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CS/9237

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE DE SIX MOIS LE MANDAT DE LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ERYTHRÉE (MINUEE)

30/01/2008
Conseil de sécuritéCS/9237
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5829e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE DE SIX MOIS LE MANDAT DE LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ERYTHRÉE (MINUEE)


Les membres du Conseil de sécurité ont décidé, cet après-midi, de proroger, jusqu’au 31 juillet 2008, le mandat de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE).


Par la résolution 1798 (2008), adoptée à l’unanimité de ses quinze membres, le Conseil exige que l’Érythrée et l’Éthiopie prennent immédiatement des mesures concrètes pour faire aboutir le processus mis en route par l’Accord de paix du 12 décembre 2000, en permettant l’abornement de la frontière, et les exhorte à normaliser leurs relations.


Le Conseil demande une fois encore à l’Éthiopie et à l’Érythrée de rester pleinement acquises à l’Accord de cessation des hostilités, et de désamorcer la situation, notamment en ramenant les effectifs de leurs troupes à leur niveau du 16 décembre 2004.


Aux termes de cette résolution, le Conseil de sécurité exige une fois encore de l’Érythrée qu’elle retire immédiatement ses forces et son matériel militaire lourd de la zone de sécurité temporaire et qu’elle fournisse à la Mission les facilités d’accès, l’assistance, le soutien et la protection nécessaires à l’accomplissement de ses tâches.


Par ce texte, le Conseil exige en outre du Gouvernement érythréen qu’il reprenne immédiatement les livraisons de carburant à la Mission ou autorise celle-ci à importer du carburant sans restrictions.  Le Conseil demande également à l’Éthiopie de réduire les effectifs des forces militaires présentes dans les zones adjacentes à la zone de sécurité temporaire.


Enfin, le Conseil renouvelle l’appel qu’il a lancé aux deux parties pour qu’elles coopèrent sans réserve avec la Mission, de manière à permettre à la Commission militaire de coordination, qui demeure une instance irremplaçable pour examiner les questions pressantes d’ordre militaire ou de sécurité, de reprendre d’urgence ses travaux.


Dans le cadre de l’examen du rapport du Secrétaire sur l’Éthiopie et l’Érythrée, le Conseil était saisi d’une lettre* en date du 29 janvier 2008 adressée à son Président par la Mission permanente de l’Érythrée auprès des Nations Unies.


* publiée sous la cote S/2008/54


LA SITUATION ENTRE L’ÉTHIOPIE ET L’ÉRYTHRÉE


Texte du projet de résolution (S/2008/49)


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant toutes ses résolutions et déclarations antérieures sur la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée (ci-après dénommées « les parties ») ainsi que les exigences qu’il y a formulées, en particulier les résolutions 1320 (2000), 1430 (2002), 1466 (2003), 1640 (2005), 1681 (2006), 1710 (2006), 1741 (2007) et 1767 (2007),


Soulignant une fois encore son attachement indéfectible au processus de paix et à la mise en œuvre intégrale et rapide des Accords d’Alger, comme base de l’instauration de relations de paix et de coopération entre les parties, et rappelant le paragraphe 15 de l’article 4 de l’Accord de paix du 12 décembre 2000 (A/55/686-S/2000/1183), dans lequel les parties sont convenues que les décisions de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie concernant le tracé et l’abornement de la frontière seraient définitives et contraignantes,


Exprimant son soutien aux efforts de la Commission, se félicitant une fois encore que les parties aient accepté la décision relative à la délimitation de la frontière prise par la Commission le 13 avril 2002, rappelant qu’il a pris acte de la déclaration de la Commission datée du 27 novembre 2006, et prenant note du vingt-sixième rapport de la Commission qui figure en annexe au rapport du Secrétaire général daté du 23 janvier 2008 (S/2008/40),


Soulignant que l’abornement de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie contribuerait au règlement global et durable du différend entre les parties et à la normalisation de leurs relations,


Se déclarant profondément préoccupé par le différend qui persiste entre l’Éthiopie et l’Érythrée et par la sécurité qui reste tendue et potentiellement instable dans la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes, et soulignant que c’est aux parties qu’incombe au premier chef la responsabilité de mettre fin à cet état de choses en s’acquittant au plus vite des obligations mises à leur charge par les Accords d’Alger,


Réaffirmant une fois encore l’intégrité de la zone de sécurité temporaire prévue aux paragraphes 12 à 14 de l’Accord de cessation des hostilités du 18 juin 2000 (S/2000/601), rappelant les objectifs auxquels sa création répond, notamment celui de créer un climat propice à un règlement global et durable du conflit, ainsi que l’engagement pris par les parties de la respecter et,


Soulignant qu’il reste déterminé à jouer son rôle, en particulier d’aider à garantir le respect par les parties des obligations souscrites dans l’Accord de cessation des hostilités du 18 juin 2000 (S/2000/601) et l’Accord de paix du 12 décembre 2000 (A/55/686-S/2000/1183) dont l’Organisation des Nations Unies était un des témoins,


Saluant les efforts faits par la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) et son personnel militaire et civil pour s’acquitter de leur tâche, en dépit des circonstances difficiles,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général daté du 23 janvier 2008 (S/2008/40),


Décide de proroger le mandat de la Mission pour une période de six mois, jusqu’au 31 juillet 2008;


Renouvelle l’appel qu’il a lancé aux parties pour qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue, s’abstiennent de recourir à la menace ou à l’emploi de la force l’une contre l’autre, évitent les provocations militaires et mettent fin à l’échange de déclarations hostiles;


