ENV/DEV/1035

FORUM DE L’ONU POUR LES FORÊTS: L’EFFICACITÉ DE LA RÉPONSE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EXIGE UNE MISE EN ŒUVRE COORDONNÉE DES TROIS CONVENTIONS DE RIO

21/04/2009
Conseil économique et socialENV/DEV/1035
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts

Huitième session

4e et 5e séances – matin et après-midi                      


FORUM DE L’ONU POUR LES FORÊTS: L’EFFICACITÉ DE LA RÉPONSE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EXIGE UNE MISE EN ŒUVRE COORDONNÉE DES TROIS CONVENTIONS DE RIO


Les participants à la huitième session du Fonds des Nations Unies pour les forêts (FNUF) ont reconnu, aujourd’hui, la nécessité de mieux coordonner la mise en œuvre des trois « Conventions de Rio » sur la désertification, les changements climatiques et la biodiversité, pour apporter une réponse forte et unie aux défis posés par le réchauffement de la planète.


Pour les intervenants aux débats, qui portaient sur les forêts dans un monde en évolution et les contributions régionales*, la quinzième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tiendra à Copenhague en décembre prochain, devra tenir compte du rôle pivot des forêts dans l’atténuation de l’impact écologique et socioéconomique de la dégradation du climat.


Le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Jan Heino, a même affirmé qu’il ne saurait y avoir de régime post-Kyoto après 2012 sans gestion durable des forêts. 


Notant que les recommandations du Partenariat de collaboration sur les forêts et de la FAO sur la contribution des forêts au développement rejoignaient la réflexion menée par le FNUF, M. Heino a plaidé pour un rapprochement des organisations spécialisées afin d’aider les responsables politiques réunis à Copenhague à prendre des décisions « informées ».


« Ces dernières années, la déforestation aura été responsable de 65% des émissions de gaz à effet de serre dans les pays les moins avancés (PMA) », a expliqué le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales, M. Thomas Stelzer. 


« Or, les forêts forment un milieu complexe dont sont tirés des produits et des services essentiels à la vie », a déclaré M. Heino. Le Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB), M. Ahmed Djoghlaf, lui a emboité le pas en rappelant que les forêts abritaient les deux tiers de la biodiversité terrestre, plus d’un milliard et demi de personnes vivant directement de leurs usages. 


« Les forêts, gérées de manière durable, seront déterminantes dans la lutte contre la désertification », a-t-il affirmé, qualifiant les systèmes forestiers de « fondations de l’infrastructure "verte" » du XXIe siècle ». 


Appelant à son tour les conventions multilatérales sur l’environnement à relever ensemble les défis posés par la conjonction des crises économique et climatique, Ahmed Djoghlaf a de plus souhaité que les communautés autochtones jouissent des droits fonciers nécessaires à une exploitation « efficace » des forêts, dont il a préconisé que les politiques soient élaborées en s’appuyant sur les connaissances traditionnelles.


Le Brésil et la Colombie, ont considéré que la réalisation des « objectifs d’ensemble sur les forêts » -augmenter les surfaces des forêts protégées; soutenir l’aide publique au développement en faveur de la gestion durable des forêts; inverser la tendance à la déforestation et accroître les bienfaits sociaux et environnementaux d’une économie fondée sur les ressources forestières- devait aller de pair avec la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le FNUF a par ailleurs entendu des présentations d’initiatives régionales et sous-régionales sur les forêts faites par le Président des hauts fonctionnaires de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) chargés de la foresterie ou par un expert des États-Unis sur la biodiversité en Amérique latine.


La prochaine réunion du Forum aura lieu demain, mercredi 22 avril, à 10 heures.


