CPSD/411

LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR LES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

27/10/2008
Assemblée généraleCPSD/411
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

17e séance – matin


LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR LES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


Les pays contributeurs de troupes demandent à être mieux représentés au sein des organes dirigeants des opérations de maintien de la paix des Nations Unies


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi ce matin son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Au cours de cette discussion, plusieurs États Membres, ayant fourni des contingents de personnels de maintien de la paix à l’ONU et ayant leurs ressortissants opérant comme Casques bleus sur le terrain, ont souhaité être mieux associés aux processus de prise de décisions concernant le déploiement des missions et la conduite des opérations de maintien de la paix sur le terrain. 


La question du budget, nécessaire à la mise en œuvre des mandats confiés aux missions, est revenue dans la plupart des interventions, la délégation de la Jamaïque rappelant, à cet égard, que le coût croissant des opérations de maintien de la paix avait entraîné le quasi doublement du montant du budget de l’ONU.  Son homologue de la Thaïlande, pays contributeur de troupes, a relevé que le budget de l’Organisation pour l’année 2009 nécessiterait qu’environ 7,5 milliards de dollars soient alloués au financement de 18 opérations de maintien de la paix.  Si nous ne savons pas encore combien il faudra en 2010, l’expérience nous montre que le budget du maintien de la paix n’a jamais diminué, bien au contraire, il tend à augmenter avec les besoins, a souligné le représentant de la Thaïlande, en suggérant que le Secrétariat se livre à une évaluation des besoins financiers qu’il faudra satisfaire dans l’avenir, jusqu'à au moins l’horizon 2020. 


La question du poids politique que devraient avoir les pays contributeurs de personnels dans la conduite et la gestion des opérations a aussi été soulevée.  Deux délégations d’États Membres, le Bangladesh et la Jordanie, se sont notamment estimées insuffisamment représentées au niveau des services et de l’administration du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et du Département de l’appui aux missions (DAM).  Quant au Kenya et au Nigeria, ils ont appelé de leurs vœux une meilleure représentation géographique dans le recrutement des personnels.  La délégation du Nigéria a, par ailleurs, souhaité que les personnels blessés ou tués en mission, ou leurs familles, soient mieux indemnisés par les Nations Unies.  Par ailleurs, le représentant des États-Unis a demandé qu’un effort soit fait pour pourvoir les postes toujours vacants au DOMP et au DAM. 


De manière très concrète, les Philippines, qui sont un pays dont les nationaux sont engagés dans les missions de l’ONU, ont soulevé la question récurrente du recrutement et de la formation du personnel.  Le représentant philippin a, à cet égard, évoqué le cas malheureux d’un ressortissant philippin, lieutenant-colonel et Casque bleu onusien, qui est décédé des suites d’un accès de paludisme au Soudan.  Une erreur de diagnostic a provoqué ce décès, le paludisme étant une maladie curable, a précisé le représentant des Philippines, en rappelant que son pays attend que des sanctions soient prises contre l’administration et le service médical de la mission concernée. 


Sur le plan stratégique, le Pakistan, autre important pays contributeur de troupes, a invité l’ONU à exploiter au mieux « le potentiel de coopération » qui existe avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a toutefois mis en garde contre les confusions qui sont créées entre les opérations onusiennes et d’autres types d’opérations de guerre menées par des entités non onusiennes. 


Outre les délégations ci-dessus citées, les représentants des États Membres suivants se sont aussi exprimés: Chine, Sri Lanka, Ukraine, République populaire démocratique de Corée, Norvège, Viet Nam, Kazakhstan, Uruguay, Venezuela, Liban et Mongolie.  Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge a aussi fait une déclaration. 


La Quatrième Commission se réunira demain, mardi, le 28 octobre, à 10 heures pour achever son débat sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. 



ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Débat général


M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande) s’est associé à la déclaration faite par le Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM).  Il a rappelé que son pays avait fourni 20 000 militaires, agents de police et personnels civils aux opérations de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde.  Il a déclaré que la paix et la sécurité à court terme n’équivaudront jamais au renforcement des capacités nationales de développement, de gouvernance, de désarmement, de démobilisation et de réintégration, de sécurité, de justice, et de création d’institutions pouvant prévenir, à long terme, la reprise du conflit.  Il a mis l’accent sur la nécessité de soutenir les capacités nationales de transition durant la période postconflit afin d’aller vers la consolidation de la paix.  Il a  souligné la nécessité de parvenir à une bonne unité de commandement entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et celui de l’appui aux missions (DAM) en saluant la mise en place d’équipes opérationnelles intégrées qui permettront de soutenir directement des missions désignées.  Parmi les questions en suspens soulevées par le rapport 2008 du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, le représentant a souligné l’importance de parvenir à un accord commun sur la question de la responsabilité pénale du personnel des Nations Unies.  Il a précisé qu’entre janvier 2004 et novembre 2006, 319 personnels des opérations de maintien de la paix ont fait l’objet d’une enquête pour de présumés actes criminels, dont des cas d’exploitation et d’abus sexuels.  Il a estimé que l’absence d’un cadre juridique clair sur la responsabilité pénale a contribué à la persistance de ce problème. 


Par ailleurs, il a dit que l’attaque des troupes de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui a fait sept morts parmi les Casques bleus, le 8 juillet 2008, avait rappelé l’importance de mieux garantir la sécurité des troupes et des personnels de l’ONU.  Notre crédibilité est en jeu si nous ne sommes pas en mesure de les protéger, a-t-il dit, en se demandant: « comment pouvons nous prétendre protéger les populations si nous ne sommes pas en mesure de nous protéger nous-mêmes ».  Il s’est dit très inquiet de la capacité de la MINUAD à réagir face aux situations extrêmes auxquelles elle fait face avec des ressources et des moyens limités.  Il s’est également inquiété du développement d’« un sentiment anti-MONUC » (Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo).  Il a invité la MONUC à évaluer ses opérations de manière constante et, si nécessaire, à revoir sa stratégie.  Enfin, il a estimé que l’année 2009 nécessitera environ 7,5 milliards de dollars pour financer 18 opérations de maintien de la paix.  Si nous ne savons pas encore combien il faudra en 2010, l’expérience nous montre que ce budget n’a jamais diminué, a-t-il encore dit, avant de conclure sur la nécessité d’évaluer, dès à présent, les besoins futurs jusqu’en 2020. 


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a estimé que le moment était opportun pour évaluer l’action des opérations de maintien de la paix.  Évoquant l’importance du budget qui leur est alloué –plus de 7 milliards de dollars- ce qui multiplie quasiment par deux le budget de l’ONU, il a noté que cet accroissement avait des conséquences pour les petits pays en développement, aux ressources limitées. 


Il faut, par ailleurs, trouver des approches plus novatrices pour soutenir les pays sortant d’un conflit, a-t-il dit, en soulignant qu’il fallait traiter les causes profondes des conflits, dont la première, la pauvreté.  Il convient aussi de mettre en place un système d’alerte rapide, a préconisé M. Wolfe.  Il faudrait davantage de synergie entre le DOMP et la Commission de consolidation de la paix (CCP), a-t-il ajouté, notant leur complémentarité.  Ils ne doivent pas « travailler isolément », a ajouté M. Wolfe.  


M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) s’est associé à la déclaration faite par le Maroc au nom du NAM.  Il a rappelé l’importance qu’accorde le Kenya au règlement pacifique des conflits.  Le représentant a mis l’accent sur la contribution de son pays aux différentes missions de maintien de la paix de l’ONU.  Le Kenya est actuellement engagé dans sept missions dont six en Afrique et une au Kosovo, a-t-il poursuivi.  Mon pays supporte une approche multilatérale dans la résolution des conflits et réitère son engagement au soutien des efforts de paix et de sécurité.  M. Muburi-Muita a souhaité que l’Union africaine et les Nations Unies renforcent leur coopération dans les domaines politique et technique. 


