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AG/AB/3907

Cinquième Commission: les délégations débattent de la situation financière « mitigée » de l’ONU

22/05/2009
Assemblée généraleAG/AB/3907
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission

47e séance – matin


CINQUIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS DÉBATTENT DE LA SITUATION FINANCIÈRE « MITIGÉE » DE L’ONU


Les délégations de la Cinquième Commission (chargée des questions administratives et budgétaires) ont commenté, ce matin, la situation financière de l’ONU, une semaine après la présentation par la Secrétaire générale adjointe à la gestion, Mme Angela Kane, du rapport du Secrétaire général sur la question*. 


Mme Kane avait notamment indiqué que la situation financière au titre du budget ordinaire au 7 mai 2009, par rapport à celle qui prévalait au 7 mai 2008, décrivait à la fois une hausse du montant des contributions mises en recouvrement et une hausse du montant des contributions acquittées.


Le montant des contributions non acquittées à cette date était ainsi supérieur de 216 millions de dollars à ce qu’il représentait une année auparavant.  Mme Kane avait également indiqué que des arriérés d’un montant de 1,5 milliard de dollars dus au 7 mai 2009 étaient concentrés sur un petit nombre d’États Membres, au premier rang desquels les États-Unis, qui doivent à eux seuls plus de 94% du montant total.  La situation à la fin de 2009 dépendra en grande partie des mesures qui seront prises par ces États Membres, avait-elle estimé.


Le Contrôleur des Nations Unies, M. Jun Yamazaki, a expliqué que depuis le 7 mai, plusieurs versements ont été effectués, comprenant les 136 millions de dollars et les 12 millions de dollars payés par les États-Unis et le Brésil au titre du budget ordinaire ainsi que les 192 millions de dollars payés par le Japon au titre du budget du maintien de la paix.


Le représentant du Japon, qui est le contributeur le plus important après les États-Unis, est intervenu pour exprimer sa préoccupation face à l’augmentation continue du budget ordinaire de l’ONU.  Il est « si important aujourd’hui que de plus en plus de pays ont du mal à s’acquitter de leur contribution », a-t-il fait remarquer.  Le représentant a noté que si le montant des contributions non acquittées était supérieur de 216 millions de dollars au 7 mai par rapport à l’an dernier, cela était dû au fait que le budget ordinaire de 2009 a augmenté de 619 millions de dollars pour permettre en particulier le financement des missions politiques spéciales. 


Le représentant a également souligné que le budget du maintien de la paix qui dépasse les 8,2 milliards de dollars, représentait à présent un « poids énorme » pour les États Membres.  Il a souhaité qu’au cours de la présente reprise de session de la Cinquième Commission, les délégations réfléchissent aux moyens de rendre les opérations de maintien de la paix à la fois « plus économiques et plus efficaces ». 


Confirmant que son pays avait effectué le 14 mai dernier un versement de « 192,6 millions de dollars » au titre du budget du maintien de la paix, ce qui ramène le montant de sa dette à 73,5 millions de dollars, il a par ailleurs demandé que les montants dus aux pays ayant fourni des contingents soient versés dans les meilleurs délais, conformément au règlement en vigueur.


D’autres délégations, à l’instar de celle de Singapour, ont estimé que les difficultés financières rencontrées de manière récurrente par l’ONU étaient évitables.  Elles ont souligné à ce propos que les États Membres qui se heurtent à des difficultés pour payer leur contribution, étaient ceux contribuant pour une part modeste au budget ordinaire de l’ONU. 


Ainsi, pour le représentant de Singapour, « la vraie raison qui explique la situation financière mitigée de l’Organisation est le retard dans le paiement des quotes-parts par les principaux contributeurs ».  Il a demandé que le Secrétariat mette en œuvre les mesures adaptées à une gestion « réellement transparence et responsable des ressources financières » de l’ONU afin de donner à celle-ci les moyens de s’acquitter de ses mandats. 


Le représentant du Soudan, qui s’exprimait du nom du Groupe des 77 et de la Chine, a de son côté jugé que la situation financière de l’ONU était imputable pour l’essentiel à « un seul État Membre ».  Cette situation expose, a-t-il prévenu, l’Organisation à des risques de manque de liquidités dans les prochains mois.