*Documentation parue sous les cotes suivantes: E/CN.18/2009/8; E/CN.18/2009/3; E/CN.18/2009/16; E/CN.18/2009/18


LES FORÊTS DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION ( E/CN.18/2009/8 )


Les forêts et le changement climatique ( E/CN.18/2009/4 )


Inverser le processus de déforestation, prévenir la dégradation des forêts dans tous les types de forêts et lutter contre la désertification, en particulier dans les pays à faible couvert forestier ( E/CN.18/2009/5 , E/CN.18/2009/6 et E/CN.18/2009/7 )


Les forêts et la protection de la diversité biologique, y compris les zones protégées


Table ronde sur le thème « Forêts et biodiversité, y compris les zones protégées »


M. THOMAS STELZER, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales, a ouvert la discussion en indiquant que le FNUF devait s’attaquer à l’examen approfondi des interactions complexes entre la gestion durable des forêts et les problèmes liés aux dysfonctionnements de l’économie mondiale.  Il a notamment évoqué la situation dans les pays en développement, qui subissent plus que les autres les effets néfastes de la crise financière.  Dans certains de ces pays, a-t-il dit, les peuples n’ont eu d’autres choix que de se lancer dans une exploitation effrénée des ressources forestières, sapant l’environnement de ces milieux vitaux.  L’intervenant a ajouté que la déforestation, la désertification, les changements climatiques et la perte de la biodiversité menaçaient l’existence même des forêts ainsi que l’habitat naturel de milliards de personnes.  Treize millions d’hectares de forêts ont été abattus entre 2000 et 2005, ce qui a correspondu, en 2004, à une libération record de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, a expliqué M. Stelzer, qui a indiqué que, de façon générale, la déforestation était responsable de 35% des émissions de dioxide de carbone (CO2) dans les pays en développement et de 65% dans les pays les moins avancés (PMA).


Le Sous-Secrétaire général a ensuite souligné que d’ici à 2020, 135 millions de personnes allaient devoir quitter leur communauté en raison de la désertification et de la dégradation des sols.  Seuls des moyens financiers adaptés à l’ampleur du défi climatique permettront d’éviter aux pays en développement un avenir encore plus difficile que la situation actuelle.  Il est désormais acquis que la gestion durable des forêts peut contribuer à atténuer l’impact socioéconomique des changements climatiques, par le biais en particulier du reboisement et d’un effort accru et coordonné en matière de protection de la biodiversité et de la lutte conjointe contre la déforestation et la désertification, a affirmé M. Stelzer.  Un investissement soutenu sur le long terme aura en outre pour effet positif de générer de nouveaux emplois « verts » dans les zones rurales et d’appuyer les programmes de développement dans de nombreux pays pauvres, a-t-il encore dit.  Il a estimé que, dans ce cadre, l’instrument contraignant du FNUF sur tous les types de forêts devait être le catalyseur de la mise en œuvre des objectifs d’ensemble sur les forêts, cela en liaison avec l’application des autres conventions multilatérales sur l’environnement. 


M. AHMED DJOGHLAF, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, a indiqué d’emblée que les forêts abritaient les deux tiers de la biodiversité terrestre, plus d’1,6 milliards de personnes vivant directement de l’exploitation des ressources forestières.  Ceux sont les forêts, qui, gérées de manière durable, auront le premier rôle à jouer dans la lutte contre la désertification, a ajouté le conférencier.  M. Djoghlaf a estimé que le débat actuel sur les changements climatiques montrait clairement que les forêts peuvent être beaucoup plus que de simples moyens de capter le carbone.  Les forêts doivent être envisagées comme les véritables fondations de l’infrastructure « verte » du XXIe siècle, a-t-il dit, appelant toutes les conventions multilatérales sur l’environnement à œuvrer de concert à la réponse aux défis posés par la conjonction des crises économique et climatique.  Il a indiqué à ce propos que son Secrétariat compilait actuellement des informations sur les liens entre la biodiversité des forêts, les changements climatiques et la résistance des écosystèmes. 