Nous nous félicitons de la restructuration du DOMP et du DAM, a-t-il indiqué.  Nous espérons que les deux services travailleront ensemble afin d’optimiser leurs efforts et parvenir à un règlement efficace des conflits.  Le représentant a, par ailleurs, rappelé l’importance d’une meilleure représentation géographique dans le recrutement opéré par le DOMP.  Il a conclu son propos en souhaitant que les soldats de maintien de la paix se comportent d’une manière à préserver l’image, la crédibilité, l’impartialité et l’intégrité des Nations Unies.  Ils doivent respecter le code de conduite de l’ONU, et nous encourageons l’Organisation à appliquer la politique de tolérance zéro dans les cas d’abus sexuels, a-t-il indiqué.  


M. ADI KHAIR (Jordanie) a évoqué les secours que les Casques bleus originaires de son pays ont apportés aux populations en Haïti, aux côtés de leurs collègues brésiliens et argentins, lors des récents ouragans qui ont frappé l’île.  Il a rappelé que 3 055 Jordaniens participaient à des missions de maintien de la paix, ce qui place son pays au septième rang parmi ceux fournissant des contingents aux missions de paix des Nations Unies.  Toutefois, a-t-il regretté, la Jordanie s’estime insuffisamment représentée au niveau des administrations du DOMP et du DAM.  


Mme SHARKE CHAMAN KHAN (Bangladesh) s’est associée à la déclaration faite par le Maroc au nom du NAM.  Le Bangladesh est un partenaire actif et s’engage aux côtés des Nations Unies en faveur de la paix en prenant part aux opérations de maintien de la paix, a-t-elle dit.  Le Bangladesh a été aux côtés de l’ONU depuis 20 ans, en lui fournissant 80 000 Casques bleus et il a participé à 33 opérations de maintien de la paix dans le monde, a-t-elle poursuivi.  Nous sommes l’un des principaux fournisseurs de contingents, avec 10% des forces totales des Casques bleus et une présence de nos hommes, du Timor-Leste au Libéria, en passant par la Géorgie et le Kosovo, a souligné Mme Chaman Khan.  Alors que le Bangladesh a toujours répondu présent aux opérations de maintien de la paix, nous avons dû en payer le prix et 90 Casques bleus bangladais ont perdu la vie depuis le début de notre engagement dans les opérations, a-t-elle précisé.  Elle a conclu son propos en souhaitant que les pays qui fournissent des contingents soient mieux représentés au niveau décisionnel et que le Secrétariat examine cette question de la représentation en priorité.  


M. LIU ZHENMIN (Chine) a souligné que la complémentarité entre les missions de l’ONU et les initiatives des organisations régionales en la matière était devenue une voie d’avenir pour les opérations de maintien de la paix.  Les organisations régionales ont l’avantage de bien connaître le terrain, a-t-il rappelé.  La Chine est convaincue qu’afin de relever les nouveaux défis qui se posent aux opérations de maintien de la paix et, pour limiter l’inflation des budgets, l’ONU devait se concentrer sur plusieurs domaines, en particulier sur les principes fondamentaux de ces opérations, notamment en ce qui concerne le recours à la force comme ultime recours, a recommandé M. ZHENMIN.  Le strict respect de la neutralité permet aux opérations de maintien de la paix de recevoir l’appui unanime des États Membres, a-t-il dit.  La Chine a participé à 18 opérations de maintien de la paix, a-t-il rappelé, et elle entend poursuivre cet engagement.  


M. H. M. G. S. PALIHAKKARA (Sri Lanka) s’est associé à la déclaration faite par le Maroc au nom du NAM.  Au cours des 60 dernières années, les opérations de maintien de la paix se sont multipliées, a-t-il noté.  Aujourd’hui 110 000 Casques bleus sont déployés dans 18 missions.  Face à la complexité de chaque situation, il demeure indispensable de respecter les principes de base de la Charte des Nations Unies: le consentement des parties, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le recours à la force uniquement dans les cas de légitime défense.  Le représentant a indiqué que les opérations de maintien de la paix offraient la possibilité aux personnels de l’ONU, d’origines et de pays souvent très différents, de travailler ensemble dans un but commun, celui de la stabilité des opérations menées.  Ensemble, elles permettent d’apporter la paix, la sécurité et le développement durable, a poursuivi le représentant.  C’est une expérience enrichissante pour les populations locales ainsi que pour les forces de maintien de la paix, a-t-il expliqué.  Il a conclu son propos en précisant que le Sri Lanka participe aux efforts de maintien de la paix.  Même si nous n’apportons qu’une modeste contribution, nous partageons nos expériences, a-t-t-il dit.  


