroristes disposaient de plus de ressources que certains petits États.  M. Abdul Ghafoor Mohamed a ajouté que les ALPC fournissaient aux acteurs non étatiques les moyens de semer le chaos dans de nombreux pays et de déstabiliser des régions entières.  Il a souligné l’importance des travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur le commerce des armes, en espérant que l’avènement d’un traité sur le commerce des armes permettra d’éviter le détournement du commerce de ces outils à des fins illicites.  Il a évoqué l’adoption, l’année dernière, d’une nouvelle Constitution aux Maldives, ainsi que la mise en place d’une nouvelle législation pour renforcer les mécanismes de lutte antiterroriste et de contrôle des armes dans le pays. 


M. FADI ZIADEH (Liban) s’est félicité des signes positifs et de l’élan favorable observé ces derniers mois dans le domaine du désarmement.  Il a notamment cité les engagements des Présidents russe et américain en faveur d’une nouvelle réduction des arsenaux nucléaires de leurs pays; l’adoption par la Conférence du désarmement d’un programme de travail; et le vote unanime ayant permis l’adoption de la résolution 1887 par le Conseil de sécurité réuni au sommet le 24 septembre.  Pour M. Fadi Ziadeh, « cela reflète une volonté forte de la communauté internationale de dissiper les dangers qui mettent en péril la sécurité et l’existence de l’humanité et cela montre que le désarmement, dans tous ses aspects, est devenu une vraie priorité ».  Le représentant du Liban a également réitéré son soutien à deux résolutions de l’AIEA sur l’application du TNP, appelant Israël à ratifier le Traité et à soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l’Agence.  Le Liban a ratifié le TNP, signé le TICE, et il soutient la création d’un ZEAN au Moyen-Orient, a souligné M. Fadi Ziadeh.  Revenant ensuite sur la Conférence d’examen du TNP de 2010, il a estimé que c’était « une opportunité de montrer à nos peuples que les normes internationales ne sont pas appliquées avec deux poids deux mesures ».  « C’est une chance qui met à l’épreuve les intentions pacifiques déclarées », a-t-il ajouté, avant de demander aux puissances nucléaires de prendre des engagements concrets en vue de la réduction et de la destruction complète de leurs arsenaux « sans exiger de contreparties de la part des autres pays signataires du TNP ».


Abordant la question des armes légères, M. Fadi Ziadeh a considéré qu’elles constituaient « un autre défi au désarmement, parce qu’elles causent de 300 000 à 500 000 morts chaque année ».  Le représentant du Liban a donc appelé la communauté internationale à déployer d’avantage d’efforts pour soumettre la production, le stockage, l’importation, l’exportation et le transfert de ces armes à des normes internationales contraignantes.  Il a également demandé que des discussions sur une convention globale sur le commerce de ces armes puissent se dérouler « dans un climat favorable permettant de parvenir au consensus et à l’unanimité », et ce, afin « d’éviter ce qui s’est produit avec le TNP qu’Israël a refusé et refuse toujours de signer et de ratifier ».  Sur la question des mines antipersonnel et des armes à sous-munition, M. Fadi Ziadeh a accusé Israël d’avoir eu recours à ces armes à répétition lors de ses guerres et attaques successives contre le Liban.  « Pour que cette souffrance ne se répète pas et que d’autres pays ne connaissent pas cela, le Liban soutient toutes les conventions internationales interdisant l’usage de ces armes », a-t-il ajouté.  Il a aussi appelé tous les États à adhérer à ces textes, et en premier lieu, Israël. 


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée) a demandé l’élimination complète et totale des armes nucléaires à travers le monde.  L’appel des États-Unis à un monde sans armes nucléaires doit être salué s’il suppose le désarmement par les pays disposant du plus grand nombre d’armes nucléaires, a souligné M. Sin.  Il a estimé que la péninsule coréenne était une illustration des raisons pour lesquelles le désarmement nucléaire était toujours dans l’impasse.  Il a jugé utile de se rappeler quel pays avait déployé la première arme nucléaire sur la péninsule coréenne en 1957, alors que plusieurs milliers d’armes nucléaires menacent aujourd’hui la RPDC, sa souveraineté et son existence.  Il a déclaré que le chantage nucléaire a commencé avec la guerre de Corée, entre 1950 et 1953, et a fait des millions de refugiés de la bombe atomique qui sont aujourd’hui séparés entre le Nord et le Sud de la péninsule de Corée.  Il a rappelé que la RPDC a été désignée comme une cible de frappes nucléaires préventives en 2002, alors que les États-Unis continuaient d’effectuer des exercices militaires de grande ampleur dans la région impliquant des navires transportant des armes de destruction massive.