Demande une fois encore à l’Éthiopie et à l’Érythrée de rester pleinement acquises à l’Accord de cessation des hostilités, et de désamorcer la situation, notamment en ramenant les effectifs de leurs troupes à leur niveau du 16 décembre 2004;


Souligne que c’est à l’Érythrée et à l’Éthiopie qu’il incombe au premier chef de parvenir à un règlement global et durable de leur différend frontalier et de normaliser leurs relations et exige qu’elles prennent immédiatement des mesures concrètes pour faire aboutir le processus mis en route par l’Accord de paix du 12 décembre (A/55/686-S/2000/1183), en permettant l’abornement de la frontière et les exhorte à normaliser leurs relations;


Exige une fois encore de l’Érythrée qu’elle retire immédiatement ses forces et son matériel militaire lourd de la zone de sécurité temporaire et qu’elle fournisse à la Mission les facilités d’accès, l’assistance, le soutien et la protection nécessaires à l’accomplissement de ses tâches et lève immédiatement et sans préalable toutes restrictions imposées aux déplacements et aux opérations de la Mission;


Demande à nouveau à l’Éthiopie de réduire les effectifs des forces militaires présentes dans les zones adjacentes à la zone de sécurité temporaire;


Note avec une vive préoccupation le niveau critique des réserves de carburant de la Mission, exige du Gouvernement érythréen qu’il reprenne immédiatement les livraisons de carburant à la Mission ou autorise celle-ci à importer du carburant sans restrictions et prie le Secrétaire général de le tenir informé de l’évolution de la situation;


Renouvelle l’appel qu’il a lancé aux deux parties pour qu’elles coopèrent sans réserve avec la Mission, de manière à permettre à la Commission militaire de coordination, qui demeure une instance irremplaçable pour examiner les questions pressantes d’ordre militaire ou de sécurité, de reprendre d’urgence ses travaux;


Appuie résolument les efforts que le Secrétaire général et la communauté internationale continuent de déployer pour amener l’Érythrée et l’Éthiopie à normaliser leurs relations, promouvoir la stabilité entre les parties et jeter les bases d’un règlement global et durable du différend et engage les parties à accepter les bons offices du Secrétaire général;


Se félicite de ce que le Secrétaire général continue de faire pour nommer au plus tôt un représentant spécial;


Se déclare disposé à revoir toutes modifications du mandat de la Mission à la lumière des progrès qui seront faits dans l’application des Accords d’Alger;


Lance un appel aux États Membres pour qu’ils versent des contributions au Fonds d’affectation spéciale créé en application de la résolution 1177 (1998) et visé au paragraphe 17 de l’article 4 de l’Accord de paix en date du 12 décembre 2000;


Exprime toute sa gratitude aux pays fournisseurs de contingents pour leur contribution et leur adhésion à la cause que défend la Mission;


Décide de rester activement saisi de la question.


Rapport du Secrétaire général sur l’Éthiopie et l’Érythrée (S/2008/40)


Ce rapport du Secrétaire général rend compte des événements survenus dans la zone de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) depuis le 1er novembre 2007 et décrit également les activités de la Mission.


Le Secrétaire général indique que la situation militaire dans la Zone temporaire de sécurité et les zones adjacentes est restée tendue pendant la période qui a précédé la date fixée pour la démarcation de la frontière par la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie, à savoir le 30 novembre 2007.  Tant l’Érythrée que l’Éthiopie ont continué de renforcer leurs effectifs militaires dans la zone frontalière, constate-t-il.


Dans ce document, le Secrétaire général se dit préoccupé par le fait que les deux parties continuent de masser des forces militaires dans les zones frontalières, entretenant ainsi le risque de déclencher des hostilités.  Il les engage donc à se conformer aux exigences du Conseil de sécurité, exprimées dans sa résolution 1767 (2007), et en particulier à désamorcer la situation, notamment en ramenant les effectifs de leurs troupes à leur niveau du 16 décembre 2004, à mettre un terme à l’échange de déclarations hostiles, à fournir à la MINUEE l’assistance, le soutien et la protection nécessaires à l’accomplissement de ses tâches, et engage l’Érythrée, comme l’exige le Conseil, à retirer immédiatement ses forces et son matériel militaire lourd de la Zone de sécurité temporaire, et à lever sans plus tarder et sans préalable toutes les restrictions qu’elle impose aux déplacements et aux opérations de la Mission, afin que celle-ci puisse mener à bien son mandat.


Parmi ces restrictions, le Secrétaire général insiste, dans son rapport, sur le problème de l’approvisionnement en gas-oil, rationné depuis septembre 2006.  Il note que, depuis le 1er décembre 2007, la Mission n’a pas reçu de carburant de ses fournisseurs dans le pays, ce qui a engendré de graves pénuries et l’a contrainte à réduire certaines activités opérationnelles importantes, telles que les patrouilles, les opérations de déminage et l’appui administratif aux bases d’opérations et aux postes régionaux.  Le Secrétaire général dit craindre que, si la question des livraisons de carburant ne peut être résolue immédiatement, les opérations de la Mission soient au point mort durant plusieurs semaines, auquel cas elle serait obligée de déplacer ses effectifs et son matériel.  Alors que la MINUEE joue un rôle critique en aidant les parties à désamorcer les incidents potentiellement déstabilisateurs et à réduire le risque d’un conflit à grande échelle, les restrictions ont atteint un seuil critique, qui appelle une décision du Conseil concernant l’avenir de la Mission, affirme-t-il.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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