M. HILARIO DAVIDE (Philippines) a rappelé qu’il y a 48 ans, son pays avait répondu à une requête urgente de l’ONU en envoyant des Casques bleus au Congo.  Près de cinq décennies plus tard, les Philippines demeurent un partenaire actif des opérations de maintien de la paix, a relevé M. Davide.  Il a annoncé que son pays avait finalement approuvé le document principal élaboré par le Secrétariat pour les modalités de conduite dans les missions de maintien de la paix, baptisé « Capstone » (clef de voûte), c’est-à-dire le document cadre révisé de toute participation éventuelle des Philippines aux opérations.  Enfin, après avoir évoqué le cas du lieutenant-colonel Renerio BATALLA, observateur militaire philippin au Soudan décédé du paludisme deux semaines avant son retour prévu au pays, le représentant a relevé qu’il a fallu huit mois et de nombreuses requêtes pour que la commission d’enquête confirme qu’il avait été victime d’une erreur de diagnostic.  Les Philippines, qui ont demandé des sanctions contre l’administration de la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS), estiment qu’il y a des leçons à tirer de ce cas qui illustre des défauts dans la formation et l’encadrement de certains agents recrutés par les missions onusiennes.  


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souhaité que le Secrétariat joue un rôle anticipatif et plus souple en matière de gestion du maintien de la paix.  Il faut renforcer la capacité des Nations Unies pour qu’elles continuent d’administrer et de maintenir les forces de maintien de la paix, a-t-il souhaité.  La question du recrutement du personnel par le DOMP et le DAM est importante, a indiqué M. Kyslytsya.  Le représentant a, par ailleurs, souligné la profonde inquiétude de son pays concernant les attaques qui ciblent les soldats de la paix.  Il a déploré les violences contre la MINUAD et les événements survenus le 17 mars dernier à Mitrovica, au Kosovo, où le Siège des Nations Unies avait été pris pour cible.  Face à cette augmentation de violence, il a insisté sur la nécessité d’analyser les niveaux de risques avant la création d’une mission.  Il faut analyser les niveaux de risques rencontrés pendant les missions en cours et en tirer les leçons pour les missions suivantes, a conclu M. Kyslytsya.  


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée) a souligné que les actions de l’ONU et du Conseil de sécurité perdaient de leur crédibilité à cause du fait que, dans la plupart des cas, des questions aussi importantes que le déploiement d’opérations de maintien de la paix étaient décidées en fonction des intérêts de certains États.  Il a rappelé que le respect de la souveraineté, la non-ingérence, le consentement des parties concernées et l’impartialité étaient au centre des principes régissant les opérations de maintien de la paix onusiennes.  Il est grandement temps, a-t-il ajouté, de mettre un terme aux opérations qui ne sont pas concluantes en termes de retour à la paix. 


Par ailleurs, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a mis en cause le fait que les États-Unis continuent de s’abriter derrière le drapeau de l’ONU pour perpétuer leur présence militaire en « Corée du sud » (République de Corée), 55 ans après la fin de la guerre, présence qui a entraîné des « souffrances incommensurables » au peuple coréen tout en étant « l’obstacle principal » au rapprochement entre les deux Corée.  


Mme MONA JUUL (Norvège) a introduit son propos en rappelant que la violence sexuelle était devenue une arme de guerre dans les zones de conflit.  Il est donc important que les abus sexuels commis par certains personnels placés sous la bannière de l’ONU soient sanctionnés, a-t-elle recommandé.  Il faut aussi donner une plus grande souplesse aux opérations de maintien de la paix et déléguer davantage d’autorité sur le terrain, a-t-elle dit.  Concernant l’Afghanistan, elle a souhaité qu’une stratégie multidimensionnelle soit adoptée.  Elle a précisé que son pays appuyait la décision du Conseil de sécurité d’envoyer un représentant spécial dans ce pays.  Mme Juul a indiqué que la Norvège apportait son soutien financier au DOMP pour la réforme du système de sécurité afghan, qui est la clef d’une paix durable.  Le DOMP souhaite mettre à la disposition de cette opération son fichier d’experts et la Norvège soutient cette initiative et envisage à son tour de fournir ses propres fichiers, a-t-elle poursuivi. 