Il a également noté que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Partenariat pour les forêts avaient mis au point une stratégie commune, « ce qui démontre la volonté des grandes organisations de contribuer ensemble au débat sur le climat et la biodiversité ».  Le conférencier a ensuite estimé que, dans l’optique de la Conférence sur le climat qui se tiendra cette année à Copenhague, il fallait axer la réflexion sur des recommandations ayant trait aux moyens de conservation des forêts primaires qui jouent un rôle critique dans la prévention des émissions de gaz à effet de serre et de la perte de la biodiversité.  La réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts passe par une gestion durable et le reboisement, a-t-il ajouté.  M. Djoghlaf a lui aussi souhaité que les communautés rurales et autochtones puissent jouir des droits fonciers nécessaires à une exploitation « efficace » des forêts, dont il a souhaité que les politiques soient élaborées en tenant compte des connaissances traditionnelles.


M. LUC GNACADJA, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), a expliqué que la désertification est le résultat de la dégradation des sols.  Elle résulte de l’effet combiné d’une gestion non viable due à des facteurs humains et climatiques, a-t-il précisé.  Il a donné sa propre définition de la désertification, qui est la perte à long terme des écosystèmes et de leurs fonctions, provoquée par des troubles que le système ne peut pas maîtriser.  En Afrique et en Asie, les causes de ce phénomène résident dans les pâturages et des méthodes d’agriculture non viables.  Il a noté une diminution de la couverture des forêts moyennes du monde, passée de 23% à 19% entre 1981 et 2006.  Mais, en parallèle, il s’est réjoui d’une amélioration des sols, comme au Sahel qui devient plus vert.  Cela est dû non seulement à une meilleure pluviométrie mais aussi aux mesures favorables qui ont été prises, a-t-il indiqué.  Il a rappelé que, du fait de la forte croissance démographique dans certaines parties du monde, qui dépasse parfois 3%, il va y avoir une pression de plus en plus forte sur les sols.  Les combustibles agricoles font aussi pression sur les sols, a-t-il ajouté.


Abordant la question des obligations des parties selon l’UNCCD, qui compte 193 États parties, soit la Convention des Nations Unies la plus ratifiée, il a indiqué que 64 pays sont déclarés affectés par la désertification.  En application de la Convention, les programmes d’action nationaux ont été complétés dans 98 pays membres, a-t-il signalé.  Il a aussi rappelé que les États développés parties à la Convention se sont engagés à apporter une aide financière aux pays en développement.  M. Gnacadja a ensuite parlé de la stratégie sur 10 ans qui permet de trouver les moyens d’appliquer la Convention.  Elle prévoit notamment d’améliorer les conditions des écosystèmes affectés et de mobiliser les ressources en passant par des partenariats.


Sur la question des partenariats à mettre en place pour assurer la gestion durable des forêts, l’expert a indiqué que l’utilisation des sols pour l’agriculture et la foresterie doit se fonder sur des évaluations scientifiques, notamment sur la capacité des terres.  Nous sommes sur le point d’adopter des indicateurs dans ce sens, a-t-il annoncé.  Il a aussi invité à l’intégration de la gestion durable des forêts et des sols, dans les politiques nationales et régionales.  Enfin, a-t-il souligné, les pays à faible couverture de forêts doivent être étudiés en priorité.


M. JAN HEINO, Directeur général adjoint de la FAO, a évoqué le Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), dont le cadre stratégique a été élaboré conjointement avec la FAO.  L’un des buts du Partenariat est d’envoyer aux négociateurs qui se réuniront à Copenhague un message commun sur le rôle des forêts dans l’adaptation aux changements climatiques, a-t-il précisé.  Nous faisons des recommandations pour que le secteur forestier contribue de manière optimale au développement durable, a-t-il dit, notant que les travaux conjoints du PCF et de la FAO étaient proches de ceux du FNUF.  Resserrer les liens entre organisations servira aux décideurs politiques à prendre des décisions importantes en vue de l’instauration du nouveau régime, a-t-il ainsi répété. 


