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AG/AB/3927

Les délégations de la Cinquième Commission se disent peu convaincues qu’une augmentation budgétaire de 0,5% puisse permettre à l’ONU de faire face à la complexité croissante de sa mission

30/10/2009
Assemblée généraleAG/AB/3927
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission

11eséance – matin


LES DÉLÉGATIONS DE LA CINQUIÈME COMMISSION SE DISENT PEU CONVAINCUES QU’UNE AUGMENTATION BUDGÉTAIRE DE 0,5% PUISSE PERMETTRE À L’ONU DE FAIRE FACE À LA COMPLEXITÉ CROISSANTE DE SA MISSION


La Cinquième Commission (chargée des questions administratives et budgétaires) a achevé, ce matin, son débat sur le projet de budget-programme de près de 5 milliards de dollars, pour l’exercice biennal 2010-2011, qui a été présenté hier par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  Les délégations ont souligné la nécessité pour l’ONU de disposer de ressources adéquates pour lui permettre de s’acquitter efficacement des mandats définis par l’Assemblée générale.


Un certain nombre de délégations ont regretté que le Secrétaire général ait suivi la pratique d’une « croissance zéro », alors que l’augmentation budgétaire est estimée à 0,5% par rapport à l’exercice biennal 2008-2009.  Cette pratique, ont-t-elles ajouté, restreint la capacité de l’ONU de mener ses activités.  Si la crise financière incite à faire preuve de prudence dans la gestion, elle ne justifie pas pour autant des réductions au budget ordinaire de l’Organisation, ont-elles fait remarquer. 


L’augmentation de 0,5% semble être « plus une volonté politique du Secrétariat que le souhait des États Membres », a relevé le représentant de la République islamique d’Iran, qui a été appuyé en ce sens par la République arabe syrienne.


Les États Membres ne doivent pas chercher à faire des économies dérisoires au détriment d’activités essentielles de l’ONU, a prévenu le représentant de Singapour.  Les États Membres sont en droit de demander une utilisation efficace des ressources, a-t-il réaffirmé, tout en soulignant qu’il ne faut pas confondre l’exercice de ce droit avec « une tendance à l’avarice ».  Le projet de budget-programme représente « moins d’un dollar par habitant de la planète, ce qui est dérisoire », a-t-il estimé.  Les délégations qui partageaient cet avis ont invité à prendre en compte la complexité croissante des activités des Nations Unies.


Un juste équilibre dans le budget ordinaire de l’ONU, entre les priorités et intérêts de tous les États Membres, a été prôné par toutes les délégations qui ont insisté sur la nécessité d’assurer des ressources adéquates aux activités de développement.  Plusieurs délégations ont regretté le niveau des ressources proposées pour ces activités, rappelant que le développement et la paix et sécurité sont interdépendants.


Le niveau du Compte pour le développement est un exemple du sous-financement dont souffrent les activités de développement, ont estimé les délégations.  On est loin de l’objectif des 200 millions de dollars devant alimenter ce Compte qui, à ce jour, ne reçoit que 18,6 millions de dollars, ont-elles fait observer.


Face à l’augmentation croissante des ressources allouées aux missions politiques spéciales des Nations Unies, les délégations ont regretté la tendance actuelle de financer ces missions en recourant à la méthode des « vases communicants », en prélevant du budget ordinaire les ressources qui leur sont nécessaires.  Le représentant de l’Égypte a proposé d’établir un compte spécial pour ces missions qui sont créées par le Conseil de sécurité et devraient être financées sur le modèle des budgets des opérations de maintien de la paix.


Les délégations ont vivement critiqué le fait que le montant des ressources extrabudgétaires, qui atteint 9,3 milliards de dollars, représente quasiment le double du budget ordinaire de l’ONU.  Les ressources extrabudgétaires ne doivent pas s’ajouter aux ressources régulières, a affirmé le représentant du Brésil.


Le représentant de l’Algérie a prévenu contre le risque de la dépendance massive de l’ONU des contributions volontaires.  Cette tendance structurelle, a-t-il précisé, pourrait se traduire, à moyen terme, par un système à deux vitesses avec, d’une part, le domaine « paix et sécurité » constituant un noyau dur d’activités dotées de ressources statutaires et, d’autre part, le développement qui serait couvert par des fonds, institutions et programmes des Nations Unies financés par des contributions volontaires.  Ces ressources extrabudgétaires sont soumises à la seule discrétion et aux seules priorités des bailleurs de fonds privés et publics, a-t-il rappelé.