Le représentant de la RPDC a indiqué que le TNP appelait les États dotés d’armes nucléaires à démanteler leurs armes.  Il a regretté que le pays qui a introduit des armes nucléaires sur la péninsule de Corée essaie aujourd’hui de faire passer la RPDC pour un État qui serait en infraction face au TNP.  Le Conseil de sécurité, sous la pression des États-Unis, a considéré que notre lancement pacifique de satellite était un problème en le nommant « lancement de missile », a-t-il ajouté.  Il a indiqué que ce lancement avait été effectué dans le respect des procédures internationales.  Ce sont les États-Unis qui ont incité la RPDC à se lancer dans la confrontation nucléaire, a-t-il ajouté.  Si les États-Unis continuent à menacer la RPDC, il n’y aura pas d’autres moyens pour la RPDC que de renforcer la dissuasion nucléaire, a-t-il ajouté.  Si on souhaite dénucléariser la péninsule coréenne, les États-Unis doivent mettre fin à leur politique hostile et remplacer « l’armistice instable » par un arrangement de paix durable, a dit Sin Son Ho.  Le représentant de la RPDC a appelé à liquider les restes de la Guerre froide et à dénucléariser la péninsule de Corée dans l’intérêt de la réunification des deux Corée.  Il a appuyé le projet de résolution relatif au suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la licéité du recours à la menace de l’usage de l’arme nucléaire.  


M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a d’abord estimé que les travaux de la Première Commission se déroulaient dans un « environnement caractérisé par l’optimisme, après les différentes déclarations d’intentions, qui sont positives, et les engagements renouvelés en faveur du désarmement ».  Rappelant ensuite que le Pakistan avait toujours « épousé la cause du désarmement général et complet », il a souligné l’importance de confronter les intentions à la réalité pour atteindre les objectifs du désarmement et de la non-prolifération.  M. Akram a cité quatre réalités à prendre en compte.  La première concerne le déséquilibre des dépenses militaires « qui minent les tentatives d’établir la paix et la sécurité internationales ».  La seconde a trait aux contentieux régionaux, en particulier en Asie du Sud et au Moyen-Orient, qui poussent à une course aux armements et menacent les initiatives en faveur d’une résolution pacifique des conflits.  La troisième est liée aux dérogations aux normes de non-prolifération et à des régimes d’exception qui ont mis en cause la crédibilité et la légitimité du régime international de non-prolifération.  À cet égard, pour restaurer ce régime, le Pakistan a demandé un nouveau dispositif international basé sur la non-discrimination et des critères d’application universelle, a dit M. Akram.  Enfin, quatrième réalité, la tendance croissante qu’ont certains États de promouvoir leur sécurité via des mesures adoptées hors du cadre international multilatéral doit être examinée.


Pour le Pakistan, la poursuite d’un désarmement effectif ne peut se faire que dans le cadre multilatéral de la Conférence du désarmement, dont c’est la raison d’être, a dit le représentant.  Rappelant ensuite que l’accès à l’énergie nucléaire pour des raisons de développement socioéconomique était un droit de tous les États, Zamir Akram a expliqué que son pays, faute de disposer de source d’énergie fossile, avait besoin d’explorer toutes les sources d’énergie existantes, dont le nucléaire.  Soulignant par ailleurs que le Pakistan soutenait la résolution 1887 adoptée par le Conseil de sécurité, réuni au sommet, le 24 septembre, M. Akram a estimé que les questions de la vérification et de la non-conformité devaient être traitées dans le respect des accords internationaux et selon les mécanismes définis par ces textes.  Par conséquent, pour le Pakistan, les États qui s’arrogent le droit de définir leur propre approche, sur la base de leur évaluation de leur sécurité nationale, doivent aussi reconnaître le droit des autres États de décider librement de leur adhésion éventuelle aux instruments internationaux.  Aucun État ne peut aborder les questions du désarmement et de la non-prolifération sans prendre en compte ses préoccupations sécuritaires, a souligné le représentant.


Abordant ensuite la question du contrôle des armes conventionnelles, « qui ne peut se limiter au contrôle du commerce de ces armes », le représentant du Pakistan a estimé que « tout futur accord qui encadrerait le transfert de ces armes, sans prendre en compte la question de leur développement et de leur production, serait injuste pour les pays qui ne produisent pas de telles armes ».  La conclusion d’un accord serait difficile dans ces conditions, a ajouté M. Akram, avant de rappeler qu’au Pakistan « les terroristes et les militants » bénéficiaient de l’entrée illégale de ces armes dans le pays.  « Cela pose un vrai défi dans le contexte de nos opérations à la frontière avec l’Afghanistan », a-t-il précisé.  Il a donc demandé aux États producteurs de reconnaître leur responsabilité et de renforcer leur contrôle sur leurs exportations d’armements afin d’éviter que ces armes ne sortent du circuit légal et ne viennent alimenter le commerce illicite.


M. BATENGUE BANKOTINE (Togo) a présenté les efforts menés par son pays contre la prolifération des ALPC.  Il a mis l’accent sur l’importance du décret du 19 mars 2001 portant création de la Commission nationale de lutte contre la circulation des ALPC.  Il a dit que le Togo était un des pionniers du Moratoire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre la prolifération des ALPC.  Il a précisé que son pays était partie à la Convention sur la limitation de l’usage de certaines armes classiques frappant sans discrimination, à la Convention interdisant les mines antipersonnel, ainsi qu’à la Convention contre les armes chimiques et au TICE.  Le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique a énormément contribué à limiter la prolifération des ALPC dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, a-t-il ajouté, avant de solliciter une augmentation des ressources humaines et financières pour permettre à ce Centre de mieux remplir sa tâche.  Il a jugé indispensable la conclusion d’un traité sur le commerce des armes conventionnelles, en souhaitant que le projet de résolution appelant à l’adoption de ce texte sera sans ambigüité, afin d’éviter toute interprétation qui serait de nature à compromettre l’avenir de ce texte.    