Pour M. Heino, les forêts et les arbres doivent être au cœur du régime post-Kyoto, car il ne saurait y avoir de progrès écologique sans gestion durable des forêts.  Il a plaidé pour une mise en œuvre coordonnée du Plan d’action de Bali, de l’instrument non contraignant du FNUF et des autres initiatives multilatérales sur l’environnement, les objectifs à atteindre étant indissociablement liés entre eux.  Les forêts sont plus que des moyens de stocker le CO2, elles forment un milieu complexe dont sont tirés des produits et des services essentiels à la vie, a-t-il ensuite dit.  Nous pouvons, en améliorant l’exploitation des ressources forestières, renforcer la protection des écosystèmes et assurer des moyens de subsistance à des millions de personnes, a ainsi considéré M. Heino, pour qui la réalisation des objectifs d’ensemble sur les forêts doit aller de pair avec ceux portant sur l’élimination de pauvreté, au premier rang desquels les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le panéliste a conclu en préconisant de mieux coordonner les sources de financement en vue d’orienter les ressources mobilisées vers l’effort de reboisement, d’élargissement des zones protégées, d’inversion de la dégradation des sols et, enfin, de remplacement des combustibles fossiles par des combustibles biologiques.


Mme MARIA SANZ-SANCHEZ, Administratrice à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a lu un message de M. Yvo de Boer, le Secrétaire exécutif de la Convention, dans lequel ce dernier demande aux organisations internationales et autres parties prenantes de s’unir en vue de réaliser le potentiel vital des forêts pour atténuer l’impact des changements climatiques.  M. de Boer estime qu’il est à présent urgent de renforcer les capacités techniques et institutionnelles et de fournir l’assistance technique et financière adéquate pour permettre aux pays en développement de répondre aux défis de la déforestation.  Ce faisant, nous contrôlerons en outre plus efficacement les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il dit, demandant que cet effort collectif implique les communautés rurales et autochtones, indispensables selon lui à chaque étape du processus de gestion durable des forêts.


Après ces déclarations liminaires, M. GUSTAVO FONSECA, du Secrétariat du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), a dit continuer ses activités pour reconstituer un fonds qui a déjà financé avec succès divers projets forestiers.  Nous sommes en train de participer à un processus qui mènera au cinquième cycle de reconstitution, en juin 2010, a-t-il signalé.  Le représentant du Suriname a encouragé les pays donateurs à aider le FFEM.


Les pays se mobilisent pour sauver des banques et des entreprises face à la crise financière alors que la protection des forêts ne suscite pas le même engagement, a renchéri le représentant de la République démocratique du Congo (RDC).  Souhaitant que soient prises des mesures plus concrètes, il a estimé qu’il faut aller beaucoup plus loin, notamment en allouant plus de ressources pour atteindre les quatre objectifs de l’instrument juridique sur les forêts, a aussi demandé le représentant du Sénégal.


Il est indispensable que les pays développés et les pays en développement collaborent pour empêcher la déforestation, a ajouté le représentant de la République de Corée qui a jugé important de faciliter la participation des pays en développement dans les discussions politiques, en particulier concernant la lutte contre la désertification.  Ce problème est un problème dont souffre particulièrement mon pays, a dit le représentant de la Mauritanie, en expliquant que les forêts, composées de gonakiers, fournissent presque l’essentiel des besoins des populations, mais que cette ressource est mise en danger par les sécheresses, la surexploitation des ressources ligneuses, les pressions exercées par l’homme et son cheptel, ainsi que le défrichement.


Dans ce contexte, le représentant du Bénin a fustigé l’utilisation « désastreuse » de la tronçonneuse pour débiter les arbres de la savane.  Qualifiant cet outil de « virus des forêts », il a appelé au développement des scieries industrielles, davantage soucieuses de l’environnement et qui n’empêchent pas le ramassage des rebuts utilisables comme bois de chauffe.  La représentante de la Suisse a quant à elle encouragé les membres du Forum à participer activement aux négociations sur les changements climatiques, en prévision de Copenhague.  Elle a en outre proposé comme thème de la prochaine session du Forum, les forêts et l’eau.