La représentante de la Norvège a précisé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies se déroulent dans des environnements de plus en plus complexes.  Il y a un besoin de personnels de bon niveau pour affronter ces environnements difficiles, notamment en Afghanistan, a-t-elle indiqué.  À cet égard, elle a souhaité une meilleure représentation du personnel féminin.  Il faut que la paix s’enracine entre le Soudan et le Tchad, a ensuite dit Mme Juul.  La Norvège attend, d’autre part, le déploiement rapide de la nouvelle police tchadienne, a dit Mme Juul.  Elle a conclu son propos en félicitant l’Union européenne d’avoir apporté un appui militaire à la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). 


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a dit la conviction de son pays que le succès des opérations de maintien de la paix continuait de reposer sur la stricte observation des objectifs et principes de la Charte, particulièrement ceux concernant la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il est de la plus haute importance que les opérations de maintien de la paix reposent sur le consentement des parties concernées, que leur mandat soit clairement défini et réalisable, et enfin, qu’elles prévoient des stratégies de sortie, a souligné le représentant du Viet Nam.  Celui-ci a enfin évoqué la question de l’unité de commandement dont l’importance est l’une des clefs de la réussite des opérations, et reste un thème qui s’inscrit dans les efforts entrepris par le DOMP et le DAM pour améliorer l’efficacité des missions, a-t-il rappelé.  


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a indiqué que le maintien de la paix reste l’outil le plus efficace de la prévention des crises et permet d’assurer une stabilité régionale et mondiale.  La représentante a noté que 140 000 personnels militaires et de police sont déployés dans le monde sous le drapeau de l’ONU.  Les récentes crises en Afrique, notamment au Darfour, en Irak, et en Géorgie ont montré la nécessité de renforcer l’autorité des Nations Unies et du Conseil de sécurité afin de garantir une meilleure stabilité et d’améliorer l’effort de paix international, a estimé Mme Aitimova.  Elle a indiqué qu’il était impératif de respecter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, notamment le consentement des parties, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et le recours à la force uniquement en cas de légitime défense.  Elle a encouragé le DOMP et le DAM à mettre en place des stratégies communes.  En tant que membre du système d’arrangement, notre Gouvernement réitère qu’il est disposé à fournir ses forces et son matériel, tels que des véhicules blindés, dans le cadre des déploiements des missions de maintien de la paix de l’ONU, a conclu Mme Aitimova.  


M. GUSTAVO ÁLVAREZ (Uruguay), qui a rappelé la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, a évoqué l’engagement de l’Amérique latine dans la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  L’action de l’ONU dans ce pays a fait la différence, non seulement en matière de sécurité mais aussi sur le plan humanitaire, a-t-il constaté.  Le représentant de l’Uruguay, qui s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUSTAH au travers de la résolution 1840 (2008) du Conseil de sécurité, a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts en faveur du relèvement d’Haïti.  


M. JORGE VALERO (Venezuela) a mis l’accent sur le respect des trois principes de base de la Charte des Nations Unies qui régissent le maintien de la paix.  Le consentement de l’État hôte, l’impartialité des forces onusiennes, et le non-usage de la force, sauf en cas de légitime défense, demeurent essentiels pour la conduite des opérations, a souligné M. Valero.  Aujourd’hui, il y a de plus en plus de Casques bleus et de plus en plus de missions en cours, a-t-il constaté.  M. Valero a déploré l’exploitation et les abus sexuels commis par des personnels opérant sous la bannière onusienne et a souhaité que la politique de tolérance zéro soit appliquée contre les coupables.  Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34) a précisé dans son rapport que les opérations de maintien de la paix doivent avoir pour but et principe le respect de la Charte, a rappelé M. Valero.  L’intégrité de la souveraineté des pays et la non-ingérence dans leur politique intérieure sont des éléments fondamentaux pour le succès des opérations de maintien de la paix, a conclu le représentant.  