M. AMMAR M. B. HIJAZI, Observateur permanent de la Palestine, a d’abord rappelé que l’Autorité palestinienne souscrivait aux déclarations de l’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a ensuite expliqué que les efforts en faveur du désarmement devaient être conduits dans le respect des principes du droit international humanitaire, en particulier des Conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels, « sinon nous risquons d’encourager certains États, qui violent le droit de la guerre et stockent illégalement des armes de destruction massive, à ne pas rendre de comptes et à ignorer les objectifs de la communauté internationale ».  Il est de la responsabilité de tous les États de ne pas transférer d’armes aux États qui violent le droit international, en particulier les puissances d’occupation ne respectant pas leurs obligations, et qui utilisent la force de manière excessive et sans distinction contre des populations civiles.  « Le comportement d’Israël pendant la guerre à Gaza est l’exemple à dénoncer », a ajouté M. Hijazi.


Soulignant ensuite que la lutte contre le commerce illicite des ALPC était aussi un défi important que la communauté internationale devait relever, il a appelé les États Membres à porter leur attention sur les États qui arment et entraînent des milices résidant illégalement dans des territoires occupés, commettant des agressions qui y terrorisent la population civile.  « Les violences des colons israéliens contre la population palestinienne des territoires palestiniens occupés est un bon exemple », a encore estimé M. Ammar Hijazi.  Évoquant également les armes conventionnelles, comme les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions ou celles contenant de l’uranium, qui ont été utilisées illégalement contre des civils, M. Hijazi a souligné leurs effets dévastateurs sur les populations civiles, avant de rappeler que des rapports des Nations unies attribuaient à Israël l’utilisation de telles armes lors du conflit à Gaza.  La Palestine soutient donc toutes les conventions, traités ou efforts internationaux visant à interdire l’utilisation de ces armes.  Pour conclure, M. Hijazi a abordé la question de la non-prolifération des armes nucléaires et non conventionnelles.  Estimant qu’elles représentaient la plus grave menace pour l’humanité, il a demandé que les engagements récents de la communauté internationale en faveur du désarmement soient accompagnés d’actions concrètes.  La Palestine regrette qu’Israël n’ait pas encore adhéré au TNP, ni soumis ses installations nucléaires au contrôle de l’AIEA, ni signé le TICE, a souligné l’Observateur permanent de la Palestine auprès de l’ONU.  Estimant que la création d’une ZEAN au Moyen-Orient était indispensable pour assurer la paix et la stabilité dans la région, M. Ammar Hijazi a appelé à « la fin de l’immunité totale dont jouit Israël » et a demandé l’application, à son égard, des 13 mesures pratiques adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000, ainsi que de la résolution adoptée par le Conseil général de l’AIEA sur les installations nucléaires israéliennes.


Mme ANDA FILIP, Observatrice de l’Union interparlementaire (IUP), a rappelé que les auditions parlementaires relatives aux relations internationales qui ont eu lieu aux Nations Unies en 2007 -avec la participation de 200 parlementaires issus de 70 pays- ont mis l’accent sur le désarmement et la non–prolifération nucléaires.  Elle a précisé que le Comité pour la paix et la sécurité internationales de l’IUP a été mandaté pour examiner le rôle des parlements afin de faire avancer le traitement de la question du désarmement et de la non-prolifération nucléaires et de permettre l’entrée en vigueur du TICE.  Elle a cité un projet de résolution soumis par l’Union interparlementaire à l’Assemblée générale des Nations Unies, qui appelle les parlementaires du monde entier à passer à l’action pour assurer la ratification universelle du TICE, le renforcement du TNP, la réduction des stocks d’armes nucléaires, le développement des ZEAN et le début de négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles, afin de parvenir à l’ouverture d’un débat sur une convention globale d’interdiction des armes nucléaires.   


Des membres des Parlements de l’Angola, de la Chine et du Pakistan ont fait part de leur expérience dans la mise en œuvre de législations relatives au transport et au transfert de matériels nucléaires, a précisé Mme Filip, avant de citer le travail accompli par des parlementaires du Costa Rica pour faire accélérer le processus de ratification du TICE par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  La coopération interparlementaire ne saurait être sous-estimée pour créer un monde exempt d’armes nucléaires, alors que les parlementaires jouent un rôle important pour stimuler la volonté politique, a-t-elle encore insisté.    


Droit de réponse


Faisant usage de son droit de réponse suite à l’intervention de la délégation de la République démocratique populaire de Corée, la représentante de la République de Corée a signalé que les exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la République de Corée étaient purement défensifs.  Elle a indiqué que la RPDC menait des exercices similaires.  Elle a dit que la RPDC était toujours informée à l’avance des manœuvres conjointes États-Unis/République de Corée par le biais des canaux militaires appropriés.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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