Concluant ce débat, M. DJOGHALF a appelé au renforcement de la synergie entre les différents instruments juridiques pertinents.  Cette synergie doit aussi avoir lieu entre les différents organes nationaux, a ajouté M. GNACADJA qui a souligné les exemples de politiques ayant porté leurs fruits en matière de gestion durable des forêts.  M. JAN HEINO a d’ailleurs appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à élaborer des politiques et programmes nationaux sur les forêts.


Déclarations générales sur les forêts dans un monde en évolution


M. TOMÁŠ KREJZAR (République tchèque), au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que l’atténuation et l’adaptation des forêts aux changements climatiques, la lutte contre désertification et la perte de la couverture forestière ainsi que la protection de la biodiversité étaient autant de défis qu’il faut relever sans tarder.  Pour ce faire, la gestion durable des forêts a un rôle pivot à jouer, le FNUF devant catalyser cet effort politique en coopération avec les autres conventions multilatérales sur l’environnement, a ajouté le représentant.  Selon lui, la bonne gouvernance et le respect des droits forestiers sont indispensables à la réalisation des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts dans un monde en évolution.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a reconnu que la promotion des synergies entre différents programmes portant sur l’environnement était l’un des moyens les plus sûrs de traduire en actes les recommandations pertinentes sur les forêts et, plus largement, sur le développement durable dans un monde en évolution.  Elle a ajouté qu’il fallait s’inspirer de la réflexion en cours sur la relation entre gestion durable des forêts et lutte contre les effets des changements climatiques.  La Convention-cadre sur le climat est effectivement le lieu où débattre de la question de l’utilisation des forêts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a dit la représentante.  Elle a appelé à la participation accrue des communautés locales aux activités de reboisement, notamment dans le contexte de l’élargissement de la surface des zones protégées, qui, en Colombie, concernent 11% du territoire national.


M. DIEGO MOREJÓN (Équateur) a mentionné la stratégie pour le développement forestier durable et la stratégie pour la conservation et l’utilisation de la biodiversité adoptées par son gouvernement, qui recherche des alternatives pour satisfaire le besoins de ceux qui dépendent des forêts pour vivre.  Le Gouvernement reconnait sa responsabilité d’assurer, par le biais de sa politique d’intégration sociale, le bien-être des autochtones, des communautés ancestrales et des paysans.  Le représentant a cité la Constitution du pays, récemment adoptée, selon laquelle l’État doit garantir un modèle durable de développement, respectueux de l’environnement et de la diversité culturelle.  Il a aussi parlé d’un projet Yasuni-ITT, adopté en 2007, par lequel l’Équateur s’est engagé à ne pas exploiter 20% de ses réserves de pétrole et à éviter ainsi de porter atteinte à la biodiversité et à la sécurité des autochtones. 


M. FERNANDO COIMBRA (Brésil) a expliqué que le lancement du Plan de l’Amazone venait s’ajouter à d’autres initiatives visant à améliorer le système de surveillance des activités forestières.  Il a dit que le droit forestier devait être complété à l’échelle mondiale afin de mettre fin au trafic international des produits forestiers.  Les États Membres ont le devoir de reconnaître la valeur sociale, culturelle et économique des ressources génétiques, a ajouté le représentant qui, en conclusion, a souhaité rappeler que le processus de la Convention-cadre sur le climat était encore à l’étude.


Mme RANJANA GUPTA (Inde) a expliqué que la politique nationale sur les forêts dans son pays, qui date de 1988, ainsi que les principes de gestion forestière, sont basés sur les principes de gestion durable des forêts.  L’Inde est favorable à un mécanisme complet de réduction des émissions de carbone forestier, a-t-elle ajouté, précisant qu’elle recherche des mesures incitatives sur le plan financier.


Elle a ajouté que la gestion durable des forêts doit être comprise comme une amélioration de la qualité de la couverture actuelle des forêts et une augmentation de la superficie plantée d’arbres.  L’Inde a pris des mesures dans ce sens et s’attache aussi à lutter contre la déforestation, a-t-elle assuré, notamment par un programme de protection des forêts et un plan d’action pour la biodiversité.