M. RICHARD MCCURRY (États-Unis) a souligné que son pays soutenait les opérations de maintien de la paix crédibles et bien menées.  Il s’est félicité de l’amélioration des procédures engagées par les Nations Unies.  Les États-Unis aimeraient que des efforts soient entrepris pour pourvoir les postes vacants au DOMP et au DAM, a dit M. Mccurry.  Évoquant la Division de la police et sa restructuration, le représentant des États-Unis a estimé qu’il s’agissait d’un « objectif louable ». 


La délégation des États-Unis estime, par ailleurs, que la priorité doit être donnée dans les mois à venir à la protection des civils, les missions n’ayant actuellement pas les moyens de leurs intentions à cet égard.  Enfin, les États-Unis estiment que le déploiement de la MINUAD doit être l’autre priorité des Nations Unies.  En conclusion, le représentant a félicité les promoteurs des réformes: « L’histoire montre qu’il faut être toujours vigilant » quant à l’amélioration des moyens mis en œuvre pour parvenir à accomplir le travail qu’on se fixe, a-t-il dit. 


M. WILLIAM HABIB (Liban) a évoqué la réforme du secteur de sécurité de son pays, soulignant qu’il s’agissait de l’un des volets essentiels pour son retour à la stabilité.  Concernant la présence de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), il a estimé qu’il s’agissait d’un excellent exemple de coopération internationale, une bonne preuve de ce qui peut être fait lorsqu’un accord solide est conclu entre le pays d’accueil et la mission de maintien de la paix. 


Le représentant du Liban, après avoir rappelé les actions militaires israéliennes ayant visé la FINUL dans le passé, a dénoncé une politique visant à saper la capacité de la mission à remplir son mandat de paix.  Des obstacles sont ainsi par exemple dressés pour empêcher la tenue de réunions tripartites; d’autres le sont en violant quotidiennement l’espace aérien libanais.  Il a souligné qu’Israël refusait par ailleurs de donner des informations à la FINUL sur le dispersement de bombes à sous-munitions sur le territoire libanais, qui s’est fait lors du dernier conflit.  Le représentant du Liban a appelé Israël à respecter les résolutions adoptées par les Nations Unies en rappelant qu’elles étaient fondées sur le droit et la légalité internationale. 


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a rappelé que son pays avait été un des contributeurs les plus constants aux effectifs des opérations de maintien de la paix, avec une contribution dépassant 10 000  personnels, soit environ 12% des effectifs des missions.  M. Amil a souligné la nécessité évidente d’adapter le maintien de la paix à des exigences changeantes en renforçant la capacité des missions sur le terrain et en améliorant les structures de commandement.  Il a rappelé que le maintien de la paix devait respecter des principes de base, en mettant en garde contre les confusions faites entre opérations onusiennes et d’autres types d’opérations menées par des entités non onusiennes.  Il « convient d’éviter » ce genre de confusion et d’amalgames, a-t-il souligné.  


Par ailleurs, les missions doivent se voir octroyer les ressources correspondant aux mandats complexes et exigeants qui leur sont assignés, a dit M. Amil.  Il est nécessaire en outre de promouvoir un partenariat authentique entre Conseil de sécurité, pays contributeurs et Secrétariat, et il faut aussi exploiter au mieux « le potentiel de coopération » qui existe entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Enfin, le point le plus crucial reste le soutien politique et l’engagement des États Membres, sur lesquels repose, en dernière analyse, le succès ou l’échec des missions, a conclu le représentant du Pakistan.  