En fin de séance, les représentants du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe des États d’Afrique ont regretté l’absence du Secrétaire général, hier et aujourd’hui, au cours du débat consacré à l’examen du projet de budget-programme qu’il a présenté.  Mme Angela Kane, Secrétaire général adjointe à la gestion, a expliqué les raisons de son absence qui, a-t-elle dit, sont liées à l’attentat perpétré hier à Kaboul.  Elle a assuré que le Secrétaire général suit de près l’examen du projet de budget-programme par la Cinquième Commission et accorde de l’importance aux positions exprimées par toutes les délégations.


La prochaine séance plénière de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal de l’ONU.


PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2010-2011 (A/64/6 INTRODUCTION, A/64/86, A/64/7, A/64/201, A/64/203 ET A/64/203/ADD.1)


Fin du débat général


M. LOY HUI CHIEN (Singapour) a jugé essentiel que les activités dont l’ONU est chargée soient financées de manière appropriée.  Il a recommandé que les États Membres ne cherchent pas à faire des économies dérisoires et négliger ainsi des domaines importants.  Les États Membres sont en droit de demander une utilisation efficace des ressources financières, a-t-il dit, tout en reconnaissant qu’il ne faut pas confondre ce droit avec une tendance à l’avarice.  Compte tenu de la complexité croissante des activités des Nations Unies, la tendance à trop restreindre le budget ne nous paraît pas souhaitable, a-t-il estimé.  Rappelant que le budget proposé représente une croissance de 0,5% par rapport à la période biennale précédente, il a fait observer que cela constitue moins d’un dollar par habitant de la planète, ce qui est dérisoire par rapport aux budgets des pays industrialisés.  Il a donc appelé à examiner de manière approfondie les demandes de crédits et leurs justifications.  Il faut aussi renforcer le pilier « développement » au sein des Nations Unies, a-t-il demandé, soulignant que l’on ne peut lui accorder une place moins importante que pour les deux autres piliers que sont la « paix et sécurité » et « les droits de l’homme ».  Le représentant a aussi noté que l’objectif des 200 millions de dollars pour le compte de développement est loin d’être atteint.  Le budget des missions politiques spéciales a augmenté de façon exponentielle, a-t-il fait remarquer.  Tout en reconnaissant l’utilité de ces missions, il a cependant estimé que le montant des crédits demandés est disproportionné.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que les Nations Unies ne pouvaient plus avoir un budget ordinaire qui ne traite pas de manière équilibrée ses trois piliers que sont la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.  Elle a  ajouté que le budget actuel n’accorde pas la place requise au développement, notant que le projet de budget-programme reflète deux tendances, à savoir un besoin croissant de contributions régulières de la part des États Membres pour financer les missions politiques spéciales, et un recours important aux ressources extrabudgétaires pour le financement d’autres activités prioritaires.  Le Brésil ne partage pas l’opinion selon laquelle les activités concernant le maintien de la paix et la sécurité devraient être financées par les quotes-parts des États Membres, alors que les activités liées à la défense des droits de l’homme et au développement seraient financées par des contributions extrabudgétaires.


La représentante a estimé que les activités clefs de l’Organisation ne devraient pas être financées par des fonds extrabudgétaires, mais plutôt par des fonds réguliers et prévisibles.  Les ressources extrabudgétaires doivent être un complément et non pas un supplément des ressources régulières, a-t-elle rappelé.  Constatant que l’ONU est de plus en plus sollicitée dans la réalité actuelle, la représentante a estimé que les États Membres avaient alors la responsabilité de lui donner les moyens de réaliser sa mission.  Par conséquent, les coupes budgétaires arbitraires ne se justifient pas, a-t-elle dit, en particulier pour les activités de développement de l’Organisation.  Elle a indiqué que sa délégation ne partageait pas l’avis selon lequel, grâce à des économies réalisées dans un souci d’efficacité, il faudrait réduire les financements de certains mandats légitimes et approuvés par l’Assemblée générale et de les assurer de préférence par des contributions volontaires ou les fonds alloués par des donateurs.  Les États Membres ont la responsabilité collective de garantir le financement adéquat à tous les mandats approuvés par toutes les instances intergouvernementales, a précisé la déléguée.