Pour sa part, l’Union européenne, représentée par la République tchèque, a considéré que la situation financière des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda était « pire que celle de l’an dernier », marquée par des contributions non acquittées d’un montant de 158 millions de dollars.  La représentante tchèque s’est également dite inquiète de ce que seulement 84 États Membres aient payé, au 7 mai 2009, leurs contributions au titre du Plan-cadre d’équipement. 


Dans son rapport, le Secrétaire général indique qu’à cette date, 185 États Membres ont versé au total 1 milliard 48 millions de dollars, le solde non acquitté s’élevant ainsi à 139 millions de dollars.  En outre, un certain nombre d’États Membres qui n’avaient pas opté pour un règlement unique de leur contribution ont néanmoins effectué des versements anticipés totalisant 118 millions de dollars.  Le Secrétaire général regrette que sept États Membres n’aient, à ce jour, effectué aucun versement au titre du Plan-cadre d’équipement.


La délégation de la Norvège a pris la parole en fin de séance pour assurer que son pays venait de verser le montant intégral de sa contribution au titre du financement du Plan-cadre d’équipement.


Par ailleurs, les États-Unis et Cuba ont exercé leur droit de réponse.  La représentante américaine a notamment déclaré que son pays prenait très au sérieux ses responsabilités internationales.  Elle a également annoncé qu’après avoir effectué un versement de 136 millions de dollars au titre du budget ordinaire, les États-Unis allaient bientôt s’acquitter de la totalité de leur contribution au titre du budget du maintien de la paix. 


La prochaine réunion plénière de la Cinquième Commission aura lieu le mardi 26 mai, à 10 heures.


*         Document publié sous la cote: A/63/514/Add.1.  Voir également le communiqué de presse publié sous la cote: AG/AB/3904.


AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES


Débat général


M. MOHAMED YOUSIF IBRAHIM ABDELMANNAN (Soudan), intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a noté avec préoccupation qu’au 7 mai 2009, les arriérés relatifs au budget ordinaire s’élevaient à 1,5 milliards de dollars.  Cette situation, imputable pour l’essentiel à un seul État Membre, expose l’Organisation à des risques de manque de liquidités dans les prochains mois, a-t-il dit.  S’agissant du budget du maintien de la paix, le représentant a souhaité que les deux principaux contributeurs, le Japon et les États-Unis, honorent leurs engagements financiers au titre du budget de ces opérations, dont le montant total des contributions non acquittées s’élève à un peu moins de 2,9 milliards de dollars.  Le Groupe demande à ces pays de n’épargner aucun effort pour permettre aux opérations de maintien de la paix de remplir leur mandat.  Le représentant a également fait remarquer que l’Organisation devait près d’un milliard de dollars aux pays contributeurs de troupes, principalement en raison d’un manque de liquidités dans plusieurs missions et de la lenteur à laquelle s’effectue le remboursement par le Secrétariat.  Avant de conclure, il a insisté pour que des efforts soient faits pour renforcer la marge d’action de l’Organisation des Nations Unies en lui assurant les ressources financières et humaines pour remplir efficacement dans les délais impartis ses mandats.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme IVANA KRAHULCOVA (République tchèque) s’est félicitée qu’à la fin de 2008, 146 États Membres avaient réglé leurs contributions au budget ordinaire de l’Organisation.  « Nous sommes cependant préoccupés par le montant des contributions en recouvrement des années précédentes, qui s’élève à 417 millions de dollars au 7 mai 2009 ».  S’agissant des opérations de maintien de la paix, l’Union européenne note avec préoccupation que les contributions non acquittées fin 2008 atteignaient 2 milliards et 884 millions de dollars, ce qui représente une augmentation par rapport à l’année précédente.  Même si la situation financière des budgets des opérations de maintien de la paix révèle une amélioration au 7 mai 2009, le montant des contributions non acquittées demeure alarmant, a dit Mme Krahulcova.  La représentante a appelé les États Membres à payer leurs contributions de manière à permettre à l’Organisation de relever les défis difficiles auxquels elle fait face et de mettre en œuvre les mandats des opérations de maintien de la paix.  L’Union européenne est d’avis que les soldes des comptes des opérations de maintien de la paix clôturées devraient être retournés aux États Membres et ne pas être retenus par l’Organisation.  La représentante a noté que la situation financière des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda est pire que celle de l’an dernier, avec des contributions non acquittées d’un montant de 158 millions de dollars, a-t-elle fait observer.  Sa délégation, a ajouté Mme Krahulcova, s’inquiète du fait que seulement 84 États Membres aient payé, au 7 mai 2009, leurs contributions au titre du Plan-cadre d’équipement.