M. IBRAHIM B. RABIU (Nigéria) a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur son rôle de Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et le rôle joué par son pays en tant que quatrième fournisseur de contingents aux opérations de paix de l’ONU.  Le Nigéria n’a jamais hésité à répondre présent à chaque fois que le devoir l’appelait au Congo, en Haïti, au Kosovo, en Sierra Léone, au Libéria et maintenant au Darfour et au Soudan, a-t-il indiqué.  Il a déclaré que la communauté internationale, et par extension les Nations Unies, ne peuvent pas échouer au Darfour.  Il a souligné que la communauté internationale devait permettre le plein déploiement de la MINUAD.  Il a lancé un appel urgent au Gouvernement soudanais pour qu’il prenne des mesures d’urgence afin de faciliter le déploiement de cette force de maintien de la paix. 


M. Rabiu a poursuivi son propos en rappelant le prix payé par les Casques bleus nigérians.  Comme tous les pays qui fournissent des contingents, et dont l’objectif est de défendre les idéaux des Nations Unies, nous sommes préoccupés par la sécurité des personnels de maintien de la paix, a-t-il ajouté.  L’ONU doit, à cet égard, renforcer ses systèmes et réseaux d’information et de renseignements sur le terrain afin de prévenir les menaces potentiels, a préconisé M. Rabiu.  Le représentant a, par ailleurs, souhaité une meilleure indemnisation du personnel onusien blessé ou tué en mission.  Il a poursuivi son propos en rappelant l’importance du respect de la Charte et l’attribution de mandats qui permettent des interventions clairement définies.  Il a souhaité une meilleure représentativité géographique au sein des organes de décision et de commandement des misions, qui se fasse, notamment, en faveur des pays fournisseurs de contingents.  Il a conclu son propos en rendant hommage à ces pays. 


M. BAATAR CHOISUREN (Mongolie) a souligné que les opérations de maintien de la paix devaient recevoir à la fois un appui politique solide et les ressources financières appropriées.  Il s’est félicité de la restructuration en cours au DOMP et de la création du DAM, en exprimant l’espoir que ces réformes permettraient une meilleure efficacité dans la conduite des opérations.  Il a souligné l’importance de préserver l’unité de commandement à tous les niveaux.  Condamnant les assassinats de Casques bleus, le représentant de la Mongolie a rappelé la responsabilité fondamentale du pays hôte.  Il a souligné que les pénuries constantes de personnel menaçaient la sécurité des Casques bleus.  Enfin, il a évoqué le centre de formation des Cinq collines, situé dans le territoire de la Mongolie et qui permet au pays de former du personnel de maintien de la paix, question à laquelle ses autorités accordent la plus haute importance. 


Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rappelé que le CICR et les Casques bleus cohabitaient dans de nombreux théâtres d’opérations, alors que de plus en plus fréquemment des missions de l’ONU sont déployées dans des pays qui sont effectivement en état de guerre.  Dans certains cas, à la fois les Casques bleus et le CICR font tout ce qu’ils peuvent pour protéger les civils, ce qui ne veut pas dire que leurs mandats et leurs rôles coïncident, a noté l’orateur.  Celui-ci a tenu à souligner que les deux parties ne poursuivent pas les objectifs de protection de la même manière.  Le CICR a une mission strictement humanitaire qui ne peut être confondue avec quelque considération ou dimension d’ordre militaire, politique, ou économique que ce soit.  Sur le plan opérationnel, le CICR s’appuie sur la proximité avec les personnes menacées et sur le dialogue direct avec toutes les parties à un conflit.  L’établissement de ces relations, et particulièrement avec les « acteurs non étatiques », est souvent une entreprise ardue et sensible, a remarqué l’orateur.  Et cette démarche peut se trouver rapidement compromise, avec des conséquences potentiellement sévères si le doute surgit quant à l’indépendance, la neutralité ou les intentions purement impartiales et humanitaires du CICR.  Afin de jouer son rôle humanitaire de manière effective, le CICR doit continuer à être vu et perçu comme neutre et indépendant.  Il est donc clair que les efforts humanitaires, l’action politique, les mesures juridiques et la protection physique constituent les différentes facettes d’une réponse complémentaire pour protéger les populations.  Chacune de ces facettes requiert des compétences et des démarches différentes.  Et « elles ne doivent ni se fondre ni se confondre », a averti le représentant du CICR.  Ensemble, a-t-il conclu, nous pouvons tirer profit de notre complémentarité afin de mieux protéger les personnes à risque.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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