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que le budget-programme des Nations Unies doit refléter le caractère international de l’Organisation, et démontrer de quelle manière les départements concernés travaillent en vue de la réalisation des objectifs et priorités prédéfinis.  Le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 doit pouvoir justifier le montant des ressources à engager, a-t-il ajouté.  De l’avis de sa délégation,  le niveau des ressources demandées doit permettre à l’Organisation de s’acquitter de manière efficace et efficiente de tous ses mandats sans avoir à recourir à des ressources extrabudgétaires.  Il a constaté que toute tentative de la part du Secrétariat de procéder à des coupes budgétaires ou de fixer des plafonds budgétaires n’est pas entérinée par une décision de l’Assemblée générale.  À cet égard, il a cité le cas des ressources allouées aux activités de développement qui sont d’ores et déjà sous-financées.  Il a estimé en outre que le taux récurrent de croissance budgétaire de 0,5% semble être plus une volonté politique que le souhait des États Membres.  Rappelant que le Sommet mondial de 2005 avait chargé les Nations Unies de jouer un rôle de chef de file pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le délégué a regretté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 ne reflète pas cette priorité.  « Le développement est la pierre angulaire de cette Organisation », a-t-il affirmé, et par conséquent, c’est une attente légitime que de voir des ressources adéquates allouées aux activités de développement.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes, a-t-il fait remarquer, précisant que l’augmentation prévue pour les ressources budgétaires est de zéro pour cent pour la promotion de coopération internationale et du développement, tandis qu’elle représente 5,2% pour les questions relatives aux droits de l’homme et affaires humanitaires et 3% pour les affaires politiques.  Il a également invité le Département de l’information de l’ONU (DPI) à revitaliser son rôle et à promouvoir l’image de l’Organisation en mettant l’accent sur les activités de l’ONU sur le terrain.  Le rôle du DPI ne doit pas se cantonner à « limiter les dégâts », mais se consacrer surtout aux avantages du multilatéralisme, a-t-il précisé.


M. ADE PETRANTO (Indonésie) a déclaré que sa délégation était en faveur d’un budget basé sur les résultats.  L’efficacité des Nations Unies doit se traduire par la capacité de l’Organisation à remplir tous ses mandats dans de bonnes conditions, a-t-il ajouté.  Constatant qu’au cours des dernières années, le principe budgétaire établi visait à assurer « la croissance zéro », le délégué a estimé que cela ne devrait pas être une fin en soi et ne constituait pas nécessairement une preuve de bonne gestion.  Compte tenu de la demande croissante des services de l’ONU, cela exposerait plutôt l’Organisation aux critiques selon lesquelles elle est plus un forum de discussions que d’actions concrètes, a-t-il fait remarquer.


Avec une appréciation renouvelée de l’importance du multilatéralisme, les États Membres se doivent de doter l’ONU des ressources lui permettant de satisfaire leurs attentes, a précisé le représentant, citant notamment la réalisation des OMD.  Il a regretté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 ne reflète pas correctement cette priorité de l’Organisation, ajoutant que la plupart des activités liées au développement y étaient financées par des ressources extrabudgétaires.  L’Indonésie espère que cette réalité soit adressée et corrigée.  Elle souhaite en outre qu’à l’avenir, le Secrétariat renonce à adopter une approche budgétaire fragmentée de manière à permettre aux États Membres d’avoir une vue d’ensemble des besoins budgétaires de l’Organisation avant de prendre leurs décisions.


M. TOMMO MONTHE (Cameroun) a relevé que les propositions budgétaires soumises par le Secrétaire général interviennent à la suite de plusieurs réformes importantes de programmes, décidées par l’Assemblée générale.  Il a cité notamment le renforcement du Département des affaires politiques, le renforcement des activités liées au développement, la réforme de la gestion des ressources humaines et encore le passage aux normes IPSAS de gestion.  Il a estimé que le projet de budget aurait dû incorporer de façon systématique des indications sur les ressources affectées à l’application de chaque nouvelle initiative.


Abordant la question des ressources proposées, le représentant a reconnu que le montant de presque 5 milliards de dollars pourrait paraître excessif, mais il a invité à le resituer dans le contexte mondial où beaucoup de ressources sont consacrées aux armes.  Certes, la crise économique et financière mondiale actuelle incite à des restrictions budgétaires et à la prudence de gestion, a-t-il admis, mais elle n’explique pas complètement la parcimonie de financement dont est l’objet le budget ordinaire.  Il a noté que l’augmentation estimée à 0,5% pour l’exercice biennal 2010-2011 risque d’être plus élevée du fait de nombreuses ressources additionnelles.  Sa délégation, a-t-il dit, ne peut appuyer la pratique qui vise à présenter un budget avec des données incomplètes et qui constitue une « budgétisation progressive ».  Cela déstabilise l’examen du budget et fausse la prévision dans le paiement des contributions par les États Membres, a-t-il fait remarquer.


M. Monthe a aussi dénoncé la « culture de déséquilibre » dans l’élaboration du budget.  Concernant les ressources extrabudgétaires, il a admis l’utilité des contributions volontaires qui se chiffrent à 9,3 milliards de dollars contre près de 5 milliards pour le budget ordinaire.  Il a estimé qu’elles ne devraient pas remettre en cause l’autorité des États Membres dans la définition des priorités.  M. Monthe a aussi demandé que le pilier « développement » soit traité de façon égale avec les deux autres piliers –« paix et sécurité » et « droits de l’homme »- et que la répartition géographique des postes soit plus juste pour les ressortissants des pays du Sud.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur la difficulté de recouvrer les ressources destinées à l’appui des Nations Unies au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  S’agissant du financement du Centre sous-régional pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, il s’est félicité de la proposition de l’augmenter de 11 408 300 dollars.


M. ABDUL HAMEED (Pakistan) a réaffirmé le rôle crucial que jouait l’Assemblée générale pour le suivi de la planification et du financement de tous les mandats des Nations Unies.  Pour sa délégation, le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 devrait donner un tableau d’ensemble de toutes les activités mandatées assorties des estimations financières.  Il a regretté que le projet de budget-programme dont les délégations sont saisies, qui est un outil de gestion, ne réponde pas à cette exigence.  Notant que le montant des ressources extrabudgétaires prévu pour 2010-2011 s’élève à 9,3 milliards de dollars, soit en augmentation de 7,8% par rapport à l’exercice précédent, le délégué a regretté que ces ressources soient essentielles au financement de certaines activités de l’Organisation.  Le représentant a estimé que toutes les activités faisant l’objet d’un mandat des Nations Unies devraient être financées exclusivement par des contributions au budget régulier de manière à leur garantir des financements sûrs et que l’on peut anticiper.


M. Hameed a également demandé que le projet de budget-programme prévoie une allocation plus équilibrée des ressources entre les trois piliers des activités des Nations Unies que sont « la paix et la sécurité », « le développement » et « les droits de l’homme ».  Il a regretté que les activités liées au développement soient sous-financées.  À cet égard, il a souligné que le Compte pour le développement qui devrait initialement être financé à hauteur de 200 millions de dollars, n’a pas dépassé les 18,6 millions de dollars, et a souhaité que le Secrétariat fournisse des précisions à ce sujet.  Sa délégation invite aussi le Secrétariat à pourvoir, au plus vite, les postes vacants dans tous les lieux d’affectation.  Avec un taux de vacance de 8,4% pour les postes de catégorie professionnelle, selon les estimations du CCQAB, il faut s’attendre à des incidences négatives sur les programmes de l’ONU, a-t-il prévenu.


M. FARID DAHMANE (Algérie) a estimé que la proposition du budget-programme des Nations Unies est à la fois un outil de gestion et le reflet des ambitions qu’ont les États Membres à l’endroit de l’Organisation et la vision qu’ils veulent imprimer à ses priorités, ses activités et à son fonctionnement.  L’Algérie réaffirme, de ce fait, l’importance de la dimension intergouvernementale dans le processus de préparation et d’adoption du budget.  Le représentant a souhaité que le Secrétariat présente un projet de budget le plus exhaustif possible, qui reprenne toutes les composantes des dépenses en un seul corpus, afin d’avoir l’image la plus complète et de permettre une meilleure comparaison entre les chiffres des différents exercices.  En outre, il a estimé qu’il faut enrayer le déséquilibre qui s’opère au fil des exercices budgétaires au détriment du pilier « développement ».  Une telle tendance risquerait de remettre en cause, à moyen terme, la vocation universelle et multisectorielle des Nations Unies, a-t-il prévenu.  Face à l’augmentation croissante des ressources allouées aux missions politiques spéciales (SPM) des Nations Unies, le délégué, tout en reconnaissant que la création d’un compte séparé pourrait être utile, s’est dit peu convaincu qu’elle puisse régler le fond du problème constitué par le jeu de vases communicants, au profit des SPM qui tendent à prélever des ressources pour leur compte au détriment d’autres activités. 


C’est pourquoi, le représentant a estimé que l’application d’un taux de croissance zéro au budget ordinaire est non réalisable et peu souhaitable, compte tenu du fait qu’une telle démarche risque de se concrétiser au détriment d’activités de première importance qui concernent, en priorité, les pays en développement.  Allant dans le même sens, il a constaté l’importance des contributions volontaires extrabudgétaires, et le recours massif à ces dernières aux fins de subvenir aux activités de développement.  Il est d’avis que cela est de nature à diminuer la régularité et la prévisibilité que garantit idéalement le budget ordinaire.  L’autre risque de cette tendance structurelle est, a fait remarquer le représentant de l’Algérie, de se retrouver avec un système à deux vitesses, avec les domaines de la paix et de la sécurité constituant un noyau dur d’activités dotées de ressources statutaires et le développement couvert par des fonds, institutions et programmes pour lesquels l’affectation et la disponibilité des ressources seront soumises à la seule discrétion et aux seules priorités des bailleurs de fonds privés et publics.  L’Algérie appelle en outre à une mobilisation d’un financement conséquent, dans le cadre du budget ordinaire, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le NEPAD, a indiqué le représentant avant de conclure.


M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a souhaité que le budget de l’ONU reflète bien la réalité et permette de répondre aux besoins de développement, en particulier pour les pays en développement ayant des besoins spéciaux comme les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.  Il a exhorté tous les États Membres à payer leurs contributions à l’ONU, dans les délais et sans condition.  Concernant la présentation du projet de budget, il a invité à plus d’innovation afin de simplifier son examen et de permettre une vue d’ensemble.  Le représentant a ensuite regretté que le budget proposé ne consacre pas assez de crédits aux activités de développement et que le Compte pour le développement atteigne seulement 0,38% du budget ordinaire.  Le développement est étroitement lié à la paix et à la sécurité, a-t-il rappelé.


M. Momen a aussi fait observer que l’adoption d’un budget dont l’augmentation est limitée comporte des risques.  Toute mesure d’austérité en matière budgétaire ne peut que mettre en péril le bon fonctionnement de l’Organisation des Nations Unies, a-t-il prévenu.  Notant que les ressources extrabudgétaires augmentent chaque année, atteignant presque le double du budget ordinaire pour l’exercice biennal 2010-2011, le représentant a souhaité que tous les États Membres puissent discuter de l’allocation de ces ressources additionnelles.  M. Momen s’est par ailleurs inquiété du manque d’attention qui est portée au Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, et les petits États insulaires en développement.  Depuis la création de ce Bureau, il y a eu des appels en faveur de son renforcement afin de lui permettre de s’acquitter efficacement du mandat défini par l’Assemblée générale dans sa résolution 56/227.  Il a fait remarquer qu’en application de mesures de restructuration, le Haut Représentant doit s’acquitter de trois mandats distincts.


M. MOHAMED FATHI EDREES (Égypte) a regretté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 dont la Cinquième Commission est saisie est incomplet, ce qui signifie que l’enveloppe budgétaire actuelle de près de 5 milliards de dollars sera largement dépassée pour pouvoir financer les activités qui feront l’objet de demandes budgétaires supplémentaires.  Il a demandé que cela ne se fasse pas en empruntant des fonds alloués à d’autres activités et que cela ne se fasse pas au détriment de l’intérêt des pays en développement.  L’Égypte souhaite que le projet de budget-programme de l’ONU reflète les trois grands piliers de ses activités de manière équilibrée, faisant observer que le projet de budget-programme dont sont saisis les membres de la Cinquième Commission montre que les ressources allouées aux activités liées au développement demeurent insuffisantes.  Le budget des SPM affecte de manière négative le budget ordinaire, a-t-il estimé.  Il faudrait établir un compte spécial pour ces missions, qui sont créées par le Conseil de sécurité, et les financer sur le modèle des budgets des opérations de maintien de la paix, a-t-il préconisé.


S’agissant des activités en matière de maintien de la paix, la délégation égyptienne appuie les propositions du Secrétaire général, en particulier celle relative au Bureau pour l’évaluation des dégâts provoqués par la construction du mur de séparation dans le Territoire palestinien occupé.  Elle regrette par ailleurs que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 ne prévoie aucune augmentation pour le NEPAD.  Pour ce qui est de la coopération régionale pour le développement, le représentant de l’Égypte a fait sienne la position du CCQAB selon laquelle les commissions régionales doivent développer une stratégie pour accélérer leur processus de recrutement et pourvoir les postes vacants.


M. YASSAR DIAB (République arabe syrienne) a souhaité que l’ONU soit en mesure de mener à bien ses mandats, tels que définis par ses principaux organes et ses organes subsidiaires, et que le projet de budget-programme prévoie des ressources suffisantes à cette fin.  Il s’est dit préoccupé par l’enveloppe budgétaire globale qui suit une pratique de croissance zéro, sans décision préalable de l’Assemblée générale à ce sujet.  Cette pratique restreint l’ONU dans sa capacité de mener ses activités, a-t-il estimé, avant de réaffirmer le rôle de l’Assemblée générale, par le biais de sa Cinquième Commission, dans l’examen approfondi des politiques et principes régissant les ressources humaines.  Il a remercié le CCQAB pour ses remarques sur le projet de budget, tout en s’inquiétant de celles qui concernent le cadre logique du projet de budget-programme et celles sur les résultats escomptés.  L’Assemblée générale avait adopté le cadre logique du budget, a-t-il rappelé.


Le représentant a aussi noté le déséquilibre qui existe entre les ressources devant être allouées aux trois domaines clefs de l’ONU, à savoir « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement ».  Il a cité le financement élevé des activités des SPM et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, sans parallèle pour les activités de développement.  Il a donc demandé une affectation juste entre les trois piliers dans les prochains projets de budget ordinaire.  Le représentant a exprimé son plein appui au Département des affaires économiques et sociales (DESA) qui est la clef de voûte des activités de développement à l’ONU, ainsi qu’aux commissions économiques régionales qui jouent un rôle constructif pour l’intégration des priorités dans les économies nationales.  En ce qui concerne les ressources affectées à la formation, il a demandé une répartition équitable pour tout le personnel des Nations Unies.


M. MEHMET YENER (Turquie) a reconnu que le budget de l’ONU est un outil essentiel et stratégique lui permettant d’accomplir son mandat.  Il a souhaité que chaque ressource et chaque dépense soient définies afin de présenter un projet de budget-programme précis, et que les dépenses correspondent à une réalité clairement expliquée.  Le représentant a aussi demandé que l’on suive avant tout une logique, par rapport à la situation économique actuelle, sans chercher à être optimiste ou pessimiste.  Le représentant a insisté sur la nécessité de respecter le principe de l’équilibre.  Il faut tenir compte des difficultés économiques actuelles, a aussi recommandé M. Yener.  Il a constaté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 ne présente pas une vision réelle des dépenses prévisibles, dans la mesure où il ne tient pas compte des ressources additionnelles qui seront demandées par la suite.  Cette pratique est contraire aux principes budgétaires agréés, a-t-il souligné, avant d’inviter à respecter strictement la discipline budgétaire.  Il faut que l’ONU évite d’augmenter les dépenses, sauf pour les cas urgents, a-t-il aussi demandé. 


M. JORGE VALERO (Venezuela) a souhaité que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 traduise un bon équilibre entre les priorités et les intérêts de tous les États Membres.  Tout en notant que certains postes ont plus que doublé et même triplé depuis 2000, il a constaté qu’au contraire, le domaine du développement reste au même niveau malgré l’accent mis par l’Assemblée générale sur cette question.  Il a souligné la nécessité d’allouer les ressources nécessaires pour permettre à l’ONU de mener les activités approuvées par les États Membres.  Il a ensuite insisté sur l’importance de la représentation géographique équitable et de la parité entre les sexes dans le recrutement du personnel de l’ONU.  Il a noté à cet égard le déséquilibre au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Le représentant s’est aussi inquiété que, plus de 10 ans après la création du Compte pour le développement, l’on soit encore loin de l’objectif de lui verser 200 millions de dollars, alors que dans le même temps, les ressources pour les affaires politiques sont passées de 259 millions de dollars en 2000 à plus d’un milliard pour l’exercice biennal 2010-2011.  Insistant sur la nécessité de soutenir les activités de développement, M. Valero a rappelé que les pays développés, dont l’aide publique au développement (APD) est essentielle, doivent redoubler d’efforts pour que cette aide atteigne l’objectif de 0,7% de leur produit national brut (PNB). 