M. PAUL BALLANTYNE (Nouvelle-Zélande), s’exprimant également au nom de l’Australie et du Canada (CANZ), s’est dit encouragé par l’augmentation du nombre d’États Membres s’étant acquittés pleinement de leurs obligations financières au titre du budget ordinaire de l’ONU à la fin de 2008 par rapport à l’exercice précédent.  Sa délégation note, toutefois, qu’à la fin de 2008, 46 États Membres, soit quasiment un quart de la totalité des États Membres de l’ONU, n’ont pas versé intégralement leur quote-part, a-t-il dit.  Le représentant a souligné la nécessité pour tous les États Membres de s’acquitter de leurs obligations financières en versant, comme le demande la Charte des Nations Unies, l’intégralité de leur contribution en une fois et sans condition.  Il a ensuite reconnu que la situation financière internationale actuelle exerçait une pression particulière sur certains gouvernements.  Le représentant a cependant invité tous les États Membres à briser le cycle des arriérés qui pénalise l’exécution des mandats de l’ONU ainsi que les pays contributeurs de troupes qui, a-t-il dit, doivent faire face à des retards pris dans les remboursements. 


S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. CARLOS RUIZ MASSIEU (Mexique) a mis l’accent sur le fait que la bonne santé financière de l’ONU est indispensable pour qu’elle puisse mettre en œuvre ses mandats.  L’amélioration relative de la situation en 2008 par rapport à 2007 est appréciable, a-t-il dit, avant de s’inquiéter du renversement de tendance à l’œuvre, principalement en raison de l’expansion des opérations de maintien de la paix.  Faisant observer que plusieurs pays de sa région ne s’étaient toujours pas acquittés de leurs obligations financières à ce titre, le représentant a exhorté donc les pays qui ne l’ont pas encore fait à verser l’intégralité de leurs quotes-parts.  Pour ce qui est du Plan-cadre d’équipement, le représentant a également encouragé les États Membres à soutenir sa mise en œuvre en versant leurs contributions.  Le représentant a cependant fait observer que la crise financière et économique n’aidait pas les États Membres à faire face à leurs obligations financières à l’égard de l’ONU.  M. Massieu a réaffirmé qu’il faudrait veiller à ce que les contributions soient versées dans les temps, rappelant l’obligation qu’ont tous les États Membres de verser leurs contributions intégralement et dans les délais fixés, en fonction du barème de quotes-parts établi par les Nations Unies.


M. LOY HUI CHIEN (Singapour) a estimé que les difficultés financières rencontrées de manière systématique par l’ONU étaient évitables.  Le représentant a reconnu que certains États Membres se heurtent à des difficultés pour payer leur contribution, en faisant cependant observer que la plupart de ces pays contribuent pour une part modeste au budget ordinaire de l’ONU.  La vraie raison qui explique la situation financière mitigée de l’Organisation est le retard pris par ses principaux contributeurs dans le versement de leur quote-part, a-t-il ajouté, en préconisant que le Secrétariat mette en œuvre les mesures adaptées à une gestion réellement transparente et responsable de ses ressources financières. 


Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a estimé qu’il était très difficile qu’un seul État Membre puisse s’octroyer le droit de juger les autres alors qu’il ne s’acquitte pas de ses obligations financières.  L’engagement de Cuba en faveur du multilatéralisme se manifeste non seulement par son attachement aux valeurs consacrées dans la Charte des Nations Unies, mais aussi par le respect de ses obligations financières, a-t-il fait remarquer.  L’impossibilité pour Cuba d’utiliser le dollar rend difficile la manière dont il doit s’acquitter de ses obligations financières à l’égard de l’ONU et doit donc recourir à des pays tiers pour s’acquitter de ses contributions, ce qui pose parfois des problèmes avec certaines institutions financières, a-t-elle expliqué.  La représentante a ensuite exprimé sa préoccupation devant l’augmentation exponentielle des budgets des opérations de maintien de la paix, qui atteignent désormais 8,2 milliards de dollars.  La déléguée de Cuba a regretté que l’assistance au développement social économique fournie par l’ONU ne bénéficie pas du même soutien que le maintien de la paix, ce qui pose des problèmes pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. KEN MUKAI (Japon) a fait part de la préoccupation de son pays face à l’augmentation continue du budget ordinaire de l’ONU, qui est si important aujourd’hui que de plus en plus de pays ont du mal à s’acquitter de leur contribution.  Comme l’indique Mme Angela Kane dans son exposé, le montant des contributions non acquittées était supérieur de 216 millions de dollars au 7 mai par rapport à l’an dernier.  Cela est dû au fait que le budget ordinaire de 2009 a augmenté de 619 millions de dollars, notamment pour assurer le financement des missions politiques spéciales, a-t-il précisé.  De l’avis de sa délégation, il incombe au Secrétaire général de préparer un budget pour 2010-2011 qui donne une vision claire des besoins et des priorités de l’Organisation pour les deux prochaines années. 