M. SRECKO JURICIC (Croatie) a parlé des problèmes liés aux feux de forêts dans son pays et du coût élevé du reboisement.  La question du changement climatique doit être intégrée aux solutions apportées aux problèmes des forêts, a-t-il estimé.  Il a aussi suggéré de renforcer la sensibilisation de l’opinion publique à ces problèmes.  Pour le représentant, il est aussi important de renforcer la collaboration entre le Forum et d’autres instances pertinentes.


CONTRIBUTIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES ( E/CN.18/2009/3 , E/CN.18/2009/16 ET E/CN.18/2009/18 )


Table ronde sur les perspectives régionales et sous-régionales sur les forêts dans un monde en évolution


M. CHRISTIAN KÜCHLI, du Bureau fédéral de l’environnement de la Suisse, a rappelé que son pays a lancé plusieurs initiatives en 2008 pour soutenir la mise en œuvre de la gestion durable des forêts.  Il a d’abord parlé de la réunion d’une initiative austro-suissemenée au niveau régional, organisée aussi avec la FAO et la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.  Un des objectifs de cette réunion était d’accroitre la sensibilisation aux niveaux régional et sous-régional à l’Accord international sur les forêts et aux travaux du Forum sur les forêts.  Elle avait aussi pour but d’échanger des informations et des perspectives, a précisé M. Küchli, ainsi que de rechercher des mécanismes pratiques pour soumettre les résultats des réunions régionales au secrétariat du Forum.


L’Afrique du Sud et la Suisse ont aussi organisé en 2008 un atelier sur la gouvernance des forêts et la décentralisation en Afrique, qui a eu lieu à Durban.  Cet évènement, a expliqué l’expert, s’inscrit dans la durée d’un engagement à long terme de la Suisse qui a déjà organisé, en 2004, un atelier sur la décentralisation de la foresterie.  À cette occasion, plusieurs institutions avaient précisé les terminologies et les définitions relatives à la décentralisation en lien avec la gestion des forêts.  L’atelier de Durban de 2008 a recommandé au Forum de jouer un rôle actif pour établir des normes dans le domaine de la gouvernance sectorielle, a précisé l’expert.  Il a appelé à combiner les mesures prises dans les domaines des forêts, de la biodiversité et du climat.  Si le secteur de la forêt devient un partenaire responsable, on peut espérer des moyens nouveaux de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts.


M. ABDUL WAHID ABU SALIM, Président des hauts fonctionnaires de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) chargés de la foresterie, a indiqué que l’ANASE s’était engagée dès ses premières années à promouvoir activement le secteur de la foresterie en s’efforçant d’en faire un modèle valable pour l’ensemble des activités de développement régional.  Il a indiqué que l’accent avait été mis d’emblée sur le renforcement des législations et de la gouvernance dans le domaine des forêts.  Un Plan de travail pour la période allant de 2008 à 2015 a été adopté récemment ainsi qu’une position commune sur la réduction des émissions de carbone forestier, a fait savoir M. Abu Salim.  Dans ce cadre, les États de l’ANASE ont développé des projets pilotes mis en œuvre au travers d’initiatives régionales et nationales, a-t-il dit, ajoutant que ces pays mettaient l’accent sur la compétitivité des produits forestiers innovants.  Il a conclu en demandant que les pays en développement reçoivent l’appui technique et financier requis pour la réalisation des engagements régionaux et internationaux.  Il a donc appelé de ses vœux la mise en place d’un fonds global pour les forêts sous l’égide du FNUF, qui devra en administrer le fonctionnement.