M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que son pays, comme les autres pays africains, est confronté à des difficultés pour réaliser les OMD.  La lutte contre la faim, le paludisme, le sida et les difficultés d’accès au marché international sont toujours au centre des priorités en Tanzanie, et c’est pourquoi, son pays se tourne vers les Nations Unies pour établir un partenariat en vue de faire face à ces défis, a expliqué le représentant.  Il a également reconnu le rôle de l’Organisation des Nations Unies pour assurer la paix et la sécurité en Afrique et, à cet égard, il s’est félicité du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  C’est dans ce cadre que sa délégation lance un appel aux États Membres afin qu’ils donnent davantage de moyens au Conseil de sécurité pour financer les opérations de maintien de la paix dont il autorise le déploiement, a indiqué le représentant.  La Tanzanie souhaite en outre obtenir des éclaircissements de la part du Secrétariat sur l’application de certains mandats visant à appuyer les efforts de développement de l’ONU en Afrique, notamment en ce qui concerne le poste de Conseiller spécial pour l’Afrique qui est toujours vacant, a-t-il ajouté.


M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a souligné la nécessité d’examiner le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 dans le contexte de la situation financière grave de l’ONU, qui résulte du non-paiement par certains États Membres de leurs contributions.  Il a souhaité que le projet de budget-programme traduise les priorités définies par l’Assemblée générale dans sa résolution 63/266.  Il s’est inquiété de l’augmentation insuffisante du budget, qui ne représente que 0,5% par rapport à l’exercice biennal 2008-2009, avertissant que l’ONU risque de ne pas pouvoir exécuter les mandats qui lui ont été confiés par l’Assemblée générale.  Le représentant a ensuite rappelé que le Sommet mondial de 2005 a réaffirmé le rôle central que jouent les Nations Unies dans le domaine du développement.  À cet égard, il a demandé aux États Membres d’alimenter le Compte pour le développement qui ne représente que 0,38% du budget ordinaire, appelant aussi à lui trouver un nouveau mode de financement.  Le représentant a souligné qu’il faudrait accorder le même rang de priorité à tous les mandats définis par l’Assemblée générale.  M. Kapambwe a également mis l’accent sur la nécessité de respecter les principes de répartition géographique équitable et de la parité entre les sexes dans le recrutement du personnel des Nations Unies.


M. SANJAY NIRUPAM (Inde) a déclaré que le budget ordinaire des Nations Unies n’est pas seulement un outil de gestion mais aussi un instrument faisant autorité pour les activités et programmes prioritaires mandatés par les États Membres et qui sont traduits en termes financiers.  Par conséquent, ce budget ordinaire doit être dynamique et doit permettre de faire face aux besoins nouveaux de l’Organisation.  Le représentant a regretté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 soit à nouveau établi de manière fragmentaire et ne donne pas un tableau d’ensemble des programmes et activités de l’ONU.  Ce budget est statique et ne reflète pas les besoins des pays en développement qui ont été le plus durement touchés par la crise économique et financière actuelle, a estimé M. Nirupam.  Même si la prudence budgétaire est à l’ordre du jour, l’Inde estime qu’on ne peut pas imposer une austérité budgétaire qui aille à l’encontre de la mission des Nations Unies, à savoir la promotion de la croissance économique et du développement et le maintien de la paix et de la sécurité mondiales.  Le délégué a aussi noté que l’augmentation constante des ressources allouées aux missions politiques spéciales, et qui sont prélevées sur le budget ordinaire, donne l’impression aux États Membres que le budget ordinaire augmente lui aussi de manière régulière. 


Dans le contexte d’austérité budgétaire, le financement de ces missions se fait alors au détriment du développement, a constaté le délégué.  Il a expliqué que l’argument invoqué est que les activités de développement sont déjà adressées par le biais des fonds et programmes ou sur une base bilatérale.  Le représentant a rejeté cet argument et a réitéré que le Secrétariat des Nations Unies ait sa propre place dans l’architecture internationale pour le développement.  Sa délégation, a-t-il ajouté, ne comprend pas que les États Membres semblent s’indigner davantage de l’augmentation de 22,4 millions de dollars seulement proposée pour le budget ordinaire de l’exercice biennal 2010-2011, que de celle de 781,5 millions estimée pour les ressources extrabudgétaires.  IL a estimé qu’il faut se pencher sur cette nouvelle tendance du recours aux ressources extrabudgétaires pour mieux comprendre pourquoi les États Membres acceptent plus facilement de contribuer aux budgets spéciaux qu’au budget ordinaire.


Mme CLAUDIA CORTI (Argentine) a appelé à respecter l’équilibre entre les trois piliers de l’ONU que sont les « droits de l’homme », « la paix et la sécurité » et « le développement », insistant sur le lien entre les deux derniers.  Elle a souhaité que des stratégies de sortie soient élaborées pour les opérations de maintien de la paix, afin d’éviter aux pays sortant de conflit de retomber dans les situations qui ont conduit à la création de ces opérations.  Elle a ensuite souligné la nécessité de donner des ressources suffisantes à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour lui permettre de s’acquitter de son rôle dans le règlement pacifique des différends, et a regretté que la demande de création de postes ne soit pas soutenue par le CCQAB.  S’agissant du Comité sur les effets des rayonnements ionisants, elle a estimé utile de le doter de ressources suffisantes pour lui permettre de fonctionner efficacement.  Les programmes en matière de développement doivent constituer une priorité pour les Nations Unies, a-t-elle ajouté, appelant à un meilleur financement du Compte pour le développement.  Avant de conclure, la représentante a appuyé la demande de reclassement du responsable du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l’homme au rang de Sous-Secrétaire général.


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a noté que le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011 n’est qu’en très légère augmentation par rapport à l’exercice précédent.  Compte tenu des répercussions de la crise économique et financière actuelle qui est aggravée par la crise alimentaire et la propagation de certaines maladies, le représentant a estimé que le montant proposé ne permet pas à l’ONU de s’acquitter de ses mandats de manière réaliste.  Le représentant du Viet Nam a regretté que les activités liées au développement, l’un des trois piliers pour les Nations Unies, aient fait l’objet de coupes budgétaires en faveur des deux autres domaines, « la paix et la sécurité » et « les droits de l’homme ».  Sa délégation, a-t-il ajouté, souhaite obtenir des justifications à ce sujet.  Il a préconisé que l’Organisation procède à des économies drastiques dans le domaine des charges administratives et fasse une meilleure utilisation des technologies de l’information afin de dégager les ressources nécessaires pour financer les activités de développement qui profitent, a-t-il rappelé, à un très grand nombre de pays.  Sa délégation, a-t-il dit avant de conclure, partage l’opinion du CCQAB qui recommande que l’Organisation des Nations Unies axe ses efforts sur la présentation d’un budget basé sur les résultats et sur une gestion basée sur les performances.


M. MAGID YOUSIF YAHYA ELHAG (Soudan), intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a regretté que le Secrétaire général ait décidé de ne pas entendre les États Membres s’exprimer sur le projet de budget-programme qu’il a présenté, alors que cette question doit être sa priorité pendant cette session.  Il a émis l’espoir que les observations des intervenants lui seront dûment transmises.  Il a aussi pris note de la déclaration du Secrétaire général qui assure avoir consulté des représentants d’États Membres sur la question des délégations budgétaires limitées.  Cette question, a-t-il souligné, est importante dans la mesure où tous les États Membres de l’ONU doivent participer à ce processus.


Mme ELSA PATAKA (Angola), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a appuyé la déclaration faite par le représentant du Soudan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Elle a regretté que le Secrétaire général ait quitté la salle avant d’entendre les représentants des groupes régionaux.


Répondant à ces observations, Mme ANGELA KANE, Secrétaire générale adjointe à la gestion, a indiqué que le Secrétaire général avait prévu d’être présent au cours du débat pour entendre les délégations s’exprimer sur le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2010-2011.  Cependant, a-t-elle rappelé, le tragique attentat de Kaboul hier a contraint le Secrétaire général à modifier son programme de travail.  Il a d’ailleurs tenu une réunion, ce matin, avec le personnel sur la question de la sécurité, a-t-elle précisé.  Il a aussi rencontré la veuve d’une des victimes qui était au Siège de l’ONU.  Le Secrétaire général suit de très près le débat sur le budget ordinaire de l’ONU, a assuré Mme Kane.  Il sera dûment informé des observations formulées par les 34 orateurs d’hier et aujourd’hui, dont six au nom de groupes d’États Membres.  Mme Kane a noté que les délégations ont regretté le déséquilibre de financement entre les trois domaines clefs de l’ONU et a reconnu que le budget doit être plus cohérent.  La présentation de manière fragmentaire du projet de budget-programme a aussi été critiquée, a-t-elle constaté, tout en rappelant que les réformes en cours ne rendent pas la tâche facile.  Elle a aussi apprécié que les délégations aient mis l’accent sur l’augmentation considérable des ressources extrabudgétaires qui entraîne un déséquilibre de financement des activités de l’ONU.  Elle a enfin remercié les délégations pour l’appui qu’elles ont exprimé en faveur des activités menées par l’Organisation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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