Le représentant a également souligné que le budget du maintien de la paix, qui dépasse les 8,2 milliards de dollars, représentait désormais un fardeau énorme pour les États Membres.  Il a souhaité qu’au cours de la présente reprise de session de la Cinquième Commission, les délégations réfléchissent aux moyens de rendre les opérations de maintien de la paix à la fois plus économiques et plus efficaces.  Il a ajouté que son pays avait effectué, le 14 mai dernier, un versement de 192,6 millions de dollars au titre du budget du maintien de la paix, ce qui ramène le montant de sa dette à 73,5 millions de dollars.  Il a par ailleurs demandé que les montants dus aux pays ayant fourni des contingents soient versés dans les meilleurs délais, conformément au règlement en vigueur.


M. IGOR N. SHCHERBAK (Fédération de Russie) a déclaré que la situation de l’Organisation des Nations Unies continuait d’être instable malgré une amélioration sensible en 2008 par rapport à 2007.  Le volume des quotes-parts non versées au titre des budgets des opérations de maintien de la paix a augmenté, a-t-il fait observer, ajoutant que même en pleine crise économique, tous les États Membres devraient s’acquitter de leurs obligations financières pour permettre à l’ONU d’exécuter ses mandats.


Mme YU HONG (Chine) s’est félicitée de l’amélioration de la situation financière des Nations Unies en 2008 par rapport à 2007.  La plupart des États Membres ont versé leurs quotes-parts et se sont acquittés de leurs obligations financières en vertu de la Charte des Nations Unies, a-t-elle relevé.  La représentante a souligné que tous les États Membres devraient s’y soumettre dans les délais prescrits.  Elle a aussi souhaité que l’élaboration du budget de l’ONU vise à assurer une plus grande efficacité et transparence.  C’est pourquoi, elle a souligné qu’il était nécessaire pour l’ONU de procéder à une utilisation optimale des ressources existantes.  En dépit des catastrophes naturelles qu’elle a subies depuis une année, la Chine a réglé ses quotes-parts et s’acquitte de ses obligations financières à l’égard de l’ONU pour que celle-ci puisse exécuter ses mandats, a fait remarquer la représentante.


M. BRUNO BRANT (Brésil) a souhaité que le Secrétariat de l’ONU fournisse à la presse dans la mesure du possible des informations à jour sur l’état des paiements effectués par les États Membres.  Son pays, a-t-il rappelé, a versé après le 7 mai un montant de 12 millions de dollars au titre des budgets des opérations de maintien de la paix. 


Droits de réponse


La représentante des États-Unis a réagi à la déclaration de Cuba en déclarant que son pays prenait très au sérieux ses responsabilités internationales.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, ont accru les possibilités de contact entre les Cubains à Cuba et les Cubains vivant hors du pays, y compris pour faciliter des échanges dans les milieux d’affaires, a-t-elle dit, en insistant sur le fait que les États-Unis restaient attachés à la promotion de la liberté de conscience partout dans le monde.  Pour ce qui est de la situation financière de l’ONU, a-t-elle poursuivi, les États-Unis viennent d’effectuer un versement de 136 millions de dollars et ont payé toutes le sommes dues au titre du budget ordinaire de 2008.  La représentante a également indiqué que les États-Unis allaient bientôt s’acquitter, comme ils l’ont annoncé récemment, de leur contribution au titre du maintien de la paix.  Les États-Unis demeurent aux côtés de l’ONU pour œuvrer en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationale.


Le représentant de Cuba a répliqué en disant que les mesures annoncées par les États-Unis étaient superficielles, car « le régime de sanctions contre Cuba reste inchangé ».  Comme le demande chaque année la majorité des États Membres, ce « blocus unilatéral » doit être levé, a-t-il dit.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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