M. MARTIN TADOUM, Vice-Secrétaire exécutif de la Commission des forêts d’Afrique centrale(COMIFAC), a expliqué les activités principales de cette organisation intergouvernementale mise en place en 2000 par 10 États de la sous-région.  La COMIFAC s’est dotée d’un plan de convergence sous-régional, qui constitue une plate-forme d’action prioritaire sur la gestion durable des forêts, a-t-il indiqué.  Au sein du FNUF, elle a soutenu l’adoption de l’instrument non contraignant sur les forêts.  Pour bien coordonner les différents acteurs de la gestion des forêts, la Commission a mis en place un Partenariat pour les forêts du bassin du Congo, a signalé l’expert.  Nous avons aussi créé la Conférence sur les écosystèmes des forêts denses et humides d’Afrique centrale (CEFDHAC), qui permet à toutes les parties prenantes de discuter des sujets qui les concernent.  Parmi elles, il a cité notamment les réseaux de femmes ou de jeunes qui sont représentés à la Conférence.


Un groupe de travail sur les changements climatiques a aussi été mis sur pied au niveau régional, a ajouté M. Tadoum.  Il a également parlé des aires protégées créées dans des zones transfrontalières ainsi que de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC), créé au niveau régional.  Les défis majeurs dans la sous-région sont la mobilisation de financements durables, le transfert des technologies et le renforcement des capacités, a poursuivi M. Tadoum.  Il a donc appelé à la mise en place de mécanismes de financement nouveaux et au renforcement du dialogue entre régions.


M. RICHARD HUBER, expert des États Unis sur la biodiversité, a déclaré que la transformation des forêts en Amérique latine ainsi que la multiplication des parcs nationaux et le renforcement de la législation sur la pollution dans la région avaient donné lieu, ces dernières années, à des résultats spectaculaires.  Des pays comme le Costa-Rica et le Mexique ont fourni des efforts immenses de reboisement et de développement d’un écotourisme tourné vers le désenclavement des communautés autochtones, a-t-il dit.  Le panéliste a appelé les autres pays de la région à s’inspirer de ces pays, qui ont su développer de nouvelles pratiques décisives en matière agricole, améliorer la détection par satellite des incendies de forêts, éliminer les subventions à l’abattage des arbres ou encore renforcer les droits fonciers des communautés rurales.  Il a conclu en estimant que la modernisation des marchés de l’eau et du carbone était devenue indispensable en vue d’une gestion durable des forêts, au nom de la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques. 


M. ARNE IVAR SLETNES, Chef de l’Unité de liaison à la Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe (MCPFE), a expliqué que cette Conférence est une plate-forme pour la prise de décisions en matière forestière et qu’elle repose sur un financement volontaire et un dialogue transparent.  Pendant près de 20 ans, la Conférence a travaillé pour arriver à un accord sur des définitions et des moyens d’exécuter des directives relatives notamment à la protection de la diversité biologique, au boisement et au reboisement.  Elle a adopté une approche européenne de la gestion des forêts et mesure les progrès accomplis, a-t-il expliqué.  Selon la Conférence, la coopération régionale sur la politique forestière peut contribuer à la gestion durable des forêts et à la promotion des objectifs environnementaux internationaux, notamment les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.


L’expert a indiqué que les processus régionaux peuvent aussi faciliter la coordination à plusieurs niveaux et soutenir la mise en œuvre des engagements pris dans l’instrument juridique non contraignant, notamment la réalisation des objectifs mondiaux des forêts.  Il a encouragé le Forum à étudier la manière dont la gestion durable des forêts peut contribuer à la recherche de solutions aux défis dans les autres secteurs.  Il a aussi engagé le Forum à renforcer sa coopération avec les Conventions de Rio afin de développer des outils pratiques tels que des plans d’action conjoints.


Après ces exposés, un bref échange a eu lieu pour permettre à quelques intervenants de présenter des initiatives régionales.  Les représentants de la Jamaïque, de la Chine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont ainsi parlé des réseaux et activités relatives aux forêts, menés au niveau de leurs régions.


Dans ses remarques de conclusion, M. SALIM a appelé à la transparence en matière de politique forestière.  Ce sont des questions transversales qui nécessitent des efforts concertés de coordination, a-t-il souligné.  M. Tadoum a quant à lui appelé au renforcement de la coopération entre les entités régionales et le Forum sur les forêts